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SG/SM/7946

LE SECRETAIRE GENERAL INVITE LES GOUVERNEMENTS, LES ONG ET LES VOLONTAIRES A COLLABORER POUR VENIR A BOUT DU SIDA, DE LA PAUVRETE ET POUR PROTEGER L’ENVIRONNEMENT

10/09/2001
Communiqué de presse
SG/SM/7946


                                                            PI/1376

                                                            NGO/435


LE SECRETAIRE GENERAL INVITE LES GOUVERNEMENTS, LES ONG ET LES VOLONTAIRES A COLLABORER POUR VENIR A BOUT DU SIDA, DE LA PAUVRETE ET POUR PROTEGER L’ENVIRONNEMENT


Vous trouverez ci-après le texte de l’allocution du Secrétaire général à la cinquante-quatrième Conférence du Département de l’information/ONG à New York, le 10 septembre :


C’est un grand plaisir pour moi de vous accueillir à New York à cette conférence annuelle qui, comme nous l’avons entendu, est presque aussi ancienne que l’Organisation des Nations Unies elle-même.


En cette Année internationale des volontaires, il est opportun que vous fassiez un bilan de l’action menée dans le cadre du volontariat.


Nombreux sont ceux qui pensent que le volontariat est uniquement l’affaire des pays riches et des membres de la société les plus nantis. Je pense pour ma part que le volontariat traduit une impulsion fondamentale de l’être humain qui se manifeste dans presque tous les pays du monde. Dans de nombreux pays en développement, les volontaires sont souvent considérés comme le pivot de la société.


Selon un autre mythe, le volontariat serait synonyme d’altruisme ou de charité. Aujourd’hui nous savons que chacun y gagne, celui qui donne peut-être plus encore que celui qui reçoit.


On dit aussi parfois que le volontariat est une entreprise certes louable, mais qui n’a guère de conséquences économiques tangibles.


Or, les statistiques indiquent qu’aux États-Unis, l’effectif total des volontaires représente l’équivalent de 9 millions d’employés à plein temps, soit quelque 225 milliards de dollars par an. Dans les quelques pays où on a pu les évaluer, on estime que les activités des volontaires représentent jusqu'à 8 à 14 % du produit intérieur brut.


Durant le peu de temps qui nous est imparti aujourd’hui, je voudrais mettre l’accent sur les trois défis suivants : l’épidémie du sida, la lutte contre la pauvreté et la protection de l’environnement mondial. Ces problèmes sont non seulement parmi les plus pressants à l’échelle de la planète, mais ils appellent aujourd’hui plus que jamais une réponse que les ONG et les volontaires sont le mieux à même d’apporter.


Cela fait maintenant plus de deux mois que s’est tenue la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au VIH/sida.


Le public est de mieux en mieux informé au sujet de cette maladie. Les citoyens et les gouvernements en parlent désormais plus ouvertement, faisant ainsi tomber le mur de silence et de honte qui a empêché pendant trop longtemps une action efficace.


Une stratégie globale a été approuvée. Les annonces de contributions au Fonds mondial pour la lutte contre le sida s’élèvent actuellement à 1,4 milliard de dollars. Et les sociétés pharmaceutiques commencent à vendre aux pays en développement, à des prix sensiblement réduits, des médicaments qui sauvent la vie.


Les ONG et les volontaires ont de quoi se sentir particulièrement fiers du rôle qu’ils ont joué dans cette avancée. Après tout, ils ont souvent été les seuls, surtout au début de l’épidémie, à attirer l’attention sur l’impact du sida. Nous savons aujourd’hui ce qu’il en est.


D’aucuns affirment que cette bataille se gagnera au niveau des communautés. On constate en effet que les services de soins assurés par des volontaires à l’échelon local jouent un rôle crucial :


•     Au Venezuela, un club d’acheteurs a entrepris d’acheter des médicaments et des fournitures médicales.


•     En Afrique du Sud, des marchands et commerçants de quartier distribuent des préservatifs et du matériel d’information.


•     Et partout dans le monde, des projets éducatifs mis en place par des jeunes contribuent à faire évoluer les comportements, et des programmes locaux de financement empêchent des familles de sombrer dans le dénuement.


Cela étant, les taux d’infection sont en augmentation rapide dans de nombreuses régions. Pour beaucoup trop d’hommes et de femmes, soins et traitement restent hors de portée. Dans beaucoup trop de pays, le silence continue à régner. La science n’a pas encore trouvé de remède ou de vaccin. Au moment où les sociétés se mobilisent pour une troisième décennie de lutte contre le VIH et le sida, nous nous tournons vers vous une fois encore.


Nous nous sommes employés à faire admettre que le sida était non seulement une question de santé publique mais aussi une question de développement. En effet, la maladie décime avant tout des soutiens de famille et les membres les plus productifs de la société. Le terrible bilan s’élève à près de 22 millions de morts, 13 millions d’enfants orphelins et 36 millions d’hommes, de femmes, de garçons et de filles actuellement infectés par le virus aujourd’hui. Le sida est devenu un des principaux obstacles au développement, en particulier dans les pays les plus durement touchés.


Les autres obstacles auxquels se heurte la lutte que nous menons contre la pauvreté ne sont que trop connus : les barrières commerciales, la dette, la réduction de l’aide officielle au développement, la mauvaise gouvernance, la discrimination à l’égard des femmes, la guerre.


La nouvelle question qui se pose aujourd’hui est de savoir si les avantages de la mondialisation profiteront aux pauvres qui, dans leur grande majorité, ont été exclus de la nouvelle économie mondiale.


Le sentiment qu’il y a une injustice dans la mondialisation telle qu’elle se présente actuellement est au centre des manifestations qui ont eu lieu au cours de ces dernières années à Seattle, à Gênes et ailleurs.


Ces manifestations ont été difficiles, voire même traumatisantes – surtout, peut-être, pour les nombreuses ONG qui allient un rejet résolu de la violence à une préoccupation réelle devant la mondialisation et les problèmes qui y sont liés, notamment l’inégalité entre les pays et entre les régions d’un même pays et la nécessité d’assurer une plus large participation aux prises de décisions touchant l’économie mondiale. Ces ONG sont descendues dans la rue pour manifester pacifiquement, mais leurs voix ont bientôt été étouffées par ceux qu'animent la violence et la destruction.


Le problème de la pauvreté n’étant toujours pas réglé, et d’autres réunions du même genre approchant, ce serait une honte pour nous tous si nous nous montrions incapables d’engager un dialogue constructif. De même, il serait tragique que la mondialisation soit discréditée avant même qu’on ait vraiment eu l’occasion d’en exploiter les possibilités.


Ni la mondialisation ni le développement n’aboutiront si on ne s’efforce pas d’y parvenir par des moyens qui s’accordent avec les écosystèmes et les ressources naturelles de la Terre. Telle fut la grande découverte du Sommet planète Terre, en 1992. Mais il nous est trop souvent arrivé, pendant les 10 ans qui se sont écoulés depuis, de continuer à faire comme si de rien n’était. Et certaines idées fausses et pernicieuses ont pris racine.


Certains disent, par exemple, que protéger l’environnement aurait pour effet de limiter ou même de compromettre la croissance économique. En réalité, c’est le contraire : si nous ne protégeons pas le patrimoine naturel de la Terre, nous ne pourrons pas faire durer la croissance. En outre, on néglige souvent ce qu’il coûte de ne rien faire.


On dit aussi qu’il faut attendre, pour apporter des solutions à certains problèmes – le réchauffement planétaire, par exemple – attendre que certaines découvertes aient été faites par les générations futures. Il existe pourtant aujourd’hui des centaines de technologies rationnelles et économiques et de pratiques respectueuses de l’environnement. Et des progrès inespérés ont été accomplis ces dernières années dans l’exploitation des ressources renouvelables.


Enfin, on reproche aux mesures visant à restreindre la consommation de ressources naturelles de ne pouvoir conduire qu’à des résultats limités. Néanmoins, les économistes s’accordent dans l’ensemble à penser qu’une utilisation

plus rationnelle de l’énergie, accompagnée d’autres stratégies qu’on n’a rien à perdre à appliquer, pourrait, pour un coût faible ou nul, apporter des bienfaits considérables.


      En fait, nous disposons des ressources humaines et naturelles voulues pour
réaliser un développement durable. Mais pour y parvenir, il faut absolument que nous cessions de nous faire autant de souci pour les perspectives économiques à court terme et que nous trouvions le courage politique d’adopter une vue à long terme.

Les ONG savent très bien que les scénarios catastrophes ne suffisent pas à pousser les populations et les gouvernements à agir. C’est pourquoi elles sont aussi actives sur le terrain, menant toutes sortes d'actions, allant de campagnes de dépollution à des programmes de défense des forêts tropicales. Des volontaires apportent une contribution capitale aux travaux de l’Organisation météorologique mondiale en l’aidant à observer le temps qu’il fait et les climats. À n’en point douter, le mouvement écologiste a, à certains égards, fait ressortir les meilleurs aspects du volontariat.


L’année prochaine à Johannesburg, le Sommet mondial pour le développement durable donnera aux dirigeants du monde entier l’occasion de montrer à quel point ils prennent la question au sérieux. J’espère que vous contribuerez à la réussite de cette rencontre en y apportant toute votre expérience et en y faisant jouer pleinement votre influence.


Permettez-moi d’ajouter un quatrième défi aux trois premiers : mobiliser davantage de jeunes pour la défense de vos causes respectives. Il faut que les jeunes soient à vos côtés, en première ligne sur le front du changement planétaire. S’ils restent marginalisés, c’est nous tous qui y perdrons.


Toutes ensemble, vos organisations peuvent offrir aux jeunes bien des possibilités de participer à l’action menée pour un monde meilleur, comme le fait chez nous le Programme des Volontaires des Nations Unies. Ouvrez-vous donc à eux, accueillez-les dans vos rangs et profitez de leur dynamisme et des nombreuses idées qu'ils ont à proposer.


Ceux qui se portent volontaires quand ils sont jeunes ont davantage que les autres tendance à le faire plus tard dans leur vie. L’avenir du militantisme citoyen pourrait donc dépendre de la manière dont vous vous acquittez de cette tâche.


Le désir d’apporter quelque chose existe. Il pourrait alimenter indéfiniment le mouvement de l’humanité vers le progrès. Ce que nous devons réussir à faire, c’est capter cette énergie.


Le programme que vous fixe, à tous, la Déclaration du Millénaire est un programme complexe et ambitieux. Les gouvernements ne peuvent pas le mener à bien tout seuls – et les ONG non plus.


Les gouvernements devraient résister à la tendance qu’ils ont de ne voir dans les ONG que des adversaires. Il faut qu’ils reconnaissent la valeur de leur contribution à la création d'une société saine.

Réciproquement, il faudrait que les ONG reconnaissent que les États ont un rôle légitime à jouer, ainsi que des responsabilités.


Tout le monde ne peut qu’y gagner lorsque les gouvernements et les ONG trouvent les moyens de collaborer, à l’échelon national comme à l’échelon international. Ces dernières années, des partenariats novateurs et productifs ont vu le jour en grand nombre. L’ONU fera tout ce qu’elle pourra pour maintenir ses portes ouvertes et pour être un lieu où tous peuvent se réunir et trouver un terrain d’entente.


Je tiens à vous remercier tous, vous les ONG et vous les volontaires du monde entier, de tout ce que vous faites pour que le monde dans lequel nous vivons soit meilleur et plus sûr. Vous comprenez que ce qui compte le plus n’est pas ce que vous arrivez ou n’arrivez pas à faire ici, au Siège de l’ONU, mais ce que vous faites, une fois rentrés chez vous, pour que soient atteints nos objectifs communs de prospérité et de paix. Ensemble, concentrons-nous sur l’action.


Dans cette perspective, je vous souhaite une conférence réellement productive et mémorable.


Je vous remercie.


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