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SG/2068

LE SECRETAIRE GENERAL DE L’ONU APPELLE LES GOUVERNEMENTS A RELEVER LE DEFI DU SIDA

20/02/2001
Communiqué de presse
SG/2068


                                                            AIDS/1


LE SECRETAIRE GENERAL DE L’ONU APPELLE LES GOUVERNEMENTS A RELEVER LE DEFI DU SIDA


New York, 20 février 2001 – Déclarant l'épidémie de VIH/SIDA de "défi au développement le plus grand de nos jours", le Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, appelle, dans un rapport qui paraît aujourd'hui, les gouvernements à garantir un engagement mondial pour une action intensifiée et coordonnée.


Le rapport a été diffusé en vue de la Session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le VIH/SIDA, qui se tiendra à New York du 25 au 27 juin 2001. Selon le rapport, le premier cycle de négociations formelles pour la Session extraordinaire débutera durant la semaine du 26 février.


Le rapport appelle à une intensification et à un élargissement des engagements politiques et financiers des nations dans leur riposte à la crise du SIDA. En novembre 2000, l’Assemblée générale, alertée par l’accélération de l’épidémie et son impact dans le monde, a décidé de tenir une Session extraordinaire sur le VIH/SIDA au plus haut niveau politique. La Session suit les appels à une action concrète lancés par les Nations Unies dans la Déclaration du millénaire, adoptée en septembre 2000 par des leaders mondiaux à l’occasion du Sommet du millénaire.


Plus spécifiquement, le rapport appelle les gouvernements du monde entier à affronter un ensemble de sept défis majeurs qui aideront à endiguer l’épidémie de SIDA :


·         élaborer un leadership et une coordination efficaces,

·         alléger l’impact social et économique de l’épidémie,

·         réduire la vulnérabilité à l’infection par le VIH de certains groupes sociaux,

·         atteindre les cibles convenues en matière de prévention de l’infection par le VIH

·         faire en sorte que la prise en charge et le soutien soient disponibles pour les personnes infectées et affectées par le VIH/SIDA,

·         mettre au point des produits internationaux pertinents et efficaces,

·         mobiliser les ressources financières au niveau requis.


« Le leadership est indispensable à une riposte efficace » a déclaré M. Annan, évoquant l’un des défis soulignés dans le rapport. « L’un des problèmes clés auxquels la communauté mondiale est confrontée est d’élaborer et de poursuivre les efforts d’un leadership engagé – question vitale pour la compréhension de la nature de l’épidémie à travers la société tout entière et pour la mobilisation de la riposte nationale. »


Un autre défi important consiste à alléger les impacts sociaux et économiques de l’épidémie. Dans de nombreux pays, le SIDA a fortement ébranlé des secteurs clés. Son impact négatif sur le développement économique, l’enseignement, la santé et l’agriculture est évident. En outre, d’après le rapport, les conflits, la guerre, l’incertitude économique, l’inégalité entre les sexes et l’exclusion sociale ont rendu les gens plus vulnérables à l’infection par le VIH.


Le rapport déclare aussi qu’un effort de prévention élargi est crucial pour endiguer le cours de l’épidémie, et ce que l’on dépense pour la prévention aide à alléger le coût et l’impact futurs de l’infection. La prévention de la transmission de la mère à l’enfant est une intervention particulièrement efficace. Un traitement court par les antirétroviraux peut diminuer le taux de transmission aux enfants de 20 à 50%.


Il faut aussi aborder, avec la nécessité de renforcer les systèmes de soins de santé, la question de l’accessibilité financière aux médicaments contre les infections opportunistes et à la thérapie antirétrovirale – l’une des barrières les plus importantes à l’amélioration de l’accès aux soins. Le dialogue, amorcé en mai 2000, entre le système des Nations Unies et plusieurs compagnies pharmaceutiques basées sur la recherche et le développement, ainsi que la disponibilité accrue des versions génériques des médicaments antirétroviraux, ont permis de faire certains progrès vers une réduction du prix des médicaments. Malgré ces efforts, le rapport souligne que bien davantage reste à faire si l’on veut éviter que l’accès aux soins et au traitement ne reste hors de portée pour la majorité des personnes vivant avec le VIH et le SIDA.


Le rapport souligne également que les inégalités persistantes au niveau de l’accès à des soins et à un traitement efficaces doivent être abordées spécifiquement par tous les moyens possibles, notamment par le biais de la fixation de prix équitables, de la concurrence entre les fournisseurs, de l’approvisionnement régional, d’accords de licence, et de l’utilisation efficace de garanties sanitaires dans les accords commerciaux.


Dans son rapport, le Secrétaire général appelle également à une recherche et un développement internationaux ciblés pour la production de microbicides et de vaccins contre le VIH/SIDA, ainsi qu’à une forte augmentation des ressources permettant de relever les défis liés à l’épidémie grandissante.


L’un des objectifs de la Session extraordinaire sera d’appeler au renforcement des engagements financiers en faveur de la riposte au SIDA, qui manque cruellement des fonds nécessaires.


Enseignements tirés


En dépit de la propagation dramatique et continue de l’épidémie, on a beaucoup appris depuis l’apparition de la maladie il y a deux décennies, et le potentiel d’inverser le cours de l’épidémie de SIDA n’a jamais été aussi fort.


« L’expérience collective du VIH/SIDA a évolué au point qu’on peut désormais déclarer avec confiance qu’il est techniquement, politiquement et financièrement possible de juguler le VIH/SIDA et de réduire sensiblement sa propagation et son impact » a déclaré M. Annan dans son rapport.


A la fin de l’année 2000, 36,1 millions d’hommes, de femmes et d’enfants vivaient avec le VIH ou le SIDA dans le monde, et la maladie avait tué 21,8 millions de personnes. La même année, selon les estimations, il y a eu dans le monde 5,3 millions de nouvelles infections et 3 millions de décès, soit le nombre de décès dus au SIDA le plus élevé qui ait jamais été enregistré.


Toutefois, une épidémie plus grave encore peut être évitée, souligne le rapport. Presque partout, des programmes de prévention à grande échelle ont clairement démontré que la propagation du VIH pouvait être réduite, particulièrement parmi les jeunes et les populations difficiles à atteindre.


Le rapport mentionne également que les actions couronnées de succès sont enracinées dans les communautés, que la responsabilisation des jeunes et des femmes est essentielle, et que les personnes vivant avec le VIH ou le SIDA sont au cœur de l’action. Une approche fondée sur les droits de la personne est fondamentale : le combat contre la stigmatisation est une nécessité absolue, et sa valeur est déterminante lorsqu’il s’agit de lutter contre le déni et la honte, deux obstacles majeurs à l’ouverture d’un dialogue sur le VIH/SIDA.


Une mosaïque complexe


L’un des principaux enseignements tirés de l’épidémie est que cette dernière est complexe et doit être attaquée sur plusieurs fronts – en abordant ses risques, les facteurs qui affectent la vulnérabilité à la maladie, ainsi que l’impact de l’épidémie.


« Le SIDA est devenu une crise majeure du développement. Il tue des millions d’adultes dans la fleur de l’âge. Il fait éclater et appauvrit les familles, affaiblit la main-d’œuvre, rend des millions d’enfants orphelins, et menace le tissu social et économique des communautés et la stabilité des nations » a déclaré M. Annan. Il est apparu clairement que les activités uniques, isolées, ne donnent pas de résultats durables, et que les interventions pour réduire le risque de VIH et changer les comportements ne sont efficaces que lorsque tout un ensemble de ministères gouvernementaux et de partenaires dans les domaines social, économique et sanitaire y participent.


On trouve aujourd’hui le SIDA partout dans le monde, mais c’est en Afrique subsaharienne qu’il a frappé le plus fort. C’est en Afrique que vivent 70% des adultes et 80% des enfants touchés par le VIH et que sont survenus les trois quarts des décès dus au SIDA depuis le début de l’épidémie. Pendant l’année 2000, on estime que 3,8 millions de personnes ont été infectées par le VIH en Afrique subsaharienne, et 2,4 millions de personnes sont décédées. Le SIDA est maintenant la première cause de décès en Afrique.


L’Asie a jusqu’ici échappé aux taux élevés d’infection enregistrés en Afrique. Seuls trois pays – le Cambodge, le Myanmar et la Thaïlande – ont des taux de prévalence dépassant 1% chez les 15 à 49 ans. Mais les infections sont en augmentation. L’an passé, en Asie du Sud et du Sud-Est, 780 000 adultes, dont près des deux tiers sont des hommes, ont été infectés. L’Asie de l’Est et le Pacifique ont enregistré 130 000 nouvelles infections.


Les pays d’Europe orientale et de l’ex-Union soviétique présentent certaines des tendances les plus dramatiques de l’épidémie mondiale de SIDA. D’abord caractérisée par des taux de prévalence très faibles, la région fait face aujourd’hui à un accroissement extrêmement rapide du nombre des nouvelles infections, qui ont passé de 420 000 à la fin de 1999 à au moins 700 000 un an plus tard.


En Amérique latine, on estime à 150 000 le nombre d’adultes et d’enfants qui ont été infectés durant l’année 2000, ce qui porte le nombre total des personnes infectées à 1,4 million. Les Caraïbes ont le taux d’infection à VIH le plus élevé du monde après l’Afrique subsaharienne, et le SIDA est déjà la plus importante cause simple de décès chez les jeunes hommes et femmes de la région.


Les pays nantis ont constaté un déclin important des décès liés au SIDA à la fin des années 1990, car une thérapie antirétrovirale efficace prolonge la vie des gens. Toutefois, cette bonne nouvelle est tempérée par le ralentissement des efforts de prévention et par de nouvelles infections qui ne montrent aucun signe de ralentissement. En 2000, en dépit d’années de sensibilisation au SIDA,

30 000 personnes ont été infectées en Europe occidentale et 45 000 en Amérique du Nord.


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Pour plus de renseignements, veuillez contacter Anne Winter, ONUSIDA, Genève,

(+41 22) 791.4577, Dominique de Santis, ONUSIDA, Genève, (+41 22) 791.4509, Michel Aublanc, Conseils Relations Presse, Paris, 01.69.286.286 ou Pragati Pascale, Département de l’Information ONU, New York (+1 212) 963.6870. Pour plus d’informations sur le programme, vous pouvez également visiter la page d’accueil de l’ONUSIDA sur Internet (http://www.unaids.org).


Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA (ONUSIDA) rassemble en un tous les efforts et les ressources de sept organisations du système des Nations Unies, afin d’aider le monde à prévenir les cas nouveaux d’infection à VIH, à prendre en charge les personnes déjà infectées, et à atténuer l’impact de l’épidémie. Son but est de contribuer à la mise en place et à l’appui d’une action élargie – une action qui met à contribution de nombreux secteurs et partenaires des pouvoirs publics et de la société civile.


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