PI/1419

DANS LA LUTTE ANTITERRORISTE, LES JOURNALISTES, MENACES PAR DES ACTES TERRORISTES, ET EN BUTTE A LA PRESSION DES GOUVERNEMENTS ET DE L’OPINION PUBLIQUE

02/05/02
Communiqué de presse
PI/1419


Journée mondiale de

la liberté de la presse


DANS LA LUTTE ANTITERRORISTE, LES JOURNALISTES, MENACES PAR DES ACTES TERRORISTES, ET EN BUTTE A LA PRESSION DES GOUVERNEMENTS ET DE L’OPINION PUBLIQUE


L’ONU célèbre la Journée mondiale de la liberté de la presse

sur le thème « Assurer la couverture de la guerre contre la terreur mondiale »


Célébrée à l’ONU un jour à l’avance, la Journée mondiale de la liberté de la presse s’est déroulée, cette année, sur le thème : “Assurer la couverture de la guerre contre la terreur mondiale”.  Les discussions dont l’animateur était le Chef par intérim du Département de l’information, M. Shashi Tharoor, ont été l’occasion de souligner le double statut de victime des journalistes qui se retrouvent, d’une part, la cible des actes terroristes, et d’autre part, l’objet de la censure découlant des mesures antiterroristes mais aussi de l’autocensure dictée par l’humeur consensuelle de l’opinion publique.  Ceci a conduit le Président du Comité mondial pour la liberté de la presse, M. James H. Ottaway à prononcer ces propos, repris par tous, “la vérité est la meilleure des armes pour lutter contre le terrorisme”.


C’est dans ce contexte, qu’un vibrant hommage a été rendu à Daniel Pearl, journaliste du Wall Street Journal, pris en otage et assassiné au Pakistan, en janvier dernier.  Comme l’a rappelé, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Louise Fréchette, le cas de Daniel Pearl n’est pas isolé.  Au cours de ces douze derniers mois, 30 journalistes ont été tués dans l’exercice de leur profession ou assassinés pour des raisons liées directement à leur travail, et 118 journalistes ont été incarcérés depuis le début  de cette année.  Ces faits ont incité le Directeur de l’information de l’UNESCO, M. Michel Barton, à rejeter toute exception à la règle selon laquelle sans liberté de la presse, la démocratie ne peut exister. 


A ce propos, les intervenants ont convenu, à l’instar de la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, que le terrorisme et la lutte en la matière ont créé un nouveau climat qui oblige chacun à réévaluer la notion de liberté de la presse.  Des commentaires ont été faits, à ce propos, par Mme Marianne Pearl, veuve du journaliste assassiné, qui est intervenue par vidéo.  Pour elle, la liberté de la presse doit comprendre deux aspects, la liberté d’accès à l’information et l’indépendance des journalistes.  La liberté de la presse est un pouvoir qui doit s’accompagner d’une responsabilité, et dans la lutte contre le terrorisme, les journalistes doivent dépasser les intérêts particuliers et patriotiques pour adopter une vision globale du monde.  Abondant dans ce sens, le Président du Comité de l’information, M. Milos Alcalay du Venezuela, a estimé que le mot d’ordre doit être celui de Voltaire “ Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites mais je suis prêt à me battre jusqu’à la mort pour que vous puissiez le dire”.


Une table ronde a suivi ces interventions qui a réuni des représentants d’Al-Jazeera, de Court TV, de CNN, du New York Times et du Times of India.  La vérité, l’impartialité et l’objectivité des médias ont été au coeur des discussions.  Des critiques ont, par exemple, été adressées à la télévision Al-Jazeera concernant la terminologie employée pour rendre compte de la situation au Moyen-Orient.  D’autres critiques ont été adressées aux médias occidentaux qui d’après le représentant du Times of India font preuve “d’une crédulité qui ne saurait être le garant d’une presse libre et d’une réelle démocratie”.


«ASSURER LA COUVERTURE DE LA GUERRE CONTRE LA TERREUR MONDIALE»


Déclarations


Mme LOUISE FRECHETTE, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, a souligné que la liberté d’opinion et d’expression est au coeur des valeurs de l’ONU et que notre engagement à la défendre demeure inchangé au fil des années.  Chaque année, a-t-elle dit, notre détermination se trouve renforcée étant donné que les attaques contre la liberté de la presse émanent de différents horizons et que de nouveaux sacrifices sont faits par ceux qui sont en première ligne à savoir les reporters, les photographes, les cameramen, hommes et femmes, et les commentateurs qui risquent leur liberté personnelle voire leur vie en publiant ce que les détenteurs du pouvoir préfèreraient ne pas entendre.


Mme Fréchette a rappelé qu’au cours de ces 12 derniers mois, 30 journalistes ont été tués dans l’exercice de leur profession et assassinés pour des raisons liées directement à leur travail.  En outre, 118 journalistes ont été incarcérés depuis le début  de cette année.  Cette année, a-t-elle poursuivi, la Journée mondiale de la liberté de la presse porte sur la guerre contre le terrorisme international, sur les reportages qui y sont consacrés ainsi que sur les répercussions pour la liberté de la presse.  Les attaques terroristes, a estimé Mme Fréchette, ont créé un nouveau climat mondial et de nouveaux facteurs obligent chacun à réévaluer la liberté de la presse confrontée désormais à de nouvelles menaces.


Attirant l’attention sur le cas de Daniel Pearl, le journaliste du Wall Street Journal, victime du terrorisme, Mme Fréchette a souligné que d’autres peuvent au contraire devenir victimes d’actes de répression ou de restriction fondés sur la lutte contre le terrorisme.  Le terrorisme, a-t-elle dit, ne peut être combattu efficacement sans des médias libres d’enquêter sur ses causes et les conditions politiques et sociales dans lesquelles il se développe.  Dans le même temps, a-t-elle ajouté, les médias ont la responsabilité de donner des informations objectives sans susciter la peur, l’hystérie et le désir de vengeance.


Pour Mme Fréchette, plusieurs questions se posent.  Quel prix sommes-nous prêts à payer pour la sécurité?  Comment garantir que les mesures de sécurité ne compromettent pas le caractère libre et démocratique des sociétés?  Les médias ont-il été à la hauteur des défis du terrorisme et de son impact?  Leur couverture des évènements nous a-t-elle aidé à mieux comprendre la complexité des questions qui se cachent derrière les titres?  La responsabilité des médias se limite-t-elle à rendre compte des faits ou doit-elle s’élargir à la lutte contre la xénophobie et la haine?


M. MILOS ALCALAY, Président du Comité de l’information, a déclaré que la Journée mondiale de la liberté de la presse nous rappelle le rôle important des journalistes à une époque marquée par la terreur mondiale.  Il a évoqué les actes de terrorisme qui se sont abattus sur New York le 11 septembre 2001 et s’est interrogé sur les conséquences que peut avoir ce nouveau type de guerre sur la liberté de la presse et sur la vie des journalistes.  Il s’agit, a-t-il ajouté, d’adopter une attitude similaire à celle que tenait Voltaire qui disait «Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je suis prêt à me battre jusqu’à la mort pour que vous puissiez le dire».  Il a également rendu hommage à Daniel Pearl assassiné au Pakistan en janvier dernier ainsi qu’à Jorge Tortoza, journaliste qui, il y a vingt jours, a perdu la vie en couvrant les tristes événements qui ont secoué le Venezuela.  Il a rappelé que 17 journalistes ont été assassinés dans le monde l’an dernier alors que 118 ont été emprisonnés.  Il a rendu hommage à tous ces journalistes, et photographes qui pour défendre la liberté d’expression affrontent les dangers du terrorisme mondial pour montrer ce qui se passe.  Evoquant les mesures à prendre pour lutter contre le terrorisme, il a cité les dispositions de la résolution 1373 du Conseil de sécurité en notant que ces mesures peuvent être utilisées pour limiter la liberté d’expression et de la presse.


Par ailleurs, il a déclaré qu’au cours de cette Journée mondiale de la liberté de la presse, nous devons nous porter à la défense des yeux et de la conscience du monde, c’est-à-dire des journalistes.  Il a invité la communauté internationale à assurer la sécurité des journalistes par des actions concrètes et proposé la création d’un fonds pour venir en aide aux familles des journalistes victimes.  Il a insisté sur la nécessité d’un comportement éthique de tous ceux qui pratiquent le journalisme ainsi que celle d’empêcher la diffusion des nouvelles appuyant les actes de terreur.  Cela passe par la consolidation des démocraties pour que la communauté internationale dans son ensemble puisse contrer cette menace. 


M. MICHEL BARTON, Directeur de l’information de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a d’abord fait part de l’arrestation aujourd’hui de trois journalistes au Zimbabwe.  Il s’est ensuite félicité du thème de la Journée mondiale de la liberté de la presse au motif que les membres des médias sont souvent intimidés, emprisonnés, pris en otage ou assassinés dans de nombreuses parties du monde.  L’autre raison invoquée par

M. Barton est l’impact négatif que peuvent avoir sur les droits de l’homme les mesures antiterroristes.  Citant un exemple, il a indiqué que les appels stridents au patriotisme ne peuvent que compromettre la faculté de s’interroger sur les politiques gouvernementales et de publier des vues contraires.  La propagande et la propagation délibérée d’informations biaisées, qui sont des pratiques communes en temps de guerre, réduisent davantage la faculté des médias à couvrir les évènements de manière juste et précise.  L’UNESCO, a-t-il dit, tient la liberté de la presse comme la pierre angulaire de l’édifice des droits de l’homme.  Il ne peut y avoir d’exception à la règle selon laquelle sans liberté de la presse la démocratie ne peut exister.


M. JAMES H. OTTAWAY, Président du Comité mondial de la liberté de presse, a déclaré que c’était avec une très grande émotion qu’il assistait à la Journée mondiale de la liberté de la presse, puisque Danny Pearl travaillait pour sa compagnie, le Dow Jones et le Wall Street Journal, lorsqu’il a été kidnappé et assassiné à Karachi au Pakistan, en janvier dernier, pendant qu’il menait son enquête sur la lutte menée contre le terrorisme.  Il a rendu hommage à ce journaliste d’exception, qui avait su rappeler que tous les Musulmans ne sont pas des fondamentalistes, que tous les fondamentalistes ne sont pas des terroristes, mais que les terroristes sont des êtres humains dont l’esprit s’est égaré et que nous devons essayer d’écouter dans le souci de prévenir des actes terroristes futurs.  Il a rendu hommage également à sa veuve, Mariane Pearl, journaliste française engagée dans la promotion de la compréhension entre les peuples, qui avait suivi son mari au Pakistan, et qui l’aurait accompagné à son rendez-vous fatal si elle n’avait fait une chute ce jour-là.  Il a également rappelé que notre souci de lutter contre le terrorisme ne devait pas nous laisser aller à justifier la violation des droits de l’homme 


M. Ottaway a également fait sienne la déclaration faite par M. Kofi Annan, le 12 avril dernier, devant la Commission des droits de l’homme, à savoir, «Nous ne pouvons réaliser la sécurité en sacrifiant les droits de l’homme, car ce serait donner aux terroristes une victoire qu’ils n’osent espérer».  La lutte contre le terrorisme ne doit pas être une excuse pour justifier la censure, car la vérité est la meilleure des armes pour lutter contre ce terrorisme.  Dans ce contexte, il a regretté qu’aux Etats-Unis, aujourd’hui, on ne puisse pas connaître l’identité de tous ceux qui ont été arrêtés pour terrorisme, ni ce qui leur est exactement reproché.  La liberté de la presse est l’oxygène de la liberté et comme l’oxygène dans l’air, nous la considérons comme acquise.  Il a également précisé que seulement 20% de la population mondiale vit dans des pays qui garantissent une presse libre et le libre mouvement de l’information.  Il a évoqué l’article 19 de la Déclaration des droits de l’homme portant sur la liberté de la presse et a exhorté la communauté internationale à profiter de l’occasion de cette Journée mondiale de la liberté de la presse pour étendre cette liberté à un maximum de pays, parce qu’il s’agit d’une liberté fondamentale. 


Table ronde


La table ronde a commencé par une intervention vidéo de Mme MARIANNE PEARL, veuve de Daniel Pearl, journaliste pris en otage puis assassiné par un groupe de fondamentalistes musulmans à Karachi, au Pakistan, en janvier dernier. Répondant aux questions d’une journaliste, Mme Pearl a évoqué la question de la protection des journalistes en refusant toutefois que l’on ne cède “la victoire” en évitant de couvrir les évènements dans des situations dangereuses.  Souhaitant aussi que les journalistes changent la vision de leur travail, elle a estimé que la liberté de la presse doit comprendre deux notions la liberté d’accès à l’information mais aussi l’indépendance des journalistes.  La liberté de la presse est un pouvoir, a-t-elle insisté et ce pouvoir s’accompagne d’une responsabilité. La liberté de la presse, a-t-elle poursuivi, implique l’instauration d’un équilibre entre les grands réseaux d’information et les autres journalistes car cette liberté vise à ce que le public ait accès à l’ensemble de toutes les opinions.  Dans la lutte contre le terrorisme, les journalistes doivent aller au-delà des intérêts particuliers et des préoccupations patriotiques pour adopter une vision véritablement globale du monde.  La vocation du journaliste doit être de se consacrer à la vérité pour lutter contre les opinions établies et faire valoir d’autres opinions, a encore dit Mme Pearl.


En introduction, M. SHASHI THAROOR, Chef par intérim du Département de l'information, a déclaré que cette Journée mondiale de la liberté de la presse devait être l’occasion de poser la question, après la tragique disparition de Daniel Pearl, du prix que doit payer la démocratie en général et la presse en particulier pour assurer la sécurité dans le monde.


Il s’est demandé à partir de quel moment la presse devient propagande et à partir de quand la presse devient spectacle.  Dans ce contexte M. AFEZ AL-MIRAZI, Chef du Bureau de Washington d’Al-Jazeera, a regretté que depuis le 11 septembre on entendait plus parler de terrorisme que de presse.  Il a également regretté que les Etats Membres de l’ONU n’aient pas pu se mettre d’accord sur une définition du terrorisme, ceci créant un problème pour la presse.  Il a appelé à l’impartialité de la presse dans tout ce qui concerne les questions relatives au terrorisme, notamment les procès des terroristes.  Quant à lui, M. FRED GRAHAM, Présentateur en Chef et responsable gestion de Courtroom Television Network, a rappelé l’importance de la télévision comme principal vecteur de l’information.  A cet égard, il a déclaré que le respect du public pour le processus judiciaire est toujours plus fort lorsque le procès est filmé.  Il a noté que deux tiers des Etats américains autorisent la présence de la télévision en regrettant le fait que le gouvernement fédéral n’a pas suivi cette évolution, ce qui fait que si Oussama ben Laden devait un jour être jugé aucune télévision ne serait autorisée à suivre ce procès.  Mme MARIA HINOJOSA, Correspondante de CNN, a déclaré que la principale vocation du journaliste était de s’efforcer de comprendre les autres, en allant vers eux, en leur donnant la parole, même si ce qu’ils font et disent est contestable.  Evoquant les images de ben Laden diffusées par la télévision Al-Jazeera, elle a justifié les principes de la liberté de la presse sur la nécessité de respecter la confidentialité des sources d’information.


A son tour, Mme JUDITH MILLER, Journaliste au New York Times, impliquée dans une alerte à l’anthrax, a déclaré que le jour de la réception de la “lettre à la poudre blanche”, elle a réalisé ce que c’était que d’être la cible d’attaques terroristes.  Elle a ensuite rappelé que bien avant les attaques du 11 septembre, son journal avait déjà investi beaucoup de moyens dans la couverture du terrorisme mondial, et ce, dans l’indifférence quasi complète des collègues de la presse.  Le New York Times, a-t-elle dit, continuera de couvrir tous les aspects de la guerre contre le terrorisme mondial.  A cet égard, elle a exprimé son “plus grand respect pour Al-Jazeera qui a fait beaucoup pour élargir le débat”.  Elle s’est pourtant élevée contre un reportage de la chaîne sur les attentats-suicides à la bombe.  Elle a ainsi estimé que les personnes impliquées dans ces actes ne sont pas des martyres mais bien des terroristes au même titre que les 19 personnes qui ont perpétré les attaques du 11 septembre.  Reprochant aux médias arabes d’utiliser toute sorte de mots pour décrire ces personnes, elle a souligné que ces mots sont lourds de conséquences.  En tant que journalistes, a-t-elle insisté, il faut être prudent quant à l’utilisation du langage et adhérer au point de vue selon lequel aucune cause ne justifie le terrorisme. 


Dans la lutte contre le terrorisme, les médias occidentaux ont fait un travail tout à fait acceptable mais non sans toutefois une certaine faiblesse et une certaine opacité, a estimé, pour sa part, M. CHIDANAND RAJGHATTA, Editorialiste au Times of India.  Ces médias, a-t-il estimé, deviennent douteux dès que l’on compare les moyens mis à la couverture de l’après 11 septembre et ceux consacrés à d’autres situations dans le monde.  Les médias ont trop facilement épousé ce combat entre les”bons et les méchants” avec, a dénoncé le représentant du Times of India, une crédibilité qui ne saurait être le garant d’une presse libre et d’une réelle démocratie.  Commentant l’axe du mal du Président des Etats-Unis, M. Rajghatta a rappelé que le fait que la plupart des terroristes viennent des pays alliés des Etats-Unis, l’Arabie saoudite, l’Egypte et le Pakistan, n’a pas conduit l’opinion publique américaine et encore moins la presse à parler “du trio des terroristes”.  S’il n’y a aucune justification au terrorisme, il y a lieu de se demander si les médias ont suffisamment couvert les causes sous-jacentes de ce terrorisme. 


M. AL-MIRAZI, donnant des précisions sur sa chaîne de télévision, a déclaré qu’on ne peut pas dire que la télévision arabe Al-Jazeera représente les pays arabes membres de l’ONU.  Il a déclaré que, depuis le 11 septembre, 70 % des reportages d’Al-Jazeera viennent de Washington.  D’autre part, a-t-il ajouté, nous ne savons pas où est ben Laden, contrairement à ce que l’on entend.  Il a regretté la sélectivité de la presse qui oublie souvent que des civils palestiniens sont victimes de violences terroristes.  Mme MILLER, a exprimé son désaccord avec certains propos de M. Al-Mirazi sur la victimisation du peuple palestinien, car la guerre d’indépendance de la Palestine a été déclarée terminée en 1993 par

M. Yasser Arafat, qui s’était alors résolu à aboutir à une solution pacifique du conflit.  Elle a regretté l’utilisation du terme martyre qui, selon elle, consiste à glorifier des actes qui sont contraires à la conscience de ceux qui croient aux droits de l’homme. 


Mme HINOJOSA, au sujet de la crise du Moyen-Orient, a dit qu’elle avait l’impression d’avoir affaire à des enfants.  Elle s’est également inquiétée du fait que les médias sont monopolisés par des immenses conglomérats et s’est posé la question des limites qui sont imposées aux journalistes.  Elle s’est dite préoccupée de constater que des débats critiques, à l’instar de celui qui se passe actuellement, ne se produisent pas toujours au sein des rédactions de certains journaux qui peuvent avoir tendance à pratiquer l’autocensure.  A ce sujet,

M. GRAHAM a déclaré que problème n’est pas les conglomérats, mais l’érosion des grands principes du journalisme, la difficulté et la possibilité de présenter des faits équitablement.  En ce qui concerne l’inégalité de traitement entre les pays occidentaux et les autres, M. RAJGHATTA a déclaré que la presse occidentale a proportionnellement des responsabilités plus importantes, car elle dispose de ressources plus importantes. 


M. AL-MIRAZI a rappelé que 95% de la population dans le monde musulman condamne les attentats du 11 septembre.  Dans ce contexte, il a regretté que l’on identifie les auteurs d’attentats à leur religion et que l’image de la presse arabe soit altérée par ceux qui en Occident ont leur propre image du conflit israélo-arabe. 


Se joignant à une série de questions posées par le public, la Représentante de “Peace Links”  s’est interrogée sur le rôle de la presse dans le désarmement nucléaire.  Répondant à cette question, la représentante du New York Times a rappelé les efforts en la matière de son journal avant que celle de CNN ne précise qu’en la matière, il convient plutôt de s’interroger sur le problème auquel est confronté tout organe de presse, à savoir le choix des sujets.  Mais, a-t-elle dit, la presse finit toujours par répondre aux attentes de son public.  C’est donc à celui-ci qu’il revient, selon elle, de faire connaître ses préoccupations.  A son tour, le Représentant de la Fédération internationale interreligieuse pour la paix mondiale, s’est demandé si les journalistes peuvent contribuer à l’instauration d’une culture de la paix.  Elle a rappelé les médias à leur responsabilité de vérité.  Quels sont les critères en la matière, a-t-elle demandé, et qu’est-ce que l’objectivité pour un journaliste?  Répondant le premier, le représentant de Times of India, tout en adhérant à l’importance d’une culture de la paix, a souligné que pour la plupart des journalistes la mission est de présenter le plus vite possible les nouvelles du jour.


La vérité et l’objectivité existent et il revient aux journalistes de les trouver et de les présenter au public, a dit, pour sa part, le représentant de Court TV.  Ces propos ont trouvé un écho chez le représentant d’Al-Jazeera qui a estimé que pour trouver cette vérité, les journalistes doivent d’abord se défaire de leur point de vue personnel.  Pour lui, le mot d’ordre doit être “moins on aime un point de vue plus il faut lui donner la possibilité de s’exprimer”.  Nous ne sommes pas les parrains de nos lecteurs ou auditeurs et nous n’avons rien à leur conseiller, a-t-il ajouté.  Donnant un avis contraire, la représentante de CNN a estimé qu’il n’existe pas de vérité ultime ni de normes générales d’objectivité.  Rejoignant pourtant le représentant d’Al-Jazeera, elle a déclaré que le rôle du journaliste doit être de rechercher l’équilibre entre les différents points de vue.  Mon travail, a dit pour sa part, la représentante du New York Times est de faire de mon mieux pour comprendre une situation.  Je n’ai pas à bâtir une culture de quoi que ce soit et en tant que journaliste, mon travail se limite à analyser les évènements.

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