En cours au Siège de l'ONU

ONG/425

LA 54EME CONFERENCE ANNUELLE DPI/ONG ENTEND DES TEMOIGNAGES DE LA DIVERSITE DU VOLONTARIAT DANS LE MONDE

10/09/2001
Communiqué de presse
ONG/425


DPI/ONG

54e Conférence annuelle

après-midi


LA 54EME CONFERENCE ANNUELLE DPI/ONG ENTEND DES TEMOIGNAGES DE LA DIVERSITE

DU VOLONTARIAT DANS LE MONDE


Ouverte ce matin, la 54ème Conférence annuelle du Département de l’information (DPI) à l’intention des organisations non gouvernementales (ONG), qui se réunit du 10 au 12 septembre au Siège des Nations Unies, a poursuivi ses travaux cet après-midi sur le thème de la diversité du volontariat.  Le groupe de discussion s'est ainsi penché sur les divers modes sur lesquels se décline le bénévolat à travers le monde.


Dans quelle mesure les associations à but non lucratif et les bénévoles représentent-ils un "filet de sécurité" social dans leur région du monde ou dans leur pays?  C’est la question à laquelle a tenté de répondre Mme Sonja Fransson, membre du Parlement suédois, relevant que, dans son pays où 60% de la population âgées de 16 à 74 ans a mené des activités bénévoles au cours de l’année écoulée, on s’accorde à penser que les activités des ONG doivent venir en complément de celles d’un service public fort.  Celui-ci est perçu comme une garantie pour l’égalité de traitement, le respect des droits et l’intégrité des citoyens.


En Fédération de Russie, comme l’a fait remarquer le Directeur pour la Fondation pour la survie et le développement de l’humanité, M. Roustem Khairov, seulement 2 % de la population participe réellement au bénévolat, alors que davantage aimerait le faire.  Les scandales et les peurs causées par les anciennes organisations d’Etat sont une explication de cette retenue.  M. Khairov a aussi évoqué, comme progrès réalisé, la création récente, au Parlement de la Fédération de Russie, d’un Conseil d’ONG.


Au titre de la diversité du volontariat, ont également été cités le rôle joué par les associations confessionnelles dans le volontariat, ainsi que celui de la société civile dans la lutte contre le sida.  Mme Fadwa El Guindi, Professeur d’anthropologie, University of Southern California, a ainsi souligné le rôle que jouent les mosquées et les églises, comme centres d’activités sociales, politiques, éducatives et médicales.  Pour elle, il faudrait que les ONG prennent pour modèle les solutions trouvées au niveau local.  M. Rubaramira Ruranga, coordonnateur pour National Guidance Empowerment Network of People living with HIV/AIDS en Ouganda, a pour sa part invité l’ONU et les ONG à réfléchir à la manière dont elles pourraient assurer la participation des personnes atteintes par le VIH/Sida à l’élaboration des politiques de lutte contre l’épidémie et à leur mise en oeuvre, afin de les rendre plus efficaces.


A la suite des interventions, les orateurs ont répondu à diverses questions posées par les participants.


Plus de 2000 représentants de plus de 600 ONG, provenant de 90 pays, sont inscrits pour la Conférence qui comprend, outre les séances plénières, 30 ateliers de travail ONG de la mi-journée.


La Conférence reprendra ses travaux demain, mardi 11 septembre, à 10 heures.


Déclarations


     AHMAD KAMAL, Président du Cercle des Ambassadeurs auprès des Nations Unies et animateur du Groupe de discussion, a indiqué que depuis la création des Nations Unies, les organisations non gouvernementales se sont multipliées en raison d’une perception selon laquelle les gouvernements seuls ne pouvaient pas répondre aux aspirations des peuples. Le volontariat n’est pas nouveau.  Il existe depuis toujours dans toutes les sociétés. Il s’agit d’une tache fort noble. Même les Nations Unies ont finit par comprendre son importance. Les Volontaires des Nations Unies occupent aujourd’hui un rôle de plus en plus important. Au nombre de 5000, les Volontaires des Nations Unies assument des fonctions qui ne seraient pas assumé par le personnel de l’Organisation. Ils ont, par exemple, pris en charge des activités comme le transfert des connaissances et des technologies. Cette conférence est importante car elle permet de prouver que le volontariat va bien au-delà des Nations Unies qui, de leur côté, doivent s’attacher à comprendre ce que réalise la société civile.


Mme FADWA EL GUINDI, Professeur d’anthropologie, University of Southern California, a fait remarquer que le volontariat est aussi vieux que l’humanité.  Avec l’Année internationale des volontaires, elle a considéré que le monde a l’occasion de célébrer et de reconnaître les achèvements de millions de bénévoles dans le monde entier, qui oeuvrent sous toutes les formes et manifestations.  Sa tâche est d’évaluer le développement du bénévolat dans le monde arabe et islamique.  Elle a évoqué la théorie du développement de la société du célèbre philosophe Ibn Khaldun, pour introduire la notion d’engagement civil.  Selon Mme El Guindi, l’expression “société civile” n’est apparue que récemment et elle estime qu’il faut se méfier des nouveaux slogans.  Elle a illustré son propos par l’exemple des féministes du monde occidental qui veulent “éduquer” les femmes du monde non occidental, ce qui présuppose une supériorité des premières.  On connaît bien la tradition de charité dans le Christianisme, mais c’est  aussi un concept islamique, a-t-elle noté.  Les associations caritatives islamiques ou laïques sont au service des communautés et aident à l’amélioration des conditions de vie des personnes.  En Egypte, comme dans le reste du monde arabe, elle a relevé que le bénévolat ne se trouve pas seulement chez les islamiques, mais aussi chez les coptes et autres organisations chrétiennes.  Les mosquées et les églises servent de centres pour des activités sociales, politiques, éducatives et médicales.


Dans l’étude de la société civile et des ONG, il faut passer des structures formelles aux pratiques locales, a estimé Mme El Guindi.  Des modèles peuvent être créés en partant de la base.  Elle a ainsi cité le rêve d’un jeune garçon libanais, dont la majorité de la famille était décédée du fait de la malnutrition et du manque d’hygiène.  Ce garçon, c’est le Dr Michael Shadid qui a élaboré, en Oklahoma, le premier plan de santé pour les coopératives agricoles ainsi qu’un hôpital communautaire, la première HMO américaine.  Le Professeur El Guingi a donné d’autres exemples d’initiatives locales, comme celle, en Egypte, qui a créé spontanément un réseau d’épargne informel.  Au Moyen Orient, elle a relevé que les Palestiniens demandent à la communauté mondiale de les aider à accéder aux droits de l’homme légitimes.  Revenant au but de cette Conférence, elle a estimé qu’on pourrait le reformuler, en se demandant comment nous pouvons prendre pour modèle les solutions locales apportées par les peuples eux-mêmes.


Mme SONJA FRANSSON, membre du Parlement de Suède, a donné un aperçu des activités des volontaires en Suède en indiquant que dans son pays la majorité des citoyens appartient à plus de trois associations.  Soixante pour cent de la population âgée de 16 à 74 ans a mené des activités bénévoles au cours de l’année écoulée pour une moyenne de 13 heures par mois.  Il existe de nombreuses raisons à cela.  La plupart des bénévoles sont motivés par un désir personnel d’aider les autres.  La structure même des institutions de la Suède est née de mouvements populaires qui jouent encore un grand rôle dans leur gestion.  Il y a donc interdépendance entre le secteur bénévole et le secteur public qui de son côté bénéficie d’une plus grande confiance de la part du public.  L’Etat couvre les deux tiers des frais de fonctionnement des organisations bénévoles, notamment dans le secteur social.  Ces organisations restent néanmoins indépendantes pour ce qui est de leurs activités. Le budget que l’Etat consacre aux ONG est plus important que celui qu’il consacre à l’éducation.  Toutefois, peu souhaitent que les associations de bénévoles en viennent à assumer les responsabilités du secteur public.  Un secteur public fort en effet est perçu comme une garantie pour l’égalité de traitement, le respect des droits et l’intégrité des citoyens.  L’on s’accorde à penser que les activités des ONG doivent venir en complément de celles du service public. 


M. ROUSTEM KHAIROV, Directeur de la Fondation pour la survie et le développement de l’humanité, a présenté la situation de la Fédération de Russie.  Il a rappelé les changements majeurs que celle-ci a connus au cours du siècle dernier, ainsi que la période de transition que vivent le pays et ses voisins depuis douze ans.  S’agissant des mouvements de bénévoles, il a expliqué qu’avant les années 80 existaient différentes organisations publiques, émanations de l’Etat contrôlées par le parti communiste.  C’est ensuite que sont apparues les ONG touchant les différents aspects de la vie.  Aujourd’hui, a-t-il noté, il y a plus de 250 000 ONG enregistrées en Fédération de Russie, certaines agissant dans le domaine commercial, les autres étant tout d’abord les mouvements professionnels et les organisations caritatives.  Seulement 2 % de la population participe réellement au mouvement du bénévolat, alors que davantage aimerait le faire, retenue notamment par les scandales et peurs émanant des anciennes organisations d’Etat.  Il y a aussi les organisations de protestation, comme celles qui luttent contre les centrales électriques par exemple, et les organisations “créatrices” qui se sont épanouies avec la Perestroïka.  Avec l’arrivée du Président Poutine, des espoirs sont nés, a-t-il estimé.  En Crimée il y a eu par exemple une réunion entre les organisations et le Président, celui-ci ayant reconnu que les ONG peuvent avoir une influence plus grande que le gouvernement.  Au Parlement, un Conseil d’ONG a été récemment créé, a précisé M. Khairov.


En ce qui concerner les Nations Unies, M. Khairov a expliqué la façon dont les interactions fonctionnent.  Il a ainsi donné différents indices, comme le revenu par personne, et formules mathématiques.  Il considère par exemple que si le revenu par personne est élevé, cela indique que la démocratie est respectée et aide les ONG à connaître les besoins de la société.  Il a ensuite repris l’idée de M. Kofi Annan d’utiliser les technologies de l’information dans le but de promouvoir l’idée que la paix et la tolérance doivent prévaloir.  M. Khairov a indiqué que la Fondation qu’il dirige a mis en place un groupe de travail et commencé à développer un programme de télévision mondial basé sur l’initiative de bénévoles.  A la fin de l’Année internationale des volontaires, nous espérons avoir achevé ce programme, a-t-il conclu.


M. RUBARAMIRA RURANGA, coordonnateur, National Guidance Empowerment Network of People living with HIV/AIDS, Ouganda, a déclaré que la solution au problème du VIH/Sida en Afrique doit venir du peuple grâce à la participation de la société civile.  Ceci implique le bénévolat à tous les niveaux.  Cependant, a-t-il constaté, de nombreuses ONG ne servent pas les intérêts de la société civile mais participent à des activités oppressives aux côtés de gouvernements répressifs.  Ces ONG s’adonnent à des activités de propagandes.  Dans ce contexte, il n’est pas possible de dire que tous les bénévoles servent la société civile.  Au moment où un groupe est prêt à se constituer en groupe de bénévoles, il ne dispose souvent pas des ressources et du savoir-faire nécessaires pour atteindre ses objectifs et s’en remet à ceux qui ont les fonds pour financer ses projets.  Beaucoup de gouvernements utilisent les ONG à la réalisation de leurs objectifs.  C’est le cas dans mon pays, a-t-il indiqué en citant le cas de plusieurs organisations qui ont vu leur action limitée par le manque de ressources.  A partir du moment où le Président s’est rendu compte que la lutte contre le Sida pourrait lui offrir un levier politique et des aides financières, il a créé la Commission ougandaise de lutte contre le Sida, mais si on regarde de près le statut de cette Commission, on constate que le problème de la lutte contre le VIH/sida y est absent, a-t-il fait observer.  Alors que l’Ouganda est reconnu comme un des chefs de file dans la lutte contre le Sida, il n’a ni politique de lutte contre le Sida ni ressources allouées au soutien aux victimes. 


L’Afrique constitue 10% de la population mondiale et porte 80% du fardeau que constitue l’épidémie du Sida.  Le fait que le virus se propage est un indicateur des lacunes de l’action des parties prenantes que sont la famille, la communauté, la société et la société civile.  Ces lacunes s’expliquent par la mauvaise gestion des ressources disponibles, le manque de participation de la société civile dans l’élaboration des politiques et le contrôle des ressources dont les gouvernements disposent, par la connivence de certains des dirigeants qui conspirent pour utiliser les ressources à des fins de profit personnel et enfin par le déni des droits et libertés et à la peur qui en découle. Il est temps de changer les choses si nous vous changer le cours de l’épidémie de VIH/sida.  La société civile doit s’unir et oeuvrer pour assurer la justice, l’équité, l’égalité, le respect des droits, et la parité.  Une approche holistique doit être adoptée en vue de défendre le droit fondamental à la vie et l’égalité de tous devant la loi.  Les lacunes du système doivent être examinées au cours de cette Conférence afin de permettre aux bénévoles de travailler au profit des marginalisés.  J’appelle la Section des ONG du Département de l’information à créer une instance chargée d’examiner les activités des personnes atteintes par le VIH/sida en Ouganda, en Tanzanie, au Ghana, et au Zimbabwe, dans le but de favoriser la participation des malades dans la lutte contre le Sida et de la rendre plus efficace, en Afrique et dans d’autres régions sévèrement touchées.   


Discussion


Mme EL GUINDI a répondu à diverses questions posées par les participants, comme la suivante : comment peut-on trouver des volontaires dans les sociétés du monde arabe dont la moitié de la population a moins de quinze ans?  En réalité, a-t-elle remarqué, on demande souvent aux pauvres de faire partie des volontaires, même s’il est difficile de dire aux jeunes qu’ils doivent travailler nuit et jour pour le bien de leur société.  Sur la question concernant la restauration de la paix au Moyen Orient, elle a rappelé que les sociétés musulmanes ont vécu dans la paix pendant longtemps et que les relations ne se sont dégradées que lorsque les Européens sont entrés dans cette zone.

Répondant, elle aussi, aux questions qui lui ont été posées, Mme FRANSSON a évoqué la parité entre les sexes, expliquant les obstacles auxquels les femmes suédoises se sont heurtées.  Elles n’ont pas cédé, a-t-elle souligné, et c’est pourquoi elles sont si nombreuses en politique.  Sur le thème de la corruption, elle a expliqué que les impôts contribuent à financer les volontaires.  Par ailleurs, s’agissant du pourcentage des étudiants dans le bénévolat, elle a indiqué ne pas le connaître car il y a de nombreux échanges d’étudiants entre la Suède et les autres pays.  Comment la Suède traite-t-elle les émigrés?  Les émigrés et les personnes handicapées ne peuvent pas travailler comme les autres et nous cherchons des moyens pour les faire travailler et les intégrer ainsi dans la société, a-t-elle répondu.


Que veut dire le Président Poutine quand il déclare que le financement des ONG devrait venir de la Russie et non de l’étranger?  Les ONG ne risquent-elles pas d’être des marionnettes du gouvernement?  Répondant à cette question,

M. KHAIROV a relevé qu’il est d’abord important que le Président ait parlé de façon positive des ONG.  A propos de la corruption, il considère qu’il serait risqué que le gouvernement soit tenu à l’écart des ONG.  Sur la question évoquant les inquiétudes au sujet des actions des ONG, en raison du passé de l’Union soviétique, il a estimé que les Nations Unies doivent créer des moyens d’information pour développer le sentiment de paix.


Comment pouvons-nous, en tant que volontaires du monde occidental, vous aider au mieux, en Ouganda, dans la lutte contre le sida?  La meilleure façon est d’essayer d’identifier les volontaires dans ces pays afin de travailler avec eux, ainsi que les groupes d’appui des personnes atteintes du sida, a répondu

M. RURANGA.  Les contacts peuvent se faire par la voie de l’Internet.  Quant à la détermination des personnes responsables d’assurer que les prêts et les dons ne sont pas utilisés à d’autres fins, il a répété que, par le biais des Nations Unies, il pourrait y avoir une mobilisation de la société civile pour surveiller l’utilisation des fonds.  La société civile doit arriver à prendre des responsabilités, a-t-il conclu.


Le volontariat est-il bon pour notre santé et notre durée de vie?  Apparemment oui, a répondu M. KAMAL, si l’on en juge à voir l’assistance de cette Conférence.  Il a abordé ensuite la question du remplacement du service militaire par le bénévolat.  C’est une solution, a-t-il considéré, citant des exemples de pays dans lesquels cela se pratique.  Les meilleurs volontaires proviennent des pays pauvres, a-t-il également déclaré, au sujet de la relation entre la pauvreté et le bénévolat.  A propos des gouvernements qui craignent les ONG et ne sont pas d’accord avec elles, il a considéré que c’est à la société civile de convaincre les gouvernements, en tant qu’élus, d’écouter la voix du peuple.


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