DES DELEGATIONS DEBATTENT AU CONSEIL DE LA PROPOSITION DU SECRETAIRE GENERAL
Communiqué de presse CS/2293 |
Conseil de sécurité
4515e séance plénière
DES DELEGATIONS DEBATTENT AU CONSEIL DE LA PROPOSITION DU SECRETAIRE GENERAL
DE DEPLOYER UNE FORCE MULTINATIONALE AU MOYEN-ORIENT
L’envoi d’une force multinationale au Moyen-Orient a été au cœur des préoccupations des délégations qui se sont exprimées cet après-midi devant le Conseil de sécurité au cours d’une séance consacrée à l’examen la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne, à la demande du Groupe arabe. Le Conseil se réunissait après l’appel lancé dans la matinée par le Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, en faveur du déploiement d’une force multinationale dans la région, en vertu du Chapitre VII de la Charte de l’ONU, dans le cadre de consultations plénières privées du Conseil. Une telle force, qui ne serait pas onusienne, a précisé M. Annan, devrait être constituée rapidement. De nombreuses délégations ont appuyé cette proposition du Secrétaire général, à l’instar du représentant du Maroc, qui a estimé quant à lui que les membres du Conseil de sécurité, confrontés à un véritable défi, devraient assumer leur rôle qui est avant tout celui de l’action et non de la discussion.
Il est temps que les choses soient reprises en mains car, à mesure que le temps passe, la haine et la colère s’accumulent, a pour sa part déclaré le représentant de l’Egypte qui, après avoir entendu l’Observateur permanent de Palestine, a demandé au Conseil l’envoi d’une mission d’établissement des faits dans le camp de Jénine et dans les territoires palestiniens. En effet, M. Nasser Al-Kidwa avait déploré que, pour la vingtième journée consécutive, l’agression israélienne continue contre le peuple palestinien malgré l’adoption des résolutions 1402 et 1403 du Conseil et les appels lancés par la communauté internationale pour que les forces d’occupation se retirent des territoires et des camps de réfugiés palestiniens. Dénonçant ces crimes de guerre prémédités et dont l’objectif est de détruire l’Autorité et l’infrastructure palestiniennes, M. Al-Kidwa a condamné la situation dans le camp de réfugiés de Jénine, qui abrite 15 000 Palestiniens, et où des tueries massives ont eu lieu.
Pendant plus de dix jours, les forces d’occupation israéliennes ont interdit l’accès du camp aux organisations humanitaires, les blessés étaient ensevelis sous les décombres et les cadavres de ceux qui ont péri n’ont pu être évacués, a déploré l’Observateur de la Palestine. Face à cette situation, il importe que le Conseil de sécurité dépêche une force multinationale crédible dans les territoires palestiniens, agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte, a-t-il estimé, de simples observateurs n’étant pas en mesure de s’acquitter d’un tel mandat. Cette force permettra à l’Autorité palestinienne de reconstruire ses infrastructures en lui apportant ainsi un certain niveau de sécurité.
Le principe de cette force a été rejeté par le représentant d’Israël, M. Aaron Jacob, qui a estimé qu'elle ne jouerait aucun rôle utile et qu'elle ne pourrait se matérialiser qu’avec l'accord des deux parties. M. Jacob a demandé si le rôle de cette force avait pour objectif de contribuer au désarmement des terroristes ou encore d'empêcher le Président Arafat de financer les attentats suicides. Il a mis en garde contre la volonté de contraindre les actions d’Israël pour démanteler ces sanctuaires terroristes et jugé que cette politique contribuerait naturellement à encourager la poursuite des actes terroristes par les Palestiniens. Il a dénoncé, à ce titre, les allégations mensongères présentant comme un massacre la situation dans le camp de Jénine qui est en réalité le théâtre d'un affrontement entre terroristes palestiniens et soldats israéliens, tout comme le sont les combats dans l'église de la Nativité, à Bethléem. Le représentant d'Israël s'est dit favorable à une présence américaine pour observer la mise en oeuvre du Plan Tenet et des recommandations du rapport Mitchell et a indiqué que le retrait déjà engagé des troupes israéliennes allait se poursuivre au cours des prochains jours.
Le représentant d'Israël a invité la communauté internationale à répondre positivement à la proposition de conférence régionale de paix faite par le Premier Ministre Sharon, proposition immédiatement déclinée par l’Observateur palestinien qui a jugé que toute conférence dépourvue de substance serait sans fondement. Des représentants du Groupe arabe ont, à l'instar de la Jordanie et de l'Algérie, estimé que cette conférence ne pouvait être envisagée sans la présence du Président Arafat qui demeure le dirigeant élu du peuple palestinien.
Outre les délégations déjà mentionnées, les représentants des pays suivants ont pris la parole au cours du débat : Tunisie, Pakistan, Afrique du Sud, Espagne (au nom de l'Union européenne et des pays associés), Koweït, Mongolie, Brésil, Cuba, Malaisie, Inde, Bangladesh, Iraq, Soudan, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Canada, Japon, Indonésie, République islamique d’Iran, République de Corée, Mauritanie et Oman.
Le Conseil poursuivra son débat demain, vendredi 19 avril, à l’issue de ses consultations officieuses.
M. NASSER AL KIDWA, Observateur de la Palestine, a déclaré que pour la vingtième journée consécutive, l’agression israélienne continue contre le peuple palestinien, malgré l’adoption des résolutions 1402 et 1403 par le Conseil de sécurité et les appels lancés par la communauté internationale pour que les forces d’occupation se retirent des territoires et des camps de réfugiés palestiniens. La situation humanitaire sur le terrain est choquante, les forces d’occupation ayant commis des violations très graves des conventions internationales, y compris des meurtres délibérés de civils. Ces crimes de guerre étaient prémédités et avaient pour objectif de détruire l’Autorité et l’infrastructure palestiniennes. Dans le camp de réfugiés de Jénine qui compte 15 000 Palestiniens, l’horreur va plus loin. Des tueries massives ont eu lieu. Pendant plus de 10 jours, les forces d’occupation ont interdit l’accès du camp aux organisations humanitaires. Des blessés étaient ensevelis sous les décombres, tandis que les cadavres de ceux qui ont péri n’ont pas pu être évacués. Les auteurs de ces crimes de guerre doivent être traduits en justice. Nous avions déjà dans le passé demandé la comparution en justice du Général Sharon pour le massacre de civils et nous réitérons cet appel aujourd’hui. A Jénine, un massacre a été perpétré, quel qu’en soit le nombre de victimes. En outre, des destructions massives ont également eu lieu dans d’autres localités, les hommes étant enlevés et mis en prison. On compte 5 000 détenus dans des camps de détention collective. Le siège de l’église de la Nativité constitue une violation des normes internationales et même des normes religieuses, tout comme le sont les conditions qu’imposent les forces d’occupation pour retirer leurs troupes. Nous condamnons toute complicité avec la position israélienne. Nous n’accepterons jamais aucune négociation sur l’application des résolutions 1402 et 1403.
La Déclaration adoptée à Madrid par le «Quartet» insiste auprès du Conseil sur l’application immédiate de ses résolutions et nous avons fait part de notre détermination auprès du Secrétaire d’Etat américain, M.Colin Powell, de coopérer à leur application. Malheureusement, malgré l’arrivée du Secrétaire d’Etat sur le terrain, Israël refuse de retirer ses forces et maintient ses activités militaires ainsi que le siège de l’Autorité palestinienne et celui de l’église de la Nativité. Ceci se produit contre la volonté du Conseil de sécurité. Celui-ci doit invoquer le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies pour faire appliquer ses résolutions. Nous vous demandons d’adopter le projet de résolution qui vous est présenté aujourd’hui. La position du Secrétaire général des Nations Unies est claire, à savoir la nécessité pour le Conseil de créer une force multinationale crédible qui serait envoyée dans les territoires occupés et qui serait composée d’Etats prêts à y participer. Nous nous rallions à sa position selon laquelle de simples observateurs n’auront pas le mandat de participer à une telle mission. Il faut que cette force donne la possibilité à l’Autorité palestinienne de reconstruire ses infrastructures et, pour ce faire, elle doit bénéficier d’un certain niveau de sécurité. Nous insistons également pour raviver la piste politique. A ce stade, nous regrettons la déclaration stupide qu’Israël a faite concernant la tenue éventuelle d’une conférence de paix qui doit s’intéresser à tous les aspects du problème au Moyen-Orient, y compris la situation israélo-syrienne, et reposer sur une vision concertée. Toute conférence qui n’est qu’un mécanisme dépourvu de substance serait dénuée de sens. Il faut concilier les anciennes résolutions du Conseil de sécurité et les nouvelles initiatives comme celle du Prince Abdallah qui a été entérinée par le Sommet de la Ligue des Etats arabes. C’est la route qui nous permettra l’application de la proposition du
Secrétaire général. Nous demandons aujourd’hui l’application immédiate des résolutions 1402 et 1403 et surtout le retrait des forces d’occupation des territoires palestiniens. Dans le cas contraire, je crains que le Gouvernement Sharon n’attire la région au bord du précipice.
M. AARON JACOB (Israël) a précisé que son pays procède actuellement au retrait de ses troupes des villes palestiniennes conformément à la résolution 1402 et poursuivrait ce retrait au cours des prochains jours. Cependant, ce retrait ne peut se faire dans le désordre et la résolution 1402 demandait également aux Palestiniens de prendre des mesures pour mettre fin au terrorisme et pour conclure un cessez-le-feu, ce en quoi ils ont échoué. Comment peut répondre le Conseil à cette situation, s’est interrogé le représentant d’Israël avant de se demander à quoi sert l’adoption de résolutions univoques et faisant des concessions à la terreur sans jamais dénoncer le non-respect de leurs engagements par les Palestiniens, à savoir ceux visant à mettre un terme à la violence et à la terreur. Qualifier de massacre la bataille qui s’est déroulée à Jénine est très clairement une aubaine pour la partie palestinienne et c’est là une injustice qui vise à établir un parallèle entre les auteurs d’attentats-suicides qui s’en prennent à des civils innocents et l’action des militaires qui vise précisément à prévenir ces attentats. Jénine a été le théâtre d’échanges de tirs intenses entre soldats israéliens et terroristes palestiniens et la mort de 23 soldats israéliens, de même que le nombre élevé de blessés en attestent. Les allégations de massacres ont été contredites par des journalistes étrangers du Washington Post, de Newsday et de CNN, a ajouté M. Jacob et le Conseil de sécurité ne serait pas crédible en se basant sur de telles allégations.
Pour ceux qui sont sensibles au respect du droit humanitaire, il serait judicieux de s’interroger sur les raisons pour lesquelles certaines villes palestiniennes et des camps de réfugiés, comme celui de Jénine, sont devenus des sanctuaires pour le terrorisme au mépris des résolutions 1296 et 1208 du Conseil de sécurité et du droit international. Le caractère civil de ces camps de réfugiés a été dénaturé et personne n’a enquêté sur ces activités terroristes dans des camps qui étaient censés être gérés notamment par les Nations Unies. Les actes d’Israël sont montrés du doigt aujourd’hui alors qu’il réagit là à l’échec patent des Palestiniens d’honorer leurs engagements. Notre pays a fait cela pour protéger ses civils, a-t-il dit, ajoutant que d’autres pays avaient pris des mesures plus draconiennes pour lutter contre le terrorisme sans être pour autant montrées du doigt par le Conseil de sécurité.
Abordant la situation dans l’église de la Nativité, M. Jacob a déclaré que des hommes armés continuent de tirer sur des soldats israéliens, au mépris des lois et des coutumes qui établissent que l’utilisation d’un lieu saint à des fins militaires constitue un crime de guerre. Pour autant, Israël s’efforce de trouver une solution pacifique à cette crise où des hommes armés prennent en otage cette église et le Conseil de sécurité ne peut, encore une fois, se faire l’écho d’allégations partiales et mensongères.
M. Jacob a poursuivi en soulignant que des progrès notables ont été réalisés au cours de la visite du Secrétaire d’Etat américain, M. Colin Powell, au Moyen-Orient, invitant la communauté internationale à réagir de manière positive à la proposition de conférence régionale de paix faite par le Premier Ministre Sharon. La visite de M. Powell a notamment permis d’atténuer la tension sur la frontière Nord, a observé le représentant israélien, tout en dénonçant les attaques du Hezbollah qui perdurent et en regrettant que la présence internationale n’ait en rien permis de neutraliser les terroristes. Israël est attaché à la protection de sa population le long de la Ligne bleue et entend se protéger contre les attaques terroristes perpétrées à partir du Liban, a-t-il dit avant de s’interroger sur la pertinence de déployer une force internationale. M. Jacob a demandé si cette force permettrait de désarmer les terroristes ou si elle empêcherait le Président Arafat de financer les attentats suicides avant de mettre en garde contre une volonté de contraindre les actions d’Israël pour démanteler ces sanctuaires, politique qui, selon lui, contribuerait naturellement à encourager la poursuite du terrorisme palestinien. Une telle force ne jouerait aucun rôle utile, a-t-il déclaré, et elle ne peut se matérialiser sans l’accord des deux parties, le représentant optant plutôt pour une présence américaine qui serait chargée de contrôler la mise en oeuvre du Plan Tenet et du rapport Mitchell. Rappelant les dispositions de la résolution 1397 agréées par les deux parties de même que les recommandations contenues dans le rapport Mitchell et le Plan Tenet, M. Jacob a assuré que son pays n’est pas opposé à la création d’un Etat palestinien mais qu’il s’oppose à ceux qui veulent détruire l’Etat juif. Il est temps que la communauté internationale prenne conscience que cette position est partagée au plus haut niveau chez les dirigeants palestiniens, a-t-il ajouté, citant un document émanant du cabinet du Président Arafat et datant du 30 septembre 2001. Il a rappelé que le retrait israélien est déjà en cours et qu’il s’accélèrera au cours des prochains jours mais le reste de la résolution 1402 doit encore être mis en oeuvre par la partie palestinienne, a précisé M. Jacob.
M. NOUREDDINE MEJDOUB (Tunisie) a fait part, au nom des Etats arabes, de sa déception quant à la non-application des résolutions du Conseil en raison de la politique suicidaire d’Israël qui a fait fi de tous les appels à la raison lancés par la communauté internationale. Les attaques de l’armée israélienne ont des répercussions graves du point de vue des normes internationales. Assiéger, affamer un peuple tout entier et massacrer des civils innocents constituent des crimes contre l’humanité, y compris des crimes de génocide et de liquidation. Le représentant a dénoncé les entraves à l’accès des journalistes et organisations humanitaires dans le camp de Jénine. L’Organisation « Human Rights Watch » a qualifié ces actions de crimes de guerre. En empêchant la Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme de se rendre dans les territoires occupés, Israël cherche à gagner du temps pour dissimuler ses crimes. Nous devons assumer nos responsabilités sans appliquer un système de « deux poids, deux mesures». Le droit international est un concept d’ensemble intégré et l’appartenance à la communauté internationale implique un respect des engagements internationaux.
Il est nécessaire de trouver une solution internationale dans le cadre de laquelle les Etats-Unis, la Fédération de Russie et l’Union européenne soient plus impliqués. Nous demandons le retrait d’Israël des villes et villages palestiniens réoccupés, la levée immédiate de tous les obstacles imposés aux organismes humanitaires, l’accès immédiat au camp de Jénine, la levée du siège de nombreux lieux saints, y compris l’église de la Nativité, le renoncement à l’idée d’expulser les Palestiniens de leur terre, la fin du siège de l’Autorité palestinienne et des destructions des symboles souverains, l’accès des ambulances aux blessés, la fin des rumeurs et l’envoi d’une mission d’établissement des faits par Mme Robinson et d’un comité international d’observateurs par le Secrétaire général. Le déploiement d’une force internationale est la seule garantie pour protéger le peuple palestinien et nous nous félicitons de l’initiative sur l’envoi d’une telle force, présentée aujourd’hui par le Secrétaire général au Conseil de sécurité. Le peuple palestinien doit pouvoir créer son propre Etat, aux côtés de celui d’Israël.
Le représentant a ajouté que son pays soutient la résolution présentée aujourd’hui qui est de nature à réveiller la conscience occidentale. L’occasion est donnée aujourd’hui au Conseil de calmer les démons de ce nouvel Israël que beaucoup ne reconnaissent plus. Je veux croire que l’Amérique que nous avions découverte dans notre jeunesse avec des valeurs universelles ne peut pas subir les caprices de l’ultranationalisme débridé du Likoud extrémiste. Le monde arabe a mis sur la table toutes ses cartes politiques lors du Sommet de Beyrouth, à savoir fin de la belligérance, normalisation et coopération. Il n’y a pas de solution militaire à ce conflit mais une solution politique. Il est vain de confondre le terrorisme avec un mouvement de libération nationale car les Palestiniens sont occupés depuis 35 ans. L’aspiration à la liberté, à l’indépendance et à un Etat palestinien doit être satisfaite en même temps que le droit des Israéliens à la sécurité. Dès qu’une velléité politique sera en vue, il faudra revenir à l’idée avancée par le Secrétaire général sur le déploiement d’une force multilatérale d’interposition. Pour l’heure, nous demandons à Israël de retirer ses troupes des villes, villages et lieux sacrés. Ne touchez pas à Arafat et appliquez les résolutions du Conseil de sécurité. Arrêtez vos massacres, a appelé le représentant.
M. AHMED ABOULGHEIT (Egypte) a déploré que le Conseil de sécurité ait à se pencher une nouvelle fois sur le résultat tragique de l’occupation et de l’agression israéliennes dans les territoires palestiniens. Il a dénoncé le fait qu’Israël méprise les résolutions adoptées par le Conseil de sécurité et la quatrième Convention de Genève, observant que le Gouvernement israélien défie ainsi la communauté internationale. Nous ne pouvons rester indifférents et il nous appartient de tirer les enseignements du dernier siècle qui a vu la communauté internationale se lever pour mettre en pièce l’agression, et créer ensuite un nouvel ordre international qui est aujourd’hui défié et menacé. Il appartient au Conseil d’imposer à Israël le respect des résolutions qu’il a adoptées et de prendre des mesures d’urgence décisives, en envoyant par exemple une mission composée de ses membres afin d’évaluer les destructions occasionnées par cette agression ainsi que les pertes en vies humaines. Cette mission, a-t-il poursuivi, présenterait un rapport au Conseil dans les deux semaines suivant son retour afin de permettre à la communauté internationale de prendre des mesures pour empêcher les responsables de ces crimes de se soustraire à la justice. L’urgence est aussi d’envoyer une force internationale chargée, entre autres, de vérifier l’application du cessez-le-feu et de protéger les civils en empêchant Israël de perpétrer de nouveaux actes d’agression, a estimé le représentant de l’Egypte. Il a également demandé au Conseil d’imposer le respect de la liberté d’action et de mouvement des organisations humanitaires internationales telles que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
Il est urgent d’apporter une assistance au peuple palestinien pour lui permettre de cicatriser les graves préjudices matériels et psychologiques causés par Israël, a déclaré M. Aboulgheit, et les membres permanents du Conseil doivent contraindre Israël à lever immédiatement le siège auquel il soumet le quartier général de l’Autorité palestinienne et les lieux saints tels que l’église de la Nativité à Béthléem. Nous ne pouvons concevoir que les Palestiniens acceptent l’occupation de leurs terres, a-t-il poursuivi en soulignant que ce conflit ne peut être réglé par la voie militaire. Israël, a-t-il ajouté, parviendra tôt ou tard à la même conclusion car on ne peut empêcher la résistance à l’occupation à moins de mettre fin à l’agression. Il a demandé le retrait intégral des forces israéliennes du territoire palestinien occupé depuis le 4 juin 1967 et la création d’un Etat palestinien avec Jérusalem-Est comme capitale. Il est essentiel que tout le monde assume ses responsabilités et que les choses soient reprises en main car, à mesure que le temps passe, la haine et la colère s’accumulent, a déclaré M. Aboulgheit.
M. SHAMSHAD AHMAD (Pakistan) a indiqué que le récent massacre de Jénine est aussi excessif qu’inexcusable. Rien ne peut justifier l’assassinat gratuit de dizaines, voire de centaines de Palestiniens, a-t-il ajouté. Cela s’est produit malgré et au mépris des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Il faut une enquête immédiate, détaillée et impartiale. Alors que le Président Arafat, a poursuivi le représentant, a montré un respect louable à l’égard du droit humanitaire en dénonçant toutes les attaques terroristes qui ont visé des civils innocents, Israël devrait aussi se soumettre au droit international, en particulier au droit international humanitaire. Il a en outre estimé que le Conseil de sécurité doit prendre les mesures efficaces, si nécessaire au titre du chapitre VII, pour faire en sorte que cessent immédiatement les actions militaires israéliennes, qu’il y ait retrait total des forces israéliennes des territoires occupés et que reprenne, de façon urgente, le processus politique visant le règlement de la question palestinienne conformément à ses propres résolutions. Il en va de la crédibilité et de l’autorité morale du Conseil, a-t-il indiqué.
Le Pakistan, a poursuivi M. Ahmad, déplore l’assassinat de civils innocents dans cette région. Nous nous félicitons de l’appel du Secrétaire général pour déployer une force internationale visant à assurer la sécurité et une ouverture à des stratégies diplomatiques. Nous soutenons cette proposition, a-t-il expliqué, et pensons que le déploiement immédiat d’une force internationale dans la région créerait non seulement un environnement sûr avec la cessation des violences mais permettrait également au processus de paix de se remettre sur ses rails. Le déploiement de cette force, a-t-il conclu, doit être immédiatement autorisé par le Conseil de sécurité.
M.DUMISANI S. KUMALO (Afrique du Sud), s’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, a indiqué que le mépris délibéré à l’égard du Conseil de sécurité ne peut plus continuer. Le Conseil de sécurité, a-t-il ajouté, doit prendre les mesures décisives pour assurer une conformité totale, inconditionnelle et immédiate avec ses résolutions, ainsi que le respect du droit international humanitaire et, en particulier, la quatrième Convention de Genève de 1949. Nous soutenons pour toutes ces raisons l’appel du Secrétaire général à autoriser le déploiement d’une force multinationale impartiale formée d’une coalition des volontés qui souhaitent travailler avec les parties concernées pour mettre fin au cycle de la violence. Cette force, a-t-il poursuivi, exigerait un mandat solide, une force crédible et une envergure suffisante pour s’acquitter efficacement de son mandat.
Le Mouvement des pays non alignés, a indiqué le représentant, est gravement préoccupé par les informations concernant les tueries d’un grand nombre de civils dans les territoires occupés, en particulier dans le camp de réfugiés de Jénine, par les forces israéliennes. L’heure est venue pour les Nations Unies de demander au Secrétaire général de mener une enquête impartiale afin d’établir l’étendue de ces événements tragiques qui se sont produits à Jénine. Comme l’a dit le Secrétaire général, les forces israéliennes ont largement bafoué les normes de droit international humanitaire et les droits de l’homme fondamentaux. Le Secrétaire général demande qu’Israël assure un plein accès aux services et institutions humanitaires, a-t-il rappelé. Le Conseil de sécurité, a ajouté M. Kumalo, ne peut permettre le siège des locaux du Président Arafat, de même que l’impasse de la situation à l’église de la Nativité. Nous sommes aussi gravement préoccupés par la détention des civils palestiniens et de leurs leaders par Israël. Nous appelons le Conseil de sécurité à agir pour s’assurer du respect de ses résolutions, obtenir le retrait immédiat des forces israéliennes et la signature d’un cessez-le-feu par les deux parties, ainsi que pour autoriser le déploiement d’une présence internationale sur le terrain.
M. INOCENCIO ARIAS (Espagne) a réitéré, au nom de l’Union européenne et des Etats associés, sa condamnation du terrorisme et de la violence et a lancé un appel aux dirigeants d’Israël et de l’Autorité palestinienne d’agir dans l’intérêt de leurs peuples, de la région et de la communauté internationale et de mettre un terme immédiatement à la confrontation. Le représentant, regrettant que les résolutions 1402 et 1403 du Conseil de sécurité ne soient toujours pas appliquées, a demandé à Israël de cesser ses opérations militaires dans les territoires palestiniens et de se retirer des villes réoccupées depuis le 29 mars dernier ainsi que d’autres zones. La destruction de l’Autorité palestinienne, le confinement et l’humiliation infligés au peuple palestinien, le non-respect de leurs droits ainsi que l’isolation du Président Arafat sont inacceptables. De son côté, le Président Arafat doit prendre des mesures immédiates pour faire cesser les attaques terroristes et démanteler les structures terroristes et mettre un terme à l’incitation à la violence. Nous nous félicitons de la déclaration en date du 13 avril faite par le Président Arafat dans laquelle il condamne tous les actes de terrorisme à l’encontre de civils israéliens et palestiniens. Il doit maintenant montrer clairement qu’il est capable de respecter ses engagements et de produire des résultats concrets.
Préoccupé par la situation humanitaire dans les territoires palestiniens, le représentant a demandé à Israël de permettre aux organisations humanitaires et médicales ainsi qu’aux représentants diplomatiques et consulaires de s’acquitter de leur mandat. La situation dans le camp de Jénine est également alarmante. La lutte légitime que mène Israël contre le terrorisme n’a rien à gagner des mesures d’intimidation et de harcèlement prises contre la population civile innocente. Israël doit pleinement respecter les conventions internationales, y compris les conventions des Nations Unies sur la protection des civils en temps de guerre. Israël doit faire preuve de coopération avec les organisations humanitaires.
Il ne peut pas y avoir de solution militaire à ce conflit. Nous devons nous appuyer sur les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité et le principe de l’échange de «la terre contre la paix», la création d’un Etat viable d’un point de vue économique et politique et l’octroi de garanties de sécurité pour Israël. Plus que jamais, nous devons disposer de la volonté politique des parties. Nous demandons instamment aux parties de coopérer avec les efforts déployés par le Secrétaire d’Etat américain Colin Powell et l’Envoyé spécial, M. Anthony Zinni et de mettre en œuvre le Plan Tenet et les recommandations du rapport Mitchell. L’Union européenne est convaincue qu’un mécanisme d’observation tiers sur le terrain est essentiel pour restaurer la confiance et faire des progrès sur le front politique et sécuritaire et se dit disposée à participer à un tel mécanisme. Nous sommes également favorables à l’appel lancé par le Secrétaire général des Nations Unies en faveur du déploiement d’une force multinationale dans la région.
M. MOHAMMED BENNOUNA (Maroc) a indiqué que M. Colin Powell n’a obtenu aucun engagement précis de M. Sharon pour ramener ses forces d’intervention et de répression à leur base de départ. L’action menée par la plus grande puissance du monde, avec l’appui de l’Union européenne, de la Fédération de la Russie et des Nations Unies, n’a eu aucun impact sur Israël. Un tel défi au monde entier est-il acceptable, a demandé le représentant? S’il y a échec de la mission Powell, c’est l’échec de la paix et de la justice, c’est l’échec de la communauté internationale, a-t-il estimé. C’est la perte de crédibilité du Conseil de sécurité qui a la responsabilité principale pour le maintien de la paix.
Le Royaume du Maroc, a-t-il poursuivi, salue l’initiative du Secrétaire général qu’il a lancée depuis Genève et qu’il a exposée ce matin même au Conseil de sécurité. Seule une force d’interposition serait à même aujourd’hui de permettre l’apaisement sur le terrain, tout en pansant les plaies des victimes. Mais il est tout aussi impératif de redonner toute sa liberté de mouvement au Président légitime de l’Autorité palestinienne. Le Royaume du Maroc demande à ce que toute la lumière soit faite sur les tueries massives de Jénine. Il faut que le monde sache et il faut, pour ce faire, mener une enquête impartiale et sans aucun parti pris. Elle nécessite des experts impartiaux et compétents qui oeuvrent dans la sérénité. Il faut que cette enquête soit faite, a-t-il conclu, il y va de toute l’éthique et de tout le corpus juridique sur lesquels repose notre Organisation.
M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a déclaré que le non-respect par Israël des résolutions du Conseil de sécurité a sérieusement mis à mal la crédibilité de cet organe. Dans ce contexte, il a dénoncé les exactions commises par l'armée israélienne au mépris des règles les plus élémentaires du droit international humanitaire. C'est pourquoi, il a appelé le Conseil de sécurité à assumer ses responsabilités et à adopter une attitude qui soit à la mesure du défi auquel il a à faire face. Il a formé le voeu que le Conseil puisse adopter la résolution présentée par le Groupe arabe dont les propositions vont, selon lui, dans le sens du respect du droit et de la pertinence du droit international, en particulier de la quatrième Convention de Genève de 1949.
Le représentant algérien a, par ailleurs, insisté sur le fait que l'adoption de ce texte donnera à la communauté internationale l'occasion de se rattraper en assurant ainsi la protection des populations civiles. Il a également demandé la conduite d'une enquête rapide et approfondie sur les massacres commis en Palestine, dans le souci de rétablir la crédibilité du droit international. Dans le même ordre d'idées, il a exhorté la communauté internationale à déployer une force multinationale. En conclusion, M. Baali a cité les contours et le contenu de l'initiative du récent Sommet arabe du Beyrouth, fondée sur la légalité internationale et le principe de l'échange de la terre contre la paix, comme un exemple à suivre.
M. MOHAMMAD A. ABULHASAN (Koweït) a regretté que les efforts de la communauté internationale n’aient pas convaincu Israël de mettre un terme au conflit qui se transforme, sous les yeux du monde entier, en crise humanitaire. Israël en vient maintenant à dissimuler ses actes derrière la campagne internationale de lutte contre le terrorisme alors qu’il en est le principal instigateur dans la région. Il n’y a pas d’occupation plus cruelle que celle menée par Israël qui ne génère que la haine et la colère. Nous condamnons les crimes perpétrés contre les civils palestiniens, en particulier dans le camp de Jénine. Nous sommes attristés par l’image de ces enfants palestiniens qui vivent la pire époque de leur vie et il est cynique de la part d’Israël d’avoir l’intention de participer à la session extraordinaire de l’Assemblée générale sur les enfants. Nous demandons qu’Israël soit tenu pour responsable de ses actes. Nous soutenons les revendications palestiniennes et demandons à Israël d’appliquer les résolutions du Conseil de sécurité et de retirer ses forces des territoires réoccupés et des lieux saints. Nous encourageons le Secrétaire général pour son initiative. Toutefois, le rituel veut qu’Israël s’oppose à tout développement positif. C’est pourquoi, nous appelons le « Quartet » à exercer des pressions sur Israël pour qu’il applique les résolutions du Conseil de sécurité. La paix dans la région sera menacée si le Conseil de sécurité persiste à fermer les yeux sur la colère arabe.
M. ZEID RA’AD ZEID AL-HUSSEIN (Jordanie) a déclaré que l’escalade de la violence par Israël et les agressions à l’encontre du peuple palestinien constituent des crimes de guerre qui doivent être fermement condamnés. Dénonçant ces violations flagrantes des résolutions du Conseil de sécurité et de la quatrième Convention de Genève sur la protection des civils en temps de guerre, il a jugé que l’option militaire ne pouvait mener à la paix et a invité le Gouvernement israélien à privilégier une solution politique en respectant les résolutions 1402 et 1403 du Conseil. Le représentant a exhorté Israël à procéder sans délai au retrait de ses forces, à lever le siège du quartier général de l’Autorité palestinienne ainsi que celui des lieux saints, et en particulier de l’église de la Nativité de Béthléem. Il a rejeté toute idée de conférence internationale qui se déroulerait en l’absence du Président Arafat et a demandé la mise en place de toute urgence d’une commission d’établissement des faits chargée d’enquêter sur les massacres intervenus dans les camps de réfugiés de Jénine. Il a appuyé également le principe d’une force multinationale, agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte de l’ONU, et s’est félicité de la proposition faite par le Secrétaire général, M. Kofi Annan. Réaffirmant le soutien de son pays au Président Arafat, qui a été élu par le peuple palestinien, le représentant jordanien a demandé aux Israéliens de cesser les agressions à l’endroit de l’Autorité palestinienne.
M. JARGAILSAIKHANY ENKHSAIKHAN (Mongolie) a déclaré que la persistance du conflit israélo-palestinien était non seulement une menace pour la paix et la stabilité régionales, mais également une atteinte à la justice et la paix internationales. Il a également souligné que la mise en oeuvre des résolutions 1397, 1402 et 1403 - qui témoignent des efforts du Conseil de sécurité en ce sens - est la condition préalable à la tenue de négociations qui permettraient d'aboutir à une situation où les deux peuples, Palestiniens et Israéliens, vivraient en paix côte à côte, à l'intérieur de frontières internationalement reconnues. Dans ce contexte, il a appelé la communauté internationale à mettre en oeuvre les dispositions du plan dE paix du Prince héritier Abdallah d’Arabie saoudite, dans le souci de normaliser les relations entre les pays arabes et Israël et d'assurer ainsi la stabilité, la paix et la sécurité de la région.
Le représentant de la Mongolie s'est, par ailleurs, félicité de la récente proposition du Secrétaire général pour le déploiement d'une force multinationale dans la région, en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, proposition qu'il a définie comme le seul moyen de mettre un terme à ce conflit. Il a également fait siennes les propositions énoncées la semaine dernière à Madrid par le “Quartet” diplomatique (Etats-Unis, Fédération de Russie, Nations Unies et Union européenne). Dans le même ordre d'idées, il a salué la démarche du Secrétaire d'Etat américain Colin Powell et ses efforts à l'intention des deux parties pour mettre fin aux violences. En conclusion, M. Enkhsaikhan a formé le voeu que le Conseil de sécurité puisse aboutir à des mesures concrètes permettant de mettre un terme à la situation catastrophique du Moyen-Orient.
M. GELSON FONSECA (Brésil) a estimé que la situation actuelle constitue une négation des actions prises par le Conseil de sécurité. Au lieu de se retirer des zones palestiniennes occupées illégalement, Israël a accru ses opérations militaires. Nous sommes alarmés par les rapports faisant état d’atrocités qui ne peuvent pas faire l’objet d’une enquête. Nous ne comprenons pas ce que cherche à obtenir le Gouvernement israélien mais nous savons qu’il ne s’agit pas du chemin de la paix. Nous convenons avec le Secrétaire général des Nations Unies pour dire que le droit à la légitime défense ne signifie pas la porte ouverte à l’agression. La communauté internationale est outrée de l’interdiction faite aux organisations humanitaires de pénétrer dans le camp de Jénine. Les Nations Unies ont la responsabilité de définir une stratégie claire pour mettre un terme à cette catastrophe humanitaire. Une fois de plus, nous condamnons les massacres de civils innocents, y compris le recours aux attentats-suicides répugnants. Nous condamnons également les destructions et les tentatives d’humilier le peuple palestinien et son dirigeant.
C’est aux Israéliens et aux Palestiniens d’accepter le simple fait qu’ils sont destinés à vivre ensemble et qu’ils doivent retourner à la table des négociations. Ceci ne sera possible que si Israël retire ses forces des villes palestiniennes occupées et que si les parties font preuve de détermination à contenir le niveau actuel de violence, d’agression et de provocation. Nous convenons pleinement de la nécessité de déployer immédiatement une présence internationale en Palestine afin d’observer directement les graves violations des droits de l’homme. Nous soutenons l’idée de mettre en place un mécanisme international qui aide les parties à mettre en œuvre les recommandations du rapport Mitchell et du Plan Tenet. Nous encourageons également le Conseil de sécurité à envisager de déployer une mission dans la région et sommes en faveur d’une force multinationale qui serait chargée par le Conseil de sécurité de veiller au respect du cessez-le-feu. Nous l’encourageons également à développer une stratégie claire pour remettre en mouvement un processus de négociations sur la base des propositions faites par le Prince héritier Abdullah d’Arabie Saoudite.
M. ORLANDO REQUEIJO (Cuba) a regretté les résultats décevants de la mission au Moyen-Orient du Secrétaire d’Etat américain, M. Colin Powell, qui a mis près de dix jours pour arriver à Ramallah, délai qui contraste avec la rapidité et la modernité des moyens mis en oeuvre par les Israéliens contre la population palestinienne. Il a toutefois assuré ne pas avoir attendu de résultats meilleurs, ironisant sur les propos du Secrétaire d’Etat américain qui se disait déçu par l’attitude du Président Arafat et s’interrogeant sur les raisons d’une telle déception. Comment se dire déçu de la réaction du Président Arafat qui est assiégé depuis des mois, vit sans eau, sans électricité, sans communications et dont le peuple est humilié par la présence israélienne? Il a dénoncé l’attitude des Etats-Unis qui entendent dénier aux Palestiniens leur droit à lutter pour l’autodétermination. Il a ajouté que le cessez-le-feu immédiat demandé par le Conseil dans ses résolutions 1402 et 1403 continue d’être ignoré par Israël dans l’impunité la plus totale. Le retrait de l’armée israélienne est fluctuant et absolument pas définitif, a-t-il fait observer avant de se demander si la communauté internationale attendait maintenant la prochaine mission du Secrétaire d’Etat américain dans la région pour prendre des mesures concrètes et décisives. Combien de morts faudra-t-il attendre pour réagir? Est-ce que le Gouvernement le plus puissant de la planète ne dispose pas des moyens pour persuader son partenaire du Moyen-Orient de changer d’attitude?
Le représentant a dénoncé l’immoralité de la logique de la politique des « deux poids, deux mesures » qui préside à la politique des Etats-Unis dans la région, demandant au Gouvernement américain s’il ne pouvait pas faire pression sur Israël en utilisant des mesures telles que la suspension de l’envoi d’armes ou des subventions accordées à Israël. Malgré les résolutions et autres appels du Conseil de sécurité, Israël souffre d’une surdité irréversible et se moque des appels de la communauté internationale, a-t-il regretté avant de conseiller aux membres du Conseil de se tourner vers ceux qui tirent les ficelles et couvrent les exactions israéliennes. “La crédibilité du Conseil ne peut plus être l’otage des desseins de l’un de ses membres même s’il brandit son droit de veto”, a déclaré M. Requeijo.
M. ZAINUDDIN YAHYA (Malaisie) a déclaré que le refus d'Israël de se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité et les exactions commises dans le camp de réfugiés de Jenine témoignent du peu d'intérêt que ce pays manifeste au respect du droit international. Dans ce contexte, il a formé le voeu que la Commission d'établissement des faits dirigée par la Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme puisse enquêter dans les plus brefs délais sur les violations des droits de l'homme pratiquées par les forces israéliennes. Il a fait siens les propos du Secrétaire général selon lequel les Israéliens bafouaient les principes humanitaires internationaux et a formé l'espoir qu'Israël accepte enfin de collaborer avec l'Office de secours et des travaux des réfugiés en Palestine (UNWRA) et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
Le représentant a regretté que la situation n'ait guère évolué en Palestine et que M. Yasser Arafat reste toujours en état de siège dans les locaux du quartier général de l'Autorité palestinienne à Ramallah, limitant ainsi ses possibilités de mouvement. Il a regretté que la mission du Secrétaire d'Etat américain Colin Powell n'ait pu aboutir à un cessez-le-feu et a déclaré qu'il serait inconcevable que M. Arafat, leader légitime du peuple palestinien, ne puisse participer aux pourparlers de paix proposés récemment par M. Sharon. Dans ce contexte, M. Yahya a fait sienne la proposition du Secrétaire général d'envoyer dans les territoires occupés une force de maintien de la paix multinationale qu'il a définie comme le seul moyen de mettre fin au conflit. En conclusion, il a exhorté le Conseil de sécurité à prendre rapidement une décision pour déployer cette force multinationale, dans le souci d'assurer la sécurité des populations civiles et mettre fin aux hostilités dans la région.
M. A. GOPINATHAN (Inde) a indiqué qu’une cessation immédiate des opérations militaires, le retrait d’Israël des territoires occupés et le cessez-le-feu sont les étapes les plus urgentes. La violence en Israël et à Jérusalem avec les horribles attentats-suicides à la bombe perpétrés par des Palestiniens contre des civils ne peuvent pas être justifiés et doivent cesser au plus tôt, a-t-il ajouté. Concernant la crise humanitaire grave dans les territoires occupés, nous pensons qu’il ne peut y avoir aucune justification à une telle crise, même le droit à la légitime défense. Les civils innocents sont sacro-saints, où qu’ils se trouvent. Les institutions humanitaires, a-t-il poursuivi, devraient avoir plein accès conformément aux principes humanitaires internationaux.
Nous appelons à la fin immédiate de la violence et à la reprise du dialogue, a-t-il indiqué. Le soutien de l’Inde à la cause palestinienne a été consistant, fort et inébranlable. Nous soutenons la déclaration conjointe de Madrid, rendue publique par le «Quartet» le 10 avril. Les efforts doivent redoubler. Aujourd’hui et à l’avenir, a-t-il précisé, le Président Arafat a un rôle important à jouer. Nous partageons entièrement les préoccupations de la communauté internationale sur sa santé et son bien-être. Dans le droit fil de la déclaration du «Quartet» du 10 avril, nous pensons qu’Israël doit immédiatement stopper ses opérations militaires, instaurer un cessez-le-feu immédiat et significatif, se retirer immédiatement et totalement, y compris de Ramallah et du siège du Président Arafat, autoriser un accès humanitaire total et sans entraves, s’abstenir de recourir à la force de façon excessive et assurer la protection des civils.
M. IFTEKHAR CHOWDHURY (Bangladesh) a déclaré qu’une tragédie humanitaire de grande ampleur se déroulait en Cisjordanie. Les atrocités commises par Israël ont pris des proportions insoutenables. La mission cruciale menée par le Secrétaire d’Etat américain, M. Colin Powell, n’a pas été vaine dans la mesure où elle a renforcé la perception qu’a la communauté internationale de la nécessité de demeurer impliquée dans la quête de la paix. Nous soutenons l’initiative du Secrétaire général visant à déployer une force multinationale et il est indispensable que le Conseil l’approuve en autorisant son déploiement. Le mandat de cette force doit être défini en proportion avec les défis sur le terrain. Tout retard pourrait avoir des conséquences terribles. Il en va également de la crédibilité du Conseil de sécurité, a averti M. Chowdhury.
M. MOHAMMED A. AL-DOURI (Iraq) a rappelé que c’est la quatrième fois en peu de jours que le Groupe arabe demande une réunion d’urgence du Conseil de sécurité, regrettant que celui-ci n’agisse pas de façon spontanée pour réagir à la menace à la paix internationale que constitue l’agression des forces israéliennes contre le peuple palestinien et contre l’Autorité palestinienne. Dénonçant également la violation flagrante par Israël de toutes les lois, de toutes les coutumes, de tous les pactes, il a demandé au Conseil de se montrer à la hauteur de la situation qui menace le peuple palestinien et le monde entier. Le moment n’est-il pas venu pour le Conseil de renoncer à la politique des «deux poids, deux mesures» et de sanctionner les crimes délibérés perpétrés par Israël. Il est temps de faire la différence entre les bourreaux et les victimes, a-t-il ajouté, tout en demandant si la revendication du peuple palestinien de disposer de sa terre et de bâtir un Etat souverain était illégitime. Nous devons reconnaître que le Conseil de sécurité n’a pas été à même de prendre des mesures en raison de la menace d’un de ses Etats membres d’imposer son veto avant d’avoir examiné tout projet de résolution, a-t-il poursuivi. Il a qualifié la situation en cours de crime de génocide, de crime contre l’humanité sans précédent, y compris aux pires heures du nazisme. L’entité sioniste n’a pas hésité à commettre n’importe quel crime dans le cadre d’une politique organisée, préméditée, et la politique des Etats-Unis demeure un encouragement pour Israël à poursuivre dans cette voie. Les forces d’occupation israéliennes n’ont aucun respect pour les millions de musulmans dans le monde et nous nous demandons ce que nous avons fait des mesures dissuasives telles que l’embargo ou les sanctions pour faire pression sur l’agresseur. La crédibilité du Conseil est en cause, et ce qui se passe en ce moment restera gravé comme une honte dans l’histoire des Nations Unies, a déclaré le représentant iraquien avant de dénoncer l’hypocrisie qui conduit à exempter certains agresseurs des mesures de dissuasion et de répression disponibles.
M. ELFATIH MOHAMED AHMED ERWA (Soudan) a déclaré que la détérioration de la situation dans les territoires occupés est due à la violation par Israël des résolutions du Conseil de sécurité. Le représentant a appuyé l’initiative présentée par le Secrétaire général au Conseil de sécurité qui demande l’envoi d’une force multinationale en Palestine ainsi qu’une enquête sur les crimes de génocide d’Israël, en particulier dans le camp de réfugiés de Jénine. La situation créée par les forces israéliennes est une catastrophe qui dépasse notre imagination. Les blessés enfouis sous les décombres succombent lentement tandis que les morts se décomposent, accroissant le risque de propagation des maladies. Il est nécessaire d’agir rapidement au sein du Conseil pour qu’il impose le respect de ses résolutions. Face à l’échec de toutes les missions diplomatiques, nous demandons au Conseil d’exercer des pressions pour qu’Israël se retire des territoires palestiniens, applique la quatrième Convention de Genève sur la protection des civils en temps de guerre et mette un terme à son agression contre le peuple palestinien. Dans le cas contraire, le Conseil perdra sa crédibilité.
M. FAWZI BIN ABDUL MAJEED SHOBOKSHI (Arabie saoudite) a estimé que le Gouvernement israélien essaie en fait de plonger le Moyen-Orient dans le chaos en faisant couler le sang par des crimes odieux. Par les assassinats de sang froid, les exécutions arbitraires, les destructions des maisons, les arrestations massives, les vols, les pillages et la destruction des fondements même de l’Autorité palestinienne, Israël s’efforce de transformer les zones palestiniennes en petits groupes d’habitants sans culture, sans patrimoine et sans souvenir. Rappelant les regrets d’Ariel Sharon, réitérés ce matin, de n’avoir pas tué le Président Arafat en 1982, le représentant a dénoncé le fait que ce “Premier Ministre-là” souhaite mettre, par les attaques des forces israéliennes, un terme à la résistance palestinienne. Cette résistance n’est pas du terrorisme, a insisté le représentant. C’est un droit et un devoir que tous les Etats colonisés ont exercé pour se libérer du joug de l’occupation.
Comment, s’est-il demandé, le Premier Ministre israélien peut-il affirmer qu’il peut mettre fin à la résistance alors qu’il n’est même pas parvenu à assurer la sécurité de son propre peuple. Israël, a poursuivi le représentant, se livre à un terrorisme d’Etat contre les Palestiniens et les Arabes dans leur ensemble. Cet homme, a-t-il encore dit, ne reculerait devant rien pour saper les fondements de la paix. Croit-il vraiment que les massacres vont conduire les Palestiniens à se rendre? Il faut, a préconisé le représentant, condamner le terrorisme d’Israël qui continue de montrer au monde entier ses prétentions de “vouloir la paix par la force” et de continuer à ne pas respecter ses engagements internationaux. Ce sont les agressions israéliennes, a insisté le représentant, qui conduisent les jeunes palestiniens à sacrifier leur propre vie pour sauver leur terre.
Il est clair aujourd’hui qu’Israël travaille au renforcement de sa colonisation et à la conservation des territoires palestiniens usurpés. Il s’agit, a encore souligné le représentant, d’un terrorisme officiel qui se poursuit au vu et au su de la communauté internationale tout entière. Les pratiques israéliennes doivent être perçues comme des crimes contre l’humanité et le non-respect des résolutions du Conseil de sécurité montre bien le mépris qu’a Israël pour la légitimité internationale et le fait qu’il n’a accordé aucune importance à la Déclaration de Madrid ni aux appels lancés par la communauté internationale. Nous devons faire pression sur Israël et lui demander le retrait de tous les territoires occupés et la fin du siège du quartier général du Président Arafat.
Souscrivant aux points de vue du Secrétaire général, le représentant a estimé qu’un règlement politique doit être réalisé parallèlement à la résolution des questions de sécurité. Il s’est, à cet égard, félicité de la proposition du Secrétaire général d’envoyer une force internationale pour travailler avec les parties concernées et mettre fin à la violence, mener au retrait d’Israël, et assurer la reprise des négociations. L’Arabie saoudite, a conclu le représentant, a présenté une Initiative de paix qui a été reprise au Sommet de la Ligue des Etats arabes devenant ainsi une Initiative arabe. Toute la communauté internationale s’en est félicitée, à l’exception notoire d’Israël. Nous demandons à toutes les parties concernées de respecter cette Initiative, a-t-il dit.
M. JAMAL NASSIR AL-BADER (Qatar) a condamné les scènes d’horreur dans les camps de réfugiés et villes palestiniennes qui constituent des preuves irréfutables contre le Gouvernement israélien. Les forces israéliennes ont continué leurs opérations de liquidation sauvage des populations civiles, en particulier dans le camp de Jénine. Dans les prochains jours, la dimension réelle des crimes commis par les forces d’occupation sera connue. Les actions israéliennes constituent des crimes de guerre contre des civils et sont une violation flagrante de la quatrième Convention de Genève de 1949 relative à la protection des civils en période de guerre. Nous demandons au Conseil d’insister pour qu’Israël applique les résolutions 1402 et 1403. Nous demandons également le déploiement d’une force multinationale qui assurera la protection des civils palestiniens.
M. ABDULAZIZ NASSER R. AL-SHAMSI (Emirats arabes unis) a regretté que, malgré les nombreux appels lancés par les organisations internationales et régionales et ceux lancés par le « Quartet », Israël continue de défier la communauté internationale en enjoignant ses troupes à poursuivre le siège de l’église de la Nativité et le siège de l’Autorité palestinienne. L’entité sioniste a également donné l’ordre de massacrer les civils palestiniens dans les camps de Jénine et de Naplouse, ce qui nous rappelle les crimes commis par les criminels de guerre sioniste tels qu’Ariel Sharon. Compte tenu des politiques partisanes pratiquées par certaines délégations au sein du Conseil de sécurité, et notamment les Etats-Unis, il était grand temps que ces acteurs revoient leur propre position politique et permettent au Conseil de jouer son rôle véritable et de prendre des mesures au titre du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies. Le représentant a également insisté sur la nécessité de garantir l’accès du personnel médical aux blessés. Il a plaidé en faveur du déploiement immédiat d’une force multinationale pour que s’appliquent les instruments internationaux pertinents et de l’envoi d’une mission d’établissement des faits, en particulier à Jénine et Naplouse. L’horreur de la situation a déjà été décrite par la presse ainsi que par la Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme. Nous réaffirmons notre plein soutien au peuple palestinien, a souligné le représentant.
M. PAUL HEINBECKER (Canada) a rappelé que le Conseil a déjà pris toutes les dispositions pour aider les parties à prendre du recul. Les propositions ne manquent pas pour ce qui est de mettre fin à la violence et d’ouvrir une transition vers la paix. Toutes, a souligné le représentant, sont fondées sur le principe de l’échange de la terre contre la paix. Ces propositions prévoient deux Etats vivant côte à côte dans la paix et la sécurité et il est évident que les parties ne peuvent par elles-mêmes réaliser cette vision. Il faut donc, a préconisé le représentant, une participation pleine et active, en particulier sur le terrain, de la communauté internationale. Cette notion a des implications qui vont bien au-delà du Moyen-Orient. Toute solution implique, en effet, la participation de parties à l’intérieur et à l’extérieur de la région. Il est plus que temps pour toutes les parties intéressées d’assurer la protection des peuples palestinien et israélien. Il faut que ce soit le coeur de la question.
Les horribles attentats suicides doivent cesser car ils ne font qu’encourager le tourbillon de la haine et du désespoir, a poursuivi le représentant. La voie de sortie existe et se trouve dans les résolutions adoptées dernièrement par le Conseil, dans l’autorité du Conseil, dans le pouvoir des Etats-Unis, dans l’attitude constructive des pays de la région, et dans les efforts de la communauté internationale. Il a donc appelé les parties à créer un climat propice pour permettre à une partie tierce de jouer un rôle positif. Le Canada, a-t-il dit, serait disposé à participer à cette initiative. Nous appelons Israël et la Palestine à respecter les résolutions du Conseil. Le Président Arafat doit punir ceux qui sont coupables de terrorisme. Ces suicides ne permettront pas de parvenir à la paix
Qualifiant d’inacceptable la situation humanitaire, le représentant a aussi appelé les parties à respecter scrupuleusement les obligations internationales. Il a condamné les attaques contre les civils, y compris les suicides. Israël, a-t-il dit, doit respecter les civils et doit s’abstenir des attaques contre les civils. Il a rappelé les responsabilités particulières d’Israël en vertu de la quatrième Convention de Genève de 1949, relative à la protection des civils en période de guerre et l’a appelé à autoriser le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à entrer dans les camps des détenus. Se disant également préoccupé par la situation dans l’église de la Nativité, le représentant a conclu par ces mots “Il faut prendre la décision stratégique de choisir la paix”.
M. KOJI HANEDA (Japon) a indiqué que son pays était particulièrement préoccupé par la situation humanitaire dans les villes palestiniennes. Le Gouvernement du Japon, a-t-il ajouté, appelle Israël à accorder aux institutions humanitaires internationales l’accès libre et inconditionnel aux villes palestiniennes de sorte qu’elles puissent mener à bien leurs activités. Il a aussi espéré que la visite dans la région de la Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Mary Robinson, sera programmée comme prévu. Le Gouvernement du Japon, a poursuivi le représentant, soutient fermement l’engagement continu des Etats-Unis. Il exhorte le Gouvernement d’Israël et l’Autorité palestinienne à répondre positivement aux efforts des Nations Unies, à prendre les mesures conduisant à un cessez-le-feu et à la reprise du processus de paix.
Le représentant a en outre exhorté Israël à retirer ses troupes des villes palestiniennes, y compris Ramallah, où se trouve le siège du Président Arafat. La situation le long de la Ligne bleue est un autre sujet de préoccupation. Le Gouvernement du Japon appelle toutes les parties à respecter cette Ligne et à faire preuve de la plus grande retenue pour éviter une escalade de la violence dans cette zone. Plusieurs idées constructives et initiatives visant à promouvoir la paix ont été avancées, y compris celle du Secrétaire général devant le Conseil ce matin. La communauté internationale devrait continuer à discuter les idées et les initiatives visant à améliorer la situation, a-t-il estimé. Le Japon est, pour sa part, déterminé à apporter tout son aide à de tels efforts, a conclu le représentant.
M.MAKMUR WIDODO (Indonésie) a demandé qu’Israël lève le couvre-feu, fournisse une aide au personnel humanitaire, et permette la fourniture en eau et en nourriture. Une nation civilisée a le devoir de respecter ses obligations au regard du droit international humanitaire et de permettre aux organisations humanitaires d’avoir accès aux personnes dans le besoin. Le siège et les incursions dans les villes palestiniennes doivent cesser immédiatement. La politique d’agression israélienne n’a fait que créer l’insécurité dans la région. Cette agression menace la stabilité de l’ensemble de la région en alimentant des sentiments profonds de haine, de méfiance et de frustration. Il est donc impératif de déployer une force multinationale sur le terrain en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies qui permettrait de mettre un terme aux massacres, d’apporter une aide à ceux qui en ont besoin, et de reconstruire les infrastructures palestiniennes. La solution militaire ne saurait ne peut pas régler la crise. Une solution ne pourra être trouvée qu’après le retrait complet d’Israël de tous les territoires palestiniens occupés. Seulement alors, pourra-t-on obtenir une solution politique et diplomatique dans le cadre des résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité et du principe de l’échange de la terre contre la paix. Alors, l’existence de deux Etats, Israël et la Palestine, deviendra une réalité.
M. NEJAD-HOSSEINIAN (République islamique d'Iran) a déclaré qu'il était moralement répugnant de qualifier "homme de paix" un homme qui est responsable de ce que les travailleurs humanitaires et journalistes ont qualifié d'horreurs et d'atrocités. Car, il ne fait aucun doute, a-t-il ajouté, que le droit international humanitaire a été violé et que les responsables de ces violations sont des criminels de guerre qui doivent subir les conséquences de leurs actes. Il a défini les Palestiniens qui luttent contre les forces israéliennes comme des combattants de la liberté qui, à l'instar des combattants de la liberté afghans ayant lutté contre les Taliban, méritent le soutien de la communauté internationale. C'est pourquoi, il a appelé le Conseil de sécurité à prendre les mesures nécessaires afin de mettre un terme à la violence dans les territoires occupés. Dans le même ordre d'idées, il a formé le voeu qu'une commission d'établissement des faits soit dépêchée sur les lieux, notamment à Jénine, afin de faire le point sur ce qui y a été commis, dans l'espoir que les responsables de ces crimes soient condamnés, comme cela a été entrepris en ex-Yougoslavie et au Rwanda. Il a également exhorté la communauté internationale à déployer, sur le territoire palestinien, une force multinationale mandatée par le Conseil de sécurité, et agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies.
M. KIM YOUNG-MOK (République de Corée) a démandé aux parties de mettre fin aux violences et de reprendre la voie de la négociation politique, se félicitant des efforts de la communauté internationale pour parvenir à un cessez-le-feu, en particulier de la visite du Secrétaire d’Etat Powell ou de l’action que “Quartet”. La situation dans le camp de Jénine est déplorable, a-t-il regretté, demandant le respect par Israël du droit international humanitaire et le retrait de ses forces des territoires palestiniens conformément aux résolutions 1402 et 1403 du Conseil. Il a apporté son soutien à la proposition du Secrétaire général faite ce matin devant le Conseil concernant le déploiement d’une force multinationale, estimant qu’il est temps pour la communauté internationale d’agir.
M. MAHFOUDH OULD DEDDACH (Mauritanie) a estimé que la situation est le résultat de la réoccupation par Israël de territoires palestiniens en violation flagrante des accords conclus avec l’Autorité palestinienne. Le fait que ces réunions se répètent montre que le Conseil de sécurité est incapable d’assumer ses responsabilités au Moyen-Orient. Il faut envoyer une mission d’établissement des faits en particulier à Jénine, demander le retrait complet et sans condition de l’armée israélienne des territoires palestiniens, l’accès sans entrave des organisations humanitaires aux blessés et la levée du siège du quartier général d’Arafat.
M. MOHAMMED ABDULLAH SALI AL-SAMEEN (Oman) a déploré la détérioration tragique de la situation dans les territoires palestiniens occupés qui a conduit le Conseil à se réunir plusieurs fois au cours du dernier mois. Cependant, malgré les résolutions et les appels de ce Conseil, Israël n’a pas réagi positivement et, bien au contraire, les activités de l’armée israélienne s’aggravent contre les villes et les villages palestiniens, provoquant davantage de destructions. Israël répond aux résolutions du Conseil en empêchant les organisations humanitaires d’atteindre les victimes et d’enterrer les morts, a dénoncé le représentant d’Oman, interrogeant les membres du Conseil sur ce qu’il convient de faire désormais à l’égard de cet Etat qui agit comme s’il était au-dessus des lois et se permet de défier le Conseil. Chaque membre du Conseil sera responsable devant l’histoire, compte tenu de son mandat, et nous demandons aux membres du Conseil d’agir et d’adopter des mesures claires pour inciter Israël à se retirer des territoires palestiniens et à respecter ses résolutions. Nous demandons également au Conseil de mettre un terme au terrorisme d’Etat d’Israël et de stopper sa tentative de liquidation du peuple palestinien. Il a demandé au Conseil d’approuver l’envoi d’une équipe d’enquête pour évaluer les crimes et destructions commis, comparant le camp de Jénine à ce qui a été appelé dans le passé “zones sûres” à Srebrenica et Tuzla. Il s’est dit choque que certains cercles politiques et diplomatiques demandent au Président Arafat, assiégé et neutralisé, de mettre en oeuvre un cessez-le-feu. Il a apporté son soutien à la proposition du Secrétaire général d’envoyer une force multinationale chargée de garantir le cessez-le-feu et le retrait d’Israël des territoires occupés et assurer ainsi un climat propice à la négociation, en souhaitant que le Conseil adopte une résolution en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies.
* *** *