LES DELEGATIONS METTENT L’ACCENT SUR LA NECESSITE D’UN DEPLOIEMENT RAPIDE DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX
Communiqué de presse AG/PKO/174 |
Comité spécial des opérations de
maintien de la paix
168e /169e séances – matin/après-midi
LES DELEGATIONS METTENT L’ACCENT SUR LA NECESSITE D’UN DEPLOIEMENT RAPIDE
DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX
Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix a poursuivi aujourd’hui son débat général en soulignant la nécessité d’un déploiement rapide des missions, en 30 ou 90 jours. A cet égard, les délégations ont placé beaucoup d’espoir dans la constitution de stocks de matériel stratégique à Brindisi. La Thaïlande a ainsi souhaité que ces stocks soient opérationnels dès 2003, même si le représentant de l’Australie ainsi que celui des Etats-Unis ont préféré qu’on s’assure d’abord de leur viabilité financière et opérationnelle.
Le représentant de Singapour a regretté qu’un autre volet du déploiement rapide, la mise en place d’un système de forces et moyens en attente (SAS), n’ait pu démarrer à cause du peu de réponse de la part des Etats Membres. A cet égard, le représentant du Mexique était d’avis qu’un échange de vues entre le Secrétariat et les Etats Membres pourrait permettre de trouver des solutions pratiques visant à améliorer le système de listes de militaires en attente.
La question de la police civile a été évoquée de nombreuses fois, plusieurs délégations insistant sur la nécessité de disposer d’une force professionnelle, aux procédures codifiées, pour faire face aux nouveaux défis des missions de maintien de la paix modernes. Plusieurs délégations dont celle de l’Ouganda ont espéré qu’à l’occasion de la Conférence internationale d’experts d’Helsinki les 14 et 15 février prochains, il serait possible de décider de la nomination de 100 nouveaux policiers sous astreinte.
Le Secrétariat ayant remboursé récemment des arriérés aux pays contributeurs de troupes, plusieurs représentants de ces Etats ont salué ce geste tout en soulignant que les retards de versement risquaient de bloquer leur capacité à participer aux futures opérations. Le représentant du Ghana a toutefois rappelé que ce retard était dû aux Etats membres qui tardent à payer leurs contributions au budget du maintien de la paix. Plusieurs pays pourvoyeurs de troupes ont également fait part de leur insatisfaction concernant la lenteur des enquêtes et le versement des indemnités en cas de décès de soldats sur le terrain : pendant deux mois, le Département des opérations de maintien de la paix n’a pas fourni d’information aux familles endeuillées par la perte de leurs proches dans l’accident d’hélicoptère en Sierra Leone, a ainsi souligné le représentant de la Zambie.
(à suivre - 1a)
La question de la sécurité du personnel sur le terrain a d’ailleurs été souvent abordée, plusieurs délégations ayant félicité le Secrétariat du rapport global produit par le Département des opérations de maintien de la paix sur ce sujet. Le représentant de l’Ukraine a même suggéré qu’on célèbre chaque année une journée internationale des agents de maintien de la paix en hommage aux hommes et aux femmes qui ont perdu leur vie sous le drapeau des Nations Unies.
Plusieurs pays ont enfin fait part de leur préoccupation quant à la parité hommes/femmes dans la réforme du Département des opérations de maintien de la paix. Certains délégués ont félicité le Département pour son rapport sur le sujet, tandis qu’aux yeux du représentant des Philippines, « Le DOMP reste toujours une enclave à forte dominante masculine ». De son côté, le délégué de la Zambie a appelé à la création d’une unité d'experts en matière de sexospécificité au sein du Département.
Outre ceux déjà cités, les représentants des pays suivants ont pris la parole : Kenya, Bangladesh, Népal, Jamaïque, Chine, Ghana, Jamahiriya arabe libyenne, Uruguay, Bélarus, Pologne, Pakistan, Fidji, Arabie saoudite, République de Corée, Zimbabwe, Turquie, Yougoslavie, Roumanie, Malawi, République démocratique populaire de Corée et Botswana. A également pris la parole l’Observateur de l’Ordre militaire souverain de Malte.
Le groupe de travail du Comité spécial se réunira demain à 10 h en séance formelle pour commencer ses discussions thématiques.
Suite du débat général
M. RICHARD S. WILLIAMSON (Etats-Unis) a déclaré qu’il fallait maintenant mettre en oeuvre les décisions prises sur le maintien de la paix, le Comité devant faire en sorte que les objectifs soient atteints. Il s’est félicité du nouveau mécanisme de coopération entre le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes, en précisant qu’il devrait sans doute être modifié au bout d’un certain moment. Le représentant a encouragé le Secrétaire général à inclure dans son rapport à l’avenir une étude sur les activités réalisées à Brindisi pour évaluer l’efficacité du stock de matériel stratégique. Il a ajouté qu’il serait utile à l’avenir de disposer d’un secrétariat chargé de l’information et de l’analyse stratégique, et qu’il fallait donc mettre en place rapidement cette entité qui doit selon lui être partie intégrante du Département des opérations de maintien de la paix.
Quant à la préparation et la formation des troupes, le représentant a insisté sur leur importance, en souhaitant que le personnel reçoive en particulier une formation lui permettant de connaître l’environnement qu’il va trouver sur place. Il a notamment encouragé les programmes permettant de sensibiliser le personnel aux maladies comme le VIH/sida. Enfin, le représentant a conclu que pour toute nouvelle opération de maintien de la paix il fallait être capable de dire quand elle commence et quand elle finit: il ne faut pas utiliser les fonds du maintien de la paix pour la consolidation de la paix par exemple, a-t-il déclaré. Même si nous avons de bonnes intentions nous ne devons pas réaliser une tâche qui sera mieux réalisée par d’autres organismes.
M. BOB F. JALANG’O (Kenya) a exhorté le Conseil de sécurité à fournir aux missions des Nations Unies des mandats clairement définis et des moyens financiers satisfaisants. Les Etats Membres doivent s’efforcer de répondre aux exigences des missions en procurant l’appui financier, humain et politique nécessaire. Le représentant a souhaité une institutionnalisation des consultations entre les pays contributeurs de troupes, le Conseil de sécurité et le Secrétariat. Pour ce qui est de la structure organisationnelle du Secrétariat, le Kenya souhaite une transformation des procédures afin d’améliorer la planification et la gestion des missions. A cet égard, il s’est félicité de la création de nouveaux postes, laquelle permettra d’offrir un meilleur appui aux missions actuelles et futures. De même, le représentant a accueilli avec satisfaction les récents efforts déployés dans le domaine du remboursement des arriérés aux pays contributeurs de troupes et a lancé un appel au Département des opérations de la paix, lui demandant d’éviter des retards dépassant trois mois. C’est pourquoi, il a exhorté les Etats Membres à payer leurs contributions dans les délais requis et sans condition. En matière de sélection de responsables des missions, le représentant a souhaité que ces postes soient réservés aux pays fournissant un grand nombre de troupes dans la mission considérée. Enfin, il a donné son appui au système de forces et moyens en attente mais a regretté qu’il n’ait pas été bien utilisé et qu’il n’ait pas pu favoriser une amélioration du système de déploiement rapide.
M. IFTEKHAR CHOWDURY (Bangladesh) a regretté que parmi les 92 postes additionnels approuvés par l’Assemblée générale, les candidats proposés au Département des opérations de maintien de la paix par les pays contributeurs de troupes les plus importants n’aient pas trouvé de place. Les candidatures présentées par le Bangladesh, un des pays contributeurs de troupes les plus actifs depuis un an, n’ont pas été retenues. Le représentant a émis l’espoir que la situation sera corrigée lors du processus de recrutement dit « Brahimi 2 ».
Il s’est réjoui des efforts en cours visant à renforcer la coopération entre le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de contingents. Il s’est aussi félicité du système de forces et moyens en attente (UNSAS) pour le déploiement rapide, en précisant qu’il serait possible d’améliorer le déploiement rapide en accroissant les réserves stratégiques. Concernant la formation, le représentant s’est félicité des changements intervenus au sein du Département, qui a mis en place des centres de formation régionaux et nationaux. Il s’est également dit heureux que le remboursement du coût des troupes et de l’équipement ait augmenté ces derniers mois Sa délégation souligne cependant qu’il faudrait accélérer les enquêtes relatives au décès du personnel et garantir une protection juridique appropriée au personnel déployé sur le terrain. Pour ce faire, il est important que des mandats clairs soient créés.
M. ENRIQUE MANALO (Philippines) s’est félicité de la prise de mesures spécifiques pour améliorer les capacités de planification et de gestion du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) sur les moyens et long termes, notamment dans le cadre du renforcement de la capacité de déploiement rapide et des procédures de recrutement. Il a également noté avec satisfaction l’engagement persistant du Secrétariat pour intégrer une perspective sexospécifique dans ses procédures de recrutement. Cependant, a-t-il regretté, le DOMP reste toujours une enclave à forte dominante masculine. En ce qui concerne les consultations entre les pays contributeurs de troupes, le Conseil de sécurité et le Secrétariat, le représentant, tout en se félicitant des progrès réalisés, a néanmoins appelé à une institutionnalisation de ces consultations et, ce, conformément aux recommandations du rapport Brahimi. De même, il a souhaité qu’une étroite coopération s’instaure entre les pays contributeurs de troupes et les autres organes des Nations Unies, en particulier l’Assemblée générale et les institutions pertinentes des Nations Unies, tout en respectant leurs mandats respectifs. D’autres organisations internationales, telles les institutions de Bretton Woods, devraient entretenir des relations suivies avec les pays contributeurs de troupes dans le cadre d’une approche globale en matière de maintien de la paix et de règlement des conflits.
M. HIRA BAHADUR THAPA (Népal) a déclaré que les opérations de maintien de la paix étaient devenues avec le temps de plus en plus complexes, mais qu’il fallait garder à l’esprit que des opérations telles que celles au Kosovo et au Timor oriental étaient exceptionnelles. Concernant la proposition du Secrétaire général de créer un secrétariat pour partager l’information, le représentant a déclaré que cette idée devait faire l’objet de davantage de réflexion, une meilleure coordination entre les services existants des Nations Unies pouvant suffire à améliorer la collecte et le partage de l’information. Si le représentant s’est réjoui des réformes du processus de consultations ces derniers mois, il a déclaré que des consultations significatives demeuraient quasi-inexistantes entre les pays contributeurs de troupes, le Secrétariat et le Conseil de sécurité. Il a jugé que le renforcement de la réserve stratégique à Brindisi était nécessaire pour aider les pays à participer aux opérations de maintien de la paix. Il a fait remarquer que les pays fournisseurs de contingents faisaient courir des risques à leurs soldats qu’il faudrait prendre en compte lors des affectations à des postes de direction. Onzième pays contributeur de troupes, le Népal a perdu 42 soldats de la paix, a précisé le représentant.
M. MWELWA MUSAMBACHIME (Zambie) a félicité le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) pour l’engagement dont il a fait preuve en matière d’intégration d’une perspective sexospécifique dans ses activités. Il a cependant regretté que les activités des Bureaux des affaires sexospécifiques de la Mission en Sierra Leone et de celle en République démocratique du Congo n’aient pas été plus largement publiées. La délégation zambienne souhaite connaître les résultats des activités des bureaux chargés des affaires sexospécifiques dans les missions et souhaite qu’elles soient coordonnées par le DOMP. Dans ce contexte, le représentant a souhaité l’inclusion d’experts en matière de sexospécificité au sein du DOMP et a lancé un appel aux organes législatifs pour qu’ils appuient, y compris financièrement, la création d’une telle unité. De même, l’inclusion de programmes de démobilisation, de désarmement et de réintégration (DDR) est essentielle au succès des opérations de maintien de la paix, a poursuivi le représentant. Des programmes efficaces doivent être introduits dès la planification d’une opération de maintien de la paix. Là encore, des experts doivent être intégrés avec l’appui des organes législatifs qui doivent faire preuve d’une approche positive. Le représentant a par ailleurs regretté le déséquilibre qui existe dans la répartition des postes de niveau supérieur et a souhaité que des mesures soient mises en place dès à présent pour octroyer davantage de postes aux ressortissants des pays du Mouvement des non-alignés. Enfin, il a fait savoir que la Zambie déplore que, pendant deux mois, le DOMP n’ait pas fourni d’information aux familles endeuillées par la perte de proches dans l’accident d’hélicoptère en Sierra Léone qui a lieu le 7 novembre 2001.
MME JOAN ELAINE THOMAS (Jamaïque) a remarqué que depuis plusieurs années son pays avait demandé une plus grande coopération entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes et que la résolution 1353 constituait un pas dans la bonne direction, mais qu’elle n’avait pas constitué un mécanisme réel de collaboration. Elle s’est donc réjouie de la déclaration faite par le Conseil en janvier par laquelle ce dernier a donné son accord à l’établissement d’un nouveau mécanisme en ce sens. La représentante a insisté sur l’importance du déploiement rapide et a précisé que le partenariat entre le Secrétariat et les Etats Membres était la clef pour atteindre le niveau requis de coopération. Elle a apporté son soutien au concept de réserve stratégique avancé par le Secrétaire général et a déclaré qu’elle attendait avec impatience qu’il devienne pleinement opérationnel.
La représentante a souligné le rôle processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) pour les opérations de maintien de la paix. Comme les expériences passées l’ont montré, a-t-elle précisé, les contributions volontaires ne sont pas une source fiable pour le DDR, leur manque pouvant entraîner l’échec des programmes en question. Elle a donc apporté son soutien aux efforts du Secrétariat pour inclure les programmes de DDR dans le budget des opérations de maintien de la paix. La représentante a enfin apporté son appui aux efforts faits par le Département pour intégrer une perspective sexospécifique aux activités des opérations de maintien de la paix et a félicité le Département pour la formation donnée au personnel des missions en matière de sexospécificité.
M. WANG YING-FAN (Chine) a estimé que la création d’un stock de déploiement stratégique est une des recommandations fondamentales du rapport Brahimi visant au renforcement des capacités d’action en matière de déploiement rapide. Dans ce contexte, la Chine attend la présentation du budget détaillé par le Secrétaire général et, quelle que soit la forme du plan final, il devra être en harmonie avec le niveau des ressources existantes et permettre leur utilisation optimale. Le représentant a en outre regretté que le processus de recrutement du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) n’ait pas été suffisamment transparent et n’ait pas respecté le principe de la répartition géographique. C’est pourquoi, le DOMP doit désormais faire savoir aux Etats Membres quels sont les progrès réalisés en matière d’ajustement institutionnel mais également en matière de recrutement et le Comité spécial doit effectuer un examen des résultats de la réforme du Secrétariat.
Le représentant a également fait remarquer que le succès des opérations de maintien de la paix dépend du soutien des Etats Membres. C’est pourquoi, a-t-il estimé, il faut renforcer la coordination entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes. La résolution 1353 est dans ce contexte encourageante mais le Groupe de travail du Conseil de sécurité devra à l’avenir améliorer les mécanismes de consultation. Enfin, le représentant s’est félicité du système des forces et moyens en attente visant à accroître la capacité de déploiement rapide.
M. NANA EFFAH-APENTENG (Ghana) a déclaré qu’il était nécessaire de mettre en place un mécanisme institutionnalisé de consultation entre le Département des opérations de maintien de la paix, le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes. Il s’est félicité du nouveau mécanisme qui, s’il ne tient pas compte de toutes les propositions faites par les pays contributeurs de troupes, comble les lacunes du système existant. Il a émis l’espoir qu’il existerait à l’avenir des consultations plus fréquentes entre tous les partenaires. Le représentant a apporté son soutien au système de forces et moyens en attente et à la localisation de stock de matériel stratégique à Brindisi afin de permettre un déploiement rapide en cas de crise. Toutefois, il a fait remarquer que la capacité des Etats Membres de contribuer au système de forces et moyens en attente dépendait de leurs exigences nationales et que le Département devrait prendre en compte ce facteur.
Le représentant a attiré l’attention sur le renforcement de la capacité institutionnelle de l’Organisation de l’unité africaine et a rappelé que le Département avait proposé de mettre en place un groupe de travail sur ce thème en 1998, exprimant le souhait que cette mesure sera prise avant la prochaine session de l’Assemblée générale. Concernant la formation, M. Apenteng a déclaré qu’il n’était pas possible d’avoir pour chaque conflit une approche identique et qu’il fallait que les modules de formation tiennent compte des spécificités des zones de conflit. Il s’est donc félicité de la mise en place de séminaires régionaux sur la formation au maintien de la paix. Concernant le remboursement, le représentant a émis l’espoir qu’il pourrait être amélioré. Toutefois, il a noté que ces remboursements dépendaient du versement par les Etats Membres de leurs contributions et il les a pressés de payer leur part au budget de maintien de la paix rapidement et sans condition. Il a également souhaité que le versement des pensions de décès et d’invalidité soit amélioré et accéléré.
M. ABDULHAMID O. YAHYA (Jamahiriya arabe libyenne) a souhaité que les Nations Unies améliorent la planification et la bonne gestion des opérations de maintien de la paix. A cet égard, il a approuvé les efforts déployés pour renforcer la capacité de déploiement rapide dans un délai de 30 à 90 jours et a donné son appui à l’idée des réserves de déploiement stratégique. Le représentant s’est également félicité de l’intérêt que le Conseil de sécurité a manifesté face aux tragédies qu’a connues l’Afrique mais a néanmoins précisé que ces questions exigent que les Nations Unies assument leurs responsabilités et s’acquittent de leur obligation de réagir de manière efficace et rapide aux nombreux conflits en Afrique. Le Conseil de sécurité, a poursuivi le représentant, devrait renoncer à se montrer réticent face à certains conflits. Dans ce contexte, la volonté politique des membres du Conseil de sécurité est indispensable car, en l’absence du désir d’agir de manière efficace et rapide, il existe un danger réel d’aggravation des conflits. Cette volonté politique doit également aboutir à la collaboration avec l’Organisation de l’unité africaine (OUA) et d’autres organismes régionaux. Enfin, le représentant s’est félicité des efforts des Nations Unies au Timor oriental qui représentent un succès et qui nous permettent d’espérer que les Nations Unies agiront avec le même succès ailleurs dans le monde.
M. ENRIQUE LOEDEL (Uruguay) a déclaré que son pays comptait parmi les 10 premiers pays contributeurs de troupes et que 10% de ses troupes étaient déployées sur le terrain dans les opérations de maintien de la paix. Il a cité les améliorations réalisées par le Département des opérations de maintien de la paix, ajoutant toutefois qu’il faudrait garder une capacité d’adaptation en permanence, et il a donc donné son accord à une étude périodique des structures et du fonctionnement du Département. Il a émis l’espoir que son pays pourrait placer à l’avenir des candidats à des postes supérieurs, reflétant la situation sur le terrain. Il a fait allusion au déséquilibre flagrant entre le nombre de forces engagées sur le terrain et le nombre de personnel de haut rang. Le représentant a déclaré que la participation des différents acteurs du maintien de la paix devait être toujours plus coordonnée, et que, pour cela, il faudrait améliorer la coordination entre le Conseil, les pays contributeurs de troupes et le Département des opérations de maintien de la paix. Tout en apportant son soutien au mécanisme créé par le Conseil de sécurité en janvier dernier, il a déclaré cependant que ce n’était pas une fin en soi mais qu’il fallait arriver à une coopération supérieure.
Faisant remarquer que le déploiement rapide était un nouveau concept, né à la suite des changements intervenus dans le monde et dans la nature des conflits, M. Loedel a jugé qu’il était nécessaire de continuer à travailler sur ce concept et il s’est dit d’accord avec les initiatives prises pour le renforcer ; ces initiatives doivent toutefois tenir compte de la procédure et des aspects financiers. Il a ainsi indiqué que le Secrétariat devrait pouvoir prendre la décision d’engager des dépenses et avancer des fonds aux pays qui fourniront des contingents. Il a également fait observer qu’un fonds d’affectation spéciale serait utile aux pays en voie de développement. Le représentant a noté que les coûts étaient ce qui motive ou empêche les pays de participer au processus de maintien de la paix. Le retard dans les remboursements, a-t-il déclaré, bloque la volonté de participation des pays. Il a ainsi rappelé que son pays n’avait
toujours pas été remboursé pour les efforts qu’il a accomplis au Cambodge, il y a plusieurs années, et que si ce retard se poursuivait son pays devrait peut être revoir son engagement à la baisse. Pour ce qui est de la sécurité, M. Loedel a déclaré que c’était un concept large qui comprend l’information, l’aide médicale, la vaccination et qu’il y a beaucoup à faire à ce niveau.
M. VOLODYMYR G. KROHMAL (Ukraine) a estimé qu’il est désormais nécessaire que le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) améliore ses méthodes de travail, sa culture de gestion et la qualité de ses activités. Il s’est néanmoins félicité des progrès accomplis en matière de consultations entre les pays contributeurs de troupes, le conseil de sécurité et le Secrétariat. Dans ce contexte, le Groupe de travail du Conseil de sécurité doit continuer de se réunir avec le Comité spécial afin de tirer profit des points de vue de ses membres sur les différents aspects liés aux opérations de maintien de la paix. Des efforts énergiques doivent en outre être déployés matière de déploiement rapide et, à cet égard, l’Ukraine estime que le système des forces et moyens en attente, la création de listes de réserves de militaires qualifiés et de policiers civils ainsi que la mise à disposition de moyens financiers suffisants sont des éléments encourageants. L’Ukraine appuie également le concept de déploiement de stocks stratégiques sur la base logistique de Brindisi et est en attente du budget.
Le représentant a également appuyé l’idée de renforcer la capacité du Secrétariat à recueillir des informations et à développer des analyses stratégiques. Il a également souligné que la question de la sécurité du personnel reste cruciale et a accueilli favorablement le rapport global produit par le DOMP sur la question. De même, toutes les mesures nécessaires devraient être prises en matière d’immunisation. Enfin, le représentant a souhaité que la journée internationale des agents de maintien de la paix soit célébrée chaque année en hommage aux hommes et aux femmes qui ont servi et continueront de servir sous le drapeau des Nations Unies et en honneur de ceux qui ont perdu leur vie.
M. ALEG IVANOU (Bélarus) a déclaré qu’il fallait élargir les relations entre le Département de maintien de la paix, les pays contributeurs de troupes et le Conseil de sécurité. En conséquence, il a constaté avec satisfaction que le Conseil a accepté de nouvelles mesures d’interaction prévoyant des rencontres communes entre les pays contributeurs de troupes et le groupe de travail du Conseil. Il a insisté sur La nécessité d’améliorer la planification préalable des opérations et a apporté son soutien à la création d’une liste d’officiers sous astreinte et à la constitution d’une base financière solide, nécessaire au déploiement rapide des missions. Le représentant a déclaré que son pays avait récemment signé un accord relatif à sa participation au système de forces et moyens en attente. Il a également indiqué que son pays envisageait la création d’un centre national pour la formation des éléments destinés aux opérations de maintien de la paix et qu’il comptait à cet égard sur la coopération du Département notamment pour l’organisation de l’enseignement.
M. MIROSLAW LUCZKA (Pologne) a plaidé en faveur de la création de liens plus étroits entre les pays contributeurs de troupes et le Conseil de sécurité afin de renforcer et d’accélérer la planification de la phase de lancement de nouvelles opérations du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP). La Pologne attache également une grande importance au renforcement du système des forces et moyens en attente. L’initiative finlandaise visant à organiser une conférence sur le personnel de police civile les 14 et 15 février prochain recueille en outre l’appui de la Pologne, a poursuivi le représentant qui a, à cet égard, souhaité que les 100 nouveaux policiers soit nommés sur des critères liés aux qualités professionnelles et non pas sur les seuls noms des personnes. La Pologne soutient également l’idée de déployer des stocks stratégiques et de renforcer la base stratégique de Brindisi qui représente des éléments importants dans le cadre de prochaines opérations de maintien de la paix.
Le représentant s’est dit préoccupé par les questions de sécurité et a regretté qu’il n’y ait pas assez de moyens financiers mis à la disposition du DOMP dans ce cadre. C’est pourquoi, la Pologne appuie les activités visant à renforcer la sécurité du personnel des Nations Unies et du personnel associé selon les termes de la Convention sur la sécurité du personnel des Nations Unies et du personnel associé. A cet égard, M. Luczka a souhaité que les crimes commis à l’encontre du personnel de l’ONU soient punis.
M. SEMAKULA KIWANUKA (Ouganda) s’est dit troublé par l’échec du Conseil de sécurité à agir face aux menaces à la paix et à la sécurité, en particulier en Afrique. Il a jugé inacceptable sa réticence à déployer suffisamment d’opérations de maintien de la paix en Afrique, excepté en Sierra Leone. En République démocratique du Congo (RDC), a-t-il déclaré, où la Mission des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC) entre dans sa troisième phase, il n’y a que 5 537 personnes déployées sur le terrain alors que, selon le représentant, il aurait été facile de restaurer la paix avec suffisamment de personnel. Il a ajouté qu’il aurait fallu une mission capable de jouer un plus grand rôle sur le plan humanitaire, des droits de l’homme et de l’enfant. Il a précisé que deux bataillons ougandais restaient en RDC, attendant pour se retirer que la MONUC s’y déploie. Le représentant a déclaré qu’il était impératif qu’une force crédible et qu’un processus politique soient mis en place, regrettant le manque de volonté dès qu’il s’agit de maintien de la paix en Afrique.
Reconnaissant le rôle croissant de la police civile dans les opérations de maintien de la paix, M. Kiwanuka a salué les efforts actuels du Département pour renforcer la capacité de l’Afrique en matière de maintien de la paix tout en préconisant de faire plus et de créer des réserves à partir desquelles il serait possible de recruter des forces de police locale pour participer au maintien de la paix. Il s’est félicité de la réunion d’experts tenue ce mois-ci à Helsinki pour établir le groupe de cent personnes sous astreinte capables d’être déployées rapidement mais il a regretté que la participation des pays les moins avancés (PMA) à cette réunion n’ait pas été facilitée. Le représentant a enfin abordé la question du désarmement, démobilisation, rapatriement, réinstallation et réintégration (DDRRR) en déclarant que ce domaine était crucial pour la réussite d’une opération de maintien de la paix et qu’il fallait aussi s’occuper de la gestion de situations post-conflit là où c’est nécessaire.
M. MASOOD KHALID (Pakistan) a regretté que le Secrétariat ait mené des activités de restructuration sans concertation avec les Etats Membres et que les ressortissants des principaux pays contributeurs de troupes ne soient pas équitablement représentés au sein du Département des opérations de maintien de la paix. De même, tout en notant avec satisfaction une diminution des délais de remboursement, au regard des coûts liés aux troupes et à l’équipement, le représentant a formulé l’espoir que le DOMP déploie davantage d’efforts afin d’améliorer la procédure. Il a également souhaité que le problème du personnel sous astreinte soit réglé et que le fossé qui existe entre la conception du DOMP et celles de quelques Etats Membres soit comblé. La question du déploiement des stocks stratégiques doit également être appréhendée le plus rapidement possible.
Le Pakistan appuie en outre les efforts déployés afin de renforcer et d’améliorer la formation dans le cadre des opérations de maintien de la paix mais souhaite que des normes de formation ne soient pas imposées aux pays contributeurs de troupes. En ce qui concerne la coopération triangulaire entre les pays contributeurs de troupes, le Conseil de sécurité et le Secrétariat, le représentant s’est félicité des progrès réalisés dans le cadre de la résolution 1353 du Conseil de sécurité. Enfin, le représentant a lancé un appel à la communauté internationale et au Conseil de sécurité pour qu’ils contribuent à l’instauration d’une paix durable et solide en Asie du Sud, notamment au Cachemire afin que la population de ce dernier puisse exercer son droit à l’autodétermination.
M. AMRAIYA NAIDU (Fidji)a salué les efforts des Etats Membres pour honorer leurs paiements relatifs au budget du maintien de la paix, qui ont permis aux Nations Unies de réduire les arriérés dus aux pays contributeurs de troupes. Il a également salué les progrès faits pour bâtir une capacité de déploiement rapide. Le représentant a exprimé son inquiétude face à l’inégalité de distribution des postes au sein du Département des opérations de maintien de la paix et au-delà, dans tout le système des Nations Unies. Historiquement, la distribution des postes était liée au niveau de contribution des Etats membres, a déclaré le représentant, un critère qui était bon en son temps. Il a jugé qu’il faudrait avoir un système plus équitable et il a déclaré qu’il aimerait qu’un rapport soit fait à ce sujet.
Le représentant a fait part de son inquiétude concernant les fonds alloués à la question des sexospécificités, qui dépend de fonds volontaires. Rappelant que la résolution 1325 du Conseil de sécurité appelait à inclure les questions de parité entre les sexes dans opérations de maintien de la paix, il a déclaré qu’il aurait souhaité un compte rendu rapide des réformes sur ce point, non seulement en ce qui concerne la formation, mais aussi sur le plan des recrutements. Le représentant a fait part de ses inquiétudes en matière de sécurité du personnel.
M. JOHN DAUTH (Australie) a estimé que les tâches principales qui s’imposent au Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) sont celles relatives à la mise en oeuvre des réformes déjà définies et à l’évaluation du travail accompli afin de tirer un enseignement des expériences passées, notamment grâce à la publication de manuels. Dans ce contexte, il s’est félicité de la publication d’un manuel pour les opérations de maintien de la paix multidimensionnelles. Les nouveaux mécanismes de consultation entre le Secrétariat, les pays contributeurs de troupes et le Conseil de sécurité doivent en outre être testés afin de pouvoir juger de leur efficacité. Le représentant a également souhaité obtenir des informations sur le fonctionnement des missions intégrées.
M. Dauth a estimé que la formation du personnel militaire, civil et de police est cruciale et qu’elle doit être menée de façon permanente et à un moindre coût. Dans le contexte du déploiement rapide, il a appuyé le développement d’une réserve stratégique avec la base de Brindisi mais a souhaité que le DOMP s’assure de sa viabilité financière et opérationnelle. En ce qui concerne le rôle de la police civile et du renforcement de la règle de droit et des institutions judiciaires, le représentant a accordé son plein appui aux conclusions du rapport Brahimi et s’est dit confiant dans les conclusions de la prochaine conférence d’Helsinki sur la police civile. La question du désarmement, de la démobilisation et de la réintégration est aussi fondamentale dans la prévention de conflits et du maintien de la paix. Enfin, le représentant a souligné l’importance de la sécurité du personnel civil et militaire et des questions de sexospécificité pour le succès des opérations de maintien de la paix.
M. TAEMYON KWON (République de Corée) s’est félicité des efforts du Département de maintien de la paix pour améliorer la capacité d’intervention rapide, appuyant particulièrement la mise en place d’un mécanisme global afin que les premiers membres d’une mission de maintien de la paix soient déployés dans les meilleures conditions pour garantir leur efficacité. Dans le même ordre d’idées, le représentant a partagé la conviction selon laquelle il faut donner au Secrétaire général la possibilité d’engager des dépenses avant la définition du mandat d’une mission. Il a également salué la proposition de mettre en place des stocks stratégiques, qu’il a défini comme le meilleur moyen de renforcer les capacités d’intervention rapide en matière d’équipement.
Par ailleurs, il a évoqué la question de la coopération trilatérale entre les pays contributeurs de troupes, le Conseil de sécurité et le Secrétariat. A ce sujet, il a apprécié les efforts du Conseil de sécurité pour répondre aux attentes de ces pays. Il s’est félicité de la mise en place d’un nouveau mécanisme de réunion commune dans le cadre du Groupe de travail du Conseil de sécurité sur les opérations de maintien de la paix, tout en évoquant certaines difficultés quant à la mise en oeuvre de ce mécanisme. En conclusion, M. Taemyon Kwon a précisé que son pays allait continuer à rester actif dans les opérations de maintien de la paix comme en atteste la présence de ses troupes auprès de quatre missions et ses régulières contributions financières.
M. KULKUMUT SINGHARA NA AYUDHAYA (Thaïlande) a déclaré que son pays appuie les efforts visant à renforcer la capacité de déploiement rapide et efficace des opérations de maintien de la paix dans un délai de 30 à 90 jours et, dans ce contexte, il a souligné l’importance d’utiliser le système de forces et moyens en attente des Nations Unies et de développer une réserve de déploiement stratégique. Il a également rappelé que les mandats des missions des Nations Unies doivent avoir des objectifs clairement définis et disposer de moyens financiers suffisants. De même, pour que les opérations de maintien de la paix soient couronnées de succès, il faut que les points de vue des pays contributeurs de troupes soient pris en considération aussi bien dès les premières phases de la planification des missions que lors des renouvellements ou des changements de mandat. C’est pourquoi le représentant s’est félicité des termes de la résolution 1353 du Conseil de sécurité. Il a néanmoins regretté les retards dans les remboursements des coûts liés aux troupes et au matériel dans la mesure où non seulement ils entraînent une charge financière lourde pour les pays en développement mais où ils peuvent aussi les dissuader d’envoyer du personnel pour
les futures opérations de maintien de la paix. En matière de compensations liées aux décès et aux invalidités, le représentant a souhaité que le Secrétariat informe les Etats Membres des progrès réalisés. Enfin, il a précisé qu’en aucun cas les opérations de maintien de la paix ne peuvent se substituer au règlement des conflits pas les parties concernées.
M. T. J. JOKONYA (Zimbabwe), au nom du Groupe des Etats d’Afrique, a regretté que la question de la coopération avec les institutions régionales n’ait toujours pas trouvé de solution, tout en saluant les efforts déployés par le Secrétariat pour établir un bureau des Nations Unies auprès de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Deux ans après la soumission de propositions visant à renforcer la capacité de maintien de la paix de l’Afrique, le représentant a souligné que le Secrétariat n’a toujours pas élaboré de réponse ferme sur ce sujet et il l’a incité à aboutir d’ici septembre prochain. Concernant le déploiement rapide, il a souligné que la disponibilité de matériel était la clef pour les pays africains car l’Afrique possédait déjà des ressources en hommes bien entraînés. Il a insisté sur la nécessité de mettre l’accent, pour les forces en attente, sur les éléments civils et pas uniquement sur les éléments militaires ou de police. Enfin, le représentant s’est félicité des améliorations sur le plan des remboursements par le Secrétariat aux pays contributeurs de troupes et a indiqué que cette évolution permettait à l’Afrique de continuer à participer aux opérations de maintien de la paix.
M. MEHMET KEMAL BOZAY (Turquie) a appuyé les efforts du Secrétariat pour renforcer et améliorer le système des forces et moyens en attente. A cet égard, un échange de vues entre le Secrétariat et les Etats Membres est indispensable afin de trouver des solutions pratiques visant à améliorer le système de listes de militaires disponibles. Il a également apporté son soutien au concept de réserve stratégique dans la base logistique des Nations Unies à Brindisi et a formulé l’espoir que les institutions des Nations Unies pertinentes prendront rapidement une décision concernant le budget qui sera soumis prochainement par le Secrétariat. La Turquie estime également, a poursuivi le représentant, que le concept de déploiement rapide de la police civile est un élément crucial des opérations de maintien de la paix et qu’il est en accord avec les efforts déployés pour créer une police de réserve tel que recommandé dans le rapport Brahimi. Dans ce contexte, la Turquie attend avec un grand intérêt les conclusions de la Conférence de Helsinki sur la question.
La sécurité du personnel est un autre aspect crucial, a poursuivi le représentant, et le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) devrait s’efforcer de développer une stratégie de prévention. Le recrutement de personnel à responsabilité dans le cadre du rapport Brahimi II doit quant à lui refléter les contributions des Etats dans le cadre des opérations de maintien de la paix. La coopération entre les pays contributeurs de troupes, le Conseil de sécurité et le Secrétariat est également importante et, dans ce cadre, nous nous félicitons des termes de la résolution 1353 du Conseil de sécurité, a-t-il ajouté. Enfin, il a précisé que la formation du personnel est un élément clé du succès des opérations de maintien de la paix.
M. YAP ONG HENG (Singapour) a déclaré que les Nations Unies devaient pouvoir déployer rapidement des opérations mais surtout des forces de maintien de la paix dans le monde, saluant à cet égard les initiatives du Secrétariat afin d’améliorer la capacité de déploiement rapide, notamment les améliorations du système de forces et moyens en attentes. Il a souhaité qu’on conclue rapidement la question des réserves de matériel stratégique. Le représentant a toutefois émis des réserves au sujet du système de l’établissement de listes de personnels sous astreinte, déclarant qu’un des principaux problèmes dans ce cadre était la formation: les personnels fournis doivent être efficaces, a-t-il observé, l’idéal serait que le personnel pressenti soit formé avant d’être déployé mais il serait plus réaliste d’avoir des unités de formation sur place.
Le représentant a espéré que la tendance actuelle dans le cadre de laquelle les pays en développement fournissent le plus de troupes ne va pas se poursuivre : le maintien de la paix est une responsabilité collective, a-t-il déclaré, les pays développés ne peuvent continuer à choisir les opérations où ils envoient des troupes et celles qu’ils appuient financièrement ou par une assistance à la formation. Avec la prépondérance des conflits internes, a observé le représentant, les Nations Unies ont dû s’adapter aux circonstances. C’est cette souplesse qui a permis de rétablir la paix au Kosovo et au Timor oriental, a-t-il déclaré, et les Nations Unies devraient utiliser cette souplesse pour définir la prochaine opération après l’indépendance du Timor où les Nations Unies doivent maintenir une présence jusqu’à ce que la stabilité soit consolidée. Le représentant s’est félicité du nouveau mécanisme mis en oeuvre pour améliorer la coopération entre le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes. Il a toutefois assuré qu’il fallait trouver d’autres moyens pour améliorer la coopération triangulaire.
M. VLADISLAV MLADENOVIC (République fédérale de Yougoslavie) a estimé que le succès d’une opération de maintien de la paix repose sur la définition de mandats et de critères clairs, en particulier en matière de déploiement rapide. A cet égard, il serait très utile d’instituer un système de consultations plus fréquent avec les pays contributeurs de troupes au sein du Comité spécial. En outre, si les organisations régionales ont joué un rôle important dans la mise en oeuvre des opérations de maintien de la paix, leurs mandats doivent être en accord parfait avec les clauses du chapitre VIII de la Charte des Nations Unies et réalisés sous les auspices du Conseil de sécurité. De même, tout en reconnaissant l’importance de la coopération entre les pays contributeurs de troupes et les Nations Unies, le représentant n’en a pas moins estimé que la coopération entre l’ONU et les pays hôtes est elle aussi cruciale. Dans ce contexte, la Yougoslavie, en tant que pays hôte, afin de renforcer la coopération avec la Mission des Nations Unies au Kosovo (MINUK), a établi un Centre de coordination pour le Kosovo et Metohija dont la tâche première est de régler les questions d’intérêt commun. La coopération entre les pays hôtes et les Nations Unies doit également concerner des questions plus larges telles que la lutte contre le terrorisme, le commerce illicite de la drogue et des petites armes ainsi que toutes les autres formes de crime organisé. Enfin, le représentant a estimé que l’appui du Conseil de sécurité revêt une importance fondamentale dans un contexte de période post-électorale au Kosovo et que les priorités de la Mission doivent être le retour des Serbes et des non Albanais ainsi que la création d’un environnement sécurisé.
M. ALEXANDRU NICULESCU (Roumanie) s’est félicité du nouveau mécanisme destiné à consolider le dialogue entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents. Soulignant l’importance de la police civile aujourd’hui, le représentant a souhaité que la police civile des Nations Unies voie ses procédures codifiées afin que ses actions soient plus professionnelles. Dans ce cadre, il a espéré que la Conférence des experts à Helsinki apportera une contribution majeure. Le représentant a plaidé pour le renforcement du partenariat des Nations Unies avec les organisations régionales et sous-régionales, en prenant pour exemple la coopération entre l’ONU et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et ses résultats dans les Balkans.
Le représentant s’est réjoui des progrès réalisés sur le plan du remboursement par le Secrétariat des arriérés dus aux pays contributeurs de troupes et il a appuyé toute initiative du Secrétariat pour améliorer le financement des missions sur le terrain. Il a rappelé l’engagement de son pays dans le maintien de la paix, soulignant qu’il participait à cinq missions. Enfin, le représentant a fait part de son inquiétude quant à la réduction de l’indemnité de subsistance des missions en regrettant qu’il n’y ait pas eu de consultation pour une question d’une telle importance.
M. HASTINGS AMURANI-PHIRI (Malawi) a espéré que le Département des opérations de maintien de la paix saurait saisir l'occasion et optimiser les bénéfices de sa réorganisation et de ses ressources supplémentaires. Il a également souhaité qu'à l'avenir, des efforts déterminés soient engagés pour assurer un équilibre entre les régions dans le recrutement. Le Malawi, a-t-il poursuivi, se félicite des nouveaux mécanismes de coopération entre le Conseil de sécurité et les Etats contributeurs de troupes et les organismes régionaux. Il s'est dit encouragé par les programmes d'assistance technique, comme l'UNTAT (Equipe des Nations Unies pour l'aide à la formation), qui oeuvre au Zimbabwe, au Ghana, au Kenya, en Afrique du Sud et au Botswana notamment, ou comme l'initiative française RECAMP (renforcement des capacités de maintien de la paix), récemment étendue à l'Exercice tanzanite, qui implique des pays de l'ensemble de l'Afrique australe. Le Malawi espère qu'une telle forme de coopération va se poursuivre.
M. AGUILAR-ZINSER (Mexique) a rappelé que les opérations de maintien de la paix des Nations Unies doivent reposer sur des critères clairs et précis et notamment sur le consentement des parties. L’ONU ne saurait en effet imposer ses conditions ni se substituer à la volonté des parties au conflit. En matière d’opérations de maintien de la paix, il faut également respecter l’impératif de précision et de clarté dans le cadre légal de chaque opération en matière de composition des contingents. Le représentant a également estimé que l’Assemblée générale des Nations Unies ainsi que les autres institutions du système ont des responsabilités majeures à assumer, notamment en termes de reconstruction institutionnelle et de développement économique et social. De même, il a souhaité la mise en place d’une association stratégique entre les institutions des Nations Unies et de Bretton Woods afin de mettre en oeuvre une action complémentaire en matière de règlement des causes profondes des conflits. La mise en place de mécanismes de consultations entre les pays contributeurs de troupes, le Conseil de sécurité et le Secrétariat doit aussi être encouragée, a conclu le représentant.
M. PAK GIL YON (République populaire démocratique de Corée) a déclaré que si les opérations de maintien de la paix sont nécessaires pour maintenir la paix et la sécurité internationales, il faut aussi accorder une importance toute particulière au règlement des causes profondes des conflits. Ces causes, a-t-il précisé, trouvent leur source dans la logique de confrontation héritée de la mentalité de la guerre froide. Dans ce contexte, il a dénoncé les réflexes de domination, d´hégémonie et d’unilatéralisme qui sont le plus souvent à l’origine des conflits ou les entretiennent. Dans le même ordre d’idées, il a demandé que les opérations de maintien de la paix soient menées dans le plein respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États, mais aussi du principe de la non-ingérence dans les affaires intérieures. C’est dans cet esprit, a-t-il ajouté, que mon pays soutient les principes clefs des opérations de maintien de la paix tels qu’adoptés par la Conférence ministérielle du Mouvement des pays non alignés, réunie au Caire en juin 1994.
Par ailleurs, il a souhaité qu’il ne soit plus possible pour aucun pays de poursuivre des objectifs militaires ou politiques sous la couverture d’opérations de maintien de la paix. A titre d’illustration, il a dénoncé une résolution adoptée par le Conseil de sécurité durant la guerre de Corée, selon lui sous la pression des États-Unis, lui ayant ainsi permis d’obtenir la mobilisation d’une force armée internationale avec un « commandement des Nations Unies » à sa disposition. A cet égard, il a également déclaré que les troupes américaines stationnées en Corée du Sud ne défendaient pas la paix mais étaient des forces d’agression et la cause de la division de la Corée et des malheurs du peuple coréen. En conclusion, il a également fait référence au récent discours sur l’état de l’Union au cours duquel le Président Bush, a-t-il dit, a évoqué la possibilité de frapper son pays. A ce sujet, le représentant de la République populaire démocratique de Corée a déclaré que son pays n’accepterait pas sans réagir que l’on porte atteinte à son intégrité, car les États-Unis n’ont pas le monopole de la légitime défense.
M. JOSE ANTONIO LINATI-BOSCH, Observateur de l’Ordre militaire souverain de Malte, a estimé que le maintien de la paix doit s’inscrire dans le contexte du droit international humanitaire dans la mesure où il relève de la Charte des Nations Unies qui autorise, au chapitre VII, les Etats membres à user de la force pour rétablir et maintenir la paix et la stabilité internationales. Il a jugé que les opérations de maintien de la paix doivent reposer à la fois sur le concept de diplomatie préventive et sur celui de déploiement préventif et rappelé la complexité de ces opérations due aux aspects financiers, politiques et stratégiques qu’elles recouvrent. Il incombe à la communauté internationale de mettre en oeuvre les opérations de maintien et de renforcement de la paix de nature à assurer la protection des populations civiles a ajouté M. Linati-Bosch. A ce titre, il a recommandé une collaboration plus étroite entre les Nations Unies et les organisations régionales. Il s’est félicité du fait que, depuis le début de l’an 2000, le Conseil de sécurité et le Comité spécial chargé des opérations de maintien de la paix manifestent un intérêt accru pour les questions de sécurité du personnel des Nations Unies et du personnel humanitaire. A ce titre, il a déclaré que le manque de sécurité a souvent empêché l’Ordre militaire souverain de Malte d’acheminer de l’aide humanitaire dans certaines zones du Timor oriental par exemple. Il a proposé de limiter le nombre d’organisations habilitées à intervenir dans les zones frappées de crises humanitaires, ce qui faciliterait selon lui les questions de protection du personnel humanitaire.
M. LEUTLWETSE MMUALEFE (Botswana) a rappelé qu'en décembre, l'Assemblée générale avait approuvé l'octroi de ressources supplémentaires au Département des opérations de maintien de la paix. Toutefois, pour lui, l'addition de moyens tant financiers qu'en hommes n'est pas la solution en soi. Il faut que le Département mène une auto-évaluation régulière et systématique pour s'assurer que ces ressources supplémentaires auront un impact significatif sur les mandats dont il est chargé. Nous nous rendons bien compte que ceci prendra du temps, mais un examen continu paraît crucial pour déterminer si la voie choisie est la bonne, a-t-il ajouté. Le représentant du Botswana s'est ensuite félicité de ce que le Département des opérations de maintien de la paix réfléchissait désormais davantage à une approche en amont, plutôt que simplement réactive. Enfin, il a insisté sur la nécessité d'accroître les capacités des pays en voie de développement, notamment africains, au maintien de la paix et a appelé les pays donateurs à participer activement à l'équipement de contingents crédibles et autonomes. Mais il a aussi souligné, pour s'en réjouir, les récents efforts visant à rembourser les pays fournisseurs de contingents. Enfin, le représentant a souhaité que les ressources disponibles soient davantage mises au service de la prévention des conflits, de la consolidation et de la gestion de la paix, mais servent aussi après le conflit au renforcement des capacités nationales, et à la réhabilitation économique, de façon à ce que le conflit ne reprenne pas au départ de la mission.
M JEAN-MARIE GUÉHENNO, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a affirmé que le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) continuera de déployer des efforts afin de renforcer la coopération entre le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes. Il a également fait savoir que le DOMP procède actuellement à la mise en place de capacités de ponts aériens stratégiques par le biais de lettres d’entente des Etats Membres qui possèdent de tels aéronefs. Le déploiement de ces capacités s’effectuera sur la base d’accords qui seront activés sur demande après confirmation par l’industrie qu’il n’existe pas de moyens moins coûteux et plus rapides. De même, des ponts maritimes seront institués sur la base d’un protocole d’accord avec le Programme alimentaire mondial (PAM).
M. Guéhenno a ajouté que le DOMP souhaite qu’un dialogue s’établisse avec les Etats Membres sur la question des règles d’engagements types qui ont été conçues comme un guide pour aider les pays contributeurs de troupes à entraîner leurs contingents dans le cadre d’opérations de maintien de la paix. Elles ne doivent être considérées que comme une référence et doivent être adaptées aux missions. En matière de sécurité, il a indiqué que le Bureau du coordonnateur des Nations Unies sur les questions de sécurité, au titre du compte d’appui, s’est vu doter de deux postes supplémentaires qui permettront d’accélérer la mise en oeuvre des recommandations formulées dans le rapport sur la gestion de la sécurité publié l’année dernière. M. Guéhenno a ajouté que des procédures et des directives appropriées seront mises en place et des plans d’action, des formations et des documents pour les hauts fonctionnaires seront disponibles. Le matériel sera en outre révisé et les besoins logistiques seront mieux identifiés.
En ce qui concerne l’accident d’hélicoptère mentionné par la délégation zambienne, M. Guéhenno a indiqué qu’une enquête est réalisée par le Gouvernement ukrainien et qu’elle sera publiée fin mars 2002. Une commission d’enquête sera également mise en place par les Nations Unies. De même, le Ministère des transports ukrainien mène actuellement une enquête au sujet de l’accident d’hélicoptère en Géorgie. Pour ce qui est des indemnisations, M. Guéhenno a précisé qu’elles seraient versées rapidement.
En matière de représentation géographique dans le cadre du recrutement,
M. Guéhenno a rappelé que la première obligation est de recruter les candidats les mieux qualifiés conformément aux résolutions pertinentes de l’Assemblée générale. Il a assuré que la sélection prend bien compte de la représentation géographique la plus vaste possible des pays fournisseurs de contingents. Actuellement, 58 des 67 postes mentionnés dans le rapport Brahimi I sont pourvus par des ressortissants des pays contributeurs, 9 par des ressortissants des pays non alignés et 1 par un ressortissant d’Europe centrale, 23 des 24 postes de la police civile et militaire secondaire sont pourvus par des pays fournisseurs de contingents. Enfin, des 80 pays représentés, 70 % sont des pays fournisseurs de contingents.
En ce qui concerne le terrorisme international, M. Guéhenno a précisé qu’aucune menace visant les agents du maintien de la paix a été formulée. Des mesures supplémentaires ont cependant été prises suite aux attaques terroristes du 11 septembre. Le DOMP souhaite en outre que le personnel agisse avec compétence et a regretté que le comportement de quelques-uns ait eu un impact négatif sur l’image de l’ensemble des soldats du maintien de la paix. Le DOMP traitera tous les cas en respectant les procédures et les directives de l’Assemblée générale.
En matière de prestations, M. Guéhenno a reconnu qu’il est nécessaire d’améliorer les conditions de services au sein des missions. Il a ajouté que si les Etats Membres souhaitent que le personnel des opérations de maintien de la paix voyage dans de meilleures conditions, cela entraînera une augmentation du coût. En conclusion, M. Guéhenno a indiqué que le DOMP allait développer des programmes de formation visant à améliorer les capacités opérationnelles des opérations de maintien de la paix en accord avec les pays contributeurs de troupes.
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