LE PROJET DE CONFERENCE INTERNATIONALE POUR LA PAIX AU MOYEN-ORIENT EST JUGE COMME L’INITIATIVE LA PLUS PROMETTEUSE POUR SORTIR DE L’IMPASSE ACTUELLE
Communiqué de presse CS/2323 |
Conseil de sécurité
4552ème séance – matin et après-midi
LE PROJET DE CONFERENCE INTERNATIONALE POUR LA PAIX AU MOYEN-ORIENT EST JUGE
COMME L’INITIATIVE LA PLUS PROMETTEUSE POUR SORTIR DE L’IMPASSE ACTUELLE
Cette conférence devrait avoir des objectifs et un calendrier précis
et éviter de se limiter à l’aspect sécuritaire de la question
A la demande du Groupe des Etats arabes, présidé ce mois-ci par le Bahreïn, le Conseil de sécurité a tenu de nouveau, aujourd’hui, un débat sur la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne. Une réunion d’urgence, motivée par les récents événements survenus dans le territoire palestinien occupé, et notamment les nouvelles incursions et occupations israéliennes du Siège de l’Autorité palestinienne à Ramallah, à laquelle ont participé près de quarante intervenants.
Pour l’Observateur de la Palestine, M. Nasser Al-Kidwa, Israël, ces derniers mois, s’est efforcé d’institutionnaliser la situation odieuse résultant de son attaque militaire contre le peuple palestinien. Sous prétexte de lutter contre les attentats-suicide, Israël et son Premier Ministre entendent en fait revenir à la situation précédant les Accords d’Oslo et détruire l’Autorité palestinienne, a dénoncé M. Al-Kidwa. Si l’on veut pouvoir espérer le début d’un retour à la paix, il faut donc «stopper cet homme» et il faut aussi que la communauté internationale se montre plus volontaire, notamment en instaurant un mécanisme de négociation entre les parties, par le biais d’une conférence internationale par exemple. Mais, a-t-il précisé, dans l’immédiat, les Palestiniens attendent du Conseil de sécurité qu’il condamne les pratiques israéliennes, le rejet de la tentative de destruction des Accords d’Oslo et surtout la préservation de l’Autorité palestinienne, tout en faisant respecter ses résolutions. L’Observateur a aussi indiqué attendre avec intérêt les résultats des rencontres du «Quartet», demain à Washington et, dans quelques jours au Canada, en marge du Sommet du G-8.
A ces allégations, le représentant d’Israël, M. Yehuda Lancry, a répondu qu’en dépit des multiples efforts consentis par son pays, il attendait toujours les mesures que pourraient prendre les autorités palestiniennes pour remplir leurs obligations. Ce que certains appellent incursions sont des interventions préventives qui ont permis de sauver des vies innocentes, a-t-il insisté, ajoutant que ceux qui sont engagés dans la lutte contre le terrorisme savent que, pour réussir, il faut mettre en échec les terroristes avant qu'ils puissent atteindre les centres civils. Israël n’oublie pas que les deux parties doivent vivre dans la paix et c’est pourquoi, il a opté pour une attitude retenue, afin notamment de donner leur chance aux initiatives diplomatiques. Mais en l'absence de la mise en œuvre de la résolution 1402, les conditions favorables permettant de reprendre un processus politique ne seront pas créées, a prévenu clairement M. Lancry.
Nombreux ont pourtant été les intervenants à dénoncer la logique militaire répressive et sécuritaire, poursuivie par Israël au nom de la lutte contre le terrorisme, arguant qu’elle ne laissait ainsi aucune perspective de reprise du dialogue. Tout aussi nombreux ont été ceux à juger la logique terroriste aveugle adoptée par certains groupes palestiniens «inacceptable et contre-productive». A cet égard, le représentant américain a estimé que les condamnations du terrorisme ne suffisent pas et qu’il ne fallait pas confondre résistance et terreur, cette dernière devant impérativement être traduite en justice. Il a été présenté qu’en l’état actuel, les deux parties n’étaient pas en mesure de sortir seule de l’impasse et que, pour retrouver le chemin d’une paix globale et juste, elles avaient besoin de l’intervention d’acteurs tiers. Dans ce contexte, le projet de conférence internationale pour la paix au Moyen-Orient est apparu comme un instrument particulièrement utile, à condition d'en définir précisément les objectifs, les termes de référence, le calendrier et le format. Ainsi pour la France, entre autres, les termes de référence de cette rencontre doivent être ceux qui forment le socle du consensus international, à savoir les résolutions 242, 338 et 1397 du Conseil de sécurité; la Conférence de Madrid et le principe de l'échange des territoires contre la paix; les Accords d'Oslo; la proposition saoudienne entérinée par le Sommet arabe de Beyrouth et la vision américaine de MM. Bush et Powell. Sur ce sujet, le représentant des Etats-Unis n’a cependant évoqué qu’une possible «réunion ministérielle cet été». De son côté, le représentant de la Turquie a proposé que cette rencontre ait lieu dans son pays dans la ville d’Istanbul.
Tous se sont en revanche accordés sur le fait que l’objectif de toute rencontre devait être de parvenir à la création de deux Etats vivant en sécurité à l’intérieur de frontières internationalement reconnues. Il devait aussi être de considérer le problème non seulement sous l’angle sécuritaire, mais aussi politique, humanitaire et économique. A cet égard, il a été jugé urgent et essentiel de s’attacher à la reconstruction économique dans le territoire palestinien. Une nécessité qui a amené le représentant de l’Espagne à avertir que l’Union européenne se réservait le droit de demander réparation si Israël venait de nouveau à endommager ou détruire le fruit de ces efforts de reconstruction. Quant aux réformes que l’Autorité palestinienne doit entreprendre en son sein, si elles ont été largement reconnues comme nécessaires, plusieurs intervenants, dont l’Egypte, ont insisté sur le fait que la légitimité des dirigeants palestiniens ne pouvait découler que du peuple palestinien lui seul.
Outre les quinze membres du Conseil, l’Observateur permanent de la Palestine et le Représentant permanent d’Israël, le débat a permis aux représentants des pays suivants de s’exprimer sur la question: Bahreïn (au nom du Groupe des Etats arabes), Egypte, Malaisie, Maroc, Afrique du Sud (Mouvement des pays non alignés), Tunisie, Jordanie, Soudan, Espagne (au nom de l’Union européenne et des Etats associés), Koweït, Japon, Cuba, Indonésie, Pakistan, Iraq, République islamique d’Iran, Arabie Saoudite et Turquie. Le Conseil a aussi entendu le Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien.
LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE
Déclarations
M. NASSER AL-KIDWA, Observateur permanent de la Palestine, a rappelé que le 10 juin, les forces d’occupation israéliennes, avant de se retirer la nuit dernière, ont à nouveau investi la ville de Ramallah et imposé un couvre-feu militaire au Siège du Président de l’Autorité palestinienne, M. Yasser Arafat. Quelques jours auparavant, ces forces avaient attaqué le Siège du Président Arafat en utilisant des chars et des obus, endommageant ainsi la plupart des bâtiments, tuant deux personnes et mettant incontestablement en danger la sécurité personnelle du Président Arafat. Depuis les événements d’avril, les forces israéliennes ont continué d’effectuer des incursions régulières dans plusieurs villes sous autorité palestinienne, tuant et enlevant des civils. Israël s’est efforcé fébrilement d’institutionnaliser la situation odieuse résultant de son attaque militaire contre le peuple palestinien. Il a supprimé les lignes de démarcation définissant les zones sous autorité palestinienne. Il a isolé toutes ces zones de la ville de Jérusalem-Est et imposé des déplacements forcés de population d’une ville palestinienne à une autre. Parallèlement, la colonisation du territoire palestinien s’est poursuivi sans relâche, les travaux de construction de colonies de peuplement suivant leur cours à bon train. En somme, Israël commet depuis plusieurs mois maintenant des crimes de guerre et des actes de terrorisme d’Etat contre le peuple palestinien. Aujourd’hui, le peuple palestinien attend le rapport du Secrétaire général sur les actes commis à Djénine, demandé par la session extraordinaire de l’Assemblée générale. Dans l’intervalle, la communauté internationale, y compris le Conseil de sécurité, doit condamner tous ces actes et prendre des mesures efficaces pour y mettre fin d’urgence car il s’agit de violations grossières de la quatrième Convention de Genève et de toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. La vraie question, a affirmé M. Al-Kidwa, est en fait de savoir comment le Conseil peut tolérer que cette situation perdure ainsi.
Israël prétend que toutes ces actions de destruction et de répression sont entreprises pour prévenir les attentats-suicide que l’Autorité palestinienne a, à plusieurs reprises, condamné, a-t-il poursuivi. Mais ce que fait Israël ne relève absolument pas de la légitime défense et ne pourra être que contre-productif, ne servant aucunement les intérêts proclamés d’Israël. A la vérité, le véritable but d’Israël et de son Premier Ministre est de revenir à la situation précédant les Accords d’Oslo et de détruire l’Autorité palestinienne. M. Sharon entend en fait tuer tous les accords obtenus jusqu’à maintenant et, notamment, les recommandations du rapport Mitchell. A cet effet, il multiple les excuses et les prétextes et aujourd’hui sa nouvelle invention est de rejeter l’existence d’un partenaire palestinien dans le processus de paix. Or, il doit être bien clair que les affaires palestiniennes sont strictement des affaires intérieures qui ne concernent aucunement Israël. La vérité est que des institutions d’Etat solides sont tout simplement impossibles à construire en situation d’occupation. En tout état de cause, M. Sharon entend semer le chaos à l’intérieur de l’Autorité afin de détruire définitivement toutes les perspectives de paix. Malheureusement pour l’heure, la communauté internationale n’a pas été en mesure de l’arrêter dans ses desseins destructeurs et délibérés. Récemment encore, dans un article publié dans le New York Times, M. Sharon a réitéré son rejet de tout règlement bilatéral, ainsi que l’idée de convoquer une conférence internationale sur la situation dans la région, soit un rejet total des propositions du Prince saoudien Abdullah.
«Rappelons-nous que M. Sharon a été à plusieurs reprises impliqué dans des massacres et crimes de guerre, notamment à Sabra et Chatilah», a mis en garde M. Al-Kidwa, ajoutant qu’il faut stopper cet homme. Ce n’est qu’alors que l’on pourra espérer le début d’un retour à la paix. Il faut aussi un rapprochement envisageant tous les aspects du problème pour parvenir à une solution. Plus encore, il faut une déclaration claire quant à la forme que pourrait prendre une solution définitive au problème, à savoir la constitution d’un Etat palestinien ayant Jérusalem-Est pour capitale sur la base des frontières de 1967. Sur la base également de la reconnaissance de la nécessité de la sécurité d’Israël ainsi que des autres Etats de la région. Pour tout cela, une présence internationale sur le terrain est nécessaire, de même qu’un mécanisme de négociation entre les parties, par le biais notamment d’une conférence internationale, à condition que le calendrier en soit clair. «En l’absence de ces mesures, nous resterons enfermés dans un cercle vicieux et la situation ne s’en trouvera que plus dangereuse», a prévenu l’Observateur permanent.
Dans l’immédiat, les Palestiniens attendent trois choses du Conseil de sécurité: la condamnation des pratiques israéliennes et le rejet de la tentative de destruction des Accords d’Oslo et surtout la préservation de l’Autorité palestinienne; un travail efficace pour faire respecter et mettre en œuvre ses résolutions pertinentes; et un effort véritable et soutenu pour un rapprochement d’ensemble en vue d’une solution où le Conseil jouerait son rôle naturel. Certains affirment qu’il y a un mouvement politique sérieux pour répondre à la situation sur le terrain et que, bientôt, l’on pourrait espérer des résultats importants. Le «Quartet» et le G-8 devant se réunir dans les prochains jours, l’Autorité palestinienne est disposée à attendre les résultats qui en sortiront. Cependant, elle rappelle que le Conseil de sécurité doit impérativement honorer les responsabilités qui lui incombent au titre de la Charte des Nations Unies et jouer son rôle en faveur du processus de paix et du rapprochement entre les parties.
M. YEHUDA LANCRY (Israël) a souligné qu'entre le 3 mars et le 4 avril, le Conseil avait adopté deux résolutions, à savoir les résolutions 1402 et 1403. Nous avons retiré nos troupes y compris de Ramallah, négocié une issue pacifique à la situation dans l'église de la Nativité, nous avons pris des mesures pour permettre à la direction palestinienne d'asseoir son autorité et de remplir ses obligations, notamment son adhésion à un véritable cessez-le-feu, ainsi que la coopération avec l'Envoyé spécial des Etats-Unis, M. Anthony Zinni et la mise en œuvre du Plan Tenet. Nous attendons toujours les mesures que pourraient prendre les autorités palestiniennes pour s’acquitter de leurs obligations. Pas un seul jour ne s'est écoulé sans que les terroristes palestiniens ne tentent une attaque, a fait valoir le représentant. Ce que certains appellent incursions sont des interventions préventives qui ont permis de sauver des vies innocentes, a-t-il souligné. Ceux qui sont engagés dans la lutte contre le terrorisme, a-t-il ajouté, le savent. Pour vaincre les terroristes, il faut les mettre en échec avant qu'ils ne puissent atteindre les centres civils. Le délégué a énuméré les attaques survenues au cours de ces dernières semaines. A de nombreuses reprises, ce sont les forces du Président Arafat qui étaient responsables de ces actes, a-t-il accusé, faisant remarquer qu’à d'autres occasions, c’était des organisations connues pour leurs actes terroristes. Israël a souvent demandé leur arrestation mais ils continuent de circuler librement dans les rues. Les forces palestiniennes sont pourtant capables de les traduire en justice et sont tenues de le faire.
Le Gouvernement de la Syrie continue d'appuyer et d'encourager les actes de violences contre les civils israéliens, a ensuite poursuivi M. Lancry. L'organisation terroriste «Jihad islamique», qui a revendiqué l'attaque du 5 juin, l'a fait depuis son quartier général de Damas, mais elle n'est qu'une des nombreuses organisations dans ce cas. A cet égard, M. Lancry a cité le Hezbollah qui agit, selon lui, avec l'assentiment de Damas. Il a également évoqué les émissions de Radio Damas qui parlait, le 9 mai, des «attaques merveilleuses» contre les civils israéliens. Pour le délégué, cette attitude de soutien aux groupes terroristes traduit le non respect par la Syrie de ses obligations internationales et son rejet des valeurs humanistes fondamentales. Israël appelle la Syrie à respecter les obligations internationales auxquelles elle a souscrit, a poursuivi M. Lancry qui s'est dit terrifié par l'attitude du régime syrien.
Les Palestiniens, a poursuivi le représentant, n'ont pris aucune mesure pour lutter contre la terreur: la situation d'aujourd'hui était tout à fait prévisible. En avril et en mai derniers, on ne s'assurait que du fait que les Israéliens allaient appliquer les résolutions du Conseil de sécurité. Mais plutôt que de tenir la partie palestinienne responsable de ne pas avoir respecté ses obligations, seul Israël a été mis en cause. M. Lancry a alors cité deux incidents significatifs selon lui: tout d'abord, la découverte d'un laboratoire d'explosifs à Ramallah appartenant à la Force 17 de protection personnelle du Président Arafat. Cette découverte confirme, selon lui, la nécessité d'agir pour protéger les citoyens israéliens du terrorisme des Palestiniens. Le deuxième incident fut l'invitation faite par M. Arafat au Hamas et au Jihad de faire partie de son cabinet, rappelant que ces deux formations sont des groupes terroristes. Plutôt que d'arrêter ses dirigeants et de confisquer les armes, M. Arafat les a traités comme des partenaires politiques acceptables. Ces incidents sont incroyables mais pas surprenants, a noté M. Lancry qui se dit convaincu que M. Arafat prétend participer à la paix mais se nourrit du terrorisme, ce qui met en danger les Israéliens et les Palestiniens.
Dans ces circonstances, devons-nous rester les bras croisés et assister aux actes de terroristes qui circulent librement dans les rues? a demandé le représentant israélien. Devons-nous ignorer le fait que les forces contrôlées par le Président Arafat sont en train de fabriquer des explosifs? Ce n'est pas possible et pourtant, nous n'oublions pas que les deux parties doivent vivre dans la paix. C’est ce qui explique notre attitude retenue afin de permettre aux initiatives diplomatiques en cours de réussir, a-t-il fait valoir. M. Lancry a salué, à cet égard, les efforts du «Quartet». Pour lui, un véritable cessez-le-feu et des efforts sincères contre le terrorisme étaient indispensables, ainsi que la mise en œuvre du Plan Tenet et des recommandation du rapport Mitchell. En l'absence de la mise en œuvre de la résolution 1402, nous ne pourrons créer de conditions propices à la reprise du processus politique. Malheureusement, la direction palestinienne n'est pas la seule à encourager le terrorisme, a-t-il souligné en désignant de nouveau la Syrie. Le terrorisme doit être inlassablement combattu, sinon les efforts déployés seront vains, a-t-il conclu.
M. JASSIM MOHAMMED BUALLAY (Bahreïn), s’exprimant au nom du Groupe des Etats arabes, a rappelé que les forces israéliennes continuent d’occuper villes et villages et d’assassiner des enfants, des femmes et des personnes âgées en Palestine. Sous prétexte de lutter contre le terrorisme, l’occupation et les incursions sont devenues une routine habituelle, à laquelle le monde s’est habitué avec la complicité des médias qui ne daignent même plus couvrir les événements. Il y a quelques jours, les chars israéliens ont repris d’assaut le Siège du Président de l’Autorité palestinienne, dont la vie a été clairement mise en danger, sa chambre privée ayant même été endommagée. Quelques heures avant la rencontre entre le Président Bush et M. Sharon, les forces israéliennes ont effectué une nouvelle incursion au Quartier général du Président Arafat. Les forces d’occupation ont complètement détruit les infrastructures de l’Autorité palestinienne, malgré cela, les attaques ignobles contre les civils palestiniens se poursuivent au quotidien. Le monde y assiste passif et les bras croisés.
Le Conseil de sécurité se doit aujourd’hui plus que jamais assurer ses responsabilités et mettre un terme à la situation de violence et d’agression dont est victime le peuple palestinien, a affirmé le représentant. L’un des objectifs de ces incursions est de saper tous les moyens ou toutes les chances d’une paix durable dans la région, a-t-il dénoncé. M. Sharon souhaite éroder l’Autorité palestinienne et l’empêcher d’exercer son rôle, de mettre de l’ordre dans sa propre maison, afin de pouvoir ainsi entamer des négociations sérieuses sur le règlement final. Israël n’a exprimé que mépris à l’égard des résolutions du Conseil de sécurité, y compris les résolutions historiques 1402, 1403 et 1405. Compte tenu de tous ces éléments, le Conseil a véritablement une responsabilité particulière à assumer. Il lui appartient d’intervenir immédiatement pour mettre un terme à ces actes irresponsables et à ces crimes de guerre. Pour cela, il devrait exiger le respect immédiat de ses résolutions. Pour cela, la communauté internationale devrait aussi vigoureusement condamner les actes israéliens visant à détruire l’Autorité palestinienne.
M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a déclaré que les actes terroristes minent les efforts de paix et a appelé l’Autorité palestinienne et le peuple palestinien à renouveler leurs efforts pour mettre fin aux attentats -suicides. Il a égaleme nt regretté les opérations militaires menées par les Israéliens dans les zones A, qui selon lui, contribuent à ruiner l’économie et les institutions palestiniennes. Dans le même ordre d’idées, il a regretté le manque de volonté politique des deux parties pour entamer un véritable dialogue. A cet égard, il a ajouté que l’approche de la question sous un angle uniquement sécuritaire ne permettra ni de résoudre le conflit dans son ensemble, ni même d’assurer la sécurité. Dénonçant les nouvelles mesures drastiques israéliennes, M. Kolby a déclaré que celles-ci n’aboutiront qu’à détruire un peu plus la société et l’économie palesti niennes, à compliquer la fourniture de produits de base, à entraver les actions de l’Autorité palestinienne et par -là alourdir le fardeau qui repose déjà sur les épaules des donateurs, et enfin à élargir le fossé qui sépare Israéliens et Palestiniens.
Le représentant de la Norvège, tout en regrettant la situation déplorable sur le terrain, a néanmoins fait part d’un certain optimisme, compte tenu du consensus international qui s’est construit sur la façon d’aboutir à un règlement de ce conflit, et qui repose sur les conclusions des négociations de Taba en janvier 2001, le Plan de paix de la Ligue des Etats arabes et la résolution 1397 du Conseil de sécurité. Dans ce contexte, il s’est félicité du rôle de chef de file des Etats-Unis et du “«Quartet”» pour coordonner les efforts de paix au niveau international. Il a également formé le voeu que le projet de conférence de paix internationale puisse être bien préparé et avoir des objectifs réalistes, dans une triple approche politique, sécuritaire et économique. Par ailleurs, il a également souligné que la plus forte des volontés internationales ne pourra se substituer aux efforts des parties concernées. A cet égard, M. Kolby a salué les récents efforts des Palestiniens pour renforcer leurs institutions, mais aussi le récent retrait des Israéliens de Ramallah, tout en appelant ces derniers à mettre en oeuvre immédiatement les résolutions 1397 et 1402 du Conseil de sécurité et à se retirer de tous les territoires occupés. En conclusion, il a exhorté les parties à reprendre le dialogue sans condition préalable, afin d’éviter une détérioration dramatique de la situation.
M. STEFAN TAFROV (Bulgarie) a exprimé la préoccupation de son pays, notant que la violence continuait à des niveaux inacceptables et que les efforts pour la faire baisser restaient sans résultat. Il a estimé que ce qui génère essentiellement la tension dans la région restent les actes terroristes contre les civils israéliens, ainsi que le recours à la force disproportionnée dans les territoires occupés. Pour lui, c'est un cercle vicieux dans lequel les deux parties s'accusent mutuellement, sans saisir les chances offertes par la communauté internationale d'aboutir à un renouvellement du processus de paix. Condamnant avec force les attentats meurtriers de Palestiniens qui se suicident, il a relevé qu'il était triste qu'ils deviennent routiniers car ils ne font qu'éloigner les Palestiniens de leur objectif, à savoir: vivre dans leur propre Etat. Il est difficile, a estimé M. Tafrov, de percevoir les Palestiniens comme de bons voisins si les civils israéliens continuent de vivre dans l'insécurité. La Bulgarie est par ailleurs persuadée que toute riposte des forces israéliennes devrait être mesurée et ciblée, sinon la tentation de répondre à la force par la force est de plus en plus forte, a-t-il noté. Il faut consolider l'Autorité palestinienne pour qu'elle devienne un vrai partenaire d'Israël dans le processus de paix.
Saluant les efforts diplomatiques en cours, il a reconnu qu'ils n'avaient pas à ce jour de résultats visibles, mais le délégué s'est dit convaincu qu'une paix durable était possible à travers les efforts du Conseil de sécurité, du «Quartet» et de la communauté internationale en général. Il revient aux deux parties en conflit de permettre à la communauté internationale à les aider, a-t-il estimé. M. Tafrov a ensuite fait valoir un certain nombre de points de vue sur la question examinée: il a ainsi salué l'idée de tenir des élections libres dans les territoires sous contrôle de l'Autorité palestinienne, jugeant qu'elles seraient de nature à faciliter le processus de paix. La Bulgarie insiste par ailleurs sur la liberté de mouvement de M. Arafat dans ces territoires. La situation d'aujourd'hui renforce la position de ceux qui oeuvrent contre le processus de paix en assumant des actes irresponsables, mais la Bulgarie, a-t-il insisté, fait de son mieux pour garder le contact avec les deux parties et continue de croire en l'existence de deux Etats.
M. AHMED ABOUL GHEIT (Egypte) a regretté qu’une fois de plus, le Conseil de sécurité ait à examiner la situation triste et tragique entre Israël et la Palestine. Il a réaffirmé que le recours à la force armée pour essayer de briser la volonté de résistance palestinienne à l’occupation et à la colonisation israélienne est une manoeuvre brutale qui n’apportera jamais aucun résultat. De l’avis de l’Egypte, le cœur du problème est l’occupation par Israël de tous les territoires occupés depuis le 5 juin 1967. Par conséquent, pour trouver une quelconque solution à la crise, Israël doit impérativement se retirer de tous ces territoires, ni plus, ni moins. Parallèlement toutes les tentatives pour bloquer les efforts de paix ne serviront à rien et Israël doit le savoir et se conformer aux Conventions de Genève, au droit international et aux principes acceptés internationalement depuis l’adoption de la résolution 242. «Le caractère inadmissible de l’acquisition de territoire par la guerre fait qu’Israël doit simplement se retirer des territoires occupés depuis 1967», a-t-il insisté, avant d’ajouter qu’à la Conférence de Madrid en 1991, tous les participants avaient convenu du principe de retrait. Le règlement entre les parties devra poser le principe clair que la sécurité ne pourra jamais être obtenue par des actes d’agression ou de répression, quels qu’ils soient. La sécurité véritable ne sera atteinte que par l’édification et le renforcement de la confiance. En outre, il doit être clairement reconnu que le peuple palestinien est le seul autorisé à choisir ses représentants. La légitimité des dirigeants palestiniens découle et ne peut découler que de ce choix et non d’une quelconque influence extérieure.
La situation actuelle est particulièrement difficile et tous les acteurs internationaux doivent tout mettre en oeuvre pour encourager et favoriser la reprise du dialogue, a poursuivi le représentant. Ceci exige plusieurs éléments: effort pour rétablir la confiance, notamment en mettant fin au blocus israélien sur les villes palestiniennes, retrait israélien aux positions préalables au 22 septembre 2000, fin des assassinats et activités subversives, et arrêt de tous les actes de violence. Les parties au différend devraient reconnaître que les objectifs d’un règlement juste et durable ne seront atteints que grâce à l’exercice par le peuple palestinien de son droit à établir un Etat légitime et sûr, dans le cadre des frontières d’avant 1967 et d’accords de sécurité régionaux avec tous les Etats voisins. Toute solution définitive doit s’effectuer sur les bases de la résolution 242 et de la proposition arabe adoptée récemment à Beyrouth. Il faut lutter contre les tendances à maintenir le statu quo ou à n’envisager qu’un règlement temporaire. Il faut aussi fournir un appui économique considérable aux Palestiniens. L’Egypte attache une grande importance à une paix juste et durable. Ainsi que l’a déclaré le Président Moubarak récemment à Camp David, il faut toujours avoir à l’esprit qu’il y a des forces qui ne sont pas convaincues par cette vision et feront toujours obstacle aux efforts pour y parvenir. Le meilleur moyen de s’opposer aux ennemis de la paix est de continuer à avancer avec détermination et fermeté. C’est ce que l’Egypte entend faire et invite toutes les puissances influentes, y compris le Conseil de sécurité, à faire également.
M. HASMY AGAM (Malaisie) a condamné la réoccupation des villes de Naplouse et de Bethléem, des camps de réfugiés de Balata et Askar, ainsi que les incursions des forces armées israéliennes à Toulkarem. Il a condamné également le siège du quartier général du Président Arafat à Ramallah le 5 juin dernier et l’imposition d’un couvre-feu à l’ensemble de la ville, de même que le harcèlement des habitants de Ramallah. Toutes ces actions israéliennes ont causé de graves souffrances au peuple palestinien et n’ont pas amélioré la sécurité des Israéliens. A l’inverse,
elles ont exacerbé les tensions et provoqué des mesures de représailles sanglantes de la part de certains groupes palestiniens qui sont hors du contrôle de l’Autorité palestinienne et qui entendent maintenir les deux parties dans un cycle de violence et contrer les efforts en faveur d’une solution pacifique. Le Président Arafat a constamment condamné ces attaques-suicide contre des civils israéliens et ne peut en aucun cas être tenu responsable de ces actions, a jugé M. Agam. Selon lui, plutôt que de bannir le Président Arafat et de tenter de le harceler et de l’intimider, Israël devrait plutôt engager des négociations constructives avec lui car il est le dirigeant élu du peuple palestinien. Il a estimé que le manque de retenue d’Israël dans ses actions militaires au moment où la communauté internationale déploie des efforts pour organiser une conférence de paix sur le Moyen-Orient traduit clairement sa volonté de régler le conflit par la voie militaire et non pas politique.
Le représentant a rappelé que toute solution à ce conflit passait à l’évidence par la création d’un Etat palestinien indépendant et souverain et que M. Sharon ne pouvait en aucun cas choisir lui-même son interlocuteur palestinien au détriment du Président Arafat qui demeure essentiel au processus de paix. M. Agam a lancé un appel en faveur du déploiement d’une force de maintien de la paix ou de surveillance des Nations Unies dans les territoires palestiniens occupés ainsi qu’à la définition d’un plan d’action pour la recherche d’une solution au conflit reposant sur les résolutions 242, 338 et 425 du Conseil de sécurité ainsi que sur le principe de la terre contre la paix énoncé lors de la Conférence de Madrid en 1991.
M. MOHAMED BENNOUNA (Maroc) a regretté que la logique de la force s'impose dès qu'il y a des signes d'accalmie. Notant qu'une fois encore les forces israéliennes avaient effectué des incursions et occupé Ramallah, créant un sentiment de frustration et de désespoir, il a estimé que cette situation ne pouvait être tolérée. Le sort des populations reste soumis à l'occupation israélienne qui contrevient au droit international. Le Gouvernement israélien a depuis son accession au pouvoir imposé un comportement visant à saper l'Autorité palestinienne et à torpiller les tentatives en faveur d'un Etat palestinien. Il foule aux pieds la volonté et l'autorité du Conseil de sécurité, qui a, à plusieurs reprises, souligné la nécessité pour Israël de se retirer sur les bases des résolutions 242 et 338. Plus que jamais, le Conseil de sécurité doit agir avec le plus grand sérieux pour imposer le respect de ses résolutions.
Le représentant a jugé ironique de demander aux forces palestiniennes de contrôler la sécurité, alors qu'elles sont bombardées et que le Président et le Gouvernement palestiniens n'ont aucune liberté de mouvement. La sécurité d'Israël ne sera pas obtenue en torpillant l'Autorité palestinienne. Quant à la communauté internationale, elle doit fournir l'assistance nécessaire pour permettre à l'Autorité palestinienne de reconstruire ses infrastructures et de satisfaire aux besoins élémentaires de sa population. Il a rappelé que des réformes avaient été mises en place et un nouveau Gouvernement constitué. La partie arabe a, pour sa part, entériné l'initiative saoudienne et est intervenue pour mettre fin à la violence.
Pour le Maroc, la fin ne justifie pas les moyens, a insisté son représentant. Mais pour mettre un terme à la violence et à la terreur, il faut d'abord mettre fin à l'occupation et reprendre les négociations sur le principe des territoires contre la paix, a-t-il estimé. Pour ramener le calme et l'espoir, il faut engager les parties à reprendre le dialogue et à trouver la meilleure plate-forme de négociations. Aussi, le Maroc appuie-t-il l'idée d'une conférence internationale et salue les initiatives qui font avancer le processus de paix au Moyen-Orient. Le moment, a-t-il conclu, est venu de mettre en forme ces idées et de rallier l'appui international pour les mettre en œuvre: ceci doit se faire afin de parvenir à une paix fondée sur le retrait israélien des territoires de 1967.
M. RICHARD RYAN (Irlande) a appelé une fois de plus à un arrêt immédiat de l’occupation israélienne et à l’application des résolutions 1402 et 1403 du Conseil de sécurité. Il faut aussi mettre un terme à toutes les formes de terrorisme et soutenir les tentatives de réforme de l’Autorité palestinienne. Il a également demandé la convocation d’une conférence internationale sur le Moyen-Orient et a souhaité que les efforts du «Quartet» et des acteurs régionaux à la recherche d’une solution durable soient soutenus. Les actes de terrorisme sont non seulement condamnables en eux-mêmes, a poursuivi le représentant, mais ils font également souffrir le peuple palestinien et mettent en danger la réalisation de ses aspirations légitimes. Le Gouvernement d’Israël a en outre le droit de se défendre mais il doit le faire dans le respect du droit humanitaire international. La violence et les destructions menées par les forces de défense israéliennes contre le Siège du Président Arafat sont condamnables et contre-productives. Ces attaques menacent également la sécurité du Président de l’Autorité palestinienne qui est un partenaire essentiel du processus de paix. Il est insensé d’appeler l’Autorité palestinienne à mettre fin aux activités terroristes si l’on détruit dans le même temps les moyens nécessaires à l’application de telles mesures.
M. Ryan a également estimé qu’il est à présent urgent de mettre en place un cadre d’action pour la conclusion d’une paix juste et durable entre la Palestine et Israël, dont les peuples respectifs sont contraints de vivre côte à côte, de même qu’entre Israël et ses voisins. Les efforts de la communauté internationale pour aboutir à un règlement pacifique de la situation doivent se poursuivre car il s’agit d’un problème régional qui a des implications mondiales. Dans ce contexte, il est impératif de convoquer une conférence internationale sur la question tout en tenant compte des trois thèmes dégagés par le Secrétaire général, à savoir l’occupation, la violence et la misère économique.
M. SERGEY LAVROV (Fédération de Russie) a estimé que la logique de violence en cours compliquait les efforts visant à résoudre la crise et il s'est inquiété des conséquences humanitaires sur le peuple palestinien. Il a souligné que son pays avait des contacts permanents avec les deux parties et les gouvernements de la région. La situation au Moyen-Orient a été en outre examinée le 12 juin lors du Sommet du G-8 au Canada. Il s'agit, a fait valoir le représentant, d'avancer vers un règlement politique qui permettra la création d'un Etat palestinien vivant en paix à l'intérieur de frontières sûres et reconnues. Il faut, a-t-il poursuivi, comme s'efforce de le faire le «Quartet», qui se réunira le 14 juin à Washington, examiner les moyens de faire appliquer les résolutions pertinentes du Conseil.
La tâche du Conseil de sécurité, selon M. Lavrov, est de contribuer de son mieux à ces efforts internationaux et de s'associer à la communauté internationale. Par conséquent, utiliser le Conseil comme une tribune pour les affrontements verbaux n'est pas très productif et n'aide pas le Conseil à progresser dans sa tâche, a conclu M. Lavrov.
M. DUMISANI KUMALO (Afrique du Sud), s’exprimant au nom du Mouvement des non-alignés, a rappelé qu’une délégation ministérielle du Mouvement des non-alignés s’est rendue à Ramallah le 2 juin 2002 afin de rencontrer le Président Arafat en signe de solidarité avec le Président et le peuple de Palestine. La délégation du Mouvement a réitéré son soutien au principe du droit du peuple palestinien à l’autodétermination et à l’établissement de son Etat indépendant avec Jérusalem-Est pour capitale. Elle a réaffirmé la nécessité pour Israël de se retirer jusqu’aux frontières de 1967. Le Mouvement des non-alignés, a-t-il ajouté, a affirmé sans équivoque son soutien à l’initiative de paix arabe et aux efforts du «Quartet» et a noté que les efforts de la communauté internationale devraient constituer la base d’une conférence internationale visant à établir un plan de campagne pour une paix durable.
Le Mouvement des non-alignés, a poursuivi le représentant, demeure convaincu que quelque chose doit être fait pour relancer les négociations de paix au Moyen-Orient sinon le monde risque une conflagration régionale aux conséquences potentiellement dévastatrices. Il a estimé que le temps est venu pour Israël, la puissance occupante, de reconnaître que les aspirations légitimes du peuple palestinien à l’autodétermination ne peuvent être contrariées par des attaques militaires qui visent leur dirigeant légitimement élu. Il a appelé le Conseil de sécurité à agir immédiatement afin de garantir la totale conformité avec ses résolutions, notamment les résolutions 1402 et 1403 (2002). Le Conseil, a-t-il poursuivi, devrait sérieusement envisager l’idée de se rendre en Palestine et il devrait, comme l’a fait le Mouvement des non-alignés, parler aux gens sur le terrain et évaluer la situation par lui-même. Le représentant a en outre condamné tous les actes de violence contre les civils innocents, israéliens ou palestiniens, indépendamment de ceux qui les ont perpétrés. Il a répété que la sécurité d’Israël et la paix au Moyen-Orient ne seront pas atteints tant que le peuple de Palestine n’aura pas un Etat avec Jérusalem-Est pour capitale.
M. NOUREDDINE MEJDOUB (Tunisie) a estimé que les événements se déroulant dans le territoire palestinien doivent avant tout être vus comme un problème d’occupation. C’est pourquoi, une mission d’observation neutre, composée de parties tierces, devrait être envoyée sur place. C’est pourquoi également, il faut avoir une vision politique large du problème. Il s’agit sans doute de la dernière situation d’occupation que la communauté internationale ait à traiter, et cela en raison du refus persistant d’Israël de respecter les résolutions du Conseil et le droit international. De son côté, le Conseil s’est jusqu’alors avéré incapable de faire respecter sa volonté et ses résolutions. Cette incapacité permet à Israël de continuer à échapper à ses obligations redditionnelles inscrites dans le droit international. En l’absence de véritable vision politique réaliste de la question, on ne peut s’attendre à autre chose qu’au rejet de l’occupation par le peuple palestinien, d’autant que les espoirs nés notamment des Accords d’Oslo ont été largement déçus.
La gravité de la situation montre bien que la puissance militaire ne peut ainsi continuer d’user et d’abuser de la violence et d’ignorer les enjeux et la solution politique. Il est donc nécessaire d’internationaliser le règlement du conflit par le biais d’une conférence internationale, ouverte à toutes les parties et à toutes les initiatives, permettant la création de deux Etats indépendants, vivant à l’intérieur de frontières sûres internationalement reconnues. Parallèlement, une partie internationale neutre devrait être présente sur le terrain, afin d’avoir un effet dissuasif, mais aussi d’assurer la sécurité de toutes les parties. Pour cela, il ne reste qu’à reprendre les propositions du Secrétaire général concernant la création d’une force internationale, a estimé le représentant. Il faut aussi faire face de manière réaliste et ouverte à la réalité humanitaire. Il faut enfin cesser de voir l’avenir sous l’angle des intérêts étroits mais plutôt sous l’angle de la coexistence pacifique et de la cohabitation, a–t-il déclaré en conclusion.
M. PAPA LOUIS FALL, Président du Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a estimé que, de toute évidence, le Gouvernement israélien veut détruire l'Autorité palestinienne et le processus de paix. Le Comité a été très inquiété par la situation à Ramallah, a-t-il expliqué, car à cause du siège, des bouclages et des restrictions aux déplacements, le nouveau cabinet palestinien n'a pu se réunir ces derniers jours. Il a toutefois pu le faire aujourd'hui pour la première fois, a noté M. Fall. Le Président du Comité a ensuite dénoncé les exécutions extrajudiciaires et les détentions de civils. Une tentative semble être faite actuellement de réinterpréter les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité, a insisté M. Fall, pour qui, une telle démarche n'a rien à voir avec un règlement global juste et durable de la crise au Moyen-Orient. Ce qu'essaie de faire la puissance occupante est inacceptable et doit être condamné en tant que tel, sans équivoque, par la communauté internationale et notre instance, a-t-il dit.
Jusqu'où le Conseil peut-il tolérer le mépris avec lequel ses résolutions sont traitées par le Gouvernement israélien, a-t-il demandé? Jusqu'où les dispositions de la quatrième Convention de Genève peuvent-elles être foulées au pied? M. Fall a appelé le Conseil à réfléchir à ces questions et à penser aux conséquences d’une telle attitude sur sa crédibilité. Il a souhaité par ailleurs une reprise active des négociations en fonction d'un calendrier précis avec l'aide de la communauté internationale. Ces négociations ne peuvent être détournées par la puissance occupante, a-t-il prévenu, en rappelant qu'il existe un cadre clair constitué notamment par les résolutions du Conseil. Pour le Président du Comité, les parties devraient donc être invitées à négocier sur des questions spécifiques comme les frontières d'avant 1967 et les retours des réfugiés. L'initiative adoptée à Beyrouth lors du Sommet de la Ligue des Etats arabes va très loin dans la bonne direction, a-t-il fait valoir à cet égard. M. Fall a appelé, sans autre retard ou exigence, Israël à répondre de manière réciproque à cet effort. Enfin, le Comité a condamné en termes très fermes les attentats qui visent la population israélienne, quels qu'en soient les auteurs, a rappelé son Président, jugeant en conclusion que la vision de deux Etats coexistants devait désormais faire l'objet d'une action prompte et décisive de la part du Conseil de sécurité.
M. JAGDISH KOONJUL (Maurice) a regretté que le Conseil de sécurité n’ait pas été capable, à l’issue de ses nombreuses réunions, de trouver une solution à la question du Moyen-Orient et que les importantes résolutions adoptées à cet égard n’aient pas été respectées par les parties concernées. Il a suggéré que le Conseil de sécurité s’attaque vigoureusement aux racines du mal en ayant recours aux solutions appropriées. Il a condamné les dernières incursions israéliennes tout comme les attentats terroristes palestiniens, événements qu’il a qualifiés de contre-productifs. Dans ce contexte, il s’est déclaré solidaire de la souffrance du peuple palestinien qui subit des atrocités à chaque incursion par l’armée israélienne et a regretté que la Commission d’établissement des faits qui devait voir le jour après les événements de Djénine n’ait pu fonctionner du fait de l’opposition des Israéliens. Il a salué l’initiative prise par le Président Yasser Arafat de réformer l’Autorité palestinienne et tenir des élections présidentielles l’année prochaine et a appelé la communauté internationale à soutenir cette démarche. Dans ce contexte, le représentant a exhorté le Premier Ministre israélien, M. Ariel Sharon, à mener des actions concrètes sur le terrain pour montrer sa volonté de faire la paix. Les actions de vengeance de l’armée israélienne menées après chaque attentat à la bombe, a-t-il ajouté, n’aideront pas le processus de paix. Dans le même ordre d’idées, il a regretté que les implantations de colonies juives aient augmenté de 40% depuis l’arrivée au pouvoir de M. Ariel Sharon il y a 18 mois, situation qui, selon ses termes, mine sérieusement tout espoir de mise en place de mesures de confiance et de sécurité qui forment la base de toute reprise du dialogue et de négociations.
Par ailleurs, le représentant de Maurice a appelé les Israéliens à cesser d’attaquer le quartier général de Yasser Arafat, surtout s’ils souhaitent que l’Autorité palestinienne reste active dans la lutte contre le terrorisme. M. Koonjul s’est également félicité des efforts conjoints des Etats-Unis et du «Quartet» et a formé le voeu qu’un Etat palestinien puisse voir le jour, ce qui selon lui, est la seule solution qui puisse permettre d’aboutir à une paix et une stabilité dans la région. Il s’est félicité de la tenue future d’une conférence de paix sur le Moyen-Orient annoncée le mois dernier par le «Quartet» et a formé le voeu que le Plan de paix du prince héritier saoudien Abdullah puisse être pris en considération. En conclusion, M. Koonjul a appelé les parties à mettre en oeuvre les résolutions 242 (1967), 338 (1973) et 1397 (2002) du Conseil de sécurité et a déclaré que la seule façon de mettre un terme à cette violence était que le Conseil de sécurité réponde favorablement à la proposition de Force internationale formulée par le Secrétaire général en avril dernier.
M. JAMES B. CUNNINGHAM (Etats-Unis) s’est dit très troublé par la poursuite des violences au Moyen-Orient, y compris les attaques contre les civils israéliens la semaine dernière. Il est fondamental que les deux parties envisagent en détail les conséquences de chacun de leurs actes. Elles doivent aussi respecter les résolutions du Conseil de sécurité, notamment la résolution 1397. Le représentant a ajouté que les condamnations du terrorisme ne suffisent pas car elles n’apaisent pas vraiment les craintes des Israéliens et n’empêchent pas non plus les attaques à la bombe. Ces attaques représentent en fait un obstacle supplémentaire aux aspirations et aux efforts des Palestiniens, a-t-il prévenu. Il faut donc parler franchement et clairement. Les actions de ceux qui commettent des attaques terroristes doivent prendre fin. Il ne faut pas confondre la terreur et la résistance, et la première doit être traduite en justice.
Pour autant, les deux parties doivent multiplier les efforts pour instaurer un climat propice à la paix et à la cohabitation, a poursuivi M. Cunningham. Cela sous-entend, par exemple, qu’Israël allège les blocus. Les Etats-Unis sont convaincus qu’il est possible de renverser la situation actuelle. C’est pourquoi, le représentant a appelé les deux parties à tirer profit de l’impulsion diplomatique lancée par le Président Bush. Rencontrant il y a quelques jours M. Sharon, le Président Bush a insisté sur la nécessité d’alléger les souffrances humanitaires du peuple palestinien. Les Etats-Unis essaient ainsi d’ouvrir la porte au processus de paix, ce qui passe notamment par la tenue d’une réunion ministérielle cet été. L’objectif est de parvenir à la création de deux Etats, de répondre aux besoins humanitaires du peuple palestinien, et d’établir des institutions publiques palestiniennes solides. A cet égard, les Etats-Unis prennent note du fait que les Palestiniens, eux-mêmes, demandent de plus en plus des réformes. Les progrès doivent donc être faits sur ces trois fronts pour que la paix soit durable et pour que l’on parvienne enfin à la cohabitation de deux Etats dans la sécurité et à l’intérieur de frontières internationalement reconnues. Tous les acteurs de la communauté internationale doivent, à cet égard, assurer leurs responsabilités, a conclu le représentant.
M. ZEID RA'AD AL-HUSSEIN (Jordanie) a estimé qu'Israël entrave la volonté du Conseil de sécurité sous différents prétextes en poursuivant le Siège du peuple palestinien et de ses dirigeants légitimement et démocratiquement élus. Le Conseil, pour sa part, a démontré son incapacité à réagir et à obliger Israël à mettre en œuvre ses résolutions. Ceci, selon le représentant, a encouragé Israël à commettre violences et destructions contre l'Autorité palestinienne et à prendre les civils palestiniens pour cible. Ces récents développements, a-t-il indiqué, constituent un dangereux revers pour les perspectives de paix dans la région et revient à accepter, de fait, la politique d'Israël. C'est dans ce contexte que M. Sharon a signé une tribune dans le New York Times dans laquelle il se livre à une interprétation biaisée de la résolution 242 et des autres résolutions pertinentes. C'est oublier que toutes ces résolutions ont souligné le caractère inadmissible des acquisitions de territoire par la guerre et ont déclaré que les territoires saisis par Israël en 1967 étaient des territoires occupés. De telles déclarations, encouragées par le silence de la communauté internationale et le manque de réaction du Conseil de sécurité, détruisent le fondement du processus de paix, à savoir le principe de la terre contre la paix. C'est un rejet pur et simple de l'initiative de paix endossée par le récent Sommet arabe de Beyrouth.
La reprise du processus de paix et l'application des résolutions pertinentes du Conseil sont la garantie de la paix et de la sécurité pour Israël, a estimé le représentant. On ne saurait y parvenir par des crimes de guerre contre la population palestinienne. De même, on ne peut combattre les attentats-suicide en détruisant en même temps l'appareil de sécurité de l'Autorité palestinienne. La Jordanie condamne les attentats contre des civils israéliens, a souligné son représentant, mais veut aussi attirer l'attention du Gouvernement israélien sur le fait que ses opérations militaires n'ont pas réussi à les empêcher.
Par conséquent, il devrait envisager d'y mettre fin et de regagner la table des négociations. Enfin, le représentant jordanien a appelé le Conseil de sécurité à assumer ses responsabilités, notamment en ce qui concerne le refus d'Israël de remplir ses obligations contenues dans les résolutions pertinentes du Conseil. Il a également encouragé le «Quartet» à prendre des mesures efficaces contre la mise devant le fait accompli, attitude qui risque d'anéantir le processus de paix dans la région. En premier lieu, ceux qui sont impliqués en faveur de la paix dans la région devraient maintenant définir un calendrier pour la création d'un Etat palestinien sur les territoires occupés en 1967, y compris Jérusalem-Est.
M. ELFATIH MOHAMED AHMED ERWA (Soudan) a remarqué que le Conseil avait organisé ces derniers mois des dizaines de séances sur la même question mais que rien ne changeait. Israël ne fait qu'insister davantage pour violer les décisions de la légitimité internationale, renforce les blocus et l’oppression contre le peuple palestinien et occupe le Siège de l'Autorité palestinienne. Au moment où le monde est témoin de l'injustice faite au peuple palestinien, il ne lève pas le petit doigt, a-t-il dit en dénonçant l'incapacité d'agir du Conseil de sécurité. La résolution adoptée il y a plus de 35 ans, à savoir la résolution 242, reste lettre morte. La communauté internationale reste incapable de faire appliquer ses résolutions et je ne parle pas des autres adoptées par la suite, a souligné le représentant qui s'est demandé s’il fallait attendre l’adoption de 5 000 résolutions sur la question pour réagir. Comment peut-on parler du droit à l'autodéfense contre un peuple opprimé?
Le représentant du Soudan a rappelé au Gouvernement israélien que l'option militaire ne garantira jamais la paix qu'Israël souhaite. La sécurité va de pair avec la justice et nous voulons un règlement pacifique pour une paix juste, a-t-il insisté. Le sang innocent a coulé des deux côtés et la responsabilité est celle du Gouvernement israélien qui continue d'opprimer le peuple palestinien, a-t-il affirmé. Le moment est donc venu pour que le Conseil montre quelles sont ses responsabilités et montre au monde que personne n'est au-dessus de la loi.
M. INOCENCIO ARIAS (Espagne), au nom de l’Union européenne et des Etats associés, a estimé que compte tenu de la poursuite des violences au Moyen-Orient, il est fondamental de redoubler d’efforts en vue de parvenir à la paix et à un règlement définitif et complet du conflit. La situation extrêmement volatile ne sera pas résolue dans l’état d’esprit actuel, dont font preuve les deux dirigeants. Le «Quartet» devant se réunir demain à Washington puis, au niveau le plus élevé, en marge du Sommet du G-8 au Canada, l’Union européenne travaille, dans ce cadre, activement à la convocation rapide d’une conférence internationale pour la paix qui rassemblerait non seulement les parties concernées mais aussi les acteurs internationaux et régionaux. L’objectif doit être d’atteindre des résultats concrets sur les plans politique, sécuritaire et économique et, ce, selon un calendrier clair et bien établi fournissant ainsi une perspective politique crédible de solution définitive du conflit. Pour cela, la reprise immédiate des négociations politiques et de la coopération sur les questions de sécurité est essentielle, de même que la reconstruction de l’infrastructure de l’Autorité palestinienne pour rétablir sa capacité de gouverner.
M. Arias a aussi plaidé en faveur de la mise en place d’un mécanisme de suivi international des négociations et d’un autre permettant d’observer et de surveiller la situation sur le terrain. Le représentant a aussi réitéré la vision européenne, celle de deux Etats vivant côte à côte en toute sécurité à l’intérieur de frontières internationalement reconnues. L’Union européenne est aussi convaincue de la nécessité de mettre immédiatement en œuvre les résolutions 1402 et 1403 du Conseil de sécurité, notamment en ce qui concerne l’arrêt immédiat de la violence, la mise en place d’un cessez-le-feu véritable et le retrait définitif des troupes israéliennes de toutes les zones sous contrôle palestinien.
L’Union européenne, comme elle l’a toujours fait dans le passé, condamne également dans les termes les plus forts les derniers attentats-suicide en date, perpétrés en Israël. «Ces attaques sont moralement répugnantes, contraires au droit international et extrêmement nuisibles aux aspirations nationales du peuple palestinien», a déclaré M. Arias. Il a demandé instamment aux dirigeants palestiniens de tout mettre en œuvre pour les prévenir, démanteler les réseaux terroristes et prendre des mesures fermes contre le terrorisme. Les auteurs de ces crimes doivent notamment être traduits en justice. Parallèlement, l’Union européenne juge tout à fait inacceptable les raids israéliens contre les villes palestiniennes, les arrestations et les assassinats de militants présumés et les tentatives d’isolement de la population en Cisjordanie. Certes, Israël a légitimement le droit de lutter contre le terrorisme mais aucunement au mépris du droit international ou des 3,5 millions de Palestiniens, qui se retrouvent ainsi prisonniers dans leur propre ville subissant une véritable punition collective. Israël doit donc cesser immédiatement ces activités et permettre à l’Autorité palestinienne d’honorer ses engagements en matière de sécurité, car cette pression militaire démesurée ne fait qu’alimenter la frustration, le désespoir et la haine.
La nécessité de la réorganisation urgente des services de sécurité palestiniens fait pratiquement l’unanimité, a encore dit M. Arias, précisant que l’Union européenne accueille donc favorablement les discussions sur les réformes politiques, sécuritaires et financières au sein de l’Autorité palestinienne, ainsi que l’annonce, par le Président Arafat, de la tenue d’élections. Dans ce contexte, Israël doit encourager le développement d’un environnement favorable à la réforme, notamment en allégeant les restrictions sur la circulation des personnes et des biens. Il ne doit en aucun cas faire de la réalisation de ces réformes la condition de la reprise des négociations. Tout effort en vue d’aide la reconstruction, la réforme et la tenue d’élections palestiniennes exige en fait la coopération pleine et entière d’Israël, qui doit notamment garantir que les fruits de la reconstruction ne seront pas de nouveau endommagés ou détruits. Si cela devait arriver, l’Union européenne se réserve le droit de réclamer réparation, a clairement prévenu le représentant.
M. BOUBACAR DIALLO (GuinéeGUINEE) a regretté la reprise des attentats-suicide à la bombe et la réoccupation musclée des villes palestiniennes, phénomène alimenté par le désir de vengeance réciproque qui , selon lui , constitue une résurgence des vieux démons de la haine et de l’incompréhension. Dans ce contexte, il a appelé le Conseil de sécurité à prendre les responsabilités qui lui incombent afin d’éviter une guerre et une d éestabilisation de toute la région. Il a également appelé la communauté internationale à se pencher davantage sur les actions à entreprendre pour amener les parties israélienne et palestinienne à faire preuve de retenue et leur faire comprendre de façon définitive, que le terreau de la suspicion et de la rancoeur ne construit pas la paix.
Le représentant de la Guinée a également souligné la nécessité, outre celle d’appliquer les résolutions du Conseil de sécurité, d’explorer de nouvelles voies plus hardies et consensuelles pour, selon ses termes, faire émerger les peuples israélien et palestinien du tourbillon dans lequel ils sont plongés depuis des décennies. Dans ce contex te, il a salué les efforts entrepris par l e «a Quartet », le G--8 et les autres acteurs influents de la communauté internationale pour ramener les protagonistes à la raison et à la reprise de négociations qui elles seules sont su sceptibles de conduire à une paix juste et durable. En conclusion, il s’est dit convaincu que tous ces efforts, combinés à une dynamique régionale à laquelle participeraient toutes les parties concernées sans exclusive, seraient de nature à faire baisser les tensions, raviver la flamme de l’espoir et créer un espace d’entente et d’harmonie dont bénéficierait l’ensemble du Moyen-Orient.
M. STEWART ELDON (Royaume-Uni) a jugé impératif de rompre le cycle de la violence. Les deux parties doivent y contribuer et appliquer les récentes résolutions du Conseil de sécurité, y compris les dispositions relatives au cessez-le-feu et au retrait. La communauté internationale, pour sa part, doit insister sur la relance du processus politique qui permettrait d'atteindre un règlement global, a poursuivi le représentant. Il a indiqué que son pays appuie l'idée d'une conférence internationale qui couvrirait aussi les questions économiques et de sécurité politique.
Pour le Royaume-Uni, les deux parties ont des responsabilités: l'Autorité palestinienne doit faire davantage pour prévenir les attaques terroristes, par des réformes des services de sécurité mais aussi des réformes administratives et économiques, a estimé le représentant tout en se félicitant du remaniement du cabinet. Mais les progrès en matière de réformes et de sécurité ne sauraient être maintenus si les Palestiniens ne peuvent espérer des avancées qui répondront à leurs aspirations politiques et économiques. En outre, a-t-il ajouté, l'attitude israélienne encourage l'extrémisme, par exemple la croissance des colonies de peuplement renforce les arguments de ceux qui disent que le Gouvernement israélien ne veut pas vraiment échanger les territoires contre la paix. Les incursions sont contre-productives et il faut y mettre un terme, a-t-il jugé. Enfin, le représentant s'est félicité du consensus qui règne au sein du Conseil sur la forme que devrait prendre le règlement final, appelant à préserver cette unité pour que le Conseil puisse jouer un rôle efficace.
M. MANSOUR AYYAD SH. A. AL-OTAIBI (Koweït) a regretté qu’Israël continue ses violations répétées du droit international au Moyen-Orient. Le Koweït condamne très fermement la manière dont Israël se conduit à l’égard de la population, de l’Autorité et du président palestiniens. Le fait est qu’Israël donne clairement le message à la communauté internationale de son refus de respecter les accords signés précédemment, y compris ceux d’Oslo. Il y a quelques jours dans le New York Times, le Premier Ministre israélien réaffirmait qu’il ne reviendrait pas aux frontières d’avant 1967 et qu’il n’y a aucun règlement possible sur la question de Jérusalem. La communauté internationale doit donc réagir rapidement et prendre des mesures pour forcer Israël à respecter les résolutions 1402, 1403 et 1405.
Dans ce contexte, le Koweït appuie fermement toutes les initiatives visant à rétablir la confiance entre les parties. Il soutient plus particulièrement la proposition du Secrétaire général de créer une force multinationale dans le territoire occupé, ainsi que les efforts de paix de plusieurs pays arabes. Le représentant a aussi fermement appuyé la proposition de convoquer une conférence internationale sur la question, rassemblant toutes les parties concernées. Il faut mettre un terme à l’occupation israélienne, qui est en fait le cœur du problème. Tant qu’il ne sera pas résolu, il n’y aura pas de sécurité véritable dans la région, a-t-il averti en conclusion.
M. YUKIO SATOH (Japon) a fait part de sa préoccupation face à la détérioration de la situation sur le terrain en raison de la poursuite des attentats-suicide par les extrémistes palestiniens et des incursions des forces israéliennes dans les territoires palestiniens autonomes, et en particulier du Quartier général du Président Arafat. Les 8 et 9 juin, la Ministre des affaires étrangères du Japon, Mme Yoriko Kawaguchi, s’était rendue en Israël et dans les territoires palestiniens et avait lancé un appel aux deux parties pour la cessation des violences, a rappelé le représentant. «Elle avait également insisté sur l’importance du rétablissement de la sécurité, de l’assistance humanitaire et de l’aide à la reconstruction, ainsi que sur la reprise et l’accélération du processus politique. Elle avait assuré de la pleine coopération du Gouvernement du Japon dans l’organisation éventuelle d’une conférence pour la paix», a-t-il ajouté.
M. Satoh a estimé qu’il était important de réactiver le processus de paix et d’atténuer le climat de méfiance entre les parties et a déclaré que son Gouvernement est disposé à assister l’Autorité palestinienne dans ses efforts de réforme en cours. En outre, et afin de rétablir la confiance entre les parties, le Gouvernement du Japon est prêt à accueillir Israéliens et Palestiniens afin de leur permettre de discuter des voies et moyens de parvenir à une coexistence pacifique et d’ériger un futur Etat palestinien, a précisé M. Satoh qui a également salué les efforts du Gouvernement des Etats-Unis en faveur de la paix au Moyen-Orient.
M. BRUNO RODRIGUEZ PARRILLA (Cuba) a estimé que la défiance ouverte que témoigne Israël à l’égard des normes du droit international et des principes de la Charte des Nations Unies est dans une large mesure le résultat de la passivité avec laquelle le Conseil de sécurité a contemplé les violations flagrantes de ses propres résolutions. «Nous savons tous pourquoi les règles appliquées à Israël ne sont pas les mêmes que pour les autres Etats», a poursuivi le représentant, précisant qu’on avait là l’exemple de ce qui arrive quand un membre permanent ne cherche que ses intérêts nationaux et utilise de manière arbitraire ses prérogatives. C’est là aussi le résultat de la persistance de cet outil anachronique et antidémocratique qu’est le droit de veto. Ce droit, que les Etats-Unis ont utilisé 24 fois contre la question de la Palestine, a conduit le Conseil à ne pas réagir, même timidement, au refus d’Israël de coopérer avec l’équipe d’établissement des faits concernant les événements de Djénine.
La paix durable et juste au Moyen-Orient ne pourra devenir réalité tant que le peuple palestinien n’exercera pas son droit légitime à établir un Etat indépendant ayant pour capitale Jérusalem-Est, a ensuite averti le représentant. Il a ajouté qu’Israël devait aussi pour cela se retirer de tous les territoires arabes occupés depuis 1967, cesser les provocations israéliennes au sud du Liban, garantir le retour des Palestiniens, mettre fin à l’implantation de colonies de peuplement et renoncer à sa politique d’occupation. M. Rodriguez Parrilla a enjoint le Conseil de sécurité de considérer sérieusement la proposition du Secrétaire général d’établir une force multinationale dans le territoire occupé. Il est en effet inacceptable que le Conseil continue de faire croire que rien ne peut être fait et qu’il continue d’adopter de timides résolutions qui ne disent rien et qui obtiennent encore moins.
M. ADOLFO AGUILAR ZINSER (Mexique) a exprimé sa préoccupation et ses condoléances au peuple israélien pour les victimes d'actes perpétrés par des extrémistes. Mais il a souligné que sa délégation croit aussi à la juste cause des Palestiniens et comprend leur rejet de l'occupation de leurs territoires. Cette occupation est la raison profonde de la violence dans la région, mais ce ne sera pas par la violence que la cause palestinienne parviendra à l'emporter. La poursuite des attentats montre que les actions militaires d'Israël menées en représailles sont inefficaces, imprudentes et vont à l'encontre des intérêts de sa sécurité. Israël, a-t-il affirmé, a pleinement le droit à des frontières sûres mais doit comprendre que les moyens employés ne lui permettront pas de gagner la guerre contre le terrorisme. Qualifiant de tragiques les événements récents, le représentant a déploré qu'aucune tractation diplomatique n'ait permis de ramener la paix. Le Mexique, toutefois, réaffirme la nécessité de relancer le processus de paix fondé sur les résolutions du Conseil et les Accords de Madrid et d'Oslo. Le Mexique considère que les efforts de médiation doivent avoir lieu sur des bases concrètes et claires. Son représentant a exhorté le «Quartet» à se montrer encore plus actif pour créer des conditions permettant de relancer à court terme un véritable processus de paix.
Le Conseil doit non seulement exiger que soit appliquées ses résolutions mais il doit aussi étudier à fond la situation sur le terrain et au plan politique, afin de proposer des modalités d'action qui ne soient pas seulement une réaction aux événements immédiats. M. Zinser s'est dit inquiet de la tendance du Gouvernement israélien de ne pas prêter attention aux normes juridiques de la communauté internationale: on parle de processus de paix fondé sur les traités, a-t-il dit, mais en fait Israël a abandonné les accords d’Oslo et pris ses distances de façon dangereuse avec la résolution 242. Israël empêche aussi l'Autorité palestinienne d'être un interlocuteur valable. Le Mexique considère qu'il faut renforcer une médiation internationale légitime pour les deux parties et, à cet égard, le «Quartet» est légitime. Mais le Mexique propose à ses membres d'être plus actifs et d'établir des paramètres acceptables par tous permettant de faire cesser la violence: ces paramètres pourraient constituer la base sur laquelle le Conseil pourrait formuler des résolutions allant au-delà d'une simple réaction aux problèmes du moment, a-t-il conclu.
M. KISHORE MAHBUBANI (Singapour) s’est dit inquiet du manque d’attention accordé par la communauté internationale à la situation actuelle au Moyen-Orient, jugeant celle-ci toujours préoccupante même si les évènements ne font plus la une du jour. Rappelant les humiliations quotidiennes du peuple palestinien et la crainte et l’horreur de la population israélienne victime des attaques-suicide, il a déploré dans les termes les plus forts tous les actes de terreur et le fait de viser des civils. Concernant les événements de Djénine et d’autres villes palestiniennes, il a ajouté que la mise en évidence objective des faits ferait avancer les parties. La meilleure façon d’aborder la situation, a poursuivi le représentant, passe par la mise en oeuvre des résolutions existantes du Conseil de sécurité, dont la non-application affaiblirait l’autorité de cet organe. En même temps, l’assistance internationale est urgente afin de renforcer et de réformer l’Autorité palestinienne. Il s’est, à cet égard, félicité des efforts en cours visant à réformer cette Autorité.
Le représentant a par ailleurs indiqué attendre avec impatience un résultat positif à l’issue de la prochaine réunion du «Quartet», le 14 juin à Washington, et a souhaité que le «Quartet» continue d’être renforcé. Il a en outre estimé que la conférence internationale doit se fonder sur les accords de paix existants, notamment les négociations de Camp David en 2000, les discussions à Taba et l’initiative arabe de paix et a jugé important que la conférence internationale conçoive un cadre qui aborde en parallèle la sécurité, la paix et la situation économique catastrophique. Il a fait remarquer que l’opinion publique des deux sociétés est radicalisée par les événements sur le terrain. Il est donc d’autant plus urgent, a-t-il conclu, de passer d’une phase de gestion à une phase de résolution de la crise.
M. MOCHAMAD SLAMET HIDAYAT (Indonésie) a estimé que le fait qu’Israël ait persisté dans sa politique odieuse en toute impunité est un triste reflet de l’incapacité du Conseil à traiter de ce qui est universellement reconnu comme une situation intolérable. Il est temps, a-t-il ajouté, de mettre fin à l’aventure militaire d’Israël et d’amorcer des négociations pour un règlement global du conflit. La mise en oeuvre des résolutions 1402 et 1403, de même que la résolution 1397 du Conseil de sécurité, est fondamentale pour la réalisation de la paix dans la région. Il a rappelé la responsabilité de la communauté internationale et, particulièrement, du Conseil de sécurité afin de prendre les mesures nécessaires visant à mettre fin à l’occupation israélienne illégale et à protéger les vies des civils innocents. Ma délégation, a-t-il conclu, croit fermement dans le besoin impératif de déployer une force de sécurité internationale pour protéger les civils et de restaurer la normalité dans ces territoires déchirés par la guerre.
M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a souligné l’intransigeance d’Israël associée à l’usage continu de la force et de la violence. Une fois de plus, a-t-il ajouté, les perspectives de paix en terre sainte sont anéanties par les traces des tanks israéliens. Il a condamné les récentes incursions militaires à Ramallah et l’encerclement continu du Siège du Président Yasser Arafat. Cette incursion, de même que les raids à Toulkarem, Bethléem et Djénine ont occasionné des victimes civiles et la destruction de biens. Il a estimé que toutes ces actions israéliennes constituent des violations sérieuses de ses obligations et de ses responsabilités juridiques, en tant que puissance occupante, au titre de la quatrième Convention de Genève et violent les dispositions de la résolution 1402 du Conseil de sécurité.
L’objectif en terre sainte, a poursuivi le représentant, est de rechercher un règlement final et non pas d’imposer une solution finale. Le peuple d’Israël est, sans doute, sensible à la distinction. M. Akram a en outre estimé qu’il ne peut y avoir de paix durable si celle-ci est imposée par les armes. La paix durable ne peut pas être établie en éliminant son interlocuteur ou bien en choisissant celui qui lui convient.
M. MOHAMMED ALDOURI (Iraq) a estimé que le Conseil de sécurité avait le devoir de régler la question de la Palestine en adoptant des résolutions équitables et audacieuses à la hauteur des événements et en assurant le suivi de leur mise en œuvre. Il a regretté une approche discriminatoire de la question et le fait que le Conseil ne soit pas équitable dans l'établissement des droits des Palestiniens à l'autodétermination par rapport à d'autres questions qui ont pu trouver des solutions rapides et novatrices. Nous savons pourquoi, a assuré le représentant, qui se dit convaincu que l'ONU et le Conseil observent la politique du «deux poids, deux mesures» comme si c'était naturel. Le sionisme mondial en collaboration étroite avec les Etats-Unis empêche le Conseil de remplir ses fonctions: ils empêchent le Conseil de prendre des décisions équitables et justes pour faire face à la tragédie la plus considérable de l'humanité. L'ONU risque d'y perdre la crédibilité qui lui reste et de devenir l'outil des Etats-Unis, a-t-il affirmé.
Le représentant de l'Iraq s'est ensuite demandé comment la plupart des membres du Conseil pouvaient avoir une conscience claire quand ils voient 24 heures sur 24 devant leurs yeux dans les rues, villes, mosquées, églises, les atrocités qui se déroulent et les violations flagrantes des droits d'un peuple tout entier. Comment le Conseil peut-il ne pas agir, ne pas se réunir, ne pas prendre de décision, sous prétexte qu'il y aurait une prochaine initiative visant à discuter de l'idée d'un Etat palestinien? a-t-il poursuivi. Pour lui, les faits réels sont très clairs et exigent que tous les Etats parlent d'une voix claire pour dire que ça doit cesser. Les membres du Conseil doivent agir sur la base de leurs responsabilités. Les pays arabes appellent le Conseil à se tenir aux côtés d'un peuple exposé au crime de génocide, qui revendique légitimement son propre Etat, a-t-il conclu.
M. JEAN-DAVID LEVITTE (France), remarquant que les résolutions 1402 et 1403 du Conseil de sécurité n'étaient toujours pas respectées, a jugé que les deux parties étaient enfermées dans une logique infernale et que la situation était dans une impasse catastrophique. Pour le représentant, Israël poursuit, au nom de la lutte antiterroriste, une logique militaire répressive et sécuritaire qui ne laisse aucune perspective de reprise du dialogue et dont les conséquences humanitaires sont tragiques. Les actions contre l'Autorité palestinienne et la population palestinienne contreviennent au droit et sont contre-productives et doivent donc cesser sans délai, a-t-il demandé, ajoutant qu'il en allait de même avec la poursuite de la construction de colonies de peuplement, notamment à Jérusalem et avec la destruction des infrastructures économiques et administratives. Pour M. Levitte, ces actions entravent les réformes souhaitées par tous et les efforts de l'Autorité palestinienne en matière de sécurité. Du côté palestinien, a continué le représentant, certains groupes et individus poursuivent une logique terroriste aveugle, inacceptable et contre-productive.
Il a rappelé que la France avait condamné les derniers attentats avec la plus grande fermeté, comme l'avaient fait l'Autorité palestinienne et le Président Arafat. Mais au-delà, il a souhaité que l'Autorité palestinienne exerce tous les moyens dont elle dispose pour mettre un terme aux attentats. Il est essentiel, a-t-il par ailleurs souligné, que les Palestiniens soient en mesure de mettre en place les structures politiques, administratives, juridiques et sécuritaires qui formeront l'armature de leur futur Etat. Et Israël aurait tout intérêt à faciliter cette mise en place.
Pour M. Levitte, la communauté internationale a aussi le devoir urgent de trouver un moyen de sortir les parties de l'impasse dans laquelle elles sont enfermées. Il faut du courage et beaucoup de sens des responsabilités de la part des dirigeants pour ne pas céder à la résignation. De l’avis de la délégation française, il faut mettre fin à l'occupation israélienne de 1967 sur la base des résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité; il faut créer un Etat palestinien indépendant, démocratique et viable, vivant côte à côte avec Israël dans des frontières sûres et reconnues; il faut trouver par la négociation une solution juste à toutes les questions pendantes relatives au statut du futur Etat palestinien, notamment les réfugiés et Jérusalem et il faut une normalisation des relations entre tous les Etats de la région. Pour parvenir à une paix globale et juste, a-t-il poursuivi, le projet de conférence internationale pour la paix au Moyen-Orient peut être un instrument particulièrement utile, à condition d'en définir précisément les objectifs, les termes de référence, le calendrier et le format.
Pour la France, a-t-il ajouté, les termes de référence sont ceux qui forment le socle du consensus international, à savoir les résolutions 242, 338 et 1397 du Conseil de sécurité; la Conférence de Madrid et le principe de l'échange des territoires contre la paix; les Accords d'Oslo; la proposition saoudienne entérinée par le Sommet arabe de Beyrouth et la vision américaine de MM. Bush et Powell. Le représentant de la France a encore estimé que les participants devaient inclure la Syrie, le Liban et les pays arabes les plus concernés, tels l'Egypte, la Jordanie, l'Arabie saoudite et le Maroc. Il est urgent, a-t-il conclu, de redonner espoir aux Palestiniens et aux Israéliens, car les problèmes sécuritaires ne peuvent être traités seuls. Il faut en même temps relancer la perspective d'un Etat palestinien viable et mettre fin à la tragédie humanitaire. La France attend sur ce point les nouvelles propositions des autorités américaines.
M. YINGFAN WANG (Chine) a déploré les nouvelles incursions israéliennes dans le territoire palestinien, y compris les attaques contre le Siège de l’Autorité palestinienne à Ramallah. Il a également condamné les récents attentats-suicide ayant eu lieu en Israël. Cette situation montre clairement que la communauté internationale ne doit à aucun moment ralentir ses efforts en faveur de la paix dans la région. Les résolutions du Conseil, notamment la résolution 1397, doivent être rapidement respectées et l’Etat palestinien indépendant doit aussi voir le jour rapidement. L’évolution du conflit montre de plus qu’il est difficile de sortir de l’impasse en comptant seulement sur les deux parties. L’intervention de tiers est nécessaire et, à cet égard, le Conseil de sécurité doit assumer toutes les responsabilités qui lui incombent au titre de la Charte des Nations Unies. Il a également précisé que le Vice-Premier Ministre de son pays se rendra dans les jours prochains en Israël et dans le territoire palestinien.
M. HADI NEJAD HOSSEINIAN (République islamique d’Iran) a indiqué que le récent Siège de Ramallah était le dernier exemple de la campagne répressive incessante et sanglante que menait la puissance occupante. Il a fait remarquer qu’elle coïncidait avec la visite du Chef du régime d’Israël à Washington et a jugé regrettable et décevante l’inqualifiable approbation que celui-ci a reçu pour ses assauts criminels, qui contreviennent de façon flagrante aux normes et principes du droit international, y compris la quatrième Convention de Genève. Il a dit partager avec le reste du monde la conviction selon laquelle l’occupation des territoires arabes, qu’ils soient palestiniens, syriens ou libanais par les Israéliens est au coeur de la crise et du conflit au Moyen-Orient. Il a regretté l’échec du Conseil à agir fermement au titre du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies afin d’empêcher les Israéliens de se moquer de ses résolutions.
A la lumière de ce qui s’est passé récemment dans les territoires occupés, a-t-il poursuivi, nous pensons que les Nations Unies doivent utiliser tous les moyens nécessaires pour forcer Israël à se conformer aux demandes de la communauté internationale. Le représentant a jugé nécessaire d’établir une force de protection internationale, en vertu du Chapitre VII de la Charte, qui serait déployée dans les territoires occupés et serait mandatée pour protéger les civils des atrocités commises par les troupes israéliennes. Il a également estimé essentiel que ceux qui ont ordonné et perpétré des crimes de guerre contre des civils dans les territoires occupés soient traduits devant la justice.
M. FAWZI BIN ABDUL MAJEED SHOBOKSHI (Arabie Saoudite) a rappelé que le monde continue d'assister aux souffrances du peuple palestinien, qui entravent les chances de parvenir à la paix. L'initiative de paix proposée par l'Arabie Saoudite affirme le droit des Arabes à ce qu'il soit mis fin à l'occupation en cours depuis 1967 et que soit créé un Etat palestinien indépendant. Cette initiative, a-t-il rappelé, a reçu un soutien sans précédent et a été adoptée par le Sommet arabe de Beyrouth. Mais pendant ce temps, Israël poursuit sa politique de destruction dans les territoires palestiniens et de commettre des crimes.
Evoquant la tribune de M. Sharon dans le New York Times, qui affirmait qu'il n'y avait pas de plan de paix, le représentant a estimé que le Premier Ministre israélien visait à empêcher que soit mis en place un Etat palestinien indépendant et viable. Cet article reflète le rejet total du Gouvernement israélien d'une solution globale qui mettrait fin à ses appétits d'expansion, a-t-il estimé. Cette attitude résulte du fait que les Nations Unies n'ont pas veillé à ce que soient respectées les résolutions du Conseil, notamment les résolutions 242 et 338, ainsi que les plus récentes. Le fait que l'ONU et la communauté internationale aient fermé les yeux quand Israël n'a pas appliqué les résolutions est la raison pour laquelle ce conflit se poursuit, a-t-il assuré. Le représentant a toutefois salué les efforts entrepris par le «Quartet», espérant que ces efforts permettront de mettre un terme à la tragédie humanitaire que vivent les Palestiniens et à l'occupation brutale, par Israël, des terres arabes occupées depuis 1967.
M. UMIT PAMIR (Turquie) a tout d'abord réaffirmé sa condamnation des actes terroristes qui ne sauraient apporter de résultats et estimé que seul un règlement négocié du conflit permettra la création d'un Etat palestinien viable, démocratique et indépendant, capable de vivre en paix aux côtés d'Israël. Dans cet esprit, la mise en oeuvre des résolutions 1402 et 1403 sont indispensables avant de se lancer dans un processus de négociations, a-t-il déclaré. Les parties doivent comprendre qu'il n'y a pas d'autre alternative pour parvenir à une solution durable. Nous appelons donc les parties concernées à reprendre les négociations sérieusement sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, des Accords de Madrid et d'Oslo et des accords conclus entre elles.
Le représentant a assuré que son pays soutenait les efforts du «Quartet» et autres initiatives qui s'efforcent d'aider les parties à avancer vers un règlement négocié. Dans ce contexte, le représentant s'est félicité du remaniement du cabinet palestinien, que doivent guider les principes de transparence et de bonne gouvernance. Après des mois d'incidents tragiques, il y a des raisons d'espérer un examen sérieux de la question, a poursuivi le représentant qui a proposé la ville d'Istanbul comme cadre de travail où toutes les parties se sentiraient à l'aise pour travailler à un avenir fondé sur la paix et la stabilité.
M. ANDRES FRANCO (Colombie) a réaffirmé que ni les préoccupations sécuritaires d’Israël, ni les aspirations politiques du peuple palestinien ne pourront être obtenues par la violence. Il en a pris pour preuve le fait que l’opération militaire lancée par Israël n’a pas réussi à empêcher les attentats-suicide. La Colombie rejette donc à la fois les attaques terroristes et le recours démesuré à la force dont fait preuve Israël. Elle regrette profondément qu’aucune des parties ne se soit conformée aux termes de la résolution 1402 du Conseil, exigeant un cessez-le-feu immédiat et véritable, ainsi que le retrait israélien des villes sous autorité palestinienne. Les incursions israéliennes répétées constituent une humiliation pour la population palestinienne et ne font qu’engendrer plus de violence, a déploré le représentant. Il a aussi déclaré qu’il ne comprend toujours pas le refus du Gouvernement israélien de coopérer avec l’équipe d’établissement des faits qui aurait dû être dépêchée à Djénine, ni son refus de satisfaire aux dispositions des résolutions 1397, 1402 et 1403 du Conseil de sécurité. Le fait que ces résolutions ne soient pas respectées compromet sévèrement l’autorité et la crédibilité du Conseil, a-t-il prévenu. Se félicitant en conclusion de la réunion demain du «Quartet» et se déclarant convaincu de la tenue prochaine d’une conférence internationale sur la question, le représentant colombien a insisté sur le fait que toute solution durable passait par la prise en compte de ses aspects sécuritaires, humanitaires, économiques, et politiques.
M. IYA TIDJANI (Cameroun) a déclaré que la situation au Moyen-Orient demeurait grave et dramatique et il a partagé toutes les préoccupations exprimées par les intervenants qui l’ont précédé. Malheureusement, la belle accalmie des attentats-suicide a cessé et les incursions israéliennes sont de plus en plus régulières, a-t-il regretté. En conséquence, les fondements fragiles du processus de paix sont aujourd’hui durement éprouvés. Les infrastructures économiques de l’Autorité palestinienne sont quasiment détruites, le Président de cette Autorité est dénigré par la partie adverse et le peuple israélien a plus peur que jamais. Où sont passées toutes les belles initiatives et la bonne volonté, s’est interrogé le représentant? Qu’en est-il du plan du Prince saoudien Abdullah, reposant sur le principe de la «terre contre la paix», ou du plan «Moubarak» qui propose la création d’un Etat palestinien dès l’année prochaine?
Le représentant a aussi évoqué les initiatives des parrains du processus de paix. Il a estimé que les efforts du «Quartet» sont porteurs de beaucoup d’espoirs et méritent donc d’être largement appuyés. La convocation d’une conférence internationale sur la question, pour être un succès, doit être minutieusement préparée, a-t-il prévenu, avant d’ajouter que l’objectif ultime devait en être la reconnaissance mutuelle des deux Etats. Le Conseil de sécurité doit, quant à lui, assumer toutes ses responsabilités et encourager davantage le processus de paix. Cela lui permettrait notamment de contrôler davantage les événements plutôt que de les subir, ainsi qu’on en a largement l’impression. Les voies d’un règlement global seront alors ouvertes car la conscience internationale est fatiguée des statistiques macabres et «veut voir fleurir la paix comme on voit fleurir les oliviers».
M. MIKHAIL WEHBE (République arabe syrienne) a souligné que cette réunion se tenait dans le contexte du rôle du Conseil pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Le Conseil a adopté 28 résolutions depuis 1948 pour traiter de la tragédie qui frappe le peuple palestinien, Israël n'en a appliqué aucune. Au cours des deux derniers mois, le Conseil a adopté les résolutions 1402, 1403 et 1405, toutes adoptées à l'unanimité. Cependant, Israël les traite de la même manière que les résolutions précédentes. Les forces israéliennes ont d'ailleurs recommencé ces quinze derniers jours leurs assassinats et destructions des infrastructures institutionnelles, a observé M. Wehbe. Selon des informations fiables, plus de 57% des Palestiniens vivent en dessous du seuil de pauvreté. Si Israël poursuit ses actions et continue d'assiéger le peuple palestinien, ce chiffre atteindra les 80% ou davantage, ce qui fait courir le risque d'une tragédie humanitaire. Malgré cela, le Gouvernement israélien continue de lancer des accusations contre les uns et les autres, a enchaîné le représentant. Il continue de priver les réfugiés palestiniens de leur droit fondamental, celui de rentrer chez eux. Il apparaît clairement que la raison principale des catastrophes que connaît le Moyen-Orient est la poursuite de l'occupation israélienne de territoires arabes, notamment en Syrie.
Quant à la réalité des intentions véritables du Gouvernement israélien, qu'on se réfère au texte du Premier Ministre publié il y a quelques jours dans le New York Times, dans lequel il insultait le Conseil de sécurité et la communauté internationale dans son ensemble, a suggéré M. Wehbe. Sharon a rappelé qu'Israël ne reviendra pas aux frontières de 1967, a souligné le représentant. Quelle paix recherche-t-il vraiment, s'est-il demandé? Revenant aux accusations portées contre son pays par le représentant israélien, M. Wehbe a assuré que la Syrie avait la confiance du monde et continuerait de travailler à la Présidence du Conseil. Il a également affirmé qu'il s'agissait là d'une campagne lancée dès que la Syrie avait été proposée pour siéger au Conseil, et qu'il s'agissait d'une tentative délibérée de couvrir les crimes terroristes contre les Palestiniens et leur lutte pour la liberté et l'indépendance. La Syrie, a-t-il conclu, se tourne aujourd'hui vers le Conseil de sécurité pour qu'il assume ses fonctions conformément à la Charte des Nations Unies et rétablisse le droit des propriétaires légitimes du territoire palestinien.
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