POP/817

LA MISE EN OEUVRE DES OBJECTIFS DU CAIRE EN MATIERE DE DROITS REPRODUCTIFS SE HEURTE A DES OBSTACLES ESSENTIELLEMENT FINANCIERS, SELON LA DIRECTRICE EXECUTIVE DU FNUAP

01/04/2002
Communiqué de presse
POP/817


Commission de la population

et du développement

1ère et 2ème séances – matin et après-midi


LA MISE EN OEUVRE DES OBJECTIFS DU CAIRE EN MATIERE DE DROITS REPRODUCTIFS SE HEURTE A DES OBSTACLES ESSENTIELLEMENT FINANCIERS, SELON LA DIRECTRICE EXECUTIVE DU FNUAP


La Commission de la population et du développement a, aujourd’hui, entamé les travaux de sa trente-cinquième session.  Consacrée au suivi du Programme d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement qui s'est tenue au Caire en 1994, cette session examinera plus spécifiquement les droits et la santé en matière de procréation eu égard en particulier au VIH/sida.  Même si la santé reproductive a enregistré d’appréciables progrès depuis 1994, Mme Thoraya Ahmed Obaid, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a attiré l'attention des membres de la Commission sur de nombreux retards: ainsi, 120 millions de femmes dans le monde n’ont pas accès aux services de planification familiale, et aujourd'hui encore, 52 millions de femmes en Asie, en Afrique et en Amérique latine mettent au monde leur enfant seules sans la présence d’une sage-femme, d’une infirmière ou d’un médecin.


C'est le manque de ressources financières adéquates qui constitue l’obstacle majeur de la mise en oeuvre du Programme d'action du Caire.  Mme Mari Simonen, Directrice de la division du soutien technique du FNUAP, présentant le rapport du Secrétaire général sur les flux de ressources financières devant concourir à l'application du Programme d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement, a indiqué que l'objectif de la Conférence du Caire de mobiliser 17 milliards de dollars pour assurer le financement des programmes de population n'a pas été atteint.  Déplorant le paradoxe qui existe entre la demande importante en matière de services de santé reproductive et la baisse des ressources financières consacrées à la mise en oeuvre de tels services, Mme Obaid a en outre indiqué que le Fonds des Nations Unies pour la population connaît une situation financière critique qui se concrétise par un manque de 50 millions de dollars par rapport aux prévisions pour 2002, en raison des baisses des contributions volontaires de plusieurs Etats.


M. Nitin Desai, Secrétaire général adjoint au Département des affaires économiques et sociales, a attiré l'attention de la Commission sur le contenu de son ordre du jour qui, à son avis, rejoint de plus en plus celui d'autres organes ou conférences de l'ONU, en raison de l'imbrication croissante des questions démographiques avec des questions économiques et sociales, sexospécifiques ou environnementales.  M. Desai a demandé à la Commission qu’elle renforce la coordination avec les instances réfléchissant à des questions similaires.  De même, faisant remarquer qu'il sera de plus en plus difficile d'évaluer le suivi de chaque conférence de manière isolée, M. Desai a souhaité que soit mis sur pied un cadre unifié permettant l'analyse du suivi des conférences et des déclarations qu’elles adopteront.  Un mécanisme allant dans ce sens a été mis en place et il devrait être opérationnel à l'automne prochain.  "Ce que nous voulons, a-t-il poursuivi, c'est une certaine visibilité, un renforcement des engagements politiques, une pression sur les responsables pour qu'ils traduisent dans les réalités les engagements politiques pris".


Mme Birgitta Bucht, Chef du service de l'analyse démographique de la Division de la population, Mme Amy Tsui, Professeur à Johns Hopkins University, et Mme France Donay, Chef du service de santé reproductive au FNUAP, ont également pris la parole pour présenter les rapports du Secrétaire général qui seront examinés pendant la session.


Intervenant sur la suite donnée aux recommandations de la Conférence internationale sur la population et le développement, plusieurs délégations ont émis des critiques sur le rapport du Secrétaire général consacré au suivi de la situation mondiale en matière de population.  Ainsi, le Pakistan et le Yémen ont dénoncé l'emploi d'un vocabulaire faisant explicitement référence aux "groupes vulnérables" dans les rapports du Secrétaire général, ainsi que la mention des crimes d'honneur dans ces deux pays.  Le représentant des Etats-Unis, appuyé par la déléguée de l'Egypte, a regretté que le rapport ne contienne pas d’informations sur les objectifs relatifs à la famille définis lors de la Conférence mondiale sur la population et le développement, arguant du fait que la structure familiale et les parents constituent souvent la source d’influence la plus importante pour les jeunes.  Le représentant du Ghana a demandé, quant à lui, qu’une version révisée du rapport du Secrétaire général soit élaborée, intégrant la question des migrations comme facteur de la propagation du sida, celle des personnes déplacées à la suite des conflits et la manière dont les barrières socioculturelles freinent l’amélioration de la santé génésique.


Outre les délégations dé jà citées, Lles représentants de s pays suivants ont pris la parole:  l'Espagne(au nom de Union européenne et des pays associés), Chine, République islamique d'Iran, Japon, Mexique, République arabe syrienne, Algérie, Indonésie et Canada.  Le représentant d’une ONG, la Fédération internationale de la parenté planifiée est aussi intervenu.

En début de séance, ce matin, la Commission a élu par acclamation à la présidence M. Antonio Golini (Italie), Professeur de démographie et directeur du département de sciences démographiques de l'Université "La Sapienza" de Rome.  M. Makoto Atoh (Japon), Président de l'Institut national de recherche sur la population et la sécurité sociale, a été élu au poste de Vice-Président.


La Commission a également adopté son ordre du jour provisoire et une note du Secrétariat relative à l'organisation des travaux de la session*.


Elle entamera, demain à partir de 10 heures, son débat général sur l'expérience des pays en matière de population: droits et santé en matière de procréation, eu égard en particulier au VIH/sida.


* respectivement E/CN.9/2002/1 et E/CN.9/2002/L.1


COMMISSION DE LA POPULATION ET DU DÉVELOPPEMENT


Informations de base


Les droits et la santé en matière de procréation, eu égard en particulier au VIH/sida, seront le thème du débat général de la trente-cinquième session de la Commission sur la population et le développement qui se tiendra au Siège de l’Organisation du 1er au 5 avril 2002.


Les droits en matière de procréation ont été établis et définis par le Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement qui a eu lieu au Caire en 1994.  Ce document reconnaît la santé sexuelle et génésique comme un élément des soins de santé primaire et un moyen d’améliorer la qualité de la vie.  Il affirme en outre la nécessité de “prévenir les maladies sexuellement transmissibles, y compris la contamination par le VIH et le sida... d’en réduire l’incidence et d’en assurer le traitement”.  Lors de la session extraordinaire de l’Assemblée générale en juin 2001, consacrée au VIH/sida, les gouvernements se sont en outre engagés à veiller à ce que la prévention et le traitement des maladies sexuellement transmissibles et du VIH/sida fassent partie intégrante “des programmes de santé et de sexualité en matière de reproduction au niveau des soins de santé primaire”.  Le Fonds mondial sida et santé a également été créé, afin de mobiliser l’aide aux niveaux politiques les plus élevés.


Atteindre les objectifs de la Conférence du Caire en matière de prévention et de traitement du VIH/sida ne va pas sans poser problème.  Certes, de nombreux progrès ont été réalisés en matière de prévention: ainsi, les taux d’infection par le VIH se stabilisent ou diminuent dans des pays tels que l’Ouganda, le nord de la République-Unie de Tanzanie, le Sénégal ou la Thaïlande parce que des programmes de prévention ciblés et soutenus y ont favorisé l’adoption de comportements beaucoup moins risqués.  La large disponibilité et la promotion des préservatifs, couplées avec des campagnes de commercialisation, ont également fait leurs preuves dans de nombreux pays.  En matière de soins cependant, et même si certains pays, comme le Brésil, ont considérablement fait baisser le taux de mortalité en permettant un large accès aux traitements antirétroviraux, ces médicaments restent inaccessibles pour la plupart des pays en développement.


La Commission considérera l’intégration dans les programmes de santé génésique et d’hygiène sexuelle des stratégies de prévention du VIH/sida.  Elle considérera les politiques et programmes concernant les droits liés à la procréation et à la santé génésique, notamment la planification familiale, les programmes visant à réduire l’incidence des infections sexuellement transmissibles, programmes ciblés vers les adolescents, promotion de l’égalité entre les sexes et responsabilisation des femmes.


La Commission de la population a été créée en 1946 par le Conseil économique et social pour conseiller le Conseil économique et social (ECOSOC) sur les changements démographiques, y compris les mouvements migratoires, et leur influence sur le développement économique et social.  Suite à la Conférence internationale sur la population et le développement en 1994, elle a adopté le nom de Commission sur la population et le développement et il a été décidé qu’elle se réunirait annuellement à partir de 1996 pour évaluer la mise en oeuvre du programme d’action adopté à la conférence du Caire.


Membres de la Commission


La Commission est composée de 47 membres, élus pour 4 ans sur la base d’une répartition géographique équitable.  En 2002, les Etats suivants y participent: Algérie, Allemagne, Autriche, Bangladesh, Bélarus, Belgique, Botswana, Brésil, Burundi, Cameroun, Chili, Chine, Croatie, Egypte, Etats-Unis, Fédération de Russie, France, Gambie, Ghana, Guinée, Haïti, Indonésie, République islamique d’Iran, Irlande, Italie, Jamaïque, Japon, Kenya, Lituanie, Malaisie, Mexique, Nicaragua, Nigéria, Norvège, Ouganda, Pakistan, Pays-Bas, Pérou, Pologne, Turquie, Yémen, Zambie.  Il y a cinq sièges vacants qui restent à pourvoir.


Documentation


Le rapport du Secrétaire général sur le suivi de la situation mondiale en matière de population, 2002: droits et santé en matière de procréation, eu égard en particulier au virus de l’immunodéficience humaine/syndrome d’immunodéficience acquise (VIH/sida) (E/CN.9/2002/2) contient des renseignements récents relatifs à certains aspects des droits et de la santé en matière de procréation.  Il aborde les questions relatives à l’entrée dans la vie reproductive, les comportements procréateurs, la planification familiale, l’avortement, la mortalité et la morbidité maternelles, les infections sexuellement transmissibles, le virus du VIH/sida et les droits liés à la reproduction.  Le rapport est illustré de nombreux tableaux portant sur les indices de fécondité, l’avortement, la mortalité maternelle par région, la prévalence des maladies sexuellement transmissibles, les taux d’infection par le VIH/sida.  Des diagrammes donnent des informations ventilées par sexe, par âge et par région sur le taux de fécondité, le pourcentage de femmes mariées, l’évolution des taux de mortalité maternelle.


Le rapport du Secrétaire général sur le suivi des programmes de population consacrés principalement aux droits liés à la procréation et à la santé génésique, eu égard en particulier au virus de l’immunodéficience humaine/syndrome de l’immunodéficience acquise (VIH/sida) comme prévu dans le Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement (E/CN.9/2002/3) met l’accent sur les activités engagées au niveau national et les progrès réalisés en ce qui concerne l’application du Programme d’action adopté par la Conférence internationale sur la population et le développement et des résultats de la vingt et unième session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée à un examen et à une évaluation d’ensemble de la mise en oeuvre dudit programme d’action.  Le rapport insiste plus particulièrement sur les aspects en rapport avec la planification familiale, la mortalité maternelle, les maladies sexuellement transmissibles (MST), la procréation et la sexualité chez les adolescents, l’égalité des sexes et la promotion de la femme.


Le rapport du Secrétaire général sur le flux des ressources financières devant concourir à l’application du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement (E/CN.9/2002/4) examine les tendances de l’aide bilatérale, multilatérale et de l’aide consentie par les ONG et les fondations en matière de population dans les pays en développement pour 1999 et les chiffres provisoires pour 2000.  Il donne également une estimation des dépenses intérieures présentées par les pays en développement en 1999-2000.  Il apparaît ainsi que l’aide internationale en matière de population est restée stable, à savoir à 2,2 milliards de dollars en 1999.  Les chiffres provisoires pour 2000 indiquent que le niveau d’assistance a augmenté pour passer à 2,6 milliards de dollars.

Déclarations liminaires


M. NITIN DESAI, Secrétaire général adjoint au Département des affaires économiques et sociales, a souligné que, depuis environ 10 ans, l'ordre du jour de la Commission de la population et du développement rejoint celui de nombreux autres organes et conférences de l'ONU, comme l'Assemblée mondiale sur le vieillissement qui ouvrira ses travaux, la semaine prochaine à Madrid.  Les questions débattues par la Commission, qui étaient auparavant l'apanage des démographes, sont maintenant, du fait de leurs importantes répercussions économiques et sociales, débattues dans le cadre de nombreuses instances, et nous avons en conséquence besoin d'une meilleure coordination sur ces thèmes.  Un exemple de cette synergie: la santé les femmes, identifiée à la Conférence du Caire comme une question essentielle, est également discutée par le Comité sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes; de même, les liens qui existent entre la Commission de la population et du développement et le Sommet sur le développement durable sont étroits.  C'est pourquoi, a continué M. Desai, il importe de trouver des mécanismes efficaces pour examiner au niveau mondial ces questions interdépendantes et pour assurer un suivi efficace aux questions qui relèvent de la compétence de plusieurs organes, car il sera de plus en plus difficile d'évaluer le suivi de chaque conférence de manière isolée.  M. Desai a souhaité que le suivi des Déclarations gouvernementales et des programmes d'action, qu'il s'agisse de la Déclaration du Millénaire, ou de celles de Copenhague, de Beijing, ou de la Session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le VIH/sida, soit analysé dans un cadre unique.  Un mécanisme allant dans ce sens a été mis en place et devrait être opérationnel à l'automne prochain.


Passant à la question de la rareté des ressources, problème commun à tous ces programmes, M. Desai a insisté sur l'importance de la Conférence sur le financement du développement de Monterrey qui augmente de façon notable les ressources macroéconomiques pour le développement.  Les fonds supplémentaires qui ont été alloués au développement ouvrent une gamme de possibilités pour mettre en oeuvre le programme ambitieux de la Conférence du Caire.  Ce que nous voulons, a-t-il poursuivi, c'est une certaine visibilité, un renforcement des engagements politiques, une pression sur les responsables pour qu'ils traduisent dans les réalités les engagements politiques pris.  A cet effet, a-t-il conclu, il importe de renforcer la participation de la société civile dans le suivi des engagements pris, et la Commission pourra juger opportun de donner à la société civile une tribune et de lui confier un rôle plus ciblé dans le suivi.


Mme THORAYA AHMED OBAID, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a indiqué que les droits de reproduction faisaient partie des droits de l’homme et a rappelé qu’il y a huit ans au Caire, 179 pays s’étaient engagés à garantir l’accès universel aux soins de santé génésique d’ici à 2015.  Evoquant l’analyse faite récemment par les démographes selon laquelle la croissance démographique s’est ralentie, Mme Obaid a expliqué que la baisse des taux de fertilité était due à une meilleure scolarisation, un taux plus élevé de survie des enfants et un meilleur accès aux moyens de contraception.  Mais la baisse des taux de natalité ne signifie pas qu’il faut déployer moins d’efforts en

faveur de la population et des droits de santé reproductive.  Aujourd’hui, 120 millions de femmes dans le monde souhaitent espacer les naissances ou ne plus procréer mais elles n’ont pas accès aux services de planification familiale.  Le recours aux moyens de contraception devrait s’accroître de 40 % au cours des 15 prochaines années, a averti Mme Obaid.  Elle a ajouté que la baisse démographique sur le long terme dépendra de la mise en oeuvre du Programme d’action du Caire, en particulier des dispositions permettant aux femmes de choisir d’espacer les naissances.


Mme Obaid a également souligné le paradoxe qui existe entre la demande importante en matière de services de santé reproductive et la baisse des ressources financières consacrées à la mise en oeuvre de tels services.  Jusqu’à présent, les gouvernements n’ont consacré que 11 milliards de dollars sur les 17 milliards convenus au Caire.  Les pays développés ont atteint 80 % des objectifs fixés tandis que les pays en développement n’en ont réalisé que 50 %.  Il est temps pour les pays développés d’accroître l’aide au développement conformément aux accords conclus au Caire.  Aujourd’hui encore, 52 millions de femmes en Asie, en Afrique et en Amérique latine mettent au monde leur enfant seules sans la présence d’une sage-femme, d’une infirmière ou d’un médecin.  Aujourd’hui, malgré une prise de conscience accrue, le VIH/sida continue de se propager à un rythme de 14 000 personnes par jour.  Dans les pays les moins avancés, où les soins de santé ne sont pas adaptés et où les femmes donnent naissance en moyenne à 5 enfants, on s’attend à ce que la population triple au cours des prochaines 50 années.  Mme Obaid a rappelé que les objectifs de la Déclaration du Millénaire portent sur la réduction de la pauvreté extrême et un meilleur accès à l’éducation, sur la promotion de l’égalité entre les sexes, sur la réduction des taux de mortalité maternelle et infantile et sur la réduction du VIH/sida.  Il nous faut désormais accorder un rang de priorité élevé aux droits de santé génésique lors des conférences internationales des Nations Unies telles que l’Assemblée mondiale sur le vieillissement -qui se tiendra à Madrid du 8 au 12 avril prochain-, la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée aux enfants et le Sommet mondial sur le développement durable.


La Directrice exécutive du FNUAP a attiré l’attention sur le manque de contraceptifs dans de nombreux pays alors qu’ils jouent un rôle central dans les stratégies de prévention du VIH/sida.  Selon les estimations, les ressources financières nécessaires en matière de contraception doubleront au cours des 15 prochaines années pour atteindre 1,8 milliard de dollars.  De plus, le Fonds des Nations Unies pour la population connaît une situation financière grave qui se concrétise par un manque de 50 millions de dollars par rapport aux prévisions pour 2002.  Ceci est dû à deux pays qui ont réduit leurs contributions volontaires pour 2002 et aux taux de change qui font baisser les contributions des pays qui, pourtant, ont augmenté leurs contributions en devises nationales.  Mais l’un des facteurs les plus graves provient du fait que l’un des donateurs principaux n’a même pas décidé de verser ses contributions.  Mme Obaid a également souligné que le principal obstacle à la mise en oeuvre de services de santé génésique est le manque de financement adéquat.  Les objectifs financiers fixés lors de la Conférence du Caire sont malheureusement loin d’être atteints.  Nous souhaitons que la Conférence de Monterrey sur le financement du développement permettra de dégager davantage de ressources en faveur des programmes de santé reproductive.


M. JOSEPH CHAMIE, Directeur de la Division de la population, Département des affaires économiques et sociales, a indiqué que les prévisions démographiques pour les 50 ans à venir peuvent se résumer comme suit: croissance démographique persistante, surtout dans les zones urbaines des pays du Sud; taux de fertilité en baisse; vieillissement généralisé de la population; continuation de flux migratoires; irrégularités sporadiques dans les taux de mortalité.  Aujourd'hui, a continué M. Chamie, la croissance démographique est de 77 millions de personnes supplémentaires par an, en baisse toutefois de 10 millions par rapport à la fin des années 80.  On s'attend à ce que dans les cinq prochaines décennies, pratiquement la totalité de la croissance démographique prenne place dans l'hémisphère Sud.  Aujourd'hui, six pays -à savoir l'Inde, la Chine, le Pakistan, le Nigéria, le Bangladesh et l'Indonésie-, représentent la moitié de la croissance démographique mondiale.  La fertilité est en baisse dans l'ensemble du monde, et alors que dans la moitié du monde le taux de fertilité est déjà passé en dessous du taux de remplacement des générations; en Europe et au Japon, il s'est établi entre 1,1 et 1,5 naissance par femme.  Les irrégularités dans la mortalité, notamment dues à l'épidémie du VIH/sida, seront essentiellement enregistrées dans les pays d'Afrique subsaharienne et en Asie.  M. Chamie a en conclusion indiqué que les courants migratoires du Sud vers le Nord vont continuer, entraînant des pressions considérables sur les conditions politiques, économiques et sociales des pays du Nord.  Enfin, il est probable que le vieillissement de la population ait comme conséquence l'allongement de l'âge de la retraite, la réduction des avantages sociaux et l'augmentation des contributions des travailleurs.  C'est pourquoi, a-t-il conclu, face à ces nombreux défis, la Commission de la population et du développement a non seulement un rôle essentiel à jouer dans le débat international, mais aussi l'importante responsabilité de maintenir les questions relatives à la population et au développement à l'ordre du jour des rencontres intergouvernementales.


Mme AMY TSUI, Professeur à Johns Hopkins University, a expliqué que, malheureusement, un taux élevé de jeunes dans les pays en développement -soit 40 % de la population- ne reçoivent pas un niveau de protection suffisant, leur donnant accès à l’éducation ou encore à l’emploi, ou leur permettant d’avoir une vie reproductive en toute sécurité.  Le rapport mondial sur la population pour 2002 indique qu’un individu sur sept sexuellement actif sera infecté par une maladie sexuellement transmissible (MST) à un moment donné.  Il apparaît également que les MST et le VIH/sida sont souvent transmis à la femme par l’homme.  Mme Tsui a évoqué les conséquences de l’amélioration des soins de santé de reproduction sur le macro-développement.  Elle a rappelé que la première Conférence mondiale sur la population qui a eu lieu à Bucarest en 1974 avait marqué une étape historique dans la mesure où elle avait identifié la population comme un facteur du développement socioéconomique.


Malheureusement, a-t-elle regretté, la population au fil du temps a été associée à la gestion des politiques de natalité, les services de contraception étant considérés comme l’instrument de choix des politiques.  Toutefois, la communauté internationale s’est rendue compte de plus en plus qu’investir dans la santé c’est investir dans le développement.  Intégrer les soins de santé de reproduction aux services de soins de base dans le contexte de l’élimination de la

pauvreté reflète l’engagement pris par les gouvernements d’investir dans la santé comme un moyen d’améliorer le bien-être économique et le capital humain.  Le philosophe et économiste Amartya Sen a avancé que le processus de développement devrait être appréhendé à l’aune de la capacité des individus de “faire ou d’être”, plaçant la notion de l’être humain au centre des programmes de développement.


Débat général


M. JUAN MARIA LOPEZ-AGUILAR (Espagne), s'exprimant au nom de l'Union européenne et des pays associés, a déclaré que la santé reproductive et les droits en matière de reproduction sont la pierre angulaire de toute stratégie visant à éradiquer la pauvreté.  Il a rappelé qu'un consensus a été atteint lors de la Conférence du Caire en 1994 sur ce qu'il convient de faire pour améliorer la santé reproductive, notamment celle des femmes, et qu'on a alors reconnu aux individus et aux couples le droit et la liberté de choisir le nombre de leurs enfants, l'espacement entre les naissances, leur octroyant ainsi la maîtrise de leur destinée génésique, sans coercition.  Mais pour cela, il faut que tous les hommes et les femmes puissent avoir accès à l'information et aux soins nécessaires, a-t-il continué.  Rappelant l'article 25 de la Déclaration universelle des droits de l'homme, M. Lopez-Aguilar a indiqué que l'Union européenne accorde une importance toute particulière à l'égalité entre les sexes, l'émancipation des femmes, la transformation des attitudes stéréotypées et à une approche sexospécifique de la planification familiale.  M. Lopez-Aguilar a demandé que les programmes de planification familiale soient renforcés et plus largement diffusés afin d'éviter que l'avortement soit utilisé comme méthode de planification familiale.


Si l'objectif figurant dans la Déclaration du Millénaire, et visant à réduire de trois quarts le taux de mortalité maternelle en 2015, n’est pas atteint alors il faut renforcer les soins pendant la grossesse ainsi que les soins d'urgence obstétrique et prendre en compte l'impact de la nutrition, a encore fait observer M. Lopez-Aguilar.  Soulignant que les infections sexuellement transmissibles sont une des principales menaces qui pèsent sur la santé sexuelle et reproductive, l'Union européenne s'est félicitée de l'amélioration de l'information disponible ainsi que de celle de l'accès au traitement de ces maladies.  Il a en conclusion assuré le FNUAP de tout le soutien de l'Union européenne dans ses travaux.


M. HAZEM FAHMY (Egypte)a relevé les déséquilibres contenus dans le rapport du Secrétaire général paru sous la cote (E/CN.9/2002/2) entre l’analyse exhaustive de la question et le nombre restreint de recommandations.  Il a également critiqué la partie du rapport relative aux maladies sexuellement transmissibles, regrettant que les facteurs ayant trait aux comportements et à l’éthique ne soient pas mentionnés.  Le rapport ne souligne pas l’importance d’établir des critères permettant d’expliquer aux jeunes les dangers d’une vie sexuelle à un âge précoce.  Le rapport fait allusion à des catégories sociales qui sont le plus exposées aux MST, notamment les professionnels du sexe et les homosexuels, et fait donc référence aux parties du texte qui ont été retirées du Document final de la

session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au VIH/sida.  Le rapport aurait dû respecter le consensus obtenu lors de la session par les Etats Membres plutôt que d’ouvrir une nouvelle controverse.  Le représentant a également regretté la publication de statistiques non fiables, ce qui est en contradiction avec toute méthodologie scientifique d’établissement de statistiques, en particulier lorsqu’il s’agit de questions qui peuvent porter préjudice à certains Etats.  Il sera donc impossible de faire référence à ce rapport dans une quelconque résolution de cette Commission.


M. NASSROLLAH KAZEMI KAMYAB (République islamique d'Iran) a mis l'accent sur deux éléments, l'éducation et la santé, en raison de leurs effets positifs sur le succès des programmes en matière de santé reproductive dans son pays.  L'éducation et les soins de santé pour tous ont été les piliers de la politique de l'Iran en matière de santé reproductive, a continué le représentant, indiquant que le taux de scolarisation primaire atteint 97 % en Iran, pour les garçons comme pour les filles.  Entre 1988 et la fin des années 90, le taux d'alphabétisation des femmes est passé de 46,3 % à 80,5 % et le nombre de femmes entrant à l'université a augmenté de 62 %.  Pendant la même période, le taux de mortalité maternelle est tombé de 237 à 37 pour 100 000 et le taux de mortalité infantile de 173 à 33 pour 1 000 naissances vivantes.  Les défis auxquels se heurte la République islamique d'Iran sont essentiellement liés au haut niveau de chômage, a continué le représentant, et dans la mesure où l'investissement privé est insuffisant à absorber ce chômage, il faudra que les dépenses du secteur public augmentent.  Le représentant a demandé que les principaux donateurs mettent à la disposition de l'Iran les ressources nécessaires pour mettre en oeuvre des programmes idoines en matière de santé reproductive afin d'atteindre les objectifs de la Déclaration du Millénaire.  M. Kamyab a émis des réserves sur les paragraphes des rapports du Secrétaire général mentionnant "les populations vulnérables qui risquent d'être touchées par les maladies sexuellement transmissibles".  Il a en conclusion demandé un renforcement du soutien de l'ONU aux stratégies de développement nationales en promouvant les transferts de technologie et l'accès aux connaissances.


M. ZHANGH HANXIANG (Chine) a rappelé que les droits en matière de reproduction visés par le Programme d’action adopté au Caire comprennent les droits de base de tous les couples et de tous les individus de décider librement de l’espacement des naissances et d’avoir accès à l’information et aux moyens de le faire.  Comprendre les droits de reproduction dans leur ensemble est important pour mettre en oeuvre sans difficulté les programmes de planification familiale et de santé reproductive.  La planification familiale a joué un rôle important pour prévenir les grossesses non désirées et donc pour réduire les avortements et améliorer la santé reproductive des femmes.  En Chine, a précisé le représentant, le nombre d’avortements est passé de 14,09 millions en 1991 à 6,66 millions en 2000 ce qui reflète les réalisations remarquables de son pays.  Abordant la question de la pandémie du VIH/sida, il a estimé que la propagation rapide du virus était due à la pauvreté.  La communauté internationale doit s’attacher au rôle de la santé reproductive dans la prévention du sida.  En outre, il faut renforcer la promotion du préservatif.  Il faut par ailleurs renforcer la coopération internationale lors de la mobilisation de ressources en faveur des pays en développement.  Ceci inclut l’accès aux traitements et aux médicaments à des prix abordables et des progrès rapides vers un vaccin contre le VIH/sida.


M. AHMED Al-HADDAD (Yémen) a émis des réserves sur le paragraphe 148 du rapport E/CN.9/2002/2 qui mentionne les "populations vulnérables risquant de contracter des infections sexuellement transmissibles".  Mettant en avant les aspects moraux, il a souhaité que le consensus atteint à l'issue de la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée au VIH/sida en juin 2001 soit respecté.  Le représentant s'est en outre élevé contre le paragraphe 222 du même rapport, qui mentionne que des crimes d'honneur ont été signalés au Yémen.  Aucune statistique officielle n'est disponible sur la question et cette information ne devrait pas figurer dans le rapport, a-t-il fait observer.


M. IVAN SIMONOVIC (Croatie), Président du Conseil économique et social, s'est félicité des interactions croissantes qui existent entre la Commission de la population et du développement et l'ECOSOC, visant à renforcer l'efficacité des politiques et des stratégies développées.  Rappelant que l'ECOSOC cherche, conformément à la résolution 50/227 de l'Assemblée générale, à renforcer la coordination avec les Commissions, il a souhaité que cette coopération soit encore intensifiée en organisant, par exemple, des réunions conjointes des bureaux concernés.  Il a également demandé que la Commission renforce la continuité dans le travail des bureaux successifs, par exemple en réélisant de façon systématique un membre du bureau de la session antérieure ou en procédant aux élections du bureau juste après la clôture des sessions.  Il a en conclusion recommandé à la Commission de participer activement au débat de haut niveau du Conseil économique et social sur "la contribution des ressources humaines, notamment dans les domaines de la santé et de l'éducation, au processus de développement".


M. SICHAN SIV (Etats-Unis) a fait part de l’engagement de son pays à mettre en oeuvre le Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement du Caire et notamment à permettre à tous d’avoir accès à des soins de santé reproductifs; à réduire de façon significative les taux de mortalité maternelle et à garantir l’accès universel à l’éducation primaire.  Toutefois, pour atteindre ces objectifs, nous devons mettre l’accent sur les stratégies rationnelles basées sur les faits et ceci est surtout vrai pour ce qui est de la section du rapport (E/CN.9/2002/2) du Secrétaire général relative à l’avortement qui pâtit d’un manque de données exactes.  En fait, le Programme d’action appelle les gouvernements à prendre les mesures qui s’imposent pour aider les femmes à ne pas recourir à l’avortement.  Le rapport ne mentionne pas les progrès réalisés dans ce domaine, a fait observer le représentant qui estime que les termes “soins de santé reproductive” et “services de santé reproductive” ne sont pas interchangeables.  Nous n’acceptons pas les termes “services de santé reproductive” dans la mesure où ils peuvent être interprétés comme légalisant l’avortement.


Sur la question du VIH/sida, le représentant s’est dit satisfait de l’accent mis, dans ce rapport, sur la prévention et les campagnes d’information.  L’abstinence et le report de l’activité sexuelle jouent un rôle important dans la promotion de la santé et le bien-être des adolescents, y compris dans la prévention du VIH/sida.  Le représentant a regretté par ailleurs que ce même rapport ne contienne pas d’informations sur les objectifs relatifs à la famille définis lors de la Conférence mondiale sur la population et le développement.  Pourtant, la structure familiale et les parents constituent souvent la source d’influence la plus importante pour les jeunes.  Le rapport ne fournit malheureusement que des informations éparses quant à l’influence de la famille, le rôle du père et de la communication entre parents et enfants sur la question de l’abstinence permettant de promouvoir un comportement responsable.


La pandémie du VIH/sida souligne la nécessité d’étendre des services de planification familiale volontaire notamment pour les femmes à risques.  Nous disposons de suffisamment d’informations pour savoir que les femmes et les hommes dans le monde entier souhaitent planifier et espacer le nombre de naissances et que le principal obstacle est le manque d’accès aux services de planification familiale.  L’un des meilleurs moyens de prévenir l’avortement est de fournir des services de planification familiale.  Le représentant a également évoqué les conséquences tragiques de la transmission du VIH/sida de la mère à son enfant.  En Afrique, près de 600 000 nouveau-nés sont infectés chaque année, a-t-il indiqué tout en reconnaissant l’existence de ce phénomène aux Etats-Unis.  Abordant la question de l’accès à l’éducation universelle, M. Siv a rappelé que 110 millions d’enfants dans le monde ne sont pas scolarisés dont une majorité de filles, d’enfants issus de minorités ethniques et d’enfants pauvres.  Le niveau d’éducation d’une mère est un facteur déterminant pour la survie de l’enfant.


S’agissant des ressources financières devant concourir à l’application du Programme d’action de la Conférence, le représentant a expliqué que le Gouvernement des Etats-Unis a lancé un plan sur cinq ans qui doublera le budget de l’Institut national de la santé.  La santé des femmes et le VIH/sida sont des composantes importantes des programmes de recherche nationaux.  Il a également indiqué que son pays était le plus grand donateur pour ce qui est de la lutte contre le VIH/sida et qu’à cet effet, il a l’intention de contribuer pour un montant de 900 millions de dollars en 2002.


M. YOSHIYUKI MOTOMURA (Japon) a fait part du soutien de son pays au Fonds mondial sida et santé auquel il a versé 200 milliards de dollars par le biais de l’Initiative d’Okinawa.  Il a également rappelé le soutien dont jouit l’Initiative pour les femmes dans le développement qui vise à renforcer leur éducation, leur santé et leur participation à la vie économique et sociale.  Le Japon a fourni une aide dans le cadre d’un tel programme par le biais de microfinancements et de programmes de formation professionnelle.  Le Japon a également fourni une aide dans le domaine de la planification des politiques en faveur des pays en développement.  La pandémie du VIH/sida, a indiqué le représentant, est l’un des enjeux les plus importants que doit affronter le monde aujourd’hui.  Il est essentiel que ces questions, qui constituent une menace à la vie, à la santé et à la dignité humaine, soient traitées du point de vue de la sécurité de la personne.


En mars 1999, a ajouté le représentant, le Japon a établi, au sein des Nations Unies, le Fonds d’affectation spéciale pour la sécurité humaine.  Le Japon a approuvé des projets liés à la santé d’un montant total de 8,8 millions de dollars.  Le représentant a souligné l’importance de renforcer les capacités des individus ainsi que les partenariats entre les gouvernements, les organisations internationales et la société civile.  Dans ce contexte et dans le cadre du Programme d’action du Caire, nous attachons la plus grande importance à la participation des femmes dans les processus de prise de décisions et dans la mise en oeuvre des programmes visant à trouver des solutions à des problèmes mondiaux.


M. LUIS ALFONSO DE ALBA (Mexique) a indiqué que le plein exercice du droit de décider librement du nombre d'enfants suppose un accès universel à des soins de santé reproductifs et suppose également que les individus soient pleinement informés de cette possibilité.  Au Mexique, a-t-il continué, les schémas de reproduction ont évolué de manière significative dans les trente dernières années, notamment du fait de l'allongement du délai entre les grossesses, mais aussi grâce à l'amélioration de la couverture médicale à l'intention des mères et des enfants en bas âge.  Cependant, les taux encore élevés de mortalité infantile et de mortalité maternelle dans les régions les plus touchées par la pauvreté, ainsi que l'augmentation de la prévalence du VIH/sida, sont autant de défis en matière de santé reproductive pour le Gouvernement mexicain.  Les défis sont complexes et gigantesques, a indiqué le représentant, et s'y atteler nécessite les efforts conjoints du Gouvernement et de la société, ainsi qu’une coopération bilatérale et multilatérale.  Pour cette raison, il a appelé tous les gouvernements et la communauté internationale à redoubler d'efforts pour atteindre les objectifs fixés dans le Programme d'action de la Conférence internationale sur le développement et la population, adopté au Caire en 1994.


M. ISHTIAQ HUSSAIN ANDRABI (Pakistan) a indiqué que le rapport du Secrétaire général E/CN.9/2002/2 contient deux paragraphes sur les violences perpétrées contre des femmes, bien que cette question ne soit pas du ressort de la Commission de la population mais relève plutôt du Comité pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’encontre des femmes (CEDAW) et de la Commission des droits de l'homme.  Il a demandé que les paragraphes 221 et 222 de ce rapport, consacrés aux crimes d'honneur, soient retirés du document.  Les statistiques sur les crimes d'honneur sont exagérées, a-t-il estimé, d'autant plus que le rapport ne mentionne pas les mesures correctives prises par les Etats pour lutter contre ce type d’actes.  Au Pakistan, les tribunaux condamnent et combattent les crimes d'honneur.  Enfin, le représentant a déploré les termes employés dans ce même rapport faisant référence aux "groupes vulnérables".


M. HUSSEIN SABBAGH (République arabe syrienne) a appuyé la déclaration faite par le représentant de l’Egypte et a regretté que le rapport du Secrétaire général sur la santé génésique et les droits reproductifs n’ait pas pris en compte les divers points importants soulevés lors de la session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le VIH/sida, en juin 2001.  Le rapport reprend des données inexactes et partiales.  Ce rapport ne peut pas être adopté et ne peut pas servir de référence dans des résolutions futures.


M. TURKSON (Ghana) aurait souhaité que certaines questions soient traitées plus avant dans ce rapport et il a proposé qu’une version révisée soit élaborée.  Il a souhaité que cette nouvelle version intègre la question des migrations, comme facteur de la propagation du sida, question très importante qui a été au coeur des débats de la Commission économique pour l’Afrique.  L’importance du facteur migratoire dans la propagation du VIH/sida ne peut pas être ignoré plus longtemps.  Il a également souhaité que la version révisée intègre la question des personnes déplacées à la suite des conflits.  Il a également demandé la publication d’un rapport intérimaire sur la manière dont les barrières socioculturelles freinent l’amélioration de la santé génésique.


Mme RACHIDA BENKHELIL (Algérie) a déclaré que, depuis la Conférence internationale sur la population et le développement tenue au Caire en 1994, des progrès considérables ont été enregistrés.  Les comportements en matière de reproduction évoluent favorablement, a-t-elle estimé, notamment en matière de santé maternelle et périnatale.  Mais ces volets doivent eux aussi continuer à constituer une priorité si l'on veut que la baisse de la mortalité maternelle et infantile continue.  La représentante a déploré qu'en raison notamment des moyens limités dont disposent les programmes de santé reproductive, certaines maladies continuent à se propager, telles que les infections sexuellement transmissibles et la pandémie VIH/sida.  Il est impératif que l'accent soit mis sur une mobilisation effective de ressources, a poursuivi la représentante, avant de demander que la dimension familiale soit davantage mise en avant dans les rapports du Secrétariat.


M. WILOPO (Indonésie) s’est inquiété des progrès limités réalisés par certains pays dont les efforts en matière de planification familiale ont été rendus vains par des mesures d’ajustement structurel inappropriées.  En Indonésie, nous avons mis l’accent sur les droits génésiques des couples et des individus et nous avons mis en place un programme de promotion de grossesse sans risques et de gestion des grossesses non désirées.  L’un des obstacles les plus importants à la santé génésique est la pandémie du VIH/sida.  Le représentant a fait part de la nécessité de déployer des efforts mondiaux, régionaux et nationaux appuyés par le secteur privé.  Des progrès supposent des changements d’attitude et un accès renforcé aux soins préventifs ainsi qu’une compréhension accrue des dangers de la pandémie du VIH/sida.  L’émancipation des femmes, le renforcement de leur accès à l’éducation, aux soins de santé, à l’édification des normes, sont également des questions clefs.  La mise en place des objectifs du Caire se heurte toujours à des obstacles financiers.  L’enjeu est de renverser cette tendance négative par la mise en oeuvre de partenariats dynamiques fondés sur le partage des responsabilités.  Nous sommes toutefois encouragés par la coopération Sud/Sud en matière de santé génésique.


Mme GINETTE LACHANCE (Canada) a déclaré que, comme la communauté internationale l'a appris à ses dépens au cours des 20 dernières années, il est crucial de respecter le droit de jouir du meilleur état d'hygiène sexuelle possible et d'assurer l'accès universel à des soins et des services de santé génésique pour lutter avec succès contre la pandémie de VIH/sida.  Les jeunes sont au coeur de la pandémie, a-t-elle ajouté, faisant observer qu'un tiers des 40 millions de personnes qui vivent avec le VIH/sida ont entre 15 et 24 ans et que sur les 14 000 nouvelles infections quotidiennes, 43 % touchent des femmes, en particulier des jeunes femmes.  Qualifiant la Déclaration d'engagement de la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée au VIH/sida de résultat sans précédent, la représentante a demandé aux gouvernements de s'engager à mettre au point des stratégies appuyant la participation des femmes et des filles et à tenir compte de leurs besoins et de leurs expériences.


Le Canada est convaincu que la protection et la promotion du droit de jouir du meilleur état d'hygiène sexuelle et de santé reproductive est non seulement un but crucial en soi, mais aussi une contribution à un développement efficace et durable, a déclaré Mme Lachance.  Comme nous le voyons clairement dans les statistiques relatives à la pandémie du VIH/sida, il faut satisfaire le droit des adolescents, y compris les adolescents mariés, aux soins d'hygiène sexuelle et à

la santé reproductive pour ralentir la propagation de la maladie, a-t-elle poursuivi, avant d'indiquer que le Canada est déterminé à protéger et à promouvoir le droit de jouir du meilleur état d'hygiène sexuelle possible, ainsi qu'à combattre l'ostracisme, le silence et la discrimination dont sont victimes les personnes vivant avec le VIH/sida.


M. STEVEN W.SINDING, Fédération internationale de la parenté planifiée, rappelant que son association est engagée en faveur de l'exercice du droit des hommes et des femmes à choisir librement le nombre et l'espacement des naissances et à avoir accès aux meilleurs soins en matière de santé reproductive et sexuelle, s'est déclaré en faveur d'un examen de suivi technique “Le Caire + 10”.  Cet examen devrait permettre d'identifier précisément les zones de progrès et les zones à problèmes et de soumettre à la discussion des textes analysant la mise en oeuvre du Programme d'action de la Conférence du Caire.  Faisant observer que la mise en oeuvre des aspects du Programme d'action relatifs à la santé reproductive présente davantage de difficultés que d'autres, il a déclaré que la VIH/sida ne doit pas servir d’excuse pour éviter de mettre en oeuvre tous les aspects du Programme d'action du Caire, comme par exemple la violence domestique, les grossesses dans de bonnes conditions et l'avortement.  La Commission de la population et du développement a le devoir de garantir l’application des objectifs du Caire et a également le devoir d'attirer l'attention de la communauté internationale sur le fait que les avortements pratiqués dans des conditions non sûres représentent un problème central d'hygiène publique.  Il s'est en conclusion félicité de la reconnaissance de plus en plus large des droits de l'homme, et de l'activisme des organisations non gouvernementales dans la lutte pour le respect de ces droits, car une approche fondée sur la notion de droit est centrale pour faire appliquer les éléments du Programme d'action du Caire qui restent encore lettre morte.


Intervenant pour Le FNUAP, Mme FRANCE DONAY a émis l’espoir que le Sommet de Monterrey sera synonyme d’une progression constante en matière de droits de la population et des droits en matière de santé génésique.


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