En cours au Siège de l'ONU

CS/2246

LES MEMBRES DU CONSEIL REGRETTENT LES RETARDS INTERVENUS DANS LA MISE EN PLACE DES INSTITUTIONS NOUVELLEMENT ELUES AU KOSOVO

21/01/02
Communiqué de presse
CS/2246


Conseil de sécurité

4454e séance – matin


LES MEMBRES DU CONSEIL REGRETTENT LES RETARDS INTERVENUS DANS LA MISE EN PLACE

DES INSTITUTIONS NOUVELLEMENT ELUES AU KOSOVO


Ils saluent la nomination par le Secrétaire général de

M. Michael Steiner au poste de représentant spécial, en remplacement de M. Haekkerup


Réunis ce matin pour examiner l’évolution de la situation au Kosovo au cours des trois derniers mois, les membres du Conseil de sécurité ont pris connaissance de la nomination par le Secrétaire général, M. Kofi Annan, de son nouveau Représentant spécial pour la province, M. Michael Steiner (Allemagne).  Ils ont par ailleurs salué la contribution décisive de son prédécesseur, M. Hans Haekkerup (Danemark), qui a quitté ses fonctions le 31 décembre dernier, aux progrès réalisés au cours de l’année 2001 par la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) dans la mise en place d’une administration autonome provisoire. 


En effet, comme l’a souligné le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Jean-Marie Guéhenno, les élections législatives du 17 novembre 2001 se sont déroulées dans de bonnes conditions bien qu’elles n’aient pas permis à un parti de disposer de la majorité à l’Assemblée.  Il a rappelé que le rôle de la MINUK avait été essentiel, soulignant notamment la signature d’un Document commun avec le Gouvernement de la République fédérale de Yougoslavie (RFY) le 5 novembre 2001 à Belgrade qui garantissait la participation de la minorité serbe au processus électoral et ouvrait une nouvelle ère de coopération entre Belgrade et la Mission.  Cette coopération s’est notamment traduite par la création d’un Groupe de travail de haut niveau, a précisé M. Guéhenno, avant d’assurer que la MINUK s’emploie à créer les conditions de participation de toutes les minorités ethniques aux affaires publiques et à l’administration du Kosovo. 


Le Secrétaire général adjoint a, cependant, regretté qu’en dépit de trois sessions tenues par l’Assemblée du Kosovo depuis le 10 décembre, aucun consensus ne se soit dégagé sur la désignation du Président, du Premier Ministre et du Gouvernement de la province.  Déplorant unanimement les retards dans la mise en place des institutions, les membres du Conseil ont, à l’instar du représentant des Etats-Unis, estimé qu’on ne devait plus traiter avec patience et complaisance ceux qui cherchent à intimider les gens de bonne volonté et demandé aux dirigeants du Kosovo de se montrer à la hauteur des enjeux.  Le représentant de la Bulgarie a, pour sa part, jugé que l’impasse dans laquelle s’est mise l’Assemblée du Kosovo représente un revers regrettable, appelant les acteurs politiques à abandonner l’esprit partisan. 


(à suivre 1a


Abordant les questions d’insécurité dans la province qui continuent de préoccuper la communauté internationale et la MINUK, les représentants ont fermement condamné l’assassinat, le 17 janvier 2002, d’un député albanophone de la Ligue démocratique du Kosovo (LDK) dans la région de Pec.  Le représentant de la Fédération de Russie a souligné, quant à lui, que depuis le début de 2002, une dizaine d’attaques terroristes avaient été perpétrées contre des Serbes et que les menaces persistent du fait d’extrémistes albanais.  Il a regretté que la MINUK et la KFOR n’aient pas pris les mesures indispensables pour assurer la sécurité des Serbes et le retour des personnes réfugiées et déplacées.  Il a également jugé que le Kosovo continuait de poser une menace pour ses voisins et la région, demandant par ailleurs que la question du statut final du Kosovo soit momentanément gelée.  Le représentant de la République fédérale de Yougoslavie s’est dit profondément préoccupé par le manque de sécurité dans la province, ajoutant que cet élément est une condition sine qua non au bon fonctionnement des institutions et à l’intégration des Serbes et autres populations non albanophones. 


Outre les quinze membres du Conseil, les représentants de l’Espagne (au nom de l’Union européenne et des pays associés), la République fédérale de Yougoslavie et l’Ukraine se sont exprimés.  Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix est intervenu à l’ouverture de la séance pour présenter le rapport du Secrétaire général sur la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo daté du 15 janvier 2002. 


RESOLUTIONS 1160 (1998), 1199 (1998), 1203 (1998), 1239 (1999) ET 1244 (1999) DU CONSEIL DE SECURITE


Rapport du Secrétaire général sur la Mission d'administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) (S/2002/62)


Le présent rapport, soumis en application de la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité en date du 10 juin 1999, porte sur les activités de la MINUK et les faits nouveaux intervenus au Kosovo (République fédérale de Yougoslavie) depuis le 2 octobre 2001.  La période considérée a été marquée principalement par l’élection d’un corps législatif et les efforts déployés ultérieurement pour constituer une majorité au gouvernement, efforts qui se poursuivent.  La MINUK a simultanément procédé à des ajustements internes en vue du transfert de pouvoirs importants aux institutions provisoires d’administration autonome et a veillé à ce que la nouvelle administration dispose d’un budget pleinement financé.  Sur le plan de la sécurité, la situation a été généralement calme.


Le Secrétaire général rappelle que les élections législatives, qui se sont tenues le 17 novembre 2001, ont constitué une étape importante dans l’application de la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité.  Toutefois, est-il précisé au rapport, l’électorat n’a donné la majorité à aucun parti, obligeant les forces politiques à travailler ensemble pour surmonter les séquelles du passé et contribuer à l’édification d’un avenir commun.  Le temps que prennent l’élection du président et la formation du gouvernement est révélateur des difficultés qu’il faut surmonter.  Il est indiqué que les institutions provisoires d’administration autonome auront la charge des zones relevant de leur autorité et que le Représentant spécial du Secrétaire général interviendra uniquement pour veiller à ce que les dispositions de la résolution 1244 (1999) et le Cadre constitutionnel soient respectés.  Le Secrétaire général émet l’espoir que les élus accompliront avec sagesse leur mandat et travailleront ensemble, dans un esprit de respect mutuel, de tolérance et de concorde constructive.


La signature du Document commun, le 5 novembre 2001, qui établit sur des bases solides les relations entre la MINUK et la République fédérale de Yougoslavie, est présentée comme une autre évolution constructive.  Le Secrétaire général indique que la MINUK continuera à travailler avec les autorités yougoslaves pour progresser dans le règlement des questions recensées dans le Document commun.  Il compte sur la pleine participation des représentants des institutions provisoires d’administration autonome à cette coopération.  Quel que soit le statut définitif du Kosovo, il estime que la relation entre Pristina et Belgrade demeurera d’une importance décisive pour la prospérité future dans la région.  Abordant la question de la sécurité qu’il juge préoccupante, M. Kofi Annan explique que la MINUK et la présence internationale de sécurité (KFOR) feront de leur mieux pour éliminer les armes et prévenir les actes de violence.  Cependant, cela ne suffit pas pour résoudre le problème et ce sont les mentalités qui doivent changer.  Là encore, les nouveaux élus ont une responsabilité particulière et ils doivent se prononcer clairement, ouvertement, pour un refus de la violence et du terrorisme.  Tous les membres de l’Assemblée nouvellement élue sont invités à donner l’exemple et à créer des conditions propices à une amélioration des relations entre les communautés et à leur réconciliation.  Celle-ci doit commencer au sein de l’Assemblée législative elle-même, les membres de toutes les communautés devant travailler côte à côte pour améliorer la situation de tous les habitants du Kosovo.  Les organisations non gouvernementales, elles aussi, ont un rôle décisif à jouer dans cette réconciliation.

Le Secrétaire général indique enfin que la MINUK passe actuellement par une phase critique de l’application de son mandat et qu'elle a apporté des changements importants aussi bien à sa structure qu’à l’orientation générale de son travail, pour encourager et épauler l’administration provisoire autonome tout en veillant au respect des dispositions de la résolution 1244 (1999).  Il est considéré que la phase suivante nécessitera beaucoup de doigté et une volonté ferme, constante, de la part de la communauté internationale.  Le Secrétaire général a exprimé sa gratitude à son Représentant spécial, M. Hans Haekkerup, qui a décidé, pour des raisons personnelles, de ne pas continuer à exercer ses fonctions.  Le Conseil de sécurité devra désigner un remplaçant.  Au mois de décembre 2001, la police de la MINUK était composée de 4 465 policiers originaires de 24 pays, et la composante de liaison militaire avait un effectif de 38 personnes de 31 nationalités. 


Déclarations


M. JEAN-MARIE GUEHENNO, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, présentant le dernier rapport du Secrétaire général, a fait observer qu’au cours des trois derniers mois, des progrès considérables ont été enregistrés au Kosovo.  Il a rappelé que, depuis sa création en 1999, la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) a travaillé étroitement avec le peuple du Kosovo pour faciliter la mise en place d’une administration et d’un gouvernement provisoires.  M. Guéhenno a insisté sur le bon déroulement des élections législatives du 17 novembre dernier qui n’ont pas pour autant permis à un parti de disposer de la majorité à l’Assemblée.  Il a ajouté que les efforts de la MINUK auront été, au cours de ces derniers mois, de convaincre la minorité serbe de participer aux élections.  A ce titre, il a mentionné la signature, le 5 novembre 2001 à Belgrade, du Document commun entre le Représentant spécial, M. Hans Haekkerup, et le Premier Ministre de la Serbie, M. Covic.  M. Guéhenno a ajouté que ce Document avait jeté les bases d’une coopération étroite avec les autorités de la République fédérale de Yougoslavie (RFY) en créant un Groupe de travail de haut niveau entre les dirigeants de Belgrade et ceux du Kosovo.  Ce Groupe de haut niveau, a-t-il ajouté, s’est déjà réuni une fois depuis le 5 novembre et doit de nouveau se réunir aujourd’hui.  Il a ajouté que la MINUK s’emploie à créer les conditions de participation des minorités ethniques du Kosovo aux affaires publiques. 


M. Guéhenno a salué le fait que la population du Kosovo ait su adopter le comportement approprié au lendemain des élections et a annoncé que des dispositions spéciales ont été prises pour assurer la protection des 22 députés serbes.  Cependant, le 17 janvier 2002, a-t-il regretté, M. Ismaël Hajdaray, un député de la Ligue démocratique du Kosovo (LDK) a été assassiné dans la région de Pec.  Tout en condamnant ce meurtre, le Secrétaire général adjoint a rappelé que, lors de sa session inaugurale du 10 décembre 2001, l’Assemblée avait élu son propre président mais n’était pas parvenue à élire le Président - et permettre ainsi la désignation du Premier Ministre - et à dégager une coalition gouvernementale.  Les sessions du 13 décembre 2001 et du 10 janvier 2002, a-t-il ajouté, n’ont pas permis de désigner le Gouvernement.  M. Guéhenno a poursuivi en soulignant les efforts de la MINUK dans la constitution des neuf départements transitoires  à Pristina, qui deviendront prochainement des ministères.  Il a expliqué ensuite qu’au niveau local, les responsables de la MINUK ont transmis leurs pouvoirs aux autorités élues.  S’agissant de la reconstruction économique du Kosovo, M. Guéhenno a souligné que le budget pour 2002 a été établi et assuré notamment que les dépenses seront couvertes par les recettes fiscales locales.  Il a ajouté que le passage du deutsche mark à l’Euro s’est fait sans problèmes tout comme l’encouragement des populations à ouvrir des comptes en banque.  M. Guéhenno a, toutefois, laissé entendre qu’il reste encore beaucoup à faire et a annoncé que le Secrétaire général a d’ores et déjà pris une décision quant à la succession de M. Haekkerup et qu’il avait, à cet effet, transmis une lettre aux membres du Conseil.


M. WEGGER STROMMEN (Norvège) a assuré que son pays travaillera de près avec le prochain Représentant spécial du Secrétaire général au Kosovo.  Les nouveaux élus doivent faire face aux défis de démocratie multipartite, et la mise en place de coalitions sera la clef du succès, a-t-il estimé.  Il a également jugé pressant que les dirigeants politiques oeuvrent en faveur de la réconciliation entre les communautés. L’expérience indique, toutefois, les défis qui doivent être relevés et les fonctionnaires et responsables doivent se préparer à assumer de manière progressive les responsabilités qui sont actuellement celles de la MINUK. 


Malgré la diminution du nombre d’incidents, la sécurité n’est toujours pas satisfaisante, a remarqué le représentant.  On n’a pas constaté de retour massif des réfugiés.  La MINUK et la présence internationale de sécurité (KFOR) font ce qu’elles peuvent mais, pour améliorer la situation toujours grave, l’attitude des populations doit changer.  Les nouveaux élus ont là une responsabilité fondamentale : elles doivent rejeter la violence, promouvoir la tolérance et la réconciliation.  M. Strommen s’est dit encouragé par les progrès accomplis concernant les personnes disparues et a félicité la MINUK des mesures prises pour contrer le terrorisme.  La Norvège appuie la création d’un groupe de travail de haut niveau pour coopérer avec la MINUK, prévu par la signature du Document commun en novembre dernier.  Il ne doit pas seulement servir de canal de transmission entre Belgrade et la MINUK mais aussi doit permettre de promouvoir un dialogue constructif et direct entre les dirigeants du Kosovo et ceux de Yougoslavie. 


Mme ROBERTA LAJOUS (Mexique) a salué les progrès réalisés au cours des trois derniers mois par la MINUK et souligné les défis à venir.  Elle a ajouté que la communauté internationale devait garder en mémoire la souffrance des Kosovars qui avaient été contraints, par le passé, d’abandonner leurs foyers.  Elle a ajouté que, grâce au travail des Nations Unies, il a été possible à personnes gens de regagner leur foyer en grand nombre.  La MINUK, a-t-elle souligné, avait contribué à la normalisation du Kosovo, notamment par la mise en place d’une administration locale.  La représentante a insisté sur la contribution de la MINUK à la formation des cadres de cette administration et s’est félicitée des résultats des élections législatives du 17 novembre 2001.  Elle a espéré que le Gouvernement pourra être mis en place prochainement et a insisté sur le respect du droit, essentiel pour lutter contre la criminalité.  La représentante a cité en exemple la diversité culturelle de son pays, le Mexique, et incité la MINUK à contribuer à la création d’un système éducatif qui encourage le respect de la diversité et cultive la tolérance entre les communautés.


M. KISHORE MAHBUBANI (Singapour) a estimé que l’opération de maintien de la paix au Kosovo était peu ordinaire, qu’il s’agissait plutôt d’une opération de tutelle en attendant qu’une solution soit trouvée sur la base de la résolution 1244 du Conseil de sécurité.  Mais aucun territoire de nos jours ne peut être gardé sous tutelle indéfiniment, a-t-il fait remarquer : il faut pouvoir contrôler son destin et ce doit être l’orientation générale de nos travaux.  De nombreux problèmes graves persistent, en particulier l’assassinat d’un responsable de la Ligue démocratique du Kosovo le 17 janvier dernier, a fait observer le représentant qui regrette également que l’élection du Président du Kosovo n’ait pas encore eu lieu.  Il a rappelé que le Kosovo se trouve en Europe, continent sur lequel pendant des siècles les pays ont lutté pour leurs frontières et qui aujourd’hui est un monde sans frontières.  C’est là une expérience dont pourrait profiter le Kosovo.


Le représentant a souhaité que le Kosovo se dirige davantage vers son autonomie, que la MINUK puisse transmettre ses fonctions à l’administration locale et que les dirigeants élus exercent pleinement leurs capacités à gouverner la province et obtiennent la confiance des populations du Kosovo, y compris des minorités.  Une société multiethnique est la seule clef du succès, grâce à l’éducation, et la MINUK devrait réfléchir aux moyens d’éduquer la population sur ce point.  Pour M. Mahbubani, la MINUK doit être désormais traitée comme toute autre opération de l’ONU pour ce qui est de la supervision du Conseil : son mandat doit faire l’objet d’un renouvellement formel, au même titre que les autres opérations.  Il est nécessaire que le Conseil de sécurité procède à un examen périodique de la question, d’autant plus que la MINUK, a-t-il fait valoir, a apporté de nombreux changements à son mandat et à son dispositif. 


En troisième point, il a appelé le Conseil à réfléchir au plus vite à une stratégie de sortie nette pour le Kosovo, insistant sur le fait qu’il ne demandait pas un retrait rapide de la présence internationale du Kosovo sous peine de gâcher les progrès laborieux enregistrés.  Mais il serait utile que le Conseil sache comment la présence internationale sera réduite puis retirée, dans quels délais.  La restructuration de la MINUK va-t-elle suivre les étapes de réduction de sa mission, avec transfert progressif des responsabilités au gouvernement nouvellement élu? s’est-il demandé.  Enfin, il a rappelé que les Accords de Rambouillet, en 1999, prévoyaient une réunion internationale 3 ans après la signature c’est-à-dire le 18 mars 2002 au plus tard et s’est demandé ce qui était prévu à cet effet.


M. FAYSSAL MEKDAD (République arabe syrienne) a salué l’élection de l’Assemblée du Kosovo ainsi que la contribution de la MINUK à la mise en œuvre de l’administration autonome.  Il a estimé que les élections législatives du

17 novembre 2001 constituent, dans l’ensemble, un succès, et a souhaité que le gouvernement de coalition qui sera formé représente de façon équilibrée toutes les composantes de la population au Kosovo.  Il a salué la signature, le 5 novembre 2001, du Document commun qui jette les bases de la coopération entre la MINUK, les autorités de Belgrade et les dirigeants du Kosovo.  Il a jugé que les membres de l’Assemblée nouvellement élue ont l’obligation de garantir le respect de la sécurité et l’amélioration des conditions de vie des populations.  Le représentant a insisté sur la nécessité de renforcer le secteur de l’éducation qui constitue, de l’avis de sa délégation, un domaine prioritaire.  Le représentant a recommandé la révision de la durée du mandat de la MINUK afin de continuer à assister l’administration autonome et le peuple du Kosovo dans leurs efforts.  Appelant la communauté internationale à soutenir davantage l’administration autonome, le représentant a estimé que la phase suivante nécessitera beaucoup de doigté et une volonté politique ferme.


M. MARTIN BELINGA EBOUTOU (Cameroun) a souligné que les élections législatives du 17 novembre 2001 au Kosovo avaient été un grand succès pour la communauté internationale, mais que les événements qui avaient suivi constituaient une source de grave préoccupation.  En particulier, il a cité la difficulté à élire un président et les rapports toujours tendus entre habitants du Kosovo.  Le représentant a déclaré que la seule voie qui s'offrait était celle de la vigilance, et qu'il fallait consolider les acquis au Kosovo : la fonction publique qui se met progressivement en place, la police multiethnique qui fait ses premiers pas, les réseaux économiques en train de naître, et l'intégration des minorités.


Pour pouvoir préserver les acquis fragiles, le représentant a jugé nécessaire d'accorder une attention prioritaire au renforcement de la sécurité des personnes et des biens, réaffirmant à cet égard le soutien de sa délégation aux mesures décrites dans le rapport du Secrétaire Général.  Il a appelé au désarmement de tous les groupes armés et a souhaité que toutes les minorités soient incitées à rentrer chez elles grâce à des mesures d'accompagnement effectif au niveau de la sécurité et de l'intégration.  Il a ajouté que les Nations Unies et les organisations régionales intéressées devaient œuvrer en étroite coopération pour créer au Kosovo les conditions propices à la naissance d’un sentiment d'unité à partir des diverses composantes sociologiques en présence.


M. BOUBACAR DIALLO (Guinée) a déclaré que l'atmosphère sereine dans laquelle se sont déroulées les élections législatives constituait un gage certain du développement démocratique du Kosovo.  Il s'est réjoui de la mise en place de l'Assemblée du Kosovo et de l'élection de son Président, ainsi que de l'importance des partis minoritaires au sein de l'Assemblée.  Le représentant a également salué les différentes dispositions prises pour un transfert progressif des pouvoirs aux autorités provinciales.  Soulignant la difficulté liée à l'élection du Président et à la formation du Gouvernement, il a encouragé les initiatives de négociations menées par la Mission des Nations Unies au Kosovo (MINUK) et d'autres acteurs et a appelé les différentes composantes à plus de coopération pour un meilleur avenir de la Province.  Préoccupé par la question de la sécurité et de la liberté de mouvement des minorités, M. Diallo a déclaré qu'il conviendrait de renforcer les efforts déployés par la MINUK et la  Force de sécurité multinationale au Kosovo (KFOR), tout en faisant observer que ces efforts étaient tributaires de la mise en place d'un programme de réconciliation axé sur la tolérance et le respect mutuel.


Le représentant a exhorté toutes les parties à persévérer dans la recherche de solutions aux questions humanitaires que connaît la Province.  Il a jugé encourageante la signature du Document commun, qui indique en détail un certain nombre de préoccupations et d'intérêts communs.  M. Diallo a enfin réitéré l’appui de sa délégation à la poursuite de la mise en œuvre de la résolution 1244 du Conseil de sécurité.


M. STEWART ELDON (Royaume-Uni) s’est félicité de la nomination de M. Michael Steiner en remplacement de M. Haekkerup au poste de Représentant spécial au Kosovo et a jugé que la tâche principale de la MINUK en 2002 serait de s’assurer que les nouvelles autorités fonctionnent bien.  Il lui faudra prendre des mesures fermes contre la criminalité organisée et contre l’extrémisme, a jugé le représentant.  De l’avis de sa délégation, il est essentiel que les membres élus de l’Assemblée mettent de côté leurs divisions et élisent rapidement le Président du Kosovo : une coalition nécessite des compromis et ceux qui veulent diriger doivent tendre la main aux autres, a insisté M. Eldon, prévenant que l’impasse actuelle ne peut durer éternellement. 


Le représentant s’est dit heureux de constater les efforts de la MINUK pour transférer les responsabilités aux nouvelles autorités.  La signature, le

5 novembre dernier, du Document commun marque un événement très important car les autorités de Belgrade se sont engagées à se pencher sur différents problèmes, notamment les questions des personnes disparues et du retour des prisonniers.  Il est essentiel de créer les conditions propices au succès de ces initiatives et nous pensons que les deux parties doivent faire de leur mieux en ce sens. 

M. Eldon s’est félicité de la réunion du Groupe de travail de haut niveau qui se tient aujourd’hui.  Mais là encore, a-t-il fait remarquer, la participation des représentants élus à ce Groupe de travail sera essentielle pour établir de nouveaux rapports avec Belgrade.  Par ailleurs, il a souligné la nécessité pour les représentants élus de s’exprimer clairement sur la criminalité organisée et le terrorisme.  L’extrémisme constitue la pire entrave à la mise en place d’une société démocratique au Kosovo et c’est pourquoi, il est essentiel que la MINUK et la KFOR doivent lutter contre ces problèmes. 


M. CHEN XU (Chine) s’est félicité de l’évolution politique actuelle au Kosovo et de la participation accrue de la population à la vie publique.  Cependant, il a exprimé sa préoccupation face à la situation sécuritaire et à la condition des minorités au Kosovo.  Il a mentionné notamment le contenu du paragraphe 43 du rapport du Secrétaire général qui appelle les nouveaux élus à se prononcer clairement, ouvertement pour un refus de la violence et du terrorisme, avant de demander à la MINUK et la KFOR d’intervenir pour régler ce genre de problème.  Il a poursuivi en souhaitant que les différences soient mises de côté par les divers partis politiques du Kosovo afin que le gouvernement autonome puisse être mis en place prochainement.  Il a enfin estimé que seuls des services publics multiethniques fonctionnant avec des procédures de recrutement transparentes seraient de nature à consolider les bases de l’administration autonome provisoire.


M. GERARD CORR (Irlande) s’est dit préoccupé par le retard causé par l’élection du Président du Kosovo qui menace la crédibilité des autorités provisoires.  Il faut que cette administration autonome devienne réalité, a-t-il souligné, appelant notamment la MINUK à déployer d’importants efforts pour faciliter la participation des Serbes et autres minorités aux institutions du Kosovo.  M. Corr a demandé que les élus utilisent leur mandat avec prudence et fassent preuve de tolérance et d’un sens du compromis constructif. 


Le représentant a jugé que l’élément clef du Document commun était la mise en place du Groupe de travail de haut niveau, souhaitant que les représentants élus du Kosovo y participent le plus rapidement possible.  Il faut, a-t-il ajouté, que la MINUK poursuive ses activités en faveur de la mise en œuvre de la résolution 1244 du Conseil de sécurité mais aussi en faveur du retour des réfugiés et des personnes disparues.  Il a noté avec satisfaction l’augmentation du nombre de personnes formées pour intégrer les forces de police.  En dépit du ralentissement des retours des Serbes en 2001, M. Corr a demandé que tout soit fait pour y remédier, en particulier une meilleure sécurité pour ceux qui reviennent.  Il a également espéré un règlement de la question des prisonniers qui permettrait d’améliorer les rapports entre les différentes communautés. Son pays, avec l’Union européenne, promet d’appuyer une intégration plus grande de la province du Kosovo aux institutions régionales, a conclu son représentant, a-t-il conclu.


M. ANDRES FRANCO (Colombie) a estimé que toutes les forces politiques du Kosovo doivent parler d’une même voix pour condamner l’assassinat du représentant du parti LDK à l’Assemblée, le 17 janvier dernier.  Il a reconnu que des lacunes persistent dans le fonctionnement des structures administratives avant de demander aux dirigeants du Kosovo de continuer à travailler au bon déroulement du processus de transition.  Le représentant a estimé à cet égard que la stature des dirigeants et leur crédibilité viendront essentiellement de leur capacité à dégager un consensus et une unité sur les décisions touchant à l’avenir du Kosovo.  Il a appelé la communauté internationale et la MINUK à continuer de superviser et d’appuyer la mise en œuvre de l’administration autonome provisoire tout en insistant sur le fait que les décisions prises par les dirigeants élus de la Province doivent être respectées.  Il s’est inquiété des conditions de sécurité et a insisté sur le fait que la violence et le terrorisme doivent être fermement condamnés.  Le représentant a souhaité enfin la désignation prochaine du gouvernement représentatif de la diversité ethnique du Kosovo.


M. STEFAN TAFROV (Bulgarie) a appelé à garder à l’esprit le fait que l’évolution du processus politique au Kosovo avait un fort impact dans la région, la transition politique en République fédérale de Yougoslavie et la stabilité politique en Bosnie-Herzégovine et en Macédoine.  Il s’est réjoui de la nomination de M. Steiner en remplacement de M. Haekkerup à un moment délicat de l’application du mandat de la MINUK.  Il a salué les efforts de la communauté internationale, de la MINUK et des ONG en général pour leur participation au processus démocratique.  Toutefois, l’impasse dans laquelle s’est mise l’Assemblée du Kosovo constitue un revers regrettable a estimé le représentant qui a appelé les acteurs politiques à abandonner l’esprit partisan pour donner à la communauté internationale des interlocuteurs légitimes, représentant toutes les populations y compris les minorités.


La Bulgarie juge que la présence de la MINUK et de la KFOR est un facteur décisif de stabilité au Kosovo, a-t-il poursuivi.  Le transfert progressif des pouvoirs aux autorités locales constitue un pas important dans la responsabilisation des autorités kosovares.  Il a également apporté son appui total à la lutte contre le crime organisé et l’extrémisme :  ceci doit faire partie des priorités de la MINUK, a-t-il dit.  Enfin, le contexte socioéconomique, gris voir carrément noir selon le représentant, est de nature à mettre en péril le processus encore fragile.  L’unique moyen de rompre le cercle vicieux chômage-pauvreté-violence-crime-terrorisme est d’intégrer pleinement le Kosovo dans la vie du continent tout entier.  Et à cet égard, le représentant a appelé à une révolution dans les infrastructures en Europe du Sud-Est.  A propos de la sécurité, le meurtre qui a eu lieu à Pec le 17 janvier dernier est venu confirmer les préoccupations sur le sujet.  Le représentant de la Bulgarie a appelé les autorités kosovares à se prononcer clairement contre le terrorisme.  Il a conclu en jugeant que la MINUK se trouvait dans une phase critique de son mandat: le Conseil devra suivre ses travaux de près car sa vigilance reste indispensable et le processus est loin d’être irréversible.


M. JEAN-DAVID LEVITTE (France) a estimé que l’élection, le 17 novembre 2001, des 120 membres de l’Assemblée du Kosovo a apporté une contribution décisive à l’ouverture d’une nouvelle page dans la mise en  œuvre de la résolution 1244, celle des institutions de l’administration provisoire.  Il a rappelé toutefois qu’à ce stade, les institutions de l’autonomie ne sont toujours pas en place, observant que les effectifs de la présidence ne sont pas au complet, que le Président du Kosovo n’a pas été désigné et que Gouvernement n’est pas encore constitué.  Il a appelé les élus du Kosovo à donner vie aux institutions de l’administration provisoire afin d’assumer pleinement les fonctions que la communauté internationale leur a reconnues.  Les dirigeants du Kosovo doivent


s’impliquer de manière responsable et active dans le processus démocratique, a estimé M. Levitte, ajoutant que le boycott n’est pas une solution.  Il a condamné ensuite le lâche attentat qui a coûté la vie à M. Hajdaray, élu kosovar du parti LDK, et a réprouvé l’intimidation, la violence et les atteintes au pluralisme. 


Le représentant a insisté sur la nécessité de poursuivre la lutte contre l’insécurité, les violences et la criminalité organisée, souhaitant que la KFOR et la composante « justice et police » de la MINUK continuent de s’investir dans cette tâche.  M. Levitte a souligné que le développement du dialogue avec les autorités yougoslaves demeure une priorité pour 2002, afin de mettre en œuvre pleinement le Document commun signé le 5 novembre par le Représentant spécial du Secrétaire général, M. Haekkerup et le Premier Ministre de la Serbie, M. Covic.  La délégation française souhaite que les nouveaux élus du Kosovo se joignent à la MINUK lors des prochaines rencontres du Groupe de haut niveau institué par le Document commun afin de favoriser une coopération pragmatique, la compréhension mutuelle, la réconciliation interethnique et plus largement le rapprochement des Balkans avec l’Europe.  M. Levitte a souligné que M. Michael Steiner prendra ses fonctions de Représentant spécial à un moment crucial, l’assurant du soutien total de la France.


M. GENNADY M. GATILOV (Fédération de Russie) a souhaité que soit dressé rapidement un bilan de la situation au Kosovo qui, a-t-il rappelé, n’est pas un monopole de la Misssion d’administration intérimaire des Nations Unies sur place.  Il serait utile qu’on empêche le nouveau dirigeant de la MINUK de commettre les mêmes faux pas que ses prédécesseurs.  Dès le début de 2002, une dizaine d’actes terroristes ont eu lieu contre des Serbes et les menaces par des extrémistes kosovars albanais persistent.  Faisant remarquer que la présence internationale n’a pas pris les mesures indispensables pour assurer la sécurité des Serbes,

M. Gatilov a insisté pour que la MINUK et la KFOR prennent les mesures qui s’imposent afin d’assurer la sécurité et le retour des personnes déplacées et de normaliser la vie dans la province.


De l’avis de la délégation russe, il ne faut pas négliger les organes d’autonomie qui doivent être mis en place.  Actuellement, le Kosovo reste une source de menace pour ses voisins et dans la région: les foyers de criminalité organisée n’ont pas été éteints, rendant la situation inacceptable.  Le représentant a souhaité que la KFOR et la MINUK resserrent le contrôle des frontières avec l’Albanie et l’ex-République yougoslave de Macédoine pour empêcher le transit des terroristes et des armes.  Par ailleurs, a-t-il estimé, la question de la détermination du statut final du Kosovo doit pour le moment être gelée: il faut mettre en attente toute avancée de la province vers le passage à l’autonomie.  Nous nous félicitons de la détermination des dirigeants de la République fédérale de Yougoslavie de coopérer avec la Mission et la communauté internationale pour créer un Kosovo multiethnique.  Nous appuyons le rapprochement constructif entre la MINUK et Belgrade, - que prévoit le Document commun du 5 novembre -, jugeant important pour les deux parties de nouer et de renforcer leur dialogue.


M. JAMES CUNNINGHAM (Etats-Unis) a salué les efforts de la MINUK accomplis au cours de ces derniers mois et la contribution de l’ancien Représentant spécial, M. Hans Haekkerup, avant de se féliciter de la nomination de son successeur,

M. Michael Steiner.  Il a estimé que le Kosovo est arrivé aujourd’hui à un point crucial de son histoire, regrettant toutefois que trois tentatives de formation du gouvernement aient échoué, que les discussions en cours ne progressent pas véritablement et qu’un membre de l’Assemblée ait été assassiné.  M. Cunningham a appelé les élus du Kosovo à consolider l’état de droit, jugeant qu’à l’avenir, il n’y aurait plus de place pour ceux qui ne respectent pas l’état de droit et la volonté du peuple.  Il a également appelé les hommes politiques et la population du Kosovo à se tourner vers l’avenir et à écarter leurs divergences pour mettre en œuvre l’administration autonome provisoire.  On ne doit plus traiter avec patience et complaisance ceux qui cherchent à intimider les gens de bonne volonté, a déclaré M. Cunningham, demandant par ailleurs aux dirigeants du Kosovo de se montrer à la hauteur des enjeux et de ne pas laisser passer cette chance historique de se doter d’institutions démocratiques avec le soutien de la MINUK et de la communauté internationale. 


M. INOCENCIO ARIAS (Espagne), s’exprimant au nom de l’Union européenne, a rappelé les deux importants événements survenus au Kosovo en 2001, à savoir les élections législatives dans la province et la signature d’un Document commun entre la MINUK et Belgrade.  L’Union européenne félicite tous les membres de l’Assemblée pour avoir occupé, le 10 décembre, leurs sièges et les invite à travailler dans le cadre de la résolution 1244 du Conseil de sécurité, en faveur de toutes les communautés du Kosovo.  L’Union européenne est préoccupée par le retard dans l’élection du président du Kosovo et la mise en place des institutions provisoires et lance un appel aux représentants élus du Kosovo pour qu’ils fassent preuve de responsabilité, afin que l’administration provisoire du Kosovo puisse devenir réalité.


La MINUK, a estimé M. Arias, continuera de jouer un rôle important au Kosovo, tout en veillant à assurer le respect de la résolution 1244 par les nouvelles autorités.  L’Union européenne s’est réjouie de la participation de la population serbe aux élections.  Elle se félicite également des progrès accomplis par la MINUK dans l’exercice de son mandat, estimant cependant qu’il reste encore beaucoup d’efforts à faire pour renforcer la coopération entre la Mission et Belgrade.  Les nouvelles autorités doivent, pour leur part, s’engager sur cette voie, notamment par l’intermédiaire du Groupe de travail de haut niveau.


Il s’agit maintenant de surmonter le passé et de consolider les acquis du présent, a poursuivi M. Arias.  Il faut que ceux qui sont au Kosovo se sentent protégés et que ceux qui sont encore déplacés puissent regagner leur foyer, notant que moins de 1 000 personnes étaient rentrées en 2001.  Le représentant a indiqué attendre avec impatience le cadre d’activités sur la question pour la période 2002-2003 que prépare le Bureau du Représentant spécial, appelant la communauté internationale à apporter son appui à ce processus.  A propos des prisonniers, 1 800 sur 2 000 environ ont été libérés et, à cet égard, l’Union européenne invite à une entente entre Pristina et Belgrade.  L’Union européenne encourage la MINUK et la KFOR à faire de leur mieux pour améliorer la sécurité et appelle les responsables de la province du Kosovo à mettre un terme à la violence qui, a déploré M. Arias, continue de constituer une menace pour l’ensemble de la région.  Le représentant a appelé à renforcer la coopération dans ce domaine.  Il a enfin signalé que le processus de stabilisation et d’association, ainsi que le pacte d’intégration régionale, que l’Union européenne a mis en marche visent à améliorer la stabilité et à améliorer la coopération régionale. 


M. DEJAN SAHOVIC (République fédérale de Yougoslavie) a rappelé que, lors de la dernière réunion du Conseil consacrée au Kosovo, tous les participants s’étaient réjouis du déroulement pacifique et démocratique des élections, partageant avec la République fédérale de Yougoslavie, un optimisme prudent.  Mais deux mois plus tard, a-t-il souligné, les nouvelles institutions n’ont toujours pas commencé à fonctionner.  Les représentants élus doivent justifier la confiance qui été placée en eux et montrer qu’ils sont prêts et aptes à régler les nombreuses difficultés qui se posent.  Mon Gouvernement, a poursuivi le représentant, est profondément préoccupé par le manque de sécurité dans la province, notamment à l’encontre des non-Albanais et condamne le meurtre d’un membre nouvellement élu du Parlement à Pec.  Un tel contexte n’est pas compatible avec les efforts engagés pour améliorer la situation générale.  La sécurité pour tous est un préalable essentiel au bon fonctionnement de ces institutions et l’intégration des Serbes et autres populations non albanophones. 


Malheureusement, a estimé M. Sahovic, la présence internationale se montre toujours incapable d’assurer la sécurité.  Il a par ailleurs appelé la MINUK et la KFOR à s’occuper d’urgence des questions des personnes déplacées et des personnes disparues avec le Gouvernement de Belgrade, sur la base du Document commun signé le 5 novembre 2001.  Le représentant a souligné que son pays avait été un partenaire déterminant de la communauté internationale dans le processus qui visait à déboucher sur une société multiethnique, multiconfessionnelle et multiculturelle, apportant son soutien à l’enregistrement et à la participation des électeurs. 


La délégation yougoslave juge le Document commun important non seulement pour le développement de la coopération entre la MINUK et Belgrade mais aussi pour régler les nombreux problèmes qu’il mentionne et, par conséquent, le représentant a souligné qu’il doit être pleinement mis en oeuvre.  M. Sahovic a enfin souhaité la conclusion d’un accord sur le statut de la Mission entre son pays et la MINUK, étape importante en faveur d’un partenariat entre la République fédérale de Yougoslavie et la communauté internationale, qui permettrait aussi le règlement de nombreuses difficultés techniques et faciliterait les activités de la MINUK, contribuant ainsi à l’application de la résolution 1244 (1999).


M. VALERY KUCHINSKY (Ukraine) a regretté le départ de M. Hans Haekkerup et salué la désignation de son successeur, M. Michael Steiner, au poste de Représentant spécial au Kosovo.  Deux mois se sont écoulés depuis les élections du 17 novembre, a observé le représentant, exprimant sa satisfaction face à la prudence dont a fait preuve la MINUK pour établir un dialogue au niveau du parlement et pour assurer la sécurité de ses membres élus.  Il a salué les initiatives prises par la MINUK pour la mise en place de l’administration autonome provisoire.  M. Kuchinsky a salué ensuite les mesures prises pour favoriser le retour des personnes réfugiées et pour lutter contre la criminalité, la violence et le terrorisme.  Il a mis en avant les difficultés rencontrées dans l’élection d’un président et la désignation d’un gouvernement au Kosovo, laissant entendre qu’il n’est de l’intérêt d’aucune force politique de bloquer le processus. 

M. Kuchinsky a également souligné que tout acte ou toute menace de violence dans la Province du Kosovo ne sauraient être tolérés.  Aussi, a-t-il appelé les dirigeants élus à assumer leurs responsabilités pour la mise en œuvre de mesures de reconstruction au Kosovo.  Il a enfin déclaré que le redressement politique durable ne pourra être assuré que si le dialogue est renforcé entre les autorités de la Province et les autorités de Belgrade. 


Reprenant la parole, M. GUEHENNO a souligné que l’œuvre accomplie en 2001 a jeté les bases du cadre dans lequel les différentes communautés du Kosovo doivent apprendre à vivre côte à côte.  Il a rappelé que le Document commun du 5 novembre doit être la base de la coopération, insistant sur la nécessité de désigner le plus rapidement possible les   responsables de l’administration intérimaire.  Il a ajouté que, pour M. Michael Steiner et la MINUK, la tâche future sera de mettre en place des programmes efficaces de développement et de reconstruction.  Il a précisé que les différents départements intérimaires de la Province, en particulier celui de l’éducation, ont commencé à recruter du personnel sur la base de la transparence et du respect des minorités.  Le Secrétaire général adjoint a toutefois regretté que la sécurité au Kosovo soit trop souvent menacée, assurant cependant que la MINUK déploie tous les efforts possibles pour lutter contre la criminalité organisée.  La MINUK s’attache notamment à la mise au point d’instruments législatifs et institutionnels supplémentaires pour prévenir la criminalité économique.  Il a ajouté que la MINUK a formé 86 officiers de sécurité chargés d’assurer la protection des parlementaires, tandis que de nouvelles équipes seront formées pour la protection des ministres.  M. Guéhenno a assuré ensuite que la MINUK et la KFOR déploient tous les efforts pour garantir la sécurité aux frontières de la Province.  Au cours des mois prochains, la MINUK aura notamment pour tâche de renforcer les piliers judiciaires et de la police.


M. JAGDISH KOONJUL (Maurice) a souhaité que les membres de l’Assemblée du Kosovo élisent prochainement leur président, jugeant qu’ils devaient travailler de façon constructive dans un esprit patriotique et convenir d’un choix pour le Président.  Le plus tôt sera le mieux car les institutions provisoires doivent pouvoir commencer à travailler le plus rapidement possible, a estimé le représentant.  Une fois que les institutions seront en place, la MINUK transmettra ses fonctions en gardant les directives qui lui reviennent en vertu de la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité.


Concernant les réfugiés et les personnes déplacées, M. Koonjul a estimé qu’il faut les encourager à rentrer, reconnaissant toutefois qu’il reste beaucoup à faire pour accélérer leur retour dans les foyers.  C’est pourquoi, la MINUK et la KFOR doivent déployer les efforts nécessaires pour assurer la sécurité de ces retours.  Faisant observer que ces retours dépendront aussi de la remise en état des structures, M. Koonjul a insisté sur le renforcement de l’appui des donateurs aux différents projets en cours au Kosovo. 


La situation de la sécurité dans la région de Mitrovica doit être redressée avec soin si on ne veut pas que le processus parte en ruines, a poursuivi

M. Koonjul.  Il s’est dit préoccupé par le fait que les membres de la KFOR soient constamment la cible d’attaques et a appelé les autorités serbes à appuyer la MINUK et la KFOR dans cette région.  Il a aussi demandé à ces deux organismes de renforcer leur surveillance des frontières pour éviter les infiltrations de terroristes et le trafic illicite des armes.  En outre, il a souhaité que les auteurs des crimes commis dans la province du Kosovo soient arrêtés et traduits en justice. 


Le représentant de Maurice s’est félicité de la signature du Document commun avec Belgrade et de l’ouverture prochaine d’un Bureau de la MINUK à Belgrade pour les personnes disparues et les prisonniers.  Il a conclu en soulignant que la responsabilité de la mise en place d’une société multiethnique et multiculturelle revenait aux nouvelles autorités du Kosovo.  


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