SOC/4557

LA COMMISION DU DEVELOPPEMENT SOCIAL REPENSE LE ROLE DE LA PROTECTION SOCIALE A L’HEURE DE LA MONDIALISATION

13/02/2001
Communiqué de presse
SOC/4557


Commission du développement social

1ère séance - matin


LA COMMISSION DU DEVELOPPEMENT SOCIAL REPENSE LE ROLE DE LA

PROTECTION SOCIALE A L’HEURE DE LA MONDIALISATION


Elle entame les travaux de sa trente-neuvième session


La Commission du développement social a ouvert, ce matin, les travaux de sa trente-neuvième session qui se poursuivront jusqu’au 23 février.  Dans un contexte international marqué par une division sociale accrue, elle essayera de définir de nouveaux modes d’intervention sociale qui permettront aux plus vulnérables de faire face aux nouvelles formes de risques sociaux.  Elle a en effet décidé de consacrer le thème prioritaire de ses délibérations à l’amélioration de la protection sociale et à la réduction de la vulnérabilité dans le contexte de la mondialisation.  Les débats sur cette question marqueront également le début d’un processus d’examen intergouvernemental des stratégies de protection sociale adoptées lors de la vingt-quatrième session spéciale de l’Assemblée générale, qui s’était tenue à Genève en juin 2000. 


A l’instar de la Présidente de la Commission, Mme Faith Innerarity (Jamaïque), M. Nitin Desai, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a souligné que la protection sociale constitue un aspect essentiel du développement socioéconomique.  La protection sociale n’est pas une forme de charité, c’est un droit de l’homme inscrit dans la Déclaration des droits de l’homme et c’est un investissement garant de la croissance de l’économie dans son ensemble.  Elle profite même aux riches, car des inégalités trop importantes mettent en danger la stabilité et la paix sociales, a relevé le Secrétaire général adjoint.  Le rôle des secteurs privé et public, le phénomène de vieillissement démographique, la crise de crédibilité que connaissent les systèmes de protection sociale dans le monde, l’inadéquation des systèmes aux contextes régionaux ou encore la nécessité d’accroître l’aide publique au développement sont autant de préoccupations qui ont été au centre des débats, ce matin.


M. Zol Skweyiya, Ministre du développement social de l’Afrique du Sud et Président sortant de la Commission a pris la parole.  Les représentants des pays et institutions suivants ont également fait une déclaration: Suède (au nom de l’Union européenne et des pays associés), Conseil de l’Europe et Chili.  M. John Langmore, Directeur de la Division des politiques sociales et du développement social au Département des affaires économiques et sociales a présenté le rapport du Secrétaire général sur la protection sociale. 


La Commission a entendu les experts suivants dans le cadre d’une table ronde qui se poursuivra cet après-midi à partir de 15 heures: M. Dalmer Hoskins, Secrétaire général de l’Association internationale pour la protection sociale et M. Ernesto Murro Oberlin, Membre du Conseil d’administration de la Banque nationale de la sécurité sociale de l’Uruguay.


La Commission avait, en début de séance, adopté son ordre du jour. 

Elle consacrera une partie de sa session au suivi du Sommet mondial pour le développement social en ayant pour thèmes principaux l’amélioration de la protection sociale et réduction de la vulnérabilité dans le contexte de la mondialisation, et le rôle du volontariat dans la promotion du développement social.  Elle procèdera également à l’examen des plans et programmes d’action pertinents des organismes des Nations Unies concernant la situation des groupes sociaux.  La Commission examinera par ailleurs son programme de travail pluriannuel pour la période 2002-2006 ainsi que le projet de programme de travail de la Division des politiques sociales et du développement social pour l’exercice biennal 2002-2003.  Elle devra  proposer la candidature de nouveaux membres ou proroger celles de certains au sein de l’Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social.  Outre sa Présidente, la Commission avait auparavant élu à sa vice-présidence M. Henrik Hahn (Danemark).  La Commission élira son second Vice-président ainsi que son Rapporteur au cours d’une prochaine réunion.


Suivi du Sommet mondial pour le développement social


Amélioration de la protection sociale et réduction de la vulnérabilité dans le contexte de la mondialisation


Déclarations d’ouverture


M. ZOLA SKWEYIYA, Ministre du développement social de l’Afrique du Sud et Président de la trente-huitième session de la Commission, a expliqué que le thème prioritaire choisi cette année doit être compris dans le contexte des activités importantes qui ont eu lieu au lendemain du Sommet mondial et lors de la vingt-quatrième session spéciale de l’Assemblée générale.  Ce thème illustre la nécessité de concrétiser les engagements pris lors du Sommet mondial et d’examiner en profondeur dans quelle mesure nous serons capables de mettre en pratique notre rhétorique sur la justice sociale.  Il est d’autant plus crucial de définir les principes et objectifs de la protection sociale que d’importantes initiatives, tel que le Sommet du millénaire, ont été lancées et que la pauvreté extrême affecte plus d’un milliard de femmes et d’enfants.  Dans le contexte de la mondialisation, les défis sont de plus en plus nombreux.  Le vieillissement est devenu un phénomène mondial, l’impact du VIH/sida est dévastateur, et dans les foyers ruraux, les pressions qui s’exercent sur les modes de vie sont énormes.  Il incombe à la Commission du développement social de définir les moyens permettant de renforcer les capacités des individus à affronter les problèmes actuels et les nouvelles formes de vulnérabilité auxquelles sont confrontés les plus pauvres. 


 Dans quelle mesure les systèmes de protection sociale peuvent renforcer la capacité des plus pauvres à affronter les nouvelles formes de risques sociaux, s’est interrogé le Président sortant.  Est-ce que nos politiques sociales sont en mesure de répondre aux nouvelles crises sociales?  S’agit-il de trouver de nouveaux modes d’intervention qui dépassent le formes traditionnelles de protection sociale?  Comment définir de nouvelles formes de partenariat entre la sociétés civile, le secteur privé et public dans le contexte d’une fragmentation et d’une division sociale accrues.  Le développement social et le développement économique se renforcent mutuellement.  Les investissements dans l’être humain sont essentiels si l’on veut remédier au problème de l’exclusion en particulier des plus faibles. 


Mme FAITH INNERARITY, Directrice de la Division pour la protection sociale au Ministère du travail de la Jamaïque, et Présidente élue de la trente-neuvième session de la Commission, a rappelé qu’au cours des cinq dernières années, un nombre de conclusions importantes ont été tirées et nombre d’entre elles ont été reflétées lors de la vingt-quatrième session spéciale de l’Assemblée générale.  Cette année le thème prioritaire relatif à la protection sociale porte sur un aspect essentiel du développement social.  Les discussions sur ce sujet lanceront un processus d’examen intergouvernemental des stratégies adoptées lors de la session spéciale de l’Assemblée générale.  Dans le contexte de la mondialisation, il faut veiller à ce que des mécanismes appropriés soient mis en place pour garantir le bien-être des plus vulnérables.  Cette question touche aux droits de l’homme.  Le rôle du bénévolat est également extrêmement important d’autant que cette année, nous célèbrerons l’Année internationale des Volontaires des Nations Unies.  L’examen de la situation des groupes sociaux qui est également à l’ordre du jour de la présente session est d’une importance cruciale, a souligné la Présidente.


M. NITIN DESAI, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, s’est félicité de ce que l’agenda social, depuis le Sommet de Copenhague et l’examen + 5 de Genève en juin 2000, est de plus en plus au centre des débats et des préoccupations de toutes les institutions internationales, y compris les institutions essentiellement économiques.  M. Desai a replacé les deux thèmes de la protection sociale et du volontariat dans la perspective de la Déclaration du millénaire.  Il est temps d’agir, a-t-il affirmé, afin de mettre en oeuvre cette Déclaration novatrice et les engagements pris par les Etats en faveur de l’élimination de la pauvreté et d’un ensemble d’objectifs ambitieux.  M. Desai s’est dit inquiet qu’au cours de l’année écoulée, la mondialisation a entraîné des crises financières et que les indicateurs de santé et d’éducation ont chuté, même dans les régions économiquement intégrées telles que l’Asie du sud-est.  Quelle peut donc être la situation dans les régions les plus marginalisées de la planète, s'est-il interrogé, et, citant le Secrétaire général à Davos, il a affirmé que si la mondialisation n’oeuvre pas pour chacun, elle n’oeuvrera pour personne. 

M. Desai s’est également déclaré préoccupé par la vulnérabilité des populations aux catastrophes naturelles.  Il a salué l’aide internationale et les secours humanitaires, déclarant cependant qu’il est nécessaire d’apporter une réponse aux vulnérabilités à long terme.  La relance de la croissance est indispensable car sans pouvoir générer de richesses, il n’y a rien à partager, a fait observer

M. Desai.  A cet égard, il a souhaité que la croissance des pays en développement soit protégée des turbulences internationales, telles que les modifications soudaines des taux de change, des taux d’intérêt et des flux de capitaux.  Les stratégies politiques doivent par ailleurs être plus soucieuses de la répartition des richesses entre les pays et au sein des pays, a ajouté M. Desai.  Une fois qu’on a paré à toutes ces vulnérabilités, la protection sociale, fournie par les pouvoirs publics, vient protéger les segments les plus vulnérables de la population.  La protection sociale n’est pas une forme de charité, c’est un droit de l’homme inscrit dans la Déclaration des droits de l’homme, c’est un investissement garant de la croissance de l’économie dans son ensemble.  Elle profite même aux riches, car des inégalités trop importantes mettent en danger la stabilité et la paix sociales.  M. Desai a en conclusion insisté sur l’importance du bénévolat, élément vital et essentiel de la politique publique de développement.


Déclarations


M. JOHN LANGMORE, Directeur de la Division des politiques sociales et du développement social au Département des affaires économiques et sociales, présentant le rapport du Secrétaire général sur la protection sociale, a expliqué que la trente-neuvième session de la Commission du développement social marque le début d’un processus d’examen des stratégies adoptées lors de la 24ème session extraordinaire de l’Assemblée générale.  L’élaboration de systèmes de protection sociale pour les plus défavorisés était l’un des objectifs principaux de la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée à Copenhague + 5 qui s’est tenue à Genève en 2000.  Le rapport met en relief les différentes facettes de la protection sociale.  Il s’agit en fait d’une notion générale relativement nouvelle qui permet aux sociétés de mettre en oeuvre une protection plus efficace face à la nature changeante des risques et de la vulnérabilité dans le cadre d’un phénomène de mondialisation et de nouveaux défis comme le vieillissement des sociétés, les mutations du marché du travail, les tendances à la libéralisation, et les modifications des structures familiales.  Les politiques de protection sociale, a ajouté M. Langmore, varient d’un pays à l’autre en fonction des circonstances, des cultures, des traditions et des valeurs dominantes des sociétés.

La protection sociale est un concept dynamique et non pas une réaction passive de la société consistant uniquement à mettre en place des filets de protection.  Le rapport du Secrétaire général souligne l’importance de mettre en oeuvre des mesures actives de prévention qui permettent aux individus de sortir de la marginalisation.   Le rapport précise également que les fonctions de la protection sociale vont au-delà de la défense des plus vulnérables pour ajouter trois dimensions supplémentaires, à savoir la fourniture de service de base, le renforcement des capacités et la justice sociale.  La protection sociale est une composante essentielle du développement humain.  Elle n’est pourtant pas une panacée et n’exclut pas la nécessité de mettre en oeuvre des mesures visant l’élimination de la pauvreté, un accès accrû à l’éducation et à la santé et la promotion de l’égalité des sexes.  La protection sociale permet de modérer les coûts de la transition économique et doit aller de pair avec les politiques macroéconomiques, la croissance et le développement.  Elle doit être perçue comme un investissement dans le capital humain et dans la cohésion sociale.  Ce rapport, qui se base sur les délibérations de 23 experts originaires d’horizons différents, a ajouté M. Langmore, est une tentative visant à répondre aux questions qui se posent dans le contexte de la mondialisation aux niveaux national, régional et international en tenant compte des situations propres à chaque région. 


Mme EWA PERSSON GORANSSON, Secrétaire d'Etat de la Suède, s’exprimant au nom de l’Union européenne, a mis en exergue un certain nombre de domaines dans lesquels les progrès en matière de développement social ont été insuffisants: la lutte contre la féminisation de la pauvreté, la mise en oeuvre de principes de bonne gouvernance, l’identification d’un ensemble d’indicateurs sociaux communs aux pays, l’intégration des politiques sociales, économiques et environnementales, le développement de partenariats avec le secteur privé, et l’amélioration du dialogue entre les gouvernements et les organisations internationales telles que les institutions de Bretton Woods.  En ce qui concerne la protection sociale,

Mme Goransson a déclaré qu’en Europe également, de nombreux défis restent à relever.  La chute du taux de natalité, le vieillissement de la population et le taux élevé de chômage sont autant de questions qui requièrent des réponses relevant de la protection sociale.  Mais la réflexion doit également être menée au niveau international, a ajouté Mme Goransson.  A cet égard, l’Union européenne reste très attachée à la mise en oeuvre universelle et entière des normes concernant le monde du travail établies par le Bureau international du travail (BIT).  Mme Goransson s’est déclarée préoccupée par la réduction de l’assistance internationale en faveur du développement et a réaffirmé l’engagement de l’Union européenne en faveur de l'objectif du 0,7% du PNB et en faveur de l’initiative destinée aux pays pauvres très endettés.  Déclarant que l’attention devait également être portée sur les personnes handicapées et sur les personnes âgées, Mme Goransson a souhaité que les sociétés qui font du respect des droits de l’homme et de la promotion des femmes leurs priorités accordent un accès universel aux services sociaux et combinent cette disposition avec des mesures spécifiques de protection.  Ces efforts spécifiques doivent notamment axés sur la réponse à apporter à l’épidémie VIH/sida, réponse qui doit engager toute la communauté internationale, a ajouté Mme Goransson.  L’Union européenne favorisera des partenariats entre les organisations internationales, les gouvernements et le secteur privé, afin que les personnes infectées par le virus aient accès aux structures de santé et à des médicaments abordables.  En ce qui concerne le bénévolat, deuxième thème de la Commission du développement social, Mme Goransson s’est félicitée des efforts qui peuvent favoriser la participation active des citoyens au développement social, mais elle a tout de même déclaré que la participation active de bénévoles ne saurait dégager les gouvernements de leurs responsabilités.

Table ronde d’experts


M. DALMER HOSKINS, Secrétaire général de l’Association internationale pour la protection sociale, a qualifié d'excellent le rapport du Secrétaire général relatif à la protection sociale.  Il s’est dit frappé pas le manque d’optimisme qui marque l’examen de cette question.  Reconnaissant que le ralentissement économique dans de nombreuses parties du monde augure mal de l’avenir de la protection sociale et incite à la lucidité, l’expert a articulé son intervention autour de plusieurs questions cruciales, à savoir le vieillissement démographique des sociétés, le rôle des secteurs privé et public, l’avenir des régimes de retraite et la crise des crédibilités des systèmes actuels de protection sociale.  M. Hoskins s’est dissocié de ceux qui attribuent les difficultés de l’assurance sociale au vieillissement démographique.  Le vieillissement des sociétés, a-t-il précisé, ne constitue pas un véritable problème car il était prévisible depuis de nombreuses années.  Pour ce qui est du rôle des secteurs privé et public, il a souligné le manque d’épargne que connaît le secteur public, empêchant ainsi de prélever des fonds publics pour les allouer au secteur privé.  Il est donc important de disposer d’une population jeune qui assure le coût de la protection sociale.  M. Hoskins a par ailleurs regretté que les discussions en cours sur le rôle des secteurs privé et public se trouvent mises à mal par des considération idéologiques.  Tout en notant que le secteur privé peut fournir des formes d’assurance difficiles à envisager dans secteur public comme par exemple une assurance-retraite à 40 ans, il a souligné qu'il incombe toutefois à l’Etat d’assurer la protection des plus pauvres à un moindre coût. 


Aujourd'hui, en raison des mutations du marché du travail en particulier dans les pays développés, on n'est plus en mesure de prendre la retraite comme dans le passé.  En 2002, lors du Sommet mondial sur le vieillissement, il faudra tenter de redéfinir ce que l’on entend par “retraite”.  Cette question est particulièrement cruciale pour les femmes qui sont les plus vulnérables dans les sociétés en vieillissement.  La protection sociale est un investissement, a ajouté l’expert.  C’est la raison pour laquelle les secteurs privé et public doivent travailler main dans la main.  Le rapport du Secrétaire général tente de déterminer les moyens d'encourager cette interaction qui est encore très faible, à l’heure actuelle.  Le degré de compatibilité des programmes de sécurité sociale recommandés par l’OIT aux sociétés en développement est une autre question importante qu'il faut examiner.  Ces sociétés connaissent des taux de participation faibles aux programmes de protection sociale en raison notamment de lacunes et d’un manque de capacités administratives au niveau local.  Il faudrait également savoir si le système public de sécurité sociale est condamné à la faillite à plus long terme, compte tenu du vieillissement démographique et des ambitions politiques.  Il est évident, a relevé l’expert, que les pays sont capables de procéder à des réformes de leur système de sécurité sociale pour assurer sa viabilité à long terme.


La principale difficulté à laquelle nous sommes confrontés réside dans le fait que le public ne comprend pas le mode de financement du système.  A l’avenir, il faudra améliorer l’information du public pour parer à la crise de crédibilité que nos pays connaissent actuellement.  Les gouvernements eux-mêmes sont le principal obstacle dans la mesure où ils ont tendance à emprunter sur les fonds alloués au système de sécurité sociale.  La mauvaise utilisation des budgets publics constitue un véritable problème.  La mondialisation est un obstacle mythique à la protection sociale, a estimé l’expert tout en soulignant qu’il abordera ce thème ultérieurement.


M. ERNESTO MURRO OBERLIN, Membre du Conseil d’administration de la Banque nationale de la sécurité sociale de l’Uruguay et consultant à l’Organisation internationale du Travail (OIT), a présenté des recherches récentes entreprises par la Banque nationale sur la situation du monde du travail et de la main-d’oeuvre en Amérique latine et en particulier en Uruguay.  En raison de la mondialisation, être au chômage aujourd’hui n’est pas la même chose qu’il y a dix ans, a fait observer M. Murro.  La lutte contre la pensée unique est plus que jamais d’actualité, a affirmé l’expert, et, citant M. Stiglitz, ancien économiste de la Banque mondiale, il a déclaré qu’il n’existe pas de solutions universelles aux problèmes économiques des pays, et qu’en conséquence, on ne saurait, comme tente de le faire la Banque Mondiale, appliquer des solutions uniques.  Regrettant que l’adoption précipitée du néolibéralisme ait privé de nombreuses personnes de protection sociale dans des pays en transition, M. Murro a affirmé que la protection sociale ne constitue pas seulement une charge, elle peut également contribuer à la croissance.  Il a regretté que, comme l’indiquent les études effectuées par l’OIT, les réformes des retraites engagées dans 10 pays d’Amérique latine n’aient pas atteint les objectifs visés et que la situation des personnes exclues se soit aggravée, du fait notamment des déficits à court et à long terme et de la baisse du rapport entre les cotisants et les bénéficiaires.  M. Murro a insisté sur l’hétérogénéité du continent, faisant observer que les dépenses sociales varient grandement d’un pays à l’autre, ainsi que les politiques de protection sociale.  Ainsi, selon une étude récente de l’OIT, si en Amérique latine la couverture est de 30%, au Venezuela et au Paraguay, elle n’est que de 10%.  Il a déclaré que le système privé ne résout pas le problème mais contribue au contraire à l’aggraver.  Il est par exemple surprenant que l’Uruguay, qui bénéficie d’une couverture globale satisfaisante, compte 40% des enfants de moins de 18 ans en dessous du seuil de pauvreté.  Les travailleurs informels en particulier sont très peu couverts.  Pour conclure, M. Murro a évoqué quelques mythes sur le régime des pensions; en premier lieu, les régimes de pensions privés permettraient d’améliorer l’épargne au niveau national.  Cependant, des changements dans la répartition des revenus pourraient avoir le même effet, a fait remarquer M. Murro.  En second lieu, les mesures incitatives seraient meilleures dans un système privé.  M. Murro a déclaré qu’il n’y a pas de supériorité du système privé à ce niveau.  M. Murro a jugé nécessaire de passer du syndicalisme à base contractuelle à un nouveau système où il faudra défendre ceux qui ne votent pas ou ne sont pas syndiqués.  Il s’est prononcé en faveur de modifications des politiques budgétaire et fiscale en Amérique Latine.


Mme GABRIELLA BATTAINI DRAGONI, représentante du Conseil de l’Europe, a réaffirmé l’importance des droits de l’homme dans le débat sur la protection de l’homme.  Elle a évoqué un document essentiel qui consacre ces droits, à savoir la Charte européenne sociale, seul instrument international affirmant le droit à la protection sociale.  La représentante a demandé s’il est prévu d’examiner, voire de modifier la Convention 102 de l’OIT.  Quelles seront les conséquences d’une modification de la Convention 102 pour les pays ayant déjà ratifié cet instrument?  Comment les modifications pourront être intégrées dans le droit interne? a demandé Mme Battaini Dragoni.  En ce qui concerne l’accès aux services sociaux, elle a déclaré que le Conseil de l’Europe mène une étude sur les obstacles que rencontrent les citoyens en bénéficiant des services de protection sociale.  Il est en effet essentiel d’envisager cette dimension, d’aval en amont, a souligné la représentante, avant de faire observer que l’on envisage trop souvent les services sociaux comme un dispositif d’amont en aval.


M. EDUARDO TAPIA (Chili) a regretté que la composition de la table ronde soit déséquilibrée, que les critiques portent exclusivement sur le système privé, et qu’aucun représentant du secteur privé ne soit présent pour défendre ce système.  Au Chili, le secteur privé est très présent dans le domaine de la protection sociale, en réaction au système précédent qui ne protégeait aucun droit fondamental de l’homme, a expliqué le représentant.  Le secteur privé a injecté des fonds dans l’économie et a permis d’élargir la couverture sociale.  Il n'est pas approprié de rejeter ce système, alors qu’il est venu remplacer un système public en faillite, a ajouté le représentant.  Il n’existe pas un système unique, et se faire l’avocat d’un système unique ne permettra pas de faire avancer le débat.


Documentation


Recommandations formulées par les ONG dans le cadre de la trente-neuvième session de la Commission du développement social


Déclaration présentée par Caritas Internationalis, le Conseil international de l’action sociale et le Mouvement international ATD quart monde (organisations non gouvernementales dotées du statut consultatif général auprès du Conseil économique et social), l’Association internationale des écoles de service social, Child Welfare League of America, la Fédération internationale des assistants sociaux et des assistantes sociales, la Fédération internationale pour l’économie familiale et Pax Christi International (organisations non gouvernementales dotées du statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social), et l’Armenian Relief Society (organisation non gouvernementale inscrite sur la liste du Conseil) (E/CN.5/2001/NGO/1)


Communication présentée par Pax Christi International, organisation non gouvernementale dotée du statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social (E/CN.5/2001/NGO/2)


Communication présentée par la Fédération internationale des centres sociaux et communautaires, organisation non gouvernementale dotée du statut consultatif auprès du Conseil économique et social (E/CN.5/2001/NGO/3)


Déclaration présentée par Caritas Internationalis (Confédération internationale des organismes catholiques d’action charitable et sociale), Conseil de l’archevêché orthodoxe grec d’Amérique du Nord et du Sud, HelpAge International, Conseil international des femmes, Fédération internationale des femmes de carrières commerciales et libérales, Association soroptimiste internationale, Zonta international (organisations non gouvernementales dotées du statut consultatif général auprès du Conseil économique et social), Union mondiale des femmes rurales, Communauté internationale baha’ie, Fondation pour les droits de la famille, Bureau international catholique de l’enfance, Confédération internationale des mouvements de familles chrétiennes, Conseil international des femmes juives, Conseil international des psychologues, Conseil international sur les problèmes d’alcoolisme et de toxicomanie, Fédération internationale pour le développement de la famille, Fédération internationale pour l’économie familiale,


Fédération internationale des femmes diplômées des universités, Oeuvre internationale de Kolping, Centre italien de solidarité, Humanité nouvelle, Pax Romana (Mouvement international catholique des affaires internationales et culturelles) (Mouvement international des étudiants catholiques), Armée du salut, Fondation asiatique d’aide et de recherche sur la famille et la culture, Villages d’enfants SOS, Fédération mondiale des femmes méthodistes, Mouvement mondial des mères (organisations non gouvernementales dotées du statut consultatif spécial), Union européenne féminine, Association internationale des charités, International Inner Wheel (organisations non gouvernementales inscrites sur la liste) (E/CN.5/2001/NGO/4)


Exposé présenté par le mouvement international ATD Quart-monde, organisation non gouvernementale dotée du statut consultatif général auprès du Conseil économique et social (E/CN.5/2001/NGO/5)


Exposé présenté par l’American Association of Retired Persons (AARP), organisation non gouvernementale dotée du statut consultatif général auprès du Conseil économique et social (E/CN.5/2001/NGO/6)


Exposé présenté par la Fédération internationale de la vieillesse et Soroptimist International, organisations non gouvernementales dotées du statut consultatif général auprès du Conseil économique et social; le Conseil international des femmes juives et l’Union internationale humaniste et laïque, organisations non gouvernementales dotées du statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social; l’Armenian International Women’s Association et la Loretto Community (Sisters of Loretto), organisations non gouvernementales inscrites sur la liste du Conseil (E/CN.5/2001/NGO/7)


Exposé présenté par la Fondation pour les droits de la famille, organisation non gouvernementale dotée du statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social (E/CN.5/2001/NGO/8)


Exposé présenté par la Fédération internationale des associations de personnes âgées (FIAPA), organisation non gouvernementale dotée du statut consultatif général auprès du Conseil économique et social (E/CN.5/2001/NGO/9)


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