LE SECRETAIRE GENERAL DECLARE QUE LES PROBLEMES URGENTS DOIVENT ETRE REGLES AU MOYEN DE PARTENARIATS ASSOCIANT LES GOUVERNEMENTS, LE MONDE DES AFFAIRES ET LA SOCIETE CIVILE
Communiqué de presse SG/SM/8113 |
LE SECRETAIRE GENERAL DECLARE QUE LES PROBLEMES URGENTS DOIVENT ETRE REGLES AU MOYEN DE PARTENARIATS ASSOCIANT LES GOUVERNEMENTS, LE MONDE DES AFFAIRES ET LA SOCIETE CIVILE
On trouvera ci-après le texte du message adressé au Forum social mondial par le Secrétaire général, Kofi Annan, lu en son nom à Porto Alegre (Brésil), le 4 février, par José Antonio Ocampo, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes.
J’aurais souhaité être des vôtres aujourd’hui. En effet, la multiplicité des questions dont vous avez débattu au cours de votre Forum et de ses ateliers, ainsi que la diversité et le nombre des groupes de la société civile représentés sont véritablement remarquables. C’est sur une détermination comme la vôtre que l’ONU compte pour servir de manière aussi efficace et réceptive que possible ceux qu’elle a pour vocation de représenter.
Je sais que vous êtes réunis ici pour faire entendre vos préoccupations et convictions profondes quant à l’orientation imprimée à notre société par la mondialisation et à ce que nous devrions faire pour la corriger. Je suis d’accord avec vous sur certains points mais pas sur tous. Quoi qu’il en soit, je respecte votre volonté d’améliorer la vie des hommes et des femmes de cette planète et je m’y associe de tout coeur, tant il est vrai que si l’ONU devait se choisir un mot d’ordre pour le XXIe siècle, ce serait le suivant : axer toute intervention sur l’être humain.
Plus tard dans la journée, je prendrai la parole devant le Forum économique mondial, à New York, car j’estime nécessaire de faire connaître à ceux qui y participent certaines des préoccupations qui sont les nôtres, à vous comme à moi. Je leur rappellerai qu’ils partagent cette petite planète avec plus d’un milliard d’êtres humains dont le niveau de vie est en dessous du seuil requis pour le maintien de leur dignité et avec 4 ou 5 milliards d’autres dont les choix sont bien limités en comparaison des leurs.
De fait, notre planète ressemble de plus en plus à un frêle esquif secoué par une violente tempête dans des eaux sombres et encore inexplorées, sur lequel s’entassent toujours plus de passagers qui tentent de survivre envers et contre tout. Nul ne peut se permettre de rester indifférent à leur sort. S’ils sont malades, nous risquons tous d’être contaminés. Et s’ils sont en colère, nous risquons tous d’en essuyer les conséquences.
Il ne suffit pas de dire – même si c’est vrai – que sans le secteur privé, les pauvres n’auraient aucun espoir d’échapper à la pauvreté. En effet, ils sont déjà trop nombreux dans ce cas. Ceux qui ont accès au pouvoir et à l’argent, les gouvernements et le monde des affaires, doivent montrer que l’économie – si ses principes sont correctement appliqués – et les profits – s’ils sont investis avec sagesse – peuvent être source de progrès social, pour le bénéfice non seulement d’une minorité, mais du plus grand nombre et, au bout du compte, de tous.
Mais vous qui appartenez à la société civile, vous devez vous montrer prêts à oeuvrer en partenariat pour le changement, plutôt que de vous retrancher dans l’affrontement. Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre d’être gouvernés de façon parfaite, ni de proférer des accusations et de nous lancer dans des discussions à l’infini. Il est trop urgent de régler les problèmes actuels. Il vous faudra donc faire équipe avec les gouvernements et le monde des affaires, et les représentants de la société civile dans le monde développé devront agir de concert avec leurs homologues dans le monde en développement afin de constituer des alliances autour d’une cause commune. Pour aller de l’avant, nous devons trouver des solutions constructives, ensemble.
Notre volonté d’agir sera mise à l’épreuve dès le mois prochain, à Monterrey, lors de la Conférence internationale sur le financement du développement. Depuis des années, nous n’avons pas eu une aussi belle occasion d’obtenir que les ressources financières qui font si cruellement défaut soient enfin dégagées.
C’est aux gouvernements qu’il appartient au premier chef de faire bouger les choses. La Conférence doit aider les pays en développement à mobiliser leurs ressources et à attirer des investisseurs étrangers privés. Les participants devraient convenir d’adopter une convention internationale contre la corruption sous tous ses aspects, qui prévoie, par exemple, le rapatriement des fonds transférés de façon illicite.
En matière de commerce, le monde développé devrait s’engager à ouvrir pleinement et véritablement ses marchés aux produits des pays en développement, et renoncer à subventionner injustement ses propres producteurs. Dans le même temps, nombre de pays parmi les plus pauvres ont besoin d’être aidés de façon substantielle à développer leurs infrastructures et leurs capacités pour pouvoir tirer parti des perspectives commerciales qui s’offrent à eux. Et si nous voulons réaliser les objectifs de développement fixés dans la Déclaration du Millénaire – notamment la réduction de moitié de l’extrême pauvreté dans le monde d’ici à 2015, objectif auquel tous les gouvernements de la planète ont souscrit –, 50 milliards de dollars supplémentaires devront être consacrés chaque année à l’aide officielle au développement.
Ainsi que je l’expliquerai lors du Forum économique mondial, ces questions ne peuvent plus être réglées en petit comité par les riches et les puissants. L’avenir de l’économie mondiale importe autant aux pays en développement qu’aux pays développés. Lorsque des décisions sont prises à ce sujet, il faudrait donc tenir compte de leur point de vue. La Conférence de Monterrey devrait être l’occasion pour les plus influents de montrer qu’ils prennent cette question au sérieux.
Un autre rendez-vous essentiel sera le Sommet mondial pour le développement durable qui se tiendra à Johannesburg en septembre prochain, puisqu’il offrira la possibilité d’imprimer un nouvel élan aux efforts visant à faire du développement durable une réalité. Tous les pays devront s’unir pour forger des partenariats plus cohérents aux fins de la mise en oeuvre d’Action 21. Le Sommet devra faire entendre le message suivant : le développement durable n’est pas seulement une nécessité, mais également un moyen privilégié de renforcer la viabilité de nos économies et de nos sociétés.
Pour être en mesure de relever ces défis comme il convient, l’ONU devra pouvoir compter sur un engagement constructif de la part de la société civile. Nous ne pourrons améliorer la vie des hommes et des femmes de cette planète que si tous les secteurs de la société parviennent à dépasser les idéologies pour travailler de concert à la recherche de solutions pragmatiques. Je ne doute pas de votre appui. Dans les mois et les années à venir, l’ONU espère pouvoir resserrer encore les liens de partenariat qui l’unissent à vous. Merci à tous. Muito obrigado!
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