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SG/SM/7707

LE SECRETAIRE GENERAL ENGAGE LE CONSEIL DE SECURITE À NE PAS LAISSER PASSER LA NOUVELLE CHANCE DE FAIRE LA PAIX EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

07/02/2001
Communiqué de presse
SG/SM/7707


                                                            AFR/301


LE SECRETAIRE GENERAL ENGAGE LE CONSEIL DE SECURITE À NE PAS LAISSER PASSER LA NOUVELLE CHANCE DE FAIRE LA PAIX EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO


Le Secrétaire général, M. Kofi Annan, s’adressant au Conseil de sécurité ce matin, a fait la déclaration suivante :


J’ai eu l’occasion de m’entretenir ce matin avec le Président Kagamé, avec lequel j’ai eu une conversation très utile. C’est la deuxième fois en moins d’une semaine que le Conseil se réunit pour réaffirmer qu’il s’engage à apporter la paix et la stabilité à la République démocratique du Congo.


Aujourd’hui, la présence opportune du Président du Rwanda au Conseil doit renforcer notre détermination à tirer parti des possibilités de changement qui s’ouvrent dans la région et à nous assurer qu’elles donnent un nouvel élan aux efforts déployés pour mettre définitivement fin au conflit en République démocratique du Congo. Ce qui est clair pour le Conseil, et devrait l’être pour toutes les parties, c’est qu’aucun pays de la région ne peut espérer jouir de la stabilité tant que le conflit en République démocratique du Congo durera, alors que tous profiteront d’un retour de la paix. Je tiens donc à féliciter le Président Kagamé et le Président Kabila de s’être rencontrés la semaine dernière à Washington pour examiner les problèmes auxquels doivent faire face leurs deux pays et la région tout entière.


Si l’on veut régler durablement la crise que traverse la région des Grands Lacs, il faudra s’attaquer à des questions difficiles, qui s’agisse de la gouvernance, du dialogue national, de la démocratie, de l’exercice des responsabilités ou de la réconciliation en République démocratique du Congo et dans la région tout entière. À ces problèmes s’ajoute celui de l’existence de groupes armés qui se livrent à des exactions. Trouver une solution militaire à ce grave problème ne sera sans doute pas facile, mais il ne faut pas que les auteurs des pires atrocités et atteintes aux droits de l’homme –  en particulier ceux qui se sont rendus coupables d’acte de génocide – restent impunis. D’un autre côté, nous devons comprendre que tous les pays de la région, et en particulier le Rwanda, ont des préoccupations légitimes en matière de sécurité.


Je voudrais aussi féliciter le Gouvernement et le peuple rwandais des efforts qu’ils déploient pour construire et moderniser leur nation. Beaucoup reste à faire, mais l ’Organisation des Nations Unies continuera de fournir toute l’aide possible pour aider le Rwanda à s’acquitter de ces tâches.


Lorsqu’ils ont accueilli le Président Joseph Kabila au cours de sa brève visite la semaine dernière, de nombreux membres du Conseil de sécurité ont souligné qu ’il y avait là une occasion à ne pas manquer pour la République démocratique du Congo. En outre, la façon dont certains dirigeants de la région ont réagi aux derniers événements montre qu’ils ont le désir sincère d’appliquer l’Accord de Lusaka sous tous ses aspects. J’espère que nous pourrons mettre à profit ce nouvel élan, ainsi que le fait qu’il n’y a eu aucune violation grave du cessez-le-feu au cours des deux dernières semaines.


Alors que l’Organisation des Nations Unies s’apprête à mettre en œuvre le plan de désengagement signé à Harare en décembre, je pense qu’il est une mesure qui contribuerait pour beaucoup à rétablir la confiance : le commandant de la Force de la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC), le général Diallo, est actuellement en pourparlers avec les autorités de Kigali et de la République démocratique du Congo pour obtenir le retrait des forces rwandaises et de leurs alliés de la ville de Pweto, située sur le lac Mweru au Katanga. Il semble qu’un accord soit intervenu, sinon sur tous les plans, du moins sur une bonne partie d’entre eux. La MONUC se tient prête à déployer une équipe d’observateurs dans la ville dès que toutes les dispositions voulues auront été prises. Un retrait des forces rwandaises et de leurs alliés de Pweto, conformément au plan de désengagement d’Harare, permettrait de bien amorcer la mise en œuvre du plan de désengagement. Il constituerait aussi un important pas en avant dans l’application de la résolution 1304 (2000), en date du 16 juin 2000, dans laquelle le Conseil demande le retrait de toutes les troupes étrangères du territoire de la République démocratique du Congo.


Dans le rapport que j’ai l’intention de soumettre au Conseil la semaine prochaine, je proposerai un concept d’opérations révisé concernant le déploiement de la MONUC. Je demanderai le déploiement de personnel supplémentaire pour vérifier l’application par les parties du plan de désengagement d’Harare. La MONUC a déjà pris des mesures initiales dans le cadre du mandat approuvé par le Conseil en février 2000. Si celui-ci approuve le concept révisé, la MONUC sera à même d’aider les parties à retirer leurs troupes de la zone d’affrontement, ce qui permettra de réduire les risques d’accrochages et constituera une première étape vers un retrait total de toutes les forces étrangères du pays.


Peut-être sommes-nous aussi sur le point de passer à une nouvelle étape, plus constructive, du processus qui doit mettre un terme au conflit et à l’instabilité dans la région. Nous ne devons toutefois pas perdre de vue l’ampleur des problèmes à surmonter. Mon plus grand espoir est que le règlement du conflit en République démocratique du Congo apportera la paix à toute la région des Grands Lacs et, en particulier, au Rwanda. Nous nous efforçons aussi de relancer d’urgence le dialogue intracongolais, et j’espère que le sommet qui doit se tenir dans la région mettra l’accent sur cet aspect du problème. Il existe une nouvelle chance de faire la paix; j’engage le Conseil et tous les pays de la région à ne pas la laisser passer.


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