En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/7785

LE RENFORCEMENT DE LA COLLABORATION ENTRE L’ECOSOC ET LES INSTITUTIONS DE BRETTON WOODS DOIT PERMETTRE D’ELABORER UNE ACTION CONCERTEE DE LUTTE CONTRE LA PAUVRETE, INDIQUE M. ANNAN

01/05/2001
Communiqué de presse
SG/SM/7785


                                                            ECOSOC/5943


LE RENFORCEMENT DE LA COLLABORATION ENTRE L’ECOSOC ET LES INSTITUTIONS DE BRETTON WOODS DOIT PERMETTRE D’ELABORER UNE ACTION CONCERTEE DE LUTTE CONTRE LA PAUVRETE, INDIQUE M. ANNAN


La déclaration suivante a été faite aujourd'hui par le Secrétaire général

M. Kofi Annan, à la quatrième réunion du Conseil économique et social des Nations Unies et des institutions de Bretton Woods:


C’est pour moi un grand plaisir de vous accueillir à l’Organisation des Nations Unies. Lorsqu’il y a quatre ans, nous avons tenu ici même la première de nos réunions, le symbolisme de l’événement avait presque plus d’importance que la teneur des débats. C’est que, bien qu’appartenant à la même famille onusienne et ayant de nombreux objectifs en commun, le Conseil économique et social et les institutions de Bretton Woods ont entretenu, pendant longtemps,  des rapports distants, voire tendus. Un tel rapprochement, qui marquait le début d’une nouvelle ère, était donc des plus encourageants.


Mais nous avons dépassé le stade des symboles.  La réunion d’aujourd’hui est la quatrième à se tenir au Siège de l’Organisation des Nations Unies. Pour leur part, les conseils d’administration de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international ont reçu à Washington les membres de l’ECOSOC, ainsi que du Bureau du Comité préparatoire à la conférence sur le financement du développement. La collaboration sans précédent que nous avons instaurée lors de l’élaboration du rapport que j’ai adressé au Comité préparatoire s’est avérée des plus fructueuses.


Mais le plus important, c’est peut-être que la diversité des ministères représentés à nos réunions –  économie, affaires étrangères, finances, coopération au développement – a mis fin à la compartimentation injustifiée dont nos domaines d’activités respectifs ont trop longtemps pâti. Nous avons maintenant une approche plus cohérente, fondée sur une convergence de vues et une nouvelle conception du développement. L ’instauration de liens plus étroits et d’une meilleure compréhension mutuelle est des plus bénéfiques pour le système multilatéral; il nous reste à faire en sorte qu’elle le devienne aussi pour ceux que nous représentons, à savoir les peuples du monde.


Notre réunion se tient alors que les Nations Unies viennent de publier un rapport préoccupant selon lequel, cette année, la croissance économique mondiale devrait tomber de 4% à 2, 5%.  Dans le meilleur des cas, une embellie, encore que modeste, devrait intervenir dans le courant de 2002. Ce ralentissement survient moins de 4 ans après la dernière crise -- bien avant que l’on ait pu remédier à  ses séquelles et prendre les mesures préventives qui s’imposaient.


Alors que la crise de 1997-1998 a commencé dans les pays en développement, la baisse de régime actuelle s’est déclarée dans les pays industrialisés, avec un essoufflement marqué de l’économie aux Etats-Unis et des difficultés persistantes au Japon.  Il n’est pas facile de prévoir exactement quelles conséquences ce ralentissement aura pour le monde en développement,  mais les risques sont sérieux, d’autant que les effets des crises que connaissent les pays puissants se répercutent rapidement ailleurs, à la faveur des multiples canaux de l’économie mondialisée. Ce qui est sûr c’est que, comme chaque fois qu’une telle crise se produit, les pauvres en subiront le contrecoup bien plus durement que les autres. C’est pourquoi je vous exhorte à continuer d’accorder la plus grande attention aux besoins et aux aspirations des plus démunis, surtout dans les pays en développement. Il faut veiller à ce qu’ils ne deviennent pas les laissés-pour-compte de la mondialisation, voués à rester à la traîne, sans aide ni soutien.


La présente réunion se tient aussi à la veille de la troisième session du Comité préparatoire à la conférence internationale sur le financement du développement, qui sera organisée l’année prochaine au Mexique. Je crains fort que, si nous ne parvenons pas à mobiliser des ressources bien plus importantes – tant publiques que privées – les plans que nous avons élaborés pour éliminer la pauvreté et accélérer le développement ne soient voués à l’échec. Les pays donateurs, qui sont ceux à qui la mondialisation profite le plus, doivent accroître leur aide, comme le font déjà les plus généreux d’entre eux, et chercher à la rendre plus efficace.  Parallèlement, il faut veiller à ce que les ressources nationales soient mieux utilisées et faciliter l’accès des femmes au crédit.


Le rapport que j’ai établi à l’intention du Comité préparatoire contient toute une série de recommandations : renforcement des institutions financières, du cadre juridique et de la gouvernance en général; lutte énergique contre la corruption, où qu’elle sévisse et quelle que soit la forme qu’elle prend; annulation de la dette pour tous les pays les moins avancés et pour certains pays en développement. A cet égard, l’initiative récente de l’Union européenne tendant à accorder progressivement à tous les produits des pays les moins avancés, sauf les armes, l’accès aux marchés européens en franchise de droits marque un jalon important, dont d’autres devraient  s’inspirer. Il faut absolument rendre les pays en développement et les pays en transition moins vulnérables face aux variations soudaines des flux de capitaux.


Il est tout aussi crucial de veiller à ce que les pays en développement soient dûment représentés et aient pleinement voix au chapitre lorsqu’il s’agit de prendre des décisions susceptibles d’affecter leurs perspectives de développement, en particulier au sein des organes directeurs des institutions financières internationales.  Ce n’est pas simplement une question de justice; c’est aussi la seule façon de rendre ces instances plus efficaces, plus ouvertes et plus transparentes. Une telle évolution sur le plan de la gouvernance nationale et internationale serait également de nature à apaiser les critiques de la mondialisation et contribuerait à faire bénéficier tout un chacun de ses bienfaits.


Les problèmes avec lesquels nous sommes aux prises sont complexes et interdépendants. Mais ils ne sont pas insurmontables. Evitons, si vous le voulez bien, de remâcher de vieilles questions, de rouvrir de vieux débats. Il existe déjà un consensus sur les valeurs, les priorités et les objectifs devant guider l’action des Etats Membres : ces principes sont énoncés dans la Déclaration du millénaire, qui a été adoptée au plus haut niveau politique. Je sais que, comme moi, vous avez à cœur de voir se réaliser dans les meilleurs délais les engagements et promesses contenus dans la Déclaration.


Le Secrétariat continuera d’épauler les Etats Membres dans les efforts qu’ils déploient pour réaliser les objectifs qu’ils se sont fixés et de suivre, en consultation étroite avec les gouvernements et les peuples du monde, les résultats obtenus au plan mondial comme au plan national. J’espère que le Conseil économique et social et les institutions de Bretton Woods s’acquitteront du rôle qui est le leur et rehausseront encore leur coopération. Je vous souhaite plein succès dans vos délibérations.  Je vous remercie.


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