POP/819

LA TABLE RONDE DE LA COMMISSION DE LA POPULATION ET DU DEVELOPPEMENT SOULIGNE L'IMPORTANCE DES DETERMINANTS SOCIOCULTURELS SUR LES DROITS ET LA SANTÉ EN MATIERE DE PROCREATION

02/04/2002
Communiqué de presse
POP/819


Commission de la population

et du développement

4ème séance – après-midi


LA TABLE RONDE DE LA COMMISSION DE LA POPULATION ET DU DEVELOPPEMENT SOULIGNE L'IMPORTANCE DES DETERMINANTS SOCIOCULTURELS SUR LES DROITS ET LA SANTÉ EN MATIERE DE PROCREATION


La Commission de la population et du développement a, cet après-midi, dans le cadre de sa table ronde sur les droits et la santé en matière de procréation, entendu quatre intervenants évoquer la situation de leur pays: Chili, Irlande, Fédération de Russie et Afrique du Sud.  Les tendances, les politiques et les défis propres à chaque pays ont été exposés et tous ont souligné l’influence des déterminants socioculturels sur les comportements démographiques.


Ainsi, Mme Anabella Arredondo, Directrice exécutive de la Commission nationale sur le sida du Ministère de la santé du Chili, a indiqué que les principaux obstacles au plein exercice des droits en matière de procréation au Chili résident dans le contexte socioculturel et se manifestent par des comportements discriminatoires à l’encontre des femmes et des homosexuels.  De plus, le dialogue sur les affaires de sexualité reste difficile, tant dans les sphères publiques que privées, même si on accepte largement les relations sexuelles avant le mariage.  En Fédération de Russie également, l'évolution des moeurs et l'émancipation de la femme jouent un rôle majeur dans les décisions liées à la fécondité.  Comme l'a expliqué la Vice-Directrice du Département des statistiques de la population de la Fédération de Russie, Mme Olga Antonova, alors que pendant longtemps, on a noté une certaine stabilité dans le comportement de procréation, avec la domination du modèle de la famille avec deux enfants, ce modèle n’est plus aujourd’hui si prédominant.  En 2001, le taux de fertilité était insuffisant à assurer le renouvellement des générations, et un quart des femmes russes entre 15 et 40 ans qui n’avaient pas encore eu d’enfant n’avaient pas l’intention d’en avoir.  Le style, le mode vie des jeunes femmes a beaucoup changé, le début de la vie sexuelle intervient quand les femmes sont plus jeunes, et il est commun que la première grossesse soit interrompue par un avortement.  Afin d’en finir avec les comportements discriminatoires à l’égard des femmes au Chili, et afin de faire évoluer les comportements des hommes, le Gouvernement chilien a mis sur pied un certain nombre de programmes, notamment en 1995 un programme à l'intention des adolescents pour les éveiller à l’idée d’une paternité responsable et pour faire participer plus activement les hommes au processus de reproduction.


Les pays connaissent des situations contrastées en matière de natalité.  Alors que la Fédération de Russie est en voie de dépopulation et a déjà enregistré une baisse du nombre de ses habitants -en partie compensée par l'immigration-, l'Irlande, ainsi que l’a exprimé M. John Jackson, Président d’Irish Aid Advisory Committee, a un taux de fertilité qui, même en étant tombé de 3,87 enfants en 1970 à 2 enfants en 1990, assurera à l’Irlande une population de 25 % plus importante en 2050 qu’à l’heure actuelle.  C'est le seul pays européen dans cette situation.


En outre, sa situation relative à l’avortement est complexe.  L'avortement n'est pas légal sauf dans les cas où il est nécessaire pour sauver la vie de la mère.  Les femmes irlandaises sont autorisées à se rendre au Royaume-Uni pour subir un avortement.  Depuis 1997, quelque 80 000 Irlandaises se sont rendues au Royaume-Uni pour se faire avorter.  La question de l'avortement suscite un débat intense en Irlande.  Le dernier référendum constitutionnel qui a eu lieu récemment a, pour la première fois, divisé le pays sur cette question.  La proposition du Gouvernement visant à exclure le suicide comme une raison permettant l'avortement a été rejetée.  En Fédération de Russie, l'avortement reste une pratique répandue.  Malgré le faible taux de natalité, le taux d’interruption volontaire de grossesse demeure élevé: sur 10 grossesses, 6 ne sont pas souhaitées.  En Afrique du Sud, la pandémie du VIH/sida pourrait amener nombre de femmes à demander des interventions volontaires de grossesse et l'incidence de l'avortement sur les taux de fécondité est encore une inconnue.


Les quatre intervenants reconnaissent l'augmentation, dans leur pays respectif, de la prévalence du VIH/sida.  Ainsi, l’Irlande connaît, comme le reste des pays européens, une augmentation de la prévalence des maladies sexuellement transmissibles estimée à 27 % en 2000.  La transmission du VIH/sida a doublé en 1999 et en 2000 en raison, entre autres, de la mondialisation et des mouvements de populations.  Selon Mme Lindi Molefe, Directrice du Département du développement social de l'Afrique du Sud, l'infection par le VIH /sida est le phénomène le plus préoccupant pour les personnes âgées entre 20 et 30 ans.  La fécondité en Afrique du Sud qui était élevée et stable entre 1950 et 1970, à savoir entre 6 à 7 enfants par femme, est tombé actuellement à 2,9.  Le taux d'adolescentes enceintes –soit 35 % des adolescentes avant l'âge de 19 ans- est également un sujet de vive préoccupation.  Le VIH/sida a fait croître le taux de mortalité chez les 15-25 ans.  Les femmes étant plus vulnérables au VIH/sida, augmentent ainsi les risques de transmission du VIH de la mère à l'enfant. 


Dans l’ensemble des pays représentés à la table ronde, il faudra des ressources supplémentaires en faveur du développement pour faire face aux séquelles du VIH/sida.  Les femmes notamment doivent faire entendre leur voix, non seulement pour faire valoir leur droit à la non-discrimination, mais aussi pour bénéficier de traitements qui empêchent la transmission de l’infection à l’enfant lors de la grossesse.  Pour réduire les conséquences dévastatrices du VIH/sida, il ne s'agit pas simplement d'informer la population et de distribuer des préservatifs mais il faut aussi disposer d'un engagement de la part des dirigeants à tous les niveaux de la société.  Comme l’a exposé la représentante de l’Afrique du Sud, le Gouvernement de son pays consacre des ressources considérables à la mise en place d’un plan national intégré pour les enfants touchés par le VIH/sida.  Le Gouvernement chilien, quant à lui, a lancé des politiques visant plus spécifiquement les femmes.  Les femmes enceintes bénéficient d'un système de soins mixte privé/public et ont accès aux programmes de santé prénatale.


La Commission reprendra demain, mercredi 3 avril à 10 heures son débat général consacré à l'expérience des pays relative aux droits et à la santé en matière de procréation.


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