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CD/G/533

CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT : NOUVEAU CONSTAT D'ÉCHEC DANS LES EFFORTS POUR FAIRE AVANCER LES TRAVAUX

20/06/02
Communiqué de presse
CD/G/533


                                                            CD/G/533

                                                            20 juin 2002


CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT : NOUVEAU CONSTAT D'ÉCHEC DANS LES EFFORTS POUR FAIRE AVANCER LES TRAVAUX


Genève, le 20 juin -- La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, les déclarations de l'Australie et du Brésil, ainsi que du Président de la Conférence, M. Hubert de La Fortelle, qui a fait le bilan des consultations menées par la présidence française, qui prend fin cette semaine.


Le Président de la Conférence du désarmement a regretté que ses consultations n'aient pas permis de faire apparaître un moyen de relancer la Conférence.  «Je dois confesser mon échec», a-t-il déclaré s'agissant du recours à l'échange de vues et au dialogue «pour tenter de rompre le cercle vicieux de l'inertie».  Il a toutefois pu déceler «un léger frémissement» et a formé le vœu qu'il constitue «un signe précurseur d'un printemps longtemps désiré après un hiver interminable».  Le Président a constaté que le concept de la maîtrise des armements et du désarmement marque aujourd'hui le pas.  Désarmement et non-prolifération, qui en avaient constitué la clé de voûte, subissent une érosion.  Une mutation affecte aujourd'hui aussi bien le désarmement bilatéral que le désarmement multilatéral, et la paralysie qui frappe la Conférence du désarmement en constitue un des signes tangibles.  Essayons, a conclu le Président, au moment où nous nous apprêtons à célébrer le soixante-dixième anniversaire de la première Conférence du désarmement, de tirer les enseignements du passé.


Le Brésil a accueilli avec satisfaction une proposition soumise par la délégation de la Chine au cours des consultations officieuses; une proposition qui signale, selon le Brésil, que la chance est offerte à la Conférence de redémarrer ses travaux sur la base d'un programme de travail équilibré et qui aurait le mérite de préserver les intérêts les plus divers exprimés au sein de la Conférence.


L'Australie a pour sa part souligné son rôle actif au sein de la Conférence du désarmement, affirmant que les Australiens ont pleinement conscience de l'énorme risque de souffrance humaine et de destruction que comportent les armes nucléaires, chimiques, biologiques et radiologiques.  Mais la Conférence est enfermée dans une impasse qui l'empêche de réaliser son travail, situation d'autant plus grave dans le contexte des attaques terroristes du 11 septembre.  L'Australie engage vivement tous les États membres de s'efforcer à faire les compromis nécessaires pour permettre à la Conférence de se remettre au travail.


La prochaine séance plénière de la Conférence du désarmement se tiendra le jeudi 27 juin 2002 à 10 heures, sous la présidence de l'Ambassadeur d'Allemagne, M. Volker Heinsberg.


Déclarations


M. MICHAEL SMITH (Australie) a souligné que son pays a toujours joué un rôle actif au sein de la Conférence du désarmement.  Les Australiens sont fermement convaincus qu'il existe de meilleures solutions que la guerre et que, grâce à des négociations menant à l'adoption d'instruments juridiques internationaux, la communauté internationale pourrait collectivement décourager et même éviter certains conflits.  À cet égard, les Australiens ont pleinement conscience de l'énorme risque de souffrance humaine et de destruction que comportent les armes nucléaires, chimiques, biologiques et radiologiques.  Mais la Conférence est enfermée dans une impasse qui l'empêche de faire son travail, situation d'autant plus grave dans le contexte des attaques terroristes du 11 septembre  et de leurs conséquences.


M. Smith a souligné que la négociation d'un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes et autres dispositifs explosifs nucléaires a été à maintes reprises considérée comme l'étape suivante et l'Australie espère que la Conférence entamera rapidement des négociations sur un traité pour la cessation de la production future de matières fissiles (cut off).  Elle demande en outre aux États concernés de déclarer un moratoire sur la production d'armes nucléaires en attendant l'adoption d'un tel traité.  S'agissant du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, M. Smith a souligné que l'Australie continuait de coopérer activement avec d'autres pays pour réaliser une interdiction complète et définitive des essais nucléaires en oeuvrant en faveur de l'entrée en vigueur du Traité.  Jusqu'à l'entrée en vigueur, l'Australie engage vivement tous les pays de maintenir le moratoire existant sur les essais nucléaires et d'appuyer la mise en place du système international de surveillance prévu par le Traité.  L'Australie poursuivra également ses efforts pour favoriser la ratification universelle du Protocole additionnel sur le renforcement des sauvegardes de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).  La Convention sur les armes biologiques constitue une autre pierre angulaire du système de désarmement multilatéral qui a dû faire face à de sérieux défis au cours des 12 derniers mois.  La prévention de la prolifération de missiles, qui pourraient éventuellement être utilisés comme vecteurs d'armes de destruction massive, constitue également une priorité pour l'Australie.


Le représentant australien a souligné qu'il restait fermement engagé en faveur de l'universalisation de la Convention d'Ottawa et de la promotion de la mise en œuvre du Programme d'action des Nations Unies sur des armes légères et les armes de petit calibre, adoptées à New York en juillet de l'année dernière. Pour conclure, il a déclaré que la délégation australienne était fermement attachée à une Conférence du désarmement qui soit forte, pertinente et dynamique, et il a vivement engagé tous les États membres de s'efforcer à faire les compromis nécessaires pour permettre à la Conférence de se remettre au travail.


M. FREDERICO ESTRADA MEYER (Brésil) a félicité le Président de ses efforts en vue de sortir la Conférence de l'impasse dans laquelle elle se trouve depuis déjà pratiquement quatre ans.  La délégation du Brésil partage le sentiment de frustration exprimé la semaine dernière par le Président et regrette l'immobilisme et l'inaction de la Conférence.  C'est pourquoi elle salue l'important «déclic» intervenu sous la Présidence française : elle accueille avec satisfaction la nouvelle proposition soumise par la délégation de la Chine au cours des

consultations officieuses.  Cette proposition signale, selon le Brésil, que la Conférence est devant l'opportunité de s'engager dans l'exercice que l'on attend d'elle, à savoir, redémarrer ses travaux sur la base d'un programme de travail équilibré et qui ait émérite de préserver les intérêts les plus divers exprimés au sein de la Conférence.  Le Brésil invite toutes les délégations à poursuivre dans cette voie.


M. HUBERT DE LA FORTELLE (France), Président de la Conférence, dressant le bilan de la Présidence française de la Conférence du désarmement qui se termine cette semaine, a déclaré qu'il avait privilégié la voie de la consultation bilatérale.  Il a ainsi pu rencontrer 46 délégations sur les 65 représentées à la Conférence.  Les autres n'ont pu, faute de temps, ou n'ont pas souhaité, par manque d'intérêt, venir me voir».  Il a également pu rencontrer les groupes ou leurs coordinateurs.  Le Président a regretté que ses consultations n'aient pas permis de faire apparaître un moyen, petit ou grand, de relancer la Conférence du désarmement.  Il a rappelé qu'il avait travaillé dans deux voies  complémentaires: la voie alternative de l'échange de vues ou du dialogue, qui paraissait être le plus petit dénominateur commun pour tenter de rompre le cercle vicieux de l'inertie. «Je dois confesser mon échec», a déclaré M. de La Fortelle.  S'agissant de la voie principale du programme de travail sur lequel la Conférence dispose de ce fameux «Patrimoine commun» élaboré par ses prédécesseurs; elle se révèle ici encore être une impasse.  Mais le Président a pu déceler «un léger frémissement» et a formé le vœu qu'il constitue «un signe précurseur d'un printemps longtemps désiré après un hiver interminable».


Pris dans son acception la plus large, le concept de la maîtrise des armements et du désarmement, conçu en pleine guerre froide et mis en oeuvre au cours des trois dernières décennies, marque aujourd'hui le pas.  Désarmement et non-prolifération, qui en avaient constitué la clé de voûte, subissent une érosion.  Une mutation affecte aujourd'hui aussi bien le désarmement bilatéral que le désarmement multilatéral.  À cet égard, la paralysie qui frappe la Conférence du désarmement en constitue un des signes tangibles.  L'Ambassadeur du Maroc déclarait à juste titre la semaine dernière: «une nouvelle page de l'histoire du désarmement a été écrite le 14 mai à Moscou avec la signature ... d'un Traité de désarmement...   Ce Traité marque une véritable rupture par rapport à l'approche traditionnelle du contrôle des armements...»  En bien ou en mal?  Il est impossible de trancher aujourd'hui.  L'histoire le dira. 


En conclusion, M. de La Fortelle a déclaré: «Prenons garde, faute d'un sursaut salutaire, qu'un jour ne vienne où ce «théâtre» [la Conférence du désarmement] ne ferme ses portes, définitivement ou non.  Nous n'aurions rien à y gagner, et probablement tout à y perdre.  Essayons, au moment où nous nous apprêtons à célébrer le soixante-dixième anniversaire de la première Conférence du désarmement, de tirer les enseignements du passé.


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