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CS/2299

UNE NOUVELLE MISSION D’APPUI DES NATIONS UNIES AU TIMOR ORIENTAL DEVRAIT PERMETTRE DE SOUTENIR LA STABILITE ET LE DEVELOPPEMENT DE CETTE NATION NAISSANTE

26/04/2002
Communiqué de presse
CS/2299


Conseil de sécurité

4522ème séance - matin


UNE NOUVELLE MISSION D’APPUI DES NATIONS UNIES AU TIMOR ORIENTAL DEVRAIT PERMETTRE DE SOUTENIR LA STABILITE ET LE DEVELOPPEMENT DE CETTE NATION NAISSANTE


A quelques jours de la proclamation de l’indépendance du Timor oriental, le 20 mai prochain, les membres du Conseil de sécurité ont fait part ce matin de leur soutien aux recommandations du Secrétaire général qui, ont-ils souligné, devraient permettre au Timor oriental de s’engager dans la voie de la stabilité et du développement.  Alors que s’achève le processus ayant conduit en deux ans et demi à l’indépendance, le Secrétaire général recommande le déploiement, pour une période initiale de douze mois, d’une mission d’appui des Nations Unies au Timor oriental (MANUTO) qui succèderait à l’Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental (ATNUTO).  Le mandat de la MANUTO consisterait à fournir au Timor oriental l’assistance nécessaire pour garantir la stabilité et la viabilité de la nouvelle administration du territoire, de contribuer à la mise en place des forces de police et au maintien de la sécurité intérieure et extérieure. 


En présence du Président-élu est-timorais, M. Xanana Gusamao, et de son Ministre principal, M. Mari Akatiri, le Secrétaire général a expliqué que compte tenu de l’ampleur des défis qui subsistent, la communauté internationale ne doit en aucun cas abandonner le Timor.  La MANUTO, a-t-il ajouté, fournirait un appui indispensable à la stabilité et à la viabilité du nouvel Etat dans trois domaines principaux: l’administration publique, l’ordre public et la sécurité extérieure.  Cet appui serait progressivement réduit sur deux ans, a précisé M. Annan, date à laquelle l’Organisation fournirait alors une aide normale au développement.  Les Nations Unies continueront d’être responsables du maintien de la sécurité externe et de l’intégrité territoriale du Timor oriental.  Les Forces armées du Timor oriental assumeront leur pleine responsabilité lorsqu’elles seront pleinement opérationnelles.  Le Président élu du Timor oriental a signalé qu’une fois l’indépendance officiellement proclamée, le véritable test en matière de construction des capacités nationales va débuter.  La question centrale sera de gérer les affaires publiques de manière à ce que le développement économique durable soit encouragé et permis. 


La question sécuritaire a préoccupé certaines délégations, en particulier le représentant du Portugal qui a indiqué que la situation calme actuelle résulte de la présence des Nations Unies qui a joué un rôle de dissuasion depuis près de trois ans.  Il a appelé le Conseil à la prudence lors de l’évaluation des difficultés, expliquant que la société timoraise est marquée par l’absence d’opportunités pour les nouvelles générations.  De plus, d’importants secteurs de l’ancienne résistance et de l’ancienne administration se sentent exclus de la nouvelle vie politique, économique et sociale. 


Le Représentant permanent du Royaume-Uni a indiqué que son pays présentera prochainement un projet de résolution pour que la MANUTO devienne une réalité le plus rapidement possible.


Outre les personnalités et délégations déjà citées, les quinze membres du Conseil de sécurité et les représentants des pays suivants ont pris la parole ce matin: Espagne (au nom de l’Union européenne et des Etats associés), l’Australie et le Japon.


Le débat se poursuivra à une date qui sera annoncée dans le Journal.


LA SITUATION AU TIMOR ORIENTAL


Rapport du Secrétaire général sur l'Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental (S/2002/432)


Ce rapport marque la fin d'une étape importante du processus conduisant à l'indépendance, qui durant les deux années et demie écoulées a permis au Timor oriental de passer d'un état de dévastation généralisé à la mise en place des fondements nécessaires à l'administration d'un nouveau pays et au relèvement des infrastructures de base à même d'appuyer l'activité économique et sociale.  Il rappelle que les premières élections présidentielles se sont déroulées le 14 avril 2002 et que le premier Président de la République démocratique du Timor oriental prendra ses fonctions le 20 mai prochain.


Toutefois, le rapport note un certain nombre de questions qui posent problèmes à court et moyen terme au niveau de la sécurité et de la stabilité du nouvel État qui n'ont pas encore été pleinement réglées.  Ces questions vont de la démarcation de la frontière, du retour des réfugiés et de la réglementation des activités commerciales dans la zone frontalière jusqu'au renforcement des structures gouvernementales naissantes, y compris l'institution de maintien de l'ordre et le système judiciaire, ainsi que la consolidation du cadre de développement économique et social.  Il est par conséquent essentiel, précise le rapport, que la communauté internationale reste engagée au Timor oriental pour un certain temps après l'indépendance afin d'assurer la stabilité et de faire fond sur les réalisations de l'Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental (ATNUTO). 


Le rapport évoque le rôle de l'ONU après l'indépendance et notamment la planification d'une mission appelée à succéder à l'ATNUTO.  A cet égard, le rapport du Secrétaire général, jette les grandes lignes du mandat, des principes opérationnels et programme de la mission appelée à succéder à l'ATUNUTO, sous réserve de l'approbation du Conseil de sécurité.  Cette mission serait appelée Mission d'appui des Nations Unies au Timor oriental (MANUTO), et son mandat consisterait à fournir au Timor oriental l'assistance dont il a besoin pour assurer sa stabilité et la viabilité de sa toute nouvelle administration, à contribuer à la mise en place de forces de police qui mènent leurs activités conformément aux normes internationales relatives aux droits de l'homme, et à contribuer au maintien de la sécurité intérieure et extérieure. 


Déclarations


M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a affirmé que l’on abordait désormais un moment historique pour le Timor oriental, puisque d’ici à moins d’un mois les Nations Unies vont remettre à son Président élu, M. Gusmao, les rênes du pays.  En septembre 1999, une telle réussite, faire du Timor oriental un Etat viable en moins de deux ans et demi, semblait impossible.  L’honneur d’un tel succès revient avant tout à tous les Est-timorais, a insisté le Secrétaire général.  Il a prévenu que s’il reste encore des problèmes gigantesques à régler, l’avenir doit être abordé avec confiance.  La communauté internationale peut aussi être fière de sa contribution.  Le mandat reçu par les Nations Unies, en vertu de la résolution 1272 (1999), était en effet, sans précédent pour l’Organisation.  Grâce à un travail acharné et à une collaboration étroite avec les Etats Membres et surtout les Est-timorais eux-mêmes, la situation a été normalisée, une administration nationale durable a été mise sur pied et des structures gouvernementales et législatives sont maintenant en place.  De leur côté, les citoyens du Timor oriental se sont présentés en grand nombre pour voter et élire leur Assemblée constituante et leur Président.  Un dernier point des plus encourageants est que ces derniers mois, les réfugiés rentrent en grand nombre dans leur pays, a noté M. Annan. 


Mais les défis qui suivront le 20 mai sont énormes et la communauté internationale ne doit en aucun cas abandonner le Timor, a-t-il encore insisté.  C’est pourquoi, il a espéré que le Conseil approuvera les propositions détaillées concernant la mission de suivi de l’ATNUTO présentées dans son rapport.  Cette nouvelle présence s’appellerait la MANUTO, et fournirait un appui indispensable à la stabilité et à la viabilité du nouvel Etat dans trois domaines principaux: l’administration publique, l’ordre public et la sécurité extérieure.  Cet appui serait progressivement réduit sur deux ans, a précisé M. Annan, date à laquelle l’Organisation fournirait alors une aide normale au développement.  Les Timorais devront continuer de développer leurs propres sources de revenus et de les gérer avec prudence.  Toutefois le pays continuera d’avoir besoin d’une aide financière et budgétaire.  Il faudra aussi que le secteur privé soit développé plus avant et pour cela les investissements privés extérieurs seront essentiels.  Le Secrétaire général a engagé tous les Etats Membres à encourager leur secteur privé à agir dans cette voie. 


Les relations de bon voisinage avec les Etats les plus proches du Timor oriental seront aussi fondamentales, a poursuivi M. Annan.  Il faudra notamment qu’une coopération étroite en vue d’un accord sur la frontière avec l’Indonésie intervienne rapidement.  La situation des réfugiés au Timor occidental ainsi que la poursuite en justice des responsables de crimes graves devront aussi être réglées rapidement.  Le Secrétaire général a émis l’espoir qu’il pourra participer personnellement aux cérémonies d’indépendance prévues les 19 et 20 mai prochains.  Ces festivités marqueront le point culminant de la lutte du peuple timorais pour son accession à l’indépendance. 


M. HEDI ANNABI, Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, a évoqué les réalisations passées de l’Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental (ATNUTO) ainsi que les objectifs futurs de la mission qui lui succèdera.  Les branches exécutives, judiciaires et législatives du Gouvernement ont commencé de fonctionner tandis que la force de police du Timor oriental continue de se développer.  En bref, il existe maintenant au Timor oriental les fondations, fragiles certes, des éléments formant un Etat et une administration publique.  Pour mettre en oeuvre le mandat de l’ATNUTO, les Nations Unies doivent ajuster leurs méthodes de travail.  En dépit des progrès réalisés, certains des éléments du mandat de l’ATNUTO n’ont pas été pleinement mis en oeuvre.  Les structures gouvernementales ne fonctionnent pas entièrement et ne sont pas financièrement durables.  Les bénéfices qui pourront être tirés de l’exploitation des eaux timoraises ne se concrétiseront pas avant trois ans et dans l’intervalle, il est nécessaire que la communauté internationale continue de fournir une aide budgétaire à l’administration publique naissante.  Evoquant la future mission de maintien de la paix après l’indépendance, M. Annabi a indiqué que la principale leçon tirée du passé était que pour avoir un impact durable,

il faut mettre en oeuvre une stratégie qui repose sur des repères.  Nous avons identifié avec les Timorais une centaine d’exigences permettant d’identifier des fonctions essentielles de soutien au Gouvernement après l’indépendance et nous avons défini une stratégie de sortie.  Nous avons également convenu d’un plan de développement lié à des repères spécifiques et qui permettrait la réduction progressive de la police des Nations Unies.  M. Annabi a rappelé aux membres du Conseil que le Président élu du Timor oriental ainsi que le Ministre principal ont demandé la mise en place d’une mission d’appui au Timor oriental et ont accueilli favorablement le plan du Secrétaire général.


Comme l’a dit le Secrétaire général, la mission d’appui fournira une aide dans trois domaines essentiels pour la stabilité et la viabilité de cette nation naissante, à savoir l’administration publique, la primauté du droit et l’ordre public, et la sécurité extérieure.  Ainsi, dans le domaine de l’administration publique, la mission fournira 100 experts internationaux.  La mission réduira graduellement leurs services en matière de services de base et de systèmes juridiques d’ici novembre 2003 et s’agissant des services financiers et des services centraux ainsi que des systèmes internes d’ici 2004.  Une aide sera également fournie pour traduire en justice les auteurs de crimes sérieux commis en 1999.  Les enquêtes les plus importantes devraient être achevées d’ici la fin de l’année.


Dans le domaine judiciaire et de l’ordre public, des progrès impressionnants ont été réalisés dans la formation d’une force de police.  Un total de 1 800 agents ont reçu une formation et 1 030 autres individus suivent une formation.  Les Nations Unies continueront de fournir une aide dans ce domaine et au moment de l’indépendance, le Gouvernement et les Nations Unies contracteront un accord formel relatif à des arrangements opérationnels pour les forces de police.  La première passation de pouvoir a eu lieu le 20 mai dernier et la passation de pouvoir finale aura lieu en janvier 2004.  D’ici cette date, tous les officiers de police travailleront sous le commandement du commissaire de police des Nations Unies.


S’agissant de la sécurité extérieure, M. Annabi a expliqué que les Forces de défense du Timor oriental en sont encore à leurs premières étapes de développement.  Elles devraient être pleinement opérationnelles d’ici janvier 2004.  A la demande du Timor oriental, les Nations Unies continueront d’être responsables du maintien de la sécurité externe et de l’intégrité territoriale du Timor oriental.  Un accord sur les modalités de coordination entre les Nations Unies et les Forces armées du Timor oriental devrait être signé au moment de l’indépendance.  Ces dernières assumeront leur pleine responsabilité lorsqu’elles seront pleinement opérationnelles. 


M. KAY RAL XANANA GUSMAO, Président élu du Timor oriental, a remercié le Conseil de sécurité pour l’action décisive qu’il a su mener après l’explosion de violence ayant suivi le référendum d’août 1999 au Timor oriental.  Il a estimé que les mesures diplomatiques et militaires menées alors par la communauté internationale ont prouvé qu’il est possible de mettre un terme aux vagues de violence dont sont victimes des populations sans défense.  Les nombreux pays réunis au sein de l’INTERFET ont alors su joindre leurs forces, contrôler la situation et faire de l’Opération stabilité un succès.  Bien que non prévue dans l’Accord du 5 mai, passé entre l’ONU, le Gouvernement indonésien et celui du Portugal, l’INTERFET a permis véritablement de sauver cet Accord. 

L’Administration transitoire qui a suivi a, en deux ans d’existence, permis de maintenir la sécurité et de rétablir l’état de droit.  Des progrès extraordinaires ont été enregistrés, notamment en ce qui concerne la création d’une force de police est-timoraise et d’une force de défense. 


Le Président Gusmao a toutefois reconnu qu’il restait encore beaucoup à faire, principalement dans le domaine de l’administration de la justice, de l’éducation, de la santé ou encore de l’agriculture.  Autant de défis qui exigeront un appui fort tant du point de vue financier que de ressources humaines.  L’indépendance approchant, le Timor oriental est désormais doté d’institutions publiques tripartites: un exécutif, un parlement et un Président.  Mais les ressources extrêmement limitées dont dispose le Gouvernement risquent de rendre la mise en œuvre des programmes envisagés très difficile, à moins que la communauté internationale ne se montre généreuse financièrement et en termes de connaissance.  A cet égard, un programme visant à fournir des experts internationaux correspondant à 100 fonctions vitales pour la stabilité et la viabilité politique du Gouvernement a été mis au point.  Ce type d’appui est fondamental, a insisté le Président Gusmao. 


Il a expliqué qu’un premier programme de développement national a été élaboré et que la société civile avait été largement impliquée dans le processus de préparation.  Ce programme, qui fait de l’éducation et de la santé les domaines les plus prioritaires, sera publié avant la déclaration de l’indépendance le 20 mai prochain.  Il constituera le document pilier dans la lutte pour la réduction de la pauvreté et pour le développement économique et social du pays. 


Désormais doté d’une Constitution qui assure la protection des droits de l’homme fondamentaux des individus, le Timor oriental s’efforcera de satisfaire aux besoins primaires de sa population, notamment en matière d’emploi, de santé et d’éducation, a poursuivi le Président élu.  Des défis qui sont à la vérité posés au peuple timorais mais aussi aux Nations Unies.  A cet égard, il a estimé que pour être un succès, la mission qui succédera à l’ATNUTO devra bénéficier du même soutien fort de la communauté internationale.  Désormais, les institutions démocratiques doivent être consolidées, la transparence des appareils politiques et administratifs doit être assurée et le développement approprié des domaines judiciaires et d’ordre public doit être garanti. 


Une fois l’indépendance officiellement proclamée, le véritable test en matière de construction des capacités nationales va débuter, a reconnu le Président Gusmao.  La question centrale sera de gérer les affaires publiques de manière à ce que le développement économique durable soit encouragé et permis.  L’autre question centrale étant, à ses yeux, la manière dont le peuple timorais et les Nations Unies vont continuer de collaborer afin de bâtir un Etat démocratique stable.  Sur toutes ces questions, l’appui de la communauté internationale sera essentiel, a insisté le Président élu, ajoutant qu’en somme l’avenir du Timor oriental dépend, comme sa lutte pour l’indépendance, de la détermination et de la coopération de sa population et de la communauté internationale.  «Notre succès sera votre succès», a affirmé le Président Gusmao, avant d’indiquer que le Timor oriental attendait avec grande impatience de devenir un Etat Membre de l’Organisation des Nations Unies.


M. MARI ALKATIRI, Ministre principal du Timor oriental, a rappelé que l’indépendance du Timor oriental sera proclamée le 20 mai prochain après un quart de siècle de lutte et de résistance.  Le soutien du Conseil de sécurité a été fondamental au cours des deux dernières années et demi.  Nous avons atteint un stade où le Timor oriental est prêt à gouverner.  Depuis septembre 2001, le Gouvernement du Timor oriental a exercé son autorité exécutive tandis que les structures fondamentales des institutions du pays sont en place.  Nous avons une idée claire de nos priorités.  Dans le domaine de l’éducation, nous comptons éliminer l’analphabétisme dont le taux est actuellement de 55%.  S’agissant du domaine de la santé, notre priorité est la lutte contre des maladies endémiques, en particulier la malaria et la tuberculose ainsi que la fourniture de service de santé de base, y compris l’eau potable et l’assainissement des eaux usées ainsi que l’organisation de campagnes de sensibilisation aux dangers du VIH/sida.  Nos autres priorités portent sur le logement et l’agriculture.  Il est important d’inverser la tendance de l’exode rural.  Le Budget final, qui sera un reflet de nos priorités, sera approuvé le 30 mai prochain.


Le Ministre principal a ajouté que son Gouvernement comptera encore sur l’aide des Nations Unies et de la communauté internationale pour consolider les progrès qui ont été réalisés au cours des dernières années et pour garantir la stabilité du pays après son indépendance.  Pour mettre en oeuvre le plan de développement, une aide internationale est indispensable au cours des trois prochaines années, à savoir jusqu’à ce que les revenus tirés de l’exploitation du gaz et du pétrole de la mer du Timor seront une réalité.  Nous travaillons en étroite collaboration avec la Banque mondiale pour établir un mécanisme permettant de canaliser les contributions des pays donateurs.  Nous sommes activement engagés dans des négociations avec le Gouvernement australien pour résoudre des différends et avons l’intention de signer un traité de coopération peu de temps après la proclamation de l’indépendance.


Le Ministre principal a estimé que les mesures permettant de garantir la stabilité politique et économique vont de pair avec la sécurité intérieure et extérieure.  La sécurité de notre pays est également liée à l’établissement de bonnes relations de voisinage avec les Etats voisins.  L’une des étapes les plus importantes sera les négociations portant sur les limites de nos eaux territoriales.  Le Ministre principal a insisté sur les priorités de son Gouvernement qui sont: la nécessité de refléter dans les politiques la volonté du peuple; le maintien des normes dans le domaine des droits de l’homme; la planification du développement durable intégré avec l’aide des institutions financières internationales; la consolidation des acquis obtenus au cours des deux dernières années et demi dans le domaine, en particulier, de l’édification des capacités et la promotion d’un esprit de tolérance.


M. JAGDISH KOONJUL (Maurice) s’est réjoui de saluer, en cette enceinte, M. Gusmao en tant, désormais, que Président élu.  Les élections récentes ont une nouvelle fois prouvé la maturité et de l’engagement du peuple timorais à l’égard d’un Timor indépendant, a-t-il affirmé.  Tous les succès atteints ont été possibles grâce à l’engagement et à la détermination conjugués de la population timoraise et de la communauté internationale.  Ces progrès doivent désormais être consolidés.  Pour cela, le Timor oriental aura besoin d’un appui fort de la communauté internationale.  La sécurité et la stabilité seront les points les plus prioritaires.  C’est pourquoi, Maurice se félicite de la proposition du Secrétaire général de créer la mission d’appui des Nations Unies au Timor oriental,

la MANUTO.  L’approche retenue de participation du peuple est la seule viable, a souligné M. Koonjul.  Il a fait observer que le rôle de l’Indonésie devait être salué et que les deux pays devaient désormais développer des relations de bon voisinage et d’amitié mutuelle et régler les problèmes encore en suspens.  La délégation de Maurice attend désormais que le Timor oriental devienne un Membre de l’ONU.  En conclusion, le représentant a affirmé que la contribution de l’ATNUTO à la paix au Timor oriental entrera dans l’histoire. 


M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) a exprimé son appui au rapport du Secrétaire général concernant la mission d’appui qui devrait succéder à l’ATNUTO et a indiqué attendre avec impatience que le Timor oriental rejoigne désormais les autres Etats Membres des Nations Unies.  Il a estimé que la réunion actuelle avait bel et bien une signification historique et qu’elle marquait l’aboutissement d’un processus entamé il y a deux ans et demi et résultant d’une situation chargée d’incertitudes et de difficultés.  Le 20 mai prochain avec la proclamation officielle de l’indépendance, une nouvelle voie s’ouvre qui pourra être celle du succès si le nouveau Gouvernement, le peuple timorais et la communauté internationale continuent de conjuguer leurs efforts. 


Revenant sur le mandat de la MANUTO proposé par le Secrétaire général, le représentant a estimé que l’approche graduelle et progressive prévue pour la transition de l’ATNUTO à la MANUTO était fondamentale pour garantir que le nouvel Etat sera économiquement et politiquement viable à long terme.  La Colombie estime que la structure envisagée pour protéger la sécurité et la stabilité est la bonne.  La coopération prévue entre la MANUTO et le Coordonnateur-résident du PNUD est appropriée et devrait permettre d’unifier et d’harmoniser la contribution des Nations Unies au développement.  M. Valdivieso a fait observer qu’après le 20 mai, le Conseil de sécurité jouera un rôle secondaire quant à la détermination de l’avenir du Timor oriental.  Ce rôle sera alors assumé par les institutions spécialisées du système, y compris les institutions de Bretton Woods, ainsi que par les donateurs bilatéraux. 


M. RICHARD WILLIAMSON (Etats-Unis) a estimé que le plus important est de consolider les acquis et de prévenir l’instabilité.  Il s’est dit favorable aux recommandations du Secrétaire général et a fait part de son intention de soutenir la résolution portant création de la nouvelle mission des Nations Unies.  Le représentant a encouragé les Nations Unies à finaliser les mémorandums d’accord qui régiront leurs rapports avec les institutions du Timor oriental.  Il a souhaité que le Gouvernement est-timorais accélère le transfert des pouvoirs vers les institutions nationales.  Il a relevé que le rapport du Secrétaire général s’arrête spécifiquement sur les besoins en développement, sur les forces de défense et de police, précisant que son pays a passé un contrat de logistique avec les forces de défense du Timor oriental.  Il est de la plus grande importance que le Timor oriental dispose de sa propre force de police et de défense, a-t-il ajouté.  La lenteur des progrès dans le domaine judiciaire est inquiétante et nous avons approuvé dans ce domaine un budget supplémentaire de 600 000 dollars.  Nous avons toujours pensé que Nations Unies ne doivent pas être les seuls acteurs au Timor oriental et nous attirons l’attention sur la nécessité de mettre en oeuvre des mécanismes de coordination avec d’autres partenaires.  Nous avons engagé près de 180 millions de dollars en assistance bilatérale et avons accordé une aide de 26 millions de dollars cette année.  Nous continuerons d’encourager les Nations Unies à prévoir une stratégie de sortie et ce n’est qu’à ce moment que nous pourrons alors parler de succès.


M. STEWART ELDON (Royaume-Uni) a fait part de son admiration pour les progrès réalisés par le peuple est-timorais et pour l’assistance fournie par la communauté internationale.  Il est vital que la communauté internationale reste engagée pour appuyer cette nation naissante.  Cet appui sera particulièrement fondamental en matière de défense, de sécurité et de justice.  Le Royaume-Uni appuie fermement la proposition du Secrétaire général en vue d’une mission d’appui au Timor oriental pour une période initiale de 12 mois.  «Nous allons à cet égard présenter un projet de résolution pour que cette mission devienne une réalité le plus rapidement possible, de préférence avant la proclamation de l’indépendance», a précisé le représentant.  Il a ajouté que les accords d’indépendance devront être conformes aux pratiques onusiennes habituelles en la matière. 


M. Eldon a aussi jugé impératif que des décisions rapides soient prises pour achever les négociations financières concernant le recrutement de 100 experts internationaux.  La création de la Commission vérité et réconciliation jouera un rôle fondamental et soulagera les pressions qui s’exercent déjà sur le système judiciaire.  Il est vital que le travail de la Commission s’accélère.  Le Royaume-Uni poursuivra son appui financier et autre au Timor oriental une fois l’indépendance proclamée.  Mon pays a déjà fourni 12 millions de livres pour le Programme de développement, a indiqué M. Eldon, avant de prévenir que les ressources ultérieures ne seront fournies que si un mécanisme de gestion des ressources extérieures est crée.  Le représentant s’est félicité que la Présidente de l’Indonésie ait l’intention de se rendre au Timor oriental pour les cérémonies d’indépendance.  Un geste qui augure bien des relations de bon voisinage qui devront s’établir entre les deux pays.  De son côté, le Royaume-Uni établira une Ambassade à Dili peu après l’indépendance.


M. STEFAN TAFROV (Bulgarie) s'est félicité des résultats remarquables du travail de l'ATNUTO et du Représentant spécial des Nations Unies au Timor oriental, et a salué les propositions du Secrétaire général ayant pour objectif de continuer le soutien de l'ONU dans la période suivant la proclamation de l'indépendance du pays.  Il s'est dit convaincu que la mission appelée à succéder à l'ATNUTO assurera la réalisation de programmes prioritaires permettant au Gouvernement de gérer de manière autonome ses affaires intérieures et d'intégrer dans les meilleurs délais la communauté internationale.  La Bulgarie est d'avis, a-t-il poursuivi, que les donateurs internationaux doivent continuer à apporter leur soutien au jeune Etat et qu'il ne faut pas que l'aide internationale soit réduite d'une manière drastique: la poursuite de l'aide contribuera au développement durable du nouvel Etat ainsi qu'à la consécration d'un modèle réussi d'action de la communauté internationale, a-t-il conclu.


M. KISHORE MAHBUBANI (Singapour) a évoqué la «grande réussite» des Nations Unies au Timor oriental alors que les difficultés étaient importantes.  Il a fait siennes les recommandations du Secrétaire général touchant au développement et à la stabilité de ce nouvel état, à savoir le retour des réfugiés, le maintien de l’ordre, la mise en place de l’appareil judiciaire.  Il est donc essentiel de rester engagés au Timor oriental après son indépendance.  Nous nous félicitons qu’un consensus ait fait le jour au sein du Conseil de sécurité sur cette question.  Le Timor oriental a réalisé des progrès importants mais il n’est pas encore un Etat nation viable.  Les Nations Unies, la communauté internationale et les donateurs bilatéraux et autres ont encore beaucoup à faire.  Les dangers d’un retrait prématuré sont trop importants au regard de la fragilité du Timor oriental qui ne saurait être sous-estimée.


Le représentant a demandé au Conseil de sécurité de souscrire à l’unanimité à la création de la MANUTO.  La réduction progressive de la MANUTO doit reposer sur les réalités sur le terrain et non pas uniquement sur un calendrier abstrait.  Nous devons être attentifs et souples.  Sans aucun doute, une présence sécuritaire des Nations Unies après l’indépendance est nécessaire, au regard notamment des risques de déstabilisation de l’extérieur.  La réduction progressive des forces de police et de défense onusiennes est la seule manière de procéder.  Le représentant a aussi insisté sur la nécessité de parvenir rapidement à une délimitation des frontières du Timor oriental.  Les premières années de toute nation sont des années de mise à l’épreuve et l'Organisation des Nations Unies doit fournir à cet égard toute l’aide nécessaire.  Le Conseil de sécurité doit souscrire clairement aux recommandations du Secrétaire général en vue de la création de la MANUTO. 


M. ADOLFO AGUILAR ZINSER (Mexique) a déclaré que la proclamation de l’indépendance du Timor oriental le 20 mai prochain marquera un point culminant pour le peuple est-timorais mais aussi pour l’ensemble de la communauté internationale, qui en ces temps difficiles, peut être fière de sa contribution cruciale à la paix dans ce pays.  Il a salué le Président-élu Gusmao et le Ministre principal et leur a rappelé que des tâches importantes les attendent encore, en matière d’administration publique, de justice, de promotion du développement ou encore de refonte du système de propriété, de réinsertion des anciens combattants et de retour des réfugiés.  Il faudra aussi que le Timor oriental s’efforce d’établir des relations d’amitié avec tous les pays qui l’entourent. 


Le représentant a appuyé la création, pour une période initiale de 12 mois, d’une mission d’appui des Nations Unies au Timor oriental, qui succédera à l’ATNUTO.  Le Mexique appuie en outre les trois fonctions principales qui sont envisagées pour cette mission, à savoir assurer la stabilité, la démocratie et la justice, promouvoir la sécurité intérieure et la réalisation de la justice, et renforcer la sécurité extérieure et le contrôle des frontières.  Cela traduit comme il convient la vision exprimée à plusieurs reprises par le Conseil concernant les stratégies de sortie des opérations de maintien de la paix.  L’attention qui est accordée à la coopération entre toutes les institutions du système est essentielle.  Le Mexique, de son côté, continuera de soutenir pleinement tous les efforts en vue d’asseoir la pérennité du Timor oriental indépendant.  La réunion des donateurs qui aura lieu bientôt constituera une excellente occasion de rappeler à la communauté internationale la nécessité d’appuyer le développement économique et social, la réduction de la pauvreté et l’indépendance de ce pays. 


M. MIKHAIL WEHBE (République arabe syrienne) a estimé que le succès des Nations Unies au Timor oriental ne doit pas faire oublier que la tâche n’est pas achevée.  La communauté internationale doit permettre la consolidation des acquis après l’indépendance.  Elle doit être le garant de la stabilité de cette nouvelle nation ce qui contribuera également à la stabilité des Etats de la région.  Le représentant a engagé le Timor oriental à tisser des liens de coopération avec les Etats voisins.  Il a souligné la nécessité pour les Nations Unies de poursuivre l’aide au développement et de fournir toute l’aide nécessaire pendant les trois années suivant l’indépendance.  Il a indiqué que son pays participera aux célébrations du 20 mai.


M. YVES DOUTRIAUX (France) a estimé que la présence côte à côte du Président et du Chef du Gouvernement du Timor oriental constitue la preuve la plus manifeste de l’équilibre des institutions timoraises.  Le parfait déroulement du scrutin présidentiel du 14 avril, avec un taux de participation record, a confirmé la grande maturité politique de la jeune démocratie timoraise.  MM Gusmao et Alkatiri vont donc pouvoir en confiance s’atteler aux grandes priorités du Timor indépendant: la réconciliation nationale, l’intégration du pays dans son environnement régional et international et le développement économique. 


Le représentant a salué le chemin parcouru en deux ans et demi, alors que le 20 mai prochain l’indépendance du Timor oriental sera officiellement proclamée.  Les Nations Unies ont bien su s’adapter aux défis, a-t-il observé en ajoutant que les recommandations du Secrétaire général répondent désormais aux attentes de la France.  Une véritable «stratégie de sortie» est enfin présentée au Conseil.  Elle permettra d’accompagner efficacement le nouvel Etat car tous les éléments sont là: un calendrier précis, échelonné sur deux ans; des étapes assorties d’objectifs chiffrés; une répartition des compétences claires entre la mission des Nations Unies, le système de Bretton Woods et les institutions financières internationales.  La France apportera donc son plein soutien à une résolution reprenant ces éléments.  Mais les choses ne doivent pas en rester là, a prévenu le représentant.  Le Secrétariat devra continuer à évaluer la situation périodiquement afin de procéder aux adaptations requises.  La communauté internationale verra son rôle transformé en profondeur; il s’agira encore moins que par le passé de se substituer aux autorités timoraises mais davantage encore de les accompagner.  D’autres acteurs verront parallèlement leur rôle croître et à cet égard, le représentant a proposé que le Conseil invite à une prochaine discussion des représentants du Programme des Nations Unies pour le développement, du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale.


M. WEGGER CHR. STROMMEN (Norvège) s’est félicité de la réussite des premières élections présidentielles en avril dernier, qu’il a présentée comme un signe prometteur pour la mise en place d’un Timor oriental stable et démocratique.  Il a déclaré que, malgré la persistance de défis, le processus visant à mettre en place un Etat stable et démocratique progresse d’une façon satisfaisante et que les progrès réalisés depuis 1999 sont remarquables.  Il a fait siennes les remarques du Secrétaire général, en particulier lorsqu’il dit qu’il est essentiel que la communauté internationale reste engagée au Timor oriental pour un certain temps après l'indépendance afin d'assurer la stabilité et de faire fond sur les réalisations de l'Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental (ATNUTO).  Il a fait part de son soutien au rapport du Secrétaire général qui présente les grandes lignes du mandat et du programme de la Mission d'appui des Nations Unies au Timor oriental (MANUTO), appelée à succéder à l'ATUNUTO, pour fournir au Timor oriental l'assistance dont il a besoin pour permettre à sa police et à sa force armée de contribuer au maintien de la sécurité intérieure et extérieure.  Dans le même ordre d’idées, il s’est félicité de la réduction progressive des effectifs de l’ATNUTO pour aboutir à ce qu’il a appelé une «timorisation» des institutions publiques.  A cet égard, il a souligné l’urgence de mettre en place les formations adéquates pour le futur personnel administratif. 


Le représentant a souligné l’importance cruciale d’assurer de bonnes relations entre le Timor oriental et l’Indonésie dans l’intérêt de la stabilité et de la prospérité de la région.  M. Strommen s’est félicité des négociations en cours et de la coopération judiciaire entre les deux pays, pour permettre la poursuite des personnes ayant commis des crimes graves en 1999.  Il a salué les efforts dans le domaine de la normalisation en matière de délimitation des frontières.  Il a rappelé que son pays a accueilli en décembre dernier la Conférence des donateurs pour le Timor oriental et il a appelé les pays à mettre en pratique leurs engagements.  Il a souligné en outre que la justice et la réconciliation étaient des éléments incontournables pour assurer la stabilité à long terme du Timor oriental.  C’est pourquoi, il s’est félicité du travail réalisé par le Groupe spécial sur les crimes graves et la Commission réception, vérité et réconciliation.  En conclusion, il a rendu hommage au Représentant spécial du Secrétaire général, M. Sergio Vieira de Mello, pour la façon remarquable avec laquelle il a dirigé la Mission depuis 1999. 


M. FRANÇOIS L. FALL (Guinée) a, après avoir félicité M. Xanana Gusmao pour son élection à la présidence du Timor oriental, déclaré que la coopération entre les instances dirigeantes devra être encouragée et qu'un appui devra être davantage apporté aux actions du Conseil des Ministres dans les actions de la justice, de la sécurité, de la santé, de l'éducation, du développement économique et social, et de la défense.  La Guinée encourage les parties est-timoraise, indonésienne et australienne, en rapport avec l'ONU, à assumer leurs responsabilités en vue de faciliter le développement du Timor oriental et à favoriser la sécurité et la stabilité de la région.  L'assistance bilatérale et multilatérale demeure indispensable au Timor avec un accent particulier sur la santé et l'éducation, a dit M. Fall.


Nous espérons que la réunion des donateurs, qui se tiendra les 14 et 15 mai à Dili, sera l'occasion de réagir positivement au financement du plan de développement national, du cadre budgétaire à moyen terme, et du budget 2002-2003.  La délégation guinéenne note avec intérêt que la poursuite des actions de l'ONU au Timor oriental ne sera possible qu'avec des moyens financiers adéquats.  Il est donc indispensable que l'Assemblée générale accorde une attention particulière à cette question au cours de l'examen de la proposition de cession des actifs de l'Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental (ATNUTO) à la Mission d'appui des Nations Unies au Timor oriental (MANUTO), pour l'exercice allant du 1er juillet 2002 au 30 juin 2003.


M. MARTIN BELINGA-EBOUTOU (Cameroun) a souligné le caractère historique de cette session, a-t-il noté, qui nous donne l’occasion de démontrer à l’opinion internationale de plus en plus sceptique, la capacité du Conseil de sécurité à garantir la paix et la sécurité partout dans le monde.  Il a souligné l’épilogue heureux qui verra le 20 mai prochain l’entrée en fonction du premier Président du Timor oriental.  Il a adressé ses plus vives félicitations aux personnels civil et militaire de l’Administration transitoire des Nations Unies pour le Timor oriental (ATNUTO) et les a félicités pour leur efficacité, dévouement et ténacité.  Il a rendu hommage à M. Viera de Mello, Représentant spécial du Secrétaire général pour le succès éclatant de l’œuvre accomplie. 


Le représentant a cité les étapes du succès avec, entre autres, la mobilisation financière multilatérale qui a dépassé le milliard de dollars US, la pacification du territoire, la relance de l’activité économique, la mise en place d’un Gouvernement transitoire et enfin l’élection présidentielle du 14 avril 2002, qu’il a présentées comme autant de jalons qui auront marqué l’émergence sur la scène internationale d’une nouvelle nation.  Il a appelé la communauté internationale à consolider ces acquis.  Car l’appropriation par les Timorais de leur destin, a-t-il ajouté, ne saurait amener la communauté internationale à renoncer à son rôle d’accompagnement.  C’est pourquoi, il a fait sienne la proposition du Secrétaire général de voir les Nations Unies maintenir leur présence au-delà du 20 mai 2002, pour accorder aux Timorais tout l’appui nécessaire, en les aidant notamment à convaincre la communauté des bailleurs de fonds de poursuivre et renforcer son assistance financière et technique à ce jeune pays.


M. WANG YINGFAN (Chine) s’est félicité de l’élection à la présidence de M. Gusmao et a remercié le Secrétaire général pour le rapport qu’il a présenté.  Le succès de l’élection du 14 avril dernier est la preuve de l’enthousiasme et de la détermination du peuple timorais pour accéder à son indépendance ainsi que de l’efficacité que peut avoir l’assistance de la communauté internationale lorsqu’elle est résolue.  Désormais le Timor oriental devra prendre la voie du développement, de la démocratie et de la stabilité pour que le succès qu’il vient de connaître soit durable.  En tant qu’Etat naissant, les défis vont être grands et variés, a prévenu le représentant.  C’est pourquoi, il est indispensable que la communauté internationale poursuive son appui constant et que les Nations Unies maintiennent leur présence sur le terrain.  A cet effet, le Secrétaire général a proposé la création de la MANUTO qui aura trois grandes tâches et visera à aider le Timor oriental à renforcer ses capacités nationales.  Les idées du Secrétaire général sont mûrement réfléchies et correspondent aux besoins urgents du Timor oriental, a estimé M. Wang.  La Chine les approuve et espère que la Mission sera très prochainement créée.  L’expérience de maintien et de consolidation de la paix obtenue par l’ATNUTO sera un atout précieux pour les Nations Unies à l’avenir, a aussi estimé le représentant, avant d’ajouter que son pays entend développer des relations normales d’Etat à Etat avec le Timor oriental.


M. GERARD CORR (Irlande) s'est félicité de l'approche du Secrétaire général, estimant qu'il s'agissait désormais d'envisager la nouvelle mission de l'ONU, la mission d'appui des Nations Unies au Timor oriental(MANUTO) destinée à remplace l'ATNUTO (Administration transitoire des Nations Unies pour le Timor oriental).  Il a exprimé l'accord de sa délégation sur le fait que la présence de l'ONU devait être consistante et que l'Organisation devait jouer un rôle majeur, par le biais d'accords bilatéraux et multilatéraux, pour s'assurer que seront conservés les acquis de l'ATNUTO.  M. Corr a estimé que le rapport illustre bien les besoins essentiels du Timor oriental dans les domaines de l'administration publique, de la sécurité intérieure et de l'application de la loi, ainsi que de la sécurité extérieure et du contrôle des frontières.  Il a rappelé que si le pays doit reconstruire ses infrastructures systématiquement détruites par les violences de septembre 1999, la population avait été exclue pendant plusieurs générations de la conduite des affaires administratives.  Ce qui pose aujourd'hui un énorme défi en terme de renforcement des capacités qui ne peut être relevé qu'avec un fort soutien international.  Le représentant a par conséquent appelé le Conseil de sécurité à se montrer résolument prudent et à faire généreusement preuve de patience.


Il a estimé de première importance les relations avec l'Indonésie, notamment pour le bien-être économique du Timor oriental et l'établissement d'une commission vérité et réconciliation, qui nécessitera un important soutien financier et humain pour être efficace.  Exprimant son admiration pour tout ce qui a été réalisé par les habitants du Timor oriental jusqu'à présent, le délégué a souligné que beaucoup restait à faire et que le pays était l'un des moins développés de la région: il a besoin d'appui et doit recevoir cet appui, a-t-il affirmé en indiquant que l'Irlande était déjà impliquée dans une série de programme de coopération et développement au Timor oriental.


M. SERGEY LAVROV (Fédération de Russie) a souscrit aux paroles prononcées par tous les intervenants.  Il a exprimé son soutien entier aux recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général, concernant la création d’une nouvelle mission des Nations Unies au Timor oriental. 


Reprenant la parole, le Président élu du Timor oriental a remercié les membres du Conseil pour leur appui.  Notre succès est et sera votre succès.  Nous continuerons d’être tributaire de votre appui et nous vous assurons de notre engagement à faire de notre mieux tous les jours pour édifier l’Etat démocratique du Timor oriental.


M. FRANCISCO SEIXAS DA COSTA (Portugal) s’est dit ravi de voir le Président élu d’un territoire que son pays voulait voir libre et indépendant.  Le représentant a indiqué que le mandat de la nouvelle mission devrait créer les conditions nécessaires au respect des obligations contractées par la communauté internationale.  Passant en revue les réalisations des Nations Unies au Timor oriental, le représentant a souligné la difficulté qui attend la communauté internationale.  La situation au Timor oriental a gagné le soutien de la communauté internationale et les Est-timorais ont mérité cet appui.  Nous pouvons considérer ce processus comme un modèle à suivre.  Mais l’avènement d’une nouvelle démocratie ne relève pas uniquement de la création de nouvelles institutions mais également de la capacité à gérer les conflits internes et les différends.  Difficile à mettre en place, une démocratie est encore plus difficile à maintenir.  C’est la raison pour laquelle nous pensons que les institutions émergentes créées sous la responsabilité des Nations Unies doivent être protégées.  Nous soutenons les recommandations du Secrétaire général qui constituent une feuille de route claire pour l’avenir du Timor oriental.  Tel que le propose le Secrétaire général, le mandat de la MANUTO garantira la stabilité et la sécurité au Timor oriental.


La situation calme actuelle résulte de la présence des Nations Unies qui a joué un rôle de dissuasion depuis près de trois ans.  Nous demandons donc au Conseil, non pas d’envisager la création d’une sorte d’Etat assisté, mais de planifier le retrait de ses forces militaires et de sécurité sur la base d’une évaluation claire des risques concrets et non pas sur la base de dangers qui apparaissent dans les circonstances actuelles.  Il existe un risque sécuritaire potentiel dont les dimensions internes et externes doivent être prises en compte. 


Est-ce que l’ATNUTO est capable de faire face à des tensions importantes, s’est demandé le représentant en attirant l’attention du Conseil sur les menaces potentielles au sein de la société timoraise qui mettront sérieusement à défi le nouveau Gouvernement.  Il s’agit d’une société où les opportunités pour les nouvelles générations manquent et où d’importants secteurs de l’ancienne résistance et de l’ancienne administration se sentent exclus de la nouvelle vie politique, économique et sociale.  Une nouvelle vague de réfugiés pourrait créer un énorme problème social.  De plus le nouveau Gouvernement devra gérer le coût économique du retrait progressif de la communauté internationale.  Nous appelons donc le Conseil à faire preuve de la plus grande prudence lors de l’évaluation des difficultés. 


M. INOCENCIO F.ARIAS (Espagne), s’exprimant au nom de l’Union européenne et de la Bulgarie, ainsi que de la République tchèque, de l’Estonie, de la Hongrie, de la Lettonie, de la Lituanie, de la Pologne, de la Roumanie, de la Slovaquie, de la Slovénie, de Chypre, de Malte, de la Turquie et de l’Islande et du Liechtenstein, a déclaré que la présence côte à côte du Président élu Gusmao et du Chef du Gouvernement Alkatiri témoigne de l’engagement du peuple timorais en faveur de la démocratie et des progrès remarquables vers l’indépendance et la réconciliation qui ont déjà été accomplis.  L’Union européenne se réjouit tout particulièrement du déroulement pacifique des élections du 14 avril dernier.  En se rendant massivement aux urnes, la population a une fois de plus démontré sa maturité politique.  L’Union européenne se félicite que les objectifs prioritaires du Président élu soit la réconciliation nationale, l’établissement de relations internationales, les avancées politiques et le développement économique.  Elle appuie fermement la signature de la Constitution qui entrera en vigueur le jour de l’indépendance.  Ce texte devrait en effet fournir le fondement de la stabilité, de la démocratie, de la liberté, de la justice et de la sécurité pour tous les Est-timorais. 


M. Arias a exprimé le ferme appui de l’Union européenne à l’établissement d’une mission d’appui des Nations Unies telle que décrite dans le rapport du Secrétaire général.  La paix durable étant la condition préalable au développement et à la démocratie, il est essentiel qu’il soit mis un terme à l’opération de maintien de la paix en tenant dûment compte des développements en matière de sécurité sur le terrain.  C’est pourquoi la mission qui prendra le relais devra jouer un rôle en matière de stabilité et de viabilité de l’administration publique est-timoraise naissante.  Elle devra contribuer au développement de forces de l’ordre public respectant les normes internationales en matière de droits de l’homme.  L’Union européenne appuie totalement les propositions du Secrétaire général en la matière en vue de créer la MANUTO.  Elle soutient la proposition visant à ce que le Groupe d’appui civil et l’Unité des crimes graves soient inscrits à la composante civile de la MANUTO afin d’être financés par des contributions régulières. 


En moins de deux ans et demi, le Timor oriental est passé de la dévastation à la réhabilitation de ses infrastructures et à la création d’un nouvel Etat.  Bien que les institutions d’administration publique existent et fonctionnent déjà, la communauté internationale ne devra pas supprimer son aide au Timor oriental.  M. Arias a prévenu que sans sécurité aux plans intérieur et extérieur, le Timor oriental ne connaîtra pas le succès en tant qu’Etat indépendant.  C’est pourquoi, il est essentiel que les institutions policières et militaires soient dûment dotées en matériel et en hommes.  Les donateurs doivent poursuivre leurs efforts à cet égard. 


L’Union européenne se dit aussi encouragée par les retours en nombre important enregistrés récemment concernant les réfugiés.  Ce flux témoigne de la confiance et de l’optimisme qui règnent.  Ce phénomène doit encore s’amplifier et il est particulièrement important qu’une solution juste à la question des réinstallations, que ce soit au Timor oriental ou en Indonésie, soit rapidement trouvée.  A cet égard, les efforts du Gouvernement indonésien sont les bienvenus et il faut espérer qu’ils déboucheront également sur une coopération judiciaire et sur le règlement de la question frontalière.  En conclusion, M. Arias a insisté sur l’importance pour les jeunes autorités timoraises de respecter pleinement les droits de l’homme.  C’est pourquoi, il est si important que le système judiciaire soit encore renforcé.  Dans cette perspective, l’Union européenne se réjouit aussi des mesures prises par l’Indonésie en vue de traduire en justice les coupables de violations graves des droits de l’homme au Timor oriental.  Il est regrettable toutefois que le Tribunal institué à cet effet n’ait pas autorité à examiner les violations commises sur l’ensemble du territoire est-timorais pour la période allant de janvier à octobre 1999.


M. JOHN DAUTH (Australie) a fait part du soutien de son pays aux recommandations du Secrétaire général ainsi qu’à sa stratégie de sortie.  Il est important de veiller à ce que les nouveaux accords soient conformes aux procédures normalisées des Nations Unies.  La nouvelle mission des Nations Unies ne doit pas travailler dans l’isolement et, à cet égard, nous apprécions la description que fait le Secrétaire général des liens entre la MANUTO, le système des Nations Unies, les fonds et programmes ainsi que le plan national de développement du Gouvernement du Timor oriental.  La réalisation de cet objectif dépendra du niveau de financement de la nouvelle mission mais également du soutien à long terme de la communauté internationale.  L’Australie, en plus de ses contributions, a dépensé 1,4 milliard de dollars de juillet 1999 à juin 2001 et s’est engagé à consacrer 150 millions de dollars à la reconstruction du Timor oriental.  Un soutien international continu est nécessaire pour protéger les investissements considérables consentis par la communauté internationale.


M. YUKIO SATOH (Japon) s’est félicité de la réussite des premières élections présidentielles en avril dernier comme un témoignage de l’engagement du Timor oriental vers la démocratie.  Il a déclaré que le Premier ministre japonais, M. Koizumi, se rendra prochainement au Timor oriental afin d’exprimer au peuple timorais la détermination du Japon d’assister le Timor oriental dans ses efforts visant à trouver une véritable stabilité politique et de permettre un développement économique de la région.  Dans ce contexte, il a précisé que le Japon était un des leaders de la communauté internationale puisqu’il était le plus important pays donateur en matière d’assistance financière au Timor oriental, avec un montant de 120 millions de dollars, destinés à la reconstruction, au développement ainsi qu’à l’assistance humanitaire.  Il a précisé que 680 membres des forces japonaises viennent de terminer leur déploiement ce mois dans le cadre de la participation du Japon aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies. 


Le représentant du Japon a déclaré que les Nations Unies doivent être fières du grand succès qu’à été l’Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental (ATNUTO) et du rôle clé qu’à jouer l’Organisation dans l’accession à l’indépendance de cette nouvelle nation.  Il s’est félicité du rapport du Secrétaire général et a fait part de son soutien aux grandes lignes du mandat et du programme de la Mission d'appui des Nations Unies au Timor oriental (MANUTO), appelée à succéder à l'ATUNUTO.  Face aux nombreux défis à venir, M. Satoh a appelé le peuple timorais à assumer pleinement ses responsabilités en matière de développement de leur pays.  Il a appelé la communauté internationale et les Etats voisins à soutenir cet effort visant à assurer le développement économique, la stabilité et la prospérité du Timor oriental. 


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