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DEV/2377

LA VULNERABILITE SOCIALE DES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AUX CONTRAINTES DU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE SIGNALEE DEVANT LA COMMISSION DU DEVELOPPEMENT SOCIAL

12/02/2002
Communiqué de presse
DEV/2377


Commission du Développement social

3 et 4èmes séances – matin et après-midi


LA VULNERABILITE SOCIALE DES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AUX CONTRAINTES DU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE SIGNALEE DEVANT LA COMMISSION DU DEVELOPPEMENT SOCIAL


Mettant en parallèle la tenue simultanée, la semaine dernière, du Forum économique mondial à New York et le Forum social mondial à Porto Alegre au Brésil, diverses délégations ont aujourd’hui évoqué devant la Commission du développement social les difficultés que rencontrent les pays en développement et les pays en transition lors de la formulation de politiques sociales et économiques.  La Commission entamait son débat général consacré à l’intégration des politiques sociales et économiques, thème prioritaire de sa quarantième session.


Le Forum économique mondial, a fait observer le représentant du Bangladesh, a vu la mondialisation à travers le prisme de l’efficacité, de la croissance et de la stabilité macroéconomique tandis que le Forum social a abordé ce phénomène en ayant comme préoccupation la répartition des richesses et la justice sociale.  Cette même dichotomie se retrouve lors de la formulation des politiques de développement qui visent à accorder davantage d’attention à la croissance économique, au rééquilibrage des déséquilibres budgétaires, à la dérégulation du marché du travail, à l’ouverture au commerce extérieur et aux investissements étrangers.  Les questions relatives à l’autonomisation économique des individus, à la distribution des ressources, au développement des capacités et à la protection sociale ne jouissent pas du même degré d’importance. 


Par conséquent, a relevé le représentant de l’Argentine, il existe un fossé entre l’application des mesures macroéconomiques et l’élaboration et la mise en oeuvre des programmes sociaux.  Ceci est d’autant plus visible dans les pays en développement, en particulier dans ceux qui ont fait l’objet de programmes de stabilisation et d’ajustement structurel comme l’Argentine.  Ce pays connaît aujourd’hui un niveau de pauvreté très élevé, une chute de 12% du niveau de revenu et la prévalence de l’extrême pauvreté qui touche un tiers de la population à la suite de la crise économique.  La représentante du Venezuela, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a estimé nécessaire de mettre en place des politiques permettant de corriger les déficiences du marché, d’en compléter les mécanismes, de maintenir la stabilité économique et de créer un environnement économique qui favorise une croissance durable à grande échelle.


A l’instar d’autres délégations qui ont plaidé pour que l’être humain soit placé au centre du développement durable en encourageant le plein emploi et en éliminant la pauvreté par l’exécution de politiques publiques plus équitables, le représentant de la Chine a rappelé que les causes profondes de la pauvreté et du chômage sont globales et que les politiques dans ces domaines ne doivent donc pas se limiter aux seules frontières nationales.  Il a demandé aux Nations Unies de jouer un rôle plus efficace dans l’accomplissement des objectifs prioritaires du développement social tels qu’énoncés dans le Programme d’action du Sommet mondial de Copenhague de 1995.  Il a également lancé un appel aux pays développés afin qu’ils honorent leurs engagements, notamment en matière d’Aide publique au développement.


En début de séance, afin d’améliorer ses méthodes de travail, la Commission a adopté sans vote un projet de décision* prévoyant, entre autres, qu’elle tienne, aussitôt après la clôture d’une session ordinaire, la première séance de la session ordinaire suivante afin d’élire le nouveau président et les autres membres du Bureau.  Le texte étend également le mandat des membres de la Commission à quatre sessions ordinaires.


La Secrétaire d’Etat aux affaires sociales de la Suède a fait une déclaration dans le cadre du débat général.  Outre les délégations déjà citées, les représentants des pays suivants ont pris la parole: Espagne (au nom de l’Union européenne et des Etats associés), Maroc, République de Corée, Croatie, El Salvador, Fédération de Russie, Mexique, République tchèque, Etats-Unis, Thaïlande, Bélarus, République populaire démocratique de Corée et Indonésie.  Les Observateurs de Cuba, de la Malaisie et du Conseil de l’Europe, ainsi que les représentants d’ONUSIDA et de l’ONG «Organisation internationale des employeurs» sont aussi intervenus.


La Commission poursuivra son débat général, mercredi 13 février à 10 heures.


* le document est paru sous la cote E/CN.5/2002/L.2


SUIVI DU SOMMET MONDIAL POUR LE DEVELOPPEMENT SOCIAL ET DE LA VINGT-QUATRIEME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLEE GENERALE


THEME PRIORITAIRE : INTEGRATION DES POLITIQUES SOCIALES ET ECONOMIQUES


Débat général


Mme ADRIANA PULIDO (Venezuela), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a déclaré que l’amélioration de la qualité de vie de tous les peuples doit être le but ultime du développement social.  Pour le Groupe des 77 et la Chine, cela signifie la coordination et l’intégration des activités économiques et sociales.  Mais dans la réalité, nous constatons un fossé entre l’application des mesures macroéconomiques et l’élaboration et la mise en oeuvre des programmes sociaux.  Ceci est d’autant plus visible dans les pays en développement, en particulier dans ceux qui ont fait l’objet de programmes de stabilisation et d’ajustement structurel.  La représentante a regretté que le rapport du Secrétaire général n’explique pas suffisamment les causes d’un tel fossé.  Le développement social n’est pas simplement le fait de la libre interaction des forces du marché.  Il est nécessaire de mettre en place des politiques permettant de corriger les déficiences du marché, d’en compléter les mécanismes, de maintenir la stabilité économique et de créer un environnement économique international et national qui favorise la croissance durable à grande échelle, menant ainsi au développement durable. 


Malheureusement, nous avons vu comment l’application de mesures macroéconomiques sévères avait causé davantage d’inégalités au sein des sociétés et l’érosion des systèmes éducatifs et de ceux liés à la santé et à l’augmentation de la pauvreté qui, dans certains cas, est à l’origine de troubles sociaux.  Ces politiques macroéconomiques ont parfois réduit à néant les résultats obtenus dans le domaine social.  Bien souvent des mesures sociales sont mises en oeuvre dans le but de faire face à l’impact négatif des politiques macroéconomiques.  De plus, les pays en développement se heurtent à l’un des défis les plus pressants, à savoir le financement des services publics dans un contexte marqué par les restrictions budgétaires qu’a exacerbé un environnement économique international libéral.  Nous devons disposer de sources de financement novatrices.  Bien que la responsabilité de l’intégration des politiques sociales et économiques revient aux gouvernements eux-mêmes, le cadre international doit venir en appui à ces efforts. 


Des signes encourageants nous montrent que les institutions financières internationales travaillent à l’intégration des politiques sociales et économiques lorsqu’ils élaborent des programmes d’ajustement structurel.  L’Initiative visant à évaluer les programmes d’ajustement structurel lancée sous l’égide de la Banque mondiale est une initiative intéressante et exige la participation des gouvernements, a souligné Mme Pulido.  La Conférence sur le financement du développement, qui se tiendra à Monterrey en mars prochain, constituera une étape importante dans la constitution d’une alliance en faveur du développement.  Nous attendons avec impatience de prendre connaissance de la méthodologie élaborée par le Fonds monétaire international pour évaluer l’impact social.


M. JOSE MANUEL LOPEZ-BARRON (Espagne), au nom de l’Union européenne et de la Bulgarie, la République tchèque, l’Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie, Chypre, Malte et la Turquie, a souligné l’importance du thème prioritaire choisi cette année.  L’Union européenne a d’ailleurs depuis l’année 2000 élaboré des directives en matière d’intégration des politiques économiques et sociales pour ses membres.  Celles-ci évoluent autour de trois axes principaux: l’emploi, les réformes économiques et la cohésion sociale.  En outre, la réunion européenne de Göteborg a mis l’accent sur la nécessité de traiter des questions économiques, sociales et environnementales de manière à ce qu’elles se renforcent mutuellement.  L’approfondissement de ces directives est à l’ordre du jour de la prochaine réunion ministérielle, prévue à Barcelone les 15 et 16 mars prochain, a précisé le représentant.  L’objectif ultime en Europe est de parvenir au plein emploi et à une société mieux adaptée aux besoins des hommes et des femmes.


L’Union européenne estime également important de promouvoir une approche cohérente de la question de l’intégration des politiques sociales et économiques au sein du système des Nations Unies.  Il est par exemple primordial de renforcer la coordination entre la Commission du développement social et les organes de travail de l’Organisation internationale du Travail traitant des dimensions sociales de la mondialisation.  Une telle approche va de plus dans le sens des efforts visant à atteindre les objectifs du Sommet pour le développement social de Copenhague et de la 24ème session extraordinaire de l’Assemblée générale. 


M. Lopez-Barron a expliqué ensuite que, lors de l’élaboration des politiques macroéconomiques, il faut mettre davantage l’accent sur la promotion et le plein respect des droits de l’homme.  Il en va également de même pour les objectifs sociaux qui sont fixés, particulièrement en matière de justice sociale, de cohésion sociale et de lutte contre l’exclusion.  L’un des aspects essentiels du modèle social européen est d’associer de bonnes conditions sociales à de hauts niveaux de productivité, tout en assurant des services et des biens sociaux de meilleure qualité.  De manière générale, l’on sait que de meilleurs emplois et un marché de l’emploi dynamique dans un environnement économique compétitif favorise la cohésion sociale.  La Stratégie européenne pour l’emploi et celle de coopération sur la protection et l’intégration sociales jouent un rôle majeur à cet égard.  Dans ce cadre, plusieurs critères ont été définis pour assurer à la fois l’efficacité et la justice sociale, à savoir la progressivité, la reconnaissance de la nécessité de l’impôt dès que les revenus dépassent le seuil minimum et la reconnaissance de la nécessité d’accorder des dégrèvements sur l’impôt pour ceux qui en ont besoin.  Pour l’Union européenne, les politiques visant le plein emploi devraient reconnaître la situation particulière des femmes et l’importance de promouvoir la création d’emplois et l’entrepreunariat et prendre pleinement en considération les normes internationales du travail.  Il est aussi important, s’agissant des aspects sociaux des politiques macroéconomiques, d’encourager la participation de la société civile et de prendre en compte les groupes les plus vulnérables de la société.  Il est aussi fondamental de contrôler les processus politiques par le biais d’indicateurs acceptés par tous. 


L’évaluation sociale en tant qu’outil politique est aussi très importante, a poursuivi le représentant, ajoutant que les instruments élaborés en la matière à l’usage des pays développés et en développement sont très utiles, notamment en ce qu’ils permettent de faire profiter des bonnes expériences dans ce domaine.  Toutefois, il convient d’adapter ces instruments d’évaluation sociale aux capacités nationales et d’en assurer leur transparence.  Pour l’heure, on mesure encore trop souvent les progrès sociaux et le recul de la pauvreté en termes monétaires, tels que le revenu par habitant ou la somme dont les individus disposent par jour.  Il faut donc louer les efforts du Programme des Nations Unies pour le développement en vue de définir des indices axés davantage sur le facteur humain.  Ces indices devraient constituer les éléments clefs des stratégies de réduction de la pauvreté, a estimé M. Lopez-Barron. 


Une société socialement plus cohérente et moins exclusive favorise à la fois l’économie et le partage équitable des fruits de la croissance.  Il est donc évident que les dépenses sociales peuvent être productives.  C’est ce principe qui guide le Programme social européen, a expliqué le représentant.  La modernisation du modèle social européen met l’accent sur les investissements dans le capital humain et la lutte contre l’exclusion sociale.  En matière de dépenses sociales, ce sont les secteurs de l’éducation, de la santé, du logement, de l’alimentation, de la protection sociale et de l’intégration sociale qui sont les plus privilégiés.  Il faut préciser que ce nouveau modèle répond également aux défis posés par le vieillissement de la population en Europe. 


Mme EWA PERSSON GORANSON, Secrétaire d’Etat aux affaires sociales de la Suède, a fait état des défis importants que doit relever l’ensemble de la communauté internationale dans les domaines social et économique, à savoir la transformation du monde du travail, les modifications des structures familiales, la persistance des inégalités fondées sur le sexe, la baisse des taux de natalité et le vieillissement démographique.  Cette situation exige des politiques qui s’attachent à promouvoir le plein emploi, l’accès universel à l’éducation, l’accès à des services sociaux de qualité, l’égalité des chances des hommes et des femmes, la capacité de combiner vie de famille et vie professionnelle et la modernisation des systèmes de protection sociale.  Pour redresser les injustices sociales et lutter contre la pauvreté, il est important de reconnaître et de renforcer davantage le lien entre développement politique, économique, social et de l’environnement.  Les politiques qui visent le développement social durable et la croissance économique durable ainsi que la prospérité se renforcent mutuellement. 


La protection sociale n’est pas une affaire de charité mais il s’agit d’un droit de l’homme.  La protection sociale n’est pas un fardeau économique mais un facteur de productivité et un outil de la croissance.  Des mesures doivent être prises pour lutter contre le chômage et le sous-emploi, pour encourager les individus à rester actifs sur le marché du travail plus longtemps et pour permettre aux femmes d’avoir davantage accès au marché du travail.  Il est prouvé que les foyers comportant deux adultes actifs sur le marché de l’emploi constituent la meilleure protection contre la pauvreté des enfants.  Eux aussi ont droit à l’éducation, à la protection, à vivre dans un environnement sûr.


M. XIE BOHUA (Chine) a estimé que les défis du nouveau siècle, tels que les conflits armés, la menace du terrorisme, la dégradation de l’environnement ou encore les maladies, ont sérieusement freiné le progrès et le développement social des pays du monde.  Les événements du 11 septembre sont en fait venus montrer, une fois de plus, que la communauté internationale doit impérativement renforcer sa coopération et oeuvrer en faveur d’un nouveau concept de sécurité reposant sur la confiance mutuelle, l’équité, et sur un environnement sûr et stable afin de promouvoir le développement social.  La promotion du développement ne permet pas seulement d’améliorer la vie des individus au quotidien mais favorise l’élimination des facteurs qui déstabilisent le monde, a affirmé le représentant.  Dans cette perspective, le rapport sur l’intégration des politiques sociales et économiques, présenté par le Secrétaire général, s’avère plein de créativité et d’originalité.  Nombre des propositions qui y sont faites sont très utiles à l’amélioration des systèmes nationaux d’élaboration des politiques. 


De l’avis de la Chine, pour atteindre les objectifs prioritaires du développement social que sont actuellement l’élimination de la pauvreté et du chômage, notamment dans les pays en développement, il faut avant tout tirer les enseignements des expériences passées afin d’améliorer les politiques nationales mises en place.  Toutefois, il convient de ne pas oublier que les causes profondes de la pauvreté et du chômage sont globales et les politiques dans ces domaines ne doivent donc pas se limiter aux seules frontières nationales.  Le Gouvernement chinois demande aux Nations Unies de jouer un rôle plus efficace dans l’accomplissement des objectifs prioritaires du développement social et lance un appel aux pays développés afin qu’ils honorent leurs engagements, en matière d’Aide publique au développement notamment.  La Chine estime également que les services de base pour tous constituent le principe fondamental du progrès social.  Tout gouvernement bien avisé ne devrait pas considérer l’éducation, la santé publique et la protection sociale pour leurs seuls bénéfices immédiats mais pour leurs effets sur le bien-être à long terme de la nation.  Cette approche est particulièrement importante à l’heure où tous les pays du monde vont être touchés par le problème du vieillissement de leur population, a averti le représentant.  Dans cette perspective, il a estimé que les gouvernements devraient renforcer leurs politiques fiscales, intégrer la question du vieillissement à leurs plans de développement économique et social et consacrer davantage de ressources à cette question afin notamment de construire des infrastructures sociales.  Le troisième sur lequel il convient de se pencher est le renforcement des échanges et de la coopération internationale, a poursuivi M. Xie.  Dans le contexte actuel de mondialisation, les effets sur le domaine social ne connaissent plus de frontières.  Répondre aux nouveaux défis exige que la communauté internationale joigne ses efforts tout en respectant les particularités de chacun.


Au niveau national, le Gouvernement chinois a élaboré un plan quinquennal pour le développement économique et social qui met l’accent sur l’amélioration des conditions de vie des citoyens.  L’un de ses objectifs fondamentaux est le doublement du PIB d’ici à 2010.  Tous les programmes sociaux contenus dans ce plan accordent à l’individu une place primordiale.  Il est notamment prévu de mettre rapidement sur pied un système solide de protection sociale, en particulier pour les personnes âgées.  Toutefois, la Chine demeure un pays en développement et son entrée récente au sein de l’Organisation mondiale du commerce va avoir certaines conséquences négatives à court terme sur l’emploi.  Pour s’adapter aux exigences de l’économie mondiale, la Chine va avoir besoin de toute l’expérience et les connaissances des autres pays ainsi que de politiques novatrices afin de parvenir au développement social le plus élevé, a conclu le représentant. 


Mme NAIM SENHADJI (Maroc) a relevé que les politiques sociales occupent une place prépondérante dans les politiques nationales de développement.  Le développement social est en effet un secteur productif et créateur d’emplois et de richesses.  Tous les acteurs sociaux sont désormais convaincus que la lutte contre la pauvreté et l’exclusion exigent une action sociale intégrée à une action favorisant la croissance économique.  Evoquant les conséquences négatives des attentats du 11 septembre, la représentante a rappelé l’un des constats tirés lors du Forum économique mondial et du Forum social mondial selon lequel l’extrémisme, la violence et le terrorisme naissent de situations de précarité et d’exclusion.  La communauté internationale doit donc axer ses efforts sur les racines du mal, innover et faire progresser les projets concrets de développement.  La paix dans le monde ne peut se faire en présence de millions d’exclus économiques et sociaux.  Malheureusement, Copenhague + 5 nous a permis de constater que la pauvreté continue de produire des exclus qui ne profitent pas des fruits de la croissance.


Présentant la stratégie marocaine de lutte contre la pauvreté, la représentante a expliqué que plusieurs programmes et projets ont été mis en place pour développer l’accès à l’eau potable et le réseau électrique en zones rurales ainsi que l’accès aux soins de santé, la construction de routes et de pistes rurales, pour lutter contre la pauvreté en milieu rural et contre l’analphabétisme.  Un projet d’assurance-maladie obligatoire pour les salariés et un projet de régime d’assistance médicale pour les groupes vulnérables de la population sont actuellement présentés au Parlement pour adoption.  Des programmes en faveur des femmes et des enfants en situation difficile, des personnes âgées et des handicapés ont également été mis en place.  Le Maroc a élaboré un rapport national et un plan d’action dans le cadre de la préparation de la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement.  La Commission nationale préparatoire du Sommet de l’enfant a également élaboré un rapport national.  Le budget alloué aux secteurs sociaux est de près de 50% du budget national. 


Le Gouvernement du Maroc a renforcé les structures existantes de lutte contre la pauvreté et l’exclusion et en a créé de nouvelles.  Sur le plan économique, le Maroc a consenti des efforts considérables pour contrôler le déficit budgétaire, assurer son intégration dans l’économie mondiale, activer le processus de privatisation, soutenir les marchés financiers, restructurer le secteur privé et encourager les investissements internes et externes.  La politique de privatisation a permis de dégager des recettes importantes qui ont été placées dans un fonds spécial afin de financer les infrastructures et les grands projets de développement économique.  La représentante a toutefois ajouté que les efforts déployés par son pays sont confrontés à un certain nombre de facteurs internes tels que la sécheresse et les conséquences des mauvaises gestions du passé et à des facteurs externes tels que les fluctuations des taux de change, la hausse du prix du pétrole et les crises économiques mondiales.  La représentante a par ailleurs souligné l’importance de la participation de la société civile dans les programmes de développement du Maroc.


S’il est évident que la lutte contre la pauvreté passe d’abord par un fort taux de croissance et une action soutenue sur les grands investissements, il n’en demeure pas moins que les actions de proximité et les petits projets gardent toute leur pertinence.  La décentralisation et la déconcentration sont également un facteur clef du succès.  La représentante a en outre fait part de la préoccupation que lui inspire la situation de pauvreté et de vulnérabilité que connaît le peuple palestinien.

M. SHIN ON-HAN (République de Corée) a partagé l’opinion selon laquelle les politiques économiques ont au sens large un caractère social.  Il est donc important d’équilibrer l’économique et le social dans les politiques de développement.  Si les forces du marché doivent déterminer l’allocation des ressources, les opportunités économiques doivent néanmoins être garanties pour tous les membres de la société.  C’est pourquoi, la République de Corée estime que les politiques macroéconomiques doivent comprendre des systèmes de protection sociale efficaces, notamment en faveur des plus vulnérables et lors des périodes de transition ou de réforme économique.  Pour obtenir des systèmes de protection efficaces, il va sans dire qu’un minimum en matière de dépenses sociales publiques est nécessaire, a fait observer le représentant.  Au niveau national, la crise qui a frappé la République de Corée en 1997 a malheureusement creusé le fossé entre les riches et les pauvres, ce qui a conduit le Gouvernement à lancer une vaste réforme de l’économie afin de la rendre à la fois mieux adaptée aux demandes des marchés et plus à l’écoute des besoins des travailleurs et des groupes les plus vulnérables de la société. 


Pour parvenir à une redistribution plus équitable des richesses tout en encourageant l’entrepreunariat, le concept «d’Etat providence productif» a été introduit, a expliqué le représentant.  Dans ce cadre, l’accent a été particulièrement mis sur la possibilité donnée à chacun d’améliorer ses conditions de vie grâce à l’éducation et à la formation.  Le principe directeur de cette politique est le renforcement de l’autonomisation et de l’autosuffisance permettant d’entraîner une plus grande productivité, le retour à l’indépendance économique pour les sans-emplois, l’aide aux petits entrepreneurs et des possibilités d’emploi pour les personnes âgées ou handicapées.  L’expérience coréenne est riche d’enseignements pour les autres pays, a estimé le représentant en ce qu’elle démontre que les programmes sociaux ne doivent pas tant viser la prise en charge totale des individus que la possibilité pour les pauvres de générer des revenus en mettant l’accent sur l’éducation et la formation.  En outre, l’exemple coréen fait comprendre que les questions sociales doivent être intégrées aux politiques économiques sans peser sur le potentiel de croissance.  Enfin, il est indispensable que les priorités sociales soient définies sur la base du consensus, et c’est d’ailleurs à cet effet qu’a été mise en place une «commission tripartite», rassemblant des représentants des travailleurs, du patronat et du gouvernement. 


M. DOMINGO CULLEN (Argentine) a estimé que la question de l’intégration des politiques économiques et sociales revêt une importance toute particulière pour les pays en développement, dont fait partie son pays.  L’Argentine a lancé un vaste processus de transition pour surmonter la récession économique qui l’a frappée ces dernières années et qui a touché durement l’ensemble de la société.  Il s’agit d’une crise dont la portée se traduit par des niveaux de pauvreté très élevés, aggravés par la paralysie du secteur de production.  La chute des revenus par habitant est de 12% et le chômage a atteint des taux sans précédent.  La pauvreté touche désormais un tiers de la population.  Les plans de croissance économique doivent désormais contenir des éléments sociaux en particulier pour les groupes de la population les plus défavorisés de la société, condition préalable

du développement durable.  Citant le rapport du Secrétaire général sur l’intégration des politiques sociales et économiques, le représentant s’est rallié à l’idée qui veut que les gouvernements jouent un rôle pivot en vue de concilier les politiques sociales et économiques.  Au niveau multilatéral, les institutions financières internationales doivent favoriser, lors de l’élaboration des programmes sociaux et économiques, la coopération avec tous les acteurs de la société. 


La base du développement repose sur des politiques macroéconomiques saines, un équilibre monétaire et fiscal sains et la création d’un climat propice aux investissements directs et aux capitaux étrangers.  Toutefois, cela ne suffit pas pour parvenir à un développement économique et social durable.  Le contexte dans lequel évolue le commerce international doit être libre d’obstacles aux exportations des pays en développement et de subventions qui déforment la structure économique des pays en développement.  Il faut également placer l’être humain au centre du développement durable en encourageant le plein emploi et en éliminant la pauvreté par l’exécution de politiques publiques efficaces qui assurent une répartition équitable de la croissance économique.  Il apparaît que les politiques sociales efficaces exigent non seulement des ressources mais une bonne gestion efficace de ces ressources et la modification des formats traditionnels institutionnels de façon à permettre la décentralisation des politiques sociales.  Pour sortir de la crise, il est indispensable de mettre en oeuvre des actions responsables au niveau national et de s’assurer la collaboration active et urgente de la communauté internationale. 


M. NINO ZGANEC (Croatie) a expliqué que son pays, jeune seulement de 10 ans, se trouve confronté aux conséquences des destructions causées par la guerre et de la transition vers une économie de marché, tout cela dans un contexte de mondialisation.  Pour faire face à ces défis, le Gouvernement a élaboré une Stratégie de développement pour le XXIème siècle.  Cette Stratégie fournit un cadre pour les changements en matière de développement qui doivent être lancés.  Conscient de la nécessité d’obtenir l’accord des partenaires sociaux pour que ces changements soient efficaces, les pouvoirs publics ont consulté les employeurs et les syndicats.  L’accord ainsi conclu et intitulé «Partenariat pour le développement» contient les objectifs principaux des politiques économiques et sociales mises en oeuvre.  La Croatie est consciente qu’elle doit offrir de meilleurs services et favoriser le capital humain. 


En dépit de ses revenus limités, la Croatie consacre 25% de son PNB au secteur social, ce qui a notamment permis cette année de lancer une vaste réforme du système de retraite.  Le nouveau système repose sur deux piliers, cotisation obligatoire et cotisation volontaire.  Des réformes ont aussi été entreprises dans le domaine de la santé afin d’améliorer la qualité des services offerts tout en limitant les dépenses de santé.  Trois objectifs stratégiques ont à cette fin été identifiés, à savoir l’augmentation de l’espérance de vie, l’amélioration de l’état sanitaire de la population et la réduction des inégalités dans l’accès aux soins et leur qualité.  Des améliorations sont aussi prévues dans le domaine de l’éducation, a indiqué le représentant, afin d’adapter la société croate au processus accéléré de la mondialisation.  L’un des objectifs sera de former des experts conformément aux besoins de l’économie et du niveau de développement du pays.  De manière générale, le plan vise à harmoniser et à rendre plus complémentaire les secteurs de l’éducation, des sciences et de l’emploi.  Le chômage qui devrait atteindre 20% de la population est d’ailleurs l’une des priorités du Gouvernement. 


L’exclusion sociale et la pauvreté sont l’un des plus grands défis posés à la Croatie dont 10% de la population vit dans une pauvreté extrême, a poursuivi le représentant.  Les pouvoirs publics s’apprêtent à adopter un vaste programme de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale qui contiendra des mesures concernant toute une variété de domaines sociaux.  L’un des piliers de ce programme est l’allocation d’un revenu d’aide pour les personnes sans revenus.  Parallèlement, nous nous efforçons de moderniser et d’améliorer l’efficacité des systèmes sociaux, notamment en lançant un important processus de décentralisation encourageant la participation des communautés locales et de la société civile, a ajouté le représentant.  Il a en conclusion indiqué que les politiques sociales ne peuvent être le ferment de la cohésion sociale que si elles sont en harmonie avec les objectifs macroéconomiques.


Mme ANA HAZEL ESCRICH (El Salvador) a souligné l’importance de l’intégration des politiques économiques et sociales pour le développement des pays comme le sien.  Il est essentiel pour les pays en développement de parvenir à un équilibre entre les objectifs du développement économique et ceux du progrès social.  Il convient aussi pour ces pays d’approfondir les liens entre les politiques sociales et les politiques commerciales et fiscales, a estimé la représentante.  Mais pour les pays comme El Salvador, il faut comprendre que des difficultés subsistent quant à l’intégration plus efficace de toutes ces politiques.  Au niveau national, le Gouvernement salvadorien a, dans un plan dénommé «La nouvelle Alliance» donné la priorité à quatre grands domaines d’attention: l’économie, en mettant l’accent sur l’emploi, le social, le politique, et l’environnement.  Cette stratégie intégrée a permis à El Salvador de connaître un taux de croissance de 2% en 2001, un taux plus élevé que la plupart des autres pays de la région d’Amérique latine et, ce, en dépit des catastrophes naturelles qui l’ont frappé et de la récession économique mondiale.  Le Gouvernement s’est engagé à consacrer davantage de ressources internes au développement social et le budget 2002 enregistre une augmentation de 76% des fonds alloués à ce secteur.  Une hausse rendue d’autant plus nécessaire par le fait que le tremblement de terre qui a touché le pays l’an passé a détruit 16% du PIB et un tiers des écoles du pays, a précisé la représentante.  Ces efforts ont placé El Salvador sur la voie de la réduction de la pauvreté, de la stabilité macroéconomique, de l’ouverture de son économie, de la croissance et de la consolidation de la démocratie et de l’état de droit.  Pour 2002, les objectifs immédiats sont la réduction de la pauvreté, la reconstruction du pays, la lutte contre la délinquance et la bonne santé fiscale et économique. 


Mme Escrich a ensuite présenté deux exemples d’action concrète entreprise en matière d’intégration des politiques économiques et sociales, à savoir le programme national pour les micros et petites entreprises et l’intégration des objectifs économiques et sociaux aux plans de développement local des municipalités.  Cette dernière initiative insiste sur la participation de toutes les communautés.  La représentante a expliqué que si les cadres conceptuels pour l’intégration des politiques économiques et sociales sont relativement clairs et bien définis, dans la pratique il reste encore souvent aux gouvernements à améliorer la coordination et la communication entre tous les exécutants. 

Pour y parvenir, il faut rechercher de nouveaux mécanismes, plus efficaces, et le partage des expériences réussies dans ce domaine revêt une importance particulière.  El Salvador s’efforce au niveau national et sous-régional de promouvoir ce type d’échanges, par le biais du réseau sous-régional pour le suivi du Sommet social qui rassemble les pays d’Amérique centrale et les pays hispanophones des Caraïbes, ainsi qu’au sein du Groupe de Rio.  Mme Estrich a, sur ce point, lancé un appel aux membres de la Commission et de la communauté internationale pour que l’on parvienne effectivement à une bonne dissémination des meilleures pratiques ainsi qu’à une assistance pour les mettre en place. 


M. IFTEKHAR AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) a évoqué la tenue simultanée du Forum économique mondial et le Forum social mondial qui ont permis de voir la mondialisation sous des angles différents.  Le Forum économique mondial a considéré la mondialisation à travers le prisme de l’efficacité, de la croissance et de la stabilité macroéconomique tandis que le Forum social a abordé ce phénomène en ayant comme préoccupation la répartition des richesses et la justice sociale.  Les deux évènements se sont attachés à trouver des solutions à la pauvreté extrême, à l’édification du capital humain et à la création d’un environnement permettant d’instaurer la sécurité humaine et le développement humain.  Le représentant a ajouté que les tendances au niveau de la formulation des politiques visent à accorder davantage d’attention à la croissance économique, au rééquilibrage des déséquilibres budgétaires, à la dérégulation du marché du travail, à l’ouverture au commerce extérieur et aux investissements étrangers.  Par conséquent, les questions relatives à l’autonomisation économique des individus, à la distribution des ressources et à l’édification des capacités et celles relatives à la protection sociale ne jouissent pas du même degré d’importance.  Evoquant l’expérience de son pays, le représentant a expliqué qu’une action publique déterminée en vue d’améliorer la fourniture de services de base, en particulier dans le domaine de l’éducation, des soins de santé, de l’approvisionnement en eau potable, de l’hygiène publique a renforcé le capital humain du Bangladesh.  De francs succès ont été remportés par le Bangladesh, grâce à son programme de microcrédits qui montre clairement comment les stratégies génératrices d’emplois peuvent viser les pauvres avec succès, en particulier les femmes pauvres.  L’intégration des sexospécificités est un des piliers sur lequel repose nos politiques publiques, compte tenu des résultats obtenus lorsque les femmes jouent un rôle dans le secteur de l’économie ainsi qu’au niveau de la prise de décisions au sein des communautés et de la cellule familiale et des résultats obtenus dans le domaine de l’emploi dans les secteurs tant formel qu’informel.


Malgré ces développements positifs, la situation des groupes sociaux spécifiques demeure fragile.  La vulnérabilité des pays les moins avancés comme le Bangladesh provient de divers facteurs, à savoir les forces de la mondialisation, les catastrophes naturelles, l’absence de compétences ou de main-d’oeuvre qualifiée.  En termes de vulnérabilité, aucun pays ne ressemble à un autre et aucune solution universelle ne peut être appliquée.  Notre expérience nous a montré la nécessité de disposer d’une réelle volonté politique en faveur des peuples opprimés.  La démocratie permet de disposer d’un environnement favorable à ce que les politiques publiques s’attachent à préserver les intérêts des groupes sociaux.  La démocratie permet aux pauvres de faire entendre leur voix et de participer davantage à la formulation des politiques.  En outre, la coopération internationale est un impératif si l’on veut assurer le succès des efforts nationaux.  Malheureusement, les programmes d’action mis en oeuvre au niveau international et les objectifs fixés n’ont pas été atteints et le fossé entre les pauvres et les riches a continué de se creuser. 


M. JOHN MURRAY, Observateur du Conseil de l’Europe, a expliqué que le Conseil de l’Europe a adopté une approche des questions sociales reposant sur les droits.  Les droits sociaux, économiques et culturels sont en effet considérés comme des droits de l’homme à part entière.  C’est pourquoi, il s’est réjoui que le rapport préparé par le Secrétaire général pour cette session reconnaisse la pertinence d’une approche fondée sur les droits de l’homme tant dans le domaine économique que social.  De cette approche, il ressort que le bien-être des individus est l’objectif premier, plutôt que la croissance économique.  Le Conseil de l’Europe considère que les droits économiques, sociaux et culturels constituent les fondements d’une croissance économique solide et durable.  C’est pourquoi, il a codifié les droits sociaux au sein de la Charte sociale européenne, un texte désormais signé par l’ensemble de ses 43 Etats Membres.  La Charte sociale européenne est en outre l’une des pierres angulaires du modèle social adopté par l’Union européenne et elle fournit de surcroît un mécanisme de contrôle.  Dès 1997, les chefs d’Etat et de gouvernement, membres du Conseil de l’Europe, ont reconnu qu’il n’était pas raisonnable de poursuivre la croissance économique indépendamment du développement social.  Le concept de “cohésion sociale” est désormais le leitmotiv du travail du Conseil et il est envisagé comme une stratégie préventive réduisant le risque de troubles sociaux et politiques.  En somme, la cohésion sociale permet de construire des sociétés durables, a expliqué M. Murray.


Le Conseil de l’Europe estime en outre que les dépenses sociales, notamment en matière de protection sociale, ne doivent pas être considérées comme un coût, un poids sur la croissance économique, mais comme un investissement nécessaire et bénéfique.  Tout d’abord, en raison du fait qu’une économie saine passe par une main-d’oeuvre en bonne santé et bien éduquée et parce que les dépenses sociales prévient l’apparition de problèmes sociaux graves au coût bien supérieur.  Cependant, les gouvernements ont raison de se demander si les ressources consacrées au secteur social sont dépensées avec sagesse.  Pour s’en assurer, ils doivent fixer des objectifs clairs aux programmes sociaux et élaborer des mécanismes de contrôle et de mesure de leur efficacité.  Mais, même si la sécurité sociale est chère, elle est posée comme indispensable dans le modèle social européen.  C’est pourquoi, le Conseil de l’Europe encourage activement l’adhésion des pays d’Europe centrale et orientale aux normes minimales définies en la matière.  Cela ne veut pas dire pour autant que des changements ne sont pas nécessaires, a reconnu le représentant, afin de plaider en faveur d’un passage d’une philosophie d’assistanat à une philosophie d’autonomisation des assurés sociaux, afin d’aider véritablement les individus à sortir de la pauvreté.  Même si elle apparaît marginale en Europe, au regard des autres régions du monde, la pauvreté n’a pas encore disparu.  Il faut donc trouver les voies et moyens de faire bénéficier tous les membres de la population de leurs droits sociaux.  A cette fin, le Conseil de l’Europe s’efforce d’identifier les barrières administratives, juridiques et psychologiques qui empêchent les plus vulnérables de jouir de leurs droits. 


M. Murray a également expliqué que, dans le contexte de la mondialisation, qui peut exposer certains individus à des risques économiques accrus, il est nécessaire de mettre en place des «filets de protection sociale».  Sans ces mesures de protection, les individus auront plus de mal à accepter les changements inhérents à la mondialisation, a-t-il observé.  La mondialisation rend la protection sociale plus nécessaire que jamais et les filets de protection sociale évitent qu’elle ne soit perçue comme inhumaine.  Les manifestations populaires récentes contre la mondialisation indiquent d’ailleurs que l’attention accordée à ses conséquences n’a pas été suffisante.  Il convient donc de développer de nouvelles formes de partenariat entre les gouvernements, le secteur privé et la société civile.  Le secteur privé en particulier doit reconnaître et accepter ses responsabilités quant aux conséquences sociales de leur activité économique.  En conclusion, M. Murray a aussi mis l’accent sur le lien entre la session de la Commission et le prochain Sommet de Johannesburg sur le développement durable, car l’expérience a montré que la poursuite de la croissance économique sans aucune préoccupation pour l’environnement n’est pas durable, sur le long terme.


Mme MARINA KORUNOVA (Fédération de Russie) a estimé que le thème principal de la présente session est une question clef à laquelle est confronté tout gouvernement.  Ces deux domaines sont les deux faces de la même médaille.  Le Gouvernement russe continue de prendre pour référence les décisions du Sommet pour le développement social de Copenhague pour élaborer la stratégie nationale de développement économique et social.  L’une des contributions que la Fédération de Russie a apportée à cette réflexion est l’organisation avec l’aide du Conseil économique et social de la réunion internationale d’experts sur le thème de l’élargissement de l’accès à la sécurité sociale des pays en transition qui a eu lieu en décembre 2001 à Saint-Pétersbourg.  La Fédération de Russie est entrée dans le XXIème siècle avec un statut d’Etat démocratique à économie de marché.  Nous avons achevé cette phase de transition.  Le processus de libéralisation de l’économie, des finances, du commerce ainsi que de la structure de la propriété s’est terminé.  Les entreprises privées jouent désormais un rôle important.  Les modes de consommation ont été modifiés et l’esprit d’entreprise des citoyens s’est renforcé. 


Toutefois, cette transition ne s’est pas faite sans coûts sociaux.  Le Gouvernement a adopté une stratégie de politiques sociales et économiques à long terme reposant sur la modernisation des structures, sur la libre entreprise et sur le renforcement du rôle de l’Etat afin de garantir des transformations institutionnelles progressistes et la stabilisation financière et sociale de la société.  Nous misons désormais sur l’intégration active du pays dans l’économie mondiale en assurant simultanément la défense des producteurs nationaux.  Les scénarios de modernisation devraient nous permettre d’augmenter les niveaux de vie de la population grâce au développement du capital humain.  Le programme de transformation socioéconomique pour la période 2002-2004 a pour objectif de construire une économie de marché dynamique fondée sur une législation stable et claire avec un faible niveau de dépendance vis-à-vis de la conjoncture internationale et le renforcement du rôle de l’Etat comme garant de la stabilité.


Mme BLANCA LILIA GARCIA (Mexique) a estimé que lorsqu’on s’interroge aujourd’hui sur l’intégration des politiques sociales et économiques, il convient de se poser la question de savoir à quel modèle de développement les pays aspirent.  Il est en fait nécessaire de parvenir à un consensus sur le modèle de développement qui prévaudra en ce nouveau siècle.  C’est dans cette perspective et afin d’honorer les engagements de la Déclaration du Millénaire - que sont l’élimination de la pauvreté, l’amélioration des conditions sociales et des niveaux de vie et la protection de l’environnement -, que le Mexique a décidé d’être l’hôte de la Conférence des Nations Unies sur le financement du développement, qui aura lieu prochainement à Monterrey.  Cet événement représente une chance unique de renouveler les accords internationaux en matière de commerce, de développement et de financement dans le contexte d’interdépendance économique croissante qui règne en ce début de siècle.  Le défi sera de parvenir à une plus grande convergence politique en faveur d’une coopération internationale approfondie permettant de lutter contre la pauvreté et d’atteindre le développement équitable à l’échelle mondiale. 


Au Mexique, le développement social fait partie des priorités nationales, a poursuivi la représentante.  L’objectif immédiat et incontournable est l’élimination de la pauvreté extrême.  Mais la stratégie nationale s’efforce aussi de donner à tous les Mexicains de nouvelles possibilités de participer à la construction d’un avenir meilleur qui garantisse la sécurité.  Si la croissance économique est une condition préalable évidente pour parvenir au développement, l’expérience montre néanmoins qu’elle ne suffit pas à assurer le bien-être social.  C’est pourquoi, le Gouvernement mexicain considère que la politique de développement social ne doit pas être subordonnée à la politique économique.  En outre, l’intégration des politiques économiques et sociales doit comprendre également des valeurs telles que la démocratie et la justice.  Les programmes actuellement mis en oeuvre au Mexique mettent donc l’accent sur le développement humain, envisagé comme principal facteur d’amélioration des conditions de vie.  C’est l’objectif du Plan national pour le développement 2001-2006, élaboré en consultation avec tous les citoyens.  Cette approche suppose la responsabilité solidaire des trois secteurs du Gouvernement et la participation de tous les secteurs de la société.  Le changement que connaît le Mexique aujourd’hui s’exprime également par la modernisation des institutions et des processus d’élaboration des politiques: il s’agit en fait d’une nouvelle manière de «faire de la politique», a expliqué Mme Garcia, car c’est à partir de la croissance économique, mais aussi de la démocratie, de la justice et de la transparence des pouvoirs publics que l’on fera avancer le développement social. 


Mme TOMKOVA (République tchèque) s’est associée à la déclaration faite par l’Espagne, au nom de l’Union européenne et des pays associés.  Evoquant le passage à l’économie de marché de son pays, la représentante a expliqué que les modifications imposées par le processus de transition politique ont été accompagnées de défis sociaux.  Ceci a permis de définir les modalités de réaction de la sphère sociale à l’intensité de l’impact des politiques économiques.  Les mesures de protection sociale doivent répondre aux conséquences des réformes économiques sur les groupes sociaux vulnérables comme la famille, les personnes âgées et les jeunes.  Il est nécessaire d’analyser chaque étape des politiques macroéconomiques en rapport avec chaque groupe social.  La protection sociale la

plus large possible est une condition préalable à l’acceptation des changements macroéconomiques.  Les citoyens doivent avoir la possibilité de choisir des stratégies de réponse adaptées à leur situation.  La famille constitue un allié important et il est nécessaire de lui fournir un soutien au cours de la période de transition.  La baisse des revenus des parents ne devrait pas freiner l’accès à l’éducation des enfants et des jeunes et c’est pourquoi, ils doivent bénéficier de mesures spécifiques de protection sociale. 


M. BRUNO RODRIGUEZ PARRILLA (Cuba), en sa qualité d’Observateur auprès de la Commission, a affirmé que l’intégration des politiques économiques et sociales est une nécessité urgente dans le contexte de la récession mondiale.  Cela est notamment vrai pour les pays industrialisés dans lesquels de nombreuses poches de pauvreté subsistent.  Les politiques économiques pourtant ne font que commencer à inclure des considérations sociales.  En outre, les politiques économiques que sont obligés d’appliquer les pays en développement tiennent de moins en moins compte des questions sociales.  On ne pourra pas réaliser de progrès dans le domaine social tant que l’on aura pas éliminé l’ordre mondial économique actuel, a averti le représentant, arguant que la philosophie néolibérale suivie par les pays développés et les institutions financières internationales n’a fait qu’aggraver les problèmes sociaux.  Dans les pays en développement, cette philosophie, au lieu de générer de nouvelles ressources, n’a fait qu’aspirer celles qui existaient, a déploré le représentant.  Un changement est d’autant plus urgent que depuis 1995, la croissance mondiale a ralenti, a fait observer le représentant.  Le fossé entre pays riches et pauvres s’est creusé, ainsi que celui entre les personnes les plus riches et les plus pauvres.  Parallèlement, la dette des pays en développement, pourtant déjà plusieurs fois payée, n’a fait que gonfler.  Les processus de privatisation, de déréglementation et de libéralisation des marchés ont été utilisés pour réduire les ressources nécessaires au développement social.  Les pays industrialisés, qui ont pourtant la responsabilité historique du pillage des pays en développement, ne sont même pas parvenus à honorer leur engagement de consacrer 0,7% de leur PNB à l’Aide publique au développement. 


Les politiques économiques appliquées ont été telles que, dans un grand nombre de pays en développement, les dépenses sociales, pourtant productives, ont diminué.  Même les dépenses pour l’éducation ont baissé dans les pays en développement.  Pourtant, l’exemple cubain démontre clairement que la redistribution des richesses permet d’assurer les besoins fondamentaux en matière d’éducation, de santé et de progrès social, avant même de réaliser le développement et la croissance économique.  L’économie cubaine a connu un taux de croissance de quatre à cinq fois supérieur en moyenne aux autres pays d’Amérique latine et, ce, malgré le blocus total dont elle est victime de la part des Etats-Unis.  Bien que le pays n’ait pas accès au crédit international, la totalité de sa population a accès gratuitement à la santé et à l’éducation.  L’espérance de vie à la naissance est de 75 ans et l’analphabétisme n’existe plus.  Le budget de l’Etat consacre 62% de ses ressources au domaine social.  Tous les programmes sociaux sont destinés à l’ensemble des citoyens, mais une attention particulière est accordée aux groupes sociaux désavantagés, en particulier les enfants.  Le facteur clef de la stratégie cubaine est davantage le capital humain que les ressources.  Une expérience unique que le pays s’efforce de partager avec d’autres pays en développement.  Les pays industrialisés peuvent et doivent faire beaucoup plus en faveur du développement social.  Les ressources existent et doivent être mises au service de l’humanité, plutôt qu’aux armements et à la spéculation.  C’est la justice et la solidarité qu’il faut d’abord mondialiser, a conclu le représentant.


M. JOHN DAVIS (Etats-Unis) a indiqué ne pas soutenir l’ensemble des recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général sur l’intégration des politiques sociales et économiques même s’il admet que les décisions économiques prises aux niveaux macro et microéconomique ont des implications sociales et des conséquences humaines.  Les politiques économiques et sociales dans les secteurs public et privé devraient être coordonnées et intégrées.  Les Etats-Unis soutiennent le libre-échange, la libre entreprise, la privatisation et la libéralisation des investissements étrangers.  Nous nous opposons à l’analyse du Secrétaire général selon laquelle il faut faire un choix entre les réformes économiques et le développement social.  Nous pensons au contraire que c’est par des réformes économiques que l’on peut atteindre les objectifs sociaux que sont la création d’emplois, la réduction de la pauvreté, la lutte contre les inégalités et l’exclusion sociale.  En revanche, nous souscrivons à l’idée selon laquelle il faut accorder un rang de priorité élevé à l’accès à l’éducation, aux soins de santé et à une alimentation équilibrée.


Le représentant a ajouté que son pays avait mis en oeuvre depuis longtemps le concept selon lequel les dépenses sociales en faveur des populations les plus défavorisées ont un impact positif à long terme sur la productivité.  Il a demandé des précisions au sujet de la définition des termes «évaluation sociale» qui figurent au rapport du Secrétaire général.  Nous appuyons cette notion si elle fait référence à la prise en compte de l’opinion des consommateurs de services, contribuant ainsi à renforcer une culture basée sur les valeurs démocratiques et sur la notion de responsabilité des gouvernements.  Nous souhaitons que «l’évaluation sociale» ne serve pas d’excuse à la création d’un empire de recherche en sciences sociales organisant séminaires et tables rondes, produisant des études et des rapports sur un thème qui nous est déjà familier ou élaborant les mêmes recommandations qui n’ont jamais été mises en oeuvre.


Mme RAJA DATO’ZAHARATON RAJA ZAINAL ABIDIN (Malaisie), s’exprimant en sa qualité de pays observateur, a expliqué que son Gouvernement a toujours pensé que le développement économique devait bénéficier à tous les citoyens.  La croissance économique en Malaisie n’est pas perçue comme une fin en soi, mais comme le moyen de procéder à une redistribution équitable afin que tous les segments de la société profitent des richesses créées.  Dès son indépendance, à la fin des années 50, la Malaisie a su trouver un équilibre entre politiques économiques et sociales.  Des fonds budgétaires ont été débloqués pour garantir que tous les citoyens sont en mesure de participer à la croissance et d’en bénéficier.  Parallèlement, un système d’évaluation a été mis en place afin de garantir l’utilisation efficace des ressources consacrées au domaine social.  En outre, un mécanisme d’analyse de l’impact social des politiques est en cours d’élaboration, a précisé le représentant.  Il a ajouté que l’expérience malaisienne montre que l’amélioration de la qualité de vie des individus est davantage une question de progrès social que de croissance économique.  Augmenter les revenus, et par la même occasion la demande, n’apporte nullement la garantie que les populations, notamment celles vivant en milieu rural, ont accès aux services sociaux appropriés.  C’est pourquoi, le Gouvernement a joué un rôle actif en vue d’assurer à sa population les services sociaux fondamentaux.  Grâce à la présence de ces infrastructures sociales, il a été en mesure de minimiser l’impact négatif sur la population de la crise financière de 1997 et du ralentissement de la croissance économique de 2001. 


L’expérience de ces crises montre que les mesures sociales doivent être en quelque sorte conçues pour répondre aux besoins de chaque pays, a poursuivi la représentante.  Les directives politiques doivent être flexibles et adaptées aux changements dynamiques sans ignorer les objectifs à long terme.  La dimension sociale de chaque politique mise en oeuvre doit être prise en compte afin notamment d’éviter toute instabilité sociale.  C’est pourquoi, la Malaisie a assoupli ses politiques fiscales et monétaires et a instauré un système de contrôle sélectif des échanges afin de restaurer la stabilité et de minimiser l’impact de la crise sur les segments les plus pauvres de sa population.  Le Gouvernement a aussi fait en sorte que les programmes de développement social ne soient pas affectés par la crise.  Il attache également une grande importance au bien-être des personnes âgées et handicapées et a élaboré des programmes en leur faveur. 


S’agissant de la mondialisation, la Malaisie estime qu’elle constitue une opportunité pour améliorer les conditions de vie des individus, à condition qu’elle soit bien gérée, a expliqué la représentante.  Or, le schéma actuel de mondialisation a creusé le fossé entre pauvres et nantis et a contribué au phénomène de marginalisation.  Les pays doivent donc avoir la possibilité de déterminer à quel rythme ils entendent suivre le train de la mondialisation.  Ils doivent avoir le choix de libéraliser leurs échanges et investissements en fonction de leur capacité nationale.  Ils doivent aussi avoir la possibilité de trouver un bon équilibre entre compétitivité et priorités sociales.  La Malaisie estime également qu’il est essentiel que tous les pays tirent les fruits de ce phénomène.  C’est pourquoi, il est aussi nécessaire d’améliorer l’intégration des politiques économiques et sociales à l’échelle internationale.  L’Agenda mondial pour le développement doit à l’avenir contribuer à promouvoir un monde plus humain où l’environnement serait préservé, la pauvreté éliminée, la sécurité garantie et où le développement ne se concentrerait pas uniquement sur la croissance mais sur l’individu et la redistribution.  A cet égard, l’expérience de mon pays pourrait être utile à d’autres, a conclu la représentante.


Mme CHOLCHINEEPAN CHIRANOND (Thaïlande) a expliqué que, dans les pays comme le sien, les dépenses sociales ont prélevé une partie importante du produit national brut et, parfois, représentent même la plus grande dépense publique.  Les gouvernements doivent donc mettre en place des mécanismes directeurs efficaces garantissant l’utilisation optimale de ressources limitées.  De tels mécanismes doivent non seulement être applicables à différents scénarios de développement mais également tenir compte des concepts de bonne gouvernance, de transparence et inclure la participation des représentants de la société civile lors de la formulation et de la mise en oeuvre des politiques.  Pour être efficaces, les politiques sociales doivent être compatibles avec les politiques économiques.  La représentante a expliqué qu’en Thaïlande, la restauration du tissu économique après la crise de 1997 exige une action sur plusieurs fronts.  Le Neuvième Plan de développement social et économique pour 2002-2006 a mis l’accent sur les aspects humains du développement, tenant compte des besoins de groupes spécifiques.  Ce Plan entre dans un cadre stratégique qui intègre les politiques sociales et économiques. 


La crise de 1997 a non seulement montré la nécessité de disposer de filets de sécurité sociaux mais également les bénéfices que l’on peut tirer de projets sociaux quand ils associent les représentants de la société civile.  L’autonomisation de la population est indispensable au développement social.  Par conséquent, la Thaïlande a fourni un effort de décentralisation de ses institutions dans le but d’assurer la participation de la société civile.  Les filets de sécurité ont par ailleurs été réexaminés pour qu’il couvrent de plus larges segments de la population.  Des politiques publiques ont également été revues pour garantir l’accès à la propriété et la participation aux processus de prise de décisions de la société civile.  Les efforts au niveau national ne sont toutefois pas suffisants pour garantir un développement économique et social durable.  Nous devons également disposer d’un environnement socioéconomique propice au niveau international.  Nous lançons donc un appel à la communauté internationale pour qu’elle s’engage à nouveau en faveur des objectifs de développement du Sommet du Millénaire.


M. SERGEI LING (Bélarus) s’est félicité du rapport du Secrétaire général sur l’intégration des politiques économiques et sociales qui reconnaît qu’en la matière, il existe une grande diversité d’approches.  Le Bélarus partage l’idée selon laquelle la nécessité de se préoccuper du bien-être des populations doit être la pierre angulaire d’une politique économique rationnelle.  C’est selon ce principe que le Gouvernement du Bélarus a construit sa politique nationale, a précisé le représentant.  Grâce à cette approche, le chômage a pu baisser et le coefficient de développement humain a fortement augmenté.  Pour édifier une économie de marché à orientation sociale, tenant compte de l’histoire du pays et des effets de la catastrophe de Tchernobyl, un vaste plan d’orientation sociale et de développement quinquennal a été élaboré.  L’attention principale y est accordée à l’être humain et à la satisfaction de ses besoins.  L’objectif est de se rapprocher des conditions de vie des pays industrialisés.  On observe désormais une croissance durable des salaires et des revenus.  Parallèlement, les pouvoirs publics réforment le système des retraites pour l’adapter aux circonstances modernes. 


L’un des objectifs les plus importants de la politique actuelle au Bélarus est de réduire la pauvreté, a poursuivi le représentant.  Grâce aux mesures prises, la part de la population vivant en deçà du seuil de survie a déjà baissé de 12%, même si elle reste élevée à un peu plus de 32% de la population totale.  Le Gouvernement s’attache aussi à instaurer des normes minimales dans le secteur de l’emploi.  De manière générale, les autorités ont pleinement conscience que l’expérience des autres pays peut leur apporter beaucoup et elles accordent une grande importance aux échanges sur les meilleures pratiques, a conclu le représentant.


M. MUNJONG CHOL (République populaire démocratique de Corée) a rappelé que l’un des objectifs du Sommet du Millénaire était de faire réduire de moitié le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté d’ici à 2015.  Plusieurs pays ont, au cours des années passées, bénéficié de la croissance économique.  Toutefois, le développement social s’est fait à un rythme plus lent, en particulier depuis l’émergence du phénomène de mondialisation qui a contribué à creuser davantage le fossé entre les riches et les pauvres.  Ceci est en grande partie dû au fait que les gouvernements accordent toute leur attention au développement économique, qui est source de revenus. 


L’intégration des politiques économiques et sociales pour parvenir au développement durable incombe principalement aux gouvernements qui doivent faire preuve de volonté politique en matière de dépenses sociales.  Les Nations Unies doivent à cet égard encourager les gouvernements à harmoniser les politiques sociales et économiques.  Notre pays a depuis longtemps instauré l’éducation gratuite pour tous, l’accès gratuit aux soins de santé et au logement.  Une telle politique est demeurée intacte en dépit des catastrophes naturelles qui ont affecté le pays et des pressions économiques et politiques qui émanent de forces hostiles.  En 2000, le Gouvernement a alloué 38,2% de son budget national à la mise en oeuvre de politiques visant à améliorer les conditions de vie des citoyens, notamment en matière d’éducation, domaine d’action prioritaire.  


M. BALI MONIAGA (Indonésie) a fait remarquer que, bien que la communauté internationale ait reconnu depuis longtemps les liens existants entre le développement économique et le développement social, il demeure encore un fossé important entre ces deux priorités.  Pour les pays en développement, l’intégration des politiques économiques et sociales revêt une grande importance, tout comme les Objectifs de développement du Sommet du Millénaire, telle l’élimination de la pauvreté, de la faim et l’accélération du progrès social.  Toutefois, il faut reconnaître que ces pays sont confrontés à des obstacles importants qui limitent leur capacité à honorer leurs engagements et qui méritent donc une attention immédiate.  Le premier d’entre eux est le manque de ressources, a expliqué le représentant, ajoutant qu’il force les pays en développement à opérer des choix drastiques.  Ces pays ont pleinement conscience de la nécessité de réaliser des investissements sociaux, simplement ils n’ont pas les moyens de le faire, a affirmé M. Moniaga.  C’est pourquoi, l’Indonésie attend avec grand intérêt la tenue prochaine de la Conférence des Nations Unies sur le financement du développement au Mexique et celle du Sommet sur le développement durable, en Afrique du Sud.  Ces événements seront en effet une excellente occasion pour trouver de nouveaux mécanismes de financement et honorer les engagements en matière d’Aide publique au développement. 


De l’avis du représentant, il faut clairement indiquer que la poursuite et le renforcement de l’aide multilatérale donne la possibilité aux pays en développement, et notamment aux pays les moins avancés, de s’adapter aux réalités de la mondialisation.  M. Moniaga a précisé que l’exemple de son pays illustre particulièrement bien les effets négatifs des forces de la mondialisation; les progrès enregistrés depuis plusieurs décennies s’étant tout simplement évaporés sous le poids de questions macroéconomiques.  Il convient donc d’insister sur la nécessité d’intensifier les efforts d’assistance technique afin que les pays renforcent leurs capacités nationales.  Ce faisant, les donateurs doivent demeurer à l’écoute des besoins et des cultures nationales.  Tout ne peut être laissé à l’issue relativement incertaine des marchés et il est de notoriété commune que les investissements en matière d’éducation principalement posent les fondements de la croissance future.  Le représentant a estimé que, si le secteur public doit oeuvrer en étroite coopération avec le secteur privé pour atteindre les objectifs du développement, il ne doit cependant renier en rien ses responsabilités.  En conclusion, M. Moniaga a ajouté que les efforts visant l’élimination de la pauvreté ne feront que contribuer à la campagne internationale actuelle de lutte contre le terrorisme.


M. DAVID LAWSON (ONUSIDA) a rappelé que plus de 40 millions de personnes vivent avec le VIH/sida, dont 30 millions en Afrique.  En vingt ans, la pandémie du VIH/sida a causé la mort de 20 millions de personnes.  Le VIH/sida est désormais reconnu comme le plus grand défi au développement économique et social, entraînant le déclin des gains obtenus dans les domaines de l’éducation et de la santé.  Le VIH/sida réduit les taux de croissance économique, entrave la fourniture de services dans les secteurs privé et public et a conduit à la paupérisation de millions de familles.  Si les sociétés veulent progresser vers un développement durable centré sur l’homme, les politiques publiques doivent réagir à la pandémie du VIH/sida dans le cadre d’une stratégie plus vaste de développement social, économique et politique.  Les réalités socioéconomiques des pays façonnent la progression de l’épidémie.  Il faut donc élaborer des stratégies de réponse vastes qui tiennent compte des facteurs à l’origine de la  vulnérabilité au VIH/sida que sont la pauvreté et l’exclusion.


Nous avons plaidé depuis longtemps en faveur de l’intégration de programmes de lutte contre le VIH/sida dans les politiques nationales de développement.  L’édification de réponses durables à la pandémie du VIH/sida devrait constituer une partie intégrante de toutes les stratégies de réduction de la pauvreté, de développement durable et de croissance économique.  Il faut également réduire la discrimination associée au VIH/sida en assurant la participation des personnes affectées par la pandémie dans les discussions sur cette question.  En Afrique, les gouvernements devraient mettre en oeuvre les décisions adoptées par l’Organisation de l’unité africaine (OUA) lors du Sommet d’Abuja qui s’est tenu au mois d’avril 2001 et qui vise à consacrer 15% du budget national aux soins de santé.  En outre, les pays à faible revenu devraient bénéficier d’un allègement de la dette.


M. BRENT WILSON, de l’Organisation internationale des employeurs, une ONG qui représente 135 organisations d’employeurs du monde entier, a expliqué que de plus en plus l’intégration des politiques économiques et sociales est envisagée comme le moyen de répondre aux défis posés par la mondialisation.  L’idée forte est que, grâce à l’intégration de ces politiques, certaines conséquences négatives de la mondialisation peuvent être atténuées.  Il ne faut pas oublier toutefois que la mondialisation s’avère une force très puissante d’amélioration de l’économie, ainsi que le Secrétaire général l’a lui-même reconnu dans son rapport du millénaire.  L’expérience montre en outre que l’intégration à l’économie mondiale renforce la démocratie et les institutions démocratiques d’un pays, ce qui, en retour, favorise le développement économique et social national.  Le problème n’est donc pas la mondialisation en soi, mais plutôt le fait que ce phénomène ne concerne encore pas suffisamment certaines régions du monde. 


La mondialisation signifie également que les changements sont transmis et reçus plus rapidement et avec plus d’effet à toute l’économie mondiale.  Cette situation, associée au fait que certains pays ont très tôt saisi le train du changement bénéficiant ainsi pleinement des fruits de la mondialisation, alors que d’autres en sont encore à une intégration partielle à l’économie mondiale, a mis en lumière la nécessité de créer des «filets de protection sociale» et le besoin d’une meilleure intégration des politiques sociales et économiques.  Toutefois, l’histoire nous révèle que c’est bel et bien la croissance économique qui a été le moteur du développement social, a fait remarquer M. Wilson, avant de prévenir que si l’intégration des politiques peut s’avérer utile, trop d’intégration pourrait

constituer un obstacle à la croissance.  Les employeurs ont besoin en effet d’un environnement qui puisse supporter le risque de l’investissement, et où des profits peuvent être réalisés.  Ce n’est que si elle peut opérer de manière efficace qu’une entreprise créera et conservera des emplois, donnant alors la possibilité aux gouvernements de répondre aux problèmes sociaux.  En revanche, si ce sont les considérations sociales qui déterminent les politiques et établissent la condition préalable à l’initiative entrepreunariale, aucun emploi ne sera créé, a estimé le représentant de l’Organisation internationale des employeurs.  En fait, à ses yeux, la création et la promotion de l’emploi sont les meilleurs filets de protection sociale.  En outre, il ne faut pas oublier que les politiques sociales visant au retour à l’emploi des individus ont un coût qui ne peut être supporté que grâce à la croissance économique, résultant des richesses créées par le secteur privé. 


Poursuivant, M. Wilson a reconnu que la protection et le respect des droits de l’homme, des droits des travailleurs, ou encore l’état de droit et la bonne gouvernance sont des éléments nécessaires aux sociétés actuelles.  Le défi consiste en fait à trouver l’équilibre entre facteurs afin de créer un environnement propice au secteur privé.  Ceci exige certes une réflexion aux niveaux national et international sur l’intégration, mais il reste à prouver que ceci nécessite des politiques d’intégration, d’autant qu’à l’heure de la mondialisation, l’élaboration d’une mauvaise politique aurait des conséquences graves pour tous les pays.  Ce qu’il faut avant tout c’est une meilleure coordination et un meilleur partage des connaissances et des idées au niveau international, a déclaré M. Wilson. 


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