En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/7706

LA PAIX NE PEUT S’EDIFIER DURABLEMENT QUE SUR DES FONDATIONS SOLIDES, DECLARE M. ANNAN

06/02/01
Communiqué de presse
SG/SM/7706


LA PAIX NE PEUT S’EDIFIER DURABLEMENT QUE SUR DES FONDATIONS SOLIDES,

DECLARE M. ANNAN


On trouvera ci-après la déclaration du Secrétaire général, M. Kofi Annan, à l’occasion de la quatrième réunion de haut niveau, le 6 février, entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales, à New York:


C'est un grand plaisir pour moi de vous accueillir à New York dans le cadre de cette quatrième réunion de haut niveau entre l’Organisation des Nations Unies et tant de grandes organisations régionales représentées ici aujourd’hui.


Vous êtes pour l’ONU des partenaires et des alliés particulièrement importants. Nos organisations ont chacune leur rôle et leurs compétences spécifiques. Mais aucune ne peut affronter seule les gigantesques défis de notre époque. La coopération n’est pas donc seulement un choix : c’est une nécessité. Nous pouvons apprendre les uns des autres, et notre union fera notre force.


J’aimerais souhaiter la bienvenue à trois organisations qui se joignent à nous aujourd’hui pour la première fois – l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est, le Forum des îles du Pacifique et la Communauté de développement de l’Afrique australe. Je salue également la présence parmi nous, pour la première fois, d’un certain nombre d’organes et organisations des Nations Unies, dont le Conseil économique et social, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, les commissions économiques régionales et l’Office des Nations Unies à Vienne, ainsi que de mon Représentant spécial pour les enfants et les conflits armés. Cette participation élargie traduit non seulement l’importance croissante du Forum, mais aussi une prise de conscience de plus en plus grande des aspects socioéconomiques des conflits armés.


À notre dernière réunion, il y a deux ans et demi, nous nous sommes surtout intéressés à la prévention des conflits et avons défini, pour la première fois, un cadre de coopération. Vous avez maintenant entre les mains le rapport d’activité établi par le Secrétariat de l’ONU. Comme vous le savez, nous allons débattre pendant deux jours d’un sujet apparenté, à savoir la consolidation de la paix.


Dans ce domaine comme dans tant d’autres, la nécessité de travailler ensemble n’a jamais été aussi forte. D’abord en raison du nombre de conflits armés qui ont pris fin ces dernières années. Beaucoup de pays sont maintenant dans une délicate situation d’après conflit et font face à des tâches difficiles comme la réconciliation et le relèvement.


L’ONU et les organisations régionales se sont massivement mobilisées en faveur des pays sortant d’un conflit – que ce soit dans les Balkans, en Afrique, en Amérique centrale ou en Asie du Sud-Est. Notre objectif commun est d’empêcher la reprise des hostilités, mais il implique des interventions si diverses, allant du conseil politique aux droits de l’homme en passant par le développement économique et la bonne gouvernance, que nous devons de toute évidence nous répartir les tâches.


Par ailleurs, nous réalisons de plus en plus clairement que la consolidation de la paix doit commencer bien avant la fin du conflit, ce qui nous donne une deuxième raison pour coopérer davantage encore que par le passé. Les instruments de consolidation peuvent servir à prévenir les conflits dans les pays où les tensions et l’instabilité risquent manifestement de dégénérer en affrontements meurtriers.


Les conflits actuels ont souvent pour origine la pauvreté endémique et le sous-développement, des institutions faibles ou inexistantes, une mauvaise gestion des affaires publiques, des violations flagrantes et systématiques des droits de l’homme. Nous ne devons pas attendre que les guerres soient terminées pour nous attaquer à ces causes sous-jacentes : nous devons agir avant même qu’elles n’éclatent, et pendant les hostilités, dans le cadre de nos efforts de paix. C’est là aussi une tâche trop immense pour que nous l’entreprenions seuls.


L’ONU a enregistré un certain nombre de résultats et quelques revers dans ses efforts de consolidation de la paix. De leur côté, les organisations régionales ont connu leurs réussites et leurs échecs. Alors, même si chaque situation est unique en son genre, nous pouvons tirer ensemble quelques leçons de notre expérience passée et cerner globalement ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. J’espère que cet échange sur ce que nous avons appris les uns et les autres nous donnera une idée plus claire du champ et des moyens de notre action commune. Je vois pour ma part cinq grands domaines de coopération possibles:


Premièrement, négocier les accords de paix et en assurer la mise en œuvre;


Deuxièmement, promouvoir la sécurité et la stabilité;


Troisièmement, promouvoir la bonne gouvernance, la démocratisation et les droits de l’homme;


Quatrièmement, promouvoir la justice et la réconciliation;


Cinquièmement, trouver de meilleurs moyens permettant d’associer secours d'urgence et aide au développement à plus long terme.


Nous devons tous tirer parti des outils et des approches utilisés par tel ou tel pour accomplir ces tâches. Nous devons aussi mieux définir nos objectifs. Et nous devons surtout évaluer ce que chacun fait le mieux, puis nous entraider en veillant à ne pas nous gêner mutuellement. J’espère qu'au bout de nos discussions, nous aurons une vision commune de la consolidation de la paix ainsi qu’un plan d’action concret. Le Secrétariat de l’ONU a diffusé à cette fin un document d’orientation contenant quelques-unes de ses propositions.


Je me félicite du débat public qui a eu lieu hier au Conseil de sécurité sur la consolidation de la paix, et j’espère qu’à l’issue de nos deux journées de discussion nous présenterons au Conseil des propositions qu’il pourra appuyer quand il se saisira de nouveau de cette question.


Je sais que vous êtes persuadés comme moi que la paix ne peut s’édifier durablement que sur des fondations solides, montées rangée par rangée, loi après loi, institution après institution. Notre défi commun, comme toujours, est de mobiliser les ressources et les volontés politiques. Votre dynamisme et votre envie d’agir sont très encourageants. J’attends avec intérêt vos points de vue et je suis sûr que nos discussions seront très fructueuses. Je vous remercie de votre attention.


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