Conseil de sécurité

4557^ème séance – matin

LE CONSEIL EST INVITE A ELARGIR LE MANDAT DE LA FORCE INTERNATIONALE D’ASSISTANCE A LA SECURITE POUR CONFORTER LE PROCESSUS EN COURS EN AFGHANISTAN

Devant le Conseil, M. Prendergast dénonce

la détérioration de la sécurité dans le nord du pays

Devant le Conseil de sécurité réuni ce matin sous la présidence du Ministre syrien des affaires étrangères, M. Farouk al Chareh, pour examiner la situation en Afghanistan, le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, M. Kieran Prendergast a rendu hommage au Président de l’Administration provisoire afghane, M. Hamid Karzaï, tout en se disant préoccupé par l’insécurité, notamment dans le nord du pays, qui menace l’ensemble du processus en cours.  A l’issue de son exposé, il a demandé aux membres du Conseil d’envisager d’élargir le mandat de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) de façon à l’étendre à l’ensemble du pays et prié la communauté internationale de ne pas relâcher son effort financier, indispensable à l’instauration d’un véritable état de droit.  Le Conseil avait précédemment tenu des consultations officieuses sur la question.

La Loya jirga a été un succès compte tenu des défis relevés pour assurer son organisation et sa sécurité, a fait valoir M. Prendergast, remerciant les Etats qui ont contribué à cette réunion et saluant le travail effectué par la Mission d’assistance des Nations Unies à l’Afghanistan (MANUA).  La Loya jirga a respecté le mandat défini par l’Accord de Bonn qui lui demandait d’élire un chef d’Etat et d’approuver la structure et le personnel de l’administration provisoire.  Tous les Afghans, tous les groupes ethniques afghans ont pu se réunir pacifiquement pour débattre de leur avenir politique commun, a-t-il souligné.  Le Bureau de la Loya jirga et la MANUA ont dénoncé un certain nombre de cas d’intimidations; c’est pourquoi, il sera essentiel que, la prochaine réunion de ce type, les autorités afghanes tiennent compte de ces éléments, a-t-il ajouté, en expliquant que ces incidents étaient dus au fait que l’état de droit n’est pas encore fermement établi en Afghanistan.

Le Secrétaire général adjoint a ensuite rappelé quelques faits et dates, insistant notamment sur la réunion de la Loya jirga, présidée par le Roi Zaher Shah, qui avait rassemblé à Kaboul le 11 juin dernier, 1 656 délégués votants.  Le Représentant spécial du Secrétaire général, M. Lakhdar Brahimi y avait fait une déclaration dans laquelle il soutenait qu’il y avait eu une résistance aux actes d’intimidation.  Le 13 juin, M. Karzaï a été élu par 1 295 délégués sur 1 575 votants aux fonctions de Président de l’Administration provisoire.  Pour la première fois dans l’histoire afghane, une femme s’est présentée à cette fonction et est arrivée en deuxième position, ce qui mérite d’être souligné, a estimé M. Prendergast.  La victoire méritée de M. Karzaï reflète son esprit d’initiatives tant sur le plan interne que sur le plan externe, a-t-il fait remarquer, précisant

que ce dernier avait soumis ses propositions sur la structure et les personnalités de l’Administration provisoire. M. Prendergast a fait valoir la vision réformiste de M. Karzaï, qui a notamment proposé la création de commissions de la défense, de la sécurité nationale, des investissements étrangers et de la restitution des biens.  Il a également relevé que M. Karzaï prévoit une structure gouvernementale légère, axée sur les besoins de la population et évitant une bureaucratie trop lourde.  Sa politique insiste également sur la nécessité de trouver des revenus assurant au pays son autosuffisance, en particulier par le relèvement des droits de douanes.  M. Karzaï a en outre encouragé les investissements étrangers et la lutte contre la corruption, ainsi que la nécessité de débloquer et d’utiliser rapidement l’aide des donateurs. 

Au plan sécuritaire, a poursuivi M. Prendergast, M. Karzaï, qui devrait annoncer dans les deux prochains jours la composition de son Cabinet, a souligné qu’il serait nécessaire de constituer une armée nationale, représentative de tous les Afghans et qui rende compte aux Afghans, ainsi que des services de renseignements respectueux des citoyens et un système judiciaire non corrompu.  Il insiste sur le fait que les chefs de guerre et tous les commandants devront relever du Ministère de la défense.  M. Prendergast s’est inquiété, devant le Conseil, de la détérioration de la situation dans certains régions d’Afghanistan, en particulier le nord: la sécurité ne sera pas garantie par le hasard, a-t-il déclaré, en mentionnant des vols perpétrés dans cette région contre des organisations internationales, le viol de certaines collaboratrices de ces organisations et divers incidents armés les visant.  Par conséquent, les institutions chargées de l’aide ont lancé un appel aux dirigeants afghans et à M. Brahimi, qui a demandé à M. Karzaï d’intervenir d’urgence et de s’assurer que les responsables de ces actes soient traduits en justice.  M. Brahimi a aussi rencontré les responsables des trois factions du nord, mais aucune mesure sérieuse n’a encore été prise pour appréhender les criminels.  Si cette situation perdure, a prévenu M. Prendergast, les organisations chargées de l’aide humanitaire devront quitter le nord et il sera alors plus difficile de convaincre les donateurs de débloquer des fonds.  Il est donc fondamental que la communauté internationale assiste le Gouvernement afghan pour qu’il puisse asseoir son autorité, même dans les zones reculées.  Soulignant que la future armée afghane ne pourra assurer la sécurité dans les mois qui viennent, M. Prendergast a invité les membres du Conseil qui contribuent à la Force internationale d’assistance à la sécurité d’envisager d’élargir le mandat de cette Force.  Si on ne lutte pas contre l’insécurité, celle-ci fera peser de graves menaces sur le processus en cours, a-t-il insisté.  Le Rappelant que le Royaume-Uni a transmis hier le commandement de la FIAS à la Turquie, il en a profité pour rendre hommage à cette Force qui a accompli un excellent travail pendant la Loya jirga et est devenue un modèle de l’engagement international.  Nous espérons, a-t-il ajouté, qu’elle aura le même impact positif quand elle se déploiera ailleurs dans le pays.

Abordant les progrès enregistrés par la MANUA, M. Prendergast a indiqué que la Mission et l’ensemble du système des Nations Unies se sont engagés dans une stratégie cohérente d’assistance et de coopération productive avec le Gouvernement afghan.  Il a précisé qu’il sera en mesure de donner des informations plus détaillées sur cette question dans un avenir proche.  Toutefois, il s’est dit très préoccupé par l’absence de financement dont continuent de pâtir plusieurs programmes d’assistance.  Ainsi le Programme alimentaire mondial et le Haut Commissariat pour les réfugiés ont dû sensiblement réduire leurs activités. 

Il y a un manque de ressources considérable et les Nations Unies ont par conséquent du mal à préparer dans de bonnes conditions la transition nécessaire et à lancer le processus de reconstruction.  En conclusion, le Secrétaire général adjoint estimé que les espoirs nés de l’Accord de Bonn sont aujourd’hui devenus réalité et que le processus de paix s’est avéré très fort.  Désormais, de nouvelles tâches et de nouveaux défis se présentent et elles exigent un appui tout aussi fort.  La communauté internationale doit aider les Nations Unies à relever les derniers défis qui subsistent et à honorer les grandes responsabilités qui attendent encore les Nations Unies, car chaque succès du processus de Bonn s’accompagne en fait de nouveaux devoirs. 

A l’issue de cette présentation, les membres du Conseil ont entamé de nouvelles consultations officieuses sur la question.

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