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CS/2304

LE CONSEIL PROROGE POUR UN AN LES SANCTIONS SUR LES ARMES, LES DIAMANTS ET LES DEPLACEMENTS IMPOSEES AU GOUVERNEMENT DU LIBERIA

06/05/2002
Communiqué de presse
CS/2304


Conseil de sécurité

4526ème séance – après-midi


LE CONSEIL PROROGE POUR UN AN LES SANCTIONS SUR LES ARMES, LES DIAMANTS ET LES DEPLACEMENTS IMPOSEES AU GOUVERNEMENT DU LIBERIA


Examinant, ce matin, la situation au Libéria, le Conseil de sécurité a décidé que le Gouvernement libérien ne s'est pas conformé pleinement aux exigences de sa résolution 1343 du 7 mars 2001, à savoir l'expulsion du Libéria de tous les membres du Front révolutionnaire uni de la Sierra Leone (RUF); la cessation de tout soutien financier et militaire apporté au RUF; la fin de toute importation de diamants bruts sierra-léonais; et le gel des fonds, ressources ou avoirs à la disposition du RUF.  En conséquence, par la résolution 1407 (2002), adoptée à l'unanimité, le Conseil décide que le régime des sanctions sur les armes, les diamants et les déplacements des hauts responsables du Gouvernement libérien, prévu également par la résolution 1343, restera en vigueur pendant une nouvelle période de 12 mois.


Par la présente résolution, le Conseil demande, à nouveau, au Gouvernement libérien de mettre en place un régime de certification d'origine des diamants bruts libériens, en ayant à l'esprit le projet de système international de délivrance de certificats proposé dans le cadre du Processus de Kimberley.  Il lui demande aussi de prendre d'urgence des mesures en vue de garantir que les revenus qu'il tire du Registre d'immatriculation des navires et de la filière de bois libérien ne sont pas utilisés en violation des sanctions.  A tous les Etats, et notamment aux pays exportateurs d'armes, le Conseil demande de manifester un sens aigu des responsabilités dans les transactions portant sur des armes légères de façon à mettre fin aux détournements d’armes licites vers les marchés illicites de la région.


Toujours en vertu de ce texte, le Conseil prie le Secrétaire général de créer, dans les trois mois et pour une période de trois mois, un groupe d’experts de cinq membres au maximum qui sera chargé d’effectuer une mission d’évaluation du suivi, au Libéria et dans les Etats voisins, afin d’enquêter et d’établir un rapport sur l’observation, par le Gouvernement libérien, des exigences contenues dans cette résolution; sur les conséquences économiques, humanitaires et sociales des sanctions et sur toute violation de ces sanctions.


Aux fins de l’examen de cette question, le Conseil de sécurité était saisi du rapport du Groupe d’experts des Nations Unies sur le Libéria et du troisième rapport du Secrétaire général en application de la résolution 1343.


LA SITUATION AU LIBÉRIA


Projet de résolution S/2002/514


Le Conseil de sécurité,


Rappelant ses résolutions 1132 (1997) du 8 octobre 1997, 1171 (1998) du 5 juin 1998, 1306 (2000) du 5 juillet 2000, 1343 (2001) du 7 mars 2001, 1385 (2001) du 19 décembre 2001, 1395 (2002) du 27 février 2002, 1400 (2002) du 28 mars 2002, ainsi que ses autres résolutions et les déclarations de son Président sur la situation dans la région,


Prenant acte du rapport du Secrétaire général en date du 29 avril 2002 (S/2002/494*),


Prenant note des rapports du Groupe d’experts des Nations Unies sur le Libéria en date du 26 octobre 2001 (S/2001/1015) et du 19 avril 2002 (S/2002/470) présentés en application, respectivement, du paragraphe 19 de la résolution 1343 (2001) et du paragraphe 4 de la résolution 1395 (2002),


Se déclarant gravement préoccupé par les conclusions du Groupe d’experts concernant les actes du Gouvernement libérien, en particulier par les preuves accablantes indiquant que ledit gouvernement continue d’enfreindre les restrictions imposées par la résolution 1343 (2001), notamment en acquérant des armes,


Accueillant avec satisfaction la résolution 56/263 de l’Assemblée générale en date du 13 mars 2002, attendant avec intérêt la mise en oeuvre effective, dans les meilleurs délais, du système international de délivrance de certificats proposé par le Processus de Kimberley, et se déclarant à nouveau préoccupé par le rôle que joue le commerce illicite de diamants dans le conflit que connaît la région,


Accueillant avec satisfaction la réunion des Présidents de l’Union du fleuve Mano tenue à Rabat le 27 février 2002 sur l’invitation de Sa Majesté le Roi du Maroc, ainsi que les efforts suivis déployés par la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en vue d’aider à rétablir la paix et la stabilité dans la région,


Se félicitant de la tenue à Abuja, le 14 mars 2002, sous les auspices de la CEDEAO, de la conférence sur le dialogue politique au Libéria, en particulier de la participation de la société civile, et encourageant toutes les parties à participer à la Conférence de réconciliation nationale au Libéria qu’il est proposé de tenir à Monrovia en juillet 2002 en vue de créer les conditions requises pour la tenue en 2003 d’élections libres, régulières, transparentes et sans exclusive,


Encourageant les composantes de la société civile, notamment le Réseau des femmes de l’Union du fleuve Mano en faveur de la paix, à continuer d’apporter leur concours au rétablissement de la paix dans la région,


Exhortant le Gouvernement libérien à coopérer sans réserve avec le Tribunal spécial pour la Sierra Leone lorsqu’il sera en place,


Rappelant le moratoire de la CEDEAO sur l’importation, l’exportation et la fabrication d’armes légères en Afrique de l’Ouest, adopté à Abuja le 31 octobre 1998 (S/1998/1194, annexe) et prorogé le 5 juillet 2001 (S/2001/700),


Constatant que le soutien actif que le Gouvernement libérien apporte à des groupes rebelles armés dans la région, et en particulier à d’anciens combattants du Revolutionary United Front (RUF) qui continuent à déstabiliser la région constitue une menace contre la paix et la sécurité internationales dans la région,


Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,


1.    Décide que le Gouvernement libérien ne s’est pas conformé pleinement aux exigences formulées aux alinéas a) à d) du paragraphe 2 de la résolution 1343 (2001);


2.    Note avec satisfaction les renseignements actualisés fournis au Groupe d’experts par le Gouvernement libérien concernant l’immatriculation et la propriété de chaque aéronef immatriculé au Libéria (S/2001/1015) et les mesures qu’il a prises pour mettre à jour son registre des aéronefs, conformément à l’annexe VII de la Convention de Chicago relative à l’aviation civile internationale de 1944, comme suite à la demande formulée à l’alinéa e) du paragraphe 2 de la résolution 1343 (2001);


3.    Souligne que les exigences visées au paragraphe 1 ci-dessus ont pour objet de renforcer le processus de paix en Sierra Leone et de faire encore progresser le processus de paix au sein de l’Union du fleuve Mano, et, à cet égard, engage le Président du Libéria à participer aux réunions des Présidents des pays membres de l’Union du fleuve Mano et à respecter pleinement son engagement à restaurer un climat de paix et de sécurité dans la région, tel qu’énoncé dans le communiqué adopté à l’issue du sommet de l’Union du fleuve Mano le 27 février 2002;


4.    Exige que tous les États de la région cessent d’apporter un appui militaire à des groupes armés dans des pays voisins, prennent des mesures pour empêcher des individus et des groupes armés d’utiliser leur territoire pour préparer et perpétrer des attaques dans des pays voisins, et s’abstiennent de toute action qui pourrait contribuer à déstabiliser davantage la situation aux frontières entre la Guinée, le Libéria et la Sierra Leone;


5.    Décide que les mesures prévues aux paragraphes 5 à 7 de la résolution 1343 (2001) resteront en vigueur pendant une nouvelle période de 12 mois à partir du 7 mai 2002 à 0 h 1 (heure de New York), et qu’à l’expiration de cette période il déterminera si le Gouvernement libérien s’est conformé aux exigences visées au paragraphe 1 ci-dessus et, selon le cas, s’il convient de proroger les mesures prévues aux paragraphes 5 à 7 de la résolution 1343 (2001) dans les mêmes conditions;


6.    Décide que les mesures visées au paragraphe 5 ci-dessus prendront fin dès qu’il aura établi, compte tenu notamment des rapports du Groupe d’experts visé au paragraphe 16 ci-après, du rapport du Secrétaire général visé au paragraphe 11 ci-après, des renseignements communiqués par la CEDEAO, de toute information pertinente communiquée par le Comité créé en application du paragraphe 14 de la résolution 1343 (2001) (ci-après dénommé « le Comité ») par le Comité créé par la résolution 1132 (1997) et de tout autre renseignement pertinent, que le Gouvernement libérien s’est conformé aux exigences visées au paragraphe 1 ci-dessus;


7.    Demande à nouveau au Gouvernement libérien de mettre en place un régime de certificat d’origine des diamants bruts libériens qui soit efficace, transparent et vérifiable sur le plan international, en ayant à l’esprit le projet de système international de délivrance de certificats proposé dans le cadre du Processus de Kimberley, et de présenter au Comité une description détaillée de ce régime;


8.    Nonobstant le paragraphe 15 de la résolution 1343 (2001), décide que les mesures imposées au paragraphe 6 de la résolution 1343 (2001) ne s’appliqueront pas aux diamants bruts contrôlés par le Gouvernement libérien au moyen du régime de certificat d’origine lorsque le Comité lui aura fait savoir, compte tenu des avis d’experts consultés par les soins du Secrétaire général, qu’un régime efficace et vérifiable sur le plan international est prêt à entrer en application;


9.    Invite les États, les organisations internationales intéressées et les autres organes compétents en la matière à apporter une aide au Gouvernement libérien et aux autres pays exportateurs de diamants d’Afrique de l’Ouest pour ce qui est de leurs régimes de certificat d’origine;


10.   Demande au Gouvernement libérien de prendre d’urgence des mesures, notamment par la mise en place de régimes d’audit transparents et vérifiables sur le plan international, en vue de garantir que les revenus qu’il tire du Registre d’immatriculation des navires et de la filière bois libérien sont utilisés à des fins sociales, humanitaires et de développement légitimes et ne le sont pas en violation de la présente résolution, et de faire rapport au Comité sur les mesures prises et les résultats de ces audits trois mois au plus tard après la date d’adoption de la présente résolution;


11.   Prie le Secrétaire général de lui présenter un rapport d’ici le 21 octobre 2002, puis tous les six mois à compter de cette date, sur la base des renseignements que lui auront fournis toutes les sources pertinentes, notamment le Bureau des Nations Unies au Libéria, la Mission des Nations Unies en Sierra Leone et la CEDEAO, indiquant si le Libéria s’est conformé aux exigences visées au paragraphe 1 ci-dessus, et demande au Gouvernement libérien d’appuyer les efforts déployés par l’Organisation des Nations Unies en vue de vérifier tous les renseignements portés à son attention concernant la façon dont il est satisfait à ces exigences;


12.   Invite la CEDEAO à faire rapport régulièrement au Comité sur toutes les activités menées par ses membres en application du paragraphe 5 ci-dessus ainsi que sur la mise en oeuvre de la présente résolution;


13.   Prie le Comité de mener à bien les tâches énoncées dans la présente résolution et de continuer à s’acquitter de son mandat, tel que défini au paragraphe 14 de la résolution 1343 (2001);


14.   Demande en outre au Comité, d’examiner, en leur donnant la suite voulue, les informations qui auront été portées à son attention concernant des violations présumées des mesures imposées au paragraphe 8 de la résolution 788 (1992) lorsque ces mesures étaient encore en vigueur;


15.   Demande à tous les États qui n’ont pas encore présenté au Comité le rapport demandé au paragraphe 18 de la résolution 1343 (2001) de lui présenter dans les 90 jours un rapport sur les mesures qu’ils ont prises pour appliquer les mesures visées au paragraphe 5 ci-dessus;


      16.   Prie le Secrétaire général, agissant en consultation avec le Comité, de créer, dans les trois mois qui suivront la date d’adoption de la présente résolution, et pour une période de trois mois, un groupe d’experts de cinq membres au maximum, en tirant parti autant que possible, et selon qu’il conviendra, des compétences des membres du Groupe d’experts créé par la résolution 1343 (2001), qui sera chargé d’effectuer une mission d’évaluation du suivi au Libéria et dans les États voisins afin d’enquêter et d’établir un rapport sur l’observation, par le Gouvernement libérien, des exigences visées au paragraphe 1 ci-dessus, sur les conséquences économiques, humanitaires et sociales potentielles sur la population libérienne des mesures visées au paragraphe 5 ci-dessus, et sur toute violation des mesures visées au paragraphe 5 ci-dessus, [y compris celles dans lesquelles pourraient être impliqués des mouvements rebelles,] et de lui rendre compte, par l’intermédiaire du Comité, le 7 octobre 2002 au plus tard, en lui faisant part de ses observations et de ses recommandations, et prie en outre le Secrétaire général de fournir les ressources nécessaires;


17.   Demande au Groupe d’experts, visé au paragraphe 16 ci-dessus, de soumettre dans toute la mesure possible toute information recueillie au cours des investigations qu’il mènera dans le cadre de son mandat à l’attention des États concernés, pour qu’ils procèdent rapidement à une enquête approfondie et, le cas échéant, prennent des mesures correctives, et de leur donner un droit de réponse;


18.   Demande à tous les États de prendre des mesures appropriées afin de veiller à ce que les particuliers et sociétés relevant de leur juridiction, en particulier ceux visés dans les rapports du Groupe d’experts créé par les résolutions 1343 (2001) et 1395 (2002), respectent les embargos décrétés par l’Organisation des Nations Unies, en particulier ceux imposés par les résolutions 1171 (1998), 1306 (2000) et 1343 (2001) et, selon qu’il conviendra, de prendre des mesures d’ordre judiciaire et administratif pour mettre fin à toutes activités illégales de ces particuliers et sociétés;


19.   Demande à tous les États, et notamment aux pays exportateurs d’armes, de manifester un sens aigu des responsabilités dans les transactions portant sur des armes légères afin d’en empêcher le détournement et la réexportation, de façon à mettre fin aux détournements d’armes licites vers les marchés illicites de la région, conformément au Programme d’action des Nations Unies visant à prévenir, combattre et éliminer le trafic illicite des armes légères sous tous ses aspects, auquel le Conseil a souscrit par une déclaration de son Président en date du 31 août 2001 (S/PRST/2001/21);


20.   Décide d’examiner les mesures imposées au paragraphe 5 ci-dessus le 7 novembre 2002 au plus tard et ensuite tous les six mois;


21.   Prie instamment tous les États, les organes compétents des Nations Unies et, le cas échéant, les autres organisations et parties intéressées de coopérer sans réserve avec le Comité et le Groupe d’experts visé au paragraphe 6 ci-dessus, y compris en leur communiquant des informations sur d’éventuelles violations des mesures visées au paragraphe 5 ci-dessus;


22.   Décide de demeurer activement saisi de la question.


Rapport du Groupe d'experts établi en application du paragraphe 4 de la résolution 1395 (2002) du Conseil de sécurité concernant le Libéria (S/2002/470)


Dans ce rapport, le Groupe d'experts recommande, vu l'instabilité de la situation dans la sous-région, de proroger l'embargo sur les armes imposé au Libéria et de vérifier régulièrement qu'il est bien respecté et estime que tous les producteurs et exportateurs d'armes devraient s'abstenir de fournir les pays de l'Union du fleuve Mano (Libéria, la Sierra Leone et Guinée).  Il préconise d'imposer immédiatement un embargo à tous les protagonistes des pays de l'Union du fleuve Mano autres que les Etats, notamment aux groupes dissidents qui constituent les LURD (Libériens Unis pour la Réconciliation et la Démocratie, mouvement rebelle libérien).  Il détaille également ses recommandations concernant le transport aérien, les diamants et l'interdiction de voyager des dirigeants libériens, dont il trouve la liste de 129 noms trop longue et peu maniable: les experts suggèrent que n'y figurent que les membres du Gouvernement, personnalités et autres individus dont le Groupe a indiqué dans ses rapports qu'ils avaient manifestement contrevenu aux sanctions de l'ONU ou entravé les enquêtes.


Le Groupe rappelle qu'il a été nommé le 6 mars 2002 par le Secrétaire général pour effectuer une mission d'évaluation de suivi au Libéria et dans les pays voisins afin d'enquêter sur le respect par le Gouvernement libérien du paragraphe 2 de la résolution 1343 (2001): au terme de ce paragraphe, les autorités de Monrovia devaient mettre immédiatement fin au soutien qu'il apportait au RUF en Sierra Leone et à d'autres groupes rebelles armés dans la région.  Depuis, soulignent les experts, le Gouvernement libérien a déclaré avoir rompu tous ses liens avec le RUF.  Néanmoins, ils font valoir que leur principale source de préoccupation est la présence permanente au Libéria d'éléments irréductibles du RUF désormais désigné sous le nom de «RUF indépendant», ou RUF-I et des répercussions éventuelles sur la sous-région.  Aussi, préviennent-ils dans l'Introduction du rapport que le Groupe a constamment gardé à l'esprit la responsabilité qui lui incombait de contribuer à mettre fin aux souffrances des populations de la sous-région.


Exposant la situation dans la sous-région, le Groupe d'experts explique que depuis son dernier rapport en octobre 2001, la guerre qui sévissait au Libéria dans le comté de Lofa a gagné Monrovia et l'état d'urgence a été déclaré en février 2002.  Depuis la fin novembre 2001, écrit-il, la flambée des combats entre les LURD -qui disposeraient d'environ 2000 combattants, recrutés en Guinée, en Sierra Leone et au Ghana- et le Gouvernement a provoqué la destruction des ressources des sociétés d'exploitation du bois ainsi que d'importants mouvements de population.  En revanche, dans la Sierra Leone voisine, le processus de paix se déroule sans heurts et, le 18 janvier 2002; le Président Kabbah a déclaré que le conflit était terminé.  Le RUF (Front révolutionnaire uni, ancien mouvement rebelle armé) s'est transformé en parti politique, le RUFP et se prépare à participer aux élections  présidentielles et parlementaires multipartites prévues en mai 2002.  Mais les experts notent aussi que, selon certaines informations fiables recueillies par leurs soins, de petits groupes d'anciens combattants du RUF s'engagent au Libéria comme mercenaires, soit dans les forces gouvernementales soit dans les rangs des rebelles, sans toutefois avoir de liens avec le RUFP.  Un problème connexe de la sous-région, remarquent-ils, est la prolifération de groupes rebelles incontrôlés et d'unités de l'armée ou de la police placées sous un contrôle minimal et mal payés.  Selon eux, le Groupe a reçu de nombreuses informations concernant la vente ou le troc d'armes et de munitions par des militaires ou des policiers qui ont faim ou qui n'ont pas été payés.


Les experts expliquent qu'ils ont rassemblé des éléments d'information crédibles indiquant que le Libéria continue de violer l'embargo sur les armes et que les nombreuses unités spéciales que le Gouvernement a déployées sont équipées de nouvelles armes et munitions.  Ils jugent aussi préoccupant que les pays voisins continuent d'accumuler des armes.  Ils remarquent ensuite que le transport aérien demeure un moyen de choix pour violer l'embargo et détaillent à cet égard une liste de vols suspects à destination de Monrovia, dont un -en provenance de N'Djamena- s'est terminé par un atterrissage en catastrophe sur l'aéroport international Roberts (Monrovia) le 15 février 2002.  Aussi recommandent-ils au Conseil, comme dans le précédent rapport, de commander au Libéria un rapport sur ces vols mystérieux.


A propos des diamants, le Groupe d'experts observe que l'embargo décrété sur les exportations de diamants buts libériens, joint aux progrès réalisés dans le processus de paix en Sierra Leone, a entraîné la disparition de diamants bruts portant le label «libérien» des marchés officiels.  Mais il a aussi, de fait, inversé le problème en encourageant la sortie en contrebande de diamants bruts libériens et leur entrée dans les régimes de certification des pays voisins.  En outre, bien que les responsables du LURD aient affirmé au Groupe d'experts qu'ils ne se livraient pas au commerce des diamants, des témoins ont affirmé le contraire et il est vraisemblable que des «diamants de la guerre» transitent en contrebande par la Guinée et la Sierra Leone.  Enfin, le Groupe d'experts a continué de recevoir des témoignages non confirmés concernant l'active participation du Président Taylor et de sa famille au commerce des diamants et les profits qu'ils en ont retirés.  Le Groupe recommande donc à l'ONU d'encourager les Etats Membres à aider le Gouvernement libérien à se doter d'un régime de certificats d'origine, crédible et transparent, qui soit vérifié indépendamment par une société d'audit de réputation internationale.  Il faudrait, souligne-t-il, s'assurer de manière indépendante de la fiabilité et de l'efficacité de ce régime de façon à permettre au Conseil de sécurité d'examiner plus facilement une levée temporaire éventuelle de l'interdiction frappant le commerce des diamants.


Troisième rapport présenté par le Secrétaire général en application de la résolution 1343 (2001) du Conseil de sécurité concernant le Libéria (S/2002/494)


Ce rapport, présenté en application du paragraphe 2 de la résolution 1343 (2001) du Conseil de sécurité et des progrès accomplis dans la réalisation des objectifs visés au paragraphe 3 du même texte, contient des informations que le Gouvernement libérien a communiquées au Bureau des Nations Unies au Libéria, ainsi que des informations communiquées par la MINUSIL.  Le rapport contient également des observations formulées par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).  Le rôle du Bureau des Nations Unies au Libéria, précise le Secrétaire général, consiste pour l'essentiel à examiner et à transmettre des documents fournis par le Gouvernement libérien comme éléments de preuve de son respect des dispositions de la résolution.  D'après le Bureau, le Gouvernement du Libéria réaffirme ce qu'il a déjà indiqué, et qui figure au deuxième rapport remis par le Secrétaire général au Conseil sous la cote (S/2001/1025).


Le Gouvernement libérien a réaffirmé ce qu'il avait indiqué auparavant au sujet du désengagement du Front révolutionnaire uni (RUF), conformément à sa politique de désengagement, adoptée le 12 janvier 2001.  Le Gouvernement libérien a également réaffirmé que Sam Bockarie (un des chefs rebelles du conflit sierra-léonais), avait bien été expulsé du pays, un mois avant l'adoption de la résolution 1342 (2001), et il affirme avec insistance qu'il est désireux d'apprendre où il se trouve.  Le Gouvernement libérien affirme que sa politique de désengagement est illustrée de la façon la plus claire par les remarquables progrès accomplis par le processus de paix en Sierra Leone, qui ont abouti à la déclaration faite par le Président sierra-léonais Tejan Kabbah, à savoir que la guerre civile dans son pays est terminée; par la pleine coopération manifestée par les dirigeants du RUF au désarmement, à la démobilisation, et à la réinsertion en Sierra Leone; par la transformation du RUF en parti politique et son actuelle participation aux consultations électorales en Sierra Leone; et par la création d'un climat propice à une paix et une stabilité durables dans tout le pays, comme le montre la levée de l'état d'urgence par les autorités sierra-léonaises.  Le Gouvernement libérien appelle également l'attention sur le fait que certains progrès ont bien été accomplis dans la consolidation de la paix et de la sécurité dans les Etats membres de l'Union du fleuve Mano.  Il fait valoir que la seule option viable consiste à encourager la poursuite du processus de Rabat, qui a déjà abouti à une réunion des chefs d'Etat du Libéria, de la Sierra Leone et de la Guinée; au déploiement d'unités communes visant à renforcer la confiance et assurer la sécurité le long de la frontière, la coopération transfrontalière pour la sécurité, et l'accord relatif à l'expulsion des dissidents des pays membres de l'Union.  Le Gouvernement libérien considère que le deuxième Sommet de l'Union du fleuve Mano, à Rabat, est une nouvelle preuve du ferme engagement pris au niveau le plus élevé, dans les trois pays, de consolider la paix et la sécurité dans la sous-région.


La seconde partie du rapport contient des informations communiquées par la Mission des Nations Unies en Sierra Leone (MINUSIL).  La Mission fait valoir, entre autres, qu'elle n'est pas en mesure de vérifier le respect de certaines dispositions du paragraphe 2 de la résolution 1343 (2001), en particulier celle qui concerne l'expulsion de tous les membres du RUF du territoire libérien.  La MINUSIL cite en particulier le cas de Sam Bockarie.  Concernant l'alinéa b) du paragraphe 3, relatif à la libération de toutes les personnes enlevées, la MINUSIL indique que, comme indiqué dans le deuxième rapport du Secrétaire général, le RUF a libéré 1 169 enfants, qu'il a remis à la MINUSIL, et dont un grand nombre ont pu retrouver leur famille.


Le rapport du Secrétaire général contient des observations formulées par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), dont une mission du Conseil de médiation et de vérité s'est rendue au Libéria du 27 mars au 3 avril 2002, et qui, dirigée par le Mali, comprenait des représentants de la Côte d'Ivoire, du Ghana, de la Guinée, du Nigéria et du Secrétariat de la CEDEAO.  En dehors de leurs recommandations formelles, les membres de la mission ont précisé qu'il est difficile de vérifier et d'établir l'étendue exacte du désengagement du Gouvernement libérien par rapport au RUF.  La Mission indique que les pays voisins n'ont formulé aucune plainte accusant le Gouvernement libérien de soutenir des dissidents ou de déstabiliser leur régime; que les médias ont beaucoup de mal à enquêter sur ce que prétend le Gouvernement du Libéria, en particulier étant donné que celui-ci a récemment imposé l'état d'urgence; et qu'on ne voit pas clairement comment le Gouvernement libérien se procure des armes et des munitions pour lutter contre les rebelles.  Concernant le commerce des diamants, la Mission précise que c'est un réseau si complexe qu'il est difficile de le comprendre et d'en démêler l'écheveau.  Seuls ceux qui y sont intimement mêlés savent ce qui se passe, bien qu'en apparence on puisse dire que la contrebande de diamants a diminué depuis l'imposition des sanctions.  Au terme de ses observations, la Mission de la CEDEAO recommande d'aider le Gouvernement libérien à appliquer le régime du certificat d'origine au commerce des diamants bruts.  Elle estime que le mouvement rebelle «Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie» (LURD) devrait être encouragé à abandonner la lutte armée et à se joindre au processus de paix, et qu'on devrait aider le Libéria à consolider son propre processus de paix.  La Mission de la CEDEAO recommande d'autre part à la communauté internationale de dialoguer dans un esprit positif avec les dirigeants libériens.


Dans ses observations finales, le Secrétaire général déclare que le Sommet des chefs d'Etat de l'Union du fleuve Mano, qui s'est réuni le 27 février à Rabat sous les auspices du Roi du Maroc, Mohammed VI, a été suivi de plusieurs autres réunions aux niveaux technique et ministériel aux fins de trouver une solution durable à la crise du bassin de l'Union du fleuve Mano.  Une deuxième réunion serait prévue pour ce mois de mai 2002, indique M. Kofi Annan.  Le Secrétaire général précise ensuite qu'on s'efforce actuellement de trouver une solution pour arrêter les combats qui ont cours au Libéria afin d'amener la réconciliation nationale et, enfin, une paix durable dans le pays.  Une réunion préalable s'est tenue à Abuja en mars 2002, sous les auspices de la CEDEAO, rassemblant des représentants du Gouvernement libérien et des membres des partis politiques d'opposition, des représentants de la société civile et des dirigeants religieux et communautaires, pour préparer une conférence nationale de réconciliation devant avoir lieu à Monrovia en juillet 2002.  Beaucoup restant à faire pour rétablir une paix durable au Libéria, dont la stabilité est essentielle pour la stabilité de l'ensemble de l'Union du fleuve Mano, le Secrétaire général est convaincu que lorsqu'il envisagera le suivi à donner à la résolution 1343, le Conseil de sécurité fera le bilan des évènements et s'efforcera de renforcer l'élan que le Sommet de Rabat, en particulier, semble avoir imprimé au processus.


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