SG/SM/8018

DANS UNE INTERVENTION DEVANT LE CONSEIL DE SÉCURITÉ, LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL FAIT DE NOUVEAU ÉTAT DE SES PRÉOCCUPATIONS CONCERNANT LE PROCESSUS DE PAIX EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

09/11/2001
Communiqué de presse
SG/SM/8018


AFR/357

SC/7205


DANS UNE INTERVENTION DEVANT LE CONSEIL DE SÉCURITÉ, LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL FAIT DE NOUVEAU ÉTAT DE SES PRÉOCCUPATIONS CONCERNANT LE PROCESSUS DE PAIX EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO


On trouvera ci-après le texte de l’intervention du Secrétaire général, M. Kofi Annan, à la séance du Conseil de sécurité consacrée à la République démocratique du Congo qui s’est tenue à New York le 9 novembre 2001 :


Permettez-moi d’abord de souhaiter la bienvenue au Comité politique de l’Accord de Lusaka. J’espère que cette rencontre avec le Conseil de sécurité permettra à toutes les parties de se mettre d’accord pour faire avancer ensemble le processus de paix.


Dans mon dernier rapport au Conseil, j’ai recommandé que la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC) soit autorisée à passer à la phase III de son déploiement. Mais pour que ce déploiement réussisse, il faudra que les parties elles-mêmes se montrent à la hauteur de leurs responsabilités. Je tiens, là-dessus, à exprimer à nouveau quelques-unes de mes préoccupations.


D’abord et avant tout, il faut que cessent les combats dans l’est du pays. Les groupes armés qui continuent de se battre dans l’est ne devraient plus recevoir aucun appui de personne, et personne ne devrait dorénavant plus lancer d’opération offensive contre eux. En même temps, il faut dans toute la mesure possible créer des conditions qui encouragent les ex-combattants à retourner volontairement chez eux et leur permettront de se réinstaller en toute sécurité.


La République démocratique du Congo et le Rwanda doivent s’entendre sur le processus de désarmement, de démobilisation et de rapatriement des combattants et sur la création d’un mécanisme de coordination qui facilitera la transition sans heurt du désarmement à la réinsertion.


Kisangani doit être démilitarisée, conformément à la résolution 1304 du Conseil de sécurité – et j’engage le Rassemblement congolais pour la démocratie à donner suite, sans plus tarder, aux mesures proposées à cet égard par mon Représentant spécial, M. Ngongi. J’ai d’ailleurs l’intention de renforcer la présence militaire de la MONUC à Kisangani, afin de faciliter la démilitarisation de cette ville.


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                                                            9 novembre 2001


Le déploiement de la MONUC à Kindu a pour objectif de créer un climat de sécurité incitant les groupes armés à désarmer. Je note donc avec inquiétude la décision du Rassemblement congolais pour la démocratie et du Mouvement de libération des Congolais de mettre en place une « force spéciale mixte », basée à Kindu, qui serait chargée de « traquer et neutraliser toutes les forces négatives ». Kindu ne doit en aucun cas être utilisée comme base de lancement d’opérations militaires.


Le retrait des troupes namibiennes et d’une bonne partie des troupes ougandaises du territoire de la République démocratique du Congo est encourageant. J’engage vivement les Gouvernements angolais, zimbabwéen et rwandais à accélérer leurs préparatifs en vue d’un prompt retrait de leurs troupes respectives.


La réouverture du Congo et de ses affluents à la navigation est la mesure la plus importante qu’il soit aujourd’hui possible de prendre pour réunifier le pays et stimuler la vie économique et sociale. J’invite toutes les parties à aider la MONUC à jouer son rôle dans la réalisation de cet objectif, notamment en démantelant leurs postes de contrôle et en éliminant toutes les autres entraves à la liberté de circulation.


J’exhorte les membres du Comité politique, et notamment les parties congolaises, à soutenir le Facilitateur neutre du dialogue intercongolais, Sir Ketumile Masire. Et je me félicite de ce que le Gouvernement sud-africain soit disposé à accueillir le dialogue lorsque celui-ci reprendra. Les parties congolaises ne doivent cependant pas attendre sa reprise officielle. J’espère qu’elles poursuivront leurs contacts officieux pour discuter de façon constructive de l’avenir de leur pays.


J’exhorte également les trois parties congolaises à continuer de travailler à un meilleur respect des droits de l’homme dans les zones qu’elles contrôlent. Tous ceux qui sont en position d’autorité ont le devoir de diligenter des enquêtes sur les cas de violation présumée des droits de l’homme et de prendre les mesures qui conviennent. La communauté internationale les jugera sur leurs actes, ou sur leur inaction. Les parties congolaises doivent également faciliter l’accès aux populations souffrantes des zones qu’elles contrôlent aux personnels humanitaires qui cherchent à leur apporter des secours.


Enfin, les efforts tendant à soulager les souffrances des enfants, et notamment de ceux qui ont été incorporés dans les différentes forces armées, sont insuffisants. J’exhorte tous les membres du Comité politique, et tout particulièrement les parties congolaises, à collaborer avec le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et mon Représentant spécial pour les enfants et les conflits armés, ainsi qu’avec les spécialistes de la protection de l’enfance de la MONUC, en vue de conclure et d’appliquer le plus tôt possible des accords de démobilisation des enfants soldats.


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SC/7205

9 novembre 2001


Le processus de paix en République démocratique du Congo est peut-être à un tournant. Ce qui est en jeu, c’est la réunification de ce pays après plusieurs années de guerre. La MONUC est prête à y apporter une contribution décisive en se déployant vers l’est. En ce moment où le Conseil de sécurité se prépare à donner suite à mes recommandations, j’invite les parties à s’acquitter des importantes responsabilités qui sont les leurs et à mener à terme le processus de paix qu’elles ont lancé à Lusaka il y a plus de deux ans.


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