LE CONSEIL DE SECURITE MIS AU FAIT DES PROGRES POLITIQUES ET DE LA PRECARITE DE LA SITUATION EN MATIERE DE SECURITE EN AFGHANISTAN
Communiqué de presse CS/2265 |
Conseil de sécurité
4479ème séance – matin
LE CONSEIL DE SECURITE MIS AU FAIT DES PROGRES POLITIQUES ET DE LA PRECARITE
DE LA SITUATION EN MATIERE DE SECURITE EN AFGHANISTAN
Avant de procéder à ses consultations officieuses sur la situation en Afghanistan, le Conseil de sécurité a entendu, ce matin, l’intervention du Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, M. Kieran Prendergast, qui a fait part des faits nouveaux intervenus sur le terrain. Ce dernier a ainsi évoqué les deux priorités de l’Administration intérimaire dirigée par M. Hamid Karzaï qui sont la convocation de la Loya Jirga et la création d’un service civil afghan. Dans ce contexte, il s’est attardé sur les questions de la sécurité, des activités humanitaires de l’ONU, de la structure de la Mission des Nations Unies en Afghanistan et du plan relatif à la Mission intégrée de l’ONU dans ce pays.
Le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques a estimé que les progrès politiques, en Afghanistan, ont lieu à un rythme plus rapide que prévu. Aujourd’hui, a-t-il indiqué, l’étape suivante sur la voie de la stabilité est la convocation de la Loya Jirga, prévue pour juin, qui doit aboutir à la mise en place d’une autorité de transition. Ainsi, a expliqué le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, la Commission chargée de l’établissement des règles et procédures de la Loya Jirga a entamé ses travaux le 7 février dernier. Apportant son aide, l’ONU a commencé à consulter les provinces du pays et a pu se rendre compte de l’appui de la majorité des Afghans en faveur de cette Loya Jirga. Toutefois, des craintes sont apparues quant à la capacité des groupes armés d’influencer le choix des membres de la Loya Jirga. Les pressions peuvent, en effet, augmenter, a prévenu M. Prendergast en faisant part d’informations quant à des actes de corruption de la part de personnalités importantes. Avant d’en terminer sur cette question, le Secrétaire général adjoint a rappelé que la Commission a pu commencer ses travaux grâce à l’octroi d’une somme de 500 000 dollars par le Gouvernement du Royaume-Uni.
En ce qui concerne la création d’un service civil afghan, le Secrétaire général adjoint a indiqué que l’Administration intérimaire a pu commencer à payer les salaires des fonctionnaires pour les mois de janvier et de février. Ceci a été possible, a-t-il précisé, grâce aux fonds fournis par le PNUD. Dans ce contexte, le Secrétaire général adjoint a rappelé les appels lancés au Groupe des 21, par le Représentant spécial du Secrétaire général, M. Lakhdar Brahimi, concernant la nécessité de mobiliser les ressources nécessaires. «L’autorité a davantage besoin de pain aujourd’hui que de la promesse d’un gâteau demain», a insisté M. Prendergast avant de faire part des efforts déployés pour la création des institutions judiciaires et des droits de l’homme. Sur le plan diplomatique, il a rappelé les visites effectuées par le Président de l’Autorité intérimaire dans les pays voisins et dans le pays. En ce qui concerne ce point, M. Prendergast a relevé un élément positif qui est l’appui inconditionnel des Afghans du processus de Bonn.
S’agissant de la sécurité, M. Prendergast a souligné que l’Autorité intérimaire a du faire face à la mobilisation de factions rivales dans le Nord et aux combats entre Gouverneurs rivaux dans le Sud. Au Nord, la situation a pu être rétablie. Une Force de police multiethnique de 600 hommes et une commission chargée de la sécurité composée de tous les partis politiques ont été créés. Mais, près de cette région, des combats ont eu lieu entre deux commandants de garnison et les Pachtounes continuent d’être victimes de harcèlements. Dans le Sud, la situation a été stabilisée après les tensions qu’ont créées la nomination d’un nouveau gouvernement par l’Autorité intérimaire. Toutefois, cette Autorité est suffisante respectée pour empêcher un retour généralisé de la guerre, a estimé M. Prendergast. Des combats de faible intensité continuent pourtant dans la province de Farah, à Kandahar, où certains groupes restent réticents au désarmement, à Helmand, le Gouvernement s’oppose à la loi sur la production de l’opium et à Kaboul, le Ministre des transports a été assassiné pour des raisons qui pourraient être politiques, a concédé M. Prendergast avant de souligner l’importance de la Force internationale pour l’assistance à la sécurité qui est arrivée à son plein déploiement avec 4500 hommes chargés de 30 patrouilles par jour lesquelles devraient augmenter.
Toujours sur le plan de la sécurité, M. Prendergast a indiqué que la formation du premier bataillon de la nouvelle armée afghane vient de commencer, les nouvelles recrues venant de tout le pays. D’ailleurs, une équipe d’évaluation des Etats-Unis a passé plusieurs semaines à Kaboul. La Force de police se créée aussi, a poursuivi M. Prendergast, en saluant l’aide apportée par 18 pays et 11 organisations internationales dont les Nations Unies. Pour sa part, a encore indiqué le Secrétaire général adjoint, l’Allemagne a promis 10 millions d’euros en 2002 pour appuyer la formation des policiers afghans et la construction de postes de police. D’autres contributions viendront de la Belgique, de l’Inde, de la Norvège, du Pakistan et de la Fédération de Russie. Le Royaume-Uni a déjà fourni des uniformes et des équipements. Une réunion sur les questions de police est prévue en mars.
Poursuivant sur ce plan, le Secrétaire général adjoint a déploré que la Force internationale soit limitée à Kaboul alors que le danger se trouve surtout dans les provinces. Pour lui, dans son état actuel, l’appareil sécuritaire ne peut répondre, de façon satisfaisante, aux menaces à la sécurité avant la convocation de la Loya Jirga. La question de la sécurité continue donc d’être la principale préoccupation et comme l’a souligné le Secrétaire général adjoint, tout dépendra des efforts de la communauté internationale et des Afghans.
Il a ensuite évoqué les activités humanitaires de l’ONU. La capacité des institutions à délivrer de l’aide non alimentaire a été améliorée, a-t-il estimé, grâce à l’ouverture de trois nouveaux postes frontières. Avec la collaboration du Gouvernement afghan, les institutions de l’ONU vont commencer à fournir une assistance au retour des réfugiés. Un programme de rapatriement pilote devrait d’ailleurs commencer le 1er mars pour les réfugiés du Pakistan, a-t-il indiqué en précisant qu’il s’agit d’assurer le retour de 200 familles par jour. Dans ce contexte, il s’est inquiété de la nouvelle vague de réfugiés au Pakistan depuis le début du mois qui montre la précarité de la situation sécuritaire en Afghanistan. La majorité de ces réfugiés sont des Pachtounes qui ont subi des violations des droits de l’homme dans leur pays.
Après avoir évoqué les activités du Programme alimentaire mondial (PAM), le Secrétaire général adjoint a annoncé qu’une actualisation des besoins financiers pour le Programme d’assistance intérimaire en 2002 sera présenté à Kaboul. Concluant sur la Mission des Nations Unies en Afghanistan, il a rappelé l’arrivée, le 24 février, du Chef du Programme de reconstruction, M. Nigel Fisher; l’adjoint chargé des affaires politiques devant nommer bientôt. Le Bureau du Représentant spécial du Secrétaire général, a-t-il encore indiqué, dispose d’un Conseiller pour les questions de police, assisté provisoirement par le Département des opérations de maintien de la paix qui établira des contacts avec le Ministère de l’intérieur. Enfin, un conseiller des droits de l’homme est également arrivé du Bureau du Haut Commissaire aux droits de l’homme. A ce propos, un atelier sur les droits de l’homme doit être organisé qui devrait jeter les bases d’une Commission des droits de l’homme. Le système des Nations Unies, a ajouté M. Prendergast est en train d’apporter la dernière touche à son plan relatif à la Mission intégrée des Nations Unies en Afghanistan qui sera bientôt présenté au Conseil.
* *** *