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CS/2296

LES PERSPECTIVES D’UNE PAIX DURABLE EN ANGOLA SONT PLUS QUE JAMAIS PROMETTEUSES, ESTIME LE CONSEILLER SPECIAL POUR L’AFRIQUE

23/04/2002
Communiqué de presse
CS/2296


Conseil de sécurité

4517ème séance - matin


LES PERSPECTIVES D’UNE PAIX DURABLE EN ANGOLA SONT PLUS QUE JAMAIS PROMETTEUSES, ESTIME LE CONSEILLER SPECIAL POUR L’AFRIQUE


Une conférence internationale des donateurs est prévue en octobre 2002


De retour à l’issue d’une visite de trois semaines en Angola, M. Ibrahim Gambari, Secrétaire général adjoint et Conseiller spécial pour l’Afrique, a, ce matin, informé les 15 membres du Conseil de sécurité de la situation sur le terrain depuis la signature le 4 avril du Mémorandum d’accord et de l’imposition d’un cessez-le-feu, qui a mis fin à 27 ans de guerre civile.  Le rôle des Nations Unies en Angola dans la phase actuelle et future est beaucoup plus clair.  Les perspectives d’une paix durable sont beaucoup plus engageantes que lors des accords de paix précédents, a indiqué M. Gambari.  Il a précisé que le Mémorandum signé entre le Gouvernement et l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (UNITA) et les Nations Unies détaille les responsabilités des Forces armées angolaises ainsi que celles de l’UNITA lors de l’imposition du cessez-le-feu et impose le cantonnement des soldats de l’UNITA et de leurs familles ainsi que la collecte et la destruction des armes. 


Le Mémorandum d’accord prévoit l’amnistie pour tous les crimes commis pendant le conflit.  M. Gambari a expliqué qu’en signant ce Mémorandum au nom des Nations Unies, il a fait insérer dans le texte une clause de réserve indiquant que les Nations Unies ne reconnaîtraient pas une mesure d’amnistie générale qui comprendrait les crimes de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre. 


M. Gambari a fait valoir qu’il ressortait clairement que l’Angola attend des Nations Unies qu’elles jouent un rôle certain dans la phase actuelle du processus de paix dans les domaines suivants: observation militaire des processus de cantonnements, soutiens technique et administratif, démobilisation et réintégration, soutien humanitaire et participation de l’ONU à la Commission conjointe dans la seconde phase du processus. 


L’Ambassadeur de l’Angola a indiqué qu’aucune violation du cessez-le-feu ne s’était produite depuis sa signature.  Il a souhaité que les Nations Unies fournissent des observateurs militaires et non militaires pour participer à la Commission militaire conjointe ainsi qu’une assistance technique et matérielle au cantonnement, à la démobilisation, au désarmement et à la réintégration des effectifs de l’UNITA.  En outre, les Nations Unies sont appelées à fournir une aide technique et à mobiliser des ressources pour les soldats et leurs familles, ainsi qu’à préparer une conférence internationale des donateurs sur l’aide humanitaire d’urgence, prévue pour octobre 2002. 


LA SITUATION EN ANGOLA


Déclarations


M. IBRAHIM GAMBARI, Secrétaire général adjoint et Conseiller spécial pour l’Afrique, a expliqué que lors de sa mission en Angola il a été reçu à deux reprises par le Président Eduardo dos Santos.  Il s’est également entretenu avec divers ministres, ainsi que des membres du Parlement, dirigeants de partis politiques, y compris ceux de l’UNITA, les représentants de l’Eglise et les membres du corps diplomatique.  Le rôle des Nations Unies en Angola dans la phase actuelle et future est beaucoup plus clair.  Les perspectives d’une paix durable sont beaucoup plus engageantes que lors des accords de paix précédents.  M. Gambari a expliqué que le développement le plus significatif lors de sa visite à été la signature du Mémorandum d’accord le 4 avril 2002 qui est complémentaire du Protocole de Lusaka. 


Le Mémorandum d’accord, a expliqué M. Gambari, décrit dans le détail les responsabilités des Forces armées angolaises ainsi que de l’UNITA lors de l’imposition du cessez-le-feu et impose le cantonnement des soldats de l’UNITA et de leurs familles ainsi que la collecte et la destruction des armes.  Il prévoit en outre l’amnistie pour tous les crimes commis pendant le conflit.  Conformément à ce Mémorandum, le Gouvernement a commencé à fournir une aide aux membres de l’UNITA, à gérer les zones de cantonnement, à sélectionner et réinsérer 5 000 membres de l’UNITA au sein de Forces armée angolaises.  Ces tâches devraient être achevées dans un délai de 262 jours à compter du 4 avril.  Le Gouvernement s’est engagé à fournir une aide à 150 000 soldats démobilisés et aux familles des soldats de l’UNITA.  Le Gouvernement a déjà entrepris la réinstallation de 4,5 millions de personnes déplacées. 


En signant le Mémorandum d’accord au nom des Nations Unies, a ajouté M.Gambari, j’ai fait insérer dans le texte du Mémorandum une clause de réserve indiquant que les Nations Unies ne reconnaîtraient pas une mesure d’amnistie générale qui comprendrait les crimes de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre.  L’ensemble des personnes consultées, y compris les autorités de l’UNITA estiment que les chances de reprise du conflit sont faibles en raison notamment de l’affaiblissement militaire de l’UNITA grâce au régime de sanctions et l’adhésion des tous les dirigeants régionaux militaires de l’UNITA au Mémorandum d’accord et la présence physique à Luanda du Chef d’Etat major de l’UNITA et de ses adjoints ainsi que de l’adhésion entière au Mémorandum du dirigeant de la branche politique de l’UNITA.  L’irréversibilité du processus de paix dépend du casernement des soldats de l’UNITA, de la réponse qui sera apportée aux besoins humanitaires des familles, de la création de conditions favorables à la réconciliation nationale et à la reconstruction nationale et de l’émergence de l’UNITA comme parti politique et comme interlocuteur crédible.  Nous avons été très clair à ce sujet du fait que les Nations Unies n’ont pas l’intention ni le mandat d’interférer dans les affaires internes de l’UNITA. 


Le processus de paix est divisé en deux étapes – une première qui traite de questions militaires et de la mise en œuvre du Mémorandum d’accord et un deuxième qui s’occupe de questions politiques conformément à l’Accord de Lusaka, a précisé M. Gambari. Dans la phase actuelle, les Nations Unies devraient participer comme observateur au travail de la Commission militaire conjointe qui est chargée de la mise en œuvre du Mémorandum.  Les Nations Unies doivent également fournir une aide


technique dans les zones de cantonnement et une aide humanitaire aux familles des Forces militaires de l’UNITA et à 4,5 millions de personnes déplacées.  Le Gouvernement prépare l’organisation d’une conférence internationale de donateurs qui se tiendra en deux étapes.  La première phase de la conférence des donateurs, prévue pour octobre 2002, tentera de répondre aux besoins d’urgence liés au processus de paix comme les activités de démobilisation, de désarmement et de réintégration et la réparation d’infrastructures. La deuxième phase aura certainement lieu en 2003


A propos des sanctions qui visent l’UNITA, M. Gambari a relevé que pour certains, il devenait difficile désormais de justifier le maintien de l’interdiction de voyager qui vise les responsables de l’UNITA.  D’autant que l’Assemblée nationale angolaise a accordé une amnistie générale à tous les membres de l’UNITA.  Par ailleurs, l’UNITA souhaite que ses missions à l’étranger puissent participer au processus de paix, a-t-il ajouté.  Par conséquent, certains pensent que la levée de ce type de sanctions faciliterait les efforts de réconciliation de l’UNITA et sa préparation aux phases à venir du processus de paix.  M. Gambari a mentionné une lettre en ce sens de M. Gato, au nom de l’UNITA, au Conseil de sécurité.  Pour sa part, a-t-il poursuivi, le Gouvernement angolais accepte le principe d’une levée des interdictions de voyage qui frappent les responsables de l’UNITA mais souhaite la plus grande prudence dans sa mise en œuvre, préconisant une approche au cas par cas.


Abordant la situation humanitaire dans le pays, le Secrétaire général adjoint a fait valoir qu’elle restait critique: le nombre de personnes déplacées est passé de 4,1 à 4,5 millions, ces personnes arrivant de zones jusqu’alors inaccessibles.  Les organismes humanitaires ont dû faire face aux besoins de 350.000 personnes supplémentaires, représentant les familles des forces militaires de l’UNITA.  Il y a aussi un nombre indéterminé de réfugiés en Zambie, en République démocratique du Congo ou en Namibie, qu’il va falloir rapatrier.  Le Gouvernement a demandé notamment au Programme alimentaire mondial de continuer d’intervenir jusqu’en décembre 2002.  Mais M. Gambari a rappelé que, ans le même temps, la communauté internationale n’a à ce jour honoré que 10% des besoins recensés par l’Appel consolidé, estimant que l Conseil pourrait lancer un appel à poursuivre l’assistance à l’Angola dans cette phase critique.


M. Gambari a fait valoir qu’il ressortait clairement de sa mission sur place que l’Angola attend des Nations Unies qu’elles jouent un rôle certain dans la phase actuelle du processus de paix dans les domaines suivants: observation militaire des processus de cantonnements, soutiens technique et administratif, démobilisation et réintégration, soutien humanitaire et participation de l’ONU à la Commission conjointe dans la seconde phase du processus.  Le Gouvernement angolais est d’avis que le mandat de l’ONU sur place doit être ajusté à la situation.  Le Secrétaire général nous a demandé de commencer une évaluation critique dans les domaines pour lesquels le Gouvernement a demandé le soutien de l’ONU et d’identifier les besoins en hommes et financiers. 


M. ISMAEL GASPAR MARTINS (Angola) a observé que le Conseil de sécurité des Nations Unies avait joué un rôle déterminant dans la conclusion de la paix en Angola, grâce à ses résolutions et à ses déclarations présidentielles.  Il a remercié le Secrétaire général ainsi que les Gouvernements américain, russe et portugais qui constituent la Troïka pour leur assistance dans la conclusion de l’accord de cessez-le-feu du 4 avril.  A cet égard, l’Ambassadeur s’est félicité de pouvoir annoncer qu’aucune violation de ce cessez-le-feu ne s’est produite depuis sa signature.  Il a rappelé que la mise en œuvre du Mémorandum d’accord se ferait en deux phases, la première concernant le désarmement, l’intégration et la démobilisation de 55.000 combattants de l’UNITA et le relogement de 350.000 membres de leurs familles.  Les parties se sont accordées sur le fait que 5 000 combattants de l’UNITA seraient intégrés à l’armée angolaise et à la police nationale, les autres étant réintégrés à la société civile.  La conclusion de cette première phase devrait lever les obstacles militaires à la mise en œuvre des dispositions politiques du Protocole de Lusaka.  Les parties ont donné leur accord, à cet égard, au rétablissement de la Commission conjointe pour superviser cette mise en œuvre.


Le cessez-le-feu, a souligné le représentant, vise à parvenir à une paix durable en Angola.  Pour ce, les Nations Unies et la communauté internationale ont un rôle fondamental à jouer.  Pendant la première phase du processus, a-t-il souhaité, les Nations Unies devront fournir des observateurs militaires et non militaires pour participer à la Commission conjointe ainsi qu’une assistance technique et matérielle au cantonnement, à la démobilisation, au désarmement et à la réintégration des effectifs de l’UNITA.  En outre, les Nations Unies sont appelées à fournir une aide technique et à mobiliser des ressources pour les soldats et leurs familles, ainsi qu’à préparer une conférence internationale des donateurs sur l’aide humanitaire d’urgence.  Pendant la deuxième phase, a-t-il ajouté, les Nations Unies seront appelées à reprendre la présidence de la Commission conjointe prévue par le Protocole de Lusaka pour superviser le processus de réconciliation nationale et de reconstruction, devant aboutir à l’organisation d’élections.


La paix devenue réalité, l’Angola pourra se consacrer à un programme à long terme pour répondre aux besoins de la reconstruction, a assuré le représentant, estimant que la participation de l’ONU serait un facteur de réussite fondamental.  Son Gouvernement, a-t-il poursuivi, a salué l’adoption de la résolution 1404 prolongeant le mécanisme de surveillance des sanctions, estimant que celles-ci constituent un instrument efficace pour assurer la mise en œuvre du Protocole de Lusaka.  Toutefois, il a indiqué que les autorités angolaises étaient prêtes à coopérer avec le Conseil de sécurité pour considérer les exemptions appropriées qui viseraient à faciliter le processus de réconciliation nationale.


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