CONSEIL DE SECURITE : SATISFECIT AU TIMOR-LESTE ET APPEL AU MAINTIEN DE L’ENGAGEMENT DES DONATEURS EN FAVEUR DE LA MISSION DE L’ONU ET DU GOUVERNEMENT EST-TIMORAIS
Communiqué de presse CS/2394 |
Conseil de sécurité
4646e séance – matin & après-midi
CONSEIL DE SECURITE : SATISFECIT AU TIMOR-LESTE ET APPEL AU MAINTIEN DE L’ENGAGEMENT DES DONATEURS EN FAVEUR DE LA MISSION DE L’ONU ET DU GOUVERNEMENT EST-TIMORAIS
Devenue 191ème Etat Membre de l’ONU, le 27 septembre dernier à la suite de son accession à l’indépendance le 20 mai 2002, la République démocratique du Timor-Leste, sa situation politique et son développement économique ont fait l’objet aujourd’hui d’une réunion du Conseil de sécurité à laquelle a participé, pour la première fois, le Représentant permanent de ce pays. Quelque 28 délégations ont commenté l’évolution positive du Timor-Leste, en particulier le rôle qu’y joue la Mission d’appui des Nations Unies (MANUTO), créée le 20 mai 2002, en remplacement de l’Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental (ATNUTO).
Chef de la Mission d’appui, le Représentant spécial du Secrétaire général, M. Kamalesh Sharma, s’est montré optimiste quant à l’avenir de cette jeune nation “dotée d’un potentiel économique énorme” au regard de ses ressources en pétrole et en gaz et des perspectives tout aussi prometteuses dans les domaines de la pêche, de l’agriculture et du tourisme. Pour consolider les acquis de cet Etat qui, aux yeux des délégations, a accompli des progrès remarquables en l’espace de cinq mois, en particulier, dans les domaines de la démocratisation et des droits de l’homme, le Représentant spécial du Secrétaire général a identifié plusieurs défis que la MANUTO doit relever dans le cadre de ses trois programmes intitulés respectivement “Stabilité, démocratie et justice”, “Sécurité intérieure et maintien de l’ordre” et Sécurité extérieure et contrôle des frontières”. Ces défis, selon le Représentant spécial, sont l’établissement de la règle de droit; la création d’emplois; l’orientation de la jeunesse; le développement; la consolidation de la culture démocratique; la mise en place des capacités institutionnelles; et le renforcement de la capacité d’absorption de l’aide.
La nécessité impérieuse de cette aide et du maintien de l’engagement des donateurs a été soulignée par l’ensemble des délégations dont le Représentant permanent du Timor-Leste. L’édification d’une nation autonome et prospère exige le partenariat du Conseil de sécurité et de la communauté internationale dans son ensemble, a-t-il dit en attirant l’attention sur les ressources humaines, techniques et financières nécessaires à la mise en oeuvre du premier Plan national de développement. A ce titre et dans le souci de préserver la stabilité du pays, de nombreuses délégations ont mis l’accent sur les questions jugées urgentes de la réforme de l’appareil judiciaire et de l’administration pénitentiaire et sur celle des réfugiés au Timor occidental dont le nombre se situe aujourd’hui entre 35 000 et 37 000 personnes.
La question des réfugiés a été liée à celle plus large des relations entre le Timor-Leste et l’Indonésie. Qualifiée de “spéciales et chaleureuses” par le représentant indonésien, ces relations, a-t-il indiqué à l’instar du représentant est-timorais, ont conduit les deux pays à créer une Commission ministérielle conjointe pour la coopération bilatérale. Cette dernière a décidé d’adapter la Commission conjointe des frontières, créée par l’ATNUTO; et de la charger de s’entendre, d’ici au 30 juin 2003, sur un tracé qui servira de base pour la démarcation de la frontière terrestre. La stabilité du climat de sécurité à la ligne de démarcation officieuse dite “ligne de coordination tactique” a été saluée par toutes les délégations qui l’ont attribuée au degré de coopération entre la composante militaire de la MANUTO et les militaires indonésiens.
Outre les membres du Conseil et les orateurs cités, les représentants des pays suivants ont pris la parole : Fidji, Chili, Nouvelle-Zélande, Danemark (au nom de l’Union européenne et des pays associés), République de Corée, Ukraine, Japon, Portugal, Australie, Thaïlande et Inde.
LA SITUATION AU TIMOR-LESTE
Rapport du Secrétaire général sur la Mission d’appui des Nations Unies au Timor oriental (S/2002/1223)
Dans ce rapport, le Secrétaire général fait le point des activités de la Mission d’appui des Nations Unies (MANUTO), créée le 20 mai 2002 pour une période initiale de 12 mois. Il présente particulièrement les progrès réalisés dans la mise en œuvre des trois programmes dont elle est chargée à savoir les programmes “Stabilité, démocratie et justice”, “Sécurité intérieure et maintien de l’ordre”, et “Sécurité extérieure et contrôle des frontières”. Le Secrétaire général fait d’abord part des activités du Gouvernement du Timor-Leste et indique que les institutions nationales ont commencé à assumer la charge de la gestion et de la conduite des affaires.
Ainsi en réponse aux manifestations organisées par divers groupes d’intérêts contre certains aspects de sa politique, le Gouvernement a choisi le dialogue pour faire mieux comprendre les moyens limités dont il dispose. S’agissant des revendications des ex-combattants, le Président Gusmao a institué deux commissions chargées de définir leur rôle dans la résistance et de dégager les moyens appropriés pour le reconnaître.
Sur le plan législatif, le Secrétaire général indique que le Parlement a adopté, le 28 juin 2002, son premier texte qui est un projet de loi sur la publication des actes et a, par la suite, légiféré sur le statut des magistrats, la citoyenneté, les passeports et les frontières maritimes. En matière des droits de l’homme, le Secrétaire général signale la création du Bureau du “Provedor” pour les droits de l’homme et la justice. S’attardant sur la question des relations avec l’Indonésie, le Secrétaire général se félicite, par exemple, que la Commission ministérielle conjointe, créée par le Timor-Leste et l’Indonésie le 2 juillet 2002, ait pris la décision de maintenir la Commission conjointe des frontières qui avait été créée par l’ATNUTO. Cette Commission est chargée de s’entendre d’ici au 30 juin 2003, sur un tracé pour la démarcation de la frontière terrestre. A long terme, ajoute le Secrétaire général, l’établissement de relations étroites entre l’Indonésie et le Timor-Leste sera également favorisé par les poursuites entamées dans les eux pays contre les personnes accusées de crimes graves commis en 1999.
Concernant la mise en œuvre des trois programmes dont est chargée la MANUTO, le Secrétaire général explique que dans le cadre, du Programme “Stabilité, démocratie et justice”, le Groupe d’appui civil cherche à éliminer les carences de l’administration dans des domaines essentiels tels que les finances, l’appareil judiciaire et la gestion des affaires administratives et gouvernementales. Toutefois, prévient le Secrétaire général, cette contribution dépend du recrutement de fonctionnaires timorais, à ces postes clefs, dont certains n’ont pas encore été pourvus.
Il poursuit en indiquant que le fonctionnement de l’appareil judiciaire a souffert d’un manque de clarté concernant la séparation des pouvoirs judiciaires, législatif et exécutif. C’est d’ailleurs ce à qu’a voulu corriger le Parlement en adoptant la loi sur le statut des magistrats. Au titre des obstacles à la mise en place de l’appareil judiciaire, le Secrétaire général cite aussi le manque de ressources. Aussi le Gouvernement, avec l’aide des organismes des Nations Unies, prépare-t-il actuellement un plan pour renforcer le secteur de la justice dont l’ébauche a été présentée à la réunion des donateurs le 12 octobre 2002.
Le Secrétaire général signale encore, s’agissant de la conduite des enquêtes sur les crimes graves commis en 1999, que le plan de gestion actuel contient un calendrier pour les enquêtes du Groupe des crimes graves qui doivent être achevées d’ici au 31 décembre 2002; le Groupe continuerait ensuite à aider les procureurs à mener de compléments d’enquête pendant les procès et à témoigner. Là aussi, le Secrétaire général met l’accent sur le manque de ressources avant de signaler l’entrée dans sa phase opérationnelle, de la Commission réception, vérité et réconciliation, organe autonome créé pour faciliter la réconciliation dans la justice.
Concernant le Programme “Sécurité intérieure et maintien de l’ordre”, le Secrétaire général rappelle que la police des Nations Unies et le Service de police du Timor-Leste assurent le maintien de l’ordre avec une chaîne de commandement unifiée. La passation de pouvoir, ajoute-il, progresse conformément au calendrier prévu en vertu duquel la responsabilité totale du maintien de l’ordre devrait être transférée à ce service en janvier 2004 pour les 13 districts du pays, les unités spécialisées et le quartier général de la police. Le Secrétaire général indique qu’une mission commune à laquelle participeront le Gouvernement, l’ONU et les pays donateurs doit avoir lieu au cours de ce mois pour identifier des partenaires qui pourraient aider à combler le déficit et évaluer la formation et l’appui logistiques nécessaires.
Pour ce qui est du Programme “Sécurité extérieure et contrôle des frontières”, le Secrétaire général note que, de manière générale, la situation a continué à s’améliorer. Il espère ainsi qu’une action soutenue montée contre d’anciennes milices par les forces armées indonésiennes et les efforts déployés par les deux gouvernements pour mettre fin à leurs activités criminelles à la frontière et les priver de la base d’appui qui leur reste devraient permettre à moyen terme d’éliminer la menace qu’elles font peser sur la sécurité du pays. Lorsqu’il prendra effet, ajoute le Secrétaire général, l’engagement de la Commission conjointe de signer l’accord sur la réglementation des marchés aux frontières contribuera encore à renforcer la sécurité.
Toutefois, le climat de stabilité continue à dépendre du règlement du problème des réfugiés. Aujourd’hui 10 000 à 11 000 familles soit 35 000 à 37 000 personnes sont toujours réfugiés au Timor-Ouest dont 5000 familles comprennent des anciens fonctionnaires indonésiens. Le Secrétaire général rappelle qu’un fonds spécial a été créé pour verser à ces fonctionnaires un paiement unique à leur retour au Timor-Leste, à la place d’une pension régulière ou d’une indemnité de licenciement. Toutefois, après une période de plus d’un an, le Fonds n’a reçu qu’une fraction de l’appui qu’il attendait des donateurs et au cours de ce mois, les montants disponibles devraient commencer à être distribués. Pour encourager d’autres à rentrer au Timor-Leste avant la fin de l’année, le Président Gusmao envisage de leur lancer un appel personnel au cours d’une visite qu’il doit effecteur au cours de ce mois.
Grâce à la stabilité de la situation sécuritaire, poursuit le Secrétaire général, la première des quatre phases du plan de réduction de la composante militaire de la MANUTO doit être achevée à la fin du mois de novembre. Les progrès ultérieurs dépendront du maintien de la stabilité, du niveau de développement mais aussi du service des frontières et de la force de défense nationale (Falantil-FDTL) qui, avec l’appui des donateurs, pourrait devenir opérationnel d’ici à juin 2004.
Concluant sur le rôle du système des Nations Unies, le Secrétaire général indique que les politiques économiques et sociales du Gouvernement sont définies par les objectifs du Plan national de développement, le cadre financier à moyen terme et le budget annuel pour 2002-2003, qui ont été présentés aux donateurs à Dili les 14 et 15 mai 2002. Le Plan national de développement met en évidence le lien essentiel entre, d’une part, la remise en état de l’infrastructure, et d’autre part, le développement national. La MANUTO collabore avec les organismes, fonds et programmes du système des Nations Unies, les institutions financières internationales, les partenaires bilatéraux et la société civile pour aider le Gouvernement à progresser dans la réalisation des objectifs du Plan national de développement et faciliter une transition sans heurt au moment où le rôle des Nations Unies s’oriente vers une forme traditionnelle d’assistance au développement.
Déclarations
Présentant le rapport sur la Mission d’appui des Nations Unies au Timor oriental (MANUTO), M. KAMALESH SHARMA, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Timor-Leste, a mis l’accent sur les atouts qui permettront au pays d’assurer son développement durable. Ce pays de 15 000 km2, qui abrite une population de quelque 820 000 habitants, est doté de ressources naturelles importantes propres à garantir son avenir économique. En effet, les champs de pétrole et de gaz, prêts à être exploités, sont une source potentielle de revenus au même titre que les 700 kilomètres de côtes propres pour l’industrie de la pêche. De plus, le sol offre un potentiel agricole important et la configuration même du pays ouvre des perspectives encourageantes en matière de tourisme. Bien que faisant partie des pays les moins avancés (PMA), le Timor-Leste est situé dans un environnement régional dynamique, du point de vue économique. Au titre des avantages, le Représentant spécial a aussi cité la qualité du Gouvernement qui jouit d’un niveau de reconnaissance exceptionnel, sur le plan international. La population du Timor-Leste protège jalousement ses droits et l’augmentation des voix de l’opposition n’est que la conséquence naturelle du processus démocratique, s’est félicité le Représentant spécial.
De l’avis de M. Sharma, les relations du Timor-Leste avec l’Indonésie constituent un des éléments clefs du contexte économique et politique du pays. S’agissant de l’appui des Nations Unies, le Représentant spécial a cité les principaux défis que sont l’état de droit, la création d’emplois, l’orientation de la jeunesse, le développement, la consolidation de la culture démocratique, le renforcement des capacités institutionnelles et le renforcement de la faculté d’absorption de l’aide. En effet, a souligné le Représentant spécial, la Mission de l’appui a pour objectif de permettre au Timor-Leste d’exercer pleinement ses attributs de souveraineté, de stabilité et de prospérité, et d’être capable de sauvegarder ses partenariats avec les institutions extérieures, les gouvernements et la société civile.
En concluant, le Représentant spécial a estimé que le terrorisme ajoute une nouvelle ombre au défi de la sécurité dans la région. L’acte terroriste perpétré à Bali souligne la nécessité de faire preuve de plus de vigilance et de renforcer la capacité du Timor-Leste à faire face à ce défi émergent. Il s’agit donc de mettre en place des mesures de protection et institutionnelles pour réduire la vulnérabilité du pays sans pour autant alarmer sa population ou accroître son insécurité. En la matière, il faut garantir au pays l’assistance des compétences extérieures, a souhaité le Représentant spécial.
M. STEFAN TAFROV (Bulgarie), tout en qualifiant le rapport du Secrétaire général de complet, s’est associé à la déclaration que doit faire le Danemark, au nom de l’Union européenne. Les premiers cinq mois de l’indépendance du Timor-Leste ont montré des signes encourageants. De si bons résultats n’auraient pas été possibles sans les efforts du nouveau Gouvernement et de la communauté internationale. Il a observé un progrès remarquable en ce qui concerne le transfert des pouvoirs des Nations Unies au nouveau Gouvernement et il semble aussi que les délais sont respectés.
Des relations de bon voisinage sont indispensables à l’avenir, a-t-il déclaré et il s’est félicité des efforts que déploient le Timor-Leste et l’Indonésie pour apurer les problèmes en suspens. La délimitation des frontières devra être achevée le plus tôt possible. Le pays a fait preuve de sa volonté d’assurer ses responsabilités en adhérant aux instruments des droits de l’homme. Evoquant les problèmes qui subsistent dans les domaines de la réintégration des anciens combattants et de l’appareil judiciaire, il a loué les efforts en cours pour les résoudre.
M. IYA TIDJANI (Cameroun) a estimé que depuis le 20 mai 2002, le Timor-Leste a fait montre d’un dynamisme extraordinaire tant sur le plan interne qu’en matière de politique extérieure. Avec l’appui de la MANUTO et des donateurs bilatéraux, des progrès ont été accomplis dans le domaine du renforcement des capacités. Le représentant a ainsi rappelé la contribution de son pays en la matière avant de partager les inquiétudes du Représentant spécial s’agissant de la mise en place d’un pouvoir judiciaire compétent et indépendant. Faisant siennes les suggestions du Secrétaire général, le représentant a dit avoir constaté avec plaisir le transfert des capacités à la police civile. Il a salué, dans ce cadre, le travail remarquable de la police civile de la MANUTO qui s’acquitte efficacement de son rôle de conseil et de formation auprès de la police locale. Toujours sur le plan sécuritaire, le représentant a souligné l’évolution positive des choses dont le mérite, selon lui, revient au Gouvernement timorais mais aussi à la composante militaire de la MANUTO et des forces armées indonésiennes.
Il est clair, a-t-il dit, que si ces progrès se consolident, la réduction de la présence militaire des Nations Unies sera terminée dans les temps. Pour conclure, le représentant s’est attardé sur les quatre démarches majeures compte tenu de leur impact présent et futur sur la personnalité politique, juridique et sur le développement du pays. Il a cité l’admission du Timor-Leste à l’ONU, son arrimage au Groupe des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, la normalisation de ses relations avec l’Indonésie et l’Australie, et l’action de la communauté internationale dans la promotion d’un développement endogène et soutenu.
M. ALEXANDER V. KONUZIN (Fédération de Russie) a estimé que les Nations Unies ont accumulé une expérience unique en préparant à l’indépendance puis en fournissant ensuite une aide à un jeune Etat. Ce succès est déjà entré dans l’histoire des Nations Unies. Toutefois, les nouvelles institutions n’ont pas encore de bases solides et c’est la raison pour laquelle la communauté internationale se doit de continuer d’accorder son aide au plus jeune Etat de la planète. Nous prenons note des efforts déployés par la MANUTO et soulignons à l’intention des donateurs la nécessité d’accroître cette aide. Jusqu’au transfert complet des responsabilités au Gouvernement du Timor-Leste, le personnel de la Mission doit veiller au maintien de la stabilité du pays. Les forces de police nationales de Timor-Leste assument toutefois de plus en plus de responsabilités ce qui a permis de réduire progressivement les effectifs de la composante police civile de la Mission. Les dirigeants du Timor-Leste doivent continuer de travailler pour l’unité et à la mise en œuvre de relations de bon voisinage. L’appui économique est également très important pour la stabilité à long terme
M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) s’est félicité des progrès réalisés au Timor-Leste depuis l’indépendance en saluant particulièrement le rôle de la MANUTO. Il a souscrit à la démarche prescrite par le Représentant spécial en reconnaissant les énormes défis qui restent à relever en particulier dans la lutte contre la pauvreté, la création d’emplois et le renforcement des capacités institutionnelles. En la matière, il a exhorté la MANUTO à pourvoir les postes vacants dans le Groupe d’appui civil qui, selon lui, doit se concentrer sur la formation des Timorais. Le représentant a souhaité en savoir un peu plus sur la manière de prévenir la crise économique qui se profile au Timor-Leste. Il a aussi voulu savoir si la MANUTO envisage une action pour corriger les lacunes de la loi sur le statut des magistrats qui ne garantit pas, de manière suffisante, leur indépendance. Il a aussi évoqué la question plus large du système judiciaire pour demander si le Représentant spécial a des suggestions sur ce qui doit être fait à propos des cas de crimes graves qui ne relèvent pas du plan d’exécution pertinent. Il a conclu sur la nécessité de renforcer la capacité du Service de police afin qu’il soit en mesure de maintenir l’ordre après le départ de la MANUTO.
M. RICHARD S. WILLIAMSON (Etats-Unis) a dit apprécier les progrès réalisés au cours des six premiers mois de fonctionnement de la MANUTO. Le fonctionnement du système de justice a une importance capitale pour la stabilité et le bon fonctionnement de l’Etat. Nous sommes, à cet égard, préoccupés par les lacunes que fait ressortir le rapport du Secrétaire général et nous souhaitons que le Gouvernement aborde sérieusement ces questions avec la MANUTO. Le représentant a fait part de sa satisfaction quant au fait que le processus de réduction des forces de la mission était en cours tout en soulignant que les questions liées à la sécurité montraient la nécessité de procéder régulièrement à une évaluation des plans. Un tel programme d’évaluation au Timor-Leste est devenu un modèle pour les autres activités connexes du système des Nations Unies.
Les progrès étant nombreux, de nombreuses leçons doivent être tirées de l’expérience des Nations Unies au Timor-Leste. Les efforts du peuple timorais et de leurs dirigeants doivent être reconnus. L’unité de la communauté internationale et le mandat clair de l’ATNUTO puis de la MANUTO ont également constitué un autre facteur de succès. Dès les premières phases
de déploiement de ces missions, les groupes armés avaient été neutralisés. Il est vrai que la petite taille du territoire a facilité la tâche de la communauté internationale. Si la combinaison de facteurs est unique, de nombreuses leçons doivent être tirées et appliquées dans le cadre d’autres situations de maintien de la paix.
M. FAYSSAL MEKDAD (République arabe syrienne) a souligné les problèmes de financement auquel est confronté aujourd’hui le Timor-Leste. Il a lancé un appel aux donateurs pour qu’ils contribuent substantiellement à cette phase essentielle de reconstruction et de développement. Souscrivant aux suggestions du Représentant spécial, M. Mekdad s’est dit, par ailleurs, inquiet de la lenteur du retour des réfugiés depuis le mois de juin. Il s’est félicité, dans ce cadre, du climat général de sécurité qu’il a attribué à la composante militaire de la MANUTO et à sa coopération avec les forces indonésiennes au Timor occidental. Toujours dans ce cadre, le représentant a encouragé les progrès concernant la démarcation des frontières qui seule permettra à la MANUTO de quitter le pays dans les temps voulus.
M. BIJAYEDUTH GOKOOL (Maurice) s’est réjoui que le Gouvernement de Timor-Leste ait commencé à assurer le fonctionnement de l’administration. Il a également pris note des progrès réalisés permettant de promouvoir une démocratie sur des bases larges. Une telle démocratie doit bénéficier de l’institutionnalisation de la protection des droits de l’homme. Nous sommes également satisfaits de constater que la Commission réception, vérité et réconciliation a commencé sa phase opérationnelle. Il faut faire davantage pour encourager la réconciliation à long terme des Timorais. Le ferme engagement du Conseil de sécurité et de la communauté internationale a contribué à un tel succès et le Conseil doit désormais continuer à soutenir le pays pour promouvoir son indépendance économique et politique. Les défis identifiés dans les paragraphes 12 et 13 du rapport du Secrétaire général, à savoir les lacunes dans l’administration publique, doivent être relevés rapidement. Le soutien de la communauté des donateurs est essentiel pour assurer la stabilité à long terme du pays. Nous sommes également satisfaits du fait que 2 500 policiers timorais ont déjà été déployés. Le problème des réfugiés et leur retour du Timor occidental doit bénéficier d’un degré élevé de priorité. Le processus de réconciliation sera d’autant plus solide si les réfugiés rentrent tous chez eux. Pour cela, il faudra leur offrir les infrastructures nécessaires à leur retour. La création de la Commission conjointe entre le Timor-Leste et l’Indonésie est par ailleurs un signe de la bonne volonté des deux pays de normaliser leurs relations.
M. MICHEL DUCLOS (France) s’est déclaré satisfait du travail accompli par la Mission d’appui des Nations Unies au Timor oriental chargée de trois tâches qui sont largement sur le point d’être assumées comme en témoignent les progrès dans la passation des pouvoirs en matière de police, la mise en place d’une force de défense, et dans la consolidation de l’administration. S’agissant de cette dernière tâche, le représentant a néanmoins estimé que les perspectives sont moins claires en particulier en ce qui concerne les carences de l’appareil judiciaire et de l’administration pénitentiaire. A court terme, a-t-il dit, il faudra déployer de nouveaux efforts pour terminer
le recrutement de fonctionnaires timorais. De manière plus générale, il est important d’encourager le pluralisme politique, a ajouté le représentant. Au-delà de l’action de la MANUTO, a-t-il poursuivi, la stabilité et la prospérité du pays paraissent conditionnées par trois facteurs dont le premier est la reconstruction et le développement économique.
La mobilisation internationale doit donc continuer à se déployer, a souligné le représentant avant de citer comme deuxième facteur, l’appareil judiciaire. Sur ce point, il a appelé à plus de cohérence entre Dili et Djakarta dans les décisions concernant les crimes graves. Le représentant a voulu que la justice dans les deux pays joue un rôle responsable pour une réconciliation totale et durable. Enfin citant le troisième facteur, le représentant a jugé essentiel l’établissement des relations entre le Timor-Leste et l’Indonésie. A ce propos, il a voulu en savoir plus sur la question des indemnisations et des droits sur les actifs. La Commission conjointe s’est-elle penchée sur cette question?. L’option zéro progresse-t-elle dans les esprits?. Et qu’en est-il de la question du tracé des frontières terrestres et maritimes, a encore demandé le représentant.
M. MAMADY TRAORE (République de Guinée) a salué les efforts en vue du bon fonctionnement des institutions nationales timoraises et pour la promotion d’une démocratie participative; il s’est réjoui de l’admission du Timor-Leste à la Banque mondiale, à la Banque asiatique et à la Communauté des pays lusophones. L’élaboration d’un cadre réglementaire et technique pour la mise en valeur des ressources naturelles constitue le prélude à la solution des problèmes socioéconomiques du pays, a-t-il estimé. Le représentant a noté que le Programme I sur la stabilité, la démocratie et la justice, enregistre des insuffisances techniques. En ce qui concerne le Programme sur la sécurité intérieure et le maintien de l’ordre, il a appuyé la poursuite du programme de formation, en vue d’assurer la passation de pouvoirs entre la Police des Nations Unies et celle du Timor-Leste. D’autre part, à son avis, le règlement de la question des réfugiés est plus que jamais indispensable pour maintenir un climat de stabilité. Enfin, le représentant, s’est félicité du lancement du plan national de développement du Timor-Leste et a exhorté les différents partenaires à l’appuyer davantage.
Mme MARIA ANGELICA ARCE DE JEANNET (Mexique) s’est particulièrement félicitée des relations entre le Timor-Leste et l’Indonésie, en particulier en ce qui concerne leur décision sur le tracé des frontières terrestres et maritimes. La représentante a ensuite soulevé la question des réfugiés qui risquent de perdre leur statut d’ici à la fin de l’année. Elle a donc jugé urgent d’encourager les programmes d’aide du Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) pour assurer le rapatriement des réfugiés timorais, en saluant en particulier la coopération entre le HCR et l’Organisation internationale des migrations (OIM). La représentante a aussi appuyé les travaux concernant les enquêtes sur les crimes graves ainsi que ceux de la Commission, réception, vérité et réconciliation. La représentante s’est encore félicitée des initiatives en matière des droits de l’homme avant de conclure sur la question essentielle de l’appui de la communauté internationale pour ce qui est de la consolidation du système judiciaire, des forces de défense et du service de police. Elle a enfin salué le plan de développement et a appelé, une nouvelle fois, la communauté internationale à le soutenir.
M. OLE PETER KOLBY (Norvège) s’est félicité des développements positifs au Timor-Leste dont fait état le rapport initial sur la MANUTO. Il a estimé que la voie du dialogue que le Gouvernement timorais a adoptée dans ses relations avec divers groupes d'intérêts qui ont des opinions politiques différentes des siennes, témoigne d'une maturité et d'un engagement véritable en faveur du pluralisme. Les progrès réalisés dans les relations bilatérales entre le Timor-Leste et l'Indonésie sont également un facteur de satisfaction pour la Norvège, dans la mesure où elles font preuve du souhait de résoudre conjointement les questions représentant un intérêt commun. M. Kolby a fait sien l'avis du Secrétaire général selon lequel toute stabilité à long terme au Timor-Leste passe par une solution durable au problème des réfugiés. A ce sujet, il a émis l’espoir que l'appel récent lancé par le Président Gusmao invitant les réfugiés à rentrer chez eux encouragera ces derniers au retour. La Norvège a pris note des préoccupations du Haut Commissaire aux droits de l'homme concernant les jugements rendus en août dernier par le Tribunal spécial indonésien, et demande instamment à l'Indonésie de régler ce problème avec prudence. En outre, la Norvège appuie et encourage le Gouvernement du Timor-Leste dans ses efforts pour mettre en place un appareil judiciaire opérationnel et conforme au principe de la primauté du droit. En conclusion, M. Kolby s’est dit satisfait par le fait que la MANUTO progresse conformément au calendrier arrêté par le Conseil de sécurité et a réaffirmé l'appui que continuera à apporter le Gouvernement norvégien au Timor-Leste.
M. KISHORE MAHBUBANI (Singapour) a convenu que le succès des Nations Unies au Timor oriental constitue un exemple réussi de gestion de crise que l’on pourrait appliquer à d’autres régions où les Nations Unies sont présentes. Un autre point fort est que ce pays est relativement indépendant et il pourra tirer la leçon des erreurs commises il y a dix ou vingt ans. Nous nous trouvons à un stade qui est marqué par le transfert progressif des responsabilités de la MANUTO au Gouvernement du Timor-Leste. Ce processus ne doit pas se faire trop rapidement au risque de remettre en question les progrès accomplis. Il faut surtout veiller à assurer un équilibre juste et stable. Les défis sont encore nombreux : il faut renforcer les institutions qui sont encore très fragiles, garantir l’indépendance du système judiciaire afin d’éviter que les enquêtes sur les crimes ne soient limitées et, par conséquent, d’affaiblir le processus de réconciliation nationale; délimiter les frontières et renforcer les capacités civiles du pays. La délégation de Singapour, à l’instar de celle des Etats-Unis, estime qu’il est nécessaire de procéder à une évaluation régulière de la situation, peut-être par le biais de la mise en œuvre d’indicateurs de résultats comme c’est le cas pour la Mission des Nations Unies au Kosovo.
M. GERARD CORR (Irlande) s’est félicité de ce que le processus de construction nationale aille bon train au Timor-Leste; il a salué le Gouvernement du Timor-Leste pour avoir mis l’accent sur la reconstruction des infrastructures après la destruction de 1999 et pour avoir élaboré un Plan de développement national qui reflète un équilibre entre les besoins économiques et sociaux du pays. Par ailleurs, le rejet de la peine de mort est un exemple admirable de la voie qu’entend emprunter le Timor-Leste en matière de protection des droits de l’homme. Mais, a poursuivi le représentant, le Timor-Leste reste sans conteste un pays extrêmement pauvre, comme en atteste le fait que seulement 23% des revenus budgétisés sont générés localement. Il n’est pas surprenant que la justice pâtisse de cette situation; nous ne pouvons pas espérer qu’un pays avec une longue histoire coloniale, qui a enduré des situations de grande violence avant l’indépendance, produise dans l’espace d’une nuit un secteur judiciaire opérationnel. L’Irlande encourage la communauté internationale à coopérer avec le Gouvernement pour faire face à ces besoins les plus urgents. Rappelant enfin que dans la résolution 1410 (2002), l’essentiel de l’effort de la MANUTO est concentré sur le renforcement des institutions, le représentant a fait observer qu’au Timor-Leste 80% de la population est rurale et que par conséquent, l’accent devrait aussi être placé sur les institutions et les structures de gouvernement locales.
M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) a rappelé qu’il y a déjà cinq mois que le Timor-Leste est devenu indépendant. Le nouveau Gouvernement a encouragé une démocratie participative et sans exclusive. Toutefois, un certain secteur de la population est mécontent, ce qui montre que ce nouveau pays a encore du chemin à parcourir. La capacité technique insuffisante de l’administration publique est un obstacle à la stabilité des institutions tandis que le système judiciaire en est l’élément le plus faible. Nous sommes également préoccupés par l’émergence de crimes graves qui pourraient de ne pas faire l’objet d’enquêtes. Il est important que la Commission, réception, vérité et réconciliation poursuive son travail car il ne saurait y avoir de réconciliation sans justice. La situation sécuritaire est normale mais nous sommes toutefois préoccupés par la question du terrorisme qui, avec l’attentat de Bali notamment, semble avoir choisi la scène régionale.
Les forces de police civile de la MANUTO ont diminué d’un tiers mais la mission conjointe d’évaluation qui aura lieu bientôt devrait s’assurer du niveau de formation et de logistique nécessaires et identifier les priorités en matière de ressources. Pour ce qui est du programme de surveillance des frontières, il existe encore des risques de terrorisme. Le retour des réfugiés du Timor occidental vers le Timor-Leste a diminué alors qu’il avait atteint son niveau le plus élevé l’été dernier. Le processus du retour des réfugiés devra prendre fin à court terme, a fait remarquer le représentant. Il faut également que les effectifs de la composante militaire de la MANUTO soient réduits à la date prévue et mettre en place la force de défense nationale et les services frontaliers. De l’avis de la délégation colombienne, la situation a évolué dans le cadre des calendriers prévus.
M. ZHANG YISHAN (Chine) s’est félicité des efforts déployés par le Gouvernement du Timor-Leste en saluant, dans ce cadre, les relations de bon voisinage établies avec l’Indonésie. Prenant note du travail considérable accompli par la MANUTO, le représentant a dit l’intention de son pays de continuer à soutenir ses initiatives. L’appui de la communauté internationale, a-t-il insisté, a une importance capitale pour les différents aspects du développement au Timor-Leste au moment où le rôle des Nations Unies passe peu à peu à une forme d’assistance au développement plus traditionnelle. En matière de stabilité, le représentant a souligné la nécessité de régler la question des réfugiés en appelant à un renforcement de la coopération entre le Timor-Leste et l’Indonésie.
M. JOSE LUIS GUTERRES (Timor-Leste) a indiqué que son Gouvernement et le peuple du Timor-Leste sont prêts à relever les nombreux défis qui se posent dans le respect des principes des Nations Unies, à savoir la démocratie, la transparence, le respect des droits de l’homme et la primauté du droit. En même temps, nous vous demandons de faire preuve de compréhension à notre égard. Le Timor-Leste est un pays jeune qui n’a pas encore achevé le processus de transition faisant de lui un membre de la communauté internationale. La création des capacités institutionnelles et humaines ainsi que des infrastructures prend du temps. L’édification d’une nation autonome et prospère exigera votre partenariat et votre soutien continus ainsi que celui de la communauté internationale dans son ensemble.
La réduction de la pauvreté, l’éducation, la santé, le développement des infrastructures et de l’économie, la création des capacités institutionnelles demeurent les priorités identifiées dans le premier Plan de développement national. Le financement des 91 postes, comme le demande le Secrétaire général, pour soutenir les efforts du Timor–Leste dans les domaines du développement et de la réduction de la pauvreté est critique pour la viabilité et la stabilité politique à long terme du pays. Nous avons besoin de personnel qui dispose de l’expertise et du savoir-faire permettant de mettre en œuvre les objectifs de ce Plan. Nos fonctionnaires et avocats doivent encore apprendre d’où la nécessité de mettre en place des capacités nationales de formation. La création d’institutions judiciaires exige également les efforts soutenus de la communauté internationale.
Le représentant a fait état des développements politiques positifs accomplis récemment comme l’adoption des premiers textes de loi, la constitution du Parlement et la poursuite du retour des réfugiés. Récemment, le Président Gusmao s’est rendu au Timor occidental pour encourager les réfugiés à regagner leurs foyers. Le processus de réconciliation entre Timorais aidera également à améliorer les relations du pays avec l’Indonésie. Cette dernière question est une priorité pour notre Gouvernement comme l’a montré la première visite officielle que le Président a effectuée en Indonésie. Il a été accueilli chaleureusement par la Présidente Megawati Sukarnoputri. De plus, une réunion de haut niveau organisée récemment a permis la création d’une Commission pour la coopération bilatérale entre les deux pays. Par ailleurs, les négociations avec l’Australie au sujet de l’exploitation du pétrole dans la mer du Timor sont bien engagées.
Au niveau régional, le Timor-Leste a soutenu l’initiative indonésienne visant l’établissement d’un forum du sud-ouest du Pacifique qui comprendrait l’Australie, l’Indonésie, la Nouvelle-Zélande, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les Philippines et le Timor-Leste. Le Timor–Leste a également été invité à participer aux réunions de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) et à celles du Forum des îles du Pacifique. Au plan international, le Timor-Leste a établi des relations diplomatiques avec plusieurs pays et il a ouvert un certain nombre de missions diplomatiques. Nous avons ratifié le Statut de la Cour pénale internationale et avons accéléré la procédure de ratification d’autres instruments des droits de l’homme. Nous sommes également déterminés à lutter contre le terrorisme. Malheureusement, les
forces de police et de défense sont encore au stade de formation et la présence des forces de police internationales demeure nécessaire. Un retrait prématuré des forces de police de la Mission affaiblirait les progrès enregistrés. C’est pourquoi, nous vous demandons instamment d’adhérer aux objectifs fixés par le Conseil en mai 2002.
M. AMRAIYA NAIDU (Fidji) s’est félicité, au nom du Forum des îles du Pacifique, des développements positifs survenus depuis l’indépendance du Timor-Leste. Cependant, la fragilité des institutions naissantes dans les domaines de la justice, de la sécurité intérieure et extérieure, du contrôle des frontières et du développement, constituent encore des défis à relever, a estimé le représentant. En outre, comme il était attendu, le premier Rapport sur le développement humain confirme que, du fait de la pauvreté, de l’illettrisme et de la faible espérance de vie, le Timor-Leste demeure la nation d’Asie la plus pauvre sur le plan financier et du développement humain. Nous saluons les efforts faits par le Gouvernement du Timor-Leste pour se doter d’institutions nationales et pour participer à l’activité des grandes organisations internationales. Nous reconnaissons l’importance de la mise en place des rouages de l’administration publique pour une bonne gouvernance et nous nous félicitons, de ce point de vue, du recrutement de conseillers en « stabilité et développement ». De même, notre groupe note avec satisfaction les efforts réalisés par le Timor-Leste en matière de droits de l’homme, de sécurité ainsi que sur la question des femmes et du sida.
M. GABRIEL VALDES (Chili) a dit suivre avec attention les premiers pas du Timor-Leste en tant que jeune nation indépendante. Il a ainsi apprécié les engagements pris par la communauté internationale à son égard, en particulier, le travail réalisé par la MANUTO. Il a estimé que la priorité doit être de corriger les lacunes de l’appareil judiciaire et de l’administration pénitentiaire. Il a aussi souligné l’importance, pour la stabilité du pays, de la Commission Réception, vérité et réconciliation. Sur le plan extérieur, il a dit partager l’inquiétude générale devant les menaces de terrorisme qui pèsent sur la région. Il a donc appelé à des mesures renforcées pour assurer la sécurité du peuple timorais et du personnel des Nations Unies. Revenant à la question de la stabilité, il a souligné l’importance qu’il y a à trouver une solution au problème des réfugiés. A cet égard, le représentant s’est montré encouragé par la qualité des relations entre le Timor-Leste et l’Indonésie. De manière générale, il a jugé essentiel que la communauté des donateurs continue de fournir une assistance substantielle au pays.
M. DON MACKAY (Nouvelle-Zélande) a estimé que cette évaluation de la situation à laquelle se livre le Conseil de sécurité vient à point nommé, compte tenu du fait que la Nouvelle-Zélande a retiré son bataillon et son détachement aérien il y a une semaine, conformément au calendrier établi par le Conseil de sécurité. La Nouvelle-Zélande réaffirme son engagement à contribuer à l’édification du Timor-Leste. Elle continuera de fournir une aide au développement en mettant l’accent sur le développement des ressources naturelles, le développement des communautés, de l’éducation de base et de la création de capacités nationales.
Le représentant a ajouté que les réserves de gaz et de pétrole en Mer du Timor commenceront à générer des revenus dans 2 à 4 ans après la ratification du traité sur la Mer du Timor. Nous félicitons le Timor-Leste pour les efforts qu’il déploie en vue de promouvoir une planification et une gestion saine de ces revenus. La prospérité future du Timor-Leste dépend aussi bien de la force de ses relations bilatérales que de ses relations avec la région dans son ensemble. La délégation néo-zélandaise se réjouit de la formation de la Commission conjointe pour la coopération bilatérale entre le Timor-Leste et l’Indonésie qui a récemment fait état d’initiatives relatives à la démarcation de la frontière. Il est encourageant de constater que d’autres pays de la région ont accru leur coopération avec le Timor-Leste dans de nombreux domaines, ce qui est un signe positif de l’intégration régionale de ce nouveau pays.
Préoccupée également par la faiblesse du secteur judiciaire qui manque de ressources financières et humaines, la Nouvelle-Zélande appuie les recommandations du Secrétaire général visant à accorder une attention prioritaire à cette question. Nous avions soutenu dès 2000 la création d’un service pénitentiaire et continuerons à travailler avec le Gouvernement de Timor-Leste, les Nations Unies et les autres donateurs pour renforcer et développer les capacités de gestion des services correctionnels, conformément aux normes internationales en vigueur. La primauté du droit est de la plus grande importance tout comme l’est le processus de réconciliation nationale mené par la Commission réception, vérité et réconciliation. Nous soutenons pleinement l’aide que les Nations Unies apportent au Groupe des crimes graves ainsi que la mise en place en cours de tribunaux spéciaux à Djakarta, a indiqué le représentant tout en rappelant que sa délégation était préoccupée par les premiers jugements rendus. Pour être crédible, ce processus doit être vigoureux.
Mme ELLEN MARGRETH (Danemark) a déclaré, au nom de l’Union européenne et des pays associés, que les Timorais avaient fait preuve d’une grande maturité politique en optant pour la démocratie et l’établissement de relations saines avec les pays de la région comme seule voie viable menant à la paix et à la sécurité. Nous soutenons les efforts déployés par le nouveau Gouvernement pour renforcer les nouvelles institutions encore fragiles ainsi que ceux visant à promouvoir la primauté du droit tout en bâtissant une nouvelle nation. Nous soutenons la décision du Gouvernement de rejeter la peine de mort. Nous accueillons également favorablement les nouveaux développements intervenus dans les relations entre le Timor-Leste et l’Indonésie qui se sont matérialisés par des décisions relatives à la démarcation de la frontière. Cette coopération est essentielle à la comparution en justice des auteurs de crimes graves commis en 1999.
Malgré les progrès réalisés, il reste encore beaucoup à accomplir dans les mois et années à venir. Le Timor-Leste doit encore relever de nombreux défis, cette nouvelle nation étant la plus pauvre de l’Asie du Sud-Est. Il est critique que la communauté internationale maintienne son aide au Timor-Leste. Les Nations Unies ont encore un rôle important à jouer dans l’édification de cette nation. Nous notons avec satisfaction que les opérations de la MANUTO se sont déroulées selon le calendrier prévu. La MANUTO doit rester au Timor-Leste aussi longtemps que cela sera nécessaire
pour qu’elle puisse achever son mandat. La stratégie de réduction des effectifs de la Mission doit être évaluée régulièrement pour garantir que les nouveaux développements sont pris en considération, qu’il s’agisse de la situation sécuritaire interne comme externe. Nous sommes particulièrement préoccupés par les attentats de Bali et par la vulnérabilité de la région dans son ensemble.
M. MOCHAMAD SLAMET HIDAYAT (Indonésie) a rappelé que son pays a développé avant et après l’indépendance du Timor-Leste des relations “spéciales et chaleureuses” avec ce pays. Il s’est ainsi félicité des progrès réalisés par Dili en réaffirmant la volonté de son pays de continuer de coopérer avec la MANUTO. L’amélioration des relations bilatérales a été marquée par la première réunion de la Commission ministérielle conjointe de coopération bilatérale qui a créé cinq groupes de travail. S’agissant de la question “complexe” du tracé de la frontière, le représentant a indiqué que les deux pays ont décidé d’adapter l’ancienne Commission conjointe créée par l’ATNUTO.
Cette Commission devrait finaliser l’accord sur le tracé de la frontière d’ici à juin 2003. L’Indonésie et la MANUTO, a-t-il ajouté, ont déjà mené des missions d’évaluation sur la frontière terrestre. Après s’être félicité de l’adhésion du Timor-Leste aux mécanismes régionaux, le représentant s’est attardé sur la question des réfugiés. Il a dit attendre une solution d’ici à la fin de l’année. En la matière, il a jugé que le décaissement des fonds pour les anciens fonctionnaires indonésiens devrait également accélérer les retours. Il a donc réitéré la nécessité pour la communauté internationale de contribuer, de façon généreuse, à l’appel conjoint. S’agissant de la sécurité, le représentant a manifesté une grande satisfaction au regard des progrès enregistrés. La coopération entre les militaires indonésiens et leurs homologues de la MANUTO sera maintenue, a-t-il assuré. Il a néanmoins estimé que lors de l’élaboration de ses rapports, la Mission d’appui devrait éviter des terminologies et des références qui en reflètent la situation sur le terrain. Si criminels, il y a, ils doivent être appelés criminels, a insisté le représentant avant de conclure sur la nécessité impérieuse pour les donateurs de respecter leurs engagements.
M SUN JOUN-YUNG (République de Corée) a constaté que le rapport du Secrétaire général sur la MANUTO indique que, dans l'ensemble, le Timor-Leste s'est engagé sur la voie d'une nation démocratique et économiquement viable. Son gouvernement attache une grande importance au rôle de la MANUTO qui, d'après le rapport du Secrétaire général, a été en mesure de respecter le calendrier spécifié dans son mandat, notamment pour ce qui est de son retrait progressif sur deux ans du Timor-Leste. En tant que l’un des principaux fournisseurs de troupes à cette mission, la République de Corée s'engage à assumer ses responsabilités jusqu'à ce qu’elle ait rempli son mandat. Elle se félicite de l'intégration harmonieuse du Timor-Leste dans la communauté des nations, notamment du fait que ce pays fait désormais partie des membres d'organisations internationales et régionales comme la Banque mondiale, la Banque de développement asiatique, la Communauté des pays lusophones et qu'il entretient des rapports diplomatiques étroits avec les Etats de la région, et du reste du monde. Pour sa part, la République de Corée y est représentée par un ambassadeur, et est déterminée à promouvoir des relations plus étroites avec cette nouvelle nation à tous les niveaux. Fort du constat du Secrétaire général relatif au fait que, en dépit des progrès réalisés, le Timor-Leste a toujours d'importants défis à relever, notamment en ce qui concerne le pourvoi de postes gouvernementaux par des Timorais, et le renforcement du système judiciaire, M. Joun-yung a fait par de l'intention de son pays de fournir toute l'aide humanitaire et de développement possible en fonction des besoins de cette nouvelle nation, et a invité la communauté internationale à en faire de même.
M. VALERIY KUCHINSKY (Ukraine) a déclaré que l’adoption de la résolution 1410 (2002) qui a créé la MANUTO marque une nouvelle étape dans les relations entre les Nations Unies et le Timor-Leste. Ce nouveau partenariat dans des domaines critiques a déjà montré son efficacité. La MANUTO et les institutions humanitaires des Nations Unies ont aidé le pays, au cours des six derniers mois, à restaurer ses services de base et à atteindre ses objectifs de développement. Un soutien international continu est maintenant nécessaire au renforcement des capacités nationales.
L’administration publique demeure une question sensible dans le cadre de la stratégie d’édification de l’Etat. L’édification des services publics du Timor-Leste constitue l’un des aspects les plus difficiles de la MANUTO dans la mesure notamment où il y a une pénurie de main d’œuvre qualifiée dans tous les domaines d’activité du Gouvernement, en particulier le domaine de la justice. Nous estimons dans ce cadre que les conseillers internationaux devraient poursuivre leur travail de promotion d’une administration autonome et garantir que les capacités nationales mises en place pourront être maintenues par les Timorais eux-mêmes avec un minimum de soutien extérieur. La question du retour des réfugiés est également cruciale et constitue une condition sine qua non à la stabilité du pays. Nous soulignons la nécessité de préserver le statut de réfugiés pour ceux qui pourraient rester, dans certaines circonstances, au Timor occidental après le mois de décembre prochain. Il est également important de traduire en justice les auteurs de crimes graves commis en 1999 et nous demandons instamment au Timor-Leste et à l’Indonésie de coopérer à cette fin.
M. YOSHIYUKI MOTOMURA (Japon) a déclaré qu’aussi longtemps que le peuple timorais continuera à déployer des efforts de cette qualité pour la reconstruction et le développement de son pays et la réconciliation nationale, il sera en droit d’attendre l’assistance de la communauté internationale. Le représentant a ainsi rappelé que le Japon a été le donateur le plus important au Timor-Leste et que compte tenu de son intention de poursuivre ses efforts dans cette voie, il a annoncé une contribution de 60 millions de dollars pour les trois années à venir. Ayant choisi le canal de la coopération bilatérale pour acheminer cette aide, le Japon, a indiqué son représentant, a organisé à Dili, les 5 et 6 novembre, une rencontre avec les organisations internationales et les organisations non gouvernementales pour discuter de son programme d’assistance. Sur la base de ces discussions, le Japon et le Timor-Leste ont, le jour suivant, tenu une consultation sur leur coopération économique.
Le Japon, a poursuivi le représentant, a ainsi pu faire part de son intention de fournir une assistance qui mettrait l’accent sur les domaines du renforcement des capacités humaines, de l’agriculture, des infrastructures et de la consolidation de la paix. En outre, dans le but de renforcer la sécurité humaine, le Japon est en train d’affecter, par le biais du Fonds d’affectation spéciale pour la sécurité humaine, une somme d’environ 5,9 millions de dollars aux domaines de l’agriculture et de la réhabilitation des communautés. Reconnaissant l’importance de la Commission réception, vérité et réconciliation, le Japon, a encore indiqué le représentant, a contribué à son financement à hauteur de 530 000 dollars. En concluant, il a appelé le Secrétaire général à poursuivre la mise en oeuvre du plan de réduction de la MANUTO, en tenant compte de l’évolution de la situation sur le terrain et en consultation étroite avec les pays contributeurs de troupes.
M. RUI FILIPE MONTEIRO BELO MACIEIRA (Portugal) a exprimé son appui aux activités des Nations Unies au Timor-Leste. Il a salué le rapport du Secrétaire général qui, selon lui, présente un tableau précis de la mise en oeuvre des trois programmes de la MANUTO. Il a tout particulièrement noté les efforts du Gouvernement du Timor-Leste pour promouvoir une démocratie sans exclusive et pour répondre aux demandes de tous les nationaux, en mettant progressivement en place le cadre juridique nécessaire et en institutionnalisant la protection des droits de l’homme. Il a jugé qu’il s’agit là de développements importants malgré les difficultés qui continuent à marquer le fonctionnement de l’appareil judiciaire. Attribuant ces difficultés au manque de ressources, le représentant a lancé un appel aux donateurs. Evoquant aussi la rapidité avec laquelle les relations entre le Timor-Leste et l’Indonésie, en particulier, et avec les pays de la région en général ont été établies, le représentant a dit y voir la détermination des dirigeants timorais à surmonter leurs problèmes économiques. La communauté internationale, a-t-il voulu, doit rester attentive aux besoins identifiés dans les domaines couverts par les trois programmes de la MANUTO. Il a poursuivi en soulignant que l’engagement du Portugal en faveur du pays reste au centre des politiques portugaises d’aide au développement.
Le représentant a ainsi rappelé que son pays a décaissé au titre de l’aide bilatérale directe, une somme de 57 millions de dollars en 2000, de 65 millions en 2001 et de 23 millions cette année. Par le canal multilatéral, nous avons annoncé une contribution de50 millions de dollars à la conférence des pays donateurs à Tokyo dont 15 millions ont été déboursés en 2000 et15 millions en avril cette année. 10 millions supplémentaires devraient être décaissés cette année. En mai dernier, nous avons annoncé une contribution supplémentaire de 9 millions de dollars à l’équilibre budgétaire du Timor-Leste. Le représentant a rappelé que l’assistance de son pays s’est aussi matérialisée par la présence de milliers de Portugais qui ont servi dans les deux Missions de l’ONU. Cet engagement, a-t-il affirmé, ne faiblira pas.
M. V.K. NAMBIAR (Inde) a indiqué que l'Inde, qui accorde une grande importance à ses relations avec le Timor-Leste, essaye de contribuer au développement de ce pays en partageant son savoir-faire et en lui offrant des services de formation dans ses domaines de compétences et là où elle entrevoit des complémentarités. M. Nambiar a félicité le Timor-Leste pour son admission aux Nations Unies, ainsi qu'à d'autres organisations internationales comme la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement et pour l'établissement de relations diplomatiques avec un certain nombre de pays. L'Inde accueille particulièrement bien le développement des relations entre le Timor-Leste et l'Indonésie. Par ailleurs, les choix comme ceux de la démocratique participative et de l'institutionnalisation de la défense des droits de l'homme sont autant de facteurs positifs aux yeux de l'Inde. La MANUTO doit jouer un rôle significatif de catalyseur et aider le Timor-Leste à atteindre ses objectifs dans les domaines politique, social et économique. Il s'agit d'une responsabilité majeure qui nécessite tout le soutien de la communauté internationale. Dans ce contexte, le versement des contributions financières dans les délais impartis au budget de la MANUTO permettrait de renforcer considérablement sa capacité à assister le Timor-Leste sur la voie de l'autosuffisance. Par ailleurs, l'Inde invite le Timor-Leste à exploiter ses ressources naturelles, et son potentiel dans les domaines de l'agriculture et du tourisme de manière efficace et respectueuse de l'environnement, ce qui lui permettrait de disposer des ressources nécessaires et de parvenir à l’autosuffisance et à son indépendance économique dans les meilleurs délais. Elle reste préoccupée par le fort taux de chômage de 90% dans le pays et de la dépendance de celui-ci à l’égard de l'aide extérieure. Par ailleurs, l’Inde est d'avis qu'il faut développer conjointement l'appareil judiciaire, le secteur législatif et l'exécutif de manière à donner au pays un équilibre nécessaire à son développement.
M. JOHN DAUTH LVO (Australie) a déclaré que la MANUTO s’était extrêmement bien acquittée de son mandat et qu’elle avait bénéficié, pour ce faire, de l’excellente coopération entre le Timor-Leste et l’Indonésie. Des relations de bon voisinage sont la pierre angulaire de la stabilité de la région. Nous sommes satisfaits de constater les progrès accomplis dans le cadre des négociations sur la démarcation de la frontière ainsi qu’au cours de la première réunion, le mois dernier, de la Commission conjointe entre les deux pays. Nous sommes également satisfaits des progrès réalisés au sujet du retour des réfugiés, question essentielle pour garantir la stabilité à long terme du Timor-Leste et pour déterminer la nature des relations du Timor-Leste avec l’Indonésie. L’établissement de relations diplomatiques avec les pays de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ANASE) et son statut d’observateur au sein du Forum des îles du Pacifique sont de bon augure pour l’avenir.
Le représentant a attiré par ailleurs l’attention sur les risques de terrorisme dans la région, comme l’a montré le récent attentat de Bali. La MANUTO doit, pour sa part, déterminer la manière dont elle peut aider le Timor-Leste à lutter contre ce fléau international. A long terme, les Nations Unies, par le biais de son Comité du contre-terrorisme, devront examiner les moyens de coordonner et de soutenir les efforts de la communauté des donateurs visant à renforcer les capacités nationales du Timor-Leste à lutter contre le terrorisme. A cet égard, la délégation australienne exprime son appréciation quant au professionnalisme et la coopération dont l’Australie bénéficie de la part de la MANUTO et du Gouvernement du Timor-Leste dans la lutte contre le terrorisme. Par ailleurs, l’élaboration d’une capacité de police nationale devrait être l’une des priorités de la MANUTO. Il est également indispensable de développer des contrôles efficaces aux frontières, ce qui contribuera également à lutter contre le terrorisme et les activités transfrontalières. En outre, il faut déployer davantage d’efforts dans le secteur de la justice où le renforcement du professionnalisme et de l’efficacité est nécessaire.
M. CHUCHAI KASEMSARN (Thaïlande) a déclaré que son pays souscrit à l’analyse du Secrétaire général sur le fait que l’engagement de la communauté internationale dans l’effort de consolidation à long terme de la stabilité du Timor Leste était vital. Nous pressons les donateurs d’apporter leurs contributions aux Timorais dans les domaines de l’administration publique, de la justice et des systèmes financiers, ainsi que dans les autres domaines prévus par le Plan de développement national du Timor-Leste, a poursuivi le représentant. Sur le maintien de la paix et de la sécurité, les personnels policiers et militaires timorais ont encore besoin d’être formés. La Thaïlande est prête à participer à l’effort international d’aide au développement du Timor-Leste. C’est dans ce sens que nous avons récemment financé un programme de formation administratif pour un groupe de leaders timorais, et que différentes institutions académiques ont proposé des bourses d’étude et des programmes de formation à des étudiants.
Répondant aux questions et commentaires formulés par les délégations, le Représentant spécial du Secrétaire général, a déclaré que les paroles d’appui et de solidarité représentent un vif encouragement pour tout le personnel de l’ONU. Il s’est aussi félicité des annonces de certains donateurs de maintenir leur engagement à l’égard de Timor-Leste. Venant à ses réponses, le Représentant spécial a d’abord abordé la question de la justice et de l’exercice et de la primauté du droit. La primauté du droit, a-t-il affirmé, est à la base de toutes les activités de la société et du Gouvernement est-timorais. Il a néanmoins appelé le Conseil à se rendre à l’évidence et à reconnaître avec lui les difficultés inhérentes à l’inexpérience des juges et à la faiblesse du système judiciaire.
L’aide de la communauté internationale, a prévenu le Représentant spécial, devra se poursuivre pour renforcer les capacités en la matière bien après la fin du mandat de la MANUTO. La Mission, a-t-il indiqué, s’est adressée au PNUD et à d’autres organisations pour assurer le renforcement du système judiciaire et promouvoir la justice. Dans ce domaine, la Mission entend jouer un rôle de conseiller et de catalyseur. Ainsi, la Mission, en étroite coopération avec le Coordonnateur résident, a préparé un plan d’action à l’intention du Ministère de la justice. Ce plan, a précisé le Représentant spécial, fixe des priorités et les modalités de leur réalisation en même temps qu’il énumère les différents partenaires nécessaires. Ainsi, le 11 octobre, le Ministère de la justice a été en mesure de présenter un plan national aux bailleurs de fond. De plus, pour évaluer les besoins du système pénitentiaire, la Mission a dépêché une équipe d’évaluation qui vient de présenter un rapport des plus instructifs. A l’heure actuelle, a encore annoncé le Représentant spécial, une équipe d’évaluation a été mise sur pied pour les besoins de la police. La Mission n’a pas hésité à faire connaître son sentiment sur le projet de loi relatif au statut des magistrats que le Parlement a adopté, a ajouté le Représentant spécial en répondant ainsi à une autre question.
S’agissant de la question des droits de l’homme et du Bureau du “Provedor” (Médiateur) pour les droits de l’homme et la justice, le Représentant spécial a indiqué que la Mission a essayé de définir au mieux le rôle de ce Provedor. Elle continue, par ailleurs, à travailler à la mise sur pied d’un groupe thématique des droits de l’homme auquel participeront les organismes des Nations Unies. En outre, a encore indiqué le Représentant spécial, le Conseil des Ministres du Timor-Leste vient d’approuver un grand nombre de traités des droits de l’homme qui sont à l’étude au Parlement, en vue d’une ratification lors de la Journée des droits de l’homme, en décembre prochain. Faisant remarquer que le Conseil a recommandé la ratification de la Convention sur les travailleurs migrants, le Représentant spécial a ainsi souligné qu’en devenant le 20ème Etat partie, le Timor-Leste pourrait assurer l’entrée en vigueur de la Convention. Poursuivant sur la question, le Représentant spécial a indiqué qu’aux mois d’août et de septembre, la Mission a organisé des cours sur les droits de l’homme à l’intention d’une unité de la police. Cette unité peut ainsi veiller au bien-être des réfugiés qui rentrent dans leur foyer. Les tensions que provoquent parfois ces retours, a souligné le Représentant spécial, démontrent la nécessité d’un appui continu à la Commission réception, vérité et réconciliation et aux activités liées aux enquêtes sur les crimes graves commis en 1999.
Venant à la question des postes dans les activités liées au développement, il a indiqué que quelque 228 postes sont nécessaires pour les domaines particuliers des services financiers, des services essentiels, du gouvernement et de l’appareil judiciaire. A ce jour, 49 ont été pourvus et 33 autres sont en voie d’être pourvus soit par le PNUD soit par des donateurs bilatéraux. Même si cela se concrétise, a prévenu le Représentant spécial, la mise en oeuvre du programme restera aléatoire. Le processus, a-t-il dit, dépendra totalement de l’énergie avec laquelle les donateurs assumeront les postes après les avoir examinés. Revenant aux questions sur les crimes graves, le Représentant spécial a rappelé que la Mission se limite à mettre à la disposition du Procureur, des enquêteurs, des tribunaux et des avocats de la défense les infrastructures nécessaires. La Mission se garde bien d’être perçue comme s’ingérant dans la procédure pénale. Poursuivant sur ce point, le Représentant spécial a souligné que la question de l’équilibre entre la réconciliation et la justice est un thème qui est souvent au centre des préoccupations de toutes les missions de paix de l’ONU. Répondant à une question plus spécifique sur les besoins en médecine légale, le Représentant spécial a indiqué que compte tenu de l’absence des compétences requise au Timor-Leste, la Mission est obligée de faire appel aux partenaires de la région. Il a expliqué, au sujet des vétérans et l’absence de programme en leur faveur, que le Président a créé deux commissions pour définir le nombre exact des anciens combattants. Le Premier Ministre a rédigé un projet de proposition portant sur l’accès à l’emploi des anciens combattants du Falantil. La délimitation de la frontière est une question étroitement liée au mandat de la MANUTO. Le rapport précédent estimait, au paragraphe 93, que d’ici à juillet 2003 la ligne de démarcation serait délimitée et gérée par une police civile. Je suis heureux de vous informer que les gouvernements de l’Indonésie et du Timor-Leste ont progressé sur ce sujet, la première réunion de la Commission conjointe sur la démarcation de la frontière ayant eu lieu au mois d’octobre dernier et ont convenu de tout faire pour parvenir à un accord avant juin 2003 sur la base des instruments juridiques existants. Après l’accord sur la frontière, le processus de démarcation physique pourrait prendre du temps mais une fois l’accord passé, les menaces que posent les milices seraient moindres.
Sur la question des réfugiés, le Représentant spécial a fait état d’une augmentation importante du nombre de retours en 2002 par rapport à 2001. Depuis le premier septembre, le rythme de retours des réfugiés s’est ralenti. Le rapatriement des réfugiés à Timor-Leste est un succès. Ces retours sont dus à plusieurs facteurs et notamment à la création de la Commission réception, vérité et réconciliation. On s’attend à une augmentation des retours depuis la visite du Président Gusmao au Timor occidental. Les relations avec l’Indonésie se développent de manière positive comme l’a montré la récente visite de la Présidente de l’Indonésie au Timor-Leste. Les deux parties ont convenu de chercher une solution globale à la question des avoirs appartenant aux individus, entités et sociétés. Il a été décidé que cette question et celle de la frontière seraient étudiées de manière distincte. Les questions relevant des affaires maritimes seront confiées à un sous-comité de la Commission conjointe. Le Représentant spécial a par ailleurs précisé qu’il travaille à l’élaboration de critères de référence tout en soulignant la différence qu’il y a entre le mandat de la Mission des Nations Unies au Kosovo et celui de la MANUTO au Timor-Leste.
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