En cours au Siège de l'ONU

CS/2305

LE CONSEIL DE SECURITE EXPRIME SA PREOCCUPATION DEVANT LES GRAVES CONSEQUENCES DES CONFLITS ARMÉS SUR LES ENFANTS

07/05/2002
Communiqué de presse
CS/2305


Conseil de sécurité

4528ème séance – après-midi


LE CONSEIL DE SECURITE EXPRIME SA PREOCCUPATION DEVANT LES GRAVES CONSEQUENCES DES CONFLITS ARMÉS SUR LES ENFANTS


Trois adolescents témoignent des réalités de la guerre


Les conflits armés ont causé entre 1990 et 2000 la mort de plus de 2 millions d’enfants tandis que plus de 6 millions ont été estropiés ou mutilés et que 20 millions ont été chassés de leurs foyers.  A l’heure actuelle, on estime à 300 000 le nombre d’enfants de moins de 18 ans qui ont été recrutés comme soldats.  Devant ce constat et à la veille de l’ouverture de la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée aux enfants qui se tiendra du 8 au 10 mai, le Conseil de sécurité a cet après-midi adopté une déclaration présidentielle par laquelle il a exprimé sa préoccupation devant les graves conséquences des conflits armés sous tous leurs aspects sur les enfants.  Il a réaffirmé qu’il condamne énergiquement le ciblage et l’utilisation continue des enfants dans les conflits armés, notamment leur enlèvement et leur recrutement forcé, les mutilations qui leur sont infligées, leur déplacement forcé, l’exploitation et les sévices sexuels qu’ils subissent et demande à toutes les parties à des conflits de renoncer immédiatement à de telles pratiques. 


Le Conseil a également demandé à nouveau l’inclusion de dispositions relatives à la protection des enfants, une attention particulière devant être accordée aux besoins spéciaux des filles, dans les négociations et les accords de paix; les mandats et rapports concernant les opérations de maintien de la paix; les programmes de relèvement et de consolidation de la paix; les programmes de formation  des agents chargés du maintien de la paix et du personnel humanitaire; ainsi que l’adjonction de conseillers en matière de protection des enfants dans les opérations de maintien de la paix et de consolidation de la paix.  Il a souligné qu’il est essentiel d’assurer un accès humanitaire sans entraves aux enfants et, à ce sujet, il a demandé aux parties aux conflits de prendre des dispositions spéciales afin de répondre en matière de protection et d’assistance, en particulier la promotion, le cas échéant, de «Journées de vaccination».


Présents au Siège de l’Organisation aux côtés de centaines d’autres enfants à l’occasion de la session extraordinaire et délégués au Forum des enfants qui la précède, Wilmot, un adolescent de 16 ans du Libéria, Eliza, une jeune fille de 17 ans originaire de Bosnie-Herzégovine et José, un Est-timorais de 18 ans, ont parlé des réalité de la guerre vues à travers le prisme de l’enfance.  Ils ont demandé au Conseil de sécurité d’assumer ses responsabilités en matière de prévention des conflits et de maintien de la paix.  «Les lois et les conventions ne permettent pas encore très bien de concrétiser les bonnes paroles qui sont prononcées.  Or, il ne faut pas oublier que si les enfants grandissent dans la paix et la sécurité, ils pourront alors devenir des adultes capables de cohabiter en paix de par le monde entier.  Donnez-nous cette chance!» a déclaré José.


De leurs côtés, Mme Graça Machel, ancien Ministre de l’éducation du Mozambique et ancienne experte indépendante sur les enfants et les conflits armés et auteur en 1996 du premier rapport sur les répercussions des conflits armés sur les enfants, Mme Carol Ballamy, Directrice générale de l’UNICEF et M. Olara Otunnu, Représentant spécial du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés ont notamment plaidé auprès du Conseil pour que la protection des enfants figure dans les mandats des opérations de maintien de la paix et pour que des mécanismes efficaces de prévention des conflits soient instaurés.  Le Président du Conseil de sécurité, M. Kishore Mahbubani (Singapour) a, au nom des 15 membres, souhaité que le témoignage de ces trois enfants permette au Conseil de mieux comprendre la situation des enfants dans les conflits armés et de mieux réagir aux conditions dramatiques dans lesquelles ils vivent. 


Cette réunion du Conseil s’est découlée en présence du Ministre des relations extérieures du Cameroun, M. François-Xavier Ngoubeyou ainsi que de la Ministre pour le développement international de la Norvège, Mme Hilde F. Johnson accompagnée de la Ministre norvégienne chargée des enfants et de la famille, Mme Laila Daavoy.


LES ENFANTS ET LES CONFLITS ARMÉS


Déclarations


Le Président du Conseil de sécurité, M. KISHORE MAHBUBANI (Singapour) s’est, au nom des membres, dit heureux de tenir cette session qui permet de démontrer l’appui du Conseil à la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée aux enfants.  Cette session est l’occasion unique de réaffirmer son engagement actif et ferme à la protection des enfants dans les situations de conflits armés.  Depuis les premières années de l’histoire des Nations Unies, il existe des instruments internationaux importants en faveur de leur protection.  Mais la réelle percée a été l’étude réalisée en 1996 par Mme Graça Machel relative aux répercussions des conflits armés sur les enfants, a estimé M. Mahbubabi.  Cette étude suggérait tout un ensemble de mesures concrètes en leur faveur et recommandait que le Conseil soit pleinement et régulièrement tenu au courant des situations de conflit ou de crise touchant des enfants.  Un an plus tard, M. Otunnu était nommé Représentant spécial du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés. 


En 1998, le Conseil a tenu un premier débat public sur le sujet et adopté une déclaration présidentielle qui a constitué un véritable tournant, a poursuivi le Représentant.  Ce texte a été suivi par trois résolutions très importantes sur la question, dont une qui définit les mesures concrètes que peuvent prendre tous les acteurs pour protéger les enfants.  En décembre 2001, le Président du Conseil d’alors a aussi fait une déclaration importante devant le Conseil d’administration de l’UNICEF qui proposait notamment un mécanisme conjoint de coopération entre l’UNICEF et le Conseil.  Le Conseil, a-t-il également expliqué, s’attache plus particulièrement à prévenir l’enrôlement des enfants et à garantir la sécurité pour les enfants réfugiés ou déplacés.  Différentes résolutions du Conseil comportent désormais des dispositions précises sur la situation des enfants.  Le Conseil est aussi engagé dans un dialogue avec les ONG.  Au travers de diverses missions sur le terrain, le Conseil a aussi eu l’occasion d’être le témoin direct des conditions de vie des enfants.  Le témoignage personnel des trois enfants présents aujourd’hui va lui permettre de mieux comprendre encore la situation des enfants et de mieux envisager la réponse qu’il faut apporter à ces circonstances dramatiques, a déclaré en conclusion M. Mahbubani. 


M. OLARA OTUNNU, Représentant spécial du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, a déclaré que la communauté internationale doit faire en sorte que la protection des enfants fasse partie des négociations de paix dès la  fin d’un conflit ainsi que des accords de paix.  La protection des enfants doit être la raison d’être des opérations de maintien de la paix.  Une bonne formation du personnel de maintien de la paix et du personnel humanitaire est également nécessaire car ce sont les travailleurs humanitaires qui, par leur conduite, donneront le meilleur exemple sur le terrain.  Les conseillers en matière de protection des droits de l’enfant doivent également faire partie des opérations de maintien de la paix.  Celles-ci doivent associer les jeunes pour qu’ils soient les acteurs et défenseurs de leurs droits.  Les processus de démobilisation, de désarmement et de réinsertion (DDR) des anciens enfants soldats doivent être une composante importante des opérations de maintien de la paix. 


Pour les pays qui se trouvent dans des situations post- conflit, il est indispensable que la participation des enfants dans les processus politiques et de reconstruction ait un rang de priorité élevé.  Nous réaffirmons cet engagement en Afghanistan, en Sierra Leone et dans les Balkans.  Nous demandons au Conseil de faire tous les efforts possibles pour que les normes et engagements internationaux, y compris ses propres résolutions, soient traduites dans la réalité sur le terrain.  C’est le meilleur cadeau que nous pouvons offrir aux enfants qui sont présents aujourd’hui dans cette salle au nom de millions d’enfants dans le monde.


Mme GRACA MACHEL, ancienne Ministre de l’éducation du Mozambique et ancienne experte indépendante sur les enfants et les conflits armés, a déclaré que la présente réunion témoigne des énormes progrès enregistrés pour faire en sorte que la situation des enfants touchés par les conflits armés soit prise en compte.  En novembre dernier, le Conseil a tenu une réunion historique en permettant à un enfant victime de la guerre de venir témoigner directement devant ses membres et ces dernières années, d’importantes résolutions ont été adoptées par le Conseil pour améliorer le sort des femmes et des enfants touchés par les conflits armés.  Cette tendance nouvelle, placer les enfants très haut sur l’agenda politique international, est très importante.  Elle a notamment permis d’adopter la Convention d’Ottawa sur les mines terrestres antipersonnel ainsi que le Protocole facultatif sur les enfants dans les conflits armés, de renforcer le mandat de protection des enfants dans les missions de maintien de la paix et de nommer un Représentant spécial pour les enfants et les conflits armés, en la personne de M. Otunnu. 


Néanmoins, il reste encore beaucoup à faire, a prévenu Mme Machel.  Dans trop de pays, la guerre continue de peser sur la vie des enfants et la meilleure façon de les protéger est de faire en sorte que les conflits ne se déclarent pas.  C’est pourquoi, le Conseil doit créer des mécanismes pour faire en sorte que ces mesures en faveur de la prévention des conflits soient effectivement mises en œuvre, d’autant que traditionnellement l’application de ces mesures est toujours lente.  Six ans après le premier rapport sur les enfants et les conflits armés, c’est seulement maintenant que l’on constate que des mesures efficaces sont prises, comme la démobilisation de nombreux enfants l’an dernier dans le sud du Soudan, grâce à l’action de l’UNICEF.  Mais dans plus de 85 pays, les enfants continuent d’être enrôlés de force, a déploré Mme Machel.  En ce moment même, la communauté internationale est incapable de venir en aide aux enfants qui ont été enlevés dans le nord de l’Ouganda et transformés en esclaves, a-t-elle indiqué à titre d’exemple.  Chaque jour, des enfants sont exploités et sont exposés aux violences de la guerre.  «Chaque jour comme cela et une nouvelle journée au cours de laquelle nous n’avons pas accompli notre tâche envers les enfants».  C’est pourquoi, a-t-elle suggéré, lorsque l’application des résolutions n’est pas assez rapide, il faut que le Conseil envisage des mesures pour y parvenir, si nécessaire par des moyens disciplinaires.  Le Conseil de sécurité doit cependant être félicité pour sa détermination à assurer la justice sociale, comme en témoigne le fait qu’il ait invité trois enfants à participer à la réunion d’aujourd’hui, a reconnu Mme Machel avant d’espérer qu’entendre ainsi leur récit encouragera le Conseil à agir de manière plus déterminée et à prendre des mesures concrètes.


Mme CAROL BELLAMY, Directrice générale du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a indiqué que la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée aux enfants qui s’ouvrira demain fournira l’occasion de parvenir à un consensus international afin de mobiliser des ressources et la volonté politique permettant de promouvoir la survie et la santé de chaque enfant, de garantir le droit à une éducation de base de qualité, de fournir une aide dans la lutte contre le VIH/sida et une protection contre leur exploitation.  La Directrice de l’UNICEF a rendu hommage au Conseil de sécurité pour le rôle joué dans le renforcement de la protection des enfants touchés par les conflits.  Le projet de document final de la session extraordinaire attire l’attention sur le rôle exemplaire joué par le Conseil dans ce domaine.


Rendant également hommage aux ONG internationales et nationales qui sont l’un des partenaires de l’UNICEF les plus importants, Mme Bellamy a expliqué que seuls des partenariats forts permettent à l’UNICEF de promouvoir des programmes, politiques et stratégies de renforcement de la protection des enfants touchés par les conflits armés.  L’UNICEF a récemment fourni une aide au Gouvernement afghan lors de la mise en œuvre du programme permettant aux garçons et aux filles de reprendre le chemin de l’école.  L’UNICEF continuera d’investir dans l’éducation des enfants, en particulier l’éducation des filles, comme moyen d’assurer sur le long terme le bien-être et la protection des droits des enfants touchés par les conflits.  L’éducation fournit également une protection contre un enrôlement des enfants et les aide à réintégrer leur communauté à la fin d’un conflit.  Dans ce contexte, l’UNICEF poursuit ses efforts pour soutenir la démobilisation et la réintégration des enfants soldats dans des pays comme l’Angola, le Burundi, la République démocratique du Congo, la Colombie et le Soudan.  L’un des défis le plus difficile dans les situations de conflit est de permettre aux enfants d’avoir un plein accès aux services de base.  Dans un effort visant à promouvoir l’accès aux enfants qui se trouvent dans des situations de conflit, la Fédération internationale de football (FIFA) et l’UNICEF demanderont instamment aux parties de commémorer les Journées de la vaccination pendant la Coupe du monde de 2002.


Les enfants, en particulier les fillettes, sont extrêmement vulnérables aux abus, à la violence sexuelle et au viol perpétrés pendant les conflits armés.  Les allégations de sévices sexuels de grande ampleur contre des enfants réfugiés et déplacés intérieurement par le personnel humanitaire en Afrique de l’Ouest est une source de profonde préoccupation pour nous.  L’UNICEF est engagé à assurer l’application de normes de conduite les plus élevées de la part de son personnel et à renforcer l’obligation de reddition envers les populations auxquelles il apporte une aide.  En donnant la parole aujourd’hui à Wilmot, Eliza et Jose, le Conseil de sécurité a une nouvelle fois placé la barre haute pour ce qui est de sa capacité à assumer un rôle de chef de file.  Pour réussir, la mobilisation internationale en faveur des enfants doit non seulement associer les dirigeants du monde mais également des personnalités influentes appartenant à la société civile, aux organisations religieuses aux entreprises privées, au monde des médias et universitaire.  Seulement alors pourrons-nous réaliser les objectifs du Sommet mondial pour les enfants de 1990 au moment où la session extraordinaire de l’Assemblée générale définira un nouvel agenda pour les premières années de ce nouveau siècle- un agenda qui vise notamment à mettre un terme aux sévices et à l’exploitation dont sont victimes les enfants.


WILMOT WUNGKO, 16 ans et délégué au Forum des enfants, a expliqué qu’il s’était enfui du Libéria avec sa mère pour se réfugier en Sierra Leone à l’âge de cinq ans.  «J’étais trop jeune à l’époque pour me rendre réellement compte de ce qui arrivait.  J’entendais les crépitements des fusils, je voyais des gens courir, d’autres tirer des coups de feu et des enfants de mon âge être tués ou des adultes exécutés sous mes yeux.  Ce n’est que plus tard que l’on m’a expliqué qu’il y avait la guerre», a-t-il ajouté.  Aujourd’hui même les enfants au Libéria continuent d’être les victimes de la guerre: ils n’ont pas une éducation satisfaisante, ils sont mal nourris, ils sont enrôlés comme enfants soldats et ils meurent, tout cela à cause de la guerre.  Mais les enfants du Libéria veulent désespérément la paix et ils essayent concrètement de mettre un terme à la guerre.


A titre d’exemple, Wilmot a indiqué qu’il participe à un programme télévisé pour les enfants, dénommé «Kiddis Corner», et qui aborde tous les problèmes auxquels les enfants sont confrontés et envisage les moyens par lesquels ils peuvent réaliser tout leur potentiel.  Il a aussi évoqué un programme radio intitulé «C’est la vie», géré par des enfants qui permet de diffuser le message de la paix dans l’ensemble du pays.  Voilà des exemples de ce que les enfants du Libéria réalisent pour faire une différence.  Mais toutes ces activités et toutes les aides reçues n’auront aucun effet réel si la guerre ne cesse pas.  C’est pourquoi les enfants du Libéria en appellent aujourd’hui au Conseil et aux Nations Unies en général pour qu’ils fassent tout leur possible pour mettre un terme aux combats au Libéria.  «Parmi nous, les enfants, il y a des morts chaque jour, nos droits fondamentaux sont violés, et vous devez nous aider à arrêter la guerre.  Nous savons qu’il est de votre responsabilité de promouvoir la paix dans le monde, et s’il vous plaît n’oubliez pas le Libéria.  Sauvez la vie des enfants du Libéria!», a imploré Wilmot en conclusion de son témoignage.


ELIZA KANTARDZIC, 17 ans et déléguée au Forum des enfants, originaire de Bosnie-Herzégovine, a expliqué qu’avec la guerre, c’est le monde autour de vous qui s’écroule.  Tout ce vous était familier disparaît.  La seule chose concrète est la mort et la peur.  L’on se sent prisonnier dans tous les sens du terme.  Vous posez des questions qui ne trouvent pas de réponses.  Vous avez sept ans et votre père ne rentre pas à la maison durant des mois.  Il revient pour quelques jours puis repart à nouveau.  La seule chose que vous savez est qu’il pourrait bien ne jamais revenir.  Je n’avais que sept ans quand la guerre a commencé.  Tous mes amis sont réfugiés.  Parfois, les familles sont séparées et personnes n’a de nouvelles des enfants, frères, soeurs  pendant des mois, voir des années.  J’ai été chanceuse.  Ma famille est vivante et je sais où elle se trouve.  Mais je suis entourée de réfugiés qui sont venus s’installer dans ma ville.  A mes yeux, ils ne sont pas des réfugiés mais mes meilleurs amis.  Ils sont inscrits à l’école ce qui est très important en temps de guerre car cela nous permet d’essayer d’oublier. 


Eliza a expliqué qu’en sa qualité de membre d’un groupe de jeunes de Banja Luka, elle travaille à la mise en oeuvre des droits de l’enfant.  Nous fabriquons des objets artisanaux et avec l’argent de leur vente, nous achetons des friandises et des jouets pour les enfants réfugiés.  Ce n’est pas grand chose mais c’est très important pour eux.  A travers l’organisation d’ateliers de travail, les enfants apprennent à connaître leurs droits, comme le droit à la vie, le droit à disposer d’un foyer, à l’éducation, le droit de jouer.  Appartenir à un groupe composé de personnes diverses aide à avoir des idées nouvelles.  En participant au Forum des enfants, je veux apprendre des autres enfants et partager cette expérience de retour à la maison.  Mais nous avons aussi besoin de votre aide. 

La meilleure chose que vous puissiez faire c’est mettre un terme et prévenir la guerre.  C’est la seule manière d’éviter les conséquences des conflits.  C’est quelque chose que le Conseil de sécurité peut faire.  La question principale est la suivante: est-ce que le Conseil veut faire usage de ses pouvoirs?  Vous prenez des décisions dans cette salle qui ont une influence sur toutes les nations.  Il s’agit de la réalité et j’espère que vous vous souviendrez de ce que viens de dire lorsqu’une autre occasion se présentera de prévenir et de stopper un conflit.  La guerre est une affaire d’adultes mais ce sont les enfants qui en sont les victimes.


Troisième et dernier enfant à apporter son témoignage, JOSE CABRAL, 18 ans et délégué au Forum des enfants, a indiqué qu’il était né et avait grandi au Timor oriental.  Lorsqu’en septembre 1999, le conflit a éclaté, il était à l’école et a aussitôt commencé, avec ses amis et le personnel de l’établissement, à s’occuper des nombreuses personnes qui venaient y chercher refuge, le total ayant rapidement atteint 4 000 personnes.  Tout le monde autour de nous avait peur et était pétrifié, a-t-il expliqué.  «Pour faire oublier le silence qui alternait avec le bruit des fusils, nous avons commencé à jouer de la guitare et à chanter ensemble».  Aujourd’hui José est journaliste dans son école au Timor oriental.  Malheureusement tous n’ont pas cette chance et de nombreux enfants n’ont toujours pas la possibilité d’aller à l’école.  Certains d’entre eux sont forcés de donner le peu d’argent qu’ils gagnent dans la rue à des personnes qui les menacent.  Les enfants ne savent rien de la guerre, mais ils en sont les premières victimes, même une fois que les combats ont cessé, a-t-il regretté, avant d’ajouter que beaucoup d’enfants de par le monde ne sont nés malheureusement que pour voir et subir les souffrances des personnes qui font la guerre. 


Le 20 mai prochain, le Timor oriental sera indépendant, la première fois depuis plus de 500 ans, a poursuivi José, avant de préciser que lorsque son pays entrera aux Nations Unies, la Convention relative aux droits de l’enfant sera le premier texte international que signera le nouveau Gouvernement.  Les enfants du Timor oriental, y compris les enfants des rues, rêvent de pouvoir devenir médecin, ingénieur ou Président, mais ils n’en ont pas les moyens, ils ne peuvent aller à l’école.  «Nous avons donc besoin de vous tous, pour qu’ils puissent réaliser leur rêve et vivre dans la paix, sans plus jamais de guerre.  Aujourd’hui, c’est à mon tour de vous demander au nom de tous les enfants de bien vouloir agir pour que nos droits soient respectés».  Les lois et les conventions ne permettent pas encore très bien de concrétiser les bonnes paroles qui sont prononcées.  Or, il ne faut pas oublier que si les enfants grandissent dans la paix et la sécurité, ils pourront alors devenir des adultes capables de cohabiter en paix de par le monde entier.  «Donnez-nous cette chance!», s’est-il exclamé en conclusion.


Projet de déclaration du Président du Conseil de sécurité sur les enfants et les conflits armés


Le Conseil de sécurité, rappelant ses résolutions 1261 (1999), 1314 (2000) et 1379 (2001) sur les enfants et les conflits armés, déclare qu’il attache une grande importance à la protection des enfants affectés par les conflits armés en tant qu’élément essentiel des efforts qu’il déploie afin de promouvoir et de maintenir la paix et la sécurité internationales.


Le Conseil exprime sa préoccupation devant les graves conséquences des conflits armés sous tous leurs aspects sur les enfants et réaffirme qu’il condamne énergiquement le ciblage et l’utilisation continus des enfants dans les conflits armés, notamment leur enlèvement et leur recrutement forcé, les mutilations qui leur sont infligées, leur déplacement forcé, l’exploitation et les sévices sexuels qu’ils subissent, et demande à toutes les parties à des conflits de renoncer immédiatement à de telles pratiques.


Le Conseil demande à nouveau l’inclusion de dispositions relatives à la protection des enfants, une attention particulière devant être accordée aux besoins spéciaux des filles, dans les négociations et les accords de paix; les mandats et rapports concernant les opérations de maintien de la paix; les programmes de relèvement et de consolidation de la paix; les programmes de formation des agents chargés du maintien de la paix et du personnel humanitaire; ainsi que l’adjonction de conseillers en matière de protection des enfants dans les opérations de maintien de la paix et de consolidation de la paix, conformément aux résolutions et aux déclarations présidentielles qu’il a adoptées précédemment, en particulier sa résolution 1379 (2001).


Le Conseil attend avec intérêt l’établissement d’un document final concernant la protection des enfants affectés par les conflits armés à l’occasion de la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée aux enfants. Il lance un nouvel appel à toutes les parties afin qu’elles s’acquittent de leurs obligations et donnent suite aux engagements concrets pris par le Représentant spécial du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, l’UNICEF et d’autres organismes compétents des Nations Unies, afin d’assurer la protection des enfants dans les situations de conflit armé sous tous ses aspects.


Le Conseil se félicite de l’entrée en vigueur du Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant sur la situation des enfants impliqués dans les conflits armés et demande instamment aux États Membres d’en envisager la ratification et aux États Parties d’en appliquer pleinement les dispositions.


Le Conseil souligne qu’il est essentiel d’assurer un accès humanitaire sans entraves aux enfants et, à ce sujet, demande aux parties aux conflits de prendre des dispositions spéciales afin de répondre à leurs besoins en matière de protection et d’assistance, en particulier la promotion, le cas échéant, de « Journées de vaccination ».


Le Conseil demeurera activement saisi de cette question.


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