POP/795

COMMISSION DE LA POPULATION : LES LIENS ENTRE POPULATION, ENVIRONNEMENT ET DEVELOPPEMENT SONT ETROITS ET COMPLEXES

03/04/2001
Communiqué de presse
POP/795


Commission de la population

et du développement

4ème séance et table ronde - après-midi


COMMISSION DE LA POPULATION : LES LIENS ENTRE POPULATION, ENVIRONNEMENT

ET DEVELOPPEMENT SONT ETROITS ET COMPLEXES


Les rapports de quatre experts

donnent lieu à un échange de vues lors de la table ronde


Il faut ajouter le développement économique à l’équation population/environnement, a suggéré M. Egero, expert entendu par la Commission cet après-midi, au cours de la table ronde qui a suivi le débat général.  La Commission a poursuivi le débat sur "l’expérience des pays en matière de population: population, environnement et développement", qui a précédé la table ronde sur ces trois thèmes.  Le concept de développement durable a été largement abordé et l’expert précité a considéré qu’il ne résoudra pas les problèmes mais pourra être la voie à des réflexions scientifiques et politiques créatives.  Pour le représentant du Nigéria, il est nécessaire d’intégrer les préoccupations en matière de population et d’environnement, pour parvenir à un développement durable, en prenant en compte la dimension culturelle.


Les délégations ont indiqué les actions et mesures qu'ont adopté leur gouvernement dans les trois domaines concernés.  Des délégués ont mis l’accent sur la nécessité d’un partenariat soutenu entre les gouvernements et la société civile, d'une part et d’une collaboration avec la communauté internationale, d'autre part.  Le représentant de l’Espagne a expliqué les conséquences du vieillissement général des populations, qu’il a qualifié de «révolution silencieuse» au cours de laquelle le nombre de personnes âgées a doublé à la fin du XXe siècle alors qu’ il ne faudra que 25 ans pour que la même chose se produise au cours du siècle actuel dans des régions comme l’Asie.


En matière de santé, la lutte contre le VIH/sida est évidemment une des priorités des gouvernements, particulièrement en Afrique.  En outre, la Guinée a déclaré qu’elle avait adopté une loi sur la santé de la reproduction qui a pour but d’abolir la pratique de mutilations génitales féminines.  Quant à l’environnement et à ses influences sur la santé, l’approche du 15ème anniversaire de l’accident de Tchernobyl (13 avril) a incité l’Ukraine, à l’exemple du Bélarus ce matin, à évoquer les conséquences négatives de cette catastrophe écologique planétaire sur un nombre très important de personnes. 


Les représentants des pays suivants ont pris la parole: Ukraine, Espagne, Inde, Jamaïque, Guinée et Nigéria.  Une table ronde a eu lieu en deuxième partie de la réunion, et la Commission a entendu les experts suivants : M. Bertil Egero, M. Prijono Tjiptoherijanto, Mme Elena Zuniga-Herrera et M. Jacques van Zuydam. 

Un échange de vues s’en est suivi.


La Commission poursuivra son débat demain après-midi à 15 heures.


L'EXPERIENCE DES PAYS EN MATIERE DE POPULATION: POPULATION, ENVIRONNEMENT ET DEVELOPPEMENT


Fin du débat général


M. MARKIYAN KULYK (Ukraine) a défini les questions prioritaires pour son pays, à savoir l’utilisation durable de la terre, la déforestation croissante, les problèmes de santé dus aux risques de la vie contemporaine ainsi que les maladies nouvelles et celles qui ont réapparu.  Une autre priorité du Gouvernement de l'Ukraine est d'assurer que la mise en oeuvre du Plan d’action de la CIPD se fonde sur des données fiables.  Nous attachons une importance particulière aux efforts déployés par la communauté internationale pour endiguer la pandémie de VIH/sida, car l’Ukraine étant durement touchée.  Il est temps pour les Nations Unies d’élaborer un agenda mondial pour lutter contre cette maladie, a-t-il déclaré.  Le représentant a rappelé que le 13 avril sera le 15ème anniversaire du désastre de Tchernobyl, dont les conséquences négatives continuent de peser sur 3,3 millions de personnes en Ukraine.  Cette catastrophe écologique de dimension planétaire mérite qu’une attention particulière y soit portée, a-t-il estimé.  Pour traiter ses conséquences, l’Ukraine a élaboré le concept de protection de la population  ainsi qu’un programme y afférant pour la période 2000-2005.  Malgré cela, les conditions de santé continuent de s’aggraver, a-t-il regretté.  Il a noté que la tendance à la réduction des risques environnementaux modernes s’est confirmée, avec notamment l’abandon des installations dangereuses.  Enfin, il a évoqué la cinquième conférence interministérielle “Environnement pour l’Europe”, qui sera accueillie par son pays et comptera la participation de 60 ministères.  Il a espéré qu’elle aboutira à définir un ensemble de priorités permettant d’assurer un développement durable et la sauvegarde de l’environnement.


M. JOSE LUIS ROSELLO (Espagne), s’exprimant devant la Commission, en tant qu’observateur, a insisté sur les conséquences du vieillissement général des populations, «révolution silencieuse» au cours de laquelle le nombre des personnes âgées a doublé à la fin du XXe siècle alors qu’il ne faudra, a-t-il souligné, que 25 ans pour que la même chose se produise au cours du siècle actuel dans des régions comme l’Asie.  Il a estimé que la 34e session de la Commission de la population et du développement était le cadre idéal pour faire en sorte que la seconde Assemblée mondiale sur le vieillissement qui se tiendra à Madrid l’année prochaine, serve de catalyseur à la concrétisation des intérêts et propositions qui ont vu le jour en 1999, à l’occasion de l’Année internationale des personnes âgées. 


Le représentant a fait part des initiatives entreprises par l’Espagne dans le cadre des préparatifs de l’Assemblée mondiale, notamment en fournissant une aide financière à l’une des réunions d’experts préalables qui aura lieu à Berlin au deuxième semestre 2002, en finançant la réunion préparatoire des pays d’Amérique latine et en apportant sa contribution au Fonds des Nations Unies pour le vieillissement de façon à faciliter la participation des représentants des pays en développement.  Il a lancé un appel pour que l’Assemblée mondiale qui se tiendra à Madrid et ses préparatifs ouvrent la voie à la prise de décisions proches des réalités et embrassant le futur.


M. A NANDA (Inde) a rappelé que le territoire de son pays représente 2,4% des terres du monde, tandis que sa population représente 16% de la population mondiale.  Il a cité les progrès accomplis par l’Inde au cours des cinquante dernières années, tels que la progression du taux d’alphabétisation, la baisse du taux de mortalité infantile ou encore l’augmentation de l’espérance de vie.  Les engagements figurant au Programme d’action de la CIPD sont incorporés au neuvième plan quinquennal de l’Inde, a indiqué le représentant, témoignant de notre engagement profond en ce domaine.  La Politique démographique, 2000 est axée sur l’amélioration de la qualité de vie de la population, a-t-il précisé.  Il a annoncé qu'en ce qui concerne le taux de fécondité, l'objectif est d'arriver au seuil de remplacement en 2010 et de parvenir à stabiliser la population vers 2045.  Il a expliqué que le programme relatif à la santé en matière de reproduction a été bien appliqué et qu’il touche les groupes les plus difficiles à atteindre, grâce notamment aux organisations non gouvernementales.  Celles-ci essayent d’assurer un soutien technique plus efficace.  Au niveau politique encore, il a indiqué qu’un groupe d’action met au point des programmes en fonction des besoins de la population.  Le programme d’intégration dans les villes, par exemple, est centré sur les communautés locales.  Le représentant s’est ensuite félicité que le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté ait nettement diminué et que la réforme de l’économie en Inde place le pays parmi les dix économies qui se développent le plus vite.  La croissance économique et la réduction de la pauvreté exigent des ressources importantes et l’Inde regrette que les pays du Nord n'aient pas donné suite aux engagements pris au Caire et à Rio.  L'Inde s'efforce d'utiliser les sources d'énergie renouvelables, a-t-il ajouté.  Il a conclu que les investissements dans les domaines importants pour l’éradication de la pauvreté, tels que l'éducation primaire, l'approvisionnement en eau potable, le logement et les infrastructures, sont indispensables si l'on veut parvenir à stabiliser la population, assurer le développement et protéger l'environnement.


M. RICHARD LAWRENCE (Jamaïque) a mis en avant le fait que la  Conférence internationale sur la population et le développement avait jeté des jalons pertinents en matière de corrélations entre population, développement et environnement, ces données étant devenues des priorités en Jamaïque.  La Jamaïque, a-t-il indiqué, a révisé sa politique démographique et a formulé un plan d’action élaboré en collaboration avec les ONG et qui inclut notamment l’éducation, la politique de la famille, les personnes âgées et la pauvreté.  La prévention en matière de santé sexuelle et de la reproduction est essentielle, encore faut-il en avoir les moyens, a-t-il fait observer.  Malgré une baisse sensible en près de trente ans, le taux de fécondité des adolescentes reste préoccupant, 25% des naissances se produisant chez les 15-19 ans.  Dans le même temps, leur risque de contamination par le VIH/sida est le plus élevé de toutes les tranches d’âge.  La pauvreté touche particulièrement la jeunesse et la maternité précoce est un facteur aggravant.  Il a précisé que les politiques d’ajustement structurel avaient fait peser des contraintes sur les programmes sociaux et que la crise économique récente s’était encore traduite par une réduction du budget qui leur est affecté.


Les pays en développement tels que la Jamaïque ont démontré leur volonté de mettre en œuvre le Programme d’action, a-t-il conclu, mais la réalité est que les objectifs de ressources définis par ce Programme leur fait toujours défaut.


M. AKINTOBI A. KADEJO (Nigéria) a apporté le soutien de sa délégation à la déclaration faite par l’Iran au nom du Groupe des 77.  Il a attiré l’attention sur le fait que l’urbanisation et la vie urbaine constituait la pierre de touche de l’écologie humaine moderne.  La croissance rapide des villes a généré l’inégalité, la pauvreté et les risques environnementaux, tels que la pollution de l’air, les embouteillages et les îlots de chaleur urbaine, a-t-il fait valoir.  Le rapport de la Banque mondiale intitulé «Vers le développement d’un Plan d’action dans le domaine de l’environnement au Nigéria» de 1990 a évalué à 5,1 milliards de dollars les pertes annuelles liées à la contamination de l’eau, à la prolifération des jacinthes d’eau, à la déforestation, aux pertes de la pêche et de la faune, à la dégradation du sol, au ravinement et à l’érosion côtière, a-t-il indiqué, précisant qu’il ne s’agit que des pertes financières à court terme.


Le Gouvernement du Nigéria a tenté de mettre en place des politiques visant à atténuer l’impact de la croissance démographique sur l’environnement en élaborant notamment sa Politique nationale en matière d’environnement et sa Politique nationale sur la population pour le développement, l’unité, le progrès et l’autosuffisance.  Il a créé un Fonds écologique spécial auquel il affecte 2% du compte fédéral et qui gère des problèmes tels que l’érosion des sols, la désertification et la gestion des déchets.  Pour parvenir à un développement durable au Nigéria, il est nécessaire d’intégrer totalement les préoccupations en matière de population et d’environnement, en tenant compte de la dimension culturelle dans le développement socioéconomique.  Des bases de données précises et actualisées dans ces domaines sont des outils d’une importance critique pour une bonne planification et on n’insistera jamais assez sur l’utilité d’un recensement de la population.  Les problèmes sont complexes; il nous faut mettre de côté nos intérêts divergents et relever le défi, a-t-il conclu.  


M. KOUYATE (Guinée) a indiqué que le dernier recensement réalisé en Guinée en 1996 avait dénombré plus de 7 millions d’habitants et permis de constater un taux élevé de croissance atteignant 2,6% par an.  Il a ajouté que cette situation est aggravée par la présence de réfugiés.  Selon lui, l’extrême jeunesse de la population nécessite d’importants investissements, notamment dans les domaines de la santé et de l’éducation.  Il a fait part des préoccupations de son gouvernement au sujet des grossesses précoces ou encore de la mortalité infantile et maternelle.  La population de la Guinée atteindra de 9 à 11 millions d'habitants en 2008, a-t-il annoncé, dans un contexte économique et social de plus en plus difficile.  En ce qui concerne l’environnement, le représentant a rappelé que la Guinée avait, dans un passé récent, un écosystème forestier abondant et riche, mais que celui-ci a été en partie détruit par les pratiques de culture sur brûlis, les extractions minières, et autres pratiques néfastes, sans compter les utilisations abusives par les réfugiés.  Au titre des activités menées par son Gouvernement, il a cité notamment le recensement, l’enquête démographique et sur la santé, ainsi que l’élaboration d’un programme de lutte contre le sida.  En outre, des efforts ont été déployés pour éliminer la pratique des mutilations génitales féminines et des progrès importants ont été réalisés en ce domaine, en partie grâce à une organisation non gouvernementale.  L’exploitation rationnelle des ressources naturelles est importante pour le développement durable, a d'autre part suivi le représentant.  Il a mis l’accent sur la nécessité d’une collaboration soutenue dans ce domaine entre les gouvernements et la société civile, ainsi qu’avec la communauté internationale.


TABLE RONDE SUR LA POPULATION, L'ENVIRONNEMENT, ET LE DÉVELOPPEMENT


Déclarations


M. BERTIL EGERO, Professeur, programme de la population et du développement au département de sociologie de l’Université de Lund, Suède, a indiqué que le lac Tchad, en Afrique Centrale, a vu son niveau baisser de 75%.  Il a évoqué les conséquences pour les habitants de la région, afin d’illustrer le fait que la population est de plus en plus affectée par les changements de l’environnement.  L’Europe est privilégiée car elle est située dans une zone tempérée, a-t-il remarqué.  Il a noté que les pays avancés contrôlent leur pollution, grâce à une meilleure technique et aussi parce qu’ils vont déposer leurs déchets loin de chez eux.  Il a précisé que ce rapport avec le monde extérieur est une approche dite d’empreinte écologique, et que toutes les économies avancées ont en commun une exploitation dommageable de l’environnement en dehors de leurs propres frontières.  Il faut orienter l’économie vers des formes plus durables d’exploitation des ressources naturelles, chez soi comme à l’étranger.  Cela s’applique avec encore plus de vigueur aux Etats-Unis, a-t-il poursuivi, vu le niveau extrêmement élevé de pollution dans ce pays.


Il a attiré l’attention sur la réalité du développement de la population mondiale qui se poursuit dans les pays pauvres, comme en Inde.  Un autre fait incontestable est l’augmentation de la croissance économique continue qui exerce une pression sur les ressources naturelles.  Il résultera de ces deux données de la souffrance pour certains, qu’on peut appeler des populations à risque, c’est-à-dire des populations qui seront peut-être obligées de quitter leur foyer pour toujours, à cause d’un tremblement de terre par exemple.  Cette notion doit être élargie, à son avis, aux populations exposées aux effets de l’urbanisation ou de l’expropriation des terres.  Ces personnes doivent trouver de nouveaux lieux pour se loger, dans leur pays ou dans un autre.  Il nous faut aussi accroître notre compréhension de ce nouveau défi, a-t-il estimé.  En ce qui concerne la question de l’utilisation durable de l'espace, il a estimé qu’elle est liée à des questions scientifiques et politiques.  Quant aux pays d’Asie, il a noté qu’ils voient leur population vieillir, ce qui change les habitudes de la population.  Par exemple, un revenu accru encourage le tourisme.  En conclusion, il a exposé que, pour l’humanité, l’important est de savoir comment nous utilisons l’espace sur notre terre.  Notre réponse a longtemps été de s’attaquer à la croissance démographique.  Aujourd’hui, il a considéré qu’il fallait ajouter le développement économique à l’équation population/environnement.  Le concept de développement durable ne résoudra pas les problèmes mais pourra être la voie à des réflexions scientifiques et politiques créatives, a-t-il conclu.


M. PRIJONO TJIPTOHERIJANTO, Professeur d’économie à l’université d’Indonésie, a déclaré s’être demandé ce que la Commission cherchait à apprendre de l’Indonésie alors que les nouvelles qu’il pouvait en donner n’étaient pas bonnes, que le chômage y sévit et que le pays est en proie à une grave crise économique.  Il a indiqué cependant que le débat public sur les questions de population s’intensifiaient et avaient tendance à se polariser.  D’un côté, on estime que l’accroissement de la population portera atteinte à la qualité de l’environnement.  De l’autre côté, les universitaires croient que la pauvreté, les technologies et politiques inappropriées ont un impact bien plus négatif sur l’environnement que la croissances démographique.  A en juger par les débats internationaux, a-t-il fait observer, la controverse naît surtout de l’absence de consensus scientifique et des divergences sur le choix des variables et des paramètres affectant la dégradation environnementale.  Il y a, par exemple, un désaccord important sur l’importance de la créativité humaine lorsque le besoin de technologies adaptées pour lutter contre la dégradation environnementale se fait pressant.  De nouveaux paradigmes de même qu’une nouvelle approche des interactions entre population, développement et environnement sont nécessaires pour comprendre ces questions, a-t-il observé. 


M. Tjiptoherijanto a décrit la Loi indonésienne de 1992 sur la population comme visant à influer sur les dynamiques démographiques en contrôlant le développement quantitatif de la population, en l’améliorant qualitativement et en aiguillant sa mobilité.  Dans les 25 ans à venir, la population devrait passer à 262 millions d’habitants, a-t-il indiqué.  Bien que le taux de fécondité a baissé au cours de l’année écoulée, la baisse du taux de mortalité a été encore plus importante.  Les données disponibles mettent en évidence une tendance à la dégradation de l’environnement.  Sans efforts supplémentaires, la situation du pays empirera.  La coopération internationale, une vision futuriste de la gestion industrielle, une politique cohérente et une bonne gouvernance sont nécessaires pour préserver les conditions environnementales et le développement durable du pays, a-t-il souligné.


Mme ELENA ZUNIGA-HERRERA, Directrice des études sur la population au Secrétariat général du Conseil national de la population au Mexique, a indiqué que la région latino-américaine se développe de manière hétérogène.  La baisse de la fécondité a commencé au cours des 25 dernières années, a-t-elle noté, et la population des pays de l’Amérique latine et des Caraïbes est d’une composition très diverse, de même que les disparités au niveau des économies régionales.  Elle a fait état des prévisions démographiques de la CEPAL qui montrent que beaucoup de pays se trouveront, à court, moyen ou long terme, confrontés à des grands défis pour produire les biens et les services nécessaires à la satisfaction de la demande sociale, du fait de l’accroissement de la population.  Les besoins sont constants en matière d’éducation et de santé.  La population de cette région du monde continuera d'augmenter, et la moitié sera concentrée dans deux pays, le Brésil et le Mexique.  L’Amérique latine est très urbanisée (3/4 de la population), a-t-elle noté, et la transition urbaine est modérée ou avancée selon les pays.  La migration de ville à ville est le mode de migration le plus fréquent.  Les villes moyennes ont augmenté et elles ont un potentiel considérable de développement urbain.  Elle a indiqué que peu de villes ont un système d’élimination des déchets.  En général, ils empiètent sur les cultures ou sont déversés dans les rivières.  La croissance des villes rend difficile, en outre, la fourniture des besoins en eau potable.  La présence d’automobiles en grand nombre pose également des problèmes sérieux de pollution.


Mme Zuniga-Herrera a abordé les questions relatives à la population des zones rurales.  Elle a expliqué que beaucoup de personnes vivant dans les régions rurales vivent dans la pauvreté.  Le recours à la mécanisation et aux produits chimiques menace la qualité de l’eau, ce qui constitue un grave problème pour ces populations.  Pour conclure, elle a indiqué que les villes absorberont la totalité de l’accroissement de la population dans les prochaines années.  Une écologie de plus en plus décentralisée a été réussie, mais certains pays n’ont pas géré les problèmes d’environnement de façon cohérente avec les politiques.


M. JACQUES VAN ZUYDAM, Département de la population nationale de la République d’Afrique du Sud, a relaté deux expériences menées à Kouga et Tsitsikamma, deux districts ruraux dans le sud du pays.  Elles ont démarré, a-t-il expliqué, par deux projets du Département des eaux et forêts visant à débarrasser les retenues d’eau des plantes parasites qui s’y étaient développées.  De nombreux emplois, notamment féminins, ont été créés dans ce cadre et leur coût trouve leur justification dans les gains liés à la restauration des flux hydrauliques.  Des activités économiques secondaires se sont développées sous la forme d’artisanats qui utilisaient les arbres et buissons récupérés.  Il se trouve que des grossesses non prévues se sont produites chez les femmes employées dans le cadre de ce programme et que le besoin de services de santé de la reproduction s’est alors fait sentir.  Le Département de la population internationale et le FNUAP sont intervenus et la mise en place de ces services a été confiée à une ONG.  Ils incluaient des visites en porte à porte, la tenue d’ateliers et la diffusion d’information notamment sur les différentes méthodes contraceptives.


Quand le projet a démarré, nombre d’entre nous l’avons trouvé superficiel voire artificiel a indiqué M. Van Zuydam; l’évaluation qui en a été faite montre au contraire que les évolutions du projet ont semblé simplement logiques à la population bénéficiaire et la Fondation Compton a décidé de verser un million de dollars pour la poursuite du projet.  En tant que fonctionnaire gouvernemental, je suis tenu de prendre en compte la répétitivité de l’expérience.  Des consignes et des cadres clairs sont difficiles à mettre en place dans un système centralisé de gouvernement.  L’avantage d’initiatives de ce genre est qu’elles permettent une prise de conscience des communautés et des responsables locaux dans le domaine des droits sociaux, des droits en matière de reproduction et des défis environnementaux. 


Échange de vues


Au cours du débat qui a suivi les interventions des experts, plusieurs questions ont porté sur les modalités de décentralisation des questions de population.  Les intervenants ont manifesté leur intérêt pour le type de projets décrits par l’expert sud-africain.  Il a été fait état d’une étude menée sur les champs lexicaux des différentes conférences qui, au cours des dernières années, ont porté sur les questions de la population et du développement.  Cette étude a mis en évidence, selon l’intervenant, une ambiguïté dans les références au développement, certaines portant sur le développement social, d’autres sur le développement durable.  Quel est le type de développement pris en compte dans les conférences à venir est une question qu’il faut clarifier, a-t-il été souligné. 


M. Van Zuydam s’est exprimé en réponse aux questions posées sur le problème de la décentralisation en Afrique du Sud.  La gestion des programmes de développement est confiée au niveau local, a-t-il indiqué.  Le problème est que nous venons d'un gouvernement très centralisé et qu’il est difficile de faire confiance aux autorités locales.  Il a souligné le fait que les changements récents aux Etats-Unis concernant les règles de financement des ONG avaient affecté un certain nombre d’initiatives locales.


Mme Zuniga a fait valoir que les politiques démographiques avaient longtemps été perçues comme cherchant à faire baisser le niveau de la population par l’intermédiaire notamment de programme de planification familiale.  Elle a insisté sur l’importance des dialogues régionaux et sur le fait qu’il était essentiel de prendre en compte les critères démographiques dans les plans de développement et dans les stratégies d’aménagement du territoire.  Les questions de population dépassent largement le cadre de la santé, a-t-elle fait valoir.


En Indonésie, a expliqué l’expert indonésien, les couches les plus défavorables de la population continuent de survivre et utilisent les ressources qui sont à leur disposition pour satisfaire leurs besoins immédiats.  Les dernières informations montrent que les zones insalubres s’accroissent en zone urbaine, a-t-il indiqué.  Un ministre coordonne les activités du ministère de la population et celles du ministère du développement, il n’existe pas de problème à ce niveau-là.  Le problème réside dans la mise en oeuvre des politiques en raison des problèmes politiques et économiques du pays.  Récemment l’Indonésie a engagé une opération de décentralisation portant sur 360 régions ce qui a posé de nouveaux problèmes.  Par exemple, chaque région applique sa propre taxe sur le transport des cargaisons de bois d’abattage.


La question qui se pose aujourd’hui est de savoir si notre monde est trop fou pour trouver une issue comme il l’a fait chaque fois qu’il s’y trouvait acculé, a fait valoir M. Egero qui a par ailleurs estimé que les questions écologiques devaient être traités au niveau local.


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