En cours au Siège de l'ONU

POP/793

LE DEVELOPPEMENT DURABLE EST AUSSI UN PRECEPTE MORAL, EST-IL SOULIGNE DEVANT LA COMMISSION DE LA POPULATION ET DU DEVELOPPEMENT

02/04/2001
Communiqué de presse
POP/793


Commission de la population

et du développement

2ème séance - après-midi


LE DEVELOPPEMENT DURABLE EST AUSSI UN PRECEPTE MORAL, EST-IL SOULIGNE DEVANT

LA COMMISSION DE LA POPULATION ET DU DEVELOPPEMENT


La Commission de la population et du développement, qui a démarré ce matin sa session annuelle, a poursuivi cet après-midi son examen du suivi de la Conférence internationale sur la population et le développement qui s’est tenue au Caire en 1994.  Le retard pris dans le financement international promis au Caire a été souligné.  Le délégué du Pakistan a mis l’accent sur les efforts faits par son pays pour remplir les engagements pris en 1994.  Il a indiqué que le niveau économique de son pays ne lui permettait pas de poursuivre cet effort sans le soutien des pays donateurs.  Dans le cadre d’une stratégie de développement durable, ont été à nouveau soulignées la pression exercée par la croissance démographique sur l’environnement ainsi que la nécessité d’une meilleure répartition des ressources et d’une modification des modes de production et de consommation.  La représentante de l’Algérie a jugé important de prendre en compte le rôle de la femme en tant qu’acteur économique au niveau de la famille et de la collectivité.


L’influence de la dimension culturelle dans les questions de population et de développement a été abordée par Mme Kaisa Savolainen, Directrice à la Division de la promotion pour la qualité de l’éducation de l’UNESCO.  Le fait que le développement viable à long terme n’est pas le domaine réservé des sciences naturelles ou économiques mais qu’il s’agit d’un précepte moral et culturel est de mieux en mieux compris, a-t-elle indiqué, précisant que l’éducation était un instrument essentiel dans la réalisation de cet objectif.  Elle a rappelé les principaux objectifs du Cadre d’action de Dakar.


Sont intervenus au cours du débat les délégués des pays suivants: Fédération de Russie, Pakistan, Afrique du Sud, Canada et Algérie.  Le représentant d’une organisation non gouvernementale, l’UIESP, a également pris la parole.


La Commission de la population et du développement se réunira à nouveau demain, mardi 3 avril, à 10 heures.


SUITE DONNÉE AUX RECOMMANDATIONS DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT


Déclarations


Mme OLGA SAMARINA (Fédération de Russie) a considéré le rapport du Secrétaire général sur le suivi des questions de population comme un document très équilibré et pondéré.  Elle a noté l’actualité des problèmes du fait de la mondialisation ainsi que la nécessité de poursuivre des études approfondies sur les thèmes considérés tels que l'urbanisation et les migrations.  Dans le cadre des Nations Unies, les recommandations faites par l'Assemblée générale au cours de diverses sessions en matière de développement durable, revêtent une grande importance.  


M. SHAHAB KHAWAJA (Pakistan) s’est associé à la déclaration faite par l’Iran au nom du Groupe des 77 et de la Chine.  Il a souligné qu’à l’heure de la mondialisation, tous les phénomènes et notamment les questions de population, environnement et développement économique durable étaient étroitement liés.  La Conférence internationale du Caire sur la population et le développement en 1994 a pour la première fois adopté une approche holistique de l’étude de la question du développement et de la population du point de vue de l’alphabétisme et de l’éducation, de la santé, de l’environnement, de la croissance économique, de l’équité et de l’égalité, a-t-il fait valoir.  Le Pakistan a signé le Plan d’action adopté lors de cette Conférence; cependant certains problèmes ont entravé ses efforts pour le mettre en oeuvre.  Avant la Conférence, le Pakistan était gêné par un manque de ressources et d’autres paramètres sociopolitiques complexes.  Après la Conférence, la croissance de la population a décliné de 2,2% par an en raison de changements dans le comportement de la population à l’égard du mariage et de la rapide réduction de la fécondité. 


En 1994, l’ensemble des nations sont tombées d’accord pour reconnaître que des allocations accrues de ressources de la part des pays donateurs comme des pays récipiendaires étaient nécessaires, a-t-il déclaré.  Malgré cela, la communauté internationale a pris du retard dans le financement promis lors de la Conférence du Caire.  En dépit de ses ressources limitées, le Pakistan a accru son investissement public dans le domaine de la santé et de la planification familiale et des investissements substantiels ont également été réalisés par le secteur privé.  Il sera néanmoins difficile pour le Pakistan de poursuivre ses efforts en raison de sa faiblesse économique.  Une augmentation substantielle du soutien des pays donateurs est par conséquent nécessaire pour lui permettre de mettre en oeuvre le mandat du Caire.


M. JACQUES VAN ZUYDMAN (Afrique du Sud) a appuyé les observations faites par l’Iran au nom du Groupe des 77 et de la Chine.  En ce qui concerne les inégalités socioéconomiques, il a noté que la création sans précédent de richesses n'avait fait qu'exacerber les inégalités, ce qui est le cas en Afrique du Sud.  Pour les pauvres, a-t-il indiqué, des problèmes tels que l'insuffisance des logements ou un manque d’eau potable s'ajoutent aux maladies diverses dont ils souffrent.  Les conséquences démographiques sont multiples, comme une immigration de plus en plus grande, des difficultés croissantes pour les gouvernements à répondre par des mesures sociales, les difficultés à lutter contre la pandémie de VIH/sida, etc.  Le représentant a rappelé que le VIH/sida accroît la vulnérabilité des populations.  Beaucoup de pauvres vivent sur des terres marginales, a-t-il ajouté. 


Il a estimé qu’il faudrait faire une véritable corrélation entre la population et le développement.  Des groupes très particuliers portent les plus lourds fardeaux, comme les femmes a-t-il aussi rappelé.  Enfin, le représentant a indiqué que le Gouvernement sud-africain a adopté des lois et des programmes favorisant les partenariats intersectoriels, pour trouver des solutions à long terme, comme en matière de tourisme, d’investissement, de santé ou de protection sociale.  Il a souhaité pouvoir contribuer aux travaux de la Commission sur toutes ces questions, pour passer de la politique à des pratiques applicables.


M. SEBASTIEN SIGOUIN (Canada) a rappelé que le ralentissement de la croissance démographique est un moyen important d’améliorer la qualité de vie dans les pays où la croissance économique et sociale, ainsi que les objectifs environnementaux, ne suivent pas le même rythme.  Selon lui, le développement mondial durable est le plus menacé lorsque la croissance démographique s’accompagne de l’émergence de vastes groupes de consommateurs dans de grands centres urbains.  Il a évoqué les menaces à l’environnement qui résultent de l’urbanisation accélérée et du développement des mégapoles, de la crise mondiale de l’eau douce ou encore de l’appauvrissement des ressources naturelles, parmi les nombreux symptômes des déséquilibres.  Il a invité à ne pas oublier que la croissance n’est pas illimitée.  Etant donnée l’interaction complexe entre la population, le développement économique et les changements de l’environnement, il considère qu’aucune politique de développement économique n’aboutira aux résultats escomptés s’il n’y a pas une intégration des politiques d’environnement et de population.  Les conséquences pourront être accablantes, a-t-il averti, comme la disparition de la biodiversité.  Le représentant a rappelé que des mesures concrètes devaient être prises en application des recommandations de la Conférence du Caire, pour notamment favoriser un équilibre entre la production et la consommation.  Le représentant a aussi invité à bien utiliser les ressources.  Par ailleurs, selon lui, l’éducation ne contribue pas seulement au bien-être de la personne mais aboutit aussi à un développement durable, et c’est une affaire politique.  Il a souhaité que l'on continue à mettre au point des indicateurs, même si c’est difficile dans les pays les moins avancés.  Le Canada engage donc les membres de la communauté internationale à encourager l’intégration des facteurs de l’environnement dans tous les niveaux de prise de décisions.


Mme RACHIDA BENKHELIL (Algérie) a souscrit à la déclaration faite par l’Iran au nom du Groupe des 77 et de la Chine.  Elle a fait valoir que la préservation de l’environnement au regard de la croissance démographique et de l’évolution des modes de production et de consommation allait constituer un des défis majeurs qu’aura à relever la communauté internationale pour assurer une qualité de vie optimale aux populations futures.  La corrélation étroite entre la dégradation de l’environnement et la pauvreté a déjà été soulignée dans le rapport de la Conférence du Caire, a-t-elle rappelé.


La représentante a mis en avant la nécessité d’insister davantage sur une répartition plus égalitaire des ressources de façon à mieux assurer la préservation des ressources naturelles.  Les efforts collectifs doivent converger vers une mondialisation à visage humain en vue de réduire les situations d’exclusion et de dénuement, a-t-elle déclaré.  Elle a également souligné la nécessité de prendre en compte les sexospécificités, insistant sur l’importance du rôle des femmes dans le domaine de la santé reproductive et en tant qu’acteur économique au niveau de la famille et de la collectivité.  Elle s’est également prononcée en faveur d’une plus grande mobilisation des ressources financières à hauteur des objectifs du Caire. 

Mme KAISA SAVOLAINEN, Directeur à la Division de la promotion pour la qualité de l’éducation de l'UNESCO, a fait observer que de plus en plus de monde comprenait que la terre est un système intégré et que la «durabilité» n’est pas une question qui concerne seulement les sciences naturelles ou l’économie mais un précepte moral et une question culturelle.  L’UNESCO a développé au cours des dernières années une vision de l’éducation considérée comme un instrument clé des efforts en vue de la durabilité, a-t-elle indiqué.  La Conférence mondiale sur l’éducation pour tous, qui s’est tenue à Jomtien en Thaïlande en mars 1990, a constitué le point de départ d’une nouvelle quête mondiale visant à rendre universelle l’éducation de base et éliminer l’analphabétisme.  A la fin de la décennie «de Jontiem», une évaluation de l’objectif Education pour tous a été réalisée dans plus de 180 pays.  Cette évaluation a montré qu’aucun des objectifs de Jontiem n’avait été complètement atteint. 


Le Forum de Dakar sur l’éducation a alors approuvé un Cadre d’action qui fixe au nombre de ses objectifs de faire en sorte que tous les enfants achèvent un cycle d’éducation primaire et qu’une amélioration de 50% de l’alphabétisation des adultes soit réalisée d’ici à 2015.  Il est clair, a déclaré Mme Savolainen, que pour mettre en oeuvre du Cadre d’action de Dakar, il est nécessaire de prendre en considération les questions de population, de développement et d’environnement.  Il y a longtemps que l’UNESCO a reconnu et défend l’idée que l’éducation n’est pas seulement l’acquisition de savoirs.  L’organisation continuera à encourager l’apprentissage de techniques utiles à la vie quotidienne et le développement d’attitudes responsables vis-à-vis de soi-même et des autres visant tout particulièrement à apprendre à vivre ensemble, à protéger l’environnement, à éduquer en matière de soins de santé et de santé préventive et à préparer à la participation civique, économique et sociale, a-t-elle affirmé. 


M. JACQUES VALLIN, représentant l’Union internationale pour l’étude scientifique de la population (UIESP), a exprimé sa crainte quant aux projections rassurantes sur la population mondiale en 2050, qui risqueraient de conduire la communauté internationale à réduire ses efforts.  En effet, selon lui, ce n’est pas la fin des problèmes qui sont soulevés par la croissance démographique.  Il a rappelé qu’il reste encore à accueillir 2 à 3 milliards de personnes supplémentaires dans les décennies à venir, ce qui incombe aux pays les plus pauvres et donc les plus fragiles.  De plus, a-t-il indiqué, les pays du Sud seront appelés a connaître un vieillissement démographique plus rapide que celui que connaissent actuellement les pays européens, ce qui ne sera pas sans conséquences.  Enfin, il a souligné que la fin de la croissance démographique n’est pas la fin des évolutions en cours.  Jusqu’où peut descendre la fécondité, de combien l’espérance de vie peut-elle augmenter et peut-on aller sur la voie d’un enfant unique sans risque, s’est-il interrogé.  Il a ainsi fait remarquer qu’il reste beaucoup de mystère et d’imprévus.  Il est donc plus important que jamais de mobiliser les équipes de recherche, a-t-il expliqué.  Il a conclu en déclarant que l’UIESP  est prête à participer à cette tâche en apportant sa contribution.


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