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SG/SM/7712

LE SECRETAIRE GENERAL ESTIME ESSENTIEL DE PERMETTRE AUX PAYS EN DEVELOPPEMENT DE MOBILISER LES CAPITAUX PRIVES

12/02/01
Communiqué de presse
SG/SM/7712


LE SECRETAIRE GENERAL ESTIME ESSENTIEL DE PERMETTRE AUX PAYS EN DEVELOPPEMENT

DE MOBILISER LES CAPITAUX PRIVES


On trouvera ci-après le texte de l’allocution du Secrétaire général, M. Kofi Annan, devant le Comité préparatoire de la Réunion intergouvernementale de haut niveau sur le financement du développement, le 12 février:


Lors du Sommet du Millénaire tenu en septembre dernier, les dirigeants de tous nos États Membres ont décidé que, d’ici à l’an 2015, ils mèneraient à bien les tâches suivantes:


•     Réduire de moitié la proportion de la population mondiale vivant dans la pauvreté abjecte et souffrant de la faim, sans accès à de l’eau potable salubre;


•     Garantir l’enseignement de base pour les enfants du monde entier, les garçons comme les filles;


•     Réduire la mortalité maternelle de trois quarts et la mortalité des enfants de moins de 5 ans de deux tiers, par rapport aux taux actuels;


•     Et arrêter, et commencer à réduire, la propagation du VIH/sida, du paludisme et d’autres maladies importantes.


En fixant ces objectifs, les dirigeants ne pensaient pas qu’ils décrivaient quelque chose qui se produirait spontanément. Ils savaient que cela exigerait des efforts massifs et concertés de la part de nombreux acteurs différents, les riches comme les pauvres, le secteur public comme le secteur privé, les milieux commerciaux comme les milieux volontaires.


En fait, ils ont exprimé leurs préoccupations face aux obstacles auxquels doivent faire face les pays en développement pour mobiliser les ressources dont ils ont besoin pour financer un développement soutenu.


Ils ont considéré que la Réunion de haut niveau de l’année prochaine était cruciale pour éliminer ces obstacles, et c’est dans ce contexte qu’ils ont décidé de faire tous les efforts possibles pour assurer son succès.


Votre présence ici aujourd’hui, Mesdames et Messieurs, s’inscrit dans le cadre de ces efforts. En d’autres termes, vous avez une lourde part de responsabilité dans le succès ou l’échec, au niveau mondial, des objectifs du Millénaire.


Lors du Sommet, la plupart des dirigeants mondiaux ont clairement compris que la mondialisation nous offre une occasion sans précédent d’éliminer de la condition humaine la pauvreté extrême. Toutefois, pratiquement tous les dirigeants des pays en développement ont exprimé leur frustration et leur colère parce que la plupart de leurs concitoyens n’en avaient encore tiré aucun avantage.


Nous avons donc un accord sur la nature du défi et nous avons clairement identifié des objectifs qui nous permettront d'évaluer notre progrès dans l’élimination de la pauvreté abjecte. Ce qui manque c’est un accord sur les moyens d'y parvenir.


J’estime qu’il y a deux tâches essentielles pour le processus dans lequel nous sommes engagés.


Premièrement, nous devons convenir des principales politiques qui doivent être appliquées. Quiconque a pris part à des activités de financement ou d’appel de fonds, que ce soit à des fins privées ou publiques, vous dira que les gens ne donnent pas d’argent si vous ne leur expliquez pas clairement comment vous avez l’intention de le dépenser.


Des politiques doivent être arrêtées à la fois au niveau national et au niveau international, et elles doivent porter aussi bien sur les ressources publiques que sur les ressources privées. Les pays en développement qui ont le mieux réussi sont ceux qui ont pu mobiliser des investissements privés, aussi bien de l’étranger que parmi leur propre population.


Les flux de capitaux privés vers le monde en développement sont beaucoup plus importants que l’aide publique, mais ils ne sont pas répartis d’une manière égale. Beaucoup des pays les plus pauvres, surtout en Afrique, sont presque entièrement tenus à l’écart.


Nous devons déterminer clairement ce qui est nécessaire pour permettre à tous les pays en développement de mobiliser des capitaux privés de cette manière.


Et nous devons trouver les moyens d’assurer la stabilité des flux de capitaux privés pour qu’ils ne deviennent pas la cause de crises qui replongent des millions de personnes dans la pauvreté, comme cela s’est produit dans certaines parties de l’Asie, de l’Amérique latine et de l’Europe orientale après 1997.


Les politiques doivent faire l’objet d’un accord entre tous les différents acteurs et parties intéressés, y compris les gouvernements, le secteur privé, la société civile, et des institutions internationales telles que la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, et l’Organisation mondiale du commerce.


L’Organisation des Nations Unies doit travailler en étroit partenariat avec ces institutions. Leurs secrétariats respectifs ont déjà été des partenaires très actifs et utiles lors de l’élaboration du rapport dont vous êtes saisis et qui, je l’espère, constituera un point de départ utile pour vos délibérations.


Au niveau international, il est particulièrement important que les pays en développement soient mieux représentés dans les débats sur les politiques. Ce sont eux les pays où le développement doit avoir lieu. Ce sont leurs populations qui doivent être sauvées de la pauvreté.


Nous aurions dû depuis longtemps abandonner l’idée que les priorités du développement peuvent être arrêtées dans des clubs où seuls les pays riches exercent une influence réelle.


Notre deuxième tâche consiste à attirer l’attention des dirigeants politiques et des milieux financiers du monde entier. Le développement est beaucoup trop important pour être confié à des ministères ou organismes spécialisés. Il doit mobiliser les énergies des gouvernements et de la société dans son ensemble.


Nous devons aider les pays en développement à s’organiser d’une manière qui encourage les investisseurs, aussi bien nationaux qu’étrangers.


Et nous devons motiver les populations et les gouvernements des pays industrialisés pour qu’ils soient disposés à consacrer davantage de ressources à l’allégement de la dette et à l’aide au développement, et à ouvrir plus largement leurs marchés aux produits des pays en développement.


C’est en tenant compte de cela notamment que j’ai demandé à un groupe de haut niveau, dirigé par l’ex-Président Ernesto Zedillo du Mexique, de donner une opinion indépendante sur ces questions.


La réputation des membres de ce groupe devrait par elle-même suffire pour attirer l’attention du monde entier, et je n’ai aucun doute que le contenu de leur rapport sera tout aussi intéressant. Il devrait être disponible à la fin du mois de mai, et j’espère que vous le trouverez utile.


Cette session de votre comité marque le début de la dernière étape d’un processus qui a une importance vitale pour des milliards d’êtres humains. Je voudrais répéter que les grands objectifs ont déjà été arrêtés par tous nos États au niveau le plus élevé.


Notre tâche maintenant est de faire en sorte que les engagements qui ont été pris ne soient pas oubliés, et que les moyens de parvenir aux objectifs – surtout ceux qui sont identifiés dans votre ordre du jour – bénéficient également d’un appui de haut niveau.


Si toutes les institutions internationales travaillent ensemble, et si les peuples du Nord comme du Sud font preuve de la volonté politique requise, il y a une possibilité réelle que la Réunion de haut niveau de l’année prochaine marque un tournant dans le destin des pays pauvres, et des populations pauvres, dans le monde entier.


Merci beaucoup.


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