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CS/2385

CONSEIL DE SECURITE : LE REPRESENTANT SPECIAL POUR L’AFGHANISTAN APPELLE LES DIRIGEANTS DU PAYS A ŒUVRER ENSEMBLE POUR UNE VERITABLE RECONCILIATION

30/10/2002
Communiqué de presse
CS/2385


Conseil de sécurité

4638e séance – après-midi


CONSEIL DE SECURITE : LE REPRESENTANT SPECIAL POUR L’AFGHANISTAN APPELLE LES DIRIGEANTS DU PAYS A ŒUVRER ENSEMBLE POUR UNE VERITABLE RECONCILIATION


Examinant l’évolution de la situation en Afghanistan, le Conseil de sécurité a entendu, cet après-midi, un exposé du Représentant spécial du Secrétaire général, M. Lakhdar Brahimi qui a évoqué la précarité de la situation en matière de sécurité; les travaux constitutionnels; les problèmes liés aux droits de l’homme; les préparatifs des élections prévues en 2004; les progrès économiques; l’introduction de la nouvelle monnaie; le financement inadéquat du retour des réfugiés; et l’augmentation de la culture de l’opium.


Le Représentant spécial du Secrétaire général pour Afghanistan a d’abord évoqué la question de la sécurité qui, selon lui, demeure une grande préoccupation pour la population afghane.  Il a fait part de combats sporadiques, en particulier dans le Nord, dans le Sud-Est et dans une moindre mesure, à l’Ouest du pays.  Le Gouvernement, a-t-il reconnu, n’a toujours pas les moyens de traiter des problèmes sous-jacents qui sont à l’origine de ces menaces à la sécurité.  Une nouvelle fois, les dirigeants des factions du Nord ont été appelés à contrôler les responsables des incidents répétés qui sont intervenus durant ces dernières semaines.  Devant cette situation, a poursuivi le Représentant spécial, le Président Karzaï a exprimé sa frustration et celle du peuple afghan dans des termes très forts et a lancé un avertissement sévère aux responsables de l’insécurité persistante dans le pays. 


Pour le Représentant spécial, la solution aux problèmes de sécurité réside dans la mise en place d’une police et d’une armée nationales bien formées, bien équipées et payées régulièrement.  Si les choses évoluent de manière satisfaisante en ce qui concerne la police, il n’en est pas de même pour l’armée, a-t-il indiqué en espérant que la Commission de défense reprendra ses travaux et fournira un plan clair, crédible et réalisable pour la formation de l’armée nationale.  Un tel plan, a estimé le Représentant spécial, doit prévoir la réforme du Ministère de la défense; l’engagement des factions et des dirigeants régionaux à intégrer l’armée nationale; un programme de démobilisation et de réintégration; et l’intégration des programmes de formation fournis par les Etats-Unis et la France dans un programme national de formation, qui doit être élaboré en coopération avec le Ministère de la défense.  Le Représentant spécial a espéré que les ressources financières adéquates seront assurées par les donateurs.


Venant au processus politique et aux commissions nationales, M. Brahimi a indiqué que le projet de Constitution devrait être présenté à la Loya Jirga à la fin de l’année.  La Commission constitutionnelle, a-t-il dit, a commencé son travail avec l’appui de la Mission des Nations Unies.  De plus, le Président Karzaï a annoncé la création, cette semaine, d’une nouvelle commission judiciaire. 


Là encore, M. Brahimi a espéré qu’un financement adéquat sera assuré pour des questions aussi importantes que la réforme judiciaire et le processus constitutionnel.  S’agissant de la situation des droits de l’homme, le Représentant spécial a convenu qu’en dépit de progrès lents, la situation demeure préoccupante à bien des égards, en particulier en ce qui concerne les Pachtounes du Nord.  Il a indiqué que le 17 octobre dernier, le Ministère des réfugiés et du rapatriement, le HCR et la Mission de l’ONU ont convenu de la création d’une Commission du retour pour le Nord afin de surmonter ces problèmes qui, a-t-il prévenu, pourraient avoir un impact négatif sur le processus de paix.  S’agissant des droits des femmes, M. Brahimi a indiqué que la Mission de l’ONU a encouragé la collecte de données qui devrait impliquer le réseau sur la parité entre les sexes, y compris le Ministère des affaires féminines, les autres institutions des Nations Unies et les ONG. 


Evoquant la question des charniers dans le Nord, il s’est prononcé pour une enquête impartiale qui devrait commencer le plus tôt possible.  La Mission de l’ONU s’est entendue avec la Commission afghane des droits de l’homme sur le lancement d’une enquête dans différents sites avec pour objectif immédiat de trouver et de préserver les preuves.  Les sites ont été identifiés et le Bureau du Haut Commissaire aux droits de l’homme est en train de négocier avec des experts en médecine légale sur les aspects techniques de l’enquête.  Malheureusement, ces experts ont fait savoir que les enquêtes ne pourront commencer avant le printemps à cause des conditions météorologiques défavorables durant les mois d’hiver.  Il sera important, en attendant, de faire savoir de manière impartiale que nous avons l’intention de continuer notre action et de désamorcer les tensions nées de l’attention exclusive portée par les médias au site de Dasht-e-Leily. 


Se félicitant de l’intérêt porté par les donateurs à la Commission afghane des droits de l’homme, M. Brahimi a également fait valoir le renforcement de la composante «droits de l’homme» de la Mission de l’ONU.  Poursuivant sur la question des élections prévues pour 2004, il a indiqué que les préparatifs visent la création d’une commission électorale; la détermination des systèmes pour l’identification des électeurs; et l’élaboration d’une loi électorale ainsi que d’autres lois relatives au fonctionnement des partis politiques.


Concernant les secours et la reconstruction, M. Brahimi a indiqué que la réunion du Groupe de mise en oeuvre à Kaboul mi-octobre, avec le Gouvernement, les donateurs, les organisations non gouvernementales et multilatérales a été couronnée de succès.  Le Gouvernement a présenté un projet de budget et de son plan de développement, fruit d’un processus de collaboration interministériel.  Ce projet s’articule autour de trois piliers: capital humain et protection sociale; infrastructures; commerce, investissement, état de droit et sécurité.  La phase suivante consistera à présenter un budget national de développement complet en mars 2003.  Le Gouvernement a reçu suffisamment de fonds pour couvrir son budget opérationnel pour l’exercice en cours.  Une nouvelle monnaie a été introduite, dans le but de revitaliser les systèmes bancaire et financier dans le pays et de mettre fin à l’impression de monnaie par des personnes non habilitées. 


M. Brahimi a recommandé que le Programme d’assistance transitoire à l’Afghanistan, géré par l’Organisation, aligne ses priorités sur celles qui ont été définies dans le cadre du processus budgétaire et reflète les objectifs du budget national de développement.  Il doit en outre apporter une réponse aux


besoins humanitaires dus notamment aux effets de la sécheresse, aux conflits et aux mouvements de population.  M. Brahimi a également indiqué que 2,2 millions de personnes se trouvent dans une situation très vulnérable et auront besoin d’assistance quand l’hiver sera venu.  Dans les zones urbaines, la priorité sera donnée aux personnes déplacées à l’intérieur de leurs frontières, à celles qui reviennent et aux familles vivant dans des conditions d’indigence extrême.  Les Nations Unies ont stocké des vivres et des abris, mais il existe un besoin urgent de ressources additionnelles. 


M. Brahimi a en outre indiqué qu’en ce moment l’Afghanistan n’a pas les moyens nécessaires pour absorber les réfugiés.  Rien que cette année, 1,5 million d’Afghans sont revenus du Pakistan.  Le 22 octobre, l’Afghanistan, le Pakistan et le Haut Commissariat aux réfugiés ont abouti à un accord de principe sur le rapatriement volontaire d’Afghans réfugiés au Pakistan.  Le Gouvernement a par ailleurs élaboré une stratégie anti-drogue; malheureusement, on prévoit une augmentation de la production d’opium cette année et on estime qu’il faudra 10 ans pour éliminer la production, avant que des cultures alternatives puissent être développées.


Dans les 12 derniers mois, l’Afghanistan a effectué des progrès considérables, mais a encore besoin non seulement de l’appui soutenu de la communauté internationales, mais aussi de la résolution de ses dirigeants à travailler ensemble afin de promouvoir la réconciliation nationale.


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