LE CONSEIL EST APPELE A PRENDRE DES MESURES CONCRETES AFIN D’AMENER LES PARTIES A METTRE EN OEUVRE SES RESOLUTIONS
Communiqué de presse CS/2289 |
Conseil de sécurité
4510e séance – matin
LE CONSEIL EST APPELE A PRENDRE DES MESURES CONCRETES AFIN D’AMENER LES PARTIES A METTRE EN OEUVRE SES RESOLUTIONS
Face à leur non-application, le Conseil verrait sa crédibilité entamée
Ce matin, le Conseil de sécurité a achevé le débat qu’il a entamé hier sur la situation au Moyen-Orient, y compris la question de Palestine. Organisé à la demande du Groupe arabe*, ce débat a permis aux délégations de demander au Conseil de prendre des mesures concrètes pour amener Israël à appliquer sans délais ses résolutions 1402 et 1403 compte tenu de la poursuite des attaques menées par l’armée israélienne, de l’occupation de plusieurs villes palestiniennes et de la crise humanitaire qui sévit dans les territoires occupés palestiniens.
Adoptée le 30 mars dernier, par 14 voix pour et en l’absence de la République arabe syrienne, la résolution 1402 demandait, entre autres, le retrait d’Israël des villes palestiniennes, y compris Ramallah ; le cessez-le-feu ; et la pleine coopération des parties avec les médiateurs internationaux. Certaines délégations ont demandé au Conseil, au nom de sa crédibilité, d’agir en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies. Elles ont réitéré les appels à l’imposition de sanctions lancés, la semaine dernière, par les Ministres des affaires étrangères de l’Organisation de la Conférence islamique. Elles ont aussi insisté sur la nécessité pour le Conseil de déployer une force internationale afin de protéger les civils palestiniens et ramener la normalité dans les territoires occupés.
A l’instar des interventions faites hier, l’ensemble des interventions ont souligné aujourd’hui le statut d’”interlocuteur incontournable d’Israël” du Président de l’Autorité palestinienne, M. Yasser Arafat. Les délégations ont donc plaidé pour un retour des parties à la table des négociations et mis l’accent, en l’occurrence, sur la validité des accords découlant des processus de Madrid et d’Oslo. Ils ont également mis l’accent sur l’Initiative de paix du Prince héritier d’Arabie saoudite que le Sommet de la Ligue des Etats arabes a entérinée le 28 mars dernier à Beyrouth. Dans ce contexte, ces délégations ont dit attendre beaucoup de la visite du Secrétaire d’Etat américain, M. Colin Powell, prévue dans la région à la fin de cette semaine, après ses entretiens avec les autorités du Maroc, de l’Egypte et de l’Union européenne ainsi qu’avec le Secrétaire général de l’ONU.
Réagissant, par ailleurs, aux accusations de complicité avec les responsables d’attaques anti-israéliennes dans le Sud du Liban, le représentant libanais a affirmé que son pays n’a nullement l’intention d’ouvrir un nouveau front contre Israël et réitéré, néanmoins, le droit de son pays de libérer son territoire, y compris les fermes de Chebaa, par tous les moyens possibles.
Après les 23 interventions d’hier, les représentants des pays suivants ont aussi pris la parole aujourd’hui: Algérie, Iraq, Maroc, Espagne(au nom de l’Union européenne et des pays associés), Canada, Oman, Equateur, Soudan, Pakistan, Cuba, Jamahiriya arabe libyenne, Turquie, République islamique d’Iran, Malaisie, Jordanie, Inde, Yémen, Mauritanie, Emirats arabes unis, Liban, République de Corée, Népal, Indonésie et Philippines. Le représentant d’Israël a répondu aux propos tenus hier par l’Observateur de Palestine, entraînant une nouvelle intervention de ce dernier.
* S/2002/359
LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE
Déclarations
M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a déclaré que, dans un intolérable défi au Conseil de sécurité, le Gouvernement Sharon a interprété les résolutions 1402 et 1403 (2002) comme l'autorisant à poursuivre sa campagne de terreur jusqu'au bout et à n'entamer le retrait de ses forces que lorsque tous les objectifs qu'il s'est fixés auront été réalisés. Et tout semble avoir été conçu, planifié et organisé pour qu'il en soit ainsi et qu'il continue ses opérations sans être en rien inquiété, a déploré M. Baali. Quelle arrogance que celle dont font ainsi montre les responsables israéliens et quelle humiliation ils infligent, en définitive, à ce Conseil de sécurité aujourd'hui ouvertement bravé dans son autorité et qui se trouve donc mis en demeure de répondre et de réagir avec la fermeté et la détermination requises à cette inacceptable atteinte à sa crédibilité, a jugé le représentant algérien. Quel courage aussi que celui dont fait montre cette armée israélienne, ivre de sa puissance et de sa supériorité militaire, qui écrase sous le poids des bombes un peuple désarmé mais dont la force brutale ne brisera jamais l'âme ni n'entamera la foi en la justesse de sa cause sacrée, a observé M. Baali. Quelle hypocrisie que celle qui consiste, à la suite d'attentats-suicides sur lesquels l'Autorité palestinienne s'est pourtant prononcée sans ambiguïté, à jeter l'opprobre et à entretenir l'amalgame sur l'exemplaire et héroïque résistance d'un peuple dont les enfants auxquels a été volée leur enfance en sont réduits à se battre à coups de pierre avec un courage qui défie l'imagination contre l'armée d'occupation la plus puissante du monde, a dit le représentant. N'est-ce pas plutôt la politique de terreur systématique, de violence aveugle dirigée contre des civils désarmés et contre des malades et des blessés, de destruction sauvage de maisons, d'écoles et d'hôpitaux qui méritent d'être qualifiées de terrorisme s'est-il interrogé.
Aujourd'hui, le Conseil de sécurité est interpellé avec un sens accru de l'urgence, a poursuivi M. Baali, et il ne peut permettre que son autorité soit ainsi bafouée et sa crédibilité mise à mal. Il ne doit pas se permettre de rester passif alors que, sous ses yeux, se commet l'irréparable et se déroule une indicible tragédie. Avant que le Proche-Orient ne bascule définitivement dans l'horreur et l'irréparable, le Conseil se doit d'amener Israël à résipiscence et le contraindre à se conformer à la légalité internationale à travers le retrait immédiat de ses forces et le strict respect du droit international humanitaire et de la quatrième Convention de Genève en assurant la protection de ces millions de Palestiniens livrés à la folie meurtrière des forces d'agression israélienne, a déclaré M. Baali.
M. ABDUL MUNIM AL-KADHE (Iraq) a rappelé qu’il s’agit de la troisième réunion du Conseil en dix jours sur la même question. L’entité sioniste poursuit sa campagne terroriste odieuse dans le territoire palestinien où elle commet des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Le Conseil est donc appelé dès maintenant à agir au titre du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies afin de prendre des mesures de coercition à l’encontre de l’agresseur. Ne pas le faire constituerait une remise en question de l’existence même des Nations Unies. Les crimes perpétrés par l’entité sioniste relèvent du Statut de Rome instituant la Cour pénale internationale. Le Conseil devrait envisager la création d’un tribunal pénal international ad hoc pour juger les auteurs de crimes de guerre, en tout premier lieu Ariel Sharon. Les Etats se doivent, au titre de la quatrième Convention de Genève sur la protection des civils en temps de guerre et de la Convention sur la répression du crime de génocide, d’assumer leurs responsabilités et défendre le peuple palestinien. En violation des résolutions du Conseil de sécurité, l’entité sioniste continue de violer toutes les règles du droit international. La situation ne s’améliorera pas tant que les administrations américaine et britannique fourniront leur appui à l’entité sioniste. Ces deux administrations tentent en fait de détourner l’attention des activités menées dans le territoire palestinien occupé en menaçant d’attaquer l’Iraq.
M. MOHAMED BENNOUNA (Maroc) a indiqué que des centaines de milliers de Marocains ont témoigné avant hier à Rabat de leur peine, et a déploré que sous l'occupation israélienne "des vieillards se terrent sous les tables dans des casbahs plusieurs fois millénaires et que des êtres humains, des monuments et des symboles religieux soient martyrisés, violentés et saccagés". Le Premier Ministre israélien a choisi de défier le monde entier, le Conseil de sécurité et ses membres permanents, mais aussi l'opinion internationale. Pour M. Sharon, l'armée israélienne se retirera lorsqu'elle aura achevé sa mission. Est-ce à dire qu'elle la poursuivra au mépris de tout droit humanitaire, au mépris des milliers de civils qu'elle terrorise quotidiennement? Comment le Conseil peut-il l'accepter sans se renier? A Beyrouth, le monde arabe a tendu la main de la paix à Israël. Israël aurait tort d'y voir une expression de faiblesse. Poursuivre l'escalade de la répression et de la violence, c'est commettre l'irréparable, c'est insulter l'avenir.
La main tendue par les Arabes doit être saisie maintenant, par un dialogue franc et digne avec Yasser Arafat, le chef légitime de l'Autorité palestinienne. Sa Majesté Mohammed VI, président du Comité Al Qods, en parlant hier au téléphone avec M. Arafat, lui a rappelé son soutien et celui du peuple et du Gouvernement marocains. Les exactions commises par l'armée israélienne portent une grave atteinte aux valeurs mêmes dont se réclame Israël. Des voix s'élèvent pour que la communauté internationale dépêche une force d'interposition pour protéger les Palestiniens sans défense. Le Maroc accorde la même valeur à toute vie humaine, et condamne tous les actes dirigés contre des civils innocents, et nous prions qu'au bout du chemin Palestiniens et Israéliens vivent dans la paix et le respect mutuel. Nous souhaitons que les efforts de M. Powell aboutissent dans les meilleurs délais, et que le Conseil lui apporte son appui en utilisant tous les moyens juridiques à sa disposition pour exiger d'Israël le respect de ses résolutions, la levée du siège imposé à Yasser Arafat, l'arrêt du bain de sang et le retrait des villes palestiniennes illégalement occupées.
M. JUAN LUIS FLORES (Espagne) a déclaré, au nom de l'Union européenne et des pays associés, que l'Union européenne avait, au cours des semaines écoulées, condamné de la manière la plus ferme le cycle incessant de terreur et de violence qui affecte les Israéliens et les Palestiniens. Nous répétons aujourd'hui ces condamnations. Les tentatives visant à détruire l'Autorité palestinienne et ses infrastructures, l'isolement du Président Arafat et l'humiliation et le confinement de la population civile palestinienne, sont inacceptables et contraires au droit international. Ces actions et l'usage excessif de la force doivent immédiatement prendre fin. Elles sont injustifiées et ne servent pas la lutte légitime d'Israël contre le terrorisme. Les résolutions 1397, 1402, et 1403 du Conseil de sécurité doivent être immédiatement appliquées, et l'isolement du Président Arafat, qui doit retrouver sa liberté de mouvement, doit aussi prendre fin. L'Autorité palestinienne et son Président, qui sont les représentants légitimes du peuple palestinien, doivent faire tout ce qui leur est possible pour mettre fin à la violence, démanteler les organisations terroristes comme le Hamas et le Jihad islamique, et veiller à ce que les responsables des récentes et brutales attaques ne restent pas impunis. L'Union européenne est très concernée par la catastrophe humanitaire qui affecte la population palestinienne, et nous appelons les parties à respecter les normes humanitaires internationales et à protéger les vies civiles.
L'Union européenne souligne l'importance de la vision contenue dans le discours du Président Bush jeudi dernier, et nous nous félicitons de la mission du Secrétaire d'Etat Powell dans la région en vue de travailler avec les parties pour mettre en oeuvre les résolutions du Conseil, notamment la 1402. La création d'un Etat palestinien viable, des garanties de sécurité à Israël, et le soutien de la Ligue des Etats arabes, tel qu'exprimé à l'encontre de l'initiative du Prince héritier Abdullah d'Arabie saoudite, font partie de cette vision. Nous exhortons les parties à coopérer avec M. Powell et l'Envoyé spécial Zinni pour mettre en oeuvre le Plan Tenet et les recommandations du rapport Mitchell. L'Union européenne exhorte les deux parties à accepter un mécanisme de surveillance tiers, et nous sommes convaincus que des observateurs sur le terrain serviraient les intérêts de tous. L'Union européenne regrette que le Gouvernement israélien ait refusé de recevoir la mission de haut niveau qu'elle a envoyée le 3 avril pour voir le Premier Ministre Sharon et le Président Arafat. Nous sommes aussi très inquiets de la situation volatile qui prévaut le long de la frontière israélo-libanaise, et nous appelons à un cessez-le-feu sur la Ligne bleue tout en condamnant les récentes attaques lancées à partir du Liban.
M. MICHEL DUVAL (Canada) a déclaré que les éléments des résolutions 1397, 1402 et 1403 du Conseil ne sont pas conditionnels et que rien ne justifie qu'on les ignore. La mise en oeuvre de ces textes n'est plus seulement une exigence politique, mais aussi un impératif humanitaire. Nous demandons à Israël de respecter les exigences de ces résolutions et aussi de faciliter l'accès Du personnel humanitaire et de l'aide humanitaire à ceux qui sont dans le besoin. L'Autorité palestinienne, pour sa part, devrait s'engager à mettre un terme à tous les actes terroristes, notamment aux attentats suicides. Les deux parties devraient conclure un véritable cessez-le-feu immédiatement. Il ne saurait y avoir de solution militaire à ce conflit. Continuer dans cette voie rend plus difficile une solution pacifique et risque de déstabiliser l'ensemble de la région. Nous exhortons les parties à la plus grande circonspection vis-à-vis de l'escalade le long de la frontière israélo-libanaise et des violations de la Ligne bleue. Le Canada a toujours affirmé que la présence d'observateurs neutres pourrait être dans l'intérêt des deux parties en facilitant la mise en oeuvre d'un cessez-le-feu. Nous pensons que la situation actuelle rend plus urgent l'examen de cette question, et engageons vivement les deux parties à prendre les mesures nécessaires pour créer les conditions permettant à des observateurs neutres de jouer un rôle constructif et propice au consensus.
M. FUAD MUBARAK AL-HINAI (Oman) a déclaré que, depuis l’adoption de la résolution 1397, le peuple palestinien a été soumis à une campagne d’assassinats par les forces israéliennes d’occupation. La machine de guerre israélienne persiste à tuer des centaines de civils palestiniens. Le Conseil de sécurité est mis à l’épreuve comme jamais auparavant. Soit il démontre qu’il n’applique pas la politique des « deux poids et deux mesures », soit il garde le silence comme le passé en plaçant Israël au-dessus des règles du droit international. Il faut que le Conseil demande à Israël de retirer ses forces du territoire palestinien occupé. Les options militaires ne sont pas la solution appropriée pour régler le conflit. La seule façon de résoudre le conflit est de ramener les parties à la table des négociations. Nous demandons aux pays qui exercent une influence sur Israël à l’exhorter à entendre la voix de la paix en cessant les hostilités, en retirant ses forces des villes palestiniennes et en garantissant la sécurité des civils palestiniens. Le retrait des forces doit être immédiat et complet. Nous demandons au Conseil d’envisager l’adoption de mesures punitives à l’encontre d’Israël pour qu’il soit tenu pour responsable de toute effusion de sang. Nous demandons également au Conseil de prendre des mesures pour protéger les populations palestiniennes.
M. LUIS GALLEGOS CHIRIBOGA (Equateur) s’est dit vivement préoccupé par l’escalade de la violence au Moyen-Orient et a demandé le retrait immédiat des troupes israéliennes des territoires occupés. Convaincu de la validité d’un règlement pacifique du conflit, il a exprimé son appui aux résolutions adoptées récemment par le Conseil de sécurité qui, selon lui, pourraient permettre la reprise des négociations de paix. Il a réitéré les propos de son Président qui a mentionné aux deux parties la nécessité de parvenir à règlement durable et définitif du conflit. Se félicitant des efforts déployés par les médiateurs internationaux, M. Gallegos Chiriboga a particulièrement salué la visite dans la région du Secrétaire d’Etat américain, M. Colin Powell. Il a lancé un appel aux deux parties pour qu’elles renoncent à la violence dans un esprit de tolérance et de diversité ethnique, culturelle et religieuse. A cet égard, le représentant s’est alarmé des attaques menées contre les lieux de culte. Il a conclu en condamnant toutes les violations des droits de l’homme et en se ralliant à la position du Groupe de Rio et du Mouvement des pays non alignés.
M. ELFATIH MOHAMED AHMED ERWA (Soudan) a fait part de son appui à la déclaration prononcée par la Tunisie au nom du Groupe arabe. Les crimes de guerre perpétrés par Israël dans les villes palestiniennes occupées constituent un des crimes de génocide les plus odieux qui se déroulent sous les yeux du monde entier. Les mesures d’oppression et d’agression imposent au Conseil d’agir immédiatement en condamnant Israël et en l’appelant à respecter la Quatrième Convention de Genève sur la protection des civils en temps de guerre. La situation est grave et exige que le Conseil protège des civils innocents non armés en déployant des forces internationales. Dans le cas contraire, c’est la crédibilité du Conseil qui serait en jeu. La Déclaration finale des Ministres des affaires étrangères des Etats de la Ligue arabe précise que le traitement privilégié dont bénéficie Israël de la part de certains pays l’a conduit à se comporter comme s’il était au-dessus des lois. Les attaques dans les camps de Djénine et Naplouse ainsi que contre l’église de la Nativité justifient une intervention du Conseil.
M. SHAMSHAD AHMAD (Pakistan) a déclaré qu-en dépit des appels répétés lancés par le Conseil de sécurité dans ses résolutions 1397, 1402 et 1403, les opérations militaires israéliennes se poursuivent sans relâche dans les villes palestiniennes. L'attitude d'Israël est un défi évident lancé au Conseil de sécurité et à son autorité légale et morale. Nous sommes peinés qu'Israël n'ait pas répondu aux appels du Président Bush lui demandant de se retirer des villes palestiniennes réoccupées, et nous espérons que la visite du Secrétaire d'Etat Colin Powell pourra aboutir à des résultats. La mise en oeuvre et le respect des résolutions du Conseil ne peuvent devenir otages du bon vouloir de ceux qui les violent. Il est sans doute temps que le Conseil de sécurité agisse dans le cadre du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies. Le Pakistan pense que l'envoi immédiat d'observateurs internationaux pourrait être nécessaire non seulement à la mise en place d'un cessez-le-feu, mais aussi pour mettre fin au cycle sans fin de violence.
M. ORLANDO REQUEIJO (Cuba) a regretté que la situation qui réunit, une nouvelle fois, le Conseil ne se soit pas améliorée malgré l’adoption de trois résolutions en peu de temps et l’envoi de nouveaux émissaires dans la région. Il a dénoncé le mépris du Gouvernement israélien qui n’est même pas enclin à appliquer des résolutions issues de longues négociations et préservant un prétendu équilibre. La crédibilité du Conseil est en jeu et cette situation ne peut plus continuer sans de nouvelles mesures. Jusqu’à quand le Gouvernement israélien va-t-il bafouer les résolutions du Conseil et les attentes de l’immense majorité de la communauté internationale? Jusqu’à quand va-t-on jouer sans scrupules avec la vie d’êtres humains? Le mépris d’Israël pour les efforts de l’ONU s’explique par la sécurité et la protection indécentes que lui procure un membre permanent qui n’hésite pas, de façon antidémocratique, à menacer d’exercer son droit de veto.
Le mépris d’Israël persistera tant que le supposé médiateur, qui pourrait avoir un rôle efficace, continue de maintenir des postures trompeuses et déséquilibrées lorsqu’il parle avec les parties prenantes. Ce médiateur, qui offre un appui inconditionnel à Israël, est à la fois juge et partie et ses efforts sont voués à l’échec. Malheureusement au Conseil, a poursuivi le représentant, on entend encore des voix timides qui lancent les mêmes appels aux deux parties comme si elles étaient égales. Jusqu’à quand durera cet aveuglement ? Il faut abandonner l’hypocrisie, le langage fleuri et le formalisme diplomatique. Il faut obliger le Gouvernement israélien à respecter les résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale. Il faut des mesures concrètes et efficaces comprenant l’envoi d’une force internationale impartiale et prescrite par le Conseil pour faire appliquer le cessez-le-feu et le retrait des troupes israéliennes. Il faut mettre fin au terrorisme d’Etat et faire respecter touts le droits de l’homme et pas seulement certains d’entre eux, a conclu le représentant.
M. ABUZED OMAR DORDA (Jamahiriya arabe libyenne) a observé qu’il n’existe pas de termes tels que le Moyen–Orient et que cette dénomination a été inventée pour éliminer la Palestine du langage parlé. La question qui nous occupe aujourd’hui est celle de Palestine et non pas du Moyen-Orient. Il s’agit d’un problème d’occupation et toute tentative de déguiser la réalité ne mènera pas à une paix durable. Le Conseil de sécurité doit engager une action sérieuse. Au lieu de demander aux Palestiniens de faire cesser la terreur, il faut qu’il demande à l’occupant de mettre un terme à ses crimes de guerre commis contre la population civile. Evoquant les critiques formulées au sujet du Président Arafat, le représentant a estimé que ses qualités de dirigeant historique ne pouvaient pas être contestées. Est-ce que quiconque a jamais remis en question les qualités de leadership du Général de Gaulle lorsqu’il a libéré son pays des forces d’occupation? Le représentant a indiqué que les Arabes demandent la paix et qu’ils ne s’en prennent pas à autrui que ce soit pas leurs paroles ou par leurs actes. En revanche, les dirigeants israéliens, qui se sont succédés, se sont toujours opposés à la paix. Ils tentent actuellement de réduire à néant toute offre arabe de paix basée sur la restitution des territoires en échange de la normalisation des relations. Si on ne peut pas revenir aux frontières de 1967, sur quelles bases peut-on conclure un accord ?
Quel est le rôle du Conseil de sécurité, s’est demandé le représentant. Les résolutions adoptées sont vides de sens. Vous n’êtes que des sous-traitants de l’occupation de la Palestine, a déclaré le représentant. Nous, peuple arabe, sommes réellement libres. Le Conseil doit recouvrer sa crédibilité. Comment justifier l’application du Chapitre VII à l’encontre de l’Iraq, du Soudan et de la Libye et ne pas le faire à l’encontre d’un pays qui procède à des exécutions extrajudiciaires de civils dans les rues, à des meurtres d’enfants et à l’asphyxie des territoires palestiniens. Les Palestiniens ne sont-ils pas des êtres humains? Combien de temps le Conseil gardera-t-il le silence ? Permettez au Conseil de recouvrer sa dignité et laissez-le jouer son rôle et assumer ses responsabilités pour ce qui est du maintien de la paix et de la sécurité.
M. ALTAY CENGIZER (Turquie) a souligné la gravité de la situation au Moyen-Orient en rappelant que les trois résolutions adoptées ces derniers jours par le Conseil ont indiqué clairement ce qu’il en était de cette situation tragique. Il s’est dit troublé de voir qu’Israël ne met pas en oeuvre ces résolutions même après avoir entendu les membres du Conseil et les autres délégations. Le Gouvernement israélien refuse de prendre les mesures qui s’imposent. Il est temps que les chars fassent demi-tour et quittent les villes palestiniennes. Se déclarant gravement préoccupé par la situation humanitaire dans ces villes, le représentant a estimé que la réaction d’Israël est en tout point conforme aux desiderata des éléments radicaux. Il faut empêcher cela, a-t-il dit, et la Turquie appelle des pays comme les Etats-Unis à intervenir le plus rapidement possible. Le représentant a donc souhaité le plus grand succès à la visite du Secrétaire d’Etat américain, M. Colin Powell, dans la région.
De l’avis de sa délégation, les efforts doivent aller au-delà des besoins immédiats. Il faut dégager la voie pour une solution juste, durable et globale de la situation au Moyen-Orient. Les parties doivent transcender leur lutte et se montrer plus directes sur les questions essentielles. Le problème n’est pas de reconnaître les préoccupations légitimes de l’autre. Il faut faire plus que de parler du bout de lèvres ce qui a amené à la situation actuelle. Les deux parties doivent pouvoir vivre côte à côte et prévenir les situations comme celle qu’elles vivent actuellement. Israël doit traiter des griefs croissants du peuple palestinien et devenir un partenaire plus déterminé de la coexistence. La partie palestinienne doit, quant à elle, réagir de manière plus crédible aux appels au cessez-le-feu et à la lutte contre le terrorisme. La sécurité est un droit d’Israël et ceux qui dénient ce droit sont les ennemis d’Israël et de la Palestine parce qu’ils parient sur l’inimitié entre ces deux peuples. Concluant sur les violations par le Hezbollah de la Ligne bleue, le représentant a souhaité que le “Quartet” et les autres facilitateurs se saisissent de la question maintenant que l’idée d’une présence internationale dans la région fait son chemin.
M. HADI NEJAD HOSSEINIAN (République islamique d’Iran) a déclaré qu’Israël, en poursuivant sa campagne militaire, montre sa vraie nature belliqueuse au reste du monde. Ceux qui se livrent à des attaques, armés jusqu’aux dents, contre des civils innocents sont des criminels de guerre et ceux qui les arment ne peuvent échapper à leurs responsabilités. La communauté internationale doit prendre les mesures qui s’imposent pour traduire en justice les auteurs des crimes de guerre. La Cour pénale internationale constitue le mécanisme approprié pour le faire. Le représentant a dénoncé la politique de peuplement mise en oeuvre par Israël malgré la signature des accords de paix. En d’autres termes, le Gouvernement israélien continue de coloniser le territoire au sujet duquel il négocie son retrait. L’armée israélienne se déchaîne pour détruire les institutions palestiniennes et mettre un terme au processus de paix. En envahissant les territoires palestiniens, Israël suscite davantage de haine, mettant ainsi en place les conditions nécessaires à davantage de résistance et, par conséquent, à l’explosion de la violence. Le Liban subit également la politique d’agression israélienne. La résolution 425 de 1978 n’a pas encore été pleinement mise en œuvre. Le retrait israélien du Sud Liban s’est produit après des années de résistance héroïque de la part du peuple libanais. Nous rejetons les allégations formulées par le représentant d’Israël et affirmons que notre Gouvernement n’est pas responsable de la situation le long de la Ligne bleue. L’armée israélienne non seulement continue de massacrer le peuple palestinien mais elle foule au pied les normes de droit international, y compris la quatrième Convention de Genève relative à la protection des civils en temps de guerre. Le Gouvernement montre ainsi qu’il n’a que mépris pour la résolution 1403 adoptée, il y a quelques jours, et qu’il a l’intention de poursuivre son occupation. Il est temps que le Conseil demande, au titre du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, la mise en œuvre de ses résolutions et envisage le déploiement d’une force internationale pour la protection des civils palestiniens
M. HASMY AGAM (Malaisie) a regretté que la situation en Palestine se soit encore dégradée depuis la dernière réunion du Conseil. La situation, a-t-il insisté, est extrêmement critique et exige une réaction immédiate du Conseil. Ce dernier a déjà adopté trois résolutions qu’Israël a choisi d’ignorer. Défiant les appels répétés du Conseil et des Etats-Unis, Israël poursuit l’invasion du territoire palestinien, a déploré le représentant. Prenant note des retraits partiels d’Israël, il a dit craindre que cela ne soit qu’une tactique destinée à alléger la pression de la communauté internationale. Ces retraits ne sont pas acceptables et l’armée doit se retirer complètement, conformément aux résolutions du Conseil, a insisté le représentant.
Il a appelé le Conseil à exiger le respect de ces résolutions. Si Israël continue d’ignorer ces appels, le Conseil doit envisager les mesures punitives appropriées, comme le prévoit la Charte des Nations Unies. A cet égard, le représentant a fait part de l’appel des Ministres des affaires étrangères de l’Organisation de la Conférence islamique consistant à imposer des sanctions contre Israël. Le Conseil doit agir promptement et avec détermination. Ce qu’il faut, ce n’est pas davantage de résolutions et de déclarations mais des mesures concrètes pour appuyer leur mise en oeuvre. Déclarant qu’il attendait beaucoup de la visite du Secrétaire d’Etat américain dans la région, il a espéré qu’il rencontrera le Président Arafat qui ne doit pas être diabolisé ou écarté mais pris au sérieux en tant qu’interlocuteur important du processus de paix. Il ne faut pas oublier que ce n’est pas le Président Arafat qui a causé cette crise mais M. Sharon avec sa visite à l’esplanade des Mosquées. L’intransigeance d’Israël représente un véritable défi pour le Conseil qui joue ici sa crédibilité, a conclu le représentant.
M. ZEID RA’AD ZEID AL-HUSSEIN (Jordanie) a déclaré que l’escalade militaire à laquelle se livre Israël représente un acte criminel méprisable que sa délégation condamne fermement. L’opération militaire dans les territoires occupés est une violation flagrante du droit international humanitaire, y compris la quatrième Convention de Genève sur la protection des civils en temps de guerre. Le moment est venu pour le Gouvernement israélien de réaliser que l’option militaire n’est la solution d’aucune crise. La voie politique est la seule façon de surmonter cette crise et c’est pourquoi, nous demandons au Gouvernement israélien d’appliquer les résolutions du Conseil de sécurité, de se retirer complètement des territoires et villes réoccupés et de préparer la mise en oeuvre du Plan Tenet et des recommandations du rapport Mitchell. La Jordanie se dit en faveur du déploiement d’une force internationale
M. A. GOPINATHAN (Inde) a prévenu que l’action d’Israël contre des civils innocents aura des conséquences opposées à ses objectifs. Les résolutions adoptées récemment par le Conseil constituent une feuille de route pour un retour à la normalité et à la reprise du dialogue et des négociations. Il a réitéré que le Président Arafat est le symbole de la nation palestinienne et que sa sécurité est d’une importance primordiale pour la communauté internationale. Il a appelé à la levée de toutes les restrictions qui lui sont imposées pour lui permettre de jouer le rôle qui lui revient. Le représentant s’est dit inquiet de la tension sur la Ligne bleue et a demandé que les violations cessent et que cette Ligne soit respectée comme une délimitation d’une importance considérable pour la région. Il a conclu en exhortant le Conseil à oeuvrer, de façon assidue, pour faire cesser une violence qui pourrait avoir des conséquences de vaste portée.
M. ABDALLA SALEH AL-ASHTAL (Yémen) a estimé qu’il était temps que le Conseil assume ses responsabilités au regard de la question de Palestine. Sous prétexte de lutter contre le terrorisme, Israël détruit les maisons de civils et infrastructures publiques, prend la population civile pour cible et empêchent les ambulances de parvenir aux blessés. Nous nous demandons bien quel type de paix recherche le Premier Ministre israélien avec son agression barbare. Nous nous demandons également comment, dans ce contexte, les parties pourraient revenir à la table des négociations. Le Conseil est appelé plus que jamais à prendre des mesures efficaces pour mettre un terme au massacre perpétré par les forces israéliennes. Nous l’appelons à engager Israël à respecter ses obligations juridiques et morales conformément aux instruments des droits de l’homme. Nous souhaitons que le Chapitre VII soit appliqué si Israël refuse de mettre en oeuvre les résolutions du Conseil et demandons le déploiement d’une force internationale dans les territoires.
M. MAHFOUDH OULD DEDDACH (Mauritanie) a jugé regrettable que le Conseil tienne des réunions successives pour demander la mise en oeuvre de résolutions adoptées précédemment. Le rejet de ces résolutions et les évènements humanitaires qui ont suivi appellent une intervention immédiate du Conseil pour défendre le peuple palestinien. Il s’agit là d’un défi pour le Conseil qui doit prouver qu’il assume ses responsabilités. A cet égard, il doit commencer par faire appliquer la Convention de Genève de 1949, a estimé le représentant.
M. ABDULAZIZ NASSER R. AL-SHAMSI (Emirats arabes unis) a condamné les activités menées par les forces israéliennes d’occupation qui sont armées jusqu’aux dents Israël fait fi des appels au respect du droit international humanitaire, y compris la quatrième Convention de Genève sur la protection des civils en temps de guerre. Le représentant a également condamné les déclarations provocatrices faites hier par Ariel Sharon, qui est connu, a-t-il dit, pour son racisme et ses positions extrémistes. Israël tente de nous mettre devant le fait accompli. Il continue de tuer et poursuit sa logique expansionniste. Le laxisme du Conseil de sécurité et le fait qu’il n’a pas pris de mesures pour protéger les civils israéliens constitue un acte d’encouragement pour Israël. Nous demandons au Conseil de renoncer à la politique des « deux poids, deux mesures » et de cesser de placer Israël au-dessus du droit international. Nous engageons les Etats-Unis à exercer davantage de pressions sur Israël pour qu’il se retire des territoires palestiniens, mette un terme aux actes de torture et lève le siège humiliant et injuste imposé au Président Arafat. Nous demandons le déploiement d’une force d’urgence dans les territoires palestiniens, tout en appelant le Conseil à faire une distinction entre le droit à résister à l’occupation et le terrorisme auquel se livre le Gouvernement israélien.
M. HOUSSAM ASAAD DIAB (Liban) a dénoncé la réponse israélienne à la résolution 1402 qui a été une escalade de la violence contre les Palestiniens. Malgré l’adoption de la résolution 1403 et des appels de la communauté internationale dont le Président des Etats-Unis, le Premier Ministre israélien a dit son intention d’ordonner à son armée de pénétrer plus profondément dans le territoire palestinien et de terminer sa tâche. Le moment est venu pour le Conseil de sécurité de mettre un terme à ce mépris des résolutions pertinentes, a dit le représentant, tout en exprimant sa profonde inquiétude face à la tragédie humanitaire du peuple palestinien.
Le représentant a poursuivi en rappelant que les résolutions 425 et 426 ont été adoptées par le Conseil en 1978 lorsque Israël avait envahi des territoires libanais. Le Gouvernement libanais, a-t-il encore rappelé, a réaffirmé son respect de la Ligne bleue et déclaré qu’il n’a aucunement l’intention d’ouvrir un nouveau front dans le Sud-Liban. Les forces libanaises ont même arrêté certains éléments, responsables des attaques, qui avaient échappé à tout contrôle. Néanmoins, a précisé le représentant, le Liban se réserve le droit de libérer l’ensemble de son territoire dont les fermes de Chebaa par tous les moyens possibles. Le Liban a présenté des excuses officielles aux Nations Unies et aux membres du Conseil de sécurité à la suite de l’incident tragique qui a causé la mort de quatre personnes appartenant à la Force internationale déployée dans la région. Le Liban a la ferme intention de traduire les responsables en justice. Concluant, le représentant a estimé que c’est Israël qu’il faut tenir responsable de l’escalade de la violence, lui qui a violé la souveraineté aérienne, terrestre et maritime du Liban en bombardant même des villes libérées dans la partie sud du pays.
M. SUN JOUN-YUNG (République de Corée) a déclaré que son Gouvernement apporte tout son soutien aux résolutions 1397, 1402 et 1403 du Conseil de sécurité appelant à un cessez-le-feu immédiat et au retrait des troupes israéliennes des agglomérations palestiniennes. Nous accueillons positivement le Plan Tenet et les recommandations du rapport Mitchell comme un cadre qui pourrait effectivement permettre d'amener la paix dans la région. Nous espérons que la visite du Secrétaire d'Etat américain Colin Powell dans la région conduira à un cessez-le-feu et à des négociations sensées, et nous soutenons les efforts de paix de la communauté internationale et en particulier du "Quartet" d'envoyés spéciaux. Le Gouvernement de la République de Corée est d'avis que le processus de paix entre Israël et la Palestine est d'une importance critique pour la paix et la sécurité de la région et du reste du monde, et nous sommes très perturbés par les récentes éruptions de violence le long de la Ligne bleue qui sépare Israël du Liban.
M. MURARI RAJ SHARMA (Népal) a déclaré que le Moyen–Orient connaît un cycle de violence depuis plusieurs mois maintenant et la situation s’est encore dégradée la semaine dernière avec l’occupation de villes et camps palestiniens par l’armée israélienne. Il n’y a pas de raisons qui justifient le massacre d’innocents. Le recours à la force ne conduit pas et ne conduira jamais à la paix au Moyen-Orient. Le cessez-le-feu doit être assorti d’un processus politique répondant aux aspirations israéliennes à la sécurité et aux aspirations palestiniennes à la création d’un Etat indépendant. Il semble que les deux parties ne disposent pas de la volonté politique nécessaire pour arriver à une solution et la communauté internationale doit leur venir en aide. Les résolutions 1402 et 1403 doivent être mises en œuvre immédiatement et Israël doit se retirer des territoires, a souligné le représentant, convaincu que les deux parties doivent ensuite retourner à la table des négociations sans plus tarder.
M. HAMZAH THAYEB (Indonésie) s’est demandé s’il peut encore exister une lueur au bout du tunnel quand le monde est témoin du carnage qui est infligé au peuple palestinien. Le Conseil doit insister sur l’application de ces trois dernières résolutions, a-t-il dit en estimant que le fait qu’elles ne soient toujours pas appliquées suscite une préoccupation d’autant plus vive que de plus en plus de civils sont tués ou blessés. En outre, a-t-il poursuivi, il est intolérable que des milliers de civils innocents soient privés des besoins les plus élémentaires parce qu’eux et leur Président continuent d’être soumis à un siège. Pour le représentant, cette situation met au premier plan la question de la crédibilité des mesures prises par le Conseil. L’Indonésie, a-t-il ajouté, est fermement convaincue que le Conseil doit saisir cette occasion pour s’acquitter de ses obligations sur cette question. Cela devrait entraîner le déploiement d’urgence d’une force internationale de sécurité pour protéger les civils et ramener la paix et la normalité dans ces territoires déchirés par la guerre.
M. ENRIQUE MANALO (Philippines) a rappelé que la gravité de la situation a amené le Conseil à adopter trois résolutions qui doivent être mises en œuvre immédiatement. Nous condamnons tous les actes de violence contre des civils innocents. Aucune solution militaire ne peut résoudre cette crise. Seule l’option politique peut avoir des chances de succès. Nous accueillons favorablement de la proposition la création d’un mécanisme tiers. Le représentant a rappelé que le Plan Tenet et les recommandations du rapport Mitchell ont été acceptés par les deux parties tandis que les résolutions 1397, 1402 et 1403 ont défini les conditions nécessaires à une action immédiate. Nous demandons donc leur mise en œuvre immédiate. Le Sommet de la Ligue des Etats arabes, tenu le mois dernier à Beyrouth, a apporté une contribution importante en forgeant une position commune arabe en vue de promouvoir la paix au Moyen-Orient.
M. YEHUDA LANCRY (Israël) a qualifié d’irresponsable la déclaration faite hier par l’Observateur de la Palestine. Ce dernier, a-t-il estimé, avait utilisé des termes similaires et aussi irresponsables lorsqu’il avait rejeté les informations sur l’acheminement d’armes vers le territoire palestinien. Or aujourd’hui chacun sait que la responsabilité de la commande des armes transitées par Karina A remonte aux plus hauts échelons de l’Autorité palestinienne. Nous sommes dans la même situation aujourd’hui, a affirmé le représentant, maintenant qu’Israël a saisi des documents faisant état de l’appui des autorités palestiniennes au plus haut niveau à des activités terroristes. Partant, la déclaration d’Israël n’est ni stupide, ni absurde, ni idiote, a dit le représentant en reprenant les mots de l’Observateur permanent de la Palestine.
Il a regretté que la duplicité pour laquelle le Président Arafat est bien connu soit aujourd’hui le fait de l’ensemble de l’Autorité palestinienne. C’est cette duplicité, a-t-il estimé, qui permet aujourd’hui à cette Autorité d’appeler à la paix tout en laissant libre cours aux activités terroristes. Israël demande le règlement de la question de terrorisme pour être convaincu de revenir à la table des négociations et conclure un accord durable. Le représentant s’est dit déçu par les déclarations de Maurice qui semble fermer les yeux sur les pratiques terroristes palestiniennes et, de façon manichéenne, voit des innocents d’un côté et des coupables de l’autre. Maurice, a constaté le représentant, ne semble pas ému par le nombre des attentats terroristes depuis le processus d’Oslo.
Le retrait des troupes israéliennes demandé par les résolutions du Conseil ne revient en aucun cas à demander à Israël d’accepter les actes terroristes, a précisé le représentant. Aujourd’hui, a-t-il indiqué, Israël s’est retiré de certaines villes sans garantie de la part des Palestiniens. Or la résolution 1402 a demandé une mise en oeuvre simultanée de la part des deux parties. Le représentant s’est aussi étonné des allégations selon lesquelles, depuis le 29 mars, les morts ne seraient que d’origine palestinienne. Ceci ne serait crédible, a-t-il dit, que si l’on considère que les Palestiniens armés sont des civils. Les soldats israéliens ont des ordres stricts qui interdisent toutes attaques contre les civils.
Le représentant a rejeté la comparaison entre les pratiques israéliennes et les pratiques nazies. Peut-on accepter un parallèle entre le génocide de 6 millions de personnes et une campagne antiterroriste? Ce sont, a-t-il souligné, les Palestiniens qui se suicident à la bombe tuant au passage des personnes qui ont échappé à l’holocauste.
L’Observateur de la Palestine, M. NASSER AL-KIDWA reprenant la parole, a évoqué l’incident verbal qui a eu lieu hier entre sa délégation et la délégation israélienne. Il s’agit encore d’une campagne de dénigrement menée par la partie israélienne. Je n’ai jamais dit que l’Ambassadeur d’Israël était stupide et idiot mais que «nous avons entendu une déclaration qui était en fait absurde et fâcheuse et contenait des allégations stupides et non fondées qu’on ne saurait croire». Les adjectifs «idiot et stupide» ne visaient personne en particulier. Ces allégations ont pour but de saper l’Autorité palestinienne et de contribuer à la campagne menée contre lui. L’Observateur a démenti les allégations selon lesquelles l’Autorité palestinienne serait derrière des activités de contrebande d’armes. L’Autorité palestinienne n’est nullement impliquée dans cette affaire. Nous demeurons convaincus que le récit israélien est absurde. Aucune personne sensée n’aurait eu cette idée. Aucune arme autre que des fusils n’a été utilisée contre les envahisseurs. Le représentant a regretté ce qu’il a appelé l’incapacité du représentant d’Israël de le nommer par les termes qu’il convient à savoir «l’Observateur de la Palestine». Il a dénoncé les soi-disant retraits des villes palestiniennes auquel procèderait Israël alors qu’en fait les attaques militaires se poursuivent et connaissent une escalade. Les forces israéliennes ont intensifié leurs attaques à Djénine et Naplouse. L’Observateur a par démenti avoir tracé une analogie entre l’holocauste nazi et ce qui se produit actuellement dans les territoires. Il a précisé avoir dit que ce qui est commis actuellement a entraîné une situation qui équivaut à la situation de villes européennes soumises à l’occupation de l’armée allemande et des nazis. Ce qu’a fait l’armée israélienne n’est pas différent par de nombreux aspects de ce qu’ont fait les nazis dans de nombreuses villes européennes.
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