LES ETATS D’AFRIQUE CENTRALE RECLAMENT AU CONSEIL DE SECURITE UN APPUI LOGISTIQUE, TECHNIQUE ET FINANCIER POUR CONSOLIDER LEURS INITIATIVES DE PAIX
Communiqué de presse CS/2378 |
Conseil de sécurité
4630e séance – matin et après-midi
LES ETATS D’AFRIQUE CENTRALE RECLAMENT AU CONSEIL DE SECURITE UN APPUI LOGISTIQUE, TECHNIQUE ET FINANCIER POUR CONSOLIDER LEURS INITIATIVES DE PAIX
Le renforcement de la coopération entre le système des Nations Unies et la région de l’Afrique centrale pour le maintien de la paix et de la sécurité a fait l’objet aujourd’hui d’une réunion du Conseil à laquelle ont participé cinq Ministres des affaires étrangères de la région. Dans son «document d’orientation», le Président du Conseil de sécurité, M. Martin Belinga-Eboutou du Cameroun, a décrit l’Afrique centrale* comme une région au triste record qui voit sept de ses onze pays en proie à des conflits particulièrement dévastateurs et ruineux. Notant néanmoins une plus grande prise de conscience collective des Etats de la sous-région qui a permis, entre autres, la relance des activités de la Commission économique pour l’Afrique centrale (CEEAC), le Président a mis l’accent sur une autre avancée qui est la conclusion du protocole portant création du Conseil de paix et de sécurité de l’Afrique centrale (COPAX).
S’il s’est félicité de ce que la région semble émerger progressivement des conflits, M. Belinga-Eboutou a cependant soulevé la question corollaire à toute consolidation de la paix, à savoir: l’exigence d’une mobilisation de moyens importants pour soutenir les opérations de démobilisation, de désarmement et de réinsertion**. Ce point de vue a été largement partagé par les délégations qui ont évoqué les soubresauts du processus de paix entre la République centrafricaine et le Tchad, et dans la région des Grands Lacs pour souligner l’urgence d’un renforcement des efforts post-conflit.
Les initiatives des Etats d’Afrique centrale resteront lettre morte, ont-elles prévenu, si elles ne reçoivent pas de la part de la communauté internationale et plus particulièrement des Nations Unies, un appui effectif sur le plan matériel, humain et financier. Ces délégations ont salué, dans ce contexte, le Programme multinational de démobilisation et de réintégration financé à hauteur de 500 millions de dollars, sur la période 2002-2006, par la Banque mondiale et l’Union européenne. Les délégations ont estimé qu’il était plus que jamais urgent que l’ONU commence par apporter un appui technique et logistique aux mécanismes créés par la sous-région à savoir les trois instruments de la COPAX que sont la Commission de défense et de sécurité (CDS), la Force multilatérale de l'Afrique centrale (FOMAC) et le Mécanisme d'alerte rapide des pays de l'Afrique centrale (MARAC).
A l’origine de ces derniers, le Comité consultatif permanent de l’ONU pour les questions de paix et de sécurité en Afrique Centrale a été citée par de nombreux intervenants dont le Ministre des affaires étrangères du Congo, au nom des pays d’Afrique centrale**, comme le cadre privilégié d’une coopération efficace entre l’ONU et les Etats de la sous-région. Certaines délégations ont d’ailleurs plaidé pour que le financement de ses programmes soit désormais inscrit au budget ordinaire de l’ONU plutôt que laissé à la charge des Etats concernés. Le transfert à Libreville du siège du Secrétariat du Comité a été proposé par le Secrétaire général adjoint de la CEEAC, pour, a-t-il expliqué, mieux appuyer les activités du COPAX.
La majeure partie des intervenants ont souhaité qu’à titre prioritaire, les programmes du Comité consultatif contribuent, outre au processus de désarmement, de démobilisation et de réinsertion, à la lutte contre le trafic des armes légères et de petit calibre, à la criminalité sous toutes ses formes, et au rétablissement de la confiance entre Etats. A ce propos, des appels, accueillis favorablement par le Danemark, au nom de l’Union européenne, ont été lancés pour l’organisation d’une conférence internationale sur la paix, la sécurité, la démocratie et le développement dans la région des Grands lacs à l’occasion de laquelle le cadre strictement politique et sécuritaire de la consolidation de la paix serait dépassé pour aborder aussi celui du «développement économique et social».
La reconstruction économique, le renforcement des capacités humaines et institutionnelles ou encore la promotion de l’Etat de droit et de la bonne gouvernance ont été présentés comme des éléments fondamentaux de la consolidation de la paix, consacrés d’ailleurs par l’Union africaine dans le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), ont souligné les délégations. Aussi l’Observateur permanent de l’Union africaine a-t-il préconisé l’élaboration par les Nations Unies d’une politique coordonnée et cohérente en Afrique centrale qui impliquerait le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale, le Conseil économique et social et les institutions financières internationales.
Répondant à ces préoccupations, plusieurs membres du Conseil ont fait des propositions. C’est ainsi que le représentant des Etats-Unis, appuyé par celui de Singapour a parlé de la nécessité d’une «cohésion conceptuelle», et a recommandé un examen du mandat des six représentants spéciaux du Secrétaire général en Afrique centrale afin de s’assurer de leur cohérence. Dans le même ordre d’idées, le représentant du Cameroun a conseillé à l’ONU d’articuler sa stratégie à partir d’un état des lieux dressé par une mission interinstitutions et d’élaborer, sur cette base, un rapport complet qui serait un carnet de route pour tous. Il a aussi plaidé pour la création, au sein du Conseil de sécurité, d’une structure chargée du suivi des questions africaines.
Toujours par souci de cohérence, le représentant de la Guinée s’est prononcé en faveur de la création d’un bureau chargé de la gestion intégrée des conflits en Afrique centrale à l’instar de celui qui a été créé en Afrique de l’ouest. S’agissant de l’implication des institutions financières internationales dans la consolidation de la paix, le représentant de la France a souscrit au point de vue des délégations qui ont estimé qu’au-delà des mesures d’urgence, le retour de la stabilité à long terme dans la région des Grands Lacs passe par l’organisation d’une conférence internationale qui permettrait d’aborder de manière globale les différents aspects des conflits de la sous-région.
A l’issue du débat, le Président du Conseil en a résumé les points forts, énumérant, en conséquence, les éléments qui devraient figurer dans une déclaration présidentielle***.
Outre les délégations citées, les Ministres des affaires étrangères de la République centrafricaine, du Gabon, de la République démocratique du Congo (RDC) et de la Guinée équatoriale ont pris la parole ainsi que le Sous-Secrétaire général aux affaires politiques, les autres membres du Conseil et le représentant de l’Egypte, au nom du Groupe des Etats d’Afrique, du Japon, du Burundi et du Tchad. Se sont également exprimés le Président du Conseil économique et social ainsi que les représentants de la Banque mondiale et du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
* Font partie de l’Afrique centrale l’Angola, le Burundi, le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, le Rwanda, Sao-Tomé-et-Principe et le Tchad.
** Lettre datée du 21 octobre 2002, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Représentant du Cameroun auprès de l’ONU (S/2002/1179).
*** Le résumé du Président est paru dans une déclaration datée du 22 octobre publiée par la délégation du Cameroun.
RENFORCEMENT DE LA COOPERATION ENTRE LE SYSTEME DES NATIONS UNIES ET LA REGION DE L’AFRIQUE CENTRALE DANS LE MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SECURITE
Déclarations
M. TULIAMENI KALOMOH, Sous-Secrétaire général aux affaires politiques, a souligné que, depuis toujours, les Nations Unies se sont engagées à apporter une assistance aux pays africains dans la promotion d’une paix et d’un développement durables. A cet effet, tous les départements de l’ONU travaillent en étroite coopération avec les Etats de la sous-région. La situation actuelle dans certains pays concernés demeure préoccupante, a poursuivi le Sous-Secrétaire général qui a indiqué que sept des onze pays sont touchés par des conflits avec les conséquences qui en découlent. Ces conséquences, a-t-il souligné, ont remis gravement en question les efforts de l’Afrique centrale pour parvenir à la stabilité économique, à la paix et au développement. Des violations constantes des droits de l’homme, a dénoncé M. Kalomoh, conduisent à un climat de tensions. Les tensions ethniques, la circulation des armes, l’existence de réseaux de banditisme, les questions non réglées de nationalité sont le lot de la majorité des pays de la sous-régions dans lequel il faut inclure les menaces transfrontières comme la propagation du VIH/sida.
Des efforts intensifs ont été déployés à tous les niveaux pour contribuer à la stabilisation de la sous-région. Toutefois, il reste beaucoup à faire. Les Nations Unies ont répondu de bien des façons aux défis de la sous-région. Elles ont notamment essayé de promouvoir le développement et le renforcement des capacités en matière d’alerte rapide, de prévention et de consolidation de la paix. Le Secrétaire général a aussi régulièrement dépêché ses Envoyés et le Conseil a, quant à lui, autorisé la mise en place d’opérations de consolidation de la paix. La MONUC, par exemple, contient dans son mandat l’application d’un programme de DDRRR. Le succès des initiatives de l’ONU, a souligné le Sous-Secrétaire général, dépend de la volonté politique des pays de la sous-région et de la coopération internationale tout entière qui doit fournir les fonds nécessaires à la mise en œuvre des projets concrets, en particulier dans les programmes de réinsertion. Cette question est particulièrement pertinente dans les accords de consolidation de la paix. Il faut en la matière une approche globale de tout le système des Nations Unies qui doit travailler de concert avec la Banque mondiale.
La contribution de l’ONU, a encore souligné l’orateur, a conduit à la création d’un Conseil consultatif, en 1992, traitant de la consolidation de la paix et du désarmement. Toutefois, l’Afrique centrale continue de faire l’objet de pressions économiques, politiques et sécuritaires, ce qui a perpétué la crise politique et militaire dans les pays concernés et au-delà. Le retour à une paix durable dans la sous-région reste de la responsabilité essentielle des gouvernements et des populations concernées; les Nations Unies et la communauté internationale ne pouvant offrir qu’une assistance. La réunion d’aujourd’hui doit être pour les Etats de la sous-région l’occasion de réaffirmer leur attachement au règlement pacifique des conflits et à des politiques de bonne gouvernance. Parallèlement, la communauté internationale doit continuer à appuyer les Etats de la sous-région et à lutter contre le trafic des armes et l’installation des
mercenaires. Le Conseil de sécurité doit continuer à accorder son attention au développement dans la sous-région et sensibiliser la communauté internationale à la nécessité d’une action immédiate pour stabiliser la situation en Afrique centrale. Le Sous-Secrétaire général a conclu en se déclarant convaincu que des politiques de promotion des droits de l’homme et de l’état de droit ainsi que la bonne gestion des affaires publiques faciliteront la consolidation de la paix et de la stabilité dans les pays de la sous-région.
M. EMMANUEL MBI, Directeur de programmes de pays de l’Afrique australe et centrale à la Banque mondiale, a indiqué que les évolutions de ces derniers mois en Angola, au Burundi, en République démocratique du Congo, laissent apparaître des fenêtres d’opportunité qu’il faut saisir pour consolider la paix en Afrique centrale. Les conflits et développement sont étroitement liés comme le montre une récente étude de la Banque mondiale, a–t-il ajouté, et nous avons constaté dans de nombreux pays que l’exclusion politique et économique, la mauvaise gouvernance, l’absence de gestion de la pression démographique, notamment en milieu urbain, avaient conduit à la détérioration de la situation dans de nombreux pays. Les conflits annulent les effets de la croissance économique comme le prouvent les statistiques du Rwanda et de la République démocratique du Congo (RDC) où le PNB par habitant est plus bas aujourd’hui qu’il y a douze ans. La faiblesse des marchés, des services sociaux, la progression de la pandémie du VIH/sida, les flux de réfugiés, l’instabilité aux frontières, sont autant d’éléments qui affectent également de manière cyclique les pays voisins de pays en conflits, a observé M. Mbi. Il est difficile de maintenir la stabilité politique si les dividendes de la paix et la croissance économique n’améliorent pas sensiblement les conditions de vie des populations, a-t-il dit, donnant en exemple le Rwanda et la RDC.
La Banque mondiale a des programmes de stabilisation économique dans 16 pays africains sortant de conflits, a-t-il poursuivi, citant entre autres la République du Congo, le Rwanda, le Burundi et la RDC. Près de 3 milliards de dollars sont ventilés sur 80 projets dont les priorités consistent à réduire la pauvreté, à renforcer les capacités, à apporter une assistance technique, comme la Banque l’a fait au Rwanda après le génocide de 1994. Cependant, ces programmes de reprise doivent s’inscrire dans un effort plus large de la communauté internationale, a-t-il dit, plaidant pour une assistance multisectorielle. En effet, M. Mbi a fait valoir que la croissance économique sans stabilité n’est pas viable et a lancé un appel au Conseil de sécurité pour qu’il s’investisse dans la recherche de solutions pour la paix en Afrique centrale. Il a assuré que la Banque mondiale est disposée à coopérer avec les autres bailleurs de fonds à cette fin. Un programme multi-pays de désarmement, démobilisation et de réinsertion (DDR) a été mis en œuvre dans la région des Grands Lacs, a indiqué M. Mbi. Cette stratégie appelée MDRP a été mise au point avec les différents partenaires au développement et les gouvernements de la région qui sont tous convaincus qu’il faut développer un cadre régional de DDR. Cette stratégie vise à appuyer la réinsertion économique et sociale des anciens combattants et elle concerne l’Angola, le Burundi, la République du Congo, la RDC, la Namibie, la République centrafricaine, le Zimbabwe, l’Ouganda, le Rwanda, pays concernés par la guerre en République démocratique du Congo. 350 000 anciens combattants potentiels ont été recensés dans cette région qui doivent être démobilisés et réintégrés, a-t-il dit, et la Banque mondiale encourage l’élaboration de programmes nationaux. Elle administrera un fonds d’affectation spéciale et assurera la gestion du Secrétariat du MDRP, a précisé M. Mbi, avant d’annoncer que deux programmes nationaux ont été lancés en Angola et au Rwanda.
Mme JULIA TAFT, Directrice du Bureau de la prévention des crises du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a indiqué que l’angle des activités du PNUD est celui du lien entre la pauvreté et les conflits. En conséquence, les nouvelles stratégies visent au développement et à la prévention des conflits. Le cadre stratégique s’articule autour de quatre éléments qui sont la prévention des conflits, la reprise économique, la consolidation de la paix et le renforcement des capacités des organisations régionales et sous-régionales. Donnant quelques exemples de ces activités, Mme Taft s’est attardée sur les programmes contribuant au maintien de la paix et de la sécurité au niveau des pays. Ainsi, un programme à rendement économique rapide a été lancé en République démocratique du Congo. Le PNUD joue aussi un rôle directeur dans les efforts de désarmement, démobilisation et réinsertion. Mme Taft a aussi expliqué les efforts entrepris par le PNUD en République du Congo, au Rwanda, au Burundi, en Angola, en République centrafricaine, au Tchad et au Cameroun. Le PNUD, a-t-elle conclu, réaffirme son engagement à donner la priorité aux programmes susceptibles de contribuer à la paix et à la sécurité en Afrique centrale.
M. IVAN SIMONOVIC, Président du Conseil économique et social, a insisté sur le fait que la consolidation de la paix exige une approche globale avec pour fondement la lutte contre la pauvreté. L’Afrique centrale doit relever un grand nombre de défis, a-t-il reconnu, à son tour, en mettant particulièrement l’accent sur les conséquences des conflits. Il n’est pas surprenant, a-t-il dit, que ces pays se trouvent aux dernières places du développement humain. Le Conseil économique et social va continuer de demander la création d’une capacité de coordination sous-régionale des Nations Unies pour aider l’Organisation à élaborer des politiques et des stratégies intégrées, assurer l’harmonisation des activités et fournir un appui aux efforts nationaux et sous-régionaux de consolidation de la paix tout en appuyant l’intégration régionale. Il est impératif pour les pays de la sous-région de s’approprier leur propre reconstruction et réhabilitation, a souligné M. Simonovic, en demandant la fin de l’exploitation illégale des ressources naturelles.
Saluant les efforts de paix en cours, M. Simonovic s’est permis d’espérer que la sous-région sorte enfin du cauchemar des conflits et créé un environnement favorable à la relance de la croissance économique. Il a attiré l’attention sur la résolution adoptée par l’ECOSOC visant à créer un groupe consultatif pour examiner les besoins humanitaires et économiques d’un pays et les programmes pertinents d’appui, et fournir des conseils afin d’assurer la cohérence de l’assistance internationale. L’ECOSOC est en train de mettre en place les détails d’un tel groupe qui doit bénéficier d’un appui interinstitutions et collaborer avec le groupe consultatif du Conseil de sécurité.
M. RODOLPHE ADADA, Ministre des affaires étrangères, de la coopération et de la francophonie de la République du Congo, au nom de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC), s’est félicité de la tenue à Bangui, République centrafricaine, en août 2002, de la 18e réunion ministérielle du Comité consultatif permanent des Nations Unies sur les questions de sécurité en Afrique centrale. Grâce à ce comité, un conseil de paix et de sécurité (COPAX) a été créé, qu’il reste à rendre véritablement opérationnel. Les actions de consolidation de la paix en Afrique centrale revêtent aujourd’hui un intérêt un caractère prioritaire, car de leur réussite dépendent la paix, la stabilité politique et en dernier ressort, le relèvement et le développement des pays en situation post conflit, a poursuivi le Ministre. Il s’agit donc, dès l’arrêt des hostilités, d’élaborer des programmes nationaux qui permettent de redonner confiance à toute une frange de la population qui a besoin de se réinsérer dans la vie civile. Mais cela demande des moyens, qui ne sont toujours pas à la portée de pays souvent saignés à blanc par les épreuves de la guerre. D’où la nécessité de l’assistance de la communauté internationale, a-t-il précisé. A titre d’illustration, le Ministre a cité l’expérience vécue par son pays au sortir de la guerre civile, après les accords de cessation des hostilités et de paix de 1999. Il a cité le programme qui a été mis en oeuvre par le PNUD qui a donné des résultats encourageants certes, mais encore limités. Il s’agit d’un processus qui se poursuit, car il y a encore environ 25 000 ex-miliciens recensés qui attendent de bénéficier de ces programmes. Des démarches ont été menées en ce sens auprès des Nations Unies et d’autres partenaires. La Banque mondiale a consenti un financement de 5 millions de dollars.
Les mêmes problèmes se posent où se poseront partout ailleurs dans la sous-région, et il importe que les Nations Unies les examinent de façon urgente et pragmatique, a fait observer le Ministre. Il a rappelé le cas de l’Angola où la création par le Conseil de sécurité de la Mission des Nations Unies en date du 15 août 2002, représente une réponse opportune et appropriée. Il a souligné entre autre que des lueurs d’espoir d’un retour à la paix se dessinent en République démocratique du Congo, avec notamment le retrait des troupes étrangères et les négociations pour un dialogue inclusif. S’agissant de la République démocratique du Congo, nous avons interpellé de façon pressante la communauté internationale pour qu’elle réponde généreusement à l’appel global pour la RDC pour 2002 lancé le 27 novembre 2001 par l’ONU et les partenaires de l’action humanitaire. M. Adada a par ailleurs annoncé l’organisation l’année prochaine par les pays d’Afrique centrale d’un atelier sur l’application du Programme d’Action adopté à l’issue de la Conférence des Nations Unies sur le commerce illicite des armes légères. Pour toutes ces raisons, nous soutenons fermement l’initiative du Président de la Banque mondiale d’étudier de manière spécifique les problèmes de redressement économique et de développement des pays africains en situation post conflit, a-t-il conclu.
M. AGBA OTIKPO MEZODE, Ministre des affaires étrangères de la République centrafricaine, s’est félicité de la disponibilité du Conseil de sécurité dans la gestion des nombreuses crises intervenues ces dernières années en Centrafrique, causées par des mutineries et des tentatives de coup d’État. L’appui de la communauté internationale a été déterminant, d’abord par le biais de la MISAB, puis de la MINURCA et du BONUCA, a dit le Ministre, soulignant que les questions de pauvreté et d’insécurité avaient été identifiées, au cours de la présence de la MINURCA, comme des hypothèques au processus de paix et de démocratie. A cet égard, le Ministre a rappelé les propositions faites à cette époque par le Premier Ministre de son pays qui sollicitait un appui de la communauté internationale à la reconversion des militaires et des trafiquants d’armes. Le programme prévoyait aussi le recrutement de nouvelles troupes qu’il convenait de former dans un esprit républicain, a-t-il ajouté, précisant que le premier volet de ce programme était de 37 millions de dollars, et de 8 millions de dollars pour le second. A l’époque, le Conseil de sécurité avait apporté son appui à cette initiative centrafricaine, s’est félicité le Ministre, tout en notant qu’à ce jour, la Centrafrique qui a été de nouveau déstabilisée par le coup d’Etat manqué du 28 mai 2001, aurait besoin de davantage de fonds pour mener à bien ces programmes.
Il a fait part des nombreux appels lancés au Conseil de sécurité ces derniers mois par des organes régionaux pour qu’il envisage la possibilité de déployer une force de maintien de la paix qui accompagne les efforts de prévention des conflits entre la République centrafricaine et le Tchad. Il a recommandé la création de mécanismes de gestion et de prévention des conflits qui doivent toutefois être opérationnels. M. Mezode a déploré l’inertie de certains mécanismes du fait du nombre limité de pays qui les ont ratifiés et a assuré à cet égard que le Parlement centrafricain examinerait prochainement la ratification de l’acte de création du Conseil de paix et de sécurité en Afrique centrale (COPAX). La paix, la démocratie et la stabilité doivent reposer sur un front social apaisé, a dit le Ministre, lançant un appel aux bailleurs de fonds à tenir compte de ces éléments, et plaidant pour leur intégration dans le cadre de coopération entre les Nations Unies et les organisations sous-régionales africaines.
La présente rencontre nous offre une nouvelle opportunité d’examiner les progrès que nous avons réalisés ensemble dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité et nous accorder sur les moyens de renforcer notre coopération au moment où l'on observe des éclaircies dans le ciel de la sous-région de l'Afrique centrale, obscurci depuis plusieurs années par la persistance de multiples crises et conflits armés, a déclaré M. JEAN PING, Ministre d'Etat, Ministre des affaires étrangères, de la coopération et de la francophonie du Gabon. L'Afrique centrale évolue au rythme d'un double destin, d'une part un destin d'abondance d'énormes richesses naturelles; et, d'autre part, une constante de crises et de conflits armés, de fléaux comme la tuberculose et le VIH/sida et de pauvreté. Si les conflits actuels persistaient, ils pourraient avoir des effets négatifs durables d'abord sur les autres régions limitrophes, puis sur l'ensemble du continent africain et enfin sur le reste de la planète. Il y a donc urgence pour la communauté internationale de polariser toute son action sur cette région en vue d'aider au rétablissement de la paix et de la sécurité. C'est pourquoi il est nécessaire de consolider la coopération entre le système des Nations Unies et les états de notre sous-région a estimé M. Ping, qui a ajouté que cette coopération s'est développée depuis la création du Comité consultatif permanent chargé des questions de paix et de sécurité en Afrique Centrale. Ce Comité a contribué à la mise en place de plusieurs mécanismes de prévention, de gestion et de règlement des conflits au sein de la CEEAC. Parmi les plus importants figurent le Conseil de paix et de sécurité (COPAX), la Force multilatérale de l'Afrique centrale (FOMAC); le Conseil de défense et de sécurité et le mécanisme d'alerte rapide des pays de l'Afrique centrale (MARAC).
M. Ping a déclaré qu'ensemble, ils ont entrepris des actions multiformes dans des domaines aussi variés que le respect et la consolidation des droits de l'homme, de la démocratie et de l'état de droit, l’élaboration d'instruments juridiques de sécurité collective, le renforcement de la coopération sous-régionale dans le domaine de la sécurité par l'organisation de manœuvres et d'exercices militaires conjoints et de patrouilles mixtes dans les différents états ainsi que la création de zones démilitarisées et de zones de paix. Il considère que toutes ces initiatives montrent que le Comité consultatif permanent est le cadre privilégié de l'action commune dans le domaine de la paix, de la sécurité et du développement de la sous-région. Il ajoute que, dans la mesure où ce Comité est une émanation des Nations Unies, son budget ne doit pas être laissé à la seule responsabilité des états de la sous-région et propose d'inscrire le financement des programmes de ce Comité au budget ordinaire des Nations Unies.
Rappelant les efforts de médiation que les pays d'Afrique centrale ont déployés dans la région, et d'accélération du processus d'intégration sous-régionale ce qui a débouché sur la création de deux organisations inter-gouvernementales à vocation sous-régionale à savoir la Communauté économique des états de l'Afrique centrale (CEEAC) et la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC), M. Ping a également souligné la participation active du Président Bongo à ces diverses initiatives. Il a rappelé qu'à son initiative, les chefs d'Etat de la CEMAC se sont réuni le 2 octobre à Libreville pour examiner la situation qui prévaut entre la République centrafricaine et le Tchad. La mise en place en République centrafricaine en janvier 1997 d'une mission interafricaine de surveillance des accords de Bangui (MISAB) et en mars 1998 de la Mission des Nations Unies dans ce même pays (MINURCA) sont l'illustration de la nouvelle volonté des dirigeants de cette sous-région de régler les différends par des voies pacifiques.
M. Ping s’est félicité de l'évolution positive de la situation en République démocratique du Congo notamment grâce à la signature des accords de Sun City et de Pretoria; et de la situation en Angola. Il attire toutefois l’attention sur le fait que les efforts déployés par les Etats centrafricains resteraient lettre morte s'ils ne recevaient pas de la part de la communauté internationale et plus particulièrement des Nations Unies un appui effectif sur le plan matériel, humain et financier. Il est plus que jamais nécessaire que les Nations Unies renforcent les capacités de maintien de la paix de ces états en mettant notamment en place des stratégies qui visent à la formation, à l'organisation d'exercices conjoints de maintien de la paix et surtout à la création de partenariats entre les donateurs et les pays pourvoyeurs de contingents. M. Ping a également insisté sur la nécessité de financement de la reconstruction des pays déstabilisés par les conflits. A cet égard, la Banque mondiale et le FMI ont un rôle déterminant à jouer en assouplissant et en adaptant leurs conditionnalités pour des pays comme la République centrafricaine engagée dans un processus de reconstruction et de réconciliation nationales. Il ajoute qu'il importe de poser les fondements économiques et sociaux d'une paix durable dans toute la sous-région, ce qui passe par l'éradication de la pauvreté et le développement durable.
M. SANTIAGO NSOBEYA EFUMAN NCHAMA, Ministre des affaires étrangères, de la coopération internationale et de la francophonie de la Guinée équatoriale, a salué la contribution du système des Nations Unies et de ses institutions spécialisées à la coopération avec les organisations sous-régionales. Le renforcement de la coopération entre le système des Nations Unies et les organisations régionales africaines est essentiel au maintien de la paix et la sécurité et à la prévention des conflits. Il a mis en garde contre les foyers de tension présumés ou déclarés en Afrique centrale qui représentent une menace réelle à la paix et un obstacle au relèvement économique des pays de la sous-région, et dont la cause première est le trafic et la prolifération des armes légères. Après avoir rappelé que l’Afrique centrale regorge de ressources naturelles immenses et ne compte que 100 millions d’habitants, le Ministre a estimé que cette région peut connaître la prospérité et la stabilité.
M. Nsobeya Efuman Nchama a évoqué certaines initiatives du Président de la Guinée équatoriale, comme par exemple la création d’un Parlement régional d’Afrique centrale qui constituerait un mécanisme de concertation, de dialogue et de promotion des valeurs démocratiques en Afrique centrale. Il a fait état d’un séminaire régional organisé récemment à Malabo qui a abordé les questions essentielles de la prolifération des armes légères, de la lutte contre la pauvreté, du développement durable, et du lien entre paix, sécurité et développement. Le Ministre a mentionné quelques mécanismes créés au sein de la Communauté des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) tels que le Pacte de non-agression entre Etats membres de la CEEAC, le Mécanisme d’alerte rapide de l’Afrique centrale (MARAC), le Conseil de paix et de sécurité de l’Afrique centrale (COPAX) ou l’instance de protection des droits de l’homme. Il a lancé un appel à la coopération étroite des Nations Unies et de l’Union européenne pour contribuer au renforcement de ces institutions et à la prévention des conflits en Afrique centrale.
Mme ELLEN MARGRETHE LOJ (Danemark) a estimé, au nom de l’Union européenne, que l’intégration et la coopération régionales pourraient entraîner une participation accrue des pays d’Afrique centrale à l’économie mondiale et jouer un rôle décisif dans la consolidation de la paix et la prévention des conflits. En la matière, les organisations sous-régionales devraient prendre la place qui leur revient. Saluant la prise de conscience collective des Etats africains, la représentante s’est particulièrement félicitée de la création de l’Union africaine et de la Nouvelle Initiative pour le développement de l’Afrique (NEPAD) que les pays concernés affirment leur responsabilité régionale et s’estiment responsables de leur développement, devrait, a-t-elle estimé, conduire les autres pays et les Nations Unies à accroître leur assistance au renforcement des capacités. L’Union européenne s’engage à travailler étroitement avec les Nations Unies et la région. Dans le cadre des efforts déployés par l’Union européenne, la représentante a cité les dispositions de l’Accord de Cotonou et les différentes initiatives dans les domaines de la prévention et de la gestion des conflits en Afrique. Soulignant aussi l’implication de l’Union européenne dans les opérations de maintien de la paix, la représentante a annoncé que celle-ci est en train d’envisager l’organisation d’une conférence internationale sur la paix, la sécurité, la démocratie et le développement dans la région des Grands Lacs.
M. AHMED ABOULGHEIT (Egypte) s’est réjoui de l’intérêt du Conseil de sécurité pour les problèmes de sécurité en Afrique centrale. Il a estimé que le renforcement de la coopération entre les Nations Unies et l’Afrique centrale ne pourrait se faire sans se pencher au préalable sur les conflits armés qui sévissent actuellement dans la région. Le conflit en République démocratique du Congo met en échec toute tentative de consolidation de la paix en Afrique centrale, a déclaré le représentant qui a appelé le Conseil de sécurité à rechercher une solution globale et durable à ce conflit. A cet égard, il a souhaité que le Conseil de sécurité décide dans les meilleurs délais de porter à 8 700 hommes les effectifs de la MONUC, tel que proposé par le Secrétaire général, afin de permettre de stabiliser la situation dans l’est de la RDC. Il a encouragé le Conseil de sécurité à tout mettre en œuvre pour consolider les Accords de Pretoria et de Luanda conclus respectivement par la RDC d’une part et le Rwanda et l’Ouganda d’autre part. Il faut en outre parvenir à un accord de cessez-le-feu entre le Gouvernement burundais et les groupes rebelles des FDD et des FNL, a-t-il ajouté, avant de conjurer le Conseil de sécurité de soutenir les propositions de l’initiative régionale de paix pour le Burundi dans le cas où les groupes rebelles persisteraient à ne pas trouver un accord avec le Gouvernement d’union nationale en place depuis novembre 2001.
Pour ce qui est de la République centrafricaine, il s’est félicité de l’initiative des pays de la sous-région et du Mali de déployer une force internationale d’observation à la frontière avec le Tchad. Le partenariat entre les Nations Unies et les organisations sous-régionales d’Afrique centrale exige que chaque partie assume ses obligations, a jugé M. Aboulgheit. Il a donc exhorté le Conseil de sécurité à apporter son appui politique au Conseil de paix et de sécurité et au Mécanisme d’alerte rapide en Afrique centrale. Il a en outre demandé au Secrétariat d’apporter pour sa part un appui technique à ces mécanismes et a souligné l’urgence de lutter contre la circulation et la prolifération des armes légères en Afrique centrale. Il a salué à cet égard le programme lancé par le Programme des Nations Unies pour le développement dans la région des Grands Lacs et a encouragé le Département des opérations de maintien de la paix des Nations Unies à mettre au point des programmes de formation d’unités de maintien de la paix dans les pays d’Afrique centrale afin de les rendre opérationnelles pour les opérations de paix. L’aide financière et l’aide au développement seront indispensables dans la perspective d’une Conférence internationale pour la paix, la sécurité et le développement durable dans la région des Grands Lacs, a-t-il conclu.
M. YOSHIYUKI MOTOMURA (Japon) a souligné que son pays est fermement attaché au développement des capacités africaines de prévention des conflits et de maintien de la paix, en particulier en Afrique centrale où ont sévi de nombreux conflits au cours de la dernière décennie. Il a insisté sur le partenariat entre les organisations régionales africaines, et le reste de la communauté internationale pour soutenir les initiatives africaines et a souligné l’obligation qui incombe aux parties de la région de renoncer aux conflits et de consolider la paix. Il a salué des initiatives sous-régionales telles que la création du Conseil de paix et de sécurité en Afrique centrale (COPAX) qui, en étroite collaboration avec le Conseil pour la paix et la sécurité de l’Union africaine, devrait jouer un rôle clé dans la prévention des conflits. Le Japon se félicite des efforts entrepris par la CEMAC pour régler les problèmes frontaliers entre le Tchad et la République centrafricaine et invite le reste de la communauté internationale et les Nations Unies à soutenir ces initiatives. A cet égard, M. Motomura a jugé prioritaire le renforcement des relations entre le Conseil de sécurité et les organisations régionales et sous-régionales africaines sur la base des recommandations du Groupe de travail du Conseil de sécurité sur la prévention et la résolution des conflits en Afrique, présidé par l’Ambassadeur Koonjul. Il a réaffirmé la volonté du Japon, par le biais de la Troisième conférence de Tokyo pour le développement de l’Afrique (TICAD III) qui se tiendra en octobre 2003, à tenir compte des questions de paix et de sécurité de l’Afrique dans la problématique du développement.
M. MARC NTETURUYE (Burundi) a estimé que les instruments juridiques du système des Nations Unies, les organes pertinents de la CEEAC et les conclusions des conférences et séminaires doivent permettre aujourd’hui d’atteindre des résultats tangibles en matière de maintien de la paix et de la sécurité. Pour lui, les domaines de préoccupation qui requièrent une attention particulière de la part des Etats de la sous-région que l’ONU doit appuyer au moment où des processus de paix sont engagés, sont la lutte contre le trafic des armes légères et de petit calibre, le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des anciens combattants, et le rétablissement de la confiance entre pays de la sous-région. En la matière, le représentant s’est, à son tour, dit favorable à la tenue d’une conférence internationale sur la paix, la sécurité, la stabilité et le développement de la région des Grands Lacs. Il a aussi demandé aux Nations Unies de mettre en place un système efficace de diplomatie préventive, un mécanisme d’alerte rapide et de nommer un observateur contre le génocide en Afrique centrale.
M. KOUMTOG LAOTEGGUELNODJI (Tchad), transmettant le message du Ministre des affaires étrangères et de l’intégration africaine du Tchad, a assuré les membres du Conseil de sécurité que la situation entre la République centrafricaine et le Tchad évolue dans la bonne direction. Cette heureuse évolution est principalement le dividende du récent Sommet des chefs d’Etat de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale de Libreville, le 2 octobre 2002. Le Gouvernement tchadien a commencé à mettre en œuvre les engagements pris lors de ce Sommet, a indiqué le représentant, et a pris des contacts avec des pays amis en vue notamment de trouver une solution d’exil à M. Bozize, actuellement réfugié au Tchad. Il a assuré que les engagements pris à Libreville seraient appliqués, grâce entre autres à la coopération bilatérale, et a salué les pays de la sous-région et le Mali qui ont accepté de mettre à disposition des unités militaires pour faire partie d’un contingent de 300 à 350 hommes comme convenu lors du Sommet de Libreville. Il a lancé un appel au Conseil de sécurité et à la communauté internationale pour qu’ils aident le Tchad et la République centrafricaine à honorer les engagements pris à Libreville en les dotant des moyens adéquats.
M. AMADOU KEBE, Observateur permanent de l’Union africaine, a estimé que le débat sur le renforcement de la coopération entre les Nations Unies et les organisations sous-régionales africaines s’inscrit dans la droite ligne des objectifs assignés au Groupe de travail du Conseil de sécurité sur l’Afrique présidé par l’Ambassadeur Koonjul. Il a salué la décision prise par la sous-région de l’Afrique centrale de créer une Force internationale d’observation (FIO) chargée, entre autres, d’assurer la sécurité le long de la frontière entre le Tchad et la République centrafricaine et l’appui que lui a apporté le Conseil de sécurité le 18 octobre dernier. Abordant le partenariat entre les Nations Unies et les organisations sous-régionales, il a préconisé un partage des charges qui ne doit pas être un moyen pour les Nations Unies de se décharger de sa responsabilité première en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales. Il a souligné la volonté des chefs d’Etat africains de contribuer à la prévention des conflits qui s’est manifestée par la création, à Durban en juillet 2002, du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine. Ce protocole, a-t-il précisé, définit les mécanismes sous-régionaux de gestion des conflits comme faisant partie intégrante du Mécanisme continental de promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité et prévoit d’harmoniser et de coordonner les activités des mécanismes régionaux et d’assurer un réel partenariat entre eux et avec le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.
Pour accompagner les efforts et accompagner les dirigeants de l’Afrique centrale dans leur quête de stabilité et de développement, l’Union africaine propose d’assurer la mise en œuvre rapide et effective de toutes les résolutions relatives au processus de paix au Burundi, de développer une politique des Nations Unies coordonnée et cohérente en Afrique centrale qui impliquerait l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social par le truchement du Groupe de travail sur les pays qui sortent de conflits. Il a également proposé le renforcement des relations de coopération entre toutes les organisations de la sous-région et des capacités d’alerte rapide du COPAX. M. Kébé a également souligné l’intérêt que l’Union africaine attache à une solution régionale rapide au problème des réfugiés et des personnes déplacées.
M. NELSON COSME, Secrétaire général adjoint de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), a attiré l’attention du Conseil sur le protocole relatif au Conseil de paix et de sécurité (COPAX), élément principal de l’architecture de la sous-région pour la paix et la sécurité. Pour son fonctionnement, a-t-il expliqué, le COPAX s’est doté de trois instruments à savoir la Commission de défense et de sécurité (CDS), la Force multilatérale de l’Afrique centrale (FOMAC) et le Mécanisme d’alerte rapide (MARAC). Citant les différents outils complémentaires de ces instruments, le Secrétaire général adjoint a indiqué que ces programmes nécessitent des moyens importants que les pays d’Afrique centrale à eux seuls ne sauraient mobiliser. Il a, de manière générale, demandé à l’ONU de soutenir les programmes de développement des pays mais aussi d’initier des programmes de financement du désarmement, de la démobilisation, de la réinsertion, de la réintégration et de la réinstallation des ex-combattants partout où le calme règne. Il a également sollicité le concours de la communauté internationale dans l’exécution des programmes nationaux de lutte contre la pauvreté, le Sida et la dégradation de l’environnement, en particulier dans le cadre de l’Initiative du Bassin du Congo. Le Secrétaire général adjoint a conclu en appelant le Conseil à réduire la distance qui le sépare de la CEEAC et à cet égard, il a proposé le transfert progressif, à Libreville du secrétariat du Comité consultatif permanent auprès du CEEAC, afin de mieux appuyer les actions du COPAX.
M. RICHARD WILLIAMSON (Etats-Unis) a souligné certains défis qu’aura à relever l’Afrique centrale ces prochains mois, tout en rappelant que de nombreux Etats de cette sous-région sortent progressivement d’une longue période d’instabilité. Le défi posé par le rapatriement et la réintégration des anciens combattants doit être abordé avec attention par le Conseil de sécurité, a-t-il dit, en soulignant que la poursuite de l’instabilité, comme le prouve le conflit à Uvira, est inquiétante dans la mesure où elle pourrait entraîner une reprise des hostilités entre les pays de la région. L’Afrique centrale est en pleine évolution, a-t-il dit, saluant le retrait des troupes des pays voisins de la RDC, le processus de paix en Angola ou encore les efforts de la CEMAC pour stabiliser la situation entre la République centrafricaine et le Tchad. Le représentant a prôné le renforcement des relations entre la communauté internationale et les organisations régionales sur des bases solides, mettant en avant la nécessité d’être en face d’Etats respectant les principes de transparence, de bonne gouvernance, de stabilité nationale et régionale.
Il n’est pas possible de fournir une aide bilatérale ou multilatérale si les pays ne sont pas en mesure de maintenir la stabilité sur le long terme, a-t-il dit, recommandant que les plans de retrait des troupes étrangères et leur réintégration se fasse dans le respect du droit international, tout comme le retour des réfugiés et des déplacés. 296,5 millions de dollars ont été alloués en 2001 pour les Opérations de maintien de la paix en RDC, dont plus de 80 millions de dollars ont été octroyés par les Etats-Unis, a poursuivi le représentant. Il a encouragé les pays qui doivent réintégrer leurs troupes et les personnes déplacées à collaborer avec le Haut Commissariat pour les réfugiés qui serait chargé de vérifier leur bon déroulement. Les conflits dans l’est de la RDC doivent nous inciter à la plus grande vigilance, a-t-il dit, et à ne pas faire preuve d’une satisfaction précoce. Il faut éviter que ce conflit ne dérive vers le Burundi et le Rwanda; le représentant a donc demandé au Rwanda et à la RDC d’exercer toutes les pressions sur les rebelles du RCD et les groupes rebelles Maï-Maï pour éviter un embrasement du conflit dans la région d’Uvira. Les Etats-Unis recommandent en outre un examen du mandat des six représentants spéciaux du Secrétaire général en Afrique centrale pour s’assurer de leur cohérence et a suggéré au Secrétaire général de définir des critères spécifiques à chaque mission.
M. JAGDISH KOONJUL (Maurice) a souligné que sept des onze pays de la région de l’Afrique centrale ont traversé ou connaissent des situations de conflit: cet état de fait porte atteinte à la vie d’innocents, endommage les infrastructures économiques et affecte la stabilité des pays voisins. Il a rappelé que la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC), créée en 1983, avait mené diverses initiatives pour régler les conflits de la sous-région. Plus récemment, en juillet 1999, le Conseil pour la paix et la sécurité en Afrique centrale (COPAX) a adopté son Mécanisme d’alerte précoce, principal outil de diplomatie préventive dans la région, basé à Libreville. Lors d’une réunion en mai 2002 à Addis-Abeba, a-t-il poursuivi, l’OUA, maintenant l’Union africaine (UA), a défini plusieurs domaines dans lesquels le rôle des organisations de la sous-région pourrait être renforcé, de même que la coopération avec les Nations Unies et l’UA.
Puis le représentant a énuméré un certain nombre de secteurs dans lesquels une plus grande coopération serait bénéfique: les institutions sous-régionales, a-t-il suggéré, pourraient conseiller les Nations Unies, que celles-ci soient appelées à jouer un rôle majeur ou de simple coordination. Le système d’alerte précoce du COPAX devrait être développé et renforcé et nécessite une aide urgente, financière mais aussi logistique et un soutien à la formation, pour le rendre rapidement opérationnel. Le succès d’un tel mécanisme, a cependant reconnu M. Koonjul, dépend de la volonté politique des dirigeants qui doivent dépasser leurs intérêts nationaux immédiats et forger des alliances régionales en faveur de la paix, de la stabilité et du développement. Le représentant de Maurice a également souhaité un soutien aux efforts des organisations sous-régionales pour qu’elles puissent renforcer leurs capacités propres de maintien de la paix, ainsi que pour les aider à combattre le trafic d’armes légères, le terrorisme ou encore l’exploitation illégale des ressources naturelles.
M. ZHANG YISHAN (Chine) s’est réjoui de ce que les pays africains s’affirment de plus en plus en jouant leur rôle dans le système de sécurité collective. A l’appui de ses propos, le représentant a cité la création de l’Union africaine et des différents mécanismes de maintien de la paix et de la sécurité. Il s’est félicité de la fin du conflit en Angola et des progrès des processus de paix en République démocratique du Congo et en République centrafricaine et a appuyé l’idée d’un renforcement de la coopération entre le Conseil et l’Union africaine et les autres organisations sous-régionales. Il a également estimé que les missions de développement et les bureaux des Nations Unies doivent renforcer leur collaboration avec ces institutions. La réalisation de la paix et de la sécurité sont liées, de façon inextricable, au développement, a-t-il poursuivi et c’est pourquoi il a appelé la communauté internationale à traiter de la question comme il se doit, plaidant pour l’augmentation de l’aide publique au développement rendue encore plus nécessaire par les effets néfastes de la mondialisation.
Le représentant a appuyé le NEPAD et s’est dit heureux que l’Assemblée générale ait, pour la première fois, abordé en même temps les questions de la paix et du développement en Afrique. Il a conclu en se félicitant des activités du Forum de coopération sino-africain et a annoncé l’intention de son pays de prendre une part plus active à la Mission de l’ONU en République démocratique du Congo, en prélude aux efforts renforcés que la Chine entend déployer pour contribuer à la stabilité de la sous-région et du continent, dans son ensemble.
M. FAYSSAL MEKDAD (République arabe syrienne) a condamné les conflits armés qui ont détruit la région d’Afrique centrale et a estimé qu’il est grand temps pour le Conseil de sécurité de parvenir à la consolidation de la paix dans cette sous-région. Il a toutefois salué la détermination du Conseil et des Nations Unies à rétablir la paix et la stabilité en Afrique centrale et les a exhortés à une meilleure coopération avec les instances de l’Union africaine. M. Mekdad a considéré qu’il fallait renforcer les capacités nationales et régionales de l’Afrique à faire face aux crises et parvenir à la sécurité collective, en appuyant notamment le Conseil de paix et de sécurité en Afrique centrale et les processus de DDR. Les conflits en Afrique centrale ne peuvent être abordés avec une approche uniquement nationale, a-t-il jugé, car ils ont des imbrications manifestement régionales. M. Mekdad s’est félicité des missions effectuées à deux reprises par le Conseil, en mai 2001 et 2002, dans la région, et la signature des accords de paix entre le Rwanda et la RDC, à Pretoria en juillet 2002, et entre l’Ouganda et la RDC, à Luanda en septembre 2002.
Par ailleurs, l’amélioration de la situation entre le Tchad et la République centrafricaine sera manifestement renforcée par la décision prise par les chefs d’Etat de la CEMAC de déployer une force internationale d’observation. Il a également salué les efforts de la Jamahiriya arabe libyenne qui a organisé une rencontre entre les chefs d’Etat du Tchad et de la République centrafricaine et exhorté la communauté internationale à débloquer les fonds nécessaires pour appuyer de telles initiatives africaines de résolution des conflits. M. Mekdad a invité les Nations Unies à associer autant que possible les institutions financières internationales, FMI et Banque mondiale, dans les processus de reconstruction et de réhabilitation des Etats d’Afrique centrale au sortir d’un conflit.
M. GERARD CORR (Irlande) a estimé que la coopération régionale est vitale pour la consolidation de la paix en Afrique centrale. Nous avons vu clairement comment des conflits à l'intérieur d'un Etat pouvaient se muer en conflits entre Etats, les pays de la région ayant dans la plupart des cas des liens ethniques et linguistiques. Il n'est donc pas surprenant que les conséquences de la guerre et de la violence se soient propagées à toute la région. La communauté internationale peut prendre des mesures de prévention des conflits, y compris en organisant une conférence internationale sur la Région des Grands Lacs. Les défis que nous connaissons en matière de processus de DDR, de réfugiés, de la reconstruction économique, ne peuvent être relevés que par des actions conjointes et par le renforcement de la coopération. L'établissement de l'Union africaine contribuera au renforcement de la coopération régionale en Afrique centrale. Cependant, la prévention des conflits n'est pas seulement une question de système d'alerte rapide ou de procédures opérationnelles. La prévention implique des politiques structurelles de prévention des conflits, la promotion d'actions conjointes régionales et l'allocation de ressources adéquates.
Nous devons également parvenir à plus de cohérence au sein des Nations Unies, y compris au niveau inter-gouvernemental. Il ne s'agit pas simplement d'évaluer les situations de pays touchés par les conflits mais de faire en sorte que la communauté internationale honore ses promesses de contributions. Les nouveaux groupes de travail du Conseil économique et social, du Conseil de sécurité sur la résolution des conflits en Afrique auront un rôle important à jouer à cet égard. D'un point de vue général, il est essentiel d'assouplir les conditions de financement dans les périodes post-conflit afin de promouvoir d'urgence les capacités administratives, l'investissement en ressources humaines et de réduire le poids de la dette. Le système des Nations Unies et la communauté internationale doivent également soutenir la coopération économique régionale.
M. MAMADY TRAORE (Guinée) a souligné la complexité qui caractérise la situation dans la sous-région d’Afrique centrale qui, bien que dotée d’immenses ressources minières, hydrauliques et agricoles, est devenue au fil du temps l’une des préoccupations majeures des Nations Unies. Malgré quelques progrès encourageants, plusieurs foyers de tensions y persistent, a constaté M. Traoré, affectant ainsi l’équilibre sous-régional avec pour corollaire une situation humanitaire gravement préoccupante. Il est désormais établi que la convoitise des richesses minières, le fardeau de la dette, la détérioration des termes de l’échange, les problèmes liés à la gouvernance et à la pauvreté, sont au nombre des facteurs qui expliquent les causes des conflits actuels, a-t-il dit. La présence de l’ONU en Afrique centrale, où elle ne compte pas moins de cinq missions de maintien de la paix et de six représentants spéciaux du Secrétaire général, traduit sa volonté de renforcer les moyens déployés pour faire face à ces crises récurrentes, a jugé M. Traoré, se félicitant du succès diplomatique, politique et militaire enregistré dans les Grands Lacs avec la mise en oeuvre des Accords de Pretoria et Luanda.
Cette évolution contraste, hélas, avec la dangereuse détérioration de la situation dans l’est de la RDC, a regretté le représentant, exhortant le Conseil de sécurité à réviser le mandat de la MONUC pour faire face aux nouveaux défis. Il a invité le Gouvernement de la RDC à poursuivre ses efforts pour la conclusion d’un accord politique inclusif et global, conformément à l’esprit de Sun City et a encouragé le Burundi à se joindre à la dynamique de paix dans la région en normalisant ses relations avec la RDC. Il a salué la décision prise par les chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, lors du Sommet de Libreville le 2 octobre dernier, de déployer un contingent de 300 à 350 hommes à Bangui et a lancé un appel aux Nations Unies pour qu’elles assument leur part de responsabilité dans le soutien à ces efforts de stabilisation de la République centrafricaine. Les progrès réalisés au plan politique dans la région doivent être accompagnés d’une assistance financière au titre du DDR et du relèvement économique dans les Etats de la région. Cette phase requiert l’implication directe du Conseil économique et social, a jugé M. Traoré, ainsi que celles des agences, fonds et programmes des Nations Unies. Il a suggéré la création d’un Bureau régional des Nations Unies en Afrique centrale chargé de la gestion intégrée des conflits, à l’instar de celui de Dakar, estimant que ce nouveau partenariat permettrait de renforcer la coopération entre les Nations Unies, la CEEAC et le Conseil de paix et de sécurité en Afrique centrale (COPAX).
M. KISHORE MAHBUBANI (Singapour) a déclaré que c’est la première fois que le Conseil traite de la situation en Afrique centrale dans son ensemble et s’est félicité de la franchise du document d’orientation du Président du Conseil tout en posant la question à savoir comment le débat d’aujourd’hui peut faire la différence et comment apporter une contribution à la solution des problèmes de la sous-région. D’emblée le représentant s’est dit déçu par l’absence, à ce débat, des pays qui ne font pas partie de la sous-région. Le débat aura rempli sa mission, a-t-il dit, si le Conseil et les autres acteurs étaient parvenus à une certaine cohésion conceptuelle. Il est temps qu’aux Nations Unies, quelqu’un se penche réellement sur la question de savoir si les différentes initiatives s’imbriquent bien les unes dans les autres. Le débat doit donc viser à une certaine synergie entre tous les efforts. Le débat doit aussi conduire à un examen plus minutieux des suivis. En effet, a estimé le représentant, une des faiblesses structurelles du Conseil réside dans son incapacité de suivre la mise en œuvre de ses propres décisions. Il va falloir que quelqu’un se penche sur les succès et les échecs en la matière, a insisté le représentant. Dénonçant, dans ce contexte, le caractère répétitif des propositions relatives à une conférence sur la région des Grands lacs, le représentant a voulu que l’on dépasse enfin les bonnes intentions pour passer aux actes concrets. Pour ce qui des efforts de développement économique et social, il a observé que le succès des partenariats en la matière exige que les partenaires s’entendent sur ce qu’ils peuvent faire. Partant, le débat serait un succès s’il conduisait à une meilleure compréhension entre pays donateurs, bailleurs de fonds et pays bénéficiaires.
M. VITALIY LEPLINSKIY (Fédération de Russie) a exprimé la préoccupation de son pays à l’égard de la situation en Afrique centrale, dénonçant une série de crises qui ont une incidence déstabilisante sur les autres Etats de la sous-région. Il a prôné des efforts multidimensionnels pour venir à bout des conflits, de l’instabilité et de la pauvreté, efforts qui doivent être consentis par les donateurs, certes, mais surtout par les Etats d’Afrique centrale eux-mêmes. Il a salué les éléments nouveaux intervenus récemment dans cette région, notamment la normalisation en cours entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi et s’est dit satisfait du retour de la paix en Angola. Il a salué la décision des pays d’Afrique centrale de signer un pacte de non-agression et d’entraide et la création d’un Conseil de paix et de sécurité (COPAX) qui renforceront les efforts de diplomatie préventive. Le recours à la force n’est admissible qu’avec l’autorisation du Conseil de sécurité, a-t-il rappelé aux Etats d’Afrique centrale, assurant le Conseil de sécurité que la Fédération de Russie restera engagée dans la recherche de la paix et de la stabilité en Afrique centrale.
M. ALFONSO VALDIVIEZO (Colombie) s’est félicité des efforts de l’ONU pour promouvoir les mesures de rétablissement de la confiance entre les pays d’Afrique centrale, en saluant en particulier la création du Comité consultatif permanent de l’ONU. S’attardant sur les initiatives de la CEEAC, il a souligné que l’importance de leur succès réside dans l’appui et la volonté politiques des Etats concernés qui entraînent une implication effective de l’ONU et de la communauté internationale. Le représentant a ensuite fait quelques propositions et en particulier une délimitation précise des régions qui permettra de consolider un sentiment d’appartenance. Il a aussi souligné la nécessité pour les régions de pouvoir compter sur un acteur régional capable de soutenir la cohésion et de jouer un rôle de chef de file. Il est important, a poursuivi le représentant, que les intérêts des pays n’aillent pas à l’encontre du développement régional. Ce sont les membres de la région qui doivent décider de leurs priorités et du type du partenariat qu’il leur faut. En cela, a conclu le représentant, les Nations Unies sont tout à fait capables de contribuer à la stabilité de la région.
Mme ROBERTA LAJOUS (Mexique) a estimé que le partenariat stratégique pour une paix durable, qui passe nécessairement par la consolidation des efforts des différents organes des Nations Unies et des autres instances régionales, doit être renforcé de manière constante. L’interaction qui doit exister doit conduire à une meilleure connaissance de la situation sur le terrain en Afrique centrale et les organismes sous-régionaux doivent agir de manière concertée pour consolider la paix et prévenir les conflits. La représentante a préconisé que soit tenu compte du triptyque suivant: éradiquer les causes des conflits, contribuer au développement économique et prévenir les conflits. Consolider la paix en Afrique centrale suppose au niveau régional des efforts de chaque Etat pour dans un premier temps gérer au mieux les ressources naturelles importantes de l’Afrique centrale qui ne doivent pas être détournées vers des achats d’armements.
Mme Lajous a recommandé en outre l’adoption de mesures efficaces pour renforcer les capacités, transférer les technologies et ouvrir les marchés, et à cet égard, elle a appelé la communauté internationale à soutenir massivement le NEPAD comme instrument de prévention des conflits. Il faut également lutter contre la prolifération des armes légères et de petit calibre et contre les mines antipersonnel, a-t-elle mis en garde, déplorant les conséquences des guerres sur le développement et les ressources humaines notamment les flux importants de réfugiés et de déplacés qu’elles engendrent. La représentante a recommandé des mesures de prévention des conflits associant la société civile et le monde des affaires dans les processus de consolidation de la paix afin notamment de permettre aux pays d’Afrique centrale d’attirer des investissements étrangers qui sont essentiels pour la mise en valeur de leurs ressources. Elle a observé que les différents pays d’Afrique centrale ont consenti récemment des efforts en faveur de la paix, citant notamment la RDC, le Rwanda, l’Ouganda, le Burundi et l’Angola, qui sont engagés dans des processus qui prouvent leur volonté de stabiliser la région. Elle a exhorté le Conseil de sécurité à être disposé à appuyer ces efforts en faveur de la paix dans la sous-région d’Afrique centrale.
M. STEFAN TAFROV (Bulgarie) a affirmé que la Bulgarie soutenait pleinement les initiatives des institutions régionales visant à prévenir et résoudre les conflits en Afrique. Il a estimé que ces institutions constituaient un instrument adéquat pour assurer la paix dans les zones de crises. Saluant à cet égard l'initiative prise dans le cadre de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale le 2 octobre dernier, de déployer une force internationale d'observation en République centrafricaine, il a appelé les Etats Membres de l'ONU à apporter leur contribution à cette force, souhaitant également que l'on réfléchisse à l'éventuelle contribution du système de l'ONU à cette initiative par le biais du Bureau des Nations Unies pour la consolidation de la paix en République centrafricaine.
S'interrogeant sur les pistes à envisager pour améliorer les relations entre la région d'Afrique centrale et l'ONU, le représentant a appelé à poursuivre et à développer la coopération entre l'ONU et la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale. Il a également estimé que l'idée d'envoyer une mission interinstitutions dans les pays de la région de l'Afrique centrale méritait d'être explorée. S'agissant du processus de paix en République démocratique du Congo, il a affirmé que la communauté internationale se devait de soutenir sans réserve les accords signés entre le gouvernement de la RDC et les gouvernements rwandais et ougandais, saluant par ailleurs la bonne volonté démontrée par les pays concernés au cours de ces derniers mois. Enfin, il a affirmé que la Bulgarie appuyait pleinement le nouveau concept d'opération de la MONUC présenté dans le rapport spécial du Secrétaire général.
M. ADAM THOMSON (Royaume-Uni) s'est félicité du fait que la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale et la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (CEMAC) redéfinissent leur rôle en vue de prendre en considération les questions de sécurité, reflétant ainsi le lien qui existe entre la paix et la bonne gouvernance économique et politique. A cet égard, il a salué l'initiative de la CEMAC de déployer une force internationale d'intervention pour faire face aux tensions entre la République centrafricaine et le Tchad, espérant qu'elle opérerait en étroite collaboration avec les mécanismes des Nations Unies sur le terrain.
M. Thomson s'est avant tout félicité des efforts visant à revitaliser la coopération au sein de la région d'Afrique centrale, mais a estimé qu'à moins de servir un objectif commun, l'expansion des mécanismes régionaux serait peine perdue. Dans une région où les gains de l'un sont les pertes de l'autre, rétablir la confiance entre voisins demandera de plus grands efforts que la simple mise en place de nouvelles structures, a-t-il mis en garde. L'Afrique centrale a besoin de se définir autour d'un projet affirmant que le bien commun résultera de la paix et de la coopération, et de se doter de stratégies à long terme pour le développement des ressources de la région. Ce projet sera le ciment de la solidarité régionale. Partant, il appartiendra à la communauté internationale de déterminer les meilleurs moyens de l'appuyer, a-t-il poursuivi. Dans ce contexte, il a souligné l'importance du rôle des représentants et rapporteurs spéciaux des Nations Unies. Il s'est ensuite inquiété de la situation dans la région des Grands Lacs. Il importe tout d'abord de mettre fin aux conflits en République démocratique du Congo et au Burundi, a-t-il déclaré. Rappelant que la construction de la paix reposera sur une forte coopération régionale, il s'est déclaré favorable à l'organisation d'une conférence internationale sur la paix, la sécurité, la démocratie et le développement dans la région des Grands Lacs.
M. GEIR SJOBERG (Norvège) a souligné combien l'approche régionale dans la gestion des conflits était essentielle, les conflits en Afrique centrale étant tous interdépendants. A ce titre, il a invité les pays de la région à poursuivre leurs efforts pour promouvoir la coopération régionale et la sécurité collective, estimant que la responsabilité de la consolidation de la paix incombait d'abord aux pays eux-mêmes, et que la communauté internationale devait les assister dans ce processus. Le représentant a également fait valoir la nécessité d'une approche globale dans la mise en place du maintien de la paix, qui aide à promouvoir la réconciliation, la bonne gouvernance, la démocratie et le respect des droits de l'homme. Il a insisté sur l'importance du désarmement, de la démobilisation et de la réintégration des anciens combattants, ainsi que du développement économique et social dans le processus de consolidation de la paix.
M. Sjoberg a par ailleurs appelé les Nations Unies à renforcer les capacités du Département des affaires politiques, du Département des opérations de maintien de la paix et du Programme des Nations Unies pour le développement afin d'améliorer l'efficacité des Nations Unies dans le domaine du maintien de la paix. Nous soutenons fermement une collaboration étroite entre l'ONU et les institutions financières internationales, a-t-il poursuivi, appuyant le principe d'initiatives multilatérales de réduction de la dette en faveur de ces pays. Rappelant que la Norvège avait, entre autres, soutenu le dialogue inter-congolais à hauteur de 500 000 dollars, il s'est dit vivement préoccupé par les situations en République démocratique du Congo et au Burundi, s'inquiétant de possibles répercussions sur la stabilité et la sécurité d'autres pays.
M. MICHEL DUCLOS (France) a estimé que la coopération avec les Etats de l’Afrique centrale apparaît de plus en plus comme une nécessité, soulignant que le Conseil de sécurité a su se constituer une relation de travail privilégiée avec les Etats de la région dont le meilleur exemple est celui du conflit en RDC à propos duquel le Conseil a pu établir un véritable partenariat avec les signataires de l’Accord de Lusaka. Cette relation de confiance établie entre le Conseil de sécurité et les Etats de la région lui permet à la fois d’avoir un contact direct avec la réalité du terrain et de disposer d’un relais pour faire passer les messages nécessaires, et parfois les avertissements qui s’imposent. L’effort de tous les pays de la région est nécessaire pour consolider les progrès enregistrés dernièrement dans le processus de paix en RDC, a déclaré M. Duclos, considérant que tous les Etats de la région doivent exercer les pressions nécessaires pour que les groupes et factions armées sur lesquels ils ont de l’influence, dans l’est du pays, déposent les armes et pour que cessent les massacres qui y prennent place. Le processus de retrait des forces étrangères doit être mené à son terme et les Etats concernés doivent coopérer pleinement à la mise en œuvre du programme de démobilisation, de rapatriement et de réinsertion des membres des groupes armés, a-t-il ajouté. Il faut aussi que les parties mettent pleinement en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité à commencer par la démilitarisation de la ville martyre de Kisangani et là encore, les États voisins ont un rôle à jouer pour amener les rebelles du RCD à se conformer à cette obligation, a dit M. Duclos.
La MONUC devra se déployer dans l’est de la RDC à la fois pour mieux observer la situation sur le terrain et pour apporter son appui au processus de retrait et de DDR, a-t-il poursuivi, invitant les Congolais à s’entendre sur les modalités de la transition politique et à parvenir à un accord politique incluant toutes les parties. Enfin, la mobilisation de tous doit être nécessaire pour mettre un terme au pillage des ressources du Congo, a estimé le représentant, car ce pillage est un des moteurs du conflit et bénéficie de complicités dans tous les camps. M. Duclos a jugé ensuite que le processus de paix en RDC est indissociable du processus engagé au Burundi avant d’inviter les mouvements rebelles récalcitrants à cesser leurs hostilités et à négocier de bonne foi.
S’agissant de la situation en République centrafricaine, le représentant de la France a salué la décision des chefs d’Etat de la CEMAC qui ont créé, le 2 octobre dernier à Libreville, une force internationale d’observation qui aura pour mission de mettre en œuvre les mesures de confiance entre ce pays et le Tchad en procédant notamment à l’éloignement des personnes qui constituent un obstacle aux relations de bon voisinage entre la RCA et le Tchad. S’agissant de l’implication croissante des institutions financières internationales dans la consolidation des processus de paix, comme le montrent les décisions récentes prises par ces institutions concernant la RDC et le Burundi, M. Duclos a jugé qu’au-delà des efforts d’urgence de la Banque et du FMI, le retour de la stabilité à long terme dans la région passe sans doute par l’organisation d’une conférence internationale pour la paix, la sécurité, la démocratie et le développement durable dans la région des Grands Lacs qui permettrait d’aborder de manière inclusive les différents aspects des conflits de la sous-région.
M. MARTIN BELINGA-EBOUTOU (Cameroun) a déclaré que l’Afrique centrale, qui se présente devant le Conseil de sécurité, est un partenaire en mesure de répondre aux exigences des Articles 52 et 53 de la Charte des Nations Unies reconnaissant le règlement des conflits à l’échelon régional. Il s’agit à présent de renforcer les structures ainsi mises en place et de stimuler des actions combinées avec l’ONU. L’Afrique, a affirmé le représentant, saisit cette occasion pour professer sa foi en la coopération avec l’ONU. En effet, les tâches de développement et de paix exigent des moyens immenses et des interventions de multiples acteurs d’où la nécessité d’une coordination entre le Conseil de sécurité et les organisations sous-régionales. Le premier domaine de coopération, de l’avis du représentant, est le renforcement des capacités de la sous-région par la formation des troupes, l’échange de personnel et des arrangements en matière de partenariats dans le domaine logistique ainsi que le renforcement de la capacité de disposer et de déployer rapidement des stocks.
Le deuxième domaine de coopération, a-t-il poursuivi, est l’appui aux efforts grâce à un montage financier permettant de contribuer à la solution des problèmes en suspens. Pour le triptyque démobilisation, démilitarisation et reconstruction–réinsertion, l’appui des institutions internationales est particulièrement important. Tout retour définitif de la paix en dépend largement. A ce sujet le Programme de la Banque mondiale mérite d’être salué. Tout ceci, a conclu le représentant, exige une présence visible et matérielle de l’ONU en Afrique centrale. Il a ainsi souhaité que l’Organisation articule sa stratégie sur un état des lieux dressé non pas à partir des bords de la première avenue mais sur place en Afrique centrale. Il a donc mis l’accent sur l’importance et l’urgence de l’envoi d’une mission interinstitutions sur le terrain. Il a réitéré, à ce propos la proposition de créer au sein des Nations Unies une structure en charge du suivi des questions africaines.
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