LE SURINAME ASSURE LES EXPERTS DU CEDAW DE SA DETERMINATION A AMENDER SA LEGISLATION, SOURCE DE DISCRIMINATION A L’EGARD DES FEMMES
Communiqué de presse FEM/1206 |
Comité pour l’élimination de la
discrimination à l’égard des femmes
564ème séance – après-midi
LE SURINAME ASSURE LES EXPERTS DU CEDAW DE SA DETERMINATION A AMENDER
SA LEGISLATION, SOURCE DE DISCRIMINATION A L’EGARD DES FEMMES
Les experts du Comité pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) ont achevé cet après-midi l’examen de la situation de la femme surinamaise en entendant les réponses aux questions qu’ils avaient posées le 7 juin dernier à la délégation du Suriname qui présentait ses deux premiers rapports sur les mesures prises pour donner effet à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Le Suriname a ratifié la Convention, sans réserves, en 1993.
A la lumière des remarques et des questions formulées par les experts, il est ressorti que les mesures prises par le Gouvernement entre 1993 et décembre 1998 pour promouvoir les droits et les libertés fondamentales des Surinamaises souffrent de lacunes dans de nombreux domaines. Les experts se sont inquiétés de la persistance de mesures législatives discriminatoires, problème qui les avait menés à poser des questions relatives au statut de la Convention par rapport à la législation nationale.
L’Etat partie a indiqué aujourd’hui que le Suriname applique la règle selon laquelle s’il y a incompatibilité entre le droit national et le droit international, c’est ce dernier qui prévaut.
Expliquant que le Suriname a été le théâtre de graves violations des droits de l’homme dans les années 80, la représentante de l’Etat partie a dressé le bilan des initiatives prises par son Gouvernement pour promouvoir le respect des droits et libertés fondamentales de tout individu. Depuis 1997, des efforts importants ont été déployés pour modifier la législation relative à la parité entre les sexes. Cependant, l’expérience a montré que des changements radicaux mènent souvent à davantage de résistance qu’une évolution plus souple.
Les experts s’étaient également inquiétés de l’existence de certaines mesures discriminatoires dans le Code civil, lequel entre parfois en contradiction avec d’autres codes de référence tel que le code musulman. Ainsi, selon le code civil, toute personne de moins de trente ans doit obtenir le consentement parental pour se marier mais la représentante de l’Etat partie a fait savoir qu’un projet de loi prévoit d’abolir cette disposition. Selon la loi musulmane sur le mariage, les hommes sont autorisés à avoir plusieurs épouses mais la loi nationale ne reconnaît pas la polygamie. Préoccupé par les mariages de très jeunes filles, qui n’est toutefois pas une pratique courante, le Gouvernement prépare actuellement un projet de loi pour interdire cette pratique. Il n’existe en outre pas de législation sanctionnant la violence sexuelle dans le cadre du mariage.
Lors de l’examen du rapport du Suriname, les experts avaient également formulé des questions sur la question de l’accès à l’éducation des filles-mères. A ce sujet, l’Etat partie a signalé que les mères adolescentes peuvent retourner à l’école après l’accouchement et que les établissements qui n’appliquent pas cette règle sont minoritaires. Le Gouvernement met actuellement en œuvre un programme d’action qui vise à appuyer économiquement et psychologiquement ces jeunes filles.
Répondant aux questions sur la situation des femmes rurales, l’Etat partie a expliqué qu’en dépit du rôle central qu’elles jouent dans l’agriculture et la production alimentaire, 60 % d’entre elles vivent en dessous du seuil de pauvreté. Le Gouvernement a mis en place trois fonds illustrant ainsi l’importance accordée au développement durable des territoires de l’intérieur du pays.
Les experts ont salué la volonté politique dont fait preuve le Suriname qui doit à l’avenir s’efforcer de parvenir à des indicateurs positifs dans les nombreux domaines où les femmes souffrent de discrimination, que ce soit dans le domaine du logement, de l’accès à la santé, de la vie de famille ou de l’accès au marché de l’emploi. Ils ont engagé le Suriname à ratifier le Protocole facultatif à la Convention permettant aux femmes victimes de discrimination fondée sur le sexe de déposer des plaintes auprès du Comité.
La délégation du Suriname était conduite par le Ministre de l’intérieur,
Mme Joella-Sewnundun et était composée de: Mme Irma Loemban Tobing-Klein, Ambassadeur auprès des Nations Unies; Mme Karin Naarden-Refos, Chef de projet relatif à la parité entre les sexes au Ministère de l’intérieur; M. Henry Mac-Donald, représentant de la Mission permanente du Suriname auprès de l’Organisation des Etats américains (OAS) et représentant du Suriname auprès de la Commission interaméricaine sur les femmes et Mme Siegmen Staphorst, Présidente du Mouvement national des femmes.
Le Comité examinera demain, vendredi 14 juin, à partir de 10 heures les troisième et quatrième rapports de la Tunisie
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