LES ALLEGATIONS D’EXPLOITATION SEXUELLE « REPANDUE » DANS LES CAMPS DE REFUGIES EN AFRIQUE DE L’OUEST NE SONT PAS AVEREES SELON UNE ENQUETE DE L’ONU
Communiqué de presse ORG/1361 |
LES ALLEGATIONS D’EXPLOITATION SEXUELLE « REPANDUE » DANS LES CAMPS DE REFUGIES
EN AFRIQUE DE L’OUEST NE SONT PAS AVEREES, SELON UNE ENQUETE DE L’ONU
Des mesures préventives visant à
atténuer la vulnérabilité des réfugiés recommandées
(adapté de l’anglais)
Cette enquête du Bureau des services de contrôle interne des Nations Unies avait été demandée à la suite de la publication d’un rapport de deux consultants, commandé par le Haut Commissariat pour les réfugiés et l’organisation non gouvernementale britannique « Save the Children », chargés d’examiner les questions relatives aux filles-mères, à la violence liée au sexe et à l’exploitation sexuelle dans les camps de réfugiés en Guinée, en Sierra Leone et au Libéria.
L’enquête a permis d’infirmer les allégations d’exploitation sexuelle systématique contenues dans le rapport. Toutefois, selon le Bureau des services de contrôle interne, les conditions de vie dans les camps et les communautés de réfugiés installés dans ces trois pays aggravent les risques d’exploitation, notamment sexuelle--les femmes et les filles y étant les plus vulnérables. Pour y remédier, le Haut Commissariat, les organisations humanitaires et le Département des opérations de maintien de la paix mettent en place un train de mesures préventives.
L’enquête avait pour objectif d’établir la véracité des allégations d’exploitation sexuelle impliquant des travailleurs humanitaires, y compris des membres du Haut Commissariat pour les réfugiés, du personnel des organisations non gouvernementales et du maintien de la paix. Elle devait en outre déterminer si le problème était aussi « répandu » que le rapport prétendait, identifier les facteurs qui conduisaient à ces abus, et en apporter les preuves. Le Bureau des services de contrôle interne avait également pour tâche de rassembler des preuves suffisantes de cette exploitation sexuelle afin que des mesures disciplinaires ou pénales puissent être adoptées contre leurs auteurs.
Sur les 43 cas examinés par les enquêteurs, seuls 10 ont été prouvés. Aucune des accusations mettant en cause des membres du personnel des Nations Unies n’a été retenue. Les enquêteurs ont néanmoins identifié divers facteurs susceptibles de favoriser l’exploitation sexuelle des réfugiés. Il s’agit, entre autres, des conditions de vie et de sécurité dans les camps, des conditions de distribution et de la qualité des services et de la nourriture, des possibilités d’emploi et du profil des agents humanitaires.
En omettant de vérifier les faits qui leur étaient rapportés, les auteurs du rapport ont injustement entaché la réputation et la crédibilité des agents humanitaires, du personnel national et international des institutions des Nations Unies et des organisations non gouvernementales, et du personnel de maintien de la paix qui travaillent dans des conditions difficiles en Afrique de l’Ouest. Le Bureau des services de contrôle interne attire toutefois l’attention sur le problème de la possibilité d’exploitation sexuelle des réfugiés non seulement en Afrique de l’Ouest mais dans le monde entier.
L’enquête, menée par une équipe composée d’avocats, d’inspecteurs, de spécialistes des droits de l’homme et des réfugiés et de pédopsychiatres, venant de huit pays différents, s’est déroulée de février à juillet 2002. Elle n’a pas été en mesure d’établir la véracité des faits rapportés par les consultants. En revanche, au cours des nombreuses auditions de témoins et d’éventuelles victimes, les enquêteurs ont pu établir d’autres cas d’abus sexuels, notamment un acte de sodomie commis sur un garçon de quatorze ans par un membre du personnel du maintien de la paix en Sierra Leone, qui a depuis été rapatrié. Une allégation portant sur le viol d’une jeune réfugiée de quatorze ans par un membre du personnel d’une organisation non gouvernementale a été déférée à cette ONG pour mesures disciplinaires ainsi qu’à la police locale. Un volontaire des Nations Unies a également été accusé d’avoir entretenu une relation sexuelle abusive avec une jeune réfugiée de 15 ans. Il a refusé de reconnaître la paternité et d’apporter tout appui à l’enfant né de cette réfugiée. Il a depuis été radié du Haut Commissariat pour les réfugiés. Les autres affaires examinées mettaient en cause des jeunes filles réfugiées et des travailleurs humanitaires, notamment des enseignants et des membres du personnel chargé de la distribution de l’aide alimentaire. Il faut noter que les membres du personnel mis en cause dans ces affaires étaient souvent eux-mêmes réfugiés.
Au titre des mesures prises par le Haut Commissariat pour traiter de cette question, il faut signaler la création d’une équipe spéciale sur l’exploitation sexuelle au sein du Comité permanent inter-institutions (IASC), qui est chargé de coordonner les réponses aux crises humanitaires, d’élaborer un code de conduite, de prendre de mesures disciplinaires contre le personnel soupçonné d’avoir participé à l’exploitation sexuelle. Le Bureau des services de contrôle interne a fait 17 recommandations en vue d’aider le Haut Commissariat pour les réfugiés à traiter de cette question.
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