LE CONSEIL INSISTE SUR L'IMPORTANCE DU DIALOGUE INTERCONGOLAIS ET DEMANDE A NOUVEAU LE RETRAIT DE TOUTES LES FORCES ETRANGERES DU TERRITOIRE DE LA RDC
Communiqué de presse CS/2263 |
Conseil de sécurité
4476ème séance – après-midi
LE CONSEIL INSISTE SUR L'IMPORTANCE DU DIALOGUE INTERCONGOLAIS ET DEMANDE A NOUVEAU LE RETRAIT DE TOUTES LES FORCES ETRANGERES DU TERRITOIRE DE LA RDC
Il demande à la Mission de l’ONU d’évaluer
les effectifs des ex-FAR et Interahamwe dans le pays
M. Adolfo Aguilar Zinser (Mexique), Président du Conseil de sécurité pour le mois de février, a fait ce matin, au nom des membres du Conseil, la déclaration suivante sur la situation concernant la République démocratique du Congo* (RDC):
Le Conseil de sécurité accueille avec satisfaction le dixième rapport du Secrétaire général sur la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC), dont il examinera les recommandations. Il demande à toutes les parties au conflit de faire preuve de volonté politique pour parvenir à un règlement pacifique et à la réconciliation, et exhorte toutes les parties à l’Accord de cessez-le-feu de Lusaka (S/1998/815) à respecter l’intégralité de leurs engagements en vertu de l’Accord et des résolutions pertinentes du Conseil.
Le Conseil de sécurité insiste sur l’importance du dialogue intercongolais, essentiel pour parvenir à une paix durable. Il réaffirme son plein appui au Facilitateur et à son équipe et demande à toutes les parties congolaises de participer au processus dans un esprit constructif.
Le Conseil de sécurité demande à nouveau le retrait de toutes les troupes étrangères du territoire de la République démocratique du Congo. Il souligne par ailleurs que le processus de désarmement, de démobilisation, de rapatriement, de réinstallation et de réinsertion des groupes armés mentionné à l’annexe A, chapitre 9.1 de l’Accord de cessez-le-feu de Lusaka est également essentiel au règlement du conflit et, à cet égard :
– Réaffirme son appui à la MONUC, qui se déploie dans l’est du pays afin de faciliter ce processus;
– Demande au Gouvernement de la République démocratique du Congo de respecter ses engagements en ce qui concerne le rapatriement des anciens combattants à Kamina;
– Prenant note de la demande présentée par le Président Kabila au Conseil de sécurité, demande à la MONUC de réaliser une première évaluation des effectifs des groupes armés rwandais (ex-FAR et Interahamwe) sur le territoire de la République démocratique du Congo et de lui faire rapport à ce sujet fin mars au plus tard. Au vu des résultats de cette évaluation, le Conseil décidera s’il convient ou non de fournir un appui supplémentaire à la MONUC pour lui permettre de réaliser cette tâche;
– Rappelle que toutes les parties ont une responsabilité particulière en ce qui concerne le bon déroulement du processus de désarmement, de démobilisation, de rapatriement, de réinstallation et de réinsertion et que la Commission militaire mixte a un rôle à jouer à cet égard, en coopération avec la MONUC.
Le Conseil de sécurité prend acte du renforcement de la MONUC à Kisangani et demande à nouveau à ce que la ville soit démilitarisée, conformément à ses résolutions pertinentes. À cet égard, il insiste également sur l’importance de la réouverture pleine et entière du fleuve Congo, y compris au trafic commercial, et demande à toutes les parties de coopérer à cet égard.
Le Conseil de sécurité se déclare préoccupé par la persistance des violations des droits de l’homme, en particulier dans l’est du pays, et demande à toutes les parties d’y mettre fin.
* Pour l'examen de cette question, le Conseil était saisi du Dixième rapport du Secrétaire général sur la Mission de l'Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo, paru sous la cote (S/2002/169)
Dixième rapport du Secrétaire général sur la Mission des Nations Unies en République démocratique du Congo
Le dixième rapport du Secrétaire général sur la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (RDC) fait le point sur les développements intervenus au cours des quatre derniers mois. S’agissant de l’évolution de la situation politique, le Secrétaire général souligne que certains contacts bilatéraux et multilatéraux encourageants ont été établis entre les pays engagés dans le conflit, notamment par le biais de consultations régionales conduites par son Représentant spécial, M. Amos Namanga Ngongi. Il fait également état du soutien apporté par la communauté internationale au processus de paix de Lusaka lors de tournées effectuées notamment par la troïka de l’Union européenne en novembre 2001 et par les Ministres français et britannique des affaires étrangères du 21 au 23 janvier 2002.
Le Secrétaire général aborde également la question du dialogue intercongolais qui s’est ouvert le 15 octobre 2001 à Addis-Abeba et fait état de trois consultations officieuses, organisées depuis par le Sous-Secrétaire général aux affaires politiques, M. Ibrahima Fall, en étroite consultation avec le bureau du médiateur neutre, et qui ont réuni des représentants du Gouvernement, du MLC et du RCD, en novembre à New York, en décembre à Abuja et en février à Genève. Aux termes des ces consultations, les parties sont convenues notamment de limiter à 300 le nombre de participants aux négociations de Sun City (Afrique du Sud)et ont offert aux représentants des Maï Maï, aux groupes religieux, aux chefs traditionnels, à l’opposition interne et externe absente à Gaborone et à la diaspora congolaise, la possibilité de participer à ce dialogue.
Le rapport du Secrétaire général fournit également des éléments relatifs à l’évolution de la situation militaire et souligne que le cessez-le-feu en vigueur le long de la ligne d’affrontement entre les signataires de l’Accord de Lusaka tient depuis un an et que les observateurs militaires de la MONUC cantonnés le long de cette ligne en surveillent activement l’application. Il fait état également du retrait d’une partie des troupes angolaises et ougandaises et de la détérioration de la situation dans le nord-est de la RDC en raison des retournements d’alliance entre le MLC de M. Jean-Pierre Bemba et le RCD-K/ML de M. Mbusa Nyamwisi. Il ajoute, s’agissant des deux Kivu, que des opérations du RCD-Armée patriotique rwandaise (APR) et des activités de groupes armés importantes ont été signalées au cours des derniers mois et que la situation demeure par conséquent extrêmement instable.
Le Secrétaire général souligne que le déploiement de la MONUC prévu au titre de la phase II de son mandat a été mené à bien et précise que, afin de faciliter l’élargissement des équipes d’observateurs militaires déployés préalablement à la phase III, la structure d’appui actuelle de la Mission a été renforcée avec la mise en place de quatre centres de coordination à Basankusu, Boende, Ilebo et Manono. Il ajoute que la MONUC a enfin été en mesure de commencer à déployer le matériel du génie et le personnel militaire depuis le 29 janvier à Kisangani et devrait le faire à Kindu à compter de la troisième semaine de février. Il précise que les observateurs militaires des Nations Unies seront chargés de vérifier et de surveiller la démilitarisation de Kisangani dont le principe a été jugé irrévocable par le RCD conformément à ce qu’a exigé le Conseil de sécurité.
Le Secrétaire général souligne ensuite que depuis la publication de son dernier rapport, la Division de la MONUC chargée des questions relatives au désarmement, à la démobilisation, au rapatriement, à la réinstallation et à la réinsertion (DDRRR) est devenue opérationnelle et a commencé à travailler avec les parties à l’Accord de Lusaka, la Commission militaire mixte (CMM) et les divers groupes armés. Il ajoute que le désarmement et la démobilisation effectifs des groupes armés exigeront l’intervention de troupes supplémentaires car il faudrait créer, selon les estimations, 10 centres d’accueil dans la zone Kindu-Goma-Kalémie. S’agissant de la démobilisation des enfants soldats, le rapport précise que l’UNICEF a conclu, il y a peu, un accord avec le Rassemblement congolais pour la démocratie concernant la démobilisation, le désarmement et la réinsertion sociale de 2600 enfants soldats tandis que de son côté le Gouvernement de la RDC a également accepté de démobiliser 4000 enfants soldats.
Le rapport porte également sur les programmes mis en oeuvre dans le domaine de l’information, sur la situation à Goma au lendemain de l’éruption du volcan Nyiragongo le 17 janvier, sur la situation humanitaire, sur l’évolution de la situation des droits de l’homme dans les zones sous le contrôle du Gouvernement ou des mouvements rebelles, et sur la protection des enfants. S’agissant des aspects financiers, le Secrétaire général précise que le 24 décembre 2001, l’Assemblée générale a ouvert un crédit supplémentaire de 193,2 millions de dollars pour le financement de la MONUC pour la période allant du 1er janvier au 31 mars 2002. Il rappelle qu’au 31 décembre 2001, les contributions mises en recouvrement et non acquittées au compte spécial de la MONUC s’élevaient à 140,4 millions de dollars.
Dans ses observations, le Secrétaire général souligne que les difficultés de la phase III du déploiement de la MONUC sont déjà évidentes et que le déploiement à Kisangani et à Kindu a été sérieusement entravé et considérablement retardé de même que le rapatriement des combattants qui se trouvent à Kamina. Il ajoute qu’il n’y a pas eu beaucoup de progrès non plus sur le plan de la démilitarisation de Kisangani malgré l’engagement public pris par les dirigeants de la RDC le 9 novembre lors de la rencontre du Comité politique de l’Accord de Lusaka et du Conseil de sécurité. Il estime que la MONUC devra disposer de ressources considérables pour pouvoir exécuter le plan d’opérations modifié pour le premier stade de la phase III. Il précise que les unités civiles et la police civile de la MONUC assumeront toutes des responsabilités de plus en plus importantes au fur et à mesure que le centre de gravité de la Mission se déplacera vers l’est et ajoute que les besoins logistiques de la MONUC seront toujours considérables. Aussi, le Secrétaire général recommande-t-il que le Conseil de sécurité envisage d’augmenter l’effectif autorisé de la MONUC de 850 hommes, tous rangs confondus, et de 85 policiers pour ce qui est de la police civile. Il ajoute que la création d’une base logistique dans l’est du pays permettrait de faciliter les déploiements futurs.
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