M. GUEHENNO PLAIDE EN FAVEUR DE LA CONSOLIDATION ET DE LA PROFESSIONNALISATION DU DÉPARTEMENT DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX
Communiqué de presse AG/PKO/173 |
Comité spécial des opérations de
maintien de la paix
166e /167e séances – matin/après-midi
M. GUEHENNO PLAIDE EN FAVEUR DE LA CONSOLIDATION ET DE LA PROFESSIONNALISATION
DU DÉPARTEMENT DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX
Dans son intervention devant le Comité spécial des opérations de maintien de la paix, qui ouvrait aujourd’hui sa session de fond de 2001 au Siège des Nations Unies à New York, le Secrétaire général adjoint pour les opérations de maintien de la paix, M. Jean-Marie Guéhenno, a rappelé que l’objectif global du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) est la consolidation et la professionnalisation de ses activités. Dans ce contexte, l’amélioration de la culture de gestion du Département et du fonctionnement du mécanisme de déploiement rapide ainsi que le renforcement des relations avec les Etats Membres et les institutions du système des Nations Unies sont les tâches principales à achever. Le Secrétariat et les Etats Membres, a précisé M. Guéhenno, doivent collaborer afin, notamment, de remplir l’objectif de déploiement dans un délai de 30 à 90 jours, tel que mentionné dans le rapport Brahimi et dont l’importance a été rappelée, au cours du débat, par de nombreux représentants. En outre, dans un contexte où les opérations de maintien de la paix doivent être considérées selon une perspective multidimensionnelle, M. Guéhenno a insisté sur l’importance de la formation et de la sécurité du personnel, lesquelles requièrent la mise à disposition de fonds supplémentaires.
Si des délégations se sont félicitées des progrès réalisés en matière de coopération entre les pays fournisseurs de troupes, le Secrétariat et le Conseil de sécurité, conformément à la résolution 1353, quelques-unes ont toutefois souhaité la participation des organisations régionales et sous-régionales intéressées afin de mieux conjuguer l’engagement local ou régional avec l’expérience acquise internationalement. La représentante de la Hongrie a pour sa part mis en évidence les carences qui subsistent en matière de communication entre les instances intéressées et a déploré en particulier que les Etats Membres n’aient pas été consultés sur la question de la réduction des indemnités de subsistance.
Les déséquilibres en termes de participation des Etats Membres aux opérations de maintien de la paix ont été soulignés, en particulier par le représentant de l’Egypte, qui a regretté que des grandes puissances qui financent les missions hésitent à participer à l’envoi de troupes aux opérations de maintien de la paix. De même, au sujet du recrutement, la délégation jordanienne a déploré que les pays non alignés, quoique représentant plus de la moitié des Etats Membres des Nations Unies, n’aient obtenu qu’un quart des 93 postes approuvé l’année dernière au sein du Département des opérations de maintien de la paix.
(à suivre – 1a)
Ont pris la parole les représentants des pays suivants: Canada, Jordanie, Espagne, Nigéria, Egypte, Algérie, Norvège, Pérou, Hongrie, Tunisie, Fédération de Russie, Japon, Brésil, Argentine, Nouvelle-Zélande, Malaisie, Inde, Iran, Afrique du Sud, Indonésie, Bolivie, Maroc.
Le Comité avait auparavant réélu M. Arthur Mbanefo (Nigéria), à sa présidence et élu ses quatre Vice-Présidents, MM. Arnoldo Listre (Argentine), Michel Duval (Canada), Motohide Yoshikawa (Japon) et Miroslaw Luczaka (Pologne) ainsi que son rapporteur, M. Alaa Issa (Egypte).
Le Comité a adopté son ordre du jour qui prévoit qu’à la suite du débat général de deux jours qui a été entamé ce matin, un Groupe de travail à composition limitée se réunira les 13, 15, 21 février et le 6 mars. Le Comité lui-même tiendra une nouvelle réunion, le 8 mars prochain, pour examiner les conclusions et les recommandations du Groupe de travail.
Le débat général du Comité reprendra demain, mardi 12 février, à partir de 10 heures.
Déclaration du Secrétaire général adjoint pour les opérations de maintien de la paix
M. JEAN-MARIE GUÉHENNO, Secrétaire général adjoint pour les opérations de maintien de la paix, a rappelé que le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) a pour objectif principal la consolidation et la professionnalisation de ses missions. C’est pourquoi, le DOMP s’efforce d’améliorer sa culture de gestion, de renforcer le mécanisme de déploiement rapide et efficace, de réorienter ses relations avec les missions sur le terrain, de renforcer ses relations avec les États Membres et avec les institutions du système des Nations Unies. En matière de culture de gestion et de planification stratégique,
M. Guéhenno s’est félicité du travail entamé par le Groupe de travail visant à appliquer les recommandations de l’étude d’ensemble et à améliorer la gestion de l’information. Un manuel pour les opérations de maintien de la paix multidimensionnel est également en cours de préparation.
Face à la nécessité de déployer les opérations de maintien de la paix de façon rapide, M. Guéhenno a ajouté qu’une collaboration entre les États Membres et le Secrétariat est indispensable. En ce qui concerne le personnel déployé par les États Membres, ces derniers doivent s’assurer que les ressources humaines qu’ils mettent à la disposition du DOMP correspondent non seulement aux tâches à accomplir mais aussi aux normes en vigueur. C’est pourquoi il est indispensable de pouvoir disposer de données précises. Dans ce cadre, le DOMP a lancé un régime de rapports trimestriels relatifs aux normes en vigueur. Cependant, a regretté
M. Guéhenno, très peu d’États ont fourni des données suite à la publication de ces rapports. De même, outre l’engagement de troupes, les listes de disponibilité sont importantes. Il faut néanmoins s’assurer que le personnel mis à la disposition par les Etats Membres est effectivement disponible au moment du déploiement.
En matière de ressources financières, M. Guéhenno a précisé que le DOMP a mis au point un budget pour le déploiement stratégique et, dans ce contexte, a élaboré une autorisation d’engager des fonds avant le mandat afin de pouvoir entamer une action limitée dans le cadre de la préparation d’une nouvelle mission. Ces fonds permettront de contracter des contrats pour les services indispensables, de livrer l’équipement nécessaire et d’élaborer des plafonds financiers qui tiendront compte de la durée.
M. Guéhenno s’est félicité du travail accompli dans le domaine de la collaboration avec les pays fournisseurs de contingents, notamment dans le cadre de la Mission des Nations Unies en Sierra Leone (UNAMISIL). Cependant, il a estimé nécessaire de renforcer la capacité de déploiement dans la limite de 30 à 90 jours, tel que recommandé par le rapport Brahimi et, dans ce cadre, il a souhaité que les ressources financières additionnelles demandées par le DOMP soient octroyées. L’appui militaire et le déploiement de civils doivent également être renforcés.
En ce qui concerne le renforcement des capacités en personnel, M. Guéhenno a exprimé sa vive satisfaction quant à la création de 91 postes suite aux recommandations du rapport « Brahimi II » et de l’application des recommandations « Brahimi I » en terme d’occupation de nouveaux postes. M. Guéhenno a souligné le défi et la difficulté que représentent l’intégration et l’absorption de 200 nouveaux Membres du personnel au sein du Département et s’est félicité que le DOMP ait anticipé cette période de croissance, d’apprentissage et de renforcement.
Il est indispensable d’améliorer la professionnalisation des agents de maintien de la paix, a poursuivi M Guéhenno, notamment en termes de formation militaire. Dans ce contexte, il faut diriger les efforts vers l’amélioration des capacités des centres nationaux et régionaux de formation afin de rendre plus productive et efficace l’utilisation des ressources. Afin de mieux standardiser la formation, 16 modules de formation génériques seront développés avec l’aide des États Membres et d’organisations et les résultats de cette collaboration seront partagés dans le cadre de séminaires qui seront organisés en fin d’année. De même, dans un contexte de missions d’opérations de maintien de la paix multidimensionnelles, le DOMP développe actuellement un nouveau concept d’opérations pour la police civile. Il faut développer la capacité de la police civile à fournir des conseils sur les questions relatives à la réforme, la restructuration et la formation des polices locales, notamment en matière de droit et de juridictions. Le personnel civil doit lui aussi être davantage formé afin d’améliorer l’efficacité de son action sur le terrain. Dans ce cadre, M. Guéhenno a souhaité pouvoir disposer de fonds alloués à la formation de ce personnel. Il a souhaité que les opérations de maintien de la paix reflètent et mettent en oeuvre les principes des Nations Unies en matière de non-discrimination entre les hommes et les femmes qui doivent avoir un accès égal aux ressources et aux prises de décision en matière de reconstruction nationale.
Le Secrétaire général adjoint a passé en revue les différentes missions de maintien de la paix et les défis qui restent à relever. Concernant la MINUSIL (Mission des Nations Unies en Sierra Leone), il a remarqué qu’après les élections prévues pour 2002, il restait à étendre l’autorité du Gouvernement dans le pays et qu’il fallait préparer avec soin une stratégie de sortie pour la Mission, en précisant qu’avant la sortie finale, il faudrait prévoir une période adéquate de consolidation de la paix qui comporte une présence militaire suffisante de la MINUSIL. Faisant allusion à l’Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental (ATNUTO), le Secrétaire général adjoint a déclaré qu’après la cérémonie d’indépendance du 20 mai 2002, qui marquera la naissance d’une nouvelle nation, il resterait à s’assurer que l’aide internationale ne cesserait pas abruptement. Il s’est réjoui de la décision du Secrétaire général de soutenir les fonctions de base du Gouvernement. Concernant la Mission des Nations Unies au Kosovo (MINUK), le Secrétaire général adjoint a souligné que la mission devait trouver un équilibre délicat entre le transfert en douceur de l’autorité et les aspirations de la majorité à l’indépendance. Il a souligné l’importance du soutien du Conseil de sécurité dans cette phase pour encourager les dirigeants du Kosovo à s’engager dans la voie d’un système politique inclusif. Il a cité les objectifs prioritaires sur place : résoudre l’impasse politique actuelle, faciliter le dialogue entre Belgrade et les dirigeants du Kosovo, fournir une assistance aux institutions transitoires, et créer les conditions du retour des réfugiés et déplacés. Pour la Mission des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC), il a déclaré que cette dernière se heurtait à un manque d’accord politique entre les dirigeants de la République démocratique du Congo et du Rwanda qui empêche les progrès dans le processus de désarmement, démobilisation, réintégration, réhabilitation et rapatriement (DDRRR). Il a souligné la nécessité d’envoyer de nouvelles troupes de maintien de la paix. Quant à la Mission des Nations Unies en Bosnie-Herzégovine (MINUBH), il a déclaré que la mission s’approchait d’une conclusion réussie, et préparait le terrain pour l’intégration européenne.
Le Secrétaire général adjoint a indiqué que le personnel du Département du maintien de la paix se chargeait de nombreux domaines interdisciplinaires, pour lesquels il a un rôle clef, comme par exemple le désarmement, la démobilisation et la réintégration (DDR). Il a précisé que le DDR devait être codifié et institutionnalisé et qu’il devait exister un système interne de conseil et de soutien à toutes les missions sur le terrain. Le Secrétaire général adjoint a abordé la question de la sécurité du personnel de maintien de la paix, en indiquant qu’il se réjouissait du renforcement considérable de l’UNSECOORD. Il a indiqué que le Département continuerait son travail sur des mesures spécifiques tendant à améliorer les mesures de sécurité sur le terrain, l’une d’elles étant la publication de directives communes aux départements du maintien de la paix et aux affaires politiques en novembre 2001 pour augmenter la sensibilisation aux accidents.
Le Secrétaire général adjoint a mentionné quelques réussites, en particulier le succès du programme des Nations Unies contre les mines au Kosovo, conclu en décembre 2001, les réalisations de l’ATNUTO en matière de parité, et les projets de la MONUC, de la MINUEE et de la MINUSIL en direction des communautés locales.
Débat général
M. MICHEL DUVAL (Canada) a souhaité que les capacités du Département des opérations de maintien de la paix soient revues régulièrement et que les réformes se poursuivent, notamment celles qui ont trait à la gestion, à la police civile et au Groupe des pratiques optimales de maintien de la paix. Il a suggéré que la réflexion du Comité spécial se concentre désormais sur la manière de renforcer les capacités du maintien de la paix, préconisant trois axes principaux: améliorer les possibilités de déploiement rapide et mettre en équation le déploiement rapide des forces et moyens en attente et des listes de personnel sous astreintes; institutionnaliser une culture de coopération entre le Secrétariat et les Etats qui fournissent des contingents; créer et institutionnaliser des comités de gestion basés sur la coopération propre à chaque mission et créer un mécanisme d'analyse de l'information. Pour le représentant, il ne faut plus se contenter de tirer des enseignements mais de les appliquer de façon à ce que l'ONU tire parti de ses succès au lieu de répéter ses erreurs.
M. ZEID RA’AD ZEID AL-HUSSEIN (Jordanie), au nom des pays non alignés, a déclaré que les opérations de maintien de la paix devaient se fonder sur le consentement des parties et le non-recours à la force sauf en cas de légitime défense, sur l’impartialité, sur des mandats clairement définis et sur un financement solide. Il a rappelé qu’aux yeux du Mouvement des pays non alignés le maintien de la paix était un instrument important pour maintenir la paix et la sécurité internationales, mais que les opérations ne sauraient remplacer une solution s’attaquant aux causes mêmes du conflit. Les opérations de maintien de la paix sont surtout utiles comme mesures temporaires, pour permettre d’assurer un cessez-le-feu ou la cessation d’hostilités.
Evoquant les relations entre pays contributeurs de troupes et le Secrétariat, le représentant a pris note de la création d’un nouveau mécanisme de coopération entre le Conseil de sécurité et ces pays. En matière de la direction des missions, le représentant a répété comme par le passé que les trois plus hauts
postes militaires sur le terrain devaient revenir à des hommes appartenant aux pays qui ont envoyé le plus de contingents sur le terrain et qu’aucun poste important ne devait revenir à un ressortissant d’un pays dont la contribution à la composante militaire est minime
Concernant le déploiement rapide, le représentant a déclaré que le Mouvement des pays non alignés avait de nombreuses réserves quant à l’initiative multinationale appelée « shirbrig » concernant la préparation pour un déploiement rapide, non parce qu’il n’approuve pas que des pays s’entraînent ensemble, mais parce que cela reviendrait à retirer au Secrétaire général son autorité quant à la composition d’une partie des missions de maintien de la paix des Nations Unies. Au sujet du recrutement, il a regretté que les pays non alignés, quoique représentant plus de la moitié des Etats Membres des Nations Unies, n’aient obtenu qu’un quart des 93 postes approuvés l’année dernière au sein du Département.
En ce qui concerne les arrangements régionaux, le représentant a jugé que quoique importante, la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales ne devait pas se substituer aux responsabilités des Nations Unies. Il a félicité le Département pour ses efforts visant à augmenter les capacités de l’Afrique en matière de maintien de la paix. Il s’est également réjoui du mécanisme de coopération mis en place par les Nations Unies avec la communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest en Sierra Leone, le citant en modèle. Le représentant a remarqué que ces derniers mois le taux de remboursement aux Etats contributeurs de troupes était en hausse, et il s’en est félicité, tout en notant que certains de ces Etats Membres devaient encore payer leur contribution pour des opérations finies il y a presque dix ans. Il a insisté sur l’importance de payer à temps les contributions.
M. INOCENCIO F. ARIAS (Espagne), au nom de l’Union européenne et des pays associés, a déclaré que le Département des opérations de maintien de la paix était mieux doté désormais pour faire face à son mandat mais qu’il devait continuer à développer ses capacités pour réagir efficacement et rapidement à des demandes urgentes.
Le représentant s’est réjoui des progrès tout en déclarant qu’il restait encore beaucoup à faire: adopter au sein du Secrétariat une culture de gestion, développer les capacités nécessaires pour mettre en oeuvre rapidement des opérations, adopter une politique globale pour la formation et l’entraînement des troupes. Cependant, a-t-il déclaré, les Etats Membres aussi doivent faire des efforts pour fournir personnel et équipement. Il est également nécessaire d’augmenter la coordination à tous les niveaux, entre les différentes sections du Département de maintien de la paix, entre le Département et les autres départements et acteurs ainsi qu’entre les sièges et le terrain. Dans certains domaines le Département n’a pas les capacités nécessaires, a souligné le représentant, en proposant que le désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) soit financé dès le départ par le budget de la mission. Le représentant s’est déclaré en faveur d’une approche intégrée pour réformer la culture de gestion du Département de maintien de la paix. A ce sujet, il s’est dit déçu que la Cinquième Commission n’ait pas approuvé la création d’un poste de directeur de gestion, que l’Union européenne juge essentiel pour renforcer le système de gestion et les pratiques du Département entier.
Revenant sur les opérations récentes de maintien de la paix, le représentant a jugé que les mandats d’aujourd’hui étaient complexes et s’éloignaient des aspects traditionnels tels que la surveillance d’un cessez-le-feu. Dans certains cas, a-t-il remarqué, comme au Kosovo et au Timor oriental, ils requièrent même l’établissement d’administrations transitoires. Il a jugé qu’il était important de déterminer des stratégies de sortie, le Conseil de sécurité devant décider quels sont les objectifs d’une opération et juger quand ils ont été atteints. Le représentant s’est félicité de la note du Président du Conseil de sécurité en janvier portant la création d’un mécanisme renforçant la coopération entre le Conseil et les pays contributeurs de troupes.
Rappelant que le déploiement rapide des missions était un but fondamental du rapport Brahimi, le représentant a déclaré que le Secrétariat devrait essayer d’atteindre l’objectif de déployer des opérations de maintien de la paix en 30 jours ou en 90 jours dans le cas d’opérations complexes. Il a reconnu que le Secrétariat avait fait des progrès considérables à cet égard. Au nom de l’Union européenne, le représentant a souhaité que le Département mette l’accent sur la planification des opérations de maintien de la paix. Il a demandé au Secrétariat de mettre en place une approche globale et intégrée qui reflète le caractère multidimensionnel des opérations de maintien de la paix modernes. Il a en conséquence apporté son appui à la création d’un centre chargé de coordonner les activités militaires et civiles du Département. Le représentant a enfin rappelé que l’Union européenne était très engagée dans les opérations de maintien de la paix, en précisant que les membres de l’Union européenne avaient sur le terrain
4 000 ressortissants, et qu’elle contribuait à 40% du financement du budget de maintien de la paix.
M. T. OLUSEGUN APATA (Nigéria) a expliqué que le succès d’une opération de maintien de la paix est étroitement lié à l’efficacité du processus de consultation et de coopération entre le Conseil de sécurité, les pays contributeurs de troupes et les organisations régionales et sous-régionales. Il s’est félicité des progrès réalisés dans ce domaine, notamment depuis l’adoption de la résolution 1353 du Conseil de sécurité et a souligné que les consultations de haut niveau entre le Conseil et la CEDEAO au mois de février 2001 ainsi que les visites effectuées par les membres du Conseil de sécurité dans certaines zones de conflit en Afrique ont permis de mieux cerner les problèmes et les enjeux. Le Nigéria souhaite que ces consultations soient institutionnalisées et, à cette fin, nous accueillons favorablement les propositions du Groupe de travail du Conseil de sécurité sur le renforcement des consultations tripartites entre le Conseil, les pays contributeurs et le Secrétariat.
M. Apata a regretté que, malgré leurs efforts de contribution aux opérations de maintien de la paix, les pays contributeurs tels que le Nigéria ne soient pas équitablement représentés au sein du Département des opérations de maintien de la paix. Il a observé qu’aucun ressortissant du Nigéria n’avait été recruté au titre de l’exercice 2001 en application des recommandations Brahimi I. Il a salué les efforts du Secrétariat visant à assurer le remboursement des pays contributeurs de troupes et la coopération accrue entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales. Demandant davantage de moyens pour le développement des capacités de maintien de la paix des organisations régionales, M. Apata a souligné la pertinence des programmes de formation et d’assistance mis en oeuvre par le Département des opérations de maintien de la paix pour renforcer les capacités africaines de maintien de la paix. Il a apporté son soutien à la proposition du Secrétaire général de créer une force d’intervention rapide et a demandé aux Etats de contribuer au développement de cette composante des opérations de maintien de la paix. Le représentant a salué la proposition du Secrétariat d’introduire des programmes de désarmement, démobilisation et réintégration dans les futures opérations de maintien de la paix.
M. ALAA ISSA (Egypte) a déclaré que l’accord des parties, le non-recours à la force, le maintien du principe de la neutralité et de l’intégrité ainsi qu’un mandat clair devront être les composantes essentielles de toute mission de maintien de la paix. Il a fait comprendre que les opérations de maintien de la paix ne peuvent être substituées à une solution durable et représentent une mesure transitoire. Il a insisté sur la nécessité de tenir compte des consultations entre le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de contingents. Il a salué les mesures prises en ce sens par le Conseil de sécurité conformément à la résolution 135 (2001) tout en reconnaissant que cette mesure n’était pas suffisante pour envisager un plein partenariat comme le prévoit la Charte. Il a fait allusion à la déclaration du 14 janvier 2002 du Conseil de sécurité sur ce sujet et a rappelé que de nouvelles mesures s’imposaient pour assurer la préparation en commun des missions de maintien de la paix. Le représentant a ajouté que le rôle des organisations régionales devait compléter le rôle des Nations Unies, et non pas s'y substituer.
Une question importante subsiste, à savoir l’hésitation des grandes puissances, qui financent les missions, à participer à l’envoi de troupes aux opérations de maintien de la paix. Or la composition des forces devrait être à l’image des Nations Unies, a déclaré le représentant. Il a abordé la question du statut des éléments de la police civile, en déclarant que ceux d’entre eux qui commettent des fautes devaient être rendus à leur Etat aux fins d’enquête. Il a souligné la nécessité d’assurer la transparence des mesures relatives à ces situations. L’efficacité des opérations de maintien de la paix dépend du déploiement rapide des forces dans les zones de conflit, a-t-il souligné en se félicitant des efforts du Secrétariat pour renforcer sa base logistique.
M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a souligné la multiplication sans précédent des activités de maintien de la paix de l’ONU qui se traduit par 15 opérations de la paix en cours, mobilisant environ 60 000 personnes pour un budget de l’ordre de 3 milliards de dollars. Il a rappelé que le succès de toute opération de maintien de la paix dépend, en premier lieu, du respect des principes de base que sont le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours à la force sauf en cas de légitime défense, ainsi qu’une définition claire du mandat de la mission soutenu par un financement solide et un engagement politique non équivoque. A cet égard, il s’est félicité du rapport Brahimi qui, selon lui, a permis de mieux cerner les défis auxquels doit faire face le Département des opérations de maintien de la paix. Dans ce contexte, il a salué la création de cellules de formation au niveau de certaines opérations de maintien de la paix (MUNUEE, MONUK, MINUSIL et ATNUTO) tout en soulignant la nécessité d’améliorer le processus de sélection et de préparation des contingents avant leur déploiement pour toute mission.
Le représentant a appelé le Conseil de sécurité à formuler des mandats de façon aussi claire et rigoureuse que possible. M. Abdallah BAALI s’est félicité de la tenue de réunions d’information régulières entre le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de troupes, réunions qu’il a définies comme le commencement d’un processus qui devrait progressivement permettre d’aboutir à la prise en charge des préoccupations légitimes des fournisseurs de contingents et à la définition de modalités pratiques en vue de les associer au processus de prise de décision. Dans ce contexte, il a demandé que le système de consultation, établi par la résolution 1353 soit élargi à la participation des arrangements régionaux et sous-régionaux intéressés, dans le souci de combiner l’engagement local ou régional, avec l’expérience acquise internationalement et les ressources mises à disposition par la communauté internationale. En conclusion, il a demandé qu’une attention particulière soit accordée aux conflits récurrents en Afrique. Cet effort africain, a-t-il ajouté, nécessite la mobilisation de moyens logistiques, techniques et financiers considérables que l’Afrique ne peut à elle seule assumer. Dans le même ordre d’idées, il a exhorté le Secrétaire général à intensifier ses consultations visant la création d’un groupe de travail chargé de renforcer la capacité de l’Afrique dans le domaine du maintien de la paix.
M. WEGGER STROMMEN (Norvège), dont le pays dirige actuellement la Brigade multinationale d'intervention rapide (shirbrig), a jugé que les capacités de déploiement rapide sur de nouveaux champs d'opérations demeuraient fondamentales pour les opérations de maintien de la paix des Nations Unies. La Norvège, a-t-il indiqué, soutient donc les efforts visant à permettre le déploiement d'une opération dans les trente jours suivant l'adoption du mandat et dans les 90 jours, s'il s'agit d'une opération particulièrement complexe. Il a précisé que son pays soutenait l'idée de recourir à cette Brigade multinationale dans les opérations difficiles, mais que cette décision devait être prise au cas par cas par les membres respectifs de la Brigade.
Jugeant que des recommandations stratégiques et un soutien dans tous les domaines d'une opération de maintien de la paix restaient la pierre angulaire du Département concerné, le délégué a souhaité que les leçons des opérations précédentes soient méticuleusement tirées et prises en compte. Il a estimé que les activités de Désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR), qui posent souvent problèmes aux opérations de maintien de la paix, devraient être partie intégrante des nouveaux mandats. Il a noté que le gouvernement norvégien avait lancé un programme d'éducation aux opérations de DDR qui permettrait aux Nations Unies de disposer d'une réserve d'hommes spécialisés et que son pays se proposait aussi de dispenser des sessions d'entraînement.
M. ALFONSO DE RIVERO (Pérou), au nom des pays membres du Groupe de Rio, a estimé que les objectifs stratégiques fixés par le Secrétariat sont appropriés et que la coopération entre le pays contributeurs de troupes, le Conseil de sécurité et le Secrétariat sont une condition nécessaire au succès des opérations de maintien de la paix. Le Groupe de Rio se félicite également, a poursuivi le représentant, de tous les efforts accomplis pour créer une capacité de déploiement rapide car, a précisé le représentant, c’est un instrument vital et idoine qui permet de viabiliser une opération de maintien de la paix. Dans ce contexte, le Groupe de Rio juge opportun d’engager des dépenses supplémentaires une fois le mandat en place car cela permettrait d’effectuer des paiements en avance aux pays contributeurs de troupes. En outre, cela réduirait le temps de déploiement et les gouvernements pourraient financer les coûts d’engagement de leurs forces et compenser les retards de paiement. De même, a poursuivi le représentant, en créant un fonds de réserve disponible immédiatement, on pourrait libérer ces pays de leurs propres contraintes budgétaires.
Le représentant a en outre estimé que la sécurité du personnel est la première priorité et qu’elle repose sur trois fondements : planification, renforcement des capacités et fourniture de matériel fiable visant à réduire les accidents. De même, des questions telles que la transparence des enquêtes en cas de décès ou d’accidents ou les coûts de l’immunisation et des traitements médicaux sont des éléments fondamentaux car ils sont directement liés à la sécurité du personnel et devraient se voir accorder la priorité. Enfin, le représentant a souhaité que le Comité soit mieux informé de la mission commune qu’accomplissent le DOMP et le Bureau du coordinateur pour les questions de sécurité et a exprimé son inquiétude face au retard dans les remboursements des pays contributeurs de troupes et la menace que cela représente pour l’avenir des opérations de maintien de la paix.
Mme KINGA SIMON (Hongrie) a rappelé que son pays apporte un soutien actif au Département des opérations de maintien de la paix (DOMP), notamment par sa contribution au Comité spécial sur le maintien de la paix et par l’envoi de troupes, d’observateurs militaires et d’observateurs de police civils dans les opérations de maintien de la paix. Elle a souligné que l’intérêt de la Hongrie pour le maintien de la paix se traduit par la démarche pour passer du Groupe C au Groupe B qui s’accompagne d’un engagement cinq fois plus important qu’auparavant en faveur des opérations de maintien de la paix. La sécurité des troupes de maintien de la paix devraient être jugée prioritaire, a-t-elle souligné en se félicitant du renforcement du Bureau de l’UNSECOORD en souhaitant que cette structure collabore plus étroitement avec le DOMP. Rappelant que le 8 octobre 2001, une patrouille de la Mission d’observation des Nations Unies en Georgie (MONUG) était tombée dans une embuscade et que neuf membres de la Mission, dont un Hongrois, avaient été tués, la représentante s’est inquiétée du fait qu’aucun rapport d’enquête n’ait été transmis aux pays contributeurs de troupes pour qui le prix à payer dans le cadre de leur contribution à la MONUG est humainement très élevé. Mme Simon a souhaité que la Convention de 1994 sur la sécurité du personnel des Nations Unies et du personnel associé soit appliquée et que certaines de ses dispositions soient intégrées dans les statuts des forces et les mandats des missions. La représentante a commenté le rapport d’audit sur l’établissement et la gestion des taux d’indemnités de subsistance pour les missions qui propose une réduction drastique de sept missions des Nations Unies à compter du 1er février 2002. Elle a regretté que sa délégation n’ait pas été officiellement informée par le Secrétariat de cette réduction alors que le rapport d’audit, disponible depuis le 26 novembre 2001, n’a été mis à la disposition des missions que le 3 janvier 2002. Elle a ajouté que les Etats Membres n’avaient pas été consultés au préalable par le Secrétariat sur cette question et a indiqué que cette réduction drastique des indemnités pourrait avoir des conséquences sur la contribution d’un grand nombre de pays aux opérations de maintien de la paix.
M. NOUREDDINE MEJDOUB (Tunisie) s’est dit convaincu que le renforcement de la capacité de maintien de la paix des Nations Unies nécessite, outre la volonté politique des États Membres, une amélioration tant au niveau des structures quant à celui de la gestion, ainsi que de la disponibilité des ressources nécessaires. Dans ce contexte, il a appelé à coordonner l’action du groupe de travail sur les opérations de maintien de la paix avec celle du Comité spécial des opérations de maintien de la paix de l’Assemblée générale. Il a insisté sur la nécessité de renforcer la coopération entre les pays fournisseurs de troupes, le Conseil de sécurité et le Secrétariat, conformément à la résolution 1353 (2001), coopération qu’il a jugée insuffisante malgré les derniers progrès constatés.
Il a appelé à renforcer la coopération entre l’ONU et l’OUA, notamment en vue d’améliorer la capacité de l’Organisation, en particulier son Mécanisme de prévention, de gestion et de règlement des conflits en Afrique. En outre, il a souligné l’importance de veiller à ce que la création ou la poursuite d’une opération de maintien de la paix ne soit pas empêchée par un manque de ressources financières et a demandé que la question du remboursement des pays fournisseurs de troupes, en particulier des pays en développement, soit inscrite parmi les priorités. Dans un souci d’efficacité de l’engagement des Nations Unies, il a réaffirmé la nécessité d’adopter une stratégie globale, intégrée et coordonnée avec des objectifs clairs, qui consacre une conduite volontaire et éclairée des diverses étapes de la mission, de la conception à la fin de sa mise en oeuvre.
M. GENNADY GATILOV (Fédération de Russie) a insisté sur la responsabilité première du Conseil de sécurité dans le cadre des opérations de maintien de la paix et s’est félicité du nouveau mécanisme de coordination entre le Conseil et les pays contributeurs de troupes : l’efficacité des opérations de maintien de la paix sera supérieure si on tient compte des opinions des pays fournisseurs de contingents, a-t-il déclaré, en estimant que les nouvelles mesures prises par le Conseil de sécurité permettraient de répondre aux souhaits des Etats Membres. Il a déclaré qu’il fallait prendre le temps d’examiner le nouveau mécanisme pour voir si d’autres améliorations étaient nécessaires avant d’agir.
Le représentant a jugé que le Secrétariat, qui doit être renforcé, pourra s’acquitter des fonctions qui lui ont été confiées. Il s’est déclaré en faveur d’une réserve stratégique, mais en ce qui concerne la partie du rapport selon laquelle le Secrétaire général demanderait qu’il lui soit possible d’obtenir des moyens financiers avant que le mandat de la mission soit approuvé, M. Gatilov a émis des doutes. La procédure prévoit des consultations étroites entre le Conseil de sécurité et le Secrétaire général, a-t-il reconnu, mais il faut avant tout une réponse affirmative du Conseil. Le représentant a apporté son soutien à la proposition de renforcer la capacité d’analyse et d’information de l’ONU, ce qui lui permettrait de prendre des mesures de prévention et non pas seulement de réagir face à des foyers de tensions.
M. MOTOHIDE YOSHIKAWA (Japon) a déclaré que ces dernières années les opérations de maintien de la paix avaient subi de nombreux changements et que la coopération entre le Secrétariat et les Etats Membres s’était améliorée. Il a insisté sur la nécessité d’augmenter la capacité de déploiement rapide et de renforcer la sécurité du personnel. Le représentant a remarqué que 200 nouveaux postes avaient été créés au Secrétariat, en particulier dans le Département du maintien de la paix : une augmentation sans précédent à laquelle le Japon a souscrit, a-t-il souligné, en notant cependant que le Secrétariat devait à présent montrer comment il allait utiliser ces effectifs pour augmenter son efficacité. Faisant allusion au rapport du Secrétaire général, il a regretté qu’on n’y trouve pas de mesures concrètes pour améliorer la sécurité du personnel alors qu’en 2001, 60 personnes faisant partie du personnel du maintien de la paix avaient été tuées, contre 50 en 2000. Il a rappelé que l’année dernière dans le cadre de l’Assemblée générale le Japon avait apporté son soutien à la création d’un poste de Coordonnateur chargé de la sécurité au niveau de Sous-Secrétaire général et il a demandé au Secrétariat d’utiliser ce nouveau poste pour améliorer des domaines comme la formation ou l’information afin d’assurer la sécurité du personnel.
Une question reste en suspens, a déclaré le représentant: la capacité de déploiement rapide. Faisant allusion à la divergence des pays sur la taille des stocks de déploiement stratégique, il a déclaré que cette taille devait se baser sur les besoins tels qu’ils ont été évalués. Concernant les pays fournisseurs de contingents, le représentant a jugé que la coopération avec le Conseil de sécurité s’améliorerait et que son pays suivrait de près les réalisations du nouveau mécanisme. En conclusion, il a fait allusion aux efforts réalisés par le Japon, qui s’apprête à déployer une unité de génie civil au Timor en mars et en avril, comprenant des femmes, et qui a révisé sa législation pour augmenter sa participation aux opérations de maintien de la paix. Maintenant que le Secrétariat a été renforcé, a-t-il conclu, il est nécessaire de passer à la phase d’application de la réforme.
M. JOSE ALBERTO ACCIOLI FRAGELLI (Brésil) a appuyé les objectifs stratégiques visant à améliorer les résultats des opérations de maintien de la paix. Dans ce contexte, il a rappelé qu’il faut renforcer la capacité de planification stratégique du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP). La structure du DOMP doit également être périodiquement soumise à un processus d’évaluation afin de s’assurer de son adéquation permanente avec les défis présentés par les opérations de maintien de la paix. De même, il est indispensable d’incorporer une vision multidimensionnelle afin d’assurer la durabilité des opérations de maintien de la paix. Le renforcement des relations entre les DOMP et les pays contributeurs de troupes est un élément essentiel, a poursuivi le représentant. C’est pourquoi le Brésil souhaite qu’un dialogue permanent, coopératif et transparent soit maintenu. Il faut en outre répondre rapidement et de façon efficace aux besoins rencontrés par le personnel sur le terrain, notamment en matière de sécurité. Le changement de relation entre le DOMP et les institutions des Nations Unies représente une priorité. Là encore, le représentant a plaidé pour la mise en place d’un dialogue fluide, constant, coordonné et efficace visant à la mise en place d’opérations de maintien de la paix fructueuses.
Il faut en outre renforcer les capacités de déploiement rapide, a ajouté le représentant. En effet, a-t-il poursuivi, il est grand temps de lancer un large débat et de revoir tous les éléments sur lesquels nous avons travaillé, en particulier en matière de renforcement des capacités mais aussi en ce qui concerne les aspects logistiques des opérations de maintien de la paix, le rôle croissant de la police civile et les fonds de réserve destinés à rendre les déploiements plus souples et réduire les coûts. Dans la mesure où la logistique joue un rôle important, il faut assurer une transparence totale en matière d’achat de biens et de services et divulguer tous les processus de recrutement.
M. LUIS ENRIQUE CAPPAGLI (Argentine), au nom du groupe de Rio, a renouvelé l’engagement de son pays aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies en dépit de ses difficultés économiques. Jugeant que la sécurité du personnel était un concept très large, qui va de l’entraînement jusqu’au processus de remboursement, il a émis le souhait qu’on en arrive à des propositions concrètes. Il a pris note de la création d’un groupe de travail entre le Département de maintien de la paix et le Bureau du Coordonnateur pour la sécurité, espérant que cette coordination permettrait d’améliorer la sécurité du personnel sur le terrain.
Au vu des besoins croissants en matière de police civile, dus à la nature complexe des opérations de maintien de la paix, il faut pouvoir compter sur une police civile professionnelle, a jugé le représentant. La formation doit tenir compte des caractéristiques même de la tache policière pour la rendre plus professionnelle, a-t-il ajouté, en indiquant que la police civile devait faire partie de toute opération de déploiement rapide.
Le représentant s’est félicité du nouveau mécanisme de coopération entre les trois acteurs les plus importants pour le maintien de la paix : le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes. Il a émis l’espoir que ce nouvel espace de dialogue permettra d’atteindre des objectifs très importants. Il s’est toutefois interrogé sur la manière à suivre pour appliquer ce mécanisme. Le déploiement rapide est une priorité pour l’Argentine, a déclaré le représentant, qui a pris note des efforts fournis sur ce plan par le Secrétariat. Il s’est dit conscient que les décisions prises par les Etats contributeurs de troupes pouvaient être ralenties par des questions de prise de décision au niveau interne, et il a jugé à cet égard que tout ce que l’Organisation pouvait prévoir en matière de matériel en vue d’un déploiement rapide devait être appuyé par les Etats Membres. Au nom du groupe de Rio, il a proposé qu’on avance des fonds aux pays fournisseurs de contingents afin d’accélérer le déploiement.
M. TIM MCIVOR (Nouvelle-Zélande) a estimé que le Secrétariat doit se concentrer sur l’application des nouvelles recommandations du rapport Brahimi et terminer la formation des quelque nouveaux 121 membres du personnel. Il faut approfondir la discussion relative à la gestion des opérations de maintien de la paix. La Nouvelle-Zélande appuie l’augmentation des ressources du Secrétariat et formule l’espoir qu’avec ce personnel supplémentaire le travail sera allégé. De même, il est important de pouvoir déployer des opérations rapidement et de pouvoir disposer d’un système de fonds de réserves pour la police civile. La Nouvelle-Zélande suggère que de plus amples consultations soient tenues avec les pays contributeurs de troupes, le Conseil de sécurité et le Secrétariat. Une coopération triangulaire est essentielle afin, notamment, de déployer une stratégie de sortie qui ne compromette pas les résultats d’une mission qui a réussi et qui assure une transition sans heurts. Enfin, le représentant a souhaité que la sécurité du personnel soit renforcée. C’est pourquoi, les accords conclus dans le cadre de la définition des statuts des missions doivent contenir des mesures pratiques spécifiques fondées sur la Convention sur la sécurité du personnel des Nations Unies.
M. RAMLI NIK (Malaisie) s’est félicité de l’approche constructive adoptée par le Département afin de pourvoir les postes dits « Brahimi 1 », même s’il a souligné que 31 des 67 nouveaux employés venaient du Nord. La composition actuelle du personnel favorise le Nord et ne reflète pas la proportion de développement des troupes, a-t-il déclaré. Il a pressé le Secrétaire général de prendre cette donnée en compte pour l’affectation des postes « Brahimi 2 ». Il a souligné l’importance de la formation du personnel de maintien de la paix et s’est félicité de la volonté du service d’évaluation et de la formation de créer des centres régionaux et nationaux de formation.
Le représentant s’est dit convaincu que les séminaires régionaux organisés par le Département des opérations de maintien de la paix étaient utiles pour les responsables des missions, les responsables de la formation et le personnel civil, pour leur permettre de comprendre les conflits complexes contemporains. Le représentant s’est félicité des efforts faits par le Secrétariat pour rembourser les pays contributeurs de troupes de leur participation dans de nombreuses opérations de maintien de la paix, tout en regrettant que le remboursement total ne soit pas atteint et en demandant aux Etats Membres de payer leurs contributions dans les temps et sans condition.
M. A. GOPINATHAN (Inde) a souhaité un renforcement de la coopération entre les pays contributeurs de troupes, le Conseil de sécurité et le Secrétariat. Pour lui, un tel "partenariat triangulaire" est au coeur de la réforme engagée et pourrait déterminer le succès ou l'échec des opérations de maintien de la paix. L'autre priorité, selon le représentant, est la capacité de déploiement rapide et à ce propos, il a appelé à développer des approches novatrices qui permettraient aux Nations Unies de déployer des troupes dans un délai de 30 ou 90 jours. Il a demandé, concernant la Force de réserve sur la base logistique de l'ONU à Brindisi, que l'Assemblée générale réagisse rapidement une fois que les propositions du Secrétaire général lui ont été soumises; ceci profiterait aux pays fournisseurs de contingents qui ne sont pas en mesure de déployer des troupes entièrement équipées et autonomes.
Il a rappelé à cet égard que la majorité des pays qui fournissent des troupes aux Nations Unies sont des pays en développement; par conséquent, le moins que ceux qui n'en fournissent pas puissent faire est de soutenir et d'assister ceux qui risquent la vie de leurs hommes. Le délégué a énuméré au nombre des obstacles à un déploiement rapide l'absence de moyens aéroportés des Nations Unies. Il a souhaité que le Département des opérations de maintien de la paix indique ce qu'il fait pour renforcer sa capacité de transport aérien et maritime, faute de quoi toute idée de déploiement rapide restera une chimère, a-t-il insisté.
Le représentant a évoqué le manque d'entraînement des troupes de maintien de la paix, comme l'a montré, selon lui, l'expérience indienne en Sierra Leone. Il a déploré, malgré la multiplicité des débats consacrés à l'Afrique au Conseil de sécurité, la réticence des pays à apporter leur contribution à la Mission de l'ONU au Congo (MONUC). Trois mois ont passé depuis la résolution autorisant la MONUC à entamer la phase III de son déploiement dans l'Est de la République démocratique du Congo, a-t-il fait valoir, pour demander qu'une approche prudente ne signifie pas négligence et lenteur.
M. HADI NEJAD HOSSEINIAN (Iran) a estimé que les opérations de maintien de la paix doivent reposer sur les principes et les objectifs de la Charte des Nations Unies ainsi que sur les principes de base du maintien de la paix, à savoir le consentement des parties, le non-usage de la force sauf en cas de légitime défense et l’impartialité. Cependant, les opérations de maintien de la paix ne doivent pas être considérées comme substitut à la réflexion sur les moyens de faire face aux causes premières des conflits. Ces causes profondes doivent être appréhendées de façon cohérente et coordonnée par le recours à des instruments appropriés aux niveaux politique et social. Le Comité doit poursuivre ses efforts pour la mise en oeuvre de ses propositions antérieures, en établir de nouvelles et encourager toute proposition qu’il jugerait appropriée au renforcement du Département des opérations de maintien de la paix.
Les Nations Unies doivent planifier et gérer efficacement les opérations de maintien de la paix et, pour ce faire, elles doivent favoriser la coopération entre le Secrétariat, le Conseil de sécurité et les membres du Comité spécial pour les opérations de maintien de la paix. De même, a ajouté le représentant, nous appuyons les efforts pour revitaliser la formation du personnel, ce qui lui permettra d’aider les nouveaux pays contributeurs de troupes à fournir des soldats et des officiers mieux formés. L’Iran, qui est fournisseur de contingents, estime que les pays sont responsables au premier chef du succès de la mise en oeuvre des opérations de maintien de la paix. Le représentant a précisé que son pays appuie pleinement les termes de la résolution 1353 visant à renforcer la coopération entre le Secrétariat, le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes.
M. GRAHAM MAITLAND (Afrique du Sud) a déclaré que le Département disposait désormais des moyens suffisants pour atteindre les objectifs proposés dans le rapport du Comité. Cependant, a-t-il précisé, la réussite dépend aussi de la volonté politique des Etats Membres qui doivent fournir des ressources militaires et financières adéquates, et il a reconnu qu’il faudrait un certain temps avant que le Département engrange des progrès. Il a félicité le Secrétariat pour son approche intégrée et pour avoir organisé des consultations pour l’acquisition de matériel stratégique à Brindisi, et l’a encouragé à hâter la constitution de ces stocks. En ce qui concerne le recrutement, le représentant a déclaré que tous les efforts seraient déployés pour que le personnel réponde aux exigences de diversité géographique.
Le représentant s’est dit inquiet du fait que le Département n’ait pas les ressources pour développer sa capacité de planification comme le recommande le Comité, et il a émis le souhait que le Département soit doté de fonds suffisants pour faire de l’expertise sur le plan du DDR et sur celui de la parité. Il s’est réjoui que le Conseil de sécurité ait finalement accepté le mécanisme de coopération avec les pays contributeurs de troupes et il a félicité la Jamaïque pour ses efforts en ce sens. Il a jugé qu’une coopération régionale devait soutenir les missions de maintien de la paix et il a noté que grâce au nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) les Etats africains s’étaient engagés à s’investir plus pour la prévention, la gestion et la résolution des conflits sur le continent.
M. MOCHAMAD SLAMET HIDAYAT (Indonésie) a déploré, malgré les efforts entrepris, la faiblesse structurelle persistante des opérations de maintien de la paix, due notamment au manque de personnel, aux ressources financières limitées et au manque de soutien politique et logistique de la part des Etats Membres. Une opération de maintien de la paix, a-t-il souligné, a souvent un aspect multidimensionnel avec des tâches complexes, au nombre desquelles la police civile est de plus en plus importante, surtout quand il s'agit d'une mission de consolidation de la paix et de reconstruction d'après-guerre. Ainsi, a-t-il expliqué, l'Indonésie serait heureuse de contribuer aux forces de police civile mais elle aurait besoin d'une formation supplémentaire pour être à la hauteur des normes de l'ONU.
Liant crédibilité et rapidité de déploiement, le représentant a également insisté sur la nécessité de planifier soigneusement les opérations. Ceci suppose une analyse objective et précise des informations disponibles, a-t-il souligné, et empêcherait que les opérations ne se retrouvent dans des situations dangereuses faute d'évaluation préalable suffisante.
Mme PATRICIA CASTRO GOYTIA (Bolivie) appuie le rôle central joué par le système des Nations Unies dans le cadre du maintien de la paix. Cependant, elle a estimé que le traitement de ces questions ne doit pas faire oublier les autres objectifs des Nations Unies, notamment dans le domaine du développement économique et social. La représentante s’est félicitée du travail réalisé par le Secrétariat afin d’établir un nouveau mécanisme de consultations entre le Secrétariat, le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes, conformément à la résolution 1353 du Conseil de sécurité qui vise à assurer une meilleure coordination et une plus grande transparence entre ces trois instances. De même, elle a estimé que le déploiement rapide joue un rôle central dans la mesure où il permet d’offrir une réponse efficace à des conflits internationaux potentiels. Dans ce cadre, elle a souhaité que des fonds destinés aux pays contributeurs soient disponibles afin d’accélérer ce déploiement.
La Bolivie accorde également une grande importance à la sécurité du personnel et estime que dans les zones où les risques sont grands, une commission des pays contributeurs de troupes devrait être déployée afin de permettre de mieux protéger le personnel, de prendre les décisions appropriées, de favoriser une utilisation efficace des troupes et d’assurer la continuité dans l’exercice des opérations. La représentante a souhaité qu’un exemplaire de toutes les enquêtes réalisées par les Nations Unies suite à des décès, des accidents ou des pertes de biens soit fourni aux Etats Membres.
M. MOHAMMED BENNOUNA (Maroc) a déclaré que, s’agissant des structures du Secrétariat, le succès de la mutation souhaitée dans le rôle du Département des opérations de maintien de la paix passait nécessairement par l’augmentation des moyens matériels et humains mis à sa disposition. Il a émis l’espoir que le Département veillera dans le cadre de nouveaux recrutements à assurer une représentation adéquate des pays fournisseurs de contingents. Concernant le fonctionnement des opérations de maintien de la paix, l’efficacité d’une mission dépend certes des moyens qu’elle mobilise, a-t-il déclaré, mais aussi du choix des acteurs, de leur assimilation des réalités historiques et socioculturelles et enfin de l’environnement où ils évoluent. Il a déclaré que la performance du personnel des Nations Unies au cours des opérations de maintien de la paix demeure intimement liée à l’adaptation de sa formation, mais avant tout à la garantie de sa sécurité physique. Le représentant a ajouté que le caractère multidimensionnel des opérations de maintien de la paix entraînait l’implication de plusieurs structures au sein et en dehors du système des Nations Unies et appelait de leur part une coordination permanente et constructive, en citant à cet effet le Département des affaires politiques. Il a souligné le rôle du PNUD et de la Banque mondiale pour mettre en place des petits projets destinés à consolider la paix dans une région déterminée, ainsi que le HCR et le CICR.
Le représentant a déclaré que le dialogue qui existe désormais entre le Conseil de sécurité et les Etats fournisseurs des contingents était un acquis qu’il fallait préserver et développer. Il s’est félicité des initiatives de l’ONU et de certains Etats tendant à renforcer les capacités de l’Afrique en matière de maintien de la paix. Il a affirmé que le Maroc apporterait le moment venu son appui à la mise en place du bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest.
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