En cours au Siège de l'ONU

DR/D/934

SI CHACUN INSISTE POUR MAINTENIR SA POSITION, LA CONFÉRENCE MONDIALE CONTRE LE RACISME ÉCHOUERA, AVERTIT LA NORVÈGE

04/09/2001
Communiqué de presse
DR/D/934


Si chacun insiste pour maintenir SA POSITION, la conférence mondiale

contre le racisme échouera, avertit la norvège


Les participants à la Conférence identifient en outre

plusieurs groupes cibles du racisme et de la discrimination


Durban (Afrique du Sud), le 3 septembre -- Si chacun d’entre nous insiste pour maintenir sa propre proposition de langage, cette Conférence échouera, a averti ce matin la Ministre norvégienne du développement international, Mme Anne Kristin Sydnes, à la quatrième journée des travaux de la Conférence mondiale contre le racisme dont la clôture à Durban est prévue pour la fin de la semaine.  Observant qu’en ce moment même, personne ne sait si la Conférence se soldera ou non par un succès, elle a demandé que soient appliquées les recommandations de la Commission Mitchell et que les négociations entre Israéliens et Palestiniens reprennent sans plus tarder.  Nous devons faire preuve de plus d’ouverture et rechercher le compromis plutôt que l’affrontement, a-t-elle conseillé. 


Toutefois un tel appel n’a pour l’instant pas été entendu et le Secrétaire général de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI), M. Abdelouahed Belkeziz, a dénoncé la «politique raciste des politiciens israéliens» -basée entre autres sur le cynisme, la prétendue supériorité raciale et l’idée du peuple élu- en insistant sur la nécessité pour la Conférence de trouver la réponse nécessaire qu’appelle cette question.


Le représentant du Liban, pour sa part, a rappelé les nombreux massacres commis par Israël au Liban de 1967 à ce jour, avant de dénoncer «l’holocauste dont sont victimes les Palestiniens depuis l’an 2000».  Les vies des Palestiniens sous l’occupation sont tout aussi soumises au racisme que l’étaient celles des Sud-africains à l’époque de l’apartheid, a pour sa part déclaré le représentant du Belize.


Israël dont la déclaration a été communiquée à la Conférence par un membre de sa délégation et non pas par le Vice-Ministre des affaires étrangères a jugé que la Conférence évolue vers la négative.  À cette Conférence, nous sommes confrontés à une vile tentative de galvauder le terme d’«Holocauste», a-t-il déclaré avant de faire observer que ceux qui n’arrivent pas à prononcer le mot «Holocauste» ou à reconnaître l’antisémitisme comme le mal qu’il est en réalité voudraient que nous condamnions les «pratiques racistes sionistes». 


Ces États voudraient nous faire croire qu’ils sont anti-sionistes et non pas antisémites alors que l’anti-sionisme, c’est-à-dire le déni du droit fondamental des Juifs à un foyer, n’est rien d’autre que de l’antisémitisme pur et simple, a déclaré le représentant israélien.  Le conflit entre nous et nos voisins palestiniens n’est pas de nature raciale et n’a aucune place dans cette Conférence, a-t-il ajouté.  Alors que l’on aurait pu espérer que cette Conférence prenne à bras le corps le défi consistant à combattre le racisme, l’humanité est sacrifiée à un ordre du jour politique, a-t-il conclu.


Les participants à la Conférence ont identifié plusieurs groupes cibles du racisme, de la discrimination sous toutes ses formes, de la xénophobie et de l’intolérance relative.  Parmi ces groupes, figurent en particuliers les travailleurs migrants, les requérants d’asile, les réfugiés, les populations autochtones, les minorités et les femmes.  Ma délégation s’opposera à toute déclaration qui remettrait en cause les droits des peuples autochtones, a avertit le Belize.  Le représentant des Philippines a exhorté tous les pays à ratifier la convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leurs familles.  Le représentant de l’Azerbaïdjan a rappelé que la protection des minorités contribue à la stabilité sociale des pays dans lesquelles elles vivent, avant de souligner que les droits des minorités ne sauraient être invoqués pour justifier la remise en cause de la souveraineté des États.


Au titre de la réparation pour les graves injustices commises par le passé -esclavage, trafic transatlantique et autres formes de servitude, le Costa Rica a estimé qu’il pourrait être judicieux d’alléger ou d’annuler la dette extérieure des pays victimes de ces pratiques et de promouvoir un accès plus ouvert aux marchés.  Ce pays a proposé de mettre sur pied un groupe de travail interinstitutions des Nations Unies qui s’occuperait des questions de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et d’intolérance y associée et qui aurait notamment pour mandat de mettre en œuvre les recommandations et le plan d’action qui résulteront de cette Conférence mondiale.


Certains intervenants ont en outre dénoncé l’utilisation des technologies de l’information, en particulier l’Internet, aux fins de propagation du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance y associée.


Outre les représentants déjà mentionnés les délégations des pays suivants sont intervenues : ex-République yougoslave de Macédoine, Ghana, Ukraine, Bangladesh, Barbade, Guyana.  Le Secrétaire général du Conseil de l’Europe, M. Walter Schwimmer, est également intervenu.


La Conférence mondiale poursuivra son débat général cet après-midi, à 15 heures.


CONFÉRENCE MONDIALE CONTRE LE RACISME, LA DISCRIMINATION RACIALE, LA XÉNOPHOBIE ET L’INTOLÉRANCE QUI Y EST ASSOCIÉE


Déclarations


Mme ANNE KRISTIN SYDNES, Ministre pour le développement international de la Norvège : Cette Conférence mondiale doit mobiliser la communauté mondiale.  Nous devons donner un nouvel élan à la lutte contre toutes les formes de racisme, avoir une vision, adopter des mesures concrètes et fixer des objectifs qui peuvent être mis en œuvre par tous les Etats.  Dans dix ans, nous devons être en mesure de déclarer qu’à Durban, on a fait la différence.  La Norvège souligne l’importance de l’éducation, la sensibilisation à ces problèmes et le renforcement des cadres juridiques nationaux en matière de lutte contre le racisme.  Les gouvernements devraient être davantage encouragés à élaborer des stratégies ou des plans d’action nationaux.  Ce faisant, ils devraient œuvrer en étroite coopération avec la société civile.  Les plans qui en résulteraient devraient viser à intégrer la lutte contre le racisme dans les politiques et programmes nationaux.  Mon Gouvernement procède actuellement à l’élaboration d’un nouveau plan d’action pour combattre le racisme et la discrimination.  Il est extrêmement difficile d’assurer le respect pour la dignité humaine dans un monde où près de trois milliards de personnes vivent avec moins de 2 dollars par jour.  C’est pourquoi, il faut lutter contre la pauvreté, sous toutes ses formes et dimensions.


Les facteurs comme la parité des sexes, les invalidités, la race, l’origine ethnique et l’orientation sexuelle constituent d’autres causes à la vulnérabilité dans le cycle de la pauvreté.  Une attention particulière doit leur être accordée, tout comme aux victimes du VIH/sida, un des plus grands défis auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui.  L’initiative visant à créer une coopération plus étroite entre les jeunes dans la lutte contre le racisme est la plus prometteuse car les jeunes peuvent faire changer les attitudes, les comportements et le monde.  Les droits n’ont pas de frontières.  Nous devons donc le montrer en prenant un engagement particulier en faveur des droits des réfugiés, les demandeurs d’asile et les personnes déplacées.  Les droits des populations autochtones devraient constituer une part importante du document final de la Conférence.  Les sources et causes du racisme sont multiples.  L’esclavage et le colonialisme n’ont pas seulement causé des souffrances humaines intolérables, mais ils ont également contribué au racisme et à la discrimination que nous vivons aujourd’hui.  Nous devons faire preuve de volonté pour faire face à la vérité.  Ce n’est que par la repentance et les réparations des violations de la dignité humaine que nous pourrons parvenir à une véritable réconciliation.  Au cours de cette Conférence, notre attention a été attirée par les souffrances infligées au Moyen-orient.  Nous appelons à la mise en œuvre des recommandations formulées dans le rapport de la Commission Mitchell et à la reprise des négociations, permettant ainsi aux peuples israélien et palestinien de se développer et de prospérer en sécurité et dans la liberté.  Au moment où je m’exprime, nous nous interrogeons tous sur le succès de cette Conférence.  La communauté internationale ne pourrait ni comprendre ni accepter un échec.  C’est pourquoi, nous devons nous montrer plus ouverts, visionnaires et constructifs.  Il faut rechercher un compromis et non le conflit.


M. ASSAD SHOMAN, chef de la délégation du Belize : Je voudrais dire, concernant la question de la reconnaissance du commerce des esclaves et que l’esclavage, que je suis étonné de l’argument selon lequel le fait qu’elles aient été «légales» suppose par conséquent qu’elles ne peuvent pas être considérées comme un crime contre l’humanité.  Mais de quelles lois s’agit-il?


Et comment peut-on se réunir ici pour condamner le racisme en légitimant cet argument inique?  Si les descendants des victimes de la traite et de l’esclavage n’étaient pas encore aujourd’hui victimes de la pauvreté, de la misère et de l’exploitation, les avis pourraient être différents mais personne ne peut dire aujourd’hui que les nations riches n’ont pas construit leurs richesses sur ces politiques racistes.  Les réparations ne sont pas une contrepartie, car les vies n’ont pas de prix, mais elles seraient plutôt une forme de reconnaissance par les nations responsables du caractère de crime contre l’humanité que revêtent l’esclavage, la traite et le colonialisme.  Par ailleurs, ma délégation s’opposera également à toute disposition remettant en question les droits des peuples autochtones.


Concernant la question de la Palestine, nous devons dire la vérité car pendant trop longtemps, on nous avait, par exemple, empêché de qualifier l’apartheid de crime contre l’humanité.  Pourtant, la communauté internationale a reconnu ensuite qu’il s’agissait d’une déshumanisation qui était même reconnue par le peuple blanc, en Afrique du Sud et dans le monde.  De la même manière aujourd’hui, des Juifs et des Israéliens condamnent les actions du Gouvernement israélien à l’égard des populations palestiniennes.  Celles-ci sont sous le joug du racisme et je suggère que nous prenions la cause de la Palestine à bras le corps afin de libérer aussi bien les Israéliens que les Palestiniens de l’intolérance. 


Concernant mon pays, nous avons vécu, en dépit de l’étroitesse de notre territoire, tous les maux qui sont à l’ordre du jour de cette Conférence. Des esclaves et des serviteurs ont été importés d’Asie et des migrants sont arrivés de toutes part au cours du dernier siècle du fait du colonialisme et de l’esclavage.  Mon Gouvernement reconnaît les droits des minorités, comme par exemple, ceux des Mayas, et célèbre la diversité de sa population.  Nous nous engageons à prendre les mesures législatives et institutionnelles nécessaires pour mettre en œuvre les recommandations de Durban et je pense que nous ici devons rendre hommage à l’Afrique du Sud qui est l’exemple d’intégration et de réconciliation qui doit guider toute la communauté internationale. 


Mme ELAYNE WHYTE, Vice-Ministre des relations extérieures du Costa Rica : Les Nations Unies ont consacré d’importants efforts à la lutte en faveur de la décolonisation et contre la discrimination sous toutes ses formes.  En dépit des progrès enregistrés, le racisme, la discrimination raciale et la xénophobie continuent d’entraver la pleine jouissance des droits fondamentaux de nombreux individus à travers le monde.  Dans un monde bipolaire qui privilégiait les espaces nationaux, les Nations Unies avaient pour mission essentielle d’éviter la confrontation entre les États.  En revanche, la nouvelle architecture internationale nous confronte à une nouvelle ère qui redéfinit les notions d’espace et de temps et qui modifie la nature des conflits.  Aujourd’hui, nous pouvons observer deux tendances parallèles.  D’un côté, la mondialisation de la vie économique, sociale et culturelle ainsi que les niveaux atteints par les flux migratoires modèlent des sociétés de plus en plus multiculturelles, pluriethniques et multilingues, donc plus diversifiées.  En même temps, nous sommes confrontés à la résurgence de la mise en avant des intérêts locaux et le droit à la différence est revendiqué.  Dans ce contexte de tensions entre le niveau mondial et le niveau local, entre l’intégration et la fragmentation, surgissent de nouveaux conflits qui, dans leur grande majorité, sont de nature interne et s’appuient presque toujours sur des différences ethniques.  Ces conflits sont aggravés par les tendances au fanatisme religieux et au nationalisme le plus exacerbé, ainsi que par la résurgence des sentiments xénophobes, à laquelle on peut ajouter les conséquences de la transmission –de génération en génération– de vieilles rancœurs et de haines ancestrales.


Si elle veut relever les défis qui lui sont lancés, la Conférence doit se consacrer à la définition de stratégies de lutte contre les conséquences des anciennes manifestations de racisme, de discrimination et d’esclavage; elle doit également répondre aux nouvelles formes contemporaines prises par ces mêmes phénomènes.  Pour le Costa Rica, les principaux défis que doit relever la Conférence sont de parvenir à la réconciliation face aux faits du passé et d’aboutir à un compromis en faveur d’actions concrètes.  Nous partageons l’avis de la Haut-Commissaire aux droits de l'homme selon lequel il est indispensable de reconnaître les erreurs du passé et leurs conséquences négatives, cette reconnaissance devant se faire de manière solennelle en respectant véritablement la souffrance des victimes.  C’est bien ce qu’ont fait les pays du continent américain en adoptant la Déclaration de Santiago qui condamne les crimes brutaux et les injustices commis contre les peuples autochtones et leurs descendants ainsi que contre les peuples africains et leurs descendants –peuples qui furent victimes d’esclavage, de trafic transatlantique et d’autres formes de servitude, autant de pratiques que nous qualifierions sans aucun doute aujourd’hui de crimes contre l’humanité.  Persuadé que tout non-respect d’une obligation internationale implique réparation, le Costa Rica estime que la discussion sur la question devrait se concentrer sur les réparations dites de satisfaction et de garantie de non-répétition.  À Santiago, nous avons estimé que les réparations pourraient prendre la forme de politiques, programmes et mesures que les États ayant bénéficié des pratiques susmentionnées adopteraient afin de remédier aux effets et conséquences des préjudices causés qui persistent encore aujourd’hui.  Il pourrait être judicieux d’alléger ou d’annuler la dette extérieure et de promouvoir un accès plus ouvert aux marchés.


Au niveau international, nous exhortons tous les pays à parvenir, avant l’année 2005, à la ratification universelle de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale.  Nous estimons qu’il est nécessaire de mettre sur pied un groupe de travail interinstitutions des Nations Unies qui s’occuperait des questions de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et d’intolérance y associée et qui aurait notamment pour mandat de mettre en œuvre les recommandations et le plan d’action qui résulteront de cette Conférence mondiale.  Il est en outre préoccupant de constater que les technologies de l’information, en particulier celles de l’Internet, sont utilisées aux fins de propagation du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée.  Pour autant, le Costa Rica souhaite recommander à cette Conférence d’envisager l’utilisation d’Internet comme moyen de promouvoir ses objectifs.  À cet effet, pourrait être créé un centre cybernétique des Nations Unies que l’on baptiserait «Tous unis pour la diversité» et qui permettrait notamment d’établir un réseau d’individus, de centres d’enseignement et d’institutions ayant pour objet de promouvoir l’échange interculturel.


M. VICTOR GABER, Secrétaire d’Etat aux affaires étrangères de l’ex-République yougoslave de Macédoine : Cette Conférence est une occasion unique de faire le bilan de ce que nous avons fait, au cours des dernières décennies, d’identifier les nouvelles formes de racisme et de parvenir à des engagements et des mesures concrètes afin de le combattre.  Je tiens à souligner quelques aspects que devra recouvrir la lutte contre le racisme, à savoir l’établissement de normes juridiques contre le racisme, la promotion d’un système international de protection, la mise en œuvre du cadre législatif et enfin la protection et la promotion des droits des minorités culturelles et sociales, notamment par des programmes éducatifs et de sensibilisation à la culture de tolérance. 


Les formes contemporaines de racisme sont extrêmement dangereuses et menacent l’édification de systèmes démocratiques car elles sont utilisées à des fins politiques le plus souvent.  La responsabilité première incombe aux responsables politiques qui sont des leaders d’opinion.  La région de l’Europe du sud-est est depuis dix ans le théâtre de nettoyage ethnique qui résulte de politiques racistes et la Macédoine est aujourd’hui victime de ce désastre. 


La crise en Macédoine est directement liée à l’exportation du conflit du Kosovo sur notre territoire qui affecte les fondements multiculturels  de notre société.  Il faut comprendre que la seule solution est de renforcer le caractère démocratique d’un Etat tout en préservant son unité.  Il faut donc isoler les groupes terroristes qui déstabilisent notre République et nous ferons tous les efforts possibles pour garantir la paix et la tolérance en Macédoine.  Le combat contre le racisme, la discrimination et la haine doit être intransigeant et prendre exemple sur la lutte menée héroïquement par le peuple sud-africain. 


M. ALHAJI MUSTAFA IDRIS, Vice-Ministre des affaires étrangères du Ghana : Il faut espérer que toutes les délégations feront preuve de souplesse pour parvenir à un consensus sur un certain nombre de questions délicates qui revêtent une importance indéniable pour l’humanité.  Chercher à lutter contre les formes contemporaines de racisme sans parler de l’esclavage ne servirait à rien.  Il est insupportable pour les pays en développement, qui se débattent dans la pauvreté, d’attendre que les pays développés acceptent d’assumer toutes leurs responsabilités.  L’avenir d’une nation dépend de ses enfants.  C’est pourquoi il incombe aux adultes de garantir aux enfants la jouissance de leurs droits, en particulier leur droit à l’éducation.  Tous les gouvernements sont conscients du fait que l’endettement et le sous-développement en Afrique entravent les efforts visant à promouvoir les droits de l'enfant.


Les femmes constituent un groupe particulièrement vulnérable aux violations des droits humains, au harcèlement sexuel, à la violence sexuelle, aux actes de torture, notamment dans les situations de conflit.  Il convient de promouvoir le respect des droits des travailleurs migrants, notamment leur droit à la sécurité sociale dans les pays dans lesquels ils se trouvent.  Le Gouvernement ghanéen est fermement engagé en faveur de la promotion et de la protection des droits et libertés fondamentales.  A cette fin, certaines pratiques culturelles violant les droits des femmes et des enfants ont été abolies.


M. ABDELOUAHED BELKEZIZ, Secrétaire général de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI) : L’Organisation de la Conférence islamique a contribué, depuis sa création, il y a plus de trente ans, à la promotion des principes d’égalité, d’équité et de dignité humaine qui nous sont enseignés par la religion musulmane.  Nous avons réaffirmé ces principes dans la Déclaration du Caire, en 1990, et plus récemment avec l’initiative qui a conduit à déclarer cette année, «Année du dialogue entre les civilisations».


Les invasions coloniales se sont accompagnées de pratiques esclavagistes, discriminatoires et d’exploitation.  Plus tard, le racisme s’est manifesté par le fanatisme, le nettoyage ethnique et les autres formes d’injustice.  Il est grand temps pour l’humanité de s’attaquer au racisme, à la discrimination raciale et à l’intolérance qui ont conduit ces dernières années aux tragédies de la Bosnie-Herzégovine, du conflit au Jammu-Kashmir, en Palestine et ailleurs dans le monde.


La politique raciste d’Israël, qui repose sur le cynisme, la soi-disant supériorité raciale, relève d’une époque révolue.  Israël croit qu’il peut s’en prendre impunément aux populations civiles sans défense, assassiner des leaders politiques, détruire des infrastructures sans que les populations arabes ne réagissent.  Ces pratiques sont des crimes de guerre et il importe que cette Conférence se saisisse de cette question tout comme il est important de se pencher sur les réparations des préjudices faits aux peuples victimes de l’esclavage, de la traite et de la colonisation.  Cela est d’autant plus nécessaire lorsque l’on sait que l’un des peuples victimes de l’holocauste a obtenu des réparations. 


M. ZOUHEIR HAMDAN, Secrétaire général du Ministère des affaires étrangères du Liban : Nous sommes fiers de figurer parmi les pionniers de la mise en place de structures pour le respect des droits de l’homme et la lutte contre le racisme.  Du fait que le Liban n’a pas voulu apporter les problèmes du Moyen-Orient à cette Conférence, il souhaite toutefois souligner qu’il condamne toutes les formes de racisme et de discrimination raciale.  L’Afrique du Sud a réussi à se libérer du racisme et de l’apartheid alors que les pratiques racistes et discriminatoires subsistent en Israël.  Des détentions extrajudiciaires, l’enlèvement de personnes sur le territoire libanais, la poursuite de l’occupation par Israël dans les fermes de Chebaa figurent parmi les nombreuses violations commises par Israël au mépris du droit international.  Les couvre-feux, sont imposés en permanence par les autorités israéliennes, entravant ainsi gravement la liberté de mouvement des Palestiniens sur les territoires occupés.  Un rabbin a fait une déclaration haineuse, indiquant que les Palestiniens se produisaient comme des insectes.  La Conférence de Durban doit tenir compte de ces injustices.


M. SAMUEL RAMEL (Philippines) : Les nouvelles technologies de l’information qui promettent un meilleur avenir pour tous offrent également les moyens de répandre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée.  A cet égard, il serait utile de garder à l’esprit l’article 20 (2) de la Convention internationale sur les droits civils et politiques qui dispose que «Tout appel à la haine nationale, raciale ou religieuse qui constitue l’incitation à la discrimination, à l’hostilité et à la violence sera prohibé par la loi».  Pour prévenir le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance, il faut souligner l’importance de l’éducation dans les programmes nationaux en la matière.  Nous devons enseigner à nos enfants que non seulement, ils disposent de droits de l’homme et de libertés fondamentales, mais également qu’ils ne peuvent jouir pleinement de ces droits et libertés fondamentales que dans le respect de ceux des autres.  Nos enfants doivent apprendre à apprécier la richesse et la diversité des cultures et des peuples du monde.  C’est dans cet esprit que les Philippines souscrivent pleinement à la Déclaration des Nations Unies et au Programme d’action sur une culture de paix ainsi qu’aux objectifs de la Décennie internationale pour une culture de paix et de non-violence pour les enfants du monde (2001-2010).


Pour renforcer la protection internationale des droits des travailleurs migrants, en particulier la main d’œuvre féminine migrante qui est la vulnérable à la discrimination et aux violations de la dignité humaine, il est nécessaire que les Etats, qui ne l’ont pas encore fait, envisagent de signer et de ratifier la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et de leurs familles.  De même, tous les Etats devraient respecter pleinement et se conformer à la Convention de Vienne de 1963 sur les relations consulaires afin de communiquer immédiatement avec les consulats concernés en cas d’arrestation ou de détention d’un de leurs ressortissants.  Les Philippines se félicitent de la récente adoption par la Commission des droits de l’homme d’une résolution sur le trafic des femmes et des fillettes, dont la disposition clé appelle les gouvernements à incriminer ce trafic qu’elles qu’en soient les formes et d’en poursuivre en justice les responsables.


M. IGOR TURYANSKY, chef de la délégation de l’Ukraine : L’humanité est entrée récemment dans le troisième millénaire et est parvenue à de nombreuses avancées, notamment en matière de développement et de droits de l’homme.  Toutefois, certains problèmes persistent et exigent une action concertée de la communauté internationale afin de les résoudre en tenant compte de leurs racines historiques.  Le racisme, la discrimination raciale et la xénophobie font partie des menaces qui pèsent sur la sécurité humaine et prennent de nouvelles formes notamment en ce qui concerne les discriminations dont sont victimes les minorités et les migrants.  Les agences spécialisées et institutions des

Nations Unies doivent s’investir dans la lutte contre le racisme, tout comme

les gouvernements qui doivent adopter des normes juridiques prévenant le racisme et protégeant les droits des minorités et des victimes du racisme. 

Nous appelons par conséquent les Etats qui ne l’ont pas encore fait à adhérer à la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale.  Nous appuyons pleinement le projet de programme d’action et nous encourageons les dispositions relatives à la mise en place de programmes d’éducation et de communication contre le racisme et la discrimination par le biais des médias.  Nous appuyons aussi une mesure que nous avons déjà prise en Ukraine, à savoir la désignation d’un médiateur pour les droits de l’homme.  Nous sommes également en faveur de la mise en œuvre de programmes de développement durable pour l’Afrique qui devraient contribuer à prévenir les tragédies imputables au racisme, à la discrimination et à l’exclusion. 


M. TOFIG MUSAYEV, chef de la délégation de l’Azerbaïdjan : L’Azerbaïdjan est une nation multiethnique et multireligieuse au sein de laquelle l’égalité des citoyens est garantie par la Constitution et les lois nationales qui préviennent le racisme et la discrimination raciale.  Les nombreuses minorités sont largement représentées dans les institutions au Gouvernement, au Parlement mais aussi au niveau local, dans les villes et les campagnes.  Les organisations qui défendent les droits des minorités sont aidées financièrement par l’Etat par le biais d’un fonds national.  Toutefois, nous devons aussi soumettre les minorités au respect de la législation nationale et les droits des minorités ne peuvent être interprétés comme des raison pour ne pas respecter la souveraineté des Etats. 


La protection des minorités ne met pas les Etats à l’abri de tensions ethniques comme le démontre l’histoire récente de l’Europe centrale.  En effet, des groupes sécessionnistes minoritaires troublent l’ordre international.  Aujourd’hui, les minorités dans la région du Nagorny-Karabakh ont, par leurs actions terroristes, conduit à un conflit qui a été suivi par l’occupation par l’Arménie de près de 20% de notre territoire.  L’Azerbaïdjan refuse tout modèle de règlement qui ne respecterait pas sa souveraineté sur son territoire et regrette que l’Arménie ne se soumette pas aux recommandations faites par la communauté internationale et fasse preuve de mauvaise volonté dans les négociations.  Le moment est venu de prendre ici à Durban des mesures concrètes pour mettre fin à toutes les formes de discrimination et de racisme qui mettent en danger le développement et la stabilité du monde.


M. TOUFIQ ALI (Bangladesh) : Le racisme est une notion sociopolitique sans lien biologique.  Les peuples ont été exploités, assujettis, colonisés pour justifier la supériorité raciale.  Plutôt que d’être inclusives, de nombreuses sociétés pratiquent l’exclusion engendrant ainsi des flux considérables de réfugiés et le nettoyage ethnique comme l’ont montré récemment les tragédies en Europe et en Afrique.  Le Bangladesh est partie à tous les instruments internationaux contre la discrimination raciale et en faveur des droits de l’homme.  Sur la base des principes énoncés par ces instruments, le Bangladesh apporte son appui aux communautés persécutées dans le monde pour la défense de leurs droits légitimes.  Le Bangladesh rejette les politiques et pratiques de la puissante occupante qui sont précisément le thème de cette Conférence.  En ce moment même, les Palestiniens continuent de subir la privation de leurs droits fondamentaux et sont persécutés.  Ils sont chassés de leurs terres, subissent un blocus et les attaques excessives des forces militaires au nom de la sécurité.  Ces actes constituent clairement des violations du droit international et des droits de l’homme universellement reconnus.  L’objectif fondamental de la Conférence est de rétablir la primauté des droits de l’homme et des libertés fondamentales.  Dans un passé pas si lointain, le colonialisme et les autres formes de d’oppression ont frappé de nombreuses sociétés.  Certaines luttent encore pour s’en libérer.  L’humanité doit comprendre ce qui s’est passé et, lorsque cela s’avère nécessaire, en atténuer les conséquences négatives. 


Il est vital que l’Etat lui-même soit en ligne de front de cet effort de révision du passé et de tirer des leçons des erreurs commises.  Ce n’est que lorsque l’Etat sera convaincu de ces injustices qu’il pourra œuvrer avec le reste de la société pour élaborer des stratégies nationales fondées sur les normes internationales.  En faisant référence à la situation au Moyen-Orient, le Bangladesh a précisément cette approche à l’esprit.


M. HILARY BECKLES (Barbade) : Nous n’avons ménagé aucun effort pour aborder les thèmes et les objectifs de cette Conférence en faisant preuve de flexibilité, de rationalité et d’intégrité.  Telle est l’approche que nous avons adoptée car cette terre, ce cher pays qui nous a si chaleureusement accueillis, n’est pas un lieu où l’on puisse se montrer irresponsable.  Nous sommes conscients de la signification particulière que revêt cet instant dans l’évolution des affaires mondiales.  Les deux précédentes conférences mondiales contre le racisme ne se sont pas soldées par le succès que nous attendions et les faits imposent de reconnaître que le racisme et la xénophobie continuent de susciter conflits et tensions sociales à un niveau particulièrement dangereux.


Nous partageons le point de vue du Secrétaire général de l’Unesco selon lequel le silence qui entoure notre passé doit être brisé afin de libérer notre potentiel créatif.  Le silence qui entoure notre expérience du génocide, de l’esclavage et du colonialisme a eu pour effet de confronter la jeunesse à une expérience éducative qui n’est pas toujours pertinente et peut même parfois s’avérer dangereuse.  Des ressources adéquates doivent donc être trouvées en vue de promouvoir une compréhension scientifique du passé.  Nous sommes d’avis que cette Conférence devra être orientée vers l’action et devra  mettre particulièrement l’accent sur la formulation d’un programme destiné à répondre aux objectifs stratégiques de développement.  À cet égard, nous sommes engagés en faveur de l’établissement d’un fonds d’éducation qui permettra de créer des institutions d’éducation susceptibles de mener à bien des recherches scientifiques grandement nécessaires.


M. L.K.N. SINGH, chef de la délégation du Guyana : L’histoire de l’humanité a été marquée par des réalisations extraordinaires mais aussi par les pires crimes contre l’humanité tels que l’esclavage.  La Seconde Guerre mondiale a également vu émerger une doctrine raciste de supériorité raciale et, sur les ruines de la Seconde Guerre mondiale, s’est construit l’Organisation des Nations Unies avec pour objectif de promouvoir et de protéger les droits et la dignité de la personnes humaine.  En dépit de l’adhésion aux instruments internationaux contre le racisme, la discrimination et l’intolérance n’ont pas disparu pour autant et cette Conférence nous offre l’opportunité de nous pencher sur les moyens de lutter contre les nouvelles formes de discrimination qui émergent dans le monde et se manifestent tantôt dans le nettoyage ethnique, tantôt dans des messages de haine véhiculés grâce aux nouvelles technologies de l’information. 


Le Gouvernement du Guyana est radicalement opposé à ces pratiques racistes dans la mesure où notre pays a une tradition de diversité raciale et culturelle qui doivent être des forces d’unité.  Comme l’Afrique du Sud, le Guyana est une société multiraciale qui a hérité d’un passé colonial au cours duquel un groupe racial dominait les autres.  A la fin de la colonisation, les deux groupes ethniques majoritaires, Africains et Indiens de l’est, ont su dépasser les différences qui étaient davantage économiques afin de bâtir une société unifiée.  Nous avons mis en place une série d’institutions chargées de protéger les minorités contre la discrimination raciale et notamment une Commission des relations ethniques qui regroupe les religions Hindu, Chrétienne et Musulmane, les groupements de jeunes et de femmes, les organisations syndicales.  Nous sommes conscients également de l’importance des programmes éducatifs et des médias pour véhiculer les messages de tolérance et lutter contre le racisme et la discrimination raciale. 


Le Guyana considère que dans le cadre des réparations et des compensations, les peuples des Caraïbes ne peuvent être laissés de côté et doivent bénéficier d’un Fonds spécial de développement régional qui se penche sur les besoins structurels de nos sociétés.  Il est urgent d’aller au-delà de l’élimination de l’apartheid en Afrique du Sud et de détruire totalement le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance afin de créer un monde meilleur pour les générations à venir. 


M. MORDECHAI YEDID (Israël) : J’ai l’honneur de représenter Israël à cette importante réunion et je suis fier de présenter cette déclaration qui devait être faite par le Vice-Ministre des affaires étrangères, le Rabbin Michael Melchior, lequel ne participe finalement pas à cette Conférence en raison de son évolution négative qui semble prendre forme.


Il est impératif que la communauté internationale traite et reconnaisse comme il se doit l’ampleur de la tragédie de l’esclavage.  L’horreur de l’esclavage est profondément gravée dans l’expérience du peuple juif qui s’est précisément formé dans l’esclavage.  Pendant des centaines d’années, les enfants d’Israël étaient réduits à l’état d’esclaves en Égypte.  Le souvenir des souffrances que nous avons endurées à cette époque a une fonction importante : nous rappeler nos obligations morales.  L’expérience de l’oppression n’accorde aucun privilège mais engendre en revanche un certain nombre de responsabilités, notamment celle de protéger les faibles, les femmes, les orphelins et l’étranger parce que, comme le dit la Bible «Vous-mêmes avez été étrangers sur la terre d’Égypte».


Subsiste encore dans le monde un problème d’injustice raciale non résolu –un problème dont seuls les Juifs peuvent saisir la profondeur : il s’agit du problème des Noirs, victimes du commerce des esclaves.  Je souhaiterais contribuer à la rédemption du peuple noir.  Si l’esclavage est une forme d’atrocité raciste, l’antisémitisme en est une autre.  Par antisémitisme, soyons clairs, j’entends la haine des Juifs.  Les tentatives visant à amputer le terme de son plein sens ne sont pas uniquement antisémites; elles sont aussi anti-sémantiques.  À cette Conférence, nous sommes également confrontés à une tentative vile de généraliser et de galvauder le terme d’«Holocauste» et de le vider de son contenu alors qu’il fait référence à un événement historique spécifique.  Le XXème siècle, qui a connu les atrocités de l’Holocauste, a aussi vu la concrétisation du rêve sioniste, à savoir le rétablissement de l’État juif sur la terre historique d’Israël.  Car le sionisme n’est rien d’autre que cela.  À l’instar des mouvements de libération en Afrique et en Asie, il s’agit du mouvement de libération du peuple juif.  Il s’agit d’un mouvement qui n’a cessé de chercher à établir une société reflétant les idéaux élevés de démocratie et de justice pour tous les habitants et dans laquelle les Juifs et les Arabes puissent vivre ensemble.


La Déclaration d’indépendance d’Israël stipule qu’Israël s’efforcera de promouvoir le développement du pays au bénéfice de tous ses habitants et assurera l’égalité complète des droits politiques et sociaux de tous, sans distinction de croyance, de race ou de sexe.  Il s’agit là d’une tâche gigantesque, d’un combat permanent, et nous n’avons pas toujours réussi.  Mais, en dépit de l’hostilité ouverte des voisins d’Israël et des menaces permanentes qui pèsent sur l’existence même de cet État, il y a peu de pays qui aient déployé tant d’efforts pour donner corps à une telle vision.  Ceux qui n’arrivent pas à prononcer le mot «Holocauste» ou à reconnaître l’antisémitisme comme le mal qu’il est en réalité voudraient que nous condamnions les «pratiques racistes sionistes».  Un seul de ces pays arabes qui parviennent à concevoir une telle obscénité pourrait-il s’arrêter un instant pour se pencher un peu sur sa propre situation ou penser à la situation des Juifs et des autres minorités dans son propre pays?  Ces États voudraient nous faire croire qu’ils sont anti-sionistes et non pas antisémites, ce qui est faux.


Critiquer la politique du Gouvernement d’Israël –ou de tout autre pays– est légitime et même vital.  C’est d’ailleurs ce que font nombre d’Israéliens dans leur pays qui est démocratique.  Mais il existe une profonde différence entre le fait de critiquer un pays et celui de dénier son droit à exister.  L’anti-sionisme, c’est-à-dire le déni du droit fondamental des Juifs à un foyer, n’est rien d’autre que de l’antisémitisme pur et simple.  La haine des Juifs qui a pris la forme de l’anti-sionisme et qui est apparue au sein de cette Conférence est cependant profondément différente de l’antisémitisme du passé en ce sens qu’elle est aujourd’hui propagée et manipulée à des fins politiques.  Les enfants ne naissent pas racistes car le racisme est le résultat d’un manque d’éducation et d’une manipulation politique.  Aujourd’hui, des générations de Palestiniens sont systématiquement endoctrinées par le biais de manuels scolaires qui recèle nombre de libellés sanguinaires ainsi que par le biais de programmes télévisuels emplis de haine.  Cette stratégie à haut risque est vouée à l’échec et ne laisse la place à presqu’aucun espoir de solution.


Le conflit entre nous et nos voisins palestiniens n’est pas de nature raciale et n’a aucune place dans cette Conférence.  Il s’agit d’un conflit politique et territorial qui doit être résolu de manière à mettre un terme aux souffrances et apporter la paix et la sécurité aux peuples palestinien et israélien.  La marche à suivre pour parvenir à une telle résolution du problème est claire : cessation immédiate de la violence et de la terreur et reprise des négociations, comme cela a été recommandé par le rapport de la Commission Mitchell que les deux parties ont accepté.


Je vais maintenant me référer à l’intervention décevant et emplie de haine que nous avons entendue de la part du chef de l’Autorité palestinienne qui, au lieu d’utiliser ce forum pour inciter son propre peuple et les peuples du monde à rechercher la paix et l’harmonie, a préféré inciter à la haine.  Il s’agit là, une nouvelle fois, d’une occasion manquée pour le chef de l’Autorité palestinienne.


Mais ce qui est sacrifié ici, aujourd’hui, est quelque chose qui se situe bien au-dessus du processus de paix au Moyen-Orient : il s’agit des plus hautes valeurs de l’humanité.  Le racisme, sous toutes ses formes, est en effet l’un des maux les plus répandus, qui prive des millions d’individus de leurs droits les plus fondamentaux.  On aurait pu espérer que cette Conférence prenne à bras le corps le défi consistant, sinon à éradiquer le racisme, au moins à le désamorcer.  Au lieu de cela, l’humanité est sacrifiée à un ordre du jour politique.


M. WALTER SCHWIMMER, Secrétaire général du Conseil de l’Europe : En étroite coopération avec l’Union européenne, le Conseil de l’Europe a coordonné la contribution de l’Europe à la Conférence mondiale sous forme de conférence européenne, qui s’est tenue à Strasbourg en octobre 2000.  Les Ministres des Etats Membres du Conseil ont adopté une Déclaration politique par laquelle ils ont pris une série d’engagements.  Le nationalisme, l’éthnocentrisme et l’intolérance religieuse persistent et conduisent aujourd’hui, comme par le passé, à des violations massives des droits de l’homme en Europe et dans le monde.  Pour combattre ces formes de racisme, il faut mettre en œuvre et renforcer  les instruments juridiques internationaux.  A cet égard, l’instrument essentiel du Conseil de l’Europe est la Convention européenne des droits de l’homme, qui a été récemment renforcé par l’adoption du Protocole No 12 qui introduit une interdiction générale de la discrimination, y compris la discrimination raciale.  Le respect de cette norme est soumis à la juridiction de la Cour européenne des droits de l’homme et on peut s’attendre à ce qu’elle produise des effets importants en termes d’adoption de législations nationales. 


La Convention-cadre pour la protection des minorités nationales constitue également un instrument important dans la lutte contre le racisme et la discrimination.  En vue de combattre le problème de plus en plus croissant de l’utilisation des nouvelles technologies de l’information de masse, en particulier l’Internet, par des individus et des groupes racistes, le Conseil avait récemment décidé de compléter le projet de Convention sur la cybercriminalité par un protocole additionnel qualifiant de crime toute propagande raciste et xénophobe sur les réseaux électroniques.


Des mesures sont prises pour contrôler et répondre aux différentes manifestations du racisme et de l’intolérance qui y est associée, en particulier à l’égard des immigrants, des réfugiés et demandeurs d’asile, des communautés rom et forains, de l’antisémitisme, de l’intolérance à l’encontre des communautés musulmanes vivant en Europe et depuis juillet dernier, à l’égard du racisme dans les sports, en particulier dans le domaine du football.  Le rôle clef du Conseil de l’Europe dans la lutte contre le racisme est réservé à la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (ECRI).  Le Conseil de l’Europe place une importance particulière sur la prévention, insistant sur l’éducation et les initiatives de sensibilisation et encourage la participation active des jeunes dans la société civile.


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