POP/818

AU BRESIL, LA STRATEGIE DE LUTTE CONTRE LE VIH/SIDA PORTE SES FRUITS

02/04/2002
Communiqué de presse
POP/818


Commission de la population

et du développement

3ème séance – matin


AU BRESIL, LA STRATEGIE DE LUTTE CONTRE LE VIH/SIDA PORTE SES FRUITS


La Commission de la population et du développement

prend connaissance de l’expérience de pays confrontés à la pandémie


Faisant figure de cas d’école dans la lutte contre le VIH/sida, le témoignage du Brésil a constitué ce matin un message d’espoir et un encouragement pour les nombreux pays venus partager leur expérience devant la Commission de la population et du développement.  Devant l’ampleur de la pandémie du VIH/sida responsable de 20 millions de morts depuis les années 1980 et de 40 millions de séropositifs à la fin de 2001, la Commission de la population et du développement avait en effet décidé de consacrer en 2002 un débat général sur le thème des droits et de la santé en matière de procréation, eu égard en particulier au virus d’immunodéficience acquise (VIH/sida).


En combinant prévention et traitement, le Brésil a réussi le tour de force de faire mentir les estimations.  Le nombre de personnes séropositives est en effet moitié moins que ce que laissaient entendre les prévisions il y a quelques années.  Depuis 1996, tous les Brésiliens porteurs du VIH/sida ont accès, gratuitement, à une thérapie antirétrovirale.  En conséquence, le taux de mortalité a chuté de 50 %, et les hospitalisations de 75 %.  Cette accessibilité aux traitements est due au fait que le Brésil produit à bas coût et localement huit versions génériques de médicaments antirétroviraux non patentés et beaucoup moins onéreux.


D’autres pays comme le Botswana, la Chine ou encore la République dominicaine ont dressé en revanche un tableau beaucoup plus inquiétant de la situation.  Au Botswana, où la prévalence du VIH chez les adultes est de plus de 35 %, la pandémie est également responsable de 40 % des entrées dans les services hospitaliers de pédiatrie.  La Chine, qui a enregistré son premier cas de sida en 1985, compterait selon les experts 600 000 personnes infectées.  Le taux de prévalence a augmenté dans les six premiers mois de 2001 de 67,4 % par rapport à la même période de l'année précédente.  Aujourd'hui, l'objectif de la Chine est de limiter le nombre de personnes infectées à 1,5 million en 2010.  Le représentant de la République dominicaine, qui a qualifié son pays “d’épicentre du sida dans la région des Caraïbes” a souligné que certains engagements politiques peuvent donner des résultats mais qu’il est essentiel pour les pays comme le sien de disposer d’un appui sur le plan technologique.


De son côté, le représentant d’ONUSIDA a indiqué que les pays donateurs se sont engagés à fournir 2 milliards de dollars au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et la malaria mis en place il y a un an à l’initiative du Secrétaire général des Nations Unies.  Un tiers de ce montant sera disponible cette année.  S’il est vrai que ces ressources sont inférieures aux objectifs initiaux, à savoir 7 à 10 milliards de dollars, le Fonds a permis de dégager 50 % de ressources financières supplémentaires, a –t-il ajouté.


Outre les intervenants déjà cités, sont intervenues les délégations des pays suivants : Chili, Croatie, Belgique, Algérie, Fédération de Russie, Pays-Bas, Suède, Royaume-Uni, Espagne, République de Corée, Norvège, Allemagne et Indonésie.  La représentante de l’Organisation mondiale de la santé a pris la parole.


La Commission tiendra cet après-midi une table ronde d’experts sur les droits et la santé en matière de procréation.  Elle reprendra son débat général demain mercredi 3 avril à 10 heures.


Débat général consacré à l’expérience des pays en matière de population: droits et santé en matière de procréation, eu égard en particulier au virus de l’immunodéficience humaine/syndrome d’immunodéficience acquise (VIH/sida), comme prévu dans le Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement


M. DESMOND JOHNS (ONUSIDA) a rappelé que la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au VIH/sida qui a eu lieu en juin 2001 a permis d’adopter des documents qui reflètent la volonté internationale de lutter contre ce fléau.  Il s’agit en fait d’un contrat conclu entre les pays riches et les pays pauvres assorti de dates butoir.  Parallèlement, la communauté internationale a créé le Fonds mondial pour lutter contre le sida, la malaria et la tuberculose.  Un an après sa création, les pays donateurs se sont engagés à fournir 2 milliards de dollars dont le tiers sera disponible cette année.  Il est vrai que ces ressources sont inférieures aux objectifs initiaux fixés par le Secrétaire général, à savoir 7 à 10 milliards de dollars.  Toutefois, a précisé M. Johns, il ne s’agit pas d’un échec dans la mesure où ce Fonds a permis de dégager 50 % de ressources financières supplémentaires.  A ce jour, on compte 40 millions de personnes séropositives, 5 millions de personnes nouvellement infectées et 3 millions d’autres, mortes du sida.  La lutte contre cette épidémie est l’un des objectifs de développement du XXIème siècle et nous mettons actuellement au point une série d’indicateurs nous permettant de comprendre comment nous rapprocher des objectifs fixés.


Mme CARLA ABOUZAHR, Département de la santé familiale et communautaire de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a indiqué que même si, depuis la Conférence internationale sur la population et le développement du Caire en 1994, la nécessité de réaliser les droits et la santé en matière de procréation est bien connue, des problèmes subsistent: la mortalité et la morbidité maternelles sont élevées, le VIH/sida et les maladies sexuellement transmissibles continuent leur propagation.  Le sida, maladie la plus dévastatrice des temps modernes, est le quatrième facteur de mortalité au niveau mondial; il touche certes terriblement l'Afrique, mais, de plus en plus, certaines zones émergentes comme la Fédération de Russie et n'épargne aucune partie du monde.  Mme Abouzahr a rappelé qu'un tiers des personnes vivant avec le sida ont entre 15 et 24 ans et que la plupart ne savent pas comment se protéger, encore moins comment se soigner.  Cependant, des politiques publiques bien ciblées peuvent se révéler efficaces, a estimé Mme Abouzahr, citant les cas du Cambodge et de l'Ouganda où la prévalence parmi les femmes enceintes a chuté grâce à des politiques publiques.  Des mécanismes nouveaux de financement tels que le Fonds mondial sida et santé offrent un véritable espoir.  Il faut envisager les soins et la prévention comme des éléments liés dans le cadre d'une stratégie globale, a poursuivi Mme Abouzahr, et à cet égard la contribution de l'OMS se concentre sur le renforcement des actions du secteur de la santé par un appui technique, l'aide à la planification et à la prise de décisions.  Selon l'OMS, les services aux femmes enceintes sont la porte d'entrée de la lutte contre le sida, afin de lutter contre la transmission de la mère à l'enfant.  En conclusion, Mme Abouzahr a rappelé qu'une approche fondée sur le droit est incontournable car les droits en matière de procréation font partie des droits de l'homme; une telle approche doit également prendre en compte les cas de fillettes subissant des mutilations génitales, a-t-elle conclu.


Pour M. BENONI BELLI (Brésil), la situation idéale en termes de droits liés à la procréation est celle des individus et des couples qui sont en mesure de prendre librement des décisions pleinement informés, sans être soumis au sort dicté par les structures sociales et les contraintes économiques.  Pour cela, il importe certes de lutter contre la pauvreté, d'augmenter les niveaux de vie, de promouvoir le développement humain et de combattre les inégalités régionales et sociales.  Mais l'exercice réel des droits en matière de procréation et la jouissance d'une bonne santé sexuelle requièrent aussi une approche intégrée des politiques sociales, dont le dénominateur commun doit être l'autonomisation des femmes.  Par ailleurs, le Brésil a abordé le problème du sida en partant des droits de l'homme, et en combinant la prévention et le traitement.  En matière de prévention, un certain nombre de mesures ont été couronnées de succès, telles que l'accès universel aux préservatifs, des programmes visant à empêcher la transmission de la mère à l'enfant, les campagnes ciblées sur les groupes vulnérables, et l'inscription des questions relatives au sida dans les programmes scolaires.  Aujourd'hui, le nombre de personnes avec le sida est égal à moins de la moitié de ce que laissaient prévoir les estimations il y a quelques années.  Depuis 1996, tous les Brésiliens porteurs du VIH/sida ont accès, gratuitement, aux thérapies antirétrovirales.  En conséquence, le taux de mortalité a chuté de 50 %, et les hospitalisations de 75 %.  Cette accessibilité aux traitements est due au fait que le Brésil produit à bas coût et localement huit versions génériques de médicaments antirétroviraux non patentés.  La plupart des traitements produits par le Brésil sont beaucoup moins chers que les médicaments importés.  Le représentant a fait observer que cette production ne contrevient pas aux règles de l'Organisation mondiale du commerce et est conforme aux accords TRIPS qui contiennent des dispositions spécifiques concernant des dérogations autorisant la production de médicaments en cas d’urgence sanitaire nationale.  Enfin, la lutte contre le VIH/sida passe par un strict respect des droits de l'homme, d'une part en combattant la stigmatisation dont sont victimes les personnes infectées, et, d'autre part, parce que l'accès au traitement est un élément fondamental du plein exercice des droits de l'homme.


Mme ANABELLA ARREDONDO (Chili) a indiqué que, pour son pays, les droits et santé en matière de procréation sont des droits fondamentaux qui sont garantis par la Charte nationale.  Cette protection n’est toutefois pas suffisante.  Il nous faut disposer d’une législation spécifique qui donne lieu à la mise en place d’une véritable politique d’Etat.  A cet effet, nous venons d’inscrire à l’ordre du jour du Parlement un projet de loi-cadre.  Les droits en matière de procréation doivent s’accompagner d’un changement de la politique liée à la population.  Dans notre pays, les inégalités entre les sexes exigent un changement des mentalités.  Lors de la Conférence de Beijing, nous avons lancé un débat public sur la sexualité et sur la nécessité de mettre un terme à la discrimination fondée sur le sexe qui est devenu une priorité politique.  Nous insistons sur l’espacement des naissances, la lutte contre l’abandon scolaire, la sensibilisation à l’utilisation des préservatifs.  Les principes directeurs de la lutte contre le VIH/sida sont la participation, la décentralisation et l’intersectorialité.


Mme SLATA PENIC IVANKO (Croatie) a indiqué que le Programme Santé pour tous d’ici 2005 a été défini conformément au Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement du Caire.  Il s’articule notamment autour de la santé reproductive, la réduction des taux de mortalité prénatal et infantile, et la promotion d’un comportement responsable.  Un accent particulier est mis sur la santé reproductive des femmes.  En Croatie, 74,6 % des femmes en âge de procréer se rendent chez un obstétricien.  Toutefois, elles ne

sont que 9 % à recourir aux services de conseil en planification familiale.  En Croatie, 90 % des enfants naissent dans le cadre du mariage tandis que l’âge moyen de la femme mariée et de la mère est désormais plus élevé.  Le nombre d’avortements légaux est en baisse tandis que l’utilisation du préservatif augmente.  Toutefois, le faible taux de fécondité est une préoccupation pour le Gouvernement.  La représentante a ajouté que le taux de mortalité infantile est de 7,4 pour 1 000 naissances et le taux de mortalité maternelle est de 6,86 pour 100 000 femmes.  Elle a indiqué que son pays avait enregistré 180 cas de sida entre 1986 et 2000.  Les politiques de lutte contre le sida ont été lancées en 1985 et, malgré les bons résultats enregistrés, les facteurs comme le chômage, les migrations et une économie en transition ont favorisé la propagation du VIH/sida.


M. JEAN DE RUYT (Belgique) a déclaré que son pays, qui jouit d'indicateurs de santé reproductive satisfaisants, n'est pas exempt de certaines préoccupations en matière de population et de droits et santés en matière de procréation.  Ainsi, le changement de la position et du statut de la femme dans la société constitue l’une de ces préoccupations.  En effet, dans la mesure où les femmes étudient plus longtemps et participent en large part au marché du travail, elles repoussent la décision de la grossesse.  Une conséquence de cette situation est que de plus en plus de couples sont confrontés à la stérilité secondaire.  Par ailleurs, les avortements d'adolescentes ont connu en Belgique récemment une légère augmentation.  Le représentant a indiqué que le taux d'incidence du sida s’est stabilisé (environ 250 nouveaux cas par an), mais que le taux de séropositivité continue d'augmenter, ce qui souligne la nécessité d'entreprendre continuellement des programmes d'information, de sensibilisation, d'éducation et de communication.  Le représentant a déploré que le FNUAP soit l'objet d'allégations non fondées et persistantes portant sur son implication dans des cas d'avortements forcés et de génocide.  Il a indiqué que son pays apporte un soutien sans faille au FNUAP, contribue au Fonds mondial sida et santé et à ONUSIDA, et a par ailleurs promis de porter l'aide au développement à 0,7 % de son PNB en 2010.


Mme RACHIDA BENKHELIL (Algérie) a indiqué que le déclin démographique est amorcé en Algérie, du fait de la régression de la fécondité, dont l'indice synthétique est estimé en 2000 à 2,5 enfants par femme, soit un niveau proche du remplacement des populations.  La baisse du taux de fécondité est à mettre en parallèle d'une part avec les transformations affectant la nuptialité et notamment le recul de l'âge du mariage; il est lié d'autre part à l'adhésion de plus en plus massive à la planification familiale, illustrée par un taux de prévalence contraceptive estimé à 64 %.  La représentante a affirmé que, bien que la pandémie du sida soit encore limitée en Algérie, la lutte contre ce fléau fait partie intégrante des programmes nationaux de santé publique.  Il est clair que la situation géographique du pays, carrefour entre l'Europe et l'Afrique subsaharienne, de même que la mobilité croissante de la population, soumet l'Algérie à des risques d'extension de la maladie.  Dès la fin des années 80, on a procédé en Algérie au contrôle systématique du sang et de ses dérivés, et un Laboratoire national de référence a été créé et des sites sentinelles ont été mis en place dans les zones et -parmi les populations- à risques.  En matière de prise en charge des malades, six centres régionaux offrent gratuitement la thérapie antirétrovirale.  Pour les cinq années à venir, le programme national de planification stratégique de lutte contre les infections sexuellement transmissibles et le sida s'articule autour des axes suivants: renforcement de la séro-surveillance, amélioration de la qualité de la prise en charge médicale et accès renforcé aux médicaments, promotion des actions d'information et de plaidoyer, et, plus grande mobilisation des ressources financières tant au niveau national que dans le cadre de la coopération.



Mme OLGA SHARAPOVA (Fédération de Russie) a rappelé que son pays fait face à des niveaux de natalité qui sont deux fois inférieurs à ce qu’ils devraient être pour assurer le renouvellement de la population.  Elle a indiqué que des progrès ont été réalisés toutefois en matière de santé reproductive.  Le nombre d’avortements a été réduit de moitié et le nombre d’avortements chez les filles âgées de moins de 14 ans a été réduit de 40 % et de 30 % dans le groupe d’âges compris entre 15 à 19 ans.  Le taux de mortalité maternelle est à la baisse même s’il est encore élevé, à savoir 34 pour 100 000 naissances.  Le taux de mortalité infantile est tombé à 15,3 pour 1 000 naissances.  Nous devons néanmoins faire face à l’augmentation des taux de mortalité infantile prématurée et le taux de mortalité des jeunes personnes qui a augmenté de 50 %.  La représentante a ajouté qu’il y avait officiellement 180 000 personnes séropositives en Russie dont la majorité sont des drogués.  La proportion de femmes infectées par le VIH/sida augmente.


Mme ELLIE LEEMHUIS (Pays-Bas) a informé la Commission de l’existence de SHARE-net, le réseau des Pays-Bas pour la santé reproductive et le sida.  Ce réseau créé en 2001 regroupe toutes les principales organisations travaillant dans le domaine de la santé dans le but de stimuler la recherche, favoriser l’échange d’informations, fournir des informations aux médias, décideurs et autres organisations.  La représentante a également évoqué une autre expérience menée dans le cadre de la Coalition néerlandaise pour les jeunes et la population qui participe à la mise en oeuvre du Programme d’action du Caire.  La représentante a réitéré l’importance que joue le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) dans l’application de ce Programme d’action et de la Déclaration du Millénaire.  Elle s’est élevée contre les allégations selon lesquelles le FNUAP parraine l’avortement et le génocide, tout en indiquant que son Gouvernement avait approuvé une enveloppe budgétaire supplémentaire de 2 millions d’euros pour témoigner de sa confiance à cette institution des Nations Unies.


M. BJÖRN ANDERSSON (Suède) a réaffirmé l'engagement de son pays en faveur du suivi et de la mise en oeuvre des droits en matière de procréation définis par la Conférence internationale sur la population et le développement du Caire.  Il a rappelé, que lors de la Conférence de Monterrey, les gouvernements ont promis d'augmenter l'aide publique au développement, et la Suède, qui a depuis longtemps réalisé l’objectif de 0,7 % de son PNB, vise maintenant à consentir 1 % du PNB.  Evoquant le succès du partenariat entre le FNUAP et la Suède, le représentant a déploré les allégations selon lesquelles le FNUAP encourage les avortements forcés et le génocide.  Pour la Suède, la promotion des droits en matière de procréation passe par l'autonomisation des femmes et l'amélioration de leur participation à tous les niveaux de la vie sociale.  En Suède, on a remarqué que la participation plus active des femmes à la vie professionnelle va de pair avec une participation accrue des hommes aux tâches ménagères.  Par ailleurs, M. Andersson a indiqué qu'il est possible de faire augmenter la fertilité par des politiques permettant de concilier les impératifs de la vie professionnelle et ceux de la vie familiale.  En matière d'avortements, la Suède connaît le taux le plus élevé d'avortements des

pays occidentaux, a regretté M. Andersson, précisant toutefois qu'une recherche est en cours pour en déterminer les causes.  Contre ce phénomène, les politiques mises en oeuvre récemment visent plus spécifiquement les hommes, afin de promouvoir l'accès et l'utilisation de contraceptifs.  Les jeunes vivent dans un monde en mutation rapide, et afin de mieux répondre aux menaces qui pèsent sur eux, il est impératif de leur donner accès à l'éducation sexuelle: dans cet esprit, il existe dans les écoles un programme obligatoire d'éducation sexuelle, et des cliniques fournissent informations et services.  Aujourd'hui, les effets positifs de ces politiques se font sentir et la prévention sur le VIH/sida a conduit à une attitude plus prudente en matière de relations sexuelles.


M. GERRY ASH (Royaume-Uni) a apporté un soutien sans équivoque au FNUAP, déplorant les allégations infondées portant sur des avortements forcés.  En ce qui concerne le suivi de la Conférence internationale sur la population et le développement tenue au Caire en 1994, le Royaume-Uni est d'avis qu'il serait opportun d’axer l’attention sur la mise en oeuvre du Programme d'action.  L'organisation d'une conférence de suivi, 10 ans après le Caire, gaspillerait des ressources humaines et financières.


M. LOPEZ AGUILAR (Espagne) a indiqué que, dans son pays, l'âge moyen de la maternité se situe autour de 30 ans et que le taux de fertilité a été réduit grâce à un meilleur accès aux méthodes contraceptives.  Cependant, a-t-il continué, il y a un nombre important de jeunes femmes âgées de moins de 20 ans, qui tombent enceintes.  Les grossesses chez les adolescentes sont généralement associées à un certain nombre de risques biologiques et socioculturels, comme l'échec scolaire, la détérioration de la santé physique et mentale, l'isolement social et la pauvreté.  L'Espagne attache une importance particulière à la famille comme noyau de base de la société et au rôle qui revient à la famille dans la promotion des droits en matière de procréation.  En 1999, une loi visant à concilier les vies professionnelle et familiale des personnes actives a été promulguée: elle étend les avantages sociaux des femmes enceintes, allonge le congé de maternité, instaure le "congé de parenté", qui peut être pris par le père ou la mère, et interdit le licenciement de femmes enceintes ou des hommes en congé de paternité.  En ce qui concerne la prévalence du VIH/sida, le nombre de nouveaux diagnostics diminue chaque année, poursuivant la tendance amorcée en 1985.  Cette diminution est le fruit de l'évolution en termes de prévention et de soins.  En Espagne, le sida n'est pas une cause de discrimination et une politique multisectorielle et ciblée sur les groupes à risque a été mise en oeuvre.  Ainsi, la prévention et le suivi de la séropositivité dans les centres de détention et les prisons constitue un élément important de cette politique.


M.BOO NAM SHIN (République de Corée) a dit attacher une importance particulière à la question de la lutte contre le sida.  Les répercussions de l’épidémie du VIH/sida, en effet, vont bien au-delà du secteur de la santé.  Le représentant a indiqué que son pays avait freiné la croissance du taux de fécondité nationale tout en se heurtant à une série de défis que sont les avortements provoqués et la pandémie du VIH/sida.  Nous avons modifié notre politique depuis 1996 qui est désormais articulée autour de quatre objectifs: renforcer la qualité des services de contraception, intégrer des programmes de

santé en matière de procréation, renforcer l’appui institutionnel, et réduire la diffusion des maladies sexuellement transmissibles (MST) et du VIH/sida.  Dans sa lutte contre le VIH/sida, le Gouvernement a crée un centre de recherche et de formation, a renforcé ses services de santé publique, et a créé un réseau de surveillance qui englobe tous les hôpitaux et centres cliniques.  Le Gouvernement a établi des partenariats actifs avec les représentants de la société civile.  Les efforts visant à réduire la prévalence du VIH/sida doivent s’accompagner de campagnes de sensibilisation.


M. BLANCO DOMINGUEZ (République dominicaine) a indiqué que son pays a fait siens les principes de la Conférence du Caire de 1994, notamment pour ce qui est les droits et la santé en matière de procréation, la démarginalisation des femmes et l’égalité entre les sexes.  Depuis, nous avons insisté pour que la Déclaration finale de Beijing inclue ces éléments.  Nous nous sommes également engagés sur la voie des réalisations des objectifs de la session extraordinaire de l’Assemblée générale de juin 2001 consacrée au VIH/sida.  Le représentant a précisé que les premiers cas de sida ont été détectés en 1983.  Le taux d’incidence du VIH/sida est de 2,8 %.  Les colonies agricoles, la population pénitentiaire, les professionnels du sexe sont des populations à risques et la République dominicaine est devenue l’épicentre du sida dans la région des Caraïbes.  La pandémie y est latente et nous souhaitons être inclus dans tous les programmes traitant de prévention et de soins, a indiqué le représentant.  Les pays développés ont la responsabilité de collaborer avec des pays comme le nôtre.  Certains engagements politiques peuvent donner des résultats mais nous avons également besoin d’un appui sur le plan technologique.


M. MOLOMO (Botswana) a affirmé que son Gouvernement a fait preuve de sa détermination à agir en formulant un programme pour orienter les soins en faveur des femmes enceintes et fournir une éducation sexuelle aux adolescents.  En effet, a-t-il poursuivi, les adolescents sont particulièrement vulnérables et sont exposés à bien des dangers; ils sont inégalement touchés en fonction de leur sexe: pour chaque garçon touché par le sida, 4 filles le sont.  Le Gouvernement, avec les institutions intergouvernementales telles que l'UNICEF et la société civile ont uni leurs efforts pour apporter une réponse à ce fléau, a indiqué le représentant.  Passant à la question spécifique des enfants et du sida, il a précisé que 40 % des mères séropositives transmettent la maladie à leurs enfants et qu'aujourd'hui, le VIH/sida est la cause de 40 % des entrées dans les services hospitaliers de pédiatrie.  Un programme de prévention de la transmission de la mère à l'enfant a été mis en place et, à cet égard, toutes les installations de santé publique du pays offrent maintenant des services appropriés.  Le représentant a néanmoins fait observer que la plupart des décès du sida sont dus au fait que toutes les mesures nécessaires n'ont pas encore été prises; le Botswana a beau être un pays de revenu moyen, le sida absorbe des montants considérables de ressources et ces dernières sont limitées.  Le représentant a en conclusion lancé un appel à la communauté internationale pour qu'elle fasse preuve de générosité.


M. HANXIANG ZHANG (Chine) a indiqué que, suite au Programme d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement adopté au Caire en 1994, la Chine a placé ses programmes de population et de planification familiale sous l'égide du développement humain.  Le Gouvernement chinois a graduellement déplacé son objectif qui était exclusivement centré sur la réduction démographique, vers une approche intégrée qui promeut le développement socioéconomique comme moyen d'améliorer la qualité de la vie des personnes et d'accroître le bonheur des familles.  Selon les résultats d'une enquête nationale sur les programmes de santé en matière de procréation menée en Chine en 2001, plus de trois quarts des femmes interrogées étaient satisfaites des services de planification familiale qui leur sont offerts.  Le taux de mortalité maternelle est passé de 88,9 pour 100 000 naissances en 1990 à 53 pour 100 000 naissances en 2000, et le taux de mortalité infantile est passé de 52,2 à 32,2 pour 1 000 pendant la même période.  Cependant, la Chine est confrontée à une situation critique en termes de sida; alors qu'elle a diagnostiqué son premier cas de sida en 1985, on compte à la fin de 2001, 300 736 cas de séropositivité et 1 594 malades du sida.  Selon les estimations des experts, ce sont en fait près de 600 000 personnes qui seraient infectées.  Le taux de prévalence a augmenté dans les six premiers mois de 2001 de 67,4 % par rapport à la même période de l'année précédente.  La Chine a pris les mesures qui s'imposent pour répondre à ce fléau, intégrant notamment la prévention du VIH/sida dans les programmes de santé reproductive.  Aujourd'hui, l'objectif de la Chine est de limiter le nombre de personnes infectées à 1,5 million en 2010.


M. BRUNBORG (Norvège) a indiqué que son pays connaît le taux de fécondité le plus élevé d’Europe, soit 1,8 %.  Il est l’un des premiers pays dans le monde à avoir adopté une législation sur le mariage entre personnes du même sexe.  Le représentant a fait part de son appui au FNUAP pour son travail remarquable et a déploré les allégations infondées formulées à son encontre.  Il a assuré que son pays entend augmenter sa contribution aux activités du FNUAP en 2002.  Le Programme d’action de la Conférence sur la population et le développement adopté au Caire en 1994 est excellent et il doit être mis en oeuvre.  C’est pourquoi, sa délégation ne juge pas utile de négocier un autre texte sur la population.


Mme CHARLOTTE HÖHN (Allemagne) a indiqué que son pays accorde une grande importance aux méthodes modernes de planification familiale et de contraception.  Les hommes et les femmes en Allemagne ont tous accès à des services de conseil gratuits sur ces questions, et le fait qu'en Allemagne le taux de grossesses non désirées et d'avortements soit relativement plus faible que dans les autres pays, est sans doute la mesure du succès de cette politique.  Juridiquement, l'Allemagne a promulgué en 1992 une loi sur l'assistance aux femmes enceintes et aux familles, afin d'éviter les grossesses non désirées et afin de promouvoir un exercice pleinement responsable du rôle parental.  Depuis 1998, le Gouvernement allemand, conscient de ce que les modèles de comportement homme/femme doivent être évalués dans une perspective critique, mène une politique sexospécifique destinée à responsabiliser les jeunes hommes à la planification familiale.  La représentante a indiqué que la planification familiale doit être organisée de façon à répondre aux besoins des individus et à laisser l'espace à la liberté de décision.  En conséquence, elle ne peut véritablement réussir que lorsque les conditions matérielles d'une vie décente sont réunies.  La représentante a en conclusion indiqué que le Gouvernement allemand souhaite créer un équilibre harmonieux entre la vie professionnelle et la vie familiale et promeut un partage plus équitable des tâches entre les hommes et les femmes.


M. WILOPO (Indonésie)a indiqué que, sur les 210 millions d’Indonésiens, un très grand nombre se trouve dans la tranche des 10-20 ans.  Les adolescents constituent donc le segment prépondérant de la population.  En Indonésie, le sida touche 2,6 % de la population tandis que la mortalité maternelle est trop élevée.  A partir du deuxième semestre 2001, 80 à 100 000 personnes sont devenues séropositives.  Dans certaines tranches de la population, 26 % des personnes sont infectées.  Dans tout le pays, nous tentons d’intervenir en faisant la promotion de l’abstinence et la fidélité dans le couple, le report des premières relations sexuelles, la réduction du nombre de partenaires sexuels et l’utilisation des préservatifs.  Nous insistons sur le rôle de la famille et le facteur religieux pour freiner la prévalence de la maladie.  Nous croyons en l’importance des valeurs familiales fortes.  Nous sommes également conscients du rôle important en matière de prévention que peuvent jouer les personnes séropositives.  Des initiatives sont lancées pour lutter contre l’abus des drogues.  Mais la tache n’est pas facile dans la mesure où la population est diverse et les objectifs multiples.  Le Gouvernement indonésien a adopté de nouvelles politiques en matière de procréation qui reposent sur l’éventail des droits relatifs à la santé.  Cependant, les différences culturelles et religieuses peuvent mettre un frein aux modifications de la société.


M. ANTONIO GOLONI (Italie), Président de la Commission, a engagé les membres de la Commission à se tourner vers l’avenir afin de réellement faire avancer l’agenda relatif à la population défini en 1946.


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