LE SECRETAIRE GENERAL APPELLE LES ACTEURS INTERNATIONAUX A CONSENTIR UN EFFORT ENERGIQUE POUR EMPECHER L’EFFONDREMENT DU PROCESSUS DE PAIX ISRAELO-PALESTINIEN
Communiqué de presse SG/SM/7894 |
LE SECRETAIRE GENERAL APPELLE LES ACTEURS INTERNATIONAUX A CONSENTIR UN EFFORT ENERGIQUE POUR EMPECHER L’EFFONDREMENT DU PROCESSUS DE PAIX ISRAELO-PALESTINIEN
Il indique que l’ONU poursuivra son action
en faveur du relèvement de l’économie palestinienne
Le message suivant du Secrétaire général, M. Kofi Annan, a été lu aujourd’hui, à Madrid, par M. Terje Rod-Larsen, Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient et Représentant personnel du Secrétaire général auprès de l’Organisation de libération de la Palestine et de l’Autorité palestinienne, lors de la Réunion internationale des Nations Unies sur le processus de paix israélo-palestinien :
C’est un grand plaisir pour moi de souhaiter la bienvenue à tous ceux qui se sont réunis ici, à Madrid, à l’occasion de cette importante réunion internationale. Je voudrais rendre hommage au Gouvernement et au peuple espagnols qui accueillent cette manifestation et ont participé à sa préparation. Alors que vous réfléchissez au présent et à l’avenir du processus de paix, il convient de nous rappeler que c’est en cette ville de Madrid qu’ont été réunies, en 1991, les conditions de ce qui devait devenir un progrès historique dans la quête de la paix au Moyen-Orient.
Ce rassemblement international prend place à un moment extrêmement délicat pour la région du Moyen-Orient. Depuis septembre dernier, la violence sur le terrain a fait plus de 600 morts, dont beaucoup d’enfants, et des milliers de blessés. La grande majorité des personnes tuées et blessées se trouvaient du côté palestinien. Alors que les confrontations se poursuivent, j’ai fermement condamné les attaques excessivement brutales et disproportionnées que les forces israéliennes mènent à l’encontre des Palestiniens. J'ai aussi condamné tous les actes de terrorisme. La crise a renforcé le sentiment de colère, d’amertume et de suspicion qui règne entre Israéliens et Palestiniens. Ces événements tragiques ont en outre fait ressortir combien il est urgent de redoubler d’efforts pour amener le calme, stabiliser la situation et donner aux parties les moyens de renouer le dialogue. Il faut contenir la violence suffisamment longtemps pour permettre aux parties de parvenir à une solution viable. Depuis de longs mois, cette tâche s’avère redoutable et difficile.
Au cours des dernières semaines, les efforts déployés à l’échelle internationale pour résoudre la crise se sont considérablement intensifiés. La communauté internationale tout entière est préoccupée par la situation sur le terrain et par l’état d’avancement du processus de paix. L’une et l’autre parties ont indiqué qu’elles acceptaient l’intégralité du rapport de la Commission Mitchell. L’Organisation des Nations Unies a également pleinement souscrit à ce rapport et demeurera à la disposition des parties et des coparrains du processus de paix pour les aider à mettre en œuvre les recommandations de ce rapport. Des deux côtés, les dirigeants doivent faire preuve de la v olonté politique et du courage nécessaires à la reprise des négociations de paix afin de parvenir à un règlement global, juste et durable dans la région, conformément aux résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité et au principe des territoires contre la paix.
Je me suis rendu dans la région le mois dernier, et j’ai eu des entretiens utiles avec M. Arafat, le Premier ministre M. Sharon et les dirigeants des pays voisins. Durant mon séjour, j’ai aussi rencontré des victimes de la violence, israéliennes et palestiniennes, dont beaucoup étaient des enfants. Il m’est apparu clairement que les Israéliens tout autant que les Palestiniens voulaient vraiment trouver une issue au cycle de la violence et de la souffrance. Depuis la publication du rapport de la Commission Mitchell et l’engagement pris en conséquence par les parties de respecter le plan de cessez-le-feu, la violence a perdu un peu de son intensité.
L'accord de cessez-le-feu négocié le mois dernier est néanmoins très fragile. Les deux parties doivent faire tous les efforts possibles pour restaurer le cessez-le-feu, et passer sans attendre à la mise en œuvre des recommandations énoncées dans le rapport Mitchell. Les coparrains et les autres acteurs internatio naux se tiennent quant à eux prêts à les aider à mettre en œuvre les disposi tions du rapport. Il est important de considérer le cessez-le-feu, la fin de la violence et le rétablissement de la confiance mutuelle dans un contexte plus large. Il s’agit là, en effet, d’étapes transitoires cruciales vers la reprise d’un véritable dialogue politique.
Neuf mois de violences et les bouclages répétés des territoires ont eu de lourdes répercussions sur l’économie palestinienne. L’ampleur des dommages est considérable et reste à évaluer. De plus, les actions militaires dirigées contre les villes, les villages et les installations agr icoles palestiniennes ont eu des effets dévastateurs. La démolition de maisons appartenant à des Palestiniens, la construction de colonies de peuplement, le déracinement d’arbres, la destruction des récoltes, les bouclages des frontières et la retenue du versement de la taxe à la valeur ajoutée ont quasiment fait s’effondrer l'économie palestinienne. Un programme d’envergure s’impose d’urgence pour permettre aux Palestiniens de reconstruire leurs vies et leurs foyers. L’ONU poursuivra son action en faveur du relèvement de l’économie palestinienne, en accordant une importance particulière à la fourniture d’une assistance d’urgence efficace au peuple palestinien. Le Bureau du Coordonnateur spécial, l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, le Programme des Nations Unies pour le Développement et d’autres entités du système des Nations Unies font beaucoup à cet égard. Je tiens aussi à rendre hommage aux pays arabes et européens qui ont fait des contributions généreuses afin d'aider l'Autorit é palestinienne à atteindre la stabilité financière.
Des décennies durant, l’UNRWA a apporté une assistance substantielle au peuple palestinien. L’Office aide désormais quotidienne ment quelque 3,8 millions de réfugiés de Palestine. Il a en outre permis à des générations de Palestiniens d’accéder à des services sociaux, à l’éducation et à des soins de santé. Pourtant, en dépit de l’importance de son action humanitaire et de son dévouement, l’Office continue d’éprouver des difficultés financières récurrentes. Le mois dernier, le Commissaire général Peter Hansen a lancé un appel en faveur d’une aide d’urgence afin de procurer des vivres, des médicaments et du travail à plus de 200 000 familles de réfugiés. Je voudrais saisir cette occasion pour engager tous les donateurs à aider l’Office et à contribuer généreusement à son budget. Ces contributions sont aujourd’hui particulièrement vitales et bienvenues.
En ce moment décisif, les coparrains et les autres acteurs internationaux devraient consentir un effort énergique pour empêcher l'effondrement du processus de paix et rapprocher Israéliens et Palestiniens afin que l’on parvienne à un accord qui se traduise en avantages concrets pour les deux parties. En ce qui me concerne, je continuerai de faire tout ce qui sera nécessaire pour appuyer ces efforts de paix.
Je veux espérer que cette réunion des Nations Unies sera en elle-même une contribution aux initiatives internationales en faveur du processus de paix. Permettez-moi de remercier le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien d’avoir organisé cet événement fort opportun et d’avoir une fois encore montré sa profonde détermination à faire avancer la cause de la paix au Moyen-Orient. Je vous souhaite à tous une réunion utile et productive, et je forme des vœux pour le succès de vos délibérations.
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