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SG/SM/7926

LE SECRETAIRE GENERAL DEMANDE AUX ONG DE LANCER UN MOUVEMENT MONDIAL CONTRE LE RACISME

31/08/2001
Communiqué de presse
SG/SM/7926


                                                            RD/923


LE SECRETAIRE GENERAL DEMANDE AUX ONG DE LANCER

UN MOUVEMENT MONDIAL CONTRE LE RACISME


On trouvera ci-dessous le texte du discours du Secrétaire général, M. Kofi Annan, au Forum des organisations non gouvernementales qui se tient parallèlement à la Conférence contre le racisme à Durban.


Merci pour cet accueil chaleureux, et merci à tous d’être ici. Je tiens à remercier tout spécialement nos hôtes sud-africains. Vous conviendrez, j’en suis sûr, que la nouvelle Afrique du Sud est le lieu idéal pour une rencontre mondiale consacrée au racisme et aux moyens de l’éliminer. Ce pays a donné au monde entier un exemple extraordinaire.


N’oublions pas que c’est la société civile qui a pris la tête du mouvement de lutte contre l’apartheid. N’oublions pas non plus que cette lutte était internationale, et qu’elle a mobilisé des gens du monde entier. On pourrait presque dire que c’est d’elle qu’est née la société civile mondiale.


Il est donc, à mon sens, tout à fait approprié que vous, qui représentez la société civile mondiale d’aujourd’hui, soyez venus conseiller et inspirer les représentants officiels qui se réuniront demain pour la Conférence.


Il est désormais clair qu’aucune conférence des Nations Unies n’est complète si elle n’a pas son forum des ONG. Les forums d’ONG sont le meilleur moyen de donner tort à nos critiques; ils sont aussi, peut-être, parmi les principales raisons d’être des conférences des Nations Unies.


Les activistes de la société civile sont en effet bien souvent ceux qui donnent vie aux grandes conférences. Parfois, ce sont eux qui clarifient les choses, car ils peuvent discuter ouvertement des questions épineuses que les gouvernements doivent passer sous silence ou entourer de flou pour pouvoir parvenir à un consensus.


Chaque grande conférence aide à révéler la dimension mondiale d’un problème et, partant, contribue à la création de nouveaux réseaux, réunissant des gens du monde entier autour d’un thème commun et, parfois, débouchant sur une campagne mondiale.


Je crois que c’est ce qui est en train de se passer ici.


J’ai devant moi, dans cette salle, les membres de groupes qui, pour la première fois, voient l’Organisation des Nations Unies comme une enceinte où exprimer leurs préoccupations. J’entends par là des groupes tels que :


•    Les Rom et les Sinti d’Europe;

•    Les victimes de formes de discrimination fondées sur le travail et l’origine, qu’elles soient d’Asie du Sud, du Japon ou d’Afrique de l’Ouest;

•    Les Américains d’origine africaine;

•    Et les organisations de travailleurs migrants.


J’ai aussi devant moi divers groupes qui s’occupent de questions multiples telles que la pauvreté, le VIH/sida ou d’autres formes de handicap, les jeunes, les femmes, la traite et la prostitution, l’intolérance religieuse, les conflits, l’environnement et, bien entendu, les droits de l’homme et les droits des minorités.


Vous êtes ici parce que vous avez compris que le racisme se trouve à l’intersection de toutes ces questions. Il aggrave toutes les autres formes d’oppression et de discrimination. Tant qu’il persiste, les déshérités ont peu de chance d’améliorer leur sort.


Depuis plus d’un an, durant la longue préparation de la Conférence, vous avez communiqué les uns avec les autres, et certains d’entre vous ont découvert qu’ils avaient plus de points communs qu’ils ne le pensaient. À la réunion de Santiago, par exemple, les représentants des peuples autochtones d’Amérique latine et des Latino-Américains d’origine africaine se sont assis côte à côte pour participer à une même table ronde.


Beaucoup d’entre vous, je le sais, estiment qu’ils ne sont pas bien représentés à la Conférence elle-même, et craignent que leurs préoccupations ne soient pas suffisamment prises en compte – voire qu’elles soient complètement ignorées – dans la Déclaration et le Programme d’action.


Mais la colère et la frustration vous serviront si elles sont canalisées et conduisent à la création d’un mouvement mondial contre le racisme au sein duquel convergeront toutes vos luttes.


Ce qui compte, ce n’est pas le degré de reconnaissance officielle que vous obtenez à la Conférence. Ce qui compte, c’est ce que vous ferez une fois rentrés chez vous.


Les textes adoptés dans les salles de conférence ne pourront amener des changements que si vous et vos homologues collaborez avec les pouvoirs publics pour leur donner suite et pour veiller à ce qu’ils soient appliqués.


Vous devez établir des critères pour déterminer dans quelle mesure les gouvernements tiennent leurs engagements.


Vous devez vous opposer à toute tentative de réponse stéréotypée.


Enfin, vous devez montrer du doigt, dans toutes les sociétés, les situations dans lesquelles se manifeste un racisme rampant.


Certaines de ces situations se présentent dans le monde de l’emploi et du commerce, qui est l’un des fronts les plus importants dans la bataille que nous menons contre la discrimination. C’est la raison pour laquelle Mary Robinson et moi-même allons avoir demain des entretiens sur le racisme avec des représentants des employeurs et des organisations syndicales, dans le contexte du Pacte mondial pour l’entreprise citoyenne, dont j’ai lancé l’idée il y a deux ans. Nous devons leur faire prendre conscience de leurs responsabilités et les rallier à notre cause.


Vous pourriez sans doute aussi établir collectivement un rapport annuel sur la lutte contre le racisme, auquel contribueraient différents groupes dans chaque pays. Il s’agirait de mettre en lumière non seulement les violations des droits, mais aussi les résultats positifs obtenus, si bien que les pratiques ayant permis de combattre le racisme et l’intolérance dans certains pays pourraient être mises à profit dans d’autres.


Notre plus grand espoir de changement repose sur la montée d’une nouvelle génération, libérée des craintes et des préjugés de celle qui l’a précédée. L’essentiel des responsabilités incombe donc aux parents et aux enseignants, ainsi qu’aux auteurs de manuels et de programmes scolaires.


C’est à eux qu’il appartient de veiller à ce que les enfants apprennent à tirer fierté et avantage de la diversité, au lieu de se replier sur eux-mêmes dès qu’ils voient quelqu’un dont les habitudes ou l’apparence sont différentes des leurs.


Et c’est à vous, les jeunes, qu’il revient de prendre l’initiative et d’influer sur l’attitude de vos pairs.


Car ce sont les attitudes et les relations mutuelles qui doivent changer, dans tous les pays. Et c’est de vous, surtout, que ce changement dépendra.


Par conséquent, il est sans doute préférable que j’écoute maintenant ce que vous avez à dire plutôt que de continuer à vous parler. Posez-moi des questions si vous le souhaitez, je ferai de mon mieux pour y répondre. Mais je vous demande aussi de me dire ce que vous attendez de cette conférence et, surtout, quelle suite vous avez l’intention de lui donner une fois rentrés chez vous!


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