LA CONFERENCE DE MONTERREY OFFRE LA MEILLEURE CHANCE DE DEBLOQUER LES RESSOURCES FINANCIERES INDISPENSABLES AU DEVELOPPEMENT, DECLARE LE SECRETAIRE GENERAL
Communiqué de presse SG/SM/8098 |
DEV/2360
LA CONFERENCE DE MONTERREY OFFRE LA MEILLEURE CHANCE DE DEBLOQUER LES RESSOURCES FINANCIERES INDISPENSABLES AU DEVELOPPEMENT, DECLARE LE SECRETAIRE GENERAL
On trouvera ci-après le texte de la déclaration faite, le 14 janvier, par le Secrétaire général, M. Kofi Annan, devant la quatrième session du Comité préparatoire de la Conférence internationale sur le financement du développement :
La Conférence de Monterrey nous offre la meilleure chance que nous ayons eue depuis de nombreuses années de débloquer les ressources financières indispensables au développement. Si nous voulons saisir cette chance, nous devrons nous concentrer avec la plus grande attention, au cours des quelques semaines qui nous restent, sur les moyens d’obtenir les meilleurs résultats.
L’ordre du jour de la Conférence – qui est le fruit de négociations minutieuses – est à la fois ambitieux et équilibré. Il appartient maintenant à la Conférence elle-même de produire des résultats tangibles sous chacune des grandes rubriques de cet ordre du jour, qu’elles soient de caractère « national », « international » ou « systémique ».
Quels résultats feraient de la Conférence un succès?
Premièrement, la Conférence doit renforcer et préciser le consensus qui existe aujourd’hui sur les politiques, les mécanismes et les dispositifs institutionnels dont les pays en développement ont besoin pour mobiliser les ressources nationales et pour attirer et mettre en valeur les flux de capitaux privés internationaux – notamment les investissements étrangers directs. Un accord permettant de mener à bien l’élaboration d’une convention internationale générale contre la corruption – qui prévoirait, par exemple, des mesures de rapatriement des fonds transférés illégalement hors d’un pays – représenterait aussi une avancée considérable.
Deuxièmement, Monterrey doit relancer la dynamique créée à Doha avec la promesse d’un futur cycle de négociations commerciales dit « cycle du développement ». La Conférence devrait notamment se pencher sur des questions – comme celle du prix des produits de base – qui ne seront pas abordées au cours de ces négociations, alors même qu’elles présentent une importance capitale pour les pays en développement.
Troisièmement, Monterrey doit marquer un tournant dans l’histoire de l’aide publique au développement. Nous ne pouvons tout simplement pas continuer de laisser l’aide publique au développement diminuer si nous voulons que notre engagement en faveur des objectifs de développement fixés lors du Sommet du Millénaire reste crédible. Le groupe de haut niveau présidé par M. Zedillo a
calculé que, pour atteindre ces objectifs d’ici à 2015, il faudra y consacrer 50 milliards de dollars d’aide publique au développement de plus par an – et la Banque mondiale avance de son côté des chiffres très voisins. C’est deux fois plus que le montant actuel de l’aide publique au développement, ce qui peut paraître ambitieux mais n’en reste pas moins très inférieur à l’objectif convenu de 0,7 % du produit national brut des pays donateurs. Pourquoi ne pas faire immédiatement de ces 50 milliards de dollars supplémentaires un objectif de court terme à annoncer à Monterrey et à atteindre au cours des deux ou trois prochaines années? C’est certainement réalisable si les pays donateurs qui n’ont pas encore atteint les 0,7 % convenus redoublent véritablement d’efforts en ce sens.
Quatrièmement, il faut que les pays créditeurs s’engagent clairement à mettre rapidement et intégralement en oeuvre l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés, et même à aller au-delà des dispositions actuelles de cette initiative pour faire en sorte qu’à partir de maintenant la dette soit réellement supportable. Nous devons aussi chercher de nouveaux moyens de faire face à l’endettement des pays à revenu intermédiaire. Nous devons faire tout ce que nous pouvons pour éviter que la dramatique expérience de l’Argentine ne se reproduise ailleurs. Il est de plus en plus largement reconnu que les méthodes par lesquelles on tente actuellement de résoudre les crises dues à l’endettement des États sont insatisfaisantes et que nous devons trouver les moyens de répartir plus équitablement le fardeau entre les pays débiteurs et leurs créanciers. J’espère qu’à Monterrey les gouvernements donneront l’élan politique nécessaire pour accélérer la formulation d’une approche allant dans ce sens.
Cinquièmement, il faut que les pays en développement aient plus la possibilité de s’exprimer dans les discussions portant sur la gestion de l’économie mondiale. Je crois que tout le monde reconnaît cette nécessité. La Conférence de Monterrey doit proposer des moyens pratiques de la satisfaire.
Enfin, la Conférence doit mettre en place des mécanismes efficaces de suivi pour s’assurer que ses décisions sont effectivement mises en oeuvre. Ces mécanismes doivent s’appuyer sur l’acquis du processus préparatoire, qui a vu l’Organisation des Nations Unies occuper le centre d’une puissante coalition rassemblant, comme on l’a dit, tous ceux qui ont un rôle à jouer : ministères concernés dans les pays donateurs et les pays en développement, secteur privé, monde associatif, institutions de Bretton Woods et Organisation mondiale du commerce. Nous travaillons dans un esprit de coopération sans précédent. Cet esprit a aussi inspiré un certain nombre d’idées très prometteuses. C’est de ce genre de partenariat que nous avons besoin pour l’avenir.
Je suis convaincu que nous pouvons obtenir des résultats sur toutes ces questions, mais seulement si nous réussissons à fixer sur elles l’attention des plus hauts dirigeants politiques au cours des prochaines semaines. C’est pourquoi j’ai demandé à deux personnalités qui ont une expérience inégalée dans ce domaine – le Ministre des finances de l’Afrique du Sud, Trevor Manuel, et un ancien Directeur général du Fonds monétaire international, Michel Camdessus – de bien vouloir être mes envoyés spéciaux et d’aider à mobiliser les appuis à la Conférence. Je suis ravi qu’ils aient tous les deux accepté de le faire et qu’ils soient avec nous aujourd’hui.
Si nous réussissons, je crois que la Conférence de Monterrey pourra vraiment aider les pays en développement à tirer avantage de la mondialisation du marché et, par conséquent, à améliorer les conditions de vie des pauvres partout dans le monde. Et c’est ce qu’elle doit faire, faute de quoi les objectifs de développement fixés par nos dirigeants lors du Sommet du Millénaire en septembre 2000 ne seront que des voeux pieux.
Dans cet esprit, je souhaite plein succès à vos travaux.
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