SG/SM/8016

LE DIALOGUE ENTRE LES CIVILISATIONS EST LA MEILLEURE PARADE CONTRE LES PIRES ENNEMIS DE L’HUMANITÉ DÉCLARE LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL KOFI ANNAN

09/11/2001
Communiqué de presse
SG/SM/8016


                                                            GA/9953


LE DIALOGUE ENTRE LES CIVILISATIONS EST LA MEILLEURE PARADE CONTRE LES PIRES ENNEMIS DE L’HUMANITÉ DÉCLARE LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL KOFI ANNAN


Vous trouverez ci-dessous le discours du Secrétaire général, M. Kofi Annan, sur le dialogue entre les civilisations, prononcé aujourd’hui devant l’Assemblée générale :


C'est avec un plaisir tout particulier que je me joins à vous pour participer à ce débat, qui est lourd de sens moral et politique pour les Nations Unies. Si certains doutaient encore de la nécessité d'entretenir le dialogue entre les civilisations, le doute n'est plus permis. Après les attentats du 11 septembre dernier, chacun sait qu'un tel dialogue est indispensable. C'est pourquoi, face à ces attentats,  l'Organisation des Nations Unies, doit s'employer, grâce au dialogue et à la coopération, à rapprocher encore davantage les nations, les cultures et les civilisations. De tout temps, les civilisations se sont développées et enrichies à la faveur du dialogue et de l'échange, gagnant au contact avec les autres cultures et vivifiées par l'acquisition de nouveaux savoirs et d'une nouvelle compréhension du monde.


Le dialogue entre les civilisations doit sous-tendre notre réponse collective au conflit et à la violence, surtout lorsqu'elle est inspirée par l'intolérance et l’intransigeance.  Si un tel dialogue s'instaure à l'échelle de la planète, les appels au compromis feront écho aux appels à la guerre, la tolérance répondra à la haine et la détermination à la violence. Le dialogue entre les civilisations c'est la meilleure  parade contre les pires ennemis de l'humanité.


Je tiens à rendre hommage au Président de l'Iran, M. Khatami, pour avoir lancé l'idée du dialogue entre les civilisations aux Nations Unies, ainsi qu'aux dirigeants et gouvernements qui ont encouragé et entretenu ce dialogue tout au long de l'année écoulée. Ce faisant, vous avez non seulement soutenu un vecteur de connaissance essentiel mais aussi servi les idéaux les plus nobles des Nations Unies.  Cette année, l'idée du dialogue entre les civilisations a suscité un vif et large intérêt parmi les milieux universitaires, les organisations non gouvernementales et, plus généralement, auprès de tous ceux qui s'efforcent de trouver un terrain d'entente.


Le dialogue entre les civilisations ne se fonde pas sur la prémisse que nous sommes tous les mêmes ou que nous sommes toujours d'accord, mais sur la considération que nous avons pour la diversité des cultures et pour les croyances qui reflètent cette diversité.


L'idée qu'un seul peuple détient la vérité, qu'il existe un seul remède aux maux de la planète, une solution unique aux problèmes de l'humanité a fait beaucoup de tort tout au long de l'histoire. Nous n'avons pas besoin de regarder au-delà de cette salle pour constater ce fait incontestable et incontournable qu'il existe diverses visions du monde, diverses convictions, diverses cultures.


C'est lorsque cette diversité est en péril, lorsque tel ou tel mode de vie est menacé, lorsque le droit  fondamental de chacun de vivre comme il l'entend est compromis que les conflits, la violence et la souffrance deviennent inévitables.


En ce sens, le dialogue entre les civilisations n'est pas l'expression d'un espoir mais un reflet du monde tel qu'il est. La diversité est à la fois la base du dialogue entre les civilisations et la réalité qui le rend nécessaire. Nous comprenons mieux que jamais qu'aussi grande que soit notre diversité, notre humanité est commune et avons tous droit au respect et à la dignité. Nous savons que nous sommes le produit de cultures et de mémoires nombreuses; que la tolérance nous permet d'étudier les autres cultures et d'y puiser des enseignements; que notre force réside en notre capacité de concilier ce qui  est familier et ce qui est étranger; et que ceux qui perçoivent la diversité comme une menace se privent, et privent la société dans laquelle ils vivent, de ce que l'humanité a de meilleur.


Chacun de nous a le droit d'être fier de sa foi et de son histoire. Mais l'idée que ce qui est à nous est nécessairement en conflit avec ce qui est aux autres est fausse et dangereuse. Contrairement à ce que prétendent certains, il est possible d'aimer ce que l'on est sans haïr ce que l'on n'est pas.


Bien sûr, lorsqu'il s'agit de relations entre les peuples, des questions importantes, graves qui concernent l'autodétermination, la sécurité ou la dignité entrent souvent en jeu.  Des questions que les mots ne suffisent pas à résoudre. Mais avec un dialogue fait non seulement de paroles mais aussi d'actes - d'actions réciproques fondées sur le respect et la volonté de comprendre les griefs de l'autre partie - il est possible de résoudre les différends et d'empêcher les conflits violents.


Je ne dis pas que ce sera facile. Mais la difficulté de l'entreprise ne doit pas nous faire reculer. Je suis convaincu que le dialogue entre les civilisations peut véritablement améliorer la vie des gens dans le monde entier.


En dernière analyse, c'est à cette aune-là que notre succès sera évalué : la mesure dans laquelle le dialogue aura contribué à atténuer les souffrances et à protéger les droits fondamentaux des générations actuelles et futures.


Le dialogue entre les civilisations vise un objectif et contient des promesses qui vont au-delà des difficultés avec lesquelles nous sommes aux prises aujourd'hui. À toutes les époques, le dialogue a favorisé la compréhension entre les peuples et le compromis; dans le monde interdépendant et "rétréci" qui est le nôtre, il peut faire encore plus. Il peut soutenir et renforcer les efforts de paix et toute tentative de résoudre les conflits, qu'ils soient internes ou internationaux. J'ai l'espoir que dans les mois et les années qui viennent toutes les nations se joindront au dialogue et lui donneront toute sa valeur en le mettant au service des plus faibles et des plus démunis de la planète, les victimes de l'intolérance, de l'intransigeance et de la haine. C'est pour eux que le dialogue entre les civilisations doit aboutir.


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