LES ACTIVITES DE "FREEDOM HOUSE" CONTROVERSEES AU COMITE DES ONG
Communiqué de presse ONG/422 |
Comité chargé des organisations
non gouvernementales
Session de 2001
29e séance – matin
LES ACTIVITES DE "FREEDOM HOUSE" CONTROVERSEES AU COMITE DES ONG
Le Comité des organisations non gouvernementales, reprenant ce matin l’examen des rapports spéciaux demandés, dans des circonstances exceptionnelles, aux organisations ayant le statut consultatif, par exemple à la suite d’une plainte d’un Etat Membre, s’est penché sur le cas de "Freedom House". Le Comité avait examiné le 11 mai un premier rapport spécial soumis par "Freedom House" à la suite d’une plainte déposée par la Chine en 2000. Plusieurs délégations avaient soulevé de nouvelles questions affirmant que l’organisation se livre à des activités politiques contre Cuba et le Soudan notamment. En début de séance, le Président du Comité, M. Levent Bilman (Turquie) a rappelé que le Comité avait alors demandé à "Freedom House", de soumettre un nouveau rapport spécial au Comité, en janvier 2002, à l’occasion de sa reprise de session de 2001.
Au cours des échanges qui ont suivi, le représentant de Cuba a considéré que "Freedom House" viole les dispositions de la Charte des Nations Unies et de la résolution 1996/31. Il l’a accusée d’être une organisation au service de la politique extérieure des Etats-Unis et de porter atteinte à la légitimité du Gouvernement cubain. Il a affirmé que "Freedom House" apporte un soutien aux groupes terroristes de dissidents cubains basés en Floride et développe une propagande calomnieuse et subversive ainsi que des activités secrètes contre Cuba avec le soutien de la CIA. Le représentant permanent a souhaité entendre un représentant de "Freedom House" avant d’ajouter que sa délégation allait transmettre par écrit des questions au Secrétariat du Comité à adresser à cette ONG. Intervenant à son tour, le représentant des Etats-Unis a rejeté les accusations de liens entre la CIA et "Freedom House". Il a indiqué que l’organisation reçoit des subventions du Gouvernement des Etats-Unis par le biais de l’USAID qui n’est pas une filiale de la CIA, a-t-il fait remarquer. Il a rappelé que la législation américaine interdit à la CIA d’avoir des liens avec des organisations non gouvernementales. Il a rappelé que "Freedom House" critique souvent l’action du Gouvernement américain et suggéré que des questions écrites soient adressées à l’organisation.
Le représentant de Cuba a repris la parole pour souligner que les faits et les documents attestant des activités subversives de "Freedom House" en coopération avec la CIA sont sans équivoque. Il a cité notamment M. Franck Carlsson qui est au premier rang des programmes de lutte contre Cuba au sein de la CIA et également proche de "Freedom House". Le représentant a également lu les instructions que donne "Freedom House" à ses émissaires qui traduisent selon lui le caractère illégal des actes d’espionnage commis par les envoyés de cette organisation à Cuba. Le représentant de l’Allemagne a fait observer que cette organisation fait un excellent travail, notamment en évaluant l’état des démocraties, et qu’elle critique même le Gouvernement allemand.
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25 mai 2001
Le représentant de la Chine a pour sa part rappelé que sa délégation avait demandé uniquement certains éclaircissements qui ont été transmis par le Secrétariat à "Freedom House". Il a dit attendre une réponse avant de pouvoir se prononcer mais a regretté les propos d’un responsable de "Freedom House" qui, s’exprimant hier dans la presse, a porté atteinte à l’image de certains pays. Il a contesté les attaques portées par "Freedom House" contre la délégation chinoise, rappelant que cette dernière encourage toute ONG à contribuer aux activités des Nations Unies mais dans le respect des dispositions de la Charte et des résolutions pertinentes. Il a estimé que toute organisation qui encourage le séparatisme ne saurait prétendre obtenir le statut consultatif avant d’inviter "Freedom House" à s’engager formellement à participer aux activités des Nations Unies dans le respect des dispositions de la Charte et des résolutions.
Le Président du Comité a déclaré que les réponses à la délégation chinoise émises par "Freedom House" étaient parvenues au Secrétariat qui les a transmises, en cours de séance, aux membres du Comité. La représentante de Cuba a expliqué, concernant les accusations portées par sa délégation, qu’elles ne portent pas sur les critiques émanant de "Freedom House" mais sur ses activités de subversion et d’ingérence. Elle a ajouté que des pays sont spécifiquement visés par "Freedom House" et regretté que cette organisation ne s’intéresse jamais aux violations systématiques des droits de l’homme aux Etats-Unis, violations qui font l’objet de rapports d’Amnesty International. La représentante du Soudan a regretté qu’aucun représentant de "Freedom House" ne soit présent dans la salle, précisant qu’elle souhaitait poser des questions à cette ONG qu’elle transmettra par écrit au Secrétariat du Comité. Elle a appuyé les propos de la Chine concernant les obligations des organisations qui disposent du statut consultatif et doivent poursuivre une démarche constructive. Le représentant des Etats-Unis a déclaré que l’absence d’un représentant d’organisation n’empêche pas le Comité d’examiner les réponses obtenues par écrit de l’organisation. Concernant les rapports d’Amnesty International mentionnés par la représentante de Cuba, il a estimé que ceux-ci avaient trait à l’immigration clandestine qui est le fait d’éléments criminels qui mettent en danger la vie de personnes qui recherchent la liberté en tentant d’entrer aux Etats-Unis.
Intervenant à son tour, le représentant de la Fédération de Russie a regretté l’absence du représentant de l’organisation "Freedom House" et a souhaité que l’ONG explique les raisons pour lesquelles elle s’oppose à la création d’un tribunal pénal international. Le représentant de la Chine a déclaré ne pas être satisfait des réponses aux questions posées relatives à la souveraineté et à l’intégrité territoriale précisément concernant le Tibet et Taiwan. Il a insisté sur l’impossibilité d’accorder ou de maintenir un statut consultatif à une organisation que ne respecte pas le tracé des frontières tel que reconnu par la communauté internationale.
En début de séance, le Président a rappelé que, lors de sa 10e séance en date du 11 mai, le Comité avait décidé de reporter l’examen du rapport spécial de l’organisation “United Towns Agency for North South Cooperation” à sa session de 2002 et de prendre note et de clore le dossier de l’organisation “World Confederation of Labour”.
Le Comité se réunira cet après-midi, à partir de 15 heures, pour achever les travaux de cette session.
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