UNE CINQUANTAINE D’AMBASSADEURS ITINERANTS REUNIS AU SIEGE POUR DEVELOPPER UN PLAIDOYER DES CELEBRITES POUR LE NOUVEAU MILLENAIRE
Communiqué de presse PI/1427 |
Rencontre spéciale des Messagers de la paix
et des Ambassadeurs itinérants des Nations Unies
UNE CINQUANTAINE D’AMBASSADEURS ITINERANTS REUNIS AU SIEGE POUR DEVELOPPER UN PLAIDOYER DES CELEBRITES POUR LE NOUVEAU MILLENAIRE
“Votre présence donne vie au rôle des Nations Unies et le message que vous diffusez est réellement universel”, leur déclare le Secrétaire général
“Vous pouvez capturer l’attention et l’imagination des jeunes. Vous pouvez les aider à comprendre qu’aujourd’hui plus que jamais, il est nécessaire d’avoir une vision globale. Sans cette vision, nous nous imposons des limites et limitons également le progrès de l’humanité”. C’est par ces paroles que le Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, a accueilli, ce matin, près d’une cinquantaine d’Ambassadeurs itinérants et de Messagers de la paix réunis au Siège pour deux journées de dialogue et de réflexion autour de leur mission en faveur des causes défendues par les Nations Unies. Venus du monde du spectacle, de la littérature, de la musique, des arts et de la culture et des affaires publiques, ils étaient rassemblés en vue de constituer un véritable “Plaidoyer des célébrités pour le nouveau Millénaire”.
A chaque fois que votre nom est associé à un message, vous permettez d’accroître la prise de conscience des décideurs politiques et des millions de personnes qui les ont élus, leur a encore dit le Secrétaire général. Le fait est, en effet, que les chances de briser les barrières de l’indifférence sont multipliées lorsque des personnes comme celles réunies aujourd’hui plaident pour la cause des Nations Unies. M. Annan les a remerciés de l’engagement dont elles font preuve, estimant qu’il s’agit là du reflet de “leurs réelles qualités de star”.
Maître de cérémonie, Mme Gillian Sorensen, Sous-Secrétaire générale pour les relations extérieures, a rappelé que le programme des Ambassadeurs de bonne volonté a déjà une longue histoire derrière lui. Il a été lancé dans les années 60 avec l’UNICEF avec des personnalités comme Danny Kaye, le tout premier d’entre eux, Audrey Hepburn ou Sir Peter Ustinov, aujourd’hui le vétéran des Ambassadeurs. Dans les années 80, plusieurs institutions du système des Nations Unies ont repris l’idée et nommé leurs propres Ambassadeurs itinérants. Dernièrement, à l’occasion de l’Assemblée du Millénaire, c’est le Secrétaire général qui a aussi embrassé cette approche en nommant les Messagers de la paix, actuellement au nombre de quatre, dont Mohammed Ali et Enrico Macias.
Dès le début, les Ambassadeurs ont pris leur rôle très au sérieux et ont montré qu’ils pouvaient faire une différence. Aujourd’hui au nombre de 48 venus de 27 pays différents et issus de domaines très variés, les Ambassadeurs ont pour dénominateur commun leur dévouement à la cause des Nations Unies, à la paix, au développement et à un monde meilleur. Ils mobilisent, sensibilisent et
transmettent les réalités de la vie à ceux qui n’ont ni sécurité, ni avenir. Mme Sorensen a ensuite évoqué Harry Belafonte, expliquant combien il a été récompensé au-delà de ses attentes au cours de ses années au service de l’UNICEF et affirmant que les Ambassadeurs itinérants sont puissants et ont une voix à faire entendre. “Nous ne devons pas avoir peur de ce que nous faisons. Si vous avez des doutes, ouvrez le dialogue et nous pouvons régler les problèmes”.
Neuf Ambassadeurs itinérants et Messagers de la paix, dont l’actrice Angelina Jolie, le chanteur Harry Belafonte ou l’ancien jouer de tennis professionnel Vijay Amritraj, représentant chacun une institution du système des Nations Unies ont ensuite fait part de leurs expériences les plus marquantes dans leur rôle de plaidoyer en faveur des Nations Unies.
Il ne s’agissait pas de la première rencontre entre les Ambassadeurs qui s’étaient retrouvés, il y a près de deux ans lors d’une matinée exceptionnelle pour, ainsi que l’a fait observer le Secrétaire général, “faire connaissance”. Cette fois-ci, l’objectif est d’approfondir leur connaissance de ce que font les Nations Unies, de renforcer leur confiance et d’explorer la manière dont les Nations Unies peuvent améliorer ce qu’elles font en ayant un programme plus cohérent.
Pour ce faire, durant deux journées entières, les Ambassadeurs de bonne volonté et les Messagers de la paix participeront activement à toute une série de tables rondes, allant des Objectifs de développement du Millénaire aux activités de plaidoyer sur le terrain, des moyens de donner une voix à ceux qui n’en ont pas à la lutte contre le VIH/sida et les maladies infectieuses, et de l’élimination de la pauvreté au maintien de la paix et aux questions politiques qui animent l’ONU. Le fruit de ces deux jours de rencontre devrait être l’élaboration de propositions d’action qui seront rendues publiques lors de la séance de clôture, mercredi 19 juin dans l’après-midi.
M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a condamné le nouvel acte de terrorisme en Israël qui a fait des victimes parmi des enfants. Aucune cause ne saurait justifier que l’on tue et cela devrait nous donner une raison supplémentaire pour oeuvrer en faveur de la paix dans cette région dévastée par une tragédie. Il a souhaité que la rencontre d’aujourd’hui permette aux Ambassadeurs de bonne volonté et aux Messagers de la paix de mieux comprendre les activités des Nations Unies et donc de renforcer leur capacité à agir comme porte-paroles et défenseurs de la famille des Nations Unies. Cette rencontre nous permet également d’apprendre de vous ce que les Nations Unies peuvent mieux se faire entendre.
Les Nations Unies, a expliqué le Secrétaire général, sont constituées d’Etats mais leur rôle est de protéger les droits des peuples dans le monde entier et de subvenir à leurs besoins. C’est sur le soutien des individus aussi bien que des gouvernements que l’Organisation dépend. Vous avez la possibilité d’établir des contacts avec la quasi-totalité des individus du monde, des individus qui aiment la musique, les arts, la littérature, le sport mais qui ne consacrent pas nécessairement leur temps à connaître les “grandes” questions qui affectent l’humanité.
Vous pouvez capturer l’attention et l’imagination des jeunes. Vous pouvez les aider à comprendre qu’aujourd’hui plus que jamais, il est nécessaire d’avoir une vision globale. Sans cette vision, nous nous imposons des limites et limitons également le progrès de l’humanité. Vous pouvez aider à instiller dans l’esprit de ces jeunes des valeurs telles que la compréhension entre les peuples, la solidarité et le respect.
Depuis notre dernière rencontre, de nombreux évènements se sont produits, notamment les attaques du 11 septembre qui nous ont rappelé dans la douleur qu’il était nécessaire de travailler ensemble pour trouver des solutions aux problèmes internationaux. La session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le VIH/sida nous a montré que le monde est prêt à travailler de manière solidaire pour lutter contre la pire des épidémies que le monde ait jamais connues. La remise du Prix Nobel de la paix a témoigné de la reconnaissance du rôle indispensable que jouent les Nations Unies au XXIème siècle. Ce rôle a été amplement illustré en Sierra Leone, au Timor oriental, en Ethiopie/Erythrée, au Myanmar et lors de l’entrée en vigueur du Statut de la Cour pénale internationale.
Votre présence aujourd’hui donne vie au rôle des Nations Unies et le message que vous diffuserez dans vos collectivités respectives est réellement universel. Ce rôle peut être résumé dans la Déclaration du Millénaire. Aux termes de cette Déclaration, les dirigeants du monde se sont engagés à libérer les peuples de la pauvreté et des maladies, du fléau de la guerre et de la peur de vivre sur une planète qui ne peut plus abriter ses habitants. Le nombre de personnes dans le monde qui vivent avec un dollar par jour, connaissent la faim et ne disposent pas d’eau potable, n’a pas diminué. Les facteurs qui sont à l’origine de l’avancée des sables, de la destruction de la biodiversité et du réchauffement de la planète n’ont pas disparu. Le nombre de personnes mourant du sida, de la malaria, de la tuberculose et d’autres maladies qui auraient pu être prévenues n’a pas baissé et dans les nombreuses parties du monde affectées par les guerres, des personnes innocentes ne cessent d’être assassinées, mutilées, chassées de leurs foyers.
Les gouvernements ont adopté la Déclaration du Millénaire et il leur incombe donc de la mettre en oeuvre. Les gouvernements ne peuvent cependant pas le faire seuls. Il leur faut entendre les voix de ceux qui insistent pour que leurs engagements soient traduits en mesures concrètes. C’est là que vous intervenez. A chaque fois que votre nom est associé à un message, vous contribuez à la sensibilisation des décideurs politiques et des millions de personnes qui les ont élus. Nos chances de briser les barrières de l’indifférence sont multipliées lorsque des personnes comme vous plaident pour notre cause. Un tel engagement est le reflet de vos réelles « qualités de star », celles d’un être humain qui compatit suffisamment pour s’acquitter avec succès de sa mission.
Neuf Ambassadeurs itinérants, Messagers de la paix et Ambassadeur honoraire, représentant chacun une institution différente du système des Nations Unies sont ensuite intervenus pour expliquer leur rôle et leur vision de “porte-parole de bonne volonté”.
Premier à intervenir, M. HARRY BELAFONTE, Ambassadeur itinérant de l’UNICEF, s’est dit impressionné et honoré de pouvoir associer sa voix à celles, nombreuses, qui se sont élevées pour essayer de ramener l’humanité qui trop souvent manque dans le monde. A ses yeux, l’un des obstacles auquel on s’est heurté jusqu’à présent pour faire passer le message de l’Organisation était peut-être lié au fait que l’on a sous-estimé la volonté et le pouvoir de nos adversaires. “Il ne faut pas croire que la mission est une tâche facile”. C’est pourquoi, il faut que tous les Ambassadeurs de bonne volonté s’entraident et insufflent une nouvelle force dans la cause qu’ils servent en qualité de citoyens du monde ayant été ou étant encore très en vue. Il s’est dit par exemple affligé que certaines des plus grandes puissances aient encore à signer des documents fondamentaux de l’ONU, notamment la Convention sur les droits de l’enfant par les Etats-Unis. “Or, sans les Nations Unies, il y a longtemps que cette planète serait tombée dans le désespoir”.
De son côté, Son Altesse Royale BASMA BINT TALAL de Jordanie, représentant l’UNIFEM, le PNUD et le FNUAP, a estimé que l’un des aspects les plus enthousiasmants de son rôle a été d’améliorer la compréhension des relations entre politique mondiale et politique locale. En Jordanie, elle a pu être le témoin des répercussions positives sur le terrain des programmes du PNUD, de l’UNIFEM et du FNUAP, aidant notamment un grand nombre de femmes arabes à jouer un rôle de décideur et, ce faisant, à améliorer, non seulement leurs conditions de vie, mais aussi celles de toute leur famille. Dans une région troublée, comme le Moyen-Orient, de telles actions peuvent faire renaître l’espoir et marquer une différence, a-t-elle souligné.
L’ancien joueur de tennis professionnel, M. VIJAY AMRITRAJ, Messager de la paix du Secrétaire général, a expliqué qu’en un an et demi il a pu en tant que Messager de la paix voir le monde comme chacun d’entre nous devrait le voir : dans des situations de désespoir, de pauvreté extrême, de conflit et de déplacements forcés, ou encore de dévastation totale suite à une catastrophe naturelle. Il suffit de lire l’espoir dans le regard des enfants, victimes de ces circonstances extrêmes, pour comprendre le rôle que les Nations Unies jouent en faveur de ces populations, a-t-il affirmé. Pour lui, en dépit des barrières linguistiques et culturelles, il est des domaines, comme le sport ou la musique, purement universels, qui peuvent tous nous rassembler et nous redonner espoir.
Le joueur de basket, DIKEMBE MUTOMBO, Ambassadeur itinérant du PNUD, s’est lui remémoré une expérience spécifique, qu’il a vécue il y a deux ans lorsqu’il a participé à la conférence internationale sur le VIH/sida en Afrique du Sud. A l’ouverture de la conférence, un jeune garçon de 11 ans, lui-même atteint de la maladie, y a prononcé un discours inspiré et puissant qui n’a cessé de faire écho dans la vie de tous ceux qui l’ont entendu ce jour-là. Son discours a particulièrement inspiré, depuis cette date, une série de programmes spécifiques ainsi que son action propre.
Le FNUAP est sans doute l’organisme des Nations Unies que l’on critique le plus, a, pour sa part, fait remarquer Mme MARY BANOTTI, députée européenne. Sa mission est malheureusement contestée par une étrange coalition internationale, menée par les Etats-Unis. Or, le FNUAP ne fait pas la promotion de l’avortement; simplement dans le monde entier, il doit faire face au jour le jour aux tragédies qui découlent des avortements clandestins. La principale mission du FNUAP est de lutter contre les taux de mortalité infantile et des femmes qui frappent encore trop de pays dans le monde entier. Ce faisant, il doit affronter des réalités et des oppositions politiques plus fortes qu’aucun autre organisme, mais sa détermination infaillible est souvent récompensée. Comme l’a montré récemment la situation en Afghanistan, où Mme Banotti a pu assister à la renaissance de l’espoir, car “sous les Burkas, il y a beaucoup d’activités subversives”. Les femmes sont déterminées à survivre, à se battre et à bâtir un avenir meilleur. Se tournant vers le Secrétaire général, elle lui a assuré qu’il disposait d’une équipe formidable avec ses Ambassadeurs du FNUAP, des personnes qui refusent que le FNUAP soit l’organisation qui ne veut pas dire son nom.
“Je suis plus connu sous le nom d’Ambassadeur des préservatifs” a, quant à lui, ironisé M. MECHAI VIRAVAIDYA, Ambassadeur du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida. Malheureusement, ces préservatifs qu’il emmène toujours avec lui dans ses visites ne lui donnent guère le sentiment d’être protégé contre les fléaux et les situations de désespoir et d’exploitation dont il est souvent témoin. C’est pourquoi, il a estimé qu’il faudrait faire encore davantage auprès des médias. “Où que nous soyons, nous pouvons essayer de développer la compréhension et la sensibilisation sur ce problème”, a-t-il demandé à tous les participants, avant d’indiquer par exemple qu’un excellent moyen était d’installer des distributeurs de préservatifs dans les restaurants; les clients, outre un bon dîner, pourront ainsi préserver leur santé et celle de leur prochain.
M. TAKEHITO NAKATA, pour le Programme des Volontaires des Nations Unies, a évoqué la mémoire de son fils unique de 25 ans et trois mois, Volontaire des Nations Unies au Cambodge, tué par balle alors qu’il servait l’Administration de transition des Nations Unies dans ce pays. M. Nakata a alors décidé de suivre la voie tracée par son fils devenant ainsi en 1993, le premier et pour l’heure le seul, Ambassadeur honoraire du programme des Volontaires des Nations Unies. En cette capacité, il a parcouru le monde entier et a participé à plus de 2 000 réunions. Le Cambodge n’a jamais oublié le sacrifice ultime de son fils et un nouveau village, édifié près de l’endroit où il a trouvé la mort, a été baptisé “village d’Atso”, en mémoire de son fils.
Ambassadrice itinérante pour le Haut Commissariat des Nations Unies aux réfugiés, l’actrice ANGELINA JOLIE a expliqué comment au fil des ans, elle a approfondi sa connaissance des Nations Unies et des fléaux qui frappent trop de populations dans le monde. C’est ainsi qu’elle a appris que le monde comptait plus de 20 millions de réfugiés et a décidé par une démarche volontaire d’aller à leur rencontre, en commençant par la Sierra Leone. Un voyage en entraînant un autre, elle a, selon ses propres termes, rencontré les gens “les plus formidables et remarquables”, qu’ils soient du côté de ceux qui reçoivent une assistance que de ceux qui la fournissent.
Clôturant ces “voix” de la paix, le sénateur GEORGE MCGOVERN, pour le Programme alimentaire mondial (PAM), a rappelé qu’il avait accueilli, avec un certain scepticisme la proposition du Président Clinton d’oeuvrer en faveur d’un programme alimentaire à Rome. Aujourd’hui, après plusieurs années à se rendre de situation de famine en situation de famine, il a avant tout une passion et une ambition : que les Nations Unies, par l’entremise du PAM, donnent tous les jours et dans toutes les écoles du monde à manger à tous les enfants. Il y a, en effet, plus de 300 millions d’enfants, âgés de 6 à 12 ans, qui à l’heure actuelle ne reçoivent aucune nourriture à l’école. Cette situation est impossible et inacceptable, s’est-il exclamé, avant d’expliquer que pour cette raison, les enfants, soit abandonnent rapidement l’école, soit n’y vont jamais. Or, on sait d’expérience que mettre sur pied des programmes d’alimentation à l’école est le meilleur moyen de faire monter en flèche les taux d’inscription et de fréquentation scolaire. A terme, l’on sait aussi que si l’on éduque les petites filles, l’on diminue de plus de moitié le taux de natalité. Mettre en place un programme d’alimentation scolaire universel est donc l’un des meilleurs moyens de transformer la vie sur notre planète.
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