LE CONSEIL PROROGE A L’UNANIMITE L’AUTORISATION POUR SIX MOIS DE LA FORCE INTERNATIONALE EN AFGHANISTAN
Communiqué de presse CS/2316 |
Conseil de sécurité
4541ème séance – matin
LE CONSEIL PROROGE A L’UNANIMITE L’AUTORISATION POUR SIX MOIS
DE LA FORCE INTERNATIONALE EN AFGHANISTAN
La Force sera placée sous le commandement de la Turquie, à partir du 20 juin 2002
Réuni sous la présidence du Ministre des affaires étrangères de Singapour, M. Shanmugam Jayakumar, le Conseil de sécurité, constatant que la situation en Afghanistan demeure une menace pour la paix et la sécurité internationales, a décidé cet après-midi de proroger l’autorisation, pour une période de six mois après le 20 juin 2002, de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS). Agissant à cette fin en vertu du chapitre VII de la Charte des Nations Unies, le Conseil a adopté à l’unanimité la résolution 1413 (2002). Ce texte autorise les Etats Membres participant à la Force internationale à prendre toutes les mesures nécessaires à l’exécution du mandat de celle-ci. Toujours aux termes de cette résolution, le Conseil a demandé aux Etats Membres de fournir du personnel, du matériel et d’autres ressources à la Force et d’apporter des contributions aux Fonds d’affectation spéciale. Le Conseil a également accueilli favorablement la lettre datée du 7 mai 2002, adressée au Secrétaire général par le Ministre des affaires étrangères de la Turquie et note que la Turquie offre de diriger le commandement de La Force internationale.
Exprimant sa confiance dans les qualités de commandement de la Turquie, le représentant de l’Afghanistan a rappelé le point de vue de l’Administration intérimaire selon lequel le mandat de la Force devrait être étendu au reste du territoire afghan, ce qui faciliterait le retour à la paix et à la normalité dans le pays. De son côté, le représentant de la Turquie a expliqué que son pays avait pris cette décision étant entendu que le mandat et la zone d’action de la Force seront maintenus en état. Il a signalé que le Fonds d’affectation spéciale visant à assurer un appui financier aux Etats fournisseurs de troupes n’est pas encore entré en activité.
La Force internationale d’assistance à la sécurité a été créée par la résolution 1386, adoptée le 20 décembre 2001. Le Conseil de sécurité avait alors agi également en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies qui prévoit des mesures en cas de menaces contre la paix, de rupture de la paix et d’acte d’agression. La Force doit aider l’Autorité intérimaire afghane à maintenir la sécurité à Kaboul et dans ses environs, de telle sorte que l’Autorité intérimaire et le personnel des Nations Unies puissent travailler dans un environnement sûr.
M. Kieran Prendergast, Secrétaire général aux affaires politiques a fait un exposé, mettant à jour la situation sur le terrain. Outre les quinze membres du Conseil, les représentants des pays suivants ont fait une déclaration: Canada, Japon, Inde, Espagne (au nom de l’Union européenne et des pays associés), Nouvelle-Zélande, République islamique d'Iran, Pakistan, Afghanistan et Turquie.
LA SITUATION EN AFGHANISTAN
Projet de résolution S/2002/569
Le Conseil de sécurité,
Réaffirmant ses résolutions antérieures sur l’Afghanistan, en particulier sa résolution 1386 (2001) du 20 décembre 2001,
Réaffirmant également son profond attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale de l’Afghanistan,
Appuyant l’action internationale entreprise pour extirper le terrorisme, conformément à la Charte des Nations Unies, et réaffirmant également ses résolutions 1368 (2001) du 12 septembre 2001 et 1373 (2001) du 28 septembre 2001,
Conscient que c’est aux Afghans eux-mêmes que revient la responsabilité d’assurer la sécurité et de maintenir l’ordre dans tout le pays, et se félicitant à cet égard de la coopération de l’Autorité intérimaire afghane avec la Force internationale d’assistance à la sécurité,
Exprimant ses remerciements au Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord pour avoir dirigé l’organisation et le commandement de la Force internationale d’assistance à la sécurité, et saluant avec gratitude les contributions que de nombreux pays ont apportées à celle-ci,
Accueillant favorablement la lettre datée du 7 mai 2002, adressée au Secrétaire général par le Ministre des affaires étrangères de la Turquie (S/2002/568) et notant que la Turquie offre de diriger le commandement de la Force internationale d’assistance à la sécurité,
Rappelant la lettre datée du 19 décembre 2001, adressée au Président du Conseil de sécurité par M. Abdullah Abdullah (S/2001/1223),
Constatant que la situation en Afghanistan demeure une menace pour la paix et la sécurité internationales,
Résolu à faire pleinement exécuter le mandat de la Force internationale d’assistance à la sécurité, en consultation avec l’Autorité intérimaire afghane créée par l’Accord de Bonn et ses successeurs,
Agissant à ces fins en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,
1. Décide de proroger l’autorisation, pour une période de six mois après le 20 juin 2002, de la Force internationale d’assistance à la sécurité, telle que définie dans la résolution 1386 (2001);
2. Autorise les États Membres participant à la Force internationale d’assistance à la sécurité à prendre toutes les mesures nécessaires à l’exécution du mandat de celle-ci;
3. Demande aux États Membres de fournir du personnel, du matériel et d’autres ressources à la Force internationale d’assistance à la sécurité et d’apporter des contributions au Fonds d’affectation spéciale créé conformément à la résolution 1386 (2001);
4. Prie le commandement de la Force internationale d’assistance à la sécurité de lui présenter, par l’intermédiaire du Secrétaire général, des rapports mensuels sur l’exécution du mandat de la Force;
5. Décide de rester activement saisi de la question.
Déclarations
M. KIERAN PRENDERGAST, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, a fait une mise à jour de la situation sur le terrain. Le processus d’établissement de la Loya jirga qui doit se dérouler dans trois semaines est l’évènement politique le plus important après l’établissement de l’Administration intérimaire et cela constitue un test pour l’application des accords de Bonn. Les circonstances actuelles sont difficiles. De nombreux districts qui devront y être représentés sont isolés et parfois placés sous la férule des seigneurs de guerre. Les membres de la Commission indépendante chargée de convoquer la Loya jirga sont déployés dans le pays pour superviser les assemblées de district. Une opération aérienne a été organisée pour les aider. En ce moment, la phase I est achevée dans 300 districts sur les 380 que compte le pays et les préparatifs pour la mise en oeuvre des phases II et III se poursuivent. Nous sommes heureux de ces progrès et sommes certains que la convocation de la Loya jirga aura lieu dans les temps.
La phase I n’a pas été parfaite en raison d’actes d’intimidation par les dirigeants locaux rendant difficile le processus de sélection des représentants des districts. Le taux de participation à la plupart des assemblées de district a été cependant élevé et cet appui populaire a parfois été suffisant pour résister aux manoeuvres d’intimidation. Dans la plupart des cas, les tensions ont été contenues. Ce processus a fait la preuve de la capacité de réconciliation du peuple afghan. De nombreux obstacles ont été causés par les conditions de sécurité dans le pays. Diverses zones du pays sont encore placées sous le joug de commandants locaux qui, s’ils sont fidèles à la Loya jirga, ne le sont pas forcément envers l’Administration intérimaire. La nouvelle armée afghane comprendrait 300 000 hommes et serait supervisée par un Conseil de sécurité national. Lors de la Conférence de Genève, le Gouvernement allemand a fait des propositions insistant sur la nécessité de créer un système judiciaire qui fonctionne pour que les forces de police n’opèrent pas dans le vide. Des progrès plus rapides sont nécessaires en la matière. Par ailleurs, le programme d’élimination du pavot a montré que l’Administration intérimaire est déterminée à régler cette question. Le programme de démobilisation coûterait 80 millions de dollars des Etats-Unis.
La reconstruction de l’Afghanistan et la mise en place d’un système politique exigent que le secteur de la sécurité soit contrôlé par l’Etat. Cette solution est à long terme la moins coûteuse et la plus durable. La création de nouvelles institutions de sécurité prendra du temps. Pourtant, la situation, en particulier en dehors de Kaboul, est encore préoccupante. La communauté internationale devrait répondre à ces questions le plus vite possible. Nous ne pouvons pas nous attendre à un processus de reconstruction durable si la situation sécuritaire en dehors de Kaboul ne s’améliore pas. Le Secrétaire général adjoint a évoqué les insuffisances de fonds pour l’aide humanitaire. Le Programme alimentaire mondial des Nations Unies n’a pas pu réaliser pleinement ses objectifs alors qu’en un seul jour, le 16 mai dernier, 20 000 Afghans sont revenus. Le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) s’emploie à construire des milliers de logements. La philosophie de l’ONU consiste à travailler en étroite collaboration avec l’Administration intérimaire et a l’intention d’articuler sa stratégie autour du renforcement des capacités locales. Le travail dans les provinces est un autre volet clef des activités des Nations Unies. Un élément vigoureux de décentralisation sera critique pour assurer que les programmes de développement soient couronnés de succès. Le partenariat entre le Gouvernement afghan et l’ONU doit être fondé sur une vision commune sur le redressement et l’autonomie afghane. Une présence internationale et des moyens financiers demeurent indispensables. La récente conférence qui s’est tenue à Téhéran et qui portait sur les échanges commerciaux entre le Pakistan, l’Iran et l’Afghanistan a mené à la signature d’un accord établissant une commission tripartite pour développer le commerce entre ces trois pays.
M. YVES DOUTRIAUX (France) a dit que la communauté internationale doit être sensible aux conditions de sécurité qui règnent en Afghanistan avant la Loya jirga. La communauté internationale est engagée dans la formation de l’armée afghane, les Etats-Unis et l’Allemagne jouant un rôle de leader en matière de formation de l’armée et de la police. La France prendra en charge la formation de deux bataillons militaires. Nous allons déployer 55 instructeurs à cet égard à partir du 1er juillet. Les forces françaises participent déjà à l’opération «Enduring Freedom». Nous pensons que la Garde présidentielle formée par le Royaume-Uni devrait assumer des tâches de sécurité pendant la Loya jirga. La Turquie va bientôt prendre le commandement de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS), et cela nous permet de reconduire pour six mois le mandat de la Force. Concernant l’aide internationale, nous pensons qu’elle contribue au renforcement de la sécurité du peuple afghan et au respect des droits de l’homme. Cette aide contribue aussi à asseoir l’autorité du Président Karzaï dans les provinces. Il faut que les donateurs respectent cependant leurs engagements d’aide, au-delà des 8 millions de dollars déjà versés à Tokyo. Les Afghans ont besoin du soutien de la communauté internationale pour reconstruire leur pays.
M. RICHARD RYAN (Irlande) a évoqué lui aussi les problèmes de stabilité et de sécurité dans le pays, ce qui exige que l’Administration intérimaire soit étendue à tout le pays. Tout en notant les progrès remarquables enregistrés dans le cadre du processus d’établissement de la Loya jirga, il a regretté les informations faisant état de manœuvres d’intimidation. Nous sommes préoccupés par le fait que le meurtre du délégué de la province de Ghor ait pu être motivé par des raisons politiques. Nous sommes satisfaits de constater qu’à ce jour, une femme a été sélectionnée pour prendre place au sein de la Loya jirga. Le succès de la Loya jirga aura un impact important sur les efforts de reconstruction en cours dans le pays. Il est indispensable que la communauté des donateurs déploie tous les efforts pour débourser les annonces de contributions faites à Tokyo. Nous soutenons pleinement le projet de résolution présenté aujourd’hui recommandant la prorogation du mandat de la FIAS pour une nouvelle période de six mois. Nous devons trouver les moyens de faire en sorte que les bénéfices de la stabilité ne soient pas limités à Kaboul uniquement. Nous ne devons pas non plus oublier que le pays fait face à une crise humanitaire importante. Un nombre d’institutions du système des Nations Unies sont à court de moyens financiers. C’est pourquoi, nous appelons instamment les Etats Membres à verser leurs contributions aux institutions clefs le plus tôt possible. Il est par ailleurs essentiel de mettre en place la commission judiciaire ainsi que la commission sur les droits de l’homme dont le processus de création est en cours. Les droits de l’homme doivent être en première ligne des efforts des Nations Unies dans le pays.
M. RICHARD WILLIAMSON (Etats-Unis) a déclaré que son pays se réjouit de la prorogation, qu’il appuie, du mandat de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) pour une nouvelle période de six mois. Les Etats-Unis se réjouissent aussi que la Turquie succède au Royaume-Uni pour assurer le commandement de la Force. La semaine dernière, nous avons eu, à Genève, des discussions sur la sécurité en Afghanistan, avec la participation de M. Lakhdar Brahimi, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afghanistan. Nous pensons que des institutions transparentes et fiables sont la clef de l’avenir de l’Afghanistan. A cet égard, les Nations Unies ont commencé à travailler à la formation de la future armée afghane, les Etats-Unis s’acquittant de la fourniture de matériels. Nous nous réjouissons de l’arrivée prochaine de formateurs français à Kaboul. Nous sommes conscients aussi de la nécessité de disposer de moyens financiers adéquats et, à cet égard, la création d’un fonds d’affectation spéciale pour assurer la rémunération des futures troupes nous semble un bon signe. Notre pays paie pour la sécurisation de l’Afghanistan, à la fois sur le plan militaire et sur le plan civil. La sécurité est encore instable en Afghanistan à la veille de la tenue de la Loya jirga, et notre pays, soutenu par la coalition internationale, continuera de rester vigilant. Ma délégation félicite M. Brahimi et son adjoint pour le travail accompli sur le terrain, notamment pour la conclusion d’une trêve dans le nord du Pays. Le Président Bush est décidé à rester engagé en Afghanistan, et nous ne répéterons pas les erreurs du passé, a tenu à indiquer le représentant. La sécurité, l’éducation des garçons et des filles, la construction d’infrastructures, et la mise sur pied d’une économie en dehors des circuits de drogues sont les domaines dans lesquels nous interviendrons.
M. MIKHAIL WEHBE (République arabe syrienne) a expliqué qu’en dépit des progrès accomplis dans l’établissement de la Loya jirga, sa délégation est encore préoccupée par la situation liée à la sécurité. Il subsiste des poches de résistance formées par des groupes Taliban et d’Al-Qaeda, et par des groupes politiques, militaires et ethniques. De graves violations des droits de l’homme ont eu lieu mais cette question prendra du temps à résoudre car il s’agit d’un problème crucial chronique. Le processus politique et le processus social constituent deux questions importantes qui contribueraient à régler les problèmes sécuritaires. Il est nécessaire d’axer nos efforts pour contribuer à former une armée nationale et des forces de sécurité qui devraient être dotées d’équipements et de matériels nécessaires. Les problèmes humanitaires et ceux liés à la situation des réfugiés exigent des ressources financières plus conséquentes.
Les efforts de développement économique, notamment dans les régions de culture du pavot, doivent être pris en considération. Il est nécessaire de trouver des sources de revenu de substitution pour les agriculteurs vivant de la culture du pavot. Nous encourageons les pays donateurs à verser leurs contributions le plus vite possible.
M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) a dit que d’importants progrès ont été réalisés dans le processus politique et la mise en œuvre de l’Accord de Bonn. Concernant la Loya jirga, sa réussite dépendra en grande partie de la procédure de désignation des délégués; c’est pourquoi, le meurtre de l’un d’entre eux est un signe inquiétant. Il appartient aux Afghans d’assumer la responsabilité du processus, la communauté internationale devant quant à elle les aider sur le plan de la lutte contre le terrorisme et la formation d’une armée nationale inclusive. La Colombie regrette que le mandat de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) n’ait pas été étendu dans d’autres régions que celle que la Force couvre actuellement. Il faudra du temps pour former des institutions et une armée nationale afghane, mais dans l’état actuel des choses, le Conseil doit veiller à maintenir la crédibilité du processus et à assurer la légitimité de l’Autorité de transition qui sortira de la Loya jirga. Concernant le projet de résolution que nous soutenons, et les espoirs que nous nourrissons pour l’Afghanistan, nous notons avec intérêt les programmes que mènent certains membres de la communauté internationale, notamment en matière de lutte contre les drogues, la réinsertion des ex-combattants et le redressement social.
Mme ROBERTA LAJOUS (Mexique) a déclaré que la situation en Afghanistan est complexe en raison de forces qui favorisent l’anarchie, d’où la nécessité pour la communauté internationale d’appuyer la création d’institutions nationales comme l’avait demandée la population afghane elle-même. La représentante s’est félicitée des nombreux progrès réalisés, notamment le retour de nombreux réfugiés, tout en insistant sur l’importance d’associer les femmes au sein de la future Loya jirga d’urgence. En dépit des efforts déployés, la production de drogues continue, permettant aux groupes politiques d’imposer la terreur. Cette question n’est pas uniquement du ressort de l’Administration afghane dans la mesure où ce commerce contribue à financer le terrorisme dans le monde. Rappelant que des factions rivales menacent de déstabiliser l’Autorité intérimaire, la représentante a souligné la nécessité de renforcer les capacités de défense des Afghans. A cette fin, elle a signalé que son Gouvernement votera en faveur du projet de résolution présenté aujourd’hui. La mise en place de la Loya jirga sera un événement marquant car elle permettra de mettre en œuvre les accords conclus. A ce jour, nous n’avons accompli que le quart des activités prévues et c’est pourquoi, nous encourageons les pays donateurs à honorer leurs promesses de contributions.
M. SERGEY LAVROV (Fédération de Russie) a déclaré que le processus de paix se développe à une allure normale en Afghanistan. Il reste cependant beaucoup de travail à faire pour assurer une représentation équitable de toutes les parties à la Loya jirga, et le récent meurtre d’un délégué élu montre que des mécontentements persistent. Notre pays lance un appel pour que les Taliban et toute personne se réclamant d’eux soient exclus du processus. Il ne faut cependant pas que les exclus du processus forment un «front des mécontents» qui remettra en cause tous les résultats de la Loya jirga. Nous accordons beaucoup d’importance au rôle de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) et notre pays soutiendra l’adoption de la résolution prorogeant son mandat. Mais à long terme, nous pensons que la formation d’une armée afghane inclusive sera la condition du maintien de la paix dans le pays. Nous tenons à dire que les programmes de reconstruction et de formation à mener en Afghanistan ne doivent pas devenir prisonniers des jeux d’intérêt de certains Etats de la communauté internationale. L’ONU doit jouer le rôle central de coordination et de supervision des programmes à implanter dans le pays. Pour sa part, la Fédération de Russie apporte sa juste contribution à la reconstruction de la nation afghane.
M. STEFAN TAFROV (Bulgarie) a espéré que la Loya jirga d’urgence joue le rôle essentiel escompté pour le développement d’un processus politique viable en Afghanistan et, à cet égard, il a salué les efforts de l’ONU pour promouvoir le processus de paix dans le pays. Il a rappelé que la sécurité et la stabilité en Afghanistan constituent les éléments cruciaux de la stratégie générale d’assistance à l’Afghanistan dans son processus de normalisation et a appuyé le principe de la prorogation du mandat de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) au-delà du 20 juin 2002. Il s’est félicité de la décision de la Turquie d’assumer le commandement de la FIAS et a salué la disponibilité du Royaume-Uni, de l’Allemagne et de l’Italie qui entendent jouer un rôle moteur respectivement dans les domaines de la lutte contre la production et le trafic des drogues, de la police et de la justice. Il a assuré que son pays continuerait de fournir une assistance pour instaurer la sécurité en Afghanistan sur une base bilatérale ainsi que par le truchement de la FIAS. Insistant ensuite sur la préservation des droits de l’homme, M. Tafrov a jugé que les femmes afghanes devraient pouvoir jouir de tous les droits et bénéficier d’un accès égal à la santé, à l’éducation et à l’emploi. Il a salué ensuite les efforts de l’Administration intérimaire visant la destruction de la dernière récolte de pavot, estimant par ailleurs que la mise en oeuvre d’un programme de contrôle des drogues avec l’appui des Nations Unies est d’une importance vitale.
M. OLE PETER KOLBY (Norvège), s’exprimant en sa qualité de Président du Groupe d’appui en Afghanistan, a souligné que la promotion d’une approche globale et cohérente, permettant de combler le fossé entre le développement social et économique et la promotion de la sécurité, était une des priorités du Groupe. Nous veillons également à ce que l’établissement de la Loya jirga se déroule sans heurt. Nous suivons en outre le financement des activités prévues lors de la Conférence de Tokyo et nous appelons les donateurs à accélérer le déboursement des contributions promises. L’adoption de la résolution prorogeant le mandat de la FIAS est importante et nous nous félicitons de la décision de la Turquie d’en prendre le commandement. La Norvège continuera à apporter sa contribution à la Force et jouera un rôle important sous l’égide de l’Allemagne pour mettre en place une force de police afghane. L’aide humanitaire doit aussi s’accélérer. A cet égard, il est essentiel d’accorder une attention accrue aux opérations de déminage, à l’accès au logement et à l’emploi des réfugiés et personnes déplacées.
M. JAGDISH KOONJUL (Maurice) a déclaré que la situation politique s’est beaucoup améliorée en Afghanistan depuis la signature des accords de Bonn. Maurice espère que la Loya jirga se tiendra dans des conditions d’équité et de pleine intégration de tous les groupes ethniques et des femmes. La question des ressources se pose avec acuité. Les engagements pris par les donateurs à Tokyo doivent être tenus et un mécanisme de transparence financière doit être mis en place. La réunion qui s’est tenue à Genève sur les questions de sécurité a permis de cerner les difficultés qui se posent sur le terrain à la veille de la Loya jirga. Maurice soutient l’adoption de la résolution prorogeant le mandat de la Force internationale d’assistance à la sécurité. La situation humanitaire reste difficile dans de nombreuses régions, notamment en ce qui concerne les personnes déplacées et les réfugiés, dont le nombre reste trop élevé. Notre pays remercie les pays voisins de l’Afghanistan qui contribuent aux efforts internationaux d’assistance aux réfugiés. Concernant la situation économique, nous soutenons les mesures visant la lutte contre la culture du pavot et le trafic des drogues.
M. FRANCOIS L. FALL (Guinée) a salué les progrès accomplis depuis la mise en place de l’Administration intérimaire qui sont le fruit des efforts conjugués de la communauté internationale et des populations afghanes. Toutefois, les défis à relever sont encore nombreux et portent notamment sur la sécurité, la situation humanitaire et le développement, a estimé M. Fall, reconnaissant par ailleurs que la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) avait accompli un travail remarquable grâce, en particulier, à la volonté conjuguée des pays qui contribuent à cette Force. Le retour de la paix en Afghanistan n’est possible que si les derniers foyers de déstabilisation sont éliminés, a jugé le représentant, soulignant la nécessité d’accélérer la formation et l’équipement des forces de sécurité afghanes qui pourront à court terme jouer ce rôle. Il a mentionné ensuite la situation humanitaire préoccupante du fait que le retour massif des réfugiés exerce une pression de plus en plus forte sur les faibles infrastructures et accentue les énormes besoins des populations. M. Fall a invité la communauté des donateurs à redoubler d’efforts pour augmenter les flux financiers nécessaires qui permettront aux populations afghanes de se consacrer aux activités de relèvement de leur pays.
M. MARTIN BELINGA EBOUTOU (Cameroun) a déclaré que sa délégation se félicite de la somme d’informations contenue dans l’exposé de M. Kieran Prendergast, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques. Nous sommes heureux des efforts effectués avec succès sur le terrain en Afghanistan, entre autres la réouverture des écoles, l’amélioration de la condition de la femme, le retour à une vie normale, et nous nous félicitions des programmes menés par les Nations Unies, les Etats-Unis, la France et d’autres pays, pour assurer la formation d’une armée nationale afghane. Tout doit être fait pour assurer la paix et la stabilité dans le pays. Les derniers combats en date dans la région de Kunduz sont une écharde plantée à côté des progrès accomplis en Afghanistan. Nous pensons que la Loya jirga devra refléter la composition socioculturelle de l’ensemble de l’Afghanistan, et nous nous félicitons du retour de l’ex-roi Zaher Shah.
Le Cameroun a souligné la nécessité d’une aide substantielle de la communauté internationale pour reconstruire un pays dont les infrastructures ont été décimées. Après la tenue de la conférence des donateurs de Tokyo, nous attendons que se concrétisent les engagements pris et les promesses faites. Il ne faudrait pas lier le versement des ressources à la réalisation par le Gouvernement intérimaire afghan de certains engagements du processus de Bonn. Le projet de résolution dont nous sommes saisis, et qui proroge le mandat de la Force internationale d’assistance à la sécurité recevra l’appui du Cameroun. Le défi à relever en Afghanistan est énorme, mais exaltant. Les succès que nous avons connus sur d’autres dossiers devraient nous encourager à atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés pour l’Afghanistan, dont le peuple mérite l’aide et la confiance de la communauté internationale.
M. WANG YINGFAN (Chine) a relevé que le degré de la représentativité de la Loya jirga aura des conséquences sur la durabilité de la paix dans le pays et sur la mise en oeuvre des engagements pris dans le cadre de l’Accord de Bonn. Le représentant a relevé l’enthousiasme manifesté par la population afghane, ce qui reflète son profond souhait de vivre dans la paix. Cependant, le pays reste confronté à bien des difficultés en raison des actes d’intimidation des seigneurs de la guerre, ce qui a crée un impact négatif sur le processus d’établissement de la Loya jirga. La Mission des Nations Unies en place depuis deux mois seulement contribue à mettre en place la Loya jirga dans de bonnes conditions. La FIAS a joué un rôle important pour promouvoir la stabilité et c’est pourquoi, la délégation chinoise appuie le projet de résolution présenté aujourd’hui. Nous sommes également prêts à fournir une aide visant la mise en place d’une force de police civile. Pour ce qui est de la reconstruction du pays, nous nous sommes engagés à y participer et à aider à construire des installations civiles. Le Gouvernement chinois a promis une aide économique et technique d’un montant de 30 millions de dollars et a également accepté de collaborer dans le domaine de la lutte contre la drogue.
M. STEWART ELDON (Royaume-Uni) a dit que, sous la direction du Royaume-Uni, la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) a pu maintenir la sécurité aux alentours de Kaboul. La communauté internationale doit maintenant donner à la FIAS plus de moyens, et un effort international concerté doit être à cet égard lancé. La semaine dernière, notre pays s’est engagé à verser 21 millions de dollars en faveur de la réforme de sécurité en Afghanistan. Sur le plan politique, la mise en place de la Loya jirga le mois prochain devra produire un processus efficace de gouvernement permettant de faire avancer la mise en œuvre des accords de Bonn. Notre pays fournira des ressources pour soutenir la convocation de cette assemblée. Le Royaume-Uni est le premier donateur au Fonds d’affectation spéciale pour la reconstruction de l’Afghanistan, et nous appelons les autres pays à nous suivre et à s’acquitter de leurs engagements. Concernant la question de la drogue, les efforts à venir devront non seulement être axés sur la répression, mais aussi favoriser l’introduction de cultures de substitution.
M. SHANMUGAM JAYAKUMAR, Ministre des affaires étrangères de Singapour, a déclaré que le succès du processus de la Loya jirga sera essentiel pour résoudre les problèmes de l’Afghanistan et le Conseil de sécurité doit, dans ce cadre, continuer de jouer un rôle pivot. Lors de son entrée en fonctions, la Loya jirga d’urgence, qui sera ouverte par l’ancien roi d’Afghanistan, devra répondre à des questions critiques. Elle permettra aux Afghans de se saisir de leur avenir politique. Les progrès ont été remarquables pour ce qui est des activités de la commission électorale indépendante mais nous sommes troublés par les rapports faisant état de l’assassinat d’un candidat, quelques jours après sa désignation comme membre du collège électoral. La population afghane aspire à la paix et la communauté internationale doit redoubler d’efforts pour assurer l’établissement, sans heurt, de la Loya jirga. Il reste encore beaucoup à faire dans le domaine humanitaire et de la reconstruction des infrastructures. Les progrès sur le plan humanitaire, de la sécurité et de la reconstruction se renforcent mutuellement et constituent le meilleur moyen de décourager les responsables de troubles. Le taux de retour des réfugiés, qui est plus important que prévu, est un signe de confiance de la part du peuple afghan. L’adoption d’une résolution aujourd’hui est un signal clair de la volonté de la communauté internationale de continuer de fournir son aide à la sécurité à Kaboul. Il nous faudra trouver les modalités permettant de faire de même en dehors de la capitale.
M. PAUL HEINBECKER (Canada) a dit que la période actuelle est un moment de grand espoir pour le peuple d’Afghanistan. Le Canada est prêt à soutenir ce pays pour voir se réaliser les aspirations de son peuple. La communauté internationale doit rester engagée en Afghanistan. Il y a six mois, il était impensable de penser que des millions d’enfants, filles et garçons, reprendraient le chemin de l’école dans ce pays. Notre pays confirme son engagement en faveur du peuple afghan. Nous verserons 70 millions de dollars à la reconstruction de l’Afghanistan pour la période 2002-2003. Il faut répondre aux besoins fondamentaux de la population, si l’on veut remettre le pays sur la bonne voie. Des unités canadiennes participent aux opérations de sécurisation et de déminage en Afghanistan. Les membres du G-8, que notre pays préside cette année, ont lancé des programmes spéciaux en faveur de l’Afghanistan et nous devons continuer sur cette lancée. Notre pays est en faveur du maintien de la Force en Afghanistan, et nous soutiendrons le projet de résolution soumis au Conseil pour la prorogation de son mandat.
M. MOTOHIDE YOSHIKAWA (Japon) a déclaré que des tentatives d’intimidation semblent menacer la tenue de la Loya jirga qui doit se tenir en Afghanistan. La communauté internationale doit faire tout son possible pour que cet important processus se déroule sans heurt et pour que ses résultats soient acceptés et respectés par toutes les parties, a dit le représentant. Il est essentiel que les Afghans mettent de côté leurs vieilles querelles et leurs divisions et travaillent ensemble pour créer une Autorité de transition qui puisse conduire leur pays à accomplir la seconde phase du processus issu de l’Accord de Bonn. La communauté internationale doit assumer sa part de responsabilité et, en ce qui le concerne, le Japon a fourni 2,7 millions de dollars d’équipements et de moyens de transport pour aider l’organisation de cet évènement. Nous remercions le Conseil de sécurité de proroger le mandat de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) un mois avant la date prévue et avant la tenue de la Loya jirga. Le Japon tient à remercier le Royaume-Uni pour le rôle crucial qu’il a joué dans la conduite des opérations de l’ISAF, et la Turquie pour son engagement à assumer ce rôle dans le futur. Le Japon a d’autre part décidé de faire une contribution de 19 millions de dollars pour les opérations de déminage, et notre pays compte aussi soutenir des projets de lutte contre la drogue, notamment par la création d’une capacité de lutte contre le trafic des stupéfiants en Afghanistan. Travaillant avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), notre pays considère la possibilité d’étendre les programmes de reconstruction et d’emplois du PNUD, qui ont déjà créé 20 000 emplois à Kaboul. L’élargissement de ce processus à la ville de Kandahar contribuerait au retour au calme, a estimé le représentant.
M.A GOPINATHAN (Inde) a estimé qu’il ne sera pas possible d’éliminer le terrorisme uniquement depuis l’Afghanistan à moins de régler la question relative aux soutiens apportés de l’extérieur à Al-Qaida et aux Taliban. Le représentant a insisté sur la nécessité d’établir les structures indispensables au maintien de la sécurité dans le pays qui dépendront également des modalités d’établissement d’une force armée nationale et d’une force de police multiethnique. Abordant le processus de sélection de la Loya jirga, le représentant a fait part de sa préoccupation quant aux actes d’intimidation qui ont eu lieu. Il a insisté pour que les Taliban et leurs partisans soient exclus de la Loya jirga. Le représentant a par ailleurs signalé que plusieurs pays en développement avaient manifesté leur intérêt à participer aux efforts de reconstruction dans le cadre de la coopération Sud-Sud. A cette fin, le Gouvernement indien et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) avaient organisé une conférence sur cette question à New Delhi. Les principaux objectifs en étaient l’évaluation de l’ampleur des besoins du pays et les réponses à fournir; l’identification des besoins dans le domaine des technologies de l’information et le développement des mécanismes permettant aux pays en développement d’acheminer de telles technologies à un faible coût. L’Inde s’est par ailleurs engagée à fournir 100 millions de dollars au titre de l’aide humanitaire et une somme de 10 millions de dollars comme contribution budgétaire.
M. INOCENCIO F. ARIAS (Espagne) a déclaré, au nom de l’Union européenne et des pays associés, que la tenue de la Loya jirga est cruciale pour la réussite du processus engagé en Afghanistan. L’organisation de cet événement appuyé par le Représentant spécial du Secrétaire général, M. Lakhdar Brahimi, doit se dérouler sans manipulation. L’Union européenne demande à toutes les parties afghanes de faire de cette Loya jirga un succès. Les termes de l’Accord de Bonn qui en définissent la tenue, doivent être scrupuleusement respectés. La sécurité est indispensable, si l’on veut atteindre les objectifs de Bonn, et l’Union européenne appuie la formation d’une armée nationale afghane. Nous soutenons la mise en place d’institutions viables et solides en Afghanistan, et l’Union européenne appuie l’adoption du projet de résolution visant la prorogation, pour une durée de 6 mois, du mandat de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS). Nous nous félicitons que la Turquie assume prochainement le commandement de la Force et nous suivons, grâce à la présence d’un Envoyé spécial européen, la mise en oeuvre des engagements de l’Accord de Bonn. Il faut faire en sorte que toutes les parties participent de manière inclusive à l’application et au respect de l’Accord de Bonn, pour donner plus de chances de réussite au processus de sortie de l’Afghanistan de l’état de crise. L’Union européenne soutient les programmes d’aide humanitaire, dont elle est un des principaux donateurs, ainsi que les mesures de lutte contre la culture et la commercialisation illicites des drogues. Sur un autre plan, nous participerons à la mise sur pied des structures de gouvernance dont l’Afghanistan a besoin pour construire une société démocratique, prospère et respectueuse des droits de l’homme, et notamment la liberté d’expression. Nous sommes d’avis que les femmes afghanes doivent jouer le rôle qui leur échoît dans le cadre de la reconstruction de leur pays, de son fonctionnement, et de sa gestion. La Loya jirga offre pour la première fois une possibilité de donner à l’Afghanistan des bases saines de gouvernance et de reconstruction économique et sociale, et nous appelons tous les dirigeants et chefs de clans à travailler ensemble pour son succès.
M. DON MACKAY (Nouvelle-Zélande) a estimé que les aspects sécuritaires, économiques, politiques et sociaux étaient fortement liés. Ne pas le reconnaître mettrait en danger le pays qui pourrait retomber entre les mains des seigneurs de la guerre. Le défi fondamental en Afghanistan est de reconstruire le pays. La stabilisation passera par un processus politique qui doit reposer sur un fonctionnement réussi de la Loya jirga. La Nouvelle-Zélande restera active au sein des programmes internationaux d’aide humanitaire dont les activités portent actuellement, à juste titre, sur la réhabilitation et la reconstruction du pays. Nous contribuons 400 000 dollars des Etats-Unis en faveur de projets identifiés par le Programme d’aide transitoire et immédiate des Nations Unies. Il est important que les promesses faites par les pays donateurs soient tenues. Dans le domaine de la sécurité, la Nouvelle-Zélande participe à l’Opération «Liberté immuable» ainsi qu’à la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS). Nous avons l’intention de continuer à fournir du personnel à la Force au cours des six prochains mois et accueillons favorablement la prorogation de son mandat ainsi que la proposition de la Turquie d’en prendre le commandement.
M. HADI NEJAD-HOSSEINIAN (République islamique d’Iran) a dit que sa délégation se félicitait qu’un consensus existe au niveau international sur la question de l’Afghanistan. L’Iran est fier de contribuer au retour à la paix dans ce pays, et son Gouvernement suit de près le processus actuel devant mener à la tenue de la Loya jirga. Le maintien de la paix et de la sécurité en Afghanistan est une nécessité cruciale. Cependant, la persistance de la présence d’éléments militaires des Taliban et d’Al-Qaida pose de nouvelles inquiétudes et crée situations d’insécurité. L’Iran pense que la présence militaire étrangère en Afghanistan devrait demeurer limitée et être brève dans la durée, à la lumière des expériences que l’on a connues dans le passé. La création d’outils de sécurité afghans doit inclure toutes les composantes humaines de ce pays. Concernant la question de la culture du pavot, la communauté internationale devrait encourager les paysans afghans à se tourner vers des cultures de substitution, et elle devrait leur en donner les moyens. L’Iran a des liens humains, linguistiques et culturels étroits avec l’Afghanistan, et en tant que voisin de ce pays, doit être encouragé par la communauté internationale à participer à la reconstruction de l’Afghanistan. Notre Gouvernement a déjà lancé un projet de construction routière dans la région d’Hérat, qui marque la proximité entre nos pays. L’Iran a accueilli, il y a quelques jours, une réunion des Ministres des finances des pays souhaitant participer à la reconstruction de l’Afghanistan. Placée sous l’égide du PNUD, cette rencontre a examiné les moyens qu’il faudrait mettre en œuvre pour faciliter la reconstruction afghane.
M. MASOOD KHALID (Pakistan) a souhaité que la communauté internationale tire les leçons du passé tragique de l’Afghanistan. Nous sommes rassurés par les assurances reçues selon lesquelles les grandes puissances sont réellement engagées en faveur de la reconstruction de ce pays ravagé par la guerre. Sans des conditions de sécurité dans le pays, il ne pourra pas y avoir de stabilité, de reconstruction et de relèvement. La communauté internationale ne doit pas permettre que la population tombe entre les mains des seigneurs de la guerre. Nous soutenons la prorogation du mandat de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) pour une période de six mois et nous estimons que sa taille et son objectif doivent être revus à la hausse pour couvrir l’ensemble du pays, en particulier les centres urbains. Le représentant a ensuite fait état de l’aide que son pays apporte à l’Afghanistan, y compris une annonce de contribution de 100 millions de dollars au titre de l’aide à la reconstruction. Nous sommes engagés pleinement à tisser des liens d’amitié avec l’Afghanistan.
M. RAVAN A.G. FARHADI (Afghanistan) a dit que les acquis de l’Administration intérimaire afghane, issue de l’Accord de Bonn, sont positifs. La préparation de la Loya jirga se poursuit normalement, et les réfugiés rentrent en nombre de plus en plus élevé, a estimé le représentant. Nous remercions les Nations Unies et la communauté internationale pour leur soutien à notre pays. Nous remercions également le Royaume-Uni pour son rôle de commandement à la tête de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS), et nous attendons avec confiance que la Turquie prenne bientôt la direction de la Force. Récemment, lors de la réunion de Genève, notre Gouvernement avait réitéré son point de vue, selon lequel le mandat de la FIAS devrait être étendu au reste du territoire afghan.
L’élargissement de ce mandat faciliterait le retour à la paix et à la normalité dans notre pays. Les programmes de démobilisation et de réinsertion des ex-combattants sont essentiels à la reconstruction de notre pays, car si chaque soldat démobilisé peut avoir un travail et une source assurée de revenu, le retour à la paix générale s’en trouvera accéléré. Nous remercions le Conseil pour l’examen du projet de résolution visant la prorogation du mandat de la FIAS, que nous soutenons.
M. UMIT PAMIR (Turquie) a expliqué que son pays avait décidé d’assumer la direction de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS), prenant ainsi la relève du Royaume-Uni, pour permettre le retour de la normalité de ce pays ami. Nous sommes conscients du fait que le succès du processus de Bonn déterminera le succès des actions futures de la communauté internationale. Nous avons pris cette décision, étant entendu que le mandat et la zone d’action de la FIAS seront maintenus en état. La Force a pu s’acquitter de son rôle avec l’appui de la communauté internationale qui demeure essentiel à l’efficacité de la Force. Le représentant a toutefois signalé que le Fonds d’affectation spéciale visant à fournir un appui financier aux Etats fournisseurs de troupes n’est pas encore entré en activité.
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