UNE CULTURE DE PREVENTION EST PLUS AVANTAGEUSE, TANT SUR LE PLAN HUMAIN QUE FINANCIER, QU'UNE CULTURE DE REACTION, DÉCLARE LE SECRETAIRE GENERAL
Communiqué de presse SG/SM/7695 |
UNE CULTURE DE PREVENTION EST PLUS AVANTAGEUSE, TANT SUR LE PLAN HUMAIN QUE FINANCIER, QU'UNE CULTURE DE REACTION, DÉCLARE LE SECRETAIRE GENERAL
Message du Secrétaire général, M. Kofi Annan, prononcé par M. Jean-Marie Guehenno, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, au Colloque international sur le maintien de la paix et la prévention des conflits, Paris 31 janvier -1er février 2001 :
Aucun autre domaine dont s'occupe l'ONU ne reçoit autant d'attention et de ressources que celui du maintien de la paix. Pourtant, force est de constater que nos moyens d'action restent trop faibles et que nous sommes bien trop souvent impuissants à maintenir la paix et la sécurité internationales, comme la Charte nous en a donné la responsabilité.
Pourquoi en est-il ainsi ? Trois études majeures, publiées en 1999 et 2000, aident à comprendre les besoins et le potentiel des opérations de paix des Nations Unies. Je veux parler des rapports sur les tragédies de Srebrenica et du Rwanda, et du rapport Brahimi sur les opérations de paix des Nations Unies.
Les deux premiers rapports ont mis en lumière les erreurs qui avaient été commises, y compris à elle-même, et ont fait ressortir certains enseignements clairs qui ont depuis lors été confirmés par l'expérience : il importe que les Etats Membres et le Secrétariat agissent de concert, tout en respectant leurs rôles et responsabilités respectifs; il importe de mettre à la disposition des missions, y compris les opérations de maintien de la paix, les ressources humaines et financières dont elles ont besoin pour exécuter leur mandat, et il importe de leur donner une capacité de dissuasion crédible. Enfin, la volonté politique de faire le nécessaire pour assurer le bon fonctionnement des opérations est elle aussi déterminante.
Les rapports sur les tragédies du Rwanda et de Srebrenica nous ont aussi aidés à réfléchir à ce que, dans mon rapport du millénaire, j'ai appelé "le dilemme de l'intervention". Il est relativement facile à la communauté internationale d'affirmer haut et fort qu'il faut à tout prix éviter que les tragédies du Rwanda et de Srebrenica ne puissent se reproduire. Pourtant nous sommes encore bien loin de pouvoir dire ce que nous devons faire lorsque se produisent des violations flagrantes, massives et systématiques des droits de l'homme, allant à l'encontre de tous les principes sur lesquels est fondée notre condition d'êtres humains.
De nombreux Etats ont des réserves sérieuses et légitimes au sujet de l'intervention. Mais je pense qu'il s'agit au fond d'un problème de responsabilité : en cas de violations massives des droits de l'homme universellement acceptés, le Conseil de sécurité a la responsabilité d'agir.
- 2- SG/SM/7695
31 janvier 2001
L'évolution de la nature des conflits au cours des dix dernières années et les nouvelles menaces à la sécurité internationale que constituent les déplacements massifs de population, le terrorisme international, le trafic des drogues et des armes, et la pandémie du sida ont rendu la tâche de l'ONU de plus en plus compliquée. Nos opérations de paix ont évolué. Elles englobent désormais des activités beaucoup plus vastes et plus complexes que les tâches traditionnelles du maintien de la paix.
Nous nous efforçons aussi d'adopter une approche beaucoup plus coordonnée à l'égard de toute une gamme de problèmes. Dans de nombreux pays, les programmes et institutions des Nations Unies ont été regroupés dans une "équipe de pays", dirigée par le coordonnateur résident. Nous disposons ainsi, sur le terrain, de mécanismes plus adaptés pour faire face à une situation qui évolue rapidement et réagir lorsqu'une crise éclate.
Le mois dernier, l'Assemblée générale a donné son feu vert à l'application immédiate d'une partie des recommandations figurant dans le rapport Brahimi sur les opérations de paix des Nations Unies. Ce rapport sans précédent identifie clairement les réformes nécessaires et contient, entre autres, des propositions pour renforcer notre capacité d'alerte avancée et notre capacité de déploiement sur le terrain dès le tout début d'une crise.
Tant sur le plan humain que financier, une culture de prévention est plus avantageuse qu'une culture de réaction. Il est en effet bien moins coûteux de se déployer préventivement que de remettre sur pied un pays détruit par la guerre. Je sais que les dirigeants politiques ont du mal à convaincre leur opinion publique de la nécessité de mener des actions préventives à l'étranger; les coûts en sont encourus immédiatement alors que les avantages sont beaucoup plus difficiles à expliquer et à faire comprendre.
Mais la responsabilité première de la prévention incombe aux Etats Membres et l'ONU ne peut aider à prévenir les conflits que si ceux-ci donnent l'impulsion nécessaire à l'action et fournissent les ressources requises. C'est pourquoi je suis heureux de constater l'attention croissante que les Etats Membres portent à la question de la prévention. Ce fut le cas lors de la dernière Assemblée générale et lors des débats publics que le Conseil de sécurité a organisés sur ce sujet en novembre 1999 et en juillet 2000. Le plan d'action adopté par le G-8 en juillet dernier est également encourageant. Ce qu'il faut maintenant, c'est traduire ces déclarations en actions concrètes chaque fois qu'une situation l'exige.
Dans cette optique, je présenterai en mai prochain des recommandations au Conseil de sécurité et à l'Assemblée générale en vue de la mise au point d'une stratégie pratique et globale de prévention des conflits. J'espère sincèrement que les Etats Membres, comme ils s'y sont engagés lors du Sommet du millénaire, nous aideront à renforcer nos moyens et nos outils pour que nous puissions, ensemble, libérer les peuples du fléau de la guerre.
Je vous remercie et vous souhaite une réflexion fructueuse.
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