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CS/2415

LE CHEF DE LA MISSION DE L’ONU EN ANGOLA APPELLE LE CONSEIL A GARANTIR LE CARACTERE IRREVERSIBLE DE LA PAIX DANS CE PAYS

17/12/02
Communiqué de presse
CS/2415


Conseil de sécurité                                                  CS/2415

4671e séance – après-midi                                                  17 décembre 2002


LE CHEF DE LA MISSION DE L’ONU EN ANGOLA APPELLE LE CONSEIL A GARANTIR

LE CARACTERE IRREVERSIBLE DE LA PAIX DANS CE PAYS


Le Conseil de sécurité a tenu, cet après-midi, une réunion d’information sur la situation en Angola qui lui a permis d’entendre l’évaluation du Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Angola, Chef de la Mission des Nations Unies en Angola (MINUA) et Président de la Commission sur le règlement des questions en suspens du Protocole de Lusaka, Ibrahim Gambari.  Ce dernier, qui assume également les fonctions de Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Angola, a cité les priorités qu’il a établies depuis son arrivée à Luanda, le 14 septembre dernier, à savoir la réactivation de la Commission mixte chargée de vérifier la mise en oeuvre des questions en suspens du Protocole de Lusaka, la mise en place de la MINUA comme mission intégrée et coordonnée; la sensibilisation de l’opinion publique nationale et internationale à la situation humanitaire en Angola; et la contribution de la Mission à l’organisation de la conférence internationale des donateurs, qui devrait se tenir à Bruxelles au premier trimestre 2003.


Le Représentant spécial a rappelé que le Gouvernement angolais a sollicité les Nations Unies pour l’aider dans ses efforts visant à convoquer cette conférence.  Il a été convenu, a indiqué Ibrahim Gambari, qu’un préalable au succès d’une telle conférence est la nécessité pour le Gouvernement angolais de répondre aux préoccupations de la communauté des donateurs concernant la répartition des ressources nationales.  Le Représentant spécial a, par ailleurs, indiqué, que l’appel consolidé à des contributions lancé récemment pour 2003 et qui sera vraisemblablement le dernier pour l’Angola, vise à collecter quelque 384 millions de dollars.


Le Chef de la MINUA a commencé son exposé en annonçant que depuis le début de son mandat, il y a quatre mois, la Mission a initié avec succès des activités dans presque tous les domaines couverts par son mandat, y compris la finalisation du travail de la Commission mixte, composée du Gouvernement angolais, de l’UNITA et des observateurs de la Troïka – Etats-Unis, Fédération de Russie et Portugal - et chargée de surveiller la mise en oeuvre des questions en suspens du Protocole de Lusaka, conformément au Mémorandum d’accord du 4 août 2002.  Parmi les activités réussies, M. Gambari a aussi cité la participation de la Mission en tant qu’observateur à la Commission militaire, et les actions concernant les droits de l’homme.  Pour ce qui est de cette dernière question, M. Gambari a indiqué que le Gouvernement angolais a confirmé l’importance qu’il y attache, en particulier en ce qui concerne le renforcement des capacités.  Ainsi, avec la collaboration du Gouvernement, la


Division des droits de l’homme de la MINUA est en train d’élargir son champ d’activités à toutes les provinces.  La composante démobilisation, désarmement et réinsertion (DDR) de la Mission a également été mise en place et son chef a présidé le sous-groupe de la démobilisation et de la réintégration de la Commission mixte sur la réinsertion sociale des anciens combattants.  Par le biais des institutions des Nations Unies, la MINUA coordonne aussi l’assistance humanitaire, y compris la mobilisation des ressources et la fourniture de produits essentiels tels que la nourriture et les médicaments.


Faisant ensuite part des priorités qu’il a établies depuis son arrivée à Luanda le 14 septembre dernier, Ibrahim Gambari a évoqué la réactivation de la Commission mixte; la mise en place de la MINUA en tant que mission intégrée et coordonnée aux deux piliers, à savoir d’une part, les aspects politiques, militaires, de DDR et des droits de l’homme, et d’autre part, les aspects humanitaires et le développement.  La Mission a en outre déployé tous les efforts pour faire revenir les institutions humanitaires des Nations Unies et pour contribuer à la mobilisation des ressources du Gouvernement angolais et de la communauté internationale.  La Mission a aussi aidé le Gouvernement angolais à organiser la conférence internationale des donateurs pour les besoins de reconstruction à moyen et à long terme.


S’attardant sur les activités de la Commission mixte, le Représentant spécial a indiqué que son travail a commencé le 26 septembre pour s’achever le 20 novembre 2002, soit huit ans après la signature du Protocole de Lusaka.  A ce propos, il a attiré l’attention sur les questions non résolues que sont la fourniture par le Gouvernement et l’UNITA d’informations sur l’emplacement des mines antipersonnel et d’autres explosifs; la vérification de la neutralité de la police nationale et le désarmement de tous les civils; les garanties sur les libertés fondamentales et les droits de l’homme dans le cadre du processus de réconciliation nationale; et la mise en oeuvre de la décentralisation et des programmes de déconcentration administrative. 

M. Gambari a néanmoins signalé que le Gouvernement et l’UNITA sont convenus de traiter des tâches à moyen terme et à long terme par le biais d’un mécanisme bilatéral.  Depuis lors, le politburo du MPLA et la Commission politique de l’UNITA ont tenu des réunions du 2 au 5 décembre pour discuter de ces questions, y compris la révision de la Constitution comme préalable aux élections nationales.


M. Gambari a indiqué que la levée des sanctions à l’encontre de l’Angola a été bien accueillie par l’UNITA et le Gouvernement qui ont décrit ce développement comme une nouvelle étape sur la voie de la réconciliation nationale en Angola.  La situation humanitaire en Angola demeure très difficile mais des progrès notoires ont été réalisés.  Depuis le mois de juin dernier, le volume de l’aide fournie a plus que doublé et plus d’un million d’Angolais en ont bénéficié.  Il est toutefois nécessaire de poursuivre ces efforts au moment même où le processus de réintégration des anciens combattants, des personnes déplacées et des réfugiés dans les pays voisins sont en cours.  La communauté humanitaire s’apprête à passer de l’aide humanitaire d’urgence à des activités de reconstruction et pour cela elle devra bénéficier d’une aide financière et matérielle ainsi que logistique. 


Il est juste de dire que d’énormes progrès ont été réalisés dans le cadre du processus de paix mais que beaucoup reste à accomplir.  Le mois prochain, l’Angola siègera au Conseil de sécurité en tant que contributeur important à la paix et la sécurité internationales.  Entre temps, nous devons continuer à soutenir le Gouvernement dans ses efforts de mise en oeuvre des programmes de démobilisation, de désarmement et de réintégration des anciens combattants.  Nous devons également répondre à l’appel du Gouvernement angolais et lui fournir une aide technique en vue des élections nationales prévues en 2004.  Nos efforts doivent également s’intensifier pour répondre aux situations humanitaires, pour édifier les capacités relatives aux droits de l’homme avec un accent particulier sur la situation des enfants, et pour fournir une assistance à l’action antimines.


M. Gambari a rappelé que les Nations Unies sont impliquées dans la promotion de la paix en Angola depuis 1988 et qu’elles ont toujours été un partenaire fidèle du Gouvernement angolais et du peuple angolais dans ses efforts de paix et de réconciliation nationale.  Nous ne devons jamais oublier Alioune Blondin Beye et beaucoup d’autres qui ont perdu la vie au service des Nations Unies.  Le plus bel hommage que nous pourrions leur rendre serait de garantir l’irréversibilité de la paix en Angola et de promettre que plus jamais, le sol de l’Angola ne sera le cercueil de ses fils tombés pendant la guerre civile.


Rapport intérimaire du Secrétaire général sur la Mission des Nations Unies en Angola (S/2002/1353)


Ce rapport fait le point de l'évolution de la situation en Angola depuis le 26 juillet dernier.  Il décrit les activités de la Mission des Nations Unies en Angola (MINUA), qui succède au Bureau des Nations Unies en Angola (BNUA), dans les domaines politiques, militaires et humanitaires et des droits de l'homme, de la protection des enfants et du développement.  Le rapport recense également les difficultés qui continuent de faire obstacle à la consolidation de la paix en Angola. 


Après 27 ans de conflit, il existe enfin de véritables perspectives de paix durable, estime le Secrétaire général.  Le long conflit armé opposant le Gouvernement angolais et l'UNITA a pris fin avec la signature le 4 avril 2002 du Mémorandum d'accord additionnel au Protocole de Lusaka sur la cessation des hostilités et le règlement des questions en suspens du Protocole de Lusaka.  Depuis cette date aucune violation du cessez-le-feu n'a été signalée.  Au cours de la période à examen, l'UNITA a également déployé des efforts menant à la constitution d'un parti politique unifié le 8 octobre tandis que la Commission mixte chargée d'examiner les trois éléments principaux du processus de paix a achevé ses travaux.  Le 2 août, le Gouvernement angolais a déclaré que le désarmement et le démantèlement des forces armées de l'UNITA étaient achevé : 5 007 ex-combattants ont été incorporés dans les forces armées nationales et 40 membres de l'UNITA incorporés dans les forces de police.  Il convient de noter cependant que le Gouvernement a commencé à réinstaller des ex-combattants dans tous les sites de réception dès octobre 2002 sans procéder à des consultations appropriées avec les intéressés.


Les aspects militaires du processus de paix ayant été réglés, le Gouvernement angolais et l'UNITA se sont attelés à l'exécution des tâches politiques en suspens, à savoir entre autres la réconciliation nationale; l’attribution des locaux à l'UNITA et de résidences aux dirigeants du parti; présentation des candidats de l'UNITA à des postes au sein du Gouvernement d'unité et constitution de l'UNITA en parti politique; révision des symboles de la République d'Angola et processus électoral.  La réinstallation précipitée d'ex-combattants a constitué une source de tensions. 


Dans le domaine des droits de l'homme, la Mission des Nations Unies a élaboré une stratégie sur six mois dans le cadre de laquelle des équipes spéciales chargées des droits de l'homme ont été constituées.  La Mission s'est également attachée à renforcer la capacité du Gouvernement à protéger les droits de l'homme; autonomisation et participation des populations locales; suivi du respect des droits de l'homme; mise en place de réseaux de protection des droits de l'homme; programmes de sensibilisation du public aux mécanismes administratifs et juridiques existants.  Les programmes relatifs aux droits de l'homme, qui jusqu'ici ont été financés à titre volontaire par les Etats Membres, exigeront des ressources supplémentaires au fur et à mesure qu'ils prendront de l'importance.


La Mission a veillé à inclure les questions concernant les droits des enfants dans le programme de travail de la Commission mixte et des autres organismes gouvernementaux concernés.  La MINUA a mis en lumière quatre grands domaines nécessitant des mesures d'urgence, à savoir la protection des enfants touchés par la guerre et déplacés du fait des conflits; activités de plaidoyer en faveur de politiques gouvernementales de protection de l'enfance; les programmes de formation dans le domaine des droits de l'enfant; l'aide à la mise en place de mécanisme de coordination et de contrôle concernant les graves violations des droits de l'enfant. 


Le Secrétaire général insiste par ailleurs sur la nécessité de plus en plus urgente de trouver des ressources pour élargir le champ des activités de déminage.  Dans l'ensemble, la situation humanitaire demeure extrêmement difficile mais des progrès notables sont à signaler.  Depuis juin 2002, les opérations humanitaires ont doublé de volume et plus d'un million de personnes ont bénéficié d'une aide.  A la mi-octobre, soit six mois après la fin des hostilités, les Nations Unies fournissaient une aide alimentaire et humanitaire à 1,8 million de personnes, chiffre le plus important jamais atteint.  Toutefois, les taux de malnutrition avaient de nouveau augmenté fin septembre du fait du retour de plus de 700 000 personnes déplacées qui avaient regagné des régions où les services en matière d'alimentation, de santé et d'assainissement faisaient encore défaut.  L'accès à des zones précédemment inaccessibles s'est sensiblement améliorée, les partenaires humanitaires étant en mesure d'accéder à 60% du territoire du pays contre 20% en avril.  Un montant d'environ 384 millions de dollars est nécessaire pour que le système des Nations Unies en Angola puisse continuer à financer et compléter les activités du Gouvernement dans les domaines de la sécurité alimentaire, de la santé publique, de la protection de l'éducation, de l'accès aux populations et de la coordination.  On pense que cette initiative sera le dernier appel d'urgence pour l'Angola.


L'Angola, ajoute le Secrétaire général, doit également s'atteler à l'élaboration d'un plan directeur national complet en matière de développement.  Le Gouvernement est en train d'établir avec l'appui du PNUD une stratégie provisoire de réduction de la pauvreté pour la période 2004-2008.  Une attention particulière doit être accordée au VIH/sida.  Le Secrétaire général note également que certains éléments du Protocole de Lusaka sont encore en suspens.  Il s'agit notamment des questions relatives aux communications de renseignements sur l'emplacement de mines et autres explosifs; du contrôle de la neutralité de la Police nationale angolaise et du désarmement de tous les civils; des garanties relatives aux libertés fondamentales et aux droits de l'homme; et la mise en oeuvre des programmes de décentralisation administrative.  Le désarmement de la population civile demeure essentielle pour l’amélioration des conditions de sécurité et la consolidation de la paix en Angola.  En outre, l’Angola demeure un des pays les plus minés au monde et les activités de déminage doivent absolument s’intensifier dans tout le pays.  La promotion et la protection des droits de l’enfant demandent également d’être appuyées dans tout le pays.


Le peuple angolais ayant encore des difficultés considérables à surmonter, il est donc impératif que les organismes des Nations Unies et la communauté internationale continuent de l’aider à consolider la paix et à reconstruire le pays.  Le Secrétaire général indique son intention de formuler dans son prochain rapport au Conseil de sécurité des recommandations sur le rôle futur de la Mission.


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