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SOC/4572

LE ROLE DE LA FAMILLE EN TANT QU’ELEMENT D’UNE STRATEGIE SUR LE VIEILLISSEMENT EST MIS EN AVANT

01/03/2001
Communiqué de presse
SOC/4572


Comité préparatoire de la deuxième

Assemblée mondiale sur le vieillissement

4ème séance - matin


LE ROLE DE LA FAMILLE EN TANT QU’ELEMENT D’UNE STRATEGIE

SUR LE VIEILLISSEMENT EST MIS EN AVANT


Aucune certitude n’existe sur l’avenir des formes nouvelles

d’aide sociale mises en place dans les pays développés, a-t-il été déclaré


La fin du débat général du Comité préparatoire de la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement, qui aura lieu à Madrid du 8 au 12 avril 2002, a permis, ce matin, de mettre l’accent sur la nécessité d’un resserrement véritable des liens entre les générations.  Ainsi que l’a fait remarquer le représentant d’Israël, il y a une réelle différence entre le fait de considérer les personnes âgées comme un "groupe d’âge" et le fait de les considérer comme les parents et grands-parents qu’ils sont.  Dans le premier cas, ils deviennent un fardeau, alors que dans le second ils demeurent membres de la famille et de la société à part entière.  A ne les envisager que sous l’angle de la dépendance, tous les groupes d’âge seront perdants, a prévenu le représentant d’Israël.


Dans ce contexte, l’importance du rôle de la famille a été particulièrement mis en avant, une question jugée cruciale pour les pays en développement, qui, selon plusieurs intervenants dont la représentante du Cameroun, devraient pouvoir tirer parti de cette entité traditionnellement forte et solidaire et ainsi compenser les faibles moyens financiers dont ils disposent.  Les familles, ces "fournisseurs universels de soins de santé primaire" pourraient ainsi être mises en première ligne des politiques en faveur des personnes âgées.  Si l’on se réfère à l’expérience israélienne décrite ce matin, il faut pour cela que soient réunis trois éléments: un bon réseau de services mettant l’accent sur les soins à domicile, des arrangements ponctuels, notamment avec certaines compagnies d’assurance afin de parvenir à une "médicalisation" à domicile, et une volonté des familles de maintenir les personnes âgées dans leur foyer.  Une telle approche permettrait non seulement d’éviter une institutionnalisation totale, toujours coûteuse, de ce type de soins, mais éviterait aussi l’exclusion sociale et familiale des personnes âgées.  Ainsi que l’ont fait remarquer certains, cette solution peut être d’autant plus opportune que l’on ne sait même pas avec certitude si les formes nouvelles d’aide aux personnes âgées dans les pays développés constituent bien la réponse aux défis futurs.


Le Plan d’action qu’il s’agira d’adopter à Madrid devrait donc reconnaître le rôle fondamental des mécanismes de solidarité, qu’ils soient traditionnels ou novateurs.  Or, sur ce point, le Secrétaire d’Etat à l’aide sociale du Brésil l’a jugé encore trop schématique et méritant d’être reformulé.  Il devrait ainsi contenir davantage de recommandations concrètes et détailler clairement les moyens de préparer les personnes âgées à exercer un nouveau rôle dans la société, tout en prenant en compte leur valorisation notamment auprès des jeunes.  De son côté, le représentant de la République islamique d’Iran, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine, a proposé que le titre du document final soit "Parvenir à un vieillissement épanoui – Egalité, participation et dignité".  Il a également souhaité que le texte final soit plus resserré afin de mettre en lumière les principaux défis et objectifs dans le domaine du vieillissement


Le Comité préparatoire a entendu les représentants de la République islamique d’Iran (au nom du Groupe des 77 et la Chine), d’Israël, du Cameroun, et du Brésil, ainsi que l’organisation non gouvernementale "Association internationale de gérontologie".


En fin de séance, la représentante de la République dominicaine a présenté un projet de décision demandant au Secrétaire général un rapport complet sur la discrimination, la vulnérabilité et la maltraitance des personnes âgées, et ce afin de contribuer aux discussions sur l’élaboration du Plan d’action révisé qui sera soumis à la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement pour adoption.  A la demande de plusieurs délégations, dont celle des Etats-Unis, qui se sont interrogées sur les implications financières et la capacité du Secrétariat de rédiger un rapport d’une telle ampleur, le Comité a décidé de se prononcer sur cette proposition à une date ultérieure.


La prochaine réunion aura lieu demain, vendredi 2 mars.  Elle clôturera les travaux de cette première session préparatoire.


PRÉPARATIFS DE LA DEUXIÈME ASSEMBLÉE MONDIALE SUR LE VIEILLISSEMENT


Débat général


M. BAGHER ASADI (République islamique d’Iran, au nom du Groupe des 77 et de la Chine) a rappelé que, dans quelques années, la majorité des personnes âgées se trouvera dans les pays en développement.  D’ici à l’an 2050, la proportion des personnes âgées de 60 ans et plus aura plus que doublé dans le monde et triplé dans les pays en développement.  Dans ce contexte, le Groupe des 77 et la Chine attendent avec intérêt la tenue de la deuxième Assemblée mondiale en 2002 car il est urgent de prendre en compte avec efficacité les besoins des personnes âgées.  Il a espéré que le document final qui sera adopté reconnaîtra particulièrement les besoins des personnes âgées des pays en développement.  Ce document devrait, de son point de vue, prendre en compte les conclusions de la révision et de l’évaluation du processus d’application du Plan d’action international sur le vieillissement et le plan d’action révisé devrait s’appuyer sur les 18 Principes des Nations Unies sur les personnes âgées de 1991.  Le représentant a ajouté que, compte tenu du travail réalisé par le Comité au sein des Nations Unies, il était très important que les questions de parité apparaissent tout au long du document.


En ce qui concerne l’organisation de la deuxième Assemblée mondiale, le Groupe des 77 et la Chine espèrent qu’elle réunira des représentants politiques au plus haut niveau et ils sont convaincus que la participation des ONG sera un précieux apport aux délibérations.  Il a tenu à souligner qu’il était tout aussi important de veiller à ce que les préparatifs permettent la participation des pays en développement.  La proposition d’organiser une multitude de comités désavantagera de nombreux pays dont les délégations ne sont pas composées d’un grand nombre de personnes, a-t-il fait valoir.  C’est pourquoi le Groupe des 77 et la Chine s’opposent fortement à ce principe.  Le Groupe propose plutôt une plénière appuyée par un Comité plénier qui pourra aussi entendre les ONG et mettre sur pied des groupes de travail.  Parallèlement, les organisations non gouvernementales pourront organiser un Forum où pourront avoir lieu d’importants échanges de vues entre elles et les gouvernements. 


En ce qui concerne le projet de Plan d’action révisé contenu dans le document E/CN.5/2001/PC/2, il fournit une bonne base de discussion et contient d’importantes informations sur les défis que pose une société vieillissante, a-t-il indiqué.  Toutefois, ce sont les pays en développement qui sont les plus exposés à ces défis, et particulièrement à celui du vieillissement dans la sécurité.  Le représentant a donc proposé que le titre du document final soit «Réussir un vieillissement sûr – Egalité, participation et dignité» (The Achievement of Secure Ageing – Equality, Participation and Dignity). 


Il est par ailleurs important que le document final reflète pleinement les défis que devront relever les personnes âgées des pays en développement, a-t-il fait valoir.  La situation sociale, économique et en matière de développement dans ces pays doit être analysée.  Il faut aussi tenir compte de la préoccupation des agences pour le développement au sujet des ressources humaines et financières nécessaires aux politiques et programmes en matière de vieillissement.  De même, il est nécessaire de projeter une image positive des personnes âgées afin que leur contribution à la société soit reconnue et favorisée.  Il faut examiner la nécessité des soins et de la protection appropriés pour les personnes âgées moins indépendantes. 


Pour ce qui est de la structure du Plan d’action révisé, le Groupe des 77 et la Chine souhaitent un texte plus court, plus centré sur un nombre limité de questions et davantage tourné vers l’action.  Le représentant a estimé que le Plan d’action actuel est beaucoup trop général et a suggéré que le texte révisé soit résumé et mette en lumière les principaux défis et objectifs dans le domaine du vieillissement au lieu d’être formulé de manière conceptuelle.


M. BEN Z. KEREM (Israël) a déclaré que le vieillissement rapide de la population est désormais un dénominateur commun à toutes les régions du monde.  Ceci entraîne un poids supplémentaire pour les personnes chargées des soins primaires et soulève la question de savoir comment répondre aux besoins des personnes âgées les plus handicapées.  Deux problèmes urgents se posent: comment aborder le vieillissement exceptionnel que connaissent les pays développés et, pour les pays en développement, comment trouver des solutions spécifiques en fonction des différences culturelles, économiques et sociales ?  Mais au-delà, la question à laquelle il convient de répondre est de savoir si les formes nouvelles que prennent les services aux personnes âgées dans les pays développés peuvent constituer un modèle pour les pays en développement, alors même que l’on a pas la certitude que ces modèles permettront effectivement aux pays développés de surmonter les défis futurs.  Si l’on se penche sur les politiques mises en oeuvre par ces pays, on constate en effet que le public comme les professionnels de la santé manquent d’information sur le vieillissement et les soins à apporter aux personnes âgées.  En outre, les systèmes sociaux et médicaux n’ont toujours pas été bien intégrés en ce qui concerne leur approche de la dépendance, la façon de la prévenir et de la gérer.  Dans les pays industrialisés, les systèmes de soins se caractérisent en outre par leur grande diversité, que ce soit en matière d’aides accordées que de stratégies d’organisation ou du financement.  Aucun modèle unique ne se dégage des efforts de réforme entrepris dans ces pays. 


Les pays en développement se trouvent, quant à eux, à une véritable croisée des chemins, a fait observer le représentant.  Il leur reste encore à déterminer leurs systèmes de soins, tant au niveau institutionnel que communautaire.  On entend beaucoup parler ces derniers temps de la diminution du rôle de la famille et des conséquences des migrations, mais aucune étude n’est encore venue confirmer ces importants changements .  A ses yeux, la question qu’il faut poser est de savoir si les pays en développement peuvent inverser les priorités mises en place par les pays développés.  Peuvent-ils ainsi mettre en première ligne les fournisseurs universels de soins de santé primaire que sont les familles ?  Peuvent-ils mettre l’accent sur la promotion de la santé plutôt que des soins ?  Peuvent-ils surtout éviter l’institutionnalisation, toujours coûteuse, des soins de santé grâce à un soutien aux familles fourni par la communauté ?  Le faible niveau d’institutionnalisation du système de soins est l’une des caractéristiques d’Israël, a-t-il indiqué.  Ce mode d’organisation repose sur trois facteurs: un bon réseau de services qui met l’accent sur les soins à domicile, des arrangements ponctuels, notamment avec certaines compagnies d’assurance, afin de parvenir à une "médicalisation" à domicile, et la volonté des familles de garder les personnes âgées dans leur foyer.  "Le soutien de la famille envers les personnes âgées est tel en Israël que le problème des conflits intergénérations est inconnu et qu’il n’existe même pas de terme pour le désigner", a fait remarquer le représentant. 


En fait, à ses yeux, il y a une réelle différence entre le fait de considérer les personnes âgées comme un "groupe d’âge" et le de les considérer comme les parents et grands-parents qu’ils sont.  Dans le premier cas, ils deviennent un fardeau, alors que, dans le second, ils demeurent membres de la famille à part entière.  C’est pourquoi, si l’on se contente de rechercher l’indépendance des personnes âgées simplement pour éviter interdépendance et soins mutuels, tous les groupes d’âge seront perdants, a mis en garde M. Kerem.


Mme MARIE-MADELEINE FOUDA, Ministre des affaires sociales du Cameroun, a déclaré que la personne âgée devrait être reconsidérée en égard à tout ce qu’elle peut apporter à la société, notamment en termes d’expérience et de compétence.  Il s’agit d’aider la personne âgée à bénéficier de l’ensemble de ses droits, ce qui passe par un resserrement des liens entre les générations.  Au Cameroun, a précisé la représentante, nos efforts n’en sont qu’aux balbutiements car, dans nos sociétés traditionnelles, et il y a encore quelques années, le problème du vieillissement ne se posait pas encore avec acuité.  Les personnes âgées étaient prises en charge par toute la famille et, considérées comme dépositaires d’une responsabilité liée à leur rôle au sein de la famille et du savoir ancestral, elles régulaient la vie quotidienne au sein de la famille et du clan.  En récompense des devoirs accomplis par les personnes âgées, les autres membres de la société leur attribuaient un statut particulier, notamment en subvenant à leurs besoins primaires et secondaires.  Actuellement, avec la dégradation du système de solidarité familiale, les personnes âgées sont facilement abandonnées par leurs enfants et par les autres membres de la famille.  La mobilité, les mutations sociales, l’urbanisation, l’exode rural et l’interpénétration culturelle entraînent des changements dans la considération vouées aux personnes âgées dans la communauté camerounaise. 


En plus de l’environnement familial, les pouvoirs publics ont toujours accordé une attention particulière aux personnes âgées.  Il existe au Ministère des affaires sociales un service de la protection et de la réinsertion sociale des personnes âgées.  En zone rurale, un système du «Grenier de solidarité» prenant entièrement en charge les personnes isolées est en cours d’expérimentation.  De manière générale, sur le plan social, le Gouvernement mène des actions multiformes d’assistance sociale pour essayer d’améliorer la vie des personnes âgées à travers des aides financières ou encore au logement. 


La représentante a noté que la société camerounaise étant plurielle dans sa culture, l’harmonisation des us et coutumes y est difficile.  La politique sociale en matière d’encadrement des personnes âgées a donc comme socle des textes législatifs et réglementaires qui donnent des axes d’intervention pour la prise en charge des personnes âgées.  La représentante a déploré le manque de personnel en gériatrie et même en gérontologie.  En plus du Gouvernement, des organisations non gouvernementales et des associations oeuvrent pour l’amélioration des conditions de vie des personnes âgées dans leurs communautés, a-t-elle indiqué. 


Mme WANDA ENGEL ADUAN, Secrétaire d’Etat à l’aide sociale du Brésil, a estimé que les orientations prioritaires présentées dans le Plan d’action révisé constituaient une bonne base pour faire face à la révolution démographique en cours.  Le Plan d’action devra être fondamentalement inspiré des droits des personnes âgées puisqu’elles seront au centre de toutes les stratégies qui seront mises en place, a-t-elle fait valoir.  Mais il ne faut pas oublier que les droits les plus fondamentaux de la personne humaine sont de plus en plus menacés par des

fléaux tels que la pauvreté extrême.  C’est pourquoi, le prochain plan devra mettre l’accent sur la lutte contre la pauvreté.  En fait, l’objectif doit être de garantir le droit au bien-être et à la santé des personnes âgées.  Ceci passe par l’élimination des inégalités, l’accès aux services médicaux et de santé à un coût compatible avec leur pouvoir d’achat, ainsi que la poursuite de leur participation à la société.  Garantir le bien-être des personnes âgées exige aussi de leur offrir de nouvelles opportunités de participer au développement économique et social de leur pays et c’est ce qu’on entend par “vieillissement productif”, a également expliqué Mme Aduan.  En conséquence, le Brésil estime que le Plan d’action révisé devra recommander des actions concrètes dans ce domaine, ainsi que des références détaillées à l’insertion des personnes âgées dans le marché du travail.  L’impact positif du volontariat ne devrait pas non plus y être ignoré.


Le Plan d’action qu’il s’agira d’adopter à Madrid devra également reconnaître le rôle fondamental des mécanismes de solidarité, qu’ils soient traditionnels ou novateurs, a poursuivi la Secrétaire d’Etat, avant de préciser que la recherche de tels mécanismes au niveau national devra s’accompagner d’une coopération internationale renforcée.  Mme Aduan a estimé qu’à cet égard, le Plan d’action proposé était encore trop schématique et qu’une reformulation était nécessaire.  Des projets, activités et programmes des institutions du système des Nations Unies devraient notamment y être détaillés.  La Secrétaire d’Etat a ensuite déclaré que l’éducation était l’un des aspects fondamentaux de toute stratégie nationale et internationale portant sur les changements démographiques.  Il est en effet essentiel d’éduquer les personnes âgées et de les préparer à exercer un nouveau rôle dans la société.  Il est par exemple crucial de leur offrir la possibilité de s’adapter aux nouvelles technologies de l’information, en développant notamment des programmes plus "accessibles et faciles d’emploi".  Il convient aussi de combattre l’analphabétisme qui frappe tout particulièrement ce groupe de population dans les pays en développement.  Enfin, parallèlement, il faut éduquer les jeunes et le reste de la population et leur apprendre à valoriser le rôle social et humain des personnes âgées.  A cet égard, Mme Aduan a fait remarquer que les médias et les campagnes publiques d’information pouvaient permettre de réaliser cette ambition.  En dernier lieu, la représentante a demandé au Secrétariat de produire une nouvelle version du Plan d’action révisé de format plus réduit, afin de faciliter les négociations. 


M. GARY ANDREWS (Association internationale de gérontologie) a déclaré que, depuis la première Assemblée mondiale à Vienne en 1982, des transformations démographiques et sociologiques extraordinaires ont eu lieu.  Ces changements ne feront que s’approfondir dans le monde en développement, a-t-il fait observer.  Depuis l’Année internationale du vieillissement, en 1999, toute une série de réunions ont été organisées.  Les résultats de ce processus sont en cours d’analyse et une liste de priorités est en train d’être élaborée.  Des avancées scientifiques, telles que la compréhension du génome humain et de la pathogenèse des maladies du vieillissement, se sont produites mais beaucoup reste à découvrir.  Le représentant a préconisé une participation active des personnes âgées aux recherches menées sur le vieillissement, à l’instar des milliers de chercheurs qui font partie de AIG.  Cette organisation va organiser un congrès à Valencia sur la manière de coordonner la recherche et la prise de décisions.  Il a espéré que le Plan révisé serait fondé sur les informations les plus étayées dont on dispose actuellement.


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