LA DIVISION DE LA POPULATION DU SECRETARIAT PRESENTE UN BILAN RICHE EN RAPPORTS, INFORMATIONS ET STATISTIQUES SUR LA POPULATION MONDIALE
Communiqué de presse POP/821 |
Commission de la population
et du développement
6ème séance – après-midi
LA DIVISION DE LA POPULATION DU SECRETARIAT PRESENTE UN BILAN RICHE EN RAPPORTS, INFORMATIONS ET STATISTIQUES SUR LA POPULATION MONDIALE
Les activités du Secrétariat dans le domaine de la population étaient cet après-midi examinées par la Commission de la population et du développement. Présentant le rapport du Secrétaire général sur ce sujet, M. Joseph Chamie, Directeur de la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales, a fourni les données les plus récentes et compilées au niveau mondial sur la fécondité et la planification familiale, la mortalité, les migrations internationales et le vieillissement de la population. Il a renvoyé, pour plus d'informations, à un certain nombre de sites Internet*. Les délégations des Etats-Unis et de la Norvège se sont félicitées de l'excellente qualité de la base de données démographiques constituée par la Division de la population.
Lors du débat qui a suivi, l'Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) sont venues tirer la sonnette d'alarme sur un certain nombre de problèmes relatifs aux questions démographiques. Ainsi, selon la FAO, la pandémie du VIH/sida menace les bases mêmes de la production agricole et de la sécurité alimentaire. L'augmentation de la morbidité et de la mortalité du fait du sida resserre le goulet d’étranglement agricole, accroît la malnutrition, suscite l’insécurité alimentaire, contribue à l’adoption de mauvaises pratiques agricoles, exacerbe les inégalités fondées sur le sexe pour ce qui est de l’accès à la terre et du contrôle des ressources. Le sida suscite un manque de main d’oeuvre aiguë, ce qui porte les coûts de production à des niveaux prohibitifs. Selon les estimations de la FAO, au moins 7 millions de travailleurs agricoles sont déjà morts des conséquences du sida dans les 25 pays les plus touchés et 6 millions supplémentaires sont susceptibles de mourir avant 2020. D'autres interactions entre les questions démographiques et le développement ont été évoquées: alors que le représentant d'une ONG a attiré l'attention sur les liens systémiques qui existent entre la croissance et la répartition de la population et l'environnement, plaidant en faveur de la prise en compte de la dimension démographique au Sommet de Johannesburg, une autre a vivement déploré qu'on ignore totalement les conséquences sanitaires des avortements réalisés dans de mauvaises conditions sanitaires, mettant en avant les chiffres de l'Organisation mondiale de la santé selon lesquels ces avortements auraient fait 500 000 victimes depuis 1994. Les représentants des ONG suivantes se sont exprimés: International Institute for Applied Systems Analysis, IPAS, International Women's health coalition, au nom de la Coalition internationale pour les droits reproductifs et sexuels, International Union for the Scientific Study of Population et Commonwealth Medical Association.
Les Commissions économiques régionales, à savoir celles pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPAL), pour l’Afrique (CEA), et pour l'Asie et le Pacifique (CESAP), ont fait le point sur les activités qu'elles mènent sur des thèmes démographiques. La CEPAL a ainsi indiqué travailler à la mise au point d'indicateurs de suivi des objectifs de la Conférence du Caire. Le représentant du Bangladesh a également pris la parole.
La Commission a en début de séance terminé son débat général consacré à l'expérience des pays en matière de droits et santé en matière de procréation, entamé hier matin. Seul le Kenya s'est exprimé sur ce point, évoquant les mutilations génitales qui touchent encore 38 % des femmes âgées de 15 à 49 ans dans son pays. Il a également informé la Commission que le VIH/sida tue 700 personnes par jour au Kenya et a déjà fait un total de 1,5 million de victimes. De plus, du fait de la pandémie du sida, les taux de mortalité infantile ont recommencé à augmenter, inversant une tendance à la baisse amorcée depuis longtemps.
Mme Joane Thomas, de la Jamaïque, a été élue au poste de Vice-Président de la Commission, pour la région d’Amérique latine et des Caraïbes.
La Commission reprendra ses travaux, vendredi 5 avril à 10 heures.
* http://www.un.org/esa/population, http://www.popin.org, http://demoneta.multimania.com, http://demonetasia.multimania.com, http://redeluso.multimania.com
DÉBAT GÉNÉRAL CONSACRÉ À L’EXPÉRIENCE DES PAYS EN MATIÈRE DE POPULATION: DROITS ET SANTÉ EN MATIÈRE DE PROCRÉATION, EU ÉGARD EN PARTICULIER AU VIRUS DE L’IMMUNODÉFICIENCE HUMAINE/SYNDROME D’IMMUNODÉFICIENCE ACQUISE (VIH/SIDA), COMME PRÉVU DANS LE PROGRAMME D’ACTION DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT
Selon M. S.B.A. BULLUT (Kenya), l'exercice des droits reproductifs est dans son pays limité par des pratiques telles que les mutilations génitales qui touchent encore 38 % des femmes âgées de 15 à 49 ans. En 1999, le Kenya a adopté un Plan national d'action pour l'élimination des mutilations génitales pour la période 1999-2019, et mis en place des stratégies d'information et d'éducation à l'intention des communautés qui pratiquent ces mutilations. Des rites d'initiation alternatifs sont proposés et des filets de sécurité sont offerts aux filles qui refusent le mariage forcé ou la circoncision. Le VIH/sida reste le principal défi d'ordre socioéconomique au Kenya; il tue 700 personnes par jour au Kenya et a déjà fait un total de 1,5 million de victimes. On estime que 2,2 millions de Kenyans sont séropositifs. On note en conséquence de la maladie que le taux de mortalité infantile a commencé à augmenter: le taux de mortalité des moins de 5 ans est passé de 99 décès pour 1 000 naissances en 1993 à 112 en 1998. Et bien que les personnes sachent que la propagation du virus puisse être évitée en utilisant des préservatifs, cet usage est encore relativement peu développé. En dépit de l'adoption d'un Plan stratégique national de lutte contre le VIH/sida pour la période 2000-2005, le Kenya fait encore face aux défis suivants: fournir à des prix abordables des services de santé de qualité, répondre aux besoins en termes de planification familiale, empêcher que le VIH/sida n'annule tous les progrès accomplis en termes de mortalité, et rassembler des ressources suffisantes pour mettre en oeuvre les programmes qui s'imposent.
EXÉCUTION DU PROGRAMME ET FUTUR PROGRAMME DE TRAVAIL DU SECRÉTARIAT DANS LE DOMAINE DE LA POPULATION
Documentation
Le rapport du Secrétaire général sur l’exécution du programme et avancement des travaux dans le domaine de la population en 2001: Division de la population, Département des affaires économiques et sociales (E/CN.9/2002/5) fait le bilan des activités de recherche, de coopération technique et d’information que la Division de la population a menées en 2001. Il est donc question des activités d’analyse des variables démographiques au niveau mondial, à savoir la fécondité et la planification familiale, la mortalité, les migrations internationales, le vieillissement de la population et les migrations internes. Le rapport dresse un tableau des projections démographiques mondiales et de celles relatives aux populations urbaine et rurale et à la population des grandes villes. Les politiques démographiques et le développement socioéconomique, le suivi et la diffusion de l’information démographique ainsi que la question de la coopération technique sont également abordés.
Débat général
M. WAY (Etats-Unis) a félicité la Division de la population pour l'excellent travail réalisé et la qualité des statistiques produites. Les ateliers et réunions d'experts sur la fécondité ont en outre été riches en enseignements, a poursuivi le représentant, invitant la Commission à continuer des telles collaborations. Il s'est félicité de l'amélioration des méthodologies de collecte de données, y compris en ce qui concerne la prise en compte délicate de l'impact de la pandémie du VIH/sida. Enfin, il a salué la mise en ligne des données démographiques sur le site popin.
M. BRUNBORG (Norvège) a félicité le Secrétariat pour la qualité et l'excellence du travail réalisé. Il s'est également félicité de ce que les données et projections soient disponibles sur Internet. Il a demandé à ce que les projections précisent si elles incluent le facteur VIH/sida ou non. Le représentant s'est interrogé sur les financements qui ont permis la modernisation de la base de données popin et s'est félicité de la création d'une base de données sur la population urbaine.
M. HANXIANG ZHANG (Chine) a également félicité la Division de la population pour le travail réalisé qui a permis de comprendre que la baisse des taux de natalité n’est pas la réponse unique au problème démographique dans le monde.
M. DANIEL BLANCHARD, Directeur du Centre latino-américain de démographie (CELADE) – Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a indiqué que le CELADE a mis au point un système régional visant à aider les gouvernements à assurer le suivi et le contrôle des objectifs cibles définis par la Conférence internationale sur la population et le développement du Caire (CIPD) en 1994. Un ensemble d'indicateurs opérationnels ont été définis et des sources fiables de données ont été identifiées. Des enquêtes-pays sur les mécanismes institutionnels du suivi des objectifs de la CIPD ont été effectuées. Par ailleurs, le CELADE produit des rapports sur la jeunesse, la population et le développement en Amérique latine et dans les Caraïbes, le vieillissement de la population en Amérique latine et dans les Caraïbes, la distribution géographique en Amérique latine et dans les Caraïbes, ainsi que sur les migrations internationales.
Mme DESBARATS , Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), a fait état de plusieurs réunions qui se sont tenues à Bangkok à l’initiative de la Commission dans le cadre des travaux préparatoires de la Conférence sur la population qui aura lieu prochainement dans la région de l’Asie et du Pacifique. Cet évènement abordera plus particulièrement les questions liées à la baisse de la mortalité, la santé génésique, la planification familiale, la santé génésique des adolescents, le VIH/sida et la santé ainsi qu’à l’égalité entre les sexes dans le processus de développement. La Commission a continué 0d’aider ses membres à intégrer les facteurs démographiques à tous les niveaux de leur politique. Nous avons mené des analyses, organisé des ateliers de travail, des réunions d’information et des programmes de formation dans le but d’assister les populations en développement à formuler et mettre en oeuvre des stratégies de développement.
Mme MC CAFFERY, Commission économique pour l’Afrique (CEA), a fait le point des activités relatives à la population menées par la Commission pendant la période 2001-2002. Celle-ci a continué d’intégrer les activités en faveur de la population dans ses programmes, y compris la promotion d’une prise de conscience de l’interdépendance entre les questions démographiques, l’environnement, l’agriculture et leurs effets synergiques. Le suivi de la mise en oeuvre des programmes de développement et des programmes démographiques afin de promouvoir une réduction démographique en Afrique font également partie des activités prioritaires de la Commission. Le représentant a également fait état des séminaires, réunions et processus préparatoires organisés par la Commission ainsi que de ses activités de coopération technique et de conseil.
En réponse aux questions de délégations, M. JOSEPH CHAMIE, Directeur de la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales, a indiqué qu’il a souhaité que la Division progresse dans les domaines de la création de capacités locales et de la baisse de la mortalité dans les pays en développement. Nous fonctionnons maintenant sur la base de ressources extrabudgétaires alors que la manne généreuse de nos donateurs s’est asséchée. Nous espérons aller beaucoup plus loin dans nos projections démographiques dans les zones rurales et urbaines malgré les difficultés que nous rencontrons en raison du caractère variable de cette problématique.
Mme VILLARREAL, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a déclaré que la pandémie du VIH/sida menace les bases mêmes de la production agricole et de la sécurité alimentaire. A l’origine, les activités de la FAO se sont attachées à suivre les effets du VIH/sida sur les foyers agricoles et sur les grands exploitants. Il est apparu que la morbidité et la mortalité des suites du sida resserrent le goulet d’étranglement agricole, accroît la malnutrition, suscite l’insécurité alimentaire, contribue à l’adoption de mauvaises pratiques agricoles, exacerbe les inégalités fondées sur le sexe pour ce qui est de l’accès à la terre et du contrôle des ressources ainsi que les problèmes que connaissent les agriculteurs pauvres. Les exploitations agricoles peu mécanisées employant un grand nombre de travailleurs sont les plus vulnérables dans la mesure où le sida crée un manque de main d’oeuvre aiguë, ce qui accroît les coûts de production à des niveaux prohibitifs. Selon les estimations de la FAO, au moins 7 millions de travailleurs agricoles sont déjà morts des conséquences du sida dans les 25 pays les plus touchés et 6 millions supplémentaires sont susceptibles de mourir avant 2020. Par ailleurs, la baisse des niveaux de revenus provoque un exode urbain, ce qui est également un facteur de diffusion du VIH/sida. La pauvreté peut également amener les populations rurales à adopter des comportements à risque dans l’industrie du sexe. Le meilleur moyen de contenir l’épidémie du sida est d’adopter une approche intersectorielle intégrée tout en s’attachant aux causes socioéconomiques de l’épidémie.
M. SHAH, International Institute for applied system analysis, a indiqué que l'ONG qu’il représente est constituée de 30 chercheurs éminents et travaille actuellement dans l'optique de contribuer au Sommet de Johannesburg. Il a formulé la mise en garde suivante: si nous ne mettons pas la population au centre des préoccupations de développement durable, nous courrons à l'échec. Les facteurs démographiques sont essentiels au développement durable, a-t-il poursuivi, et nous devons intégrer les questions relatives à l'environnement, à la population et au
développement. Le monde est démographiquement divers, en termes de structure d'âge, de préoccupations sanitaires, de développement socioéconomique, de mobilité, et tous ces facteurs influencent l'environnement. Le représentant a plaidé en faveur de la prise en compte des "vulnérabilités différentiées", indiquant par là que ce sont les segments les plus vulnérables des sociétés qui doivent être pris en compte dans la formulation de politiques.
Mme BARBARA CRANE, IPAS, a attiré l'attention de la Commission sur le nombre encore élevé des complications sanitaires dues à des avortements réalisés dans des mauvaises conditions, estimé par l'OMS à environ 500 000 victimes depuis 1994. Lors de la Conférence du Caire en 1994, les gouvernements avaient atteint un consensus selon lequel l'avortement est légal et doit être réalisé dans de bonnes conditions. Mais dans la réalité, les services sont souvent soit inexistants, soit inabordables, et les ressources disponibles ne sont pas à la mesure des besoins. En outre, les soins postérieurs à l'avortement sont encore une des questions les plus négligées de la santé reproductive des femmes. La représentante a en conclusion lancé un appel pour que toutes les recommandations du Programme d'action du Caire soient mises en oeuvre.
Mme FRANCOISE GIRARD, International sexual and reproductive rights coalition, a mis l'accent sur le fait que, dans de nombreuses régions du monde, les droits reproductifs des jeunes gens sont loin d'être respectés. Les services de santé reproductive pour les jeunes gens sont souvent inexistants à cause de la réticence, voire du refus, à évoquer la sexualité des adolescents. Dans les faits, ce sont 7 000 jeunes par jour qui sont infectés par le virus du sida, et environ un quart des femmes qui subissent des avortements dans de mauvaises conditions sanitaires (estimées à 20 millions par l'OMS) ont entre 15 et 19 ans. De plus, environ 2 millions de fillettes et jeunes filles âgées entre 5 et 15 ans sont tous les ans contraintes à vendre leur corps. Mme Girard a en conséquence demandé à tous les gouvernements participant à la Commission de réaffirmer leurs engagements en faveur des droits des adolescents en matière de santé reproductive.
Mme MARIANNE HASLEGRAVE, Commonwealth Medical Association, a fait part de sa préoccupation quant au fait que la question relative à la santé génésique est souvent mal comprise. Souvent, dans le domaine des droits de l’homme, il n’existe pas de formation en matière de droit à la reproduction. Nous invitons les médecins et les associations médicales en général à fournir une formation permanente à leur personnel. Il s’agit ici d’une urgence notamment compte tenu des taux de mortalité et de morbidité chez les femmes et les adolescentes, des changements socioéconomiques et des conséquences pour les jeunes des inégalités entre les sexes et de l’instabilité économique et politique. Abordant la question du VIH/sida, elle a indiqué que, parfois, il fallait, dans un souci de prévention, s’attaquer aux préjugés et à certaines pratiques culturelles.
M. BANKOLE, International Union for the Scientific Study of Population, a expliqué que cette association obéit à une longue tradition d’études et de recherches scientifiques qui a permis de comprendre la dynamique démographique. Le représentant a ajouté qu’en matière de santé génésique, il existe des besoins urgents qui ne sont pas couverts et notamment la planification familiale, les services pre- et post-nataux pour la mère et l’enfant et des services pour les malades atteints du sida. Ces besoins sont particulièrement aigus dans les pays les moins avancés qui sont déjà touchés par la pandémie du VIH/sida. Nous prévoyons une évolution des interventions pour lutter contre une diffusion plus
grande de la pandémie du VIH/sida. D’autre part, dans les 25 années qui viennent, 25 milliards de personnes vont venir s’agréger à la population mondiale et dans cette perspective, la promotion des grossesses désirées est un de nos objectifs. La baisse de la fertilité et le vieillissement modifient la structure des sociétés et ont des implications particulières pour les systèmes de santé et de sécurité sociale. De même, l’urbanisation croissante du monde a eu des conséquences importantes sur la démographie mondiale.
M. HAKIM (Bangladesh) a indiqué que, dans son pays, des progrès avaient été enregistrés en matière de planification familiale au cours de ces dernières années. Ainsi, la contraception a été multipliée par huit et les taux de fertilité ont baissé pour rester stables au cours des cinq dernières années alors que l’usage de contraceptifs a augmenté de 10 %. Les démographes qui examinent cette stagnation ont identifié certaines causes et notamment les mariages et grossesses précoces. Un autre souci pour notre pays est la mortalité maternelle due aux avortements illégaux menés dans de mauvaises conditions et à des soins médicaux insuffisants ou inappropriés. Nous donnons la priorité absolue à la prévention et à la gestion des avortements illégaux dont il faut faire fléchir le nombre.
M.ANTONIO GOLINI (Italie), Président de la Commission, a attiré l’attention sur l’importance des questions débattues qui sont des réalités et sur la responsabilité de la Commission dans la planification de ses activités futures.
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