DEV/2374

DES MILLIONS DE PERSONNES CONTINUENT DE SUBIR LES CONSEQUENCES DE LA CATASTROPHE DE TCHERNOBYL, INDIQUE UN RAPPORT DE L’ONU

8/02/2002
Communiqué de presse
DEV/2374


DES MILLIONS DE PERSONNES CONTINUENT DE SUBIR LES CONSEQUENCES DE LA CATASTROPHE DE TCHERNOBYL, INDIQUE UN RAPPORT DE L’ONU


Les organismes des Nations Unies demandent à la communauté internationale

de consentir de nouveaux efforts pour permettre un retour à la normale


New York, 6 février 2002 – L’ONU a préconisé aujourd’hui l’adoption d’une stratégie totalement nouvelle pour venir en aide aux millions de victimes de l’accident nucléaire de Tchernobyl qui, 16 ans plus tard, sont toujours dans un état de « dépendance chronique », privées de véritables opportunités et sans emprise réelle sur leur avenir. L’ONU a mis en garde contre le fait que la situation des populations du Bélarus, de la Fédération de Russie et de l’Ukraine risque de continuer de se détériorer si de nouvelles mesures de grande envergure ne sont pas prises en matière de santé, d’environnement et d’emploi.


Ces constatations découlent d’une vaste étude menée dans les pays et auprès des populations touchées par la catastrophe de Tchernobyl, présentée aujourd’hui par l’ONU à l’occasion d’une conférence de presse tenue à New York. Cette étude a été réalisée en juillet-août 2001 par un groupe d’experts internationaux, à la demande du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et avec la participation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA).


La principale conclusion que les experts ont retirée est qu’il est nécessaire de modifier radicalement la manière dont l’assistance est fournie aux populations qui continuent de subir les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl, en privilégiant la reconstruction et l’autonomisation à long terme des communautés dans lesquelles les populations touchées jouent un rôle central. La « phase d’urgence », axée sur le confinement, la relocalisation et l’aide sociale directe est maintenant terminée, avance-t-on dans le rapport, et il faut s’engager dans une nouvelle « phase de relèvement », échelonnée sur une période de 10 ans. Les experts recommandent d’organiser une série de séminaires nationaux dans les trois pays les plus touchés (Bélarus, Fédération de Russie et Ukraine) afin de rechercher un consensus sur de nouvelles approches donnant la priorité aux services de santé de base, au développement économique et à des mesures environnementales novatrices; ils préconisent également une action internationale qui mette l’accent sur diverses questions de santé restées en suspens.


Entre autres nombreuses mesures, les experts proposent :


•     De concentrer l’allocation des ressources sur les services de base les plus déterminants en termes d’espérance de vie et de bien-être général, en particulier les soins de santé primaire, l’éducation sanitaire, l’approvisionnement en eau potable et le développement économique;


•     D’engager une vaste réforme du secteur de la santé dans les trois pays, de façon à ce que les services soient assurés en fonction des besoins médicaux et à ce que les communautés rurales pauvres reçoivent des soins de meilleure qualité. La réorganisation des services médicaux devrait en outre prendre en considération les effets sur la santé des facteurs sociaux et environnementaux, en particulier la pauvreté, les régimes alimentaires mal équilibrés, l’alcoolisme, l’abus de tabac et les mauvaises conditions de vie;


•     De mettre en oeuvre un programme à long terme, indépendant, doté de fonds suffisants et internationalement reconnu, consacré à l’étude des effets endémiques de la catastrophe de Tchernobyl sur l’environnement et la santé;


•     D’accorder une importance spéciale aux besoins à vie des personnes qui étaient des nourrissons ou des enfants au moment de l’accident, qui vivent dans les zones touchées par les retombées d’iode radioactif et qui souffrent ou risquent de souffrir d’un cancer de la thyroïde, lequel s’avère le principal danger;


•     De prêter attention aux recherches indiquant que les personnes qui n’ont pas quitté leur logement connaissent un plus grand bien-être psychosocial que celles qui ont été réinstallées, ainsi qu’aux nouvelles études analysant la mesure dans laquelle les restrictions actuelles en matière de résidence pourraient être raisonnablement assouplies afin de permettre à un nombre croissant de personnes qui souhaitent rentrer chez elles de prendre une décision en toute connaissance de cause;


•     D’adopter des mesures économiques énergiques pour accroître l’autonomie des personnes les plus touchées, en continuant de leur apporter une aide directe qui soit toutefois plus ciblée jusqu’à ce qu’ils acquièrent cette autonomie; et de promouvoir des politiques nationales propices à une conjoncture attrayante pour les investisseurs, notamment en créant des zones d’activités, et encourager, grâce à des mesures d’incitation, l’installation d’entreprises dans les villes et les localités voisines des zones les plus touchées. Il conviendra aussi d’accorder une place privilégiée à l’économie agricole locale;


•     De mieux planifier, mettre en oeuvre et gérer les mesures environnementales aux échelles locale, nationale et transnationale pour tirer parti des expériences acquises et énoncer des approches innovantes en matière d’utilisation des sols à mesure que s’atténue le risque d’irradiation; et de conduire régulièrement des recherches ciblées sur les effets de la contamination radioactive sur l’environnement, notamment sur l’eau, en s’intéressant tout particulièrement à la situation des chasseurs, des sylviculteurs et de tous ceux qui tirent leurs revenus de l’exploitation de la terre.


Dans leur rapport, les experts rendent hommage au rôle de direction joué par les gouvernements des pays concernés et prennent note du volume considérable de ressources qui ont été investies dans l’aide humanitaire au cours des 15 années écoulées. Un appel est néanmoins lancé aux donateurs internationaux et aux gouvernements du monde entier pour qu’ils continuent de participer activement aux efforts engagés.


L’accent est mis sur la nécessité, au cours de la prochaine phase, de privilégier deux groupes touchés par la catastrophe. Le premier est constitué des 100 000 à 200 000 personnes qui vivent dans des zones fortement contaminées, des personnes qui ont été réinstallées et de celles dont la santé est le plus directement menacée, en particulier celles qui souffrent d’un cancer de la thyroïde. Ce type de cancer a été détecté chez quelque 2 000 personnes et l’on estime que 8 000 à 10 000 nouveaux cas devraient se déclarer au cours des années à venir. Selon le rapport, ce groupe de personnes est au coeur des multiples problèmes engendrés par la catastrophe de Tchernobyl : s’intéresser à leurs besoins et les aider à prendre le contrôle de leur avenir doit donc être une priorité.


Le second groupe est constitué des centaines de personnes dont l’existence a été directement et profondément affectée mais qui ont déjà les moyens de se prendre en charge; ces personnes ont trouvé un emploi et doivent avant tout retrouver leur place dans la société en général afin que leurs besoins soient pris en considération selon des dispositions et des critères communs.


Les trois pays concernés et la communauté internationale doivent unir leurs efforts pour passer à une nouvelle phase de relèvement et de développement durable et devraient se fixer pour objectif d’oeuvrer en faveur de la normalisation de la situation des personnes et des communautés concernées à moyen et à long terme. Il faut pour cela avoir une appréhension holistique de la solution à apporter aux problèmes d’ordre médical, environnemental et économique auxquels se heurtent les populations touchées et des moyens à leur donner pour qu’elles puissent mieux contrôler leur avenir.


Selon les experts, cette transition aurait dû se faire il y a longtemps et ne constitue pas une « solution de rechange ». Compte tenu des budgets actuels, il s’agit vraiment de la seule autre solution face à la défaillance progressive des efforts de relèvement, à l’hémorragie des maigres ressources disponibles et à la détresse persistante des populations qui sont au coeur du problème.


Pour de plus amples informations, veuillez contacter David A. Chikvaidze (OCHA) au (212) 963-9665; Erin Trowbridge (PNUD) au (212) 906-5344; ou Alfred Ironside (UNICEF) au (212) 326-7261.


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