DH/314

LE COMITE PREPARATOIRE TIENT DEUX TABLES RONDES SUR “LES ENFANTS ET LES CONFLITS ARMES” ET “L’EXPLOITATION SEXUELLE DES ENFANTS A DES FINS COMMERCIALES”

12/06/2001
Communiqué de presse
DH/314


Comité préparatoire de la session

extraordinaire de l’Assemblée générale

consacrée aux enfants

3ème séance – matin


LE COMITE PREPARATOIRE TIENT DEUX TABLES RONDES SUR “LES ENFANTS ET LES CONFLITS ARMES” ET “L’EXPLOITATION SEXUELLE DES ENFANTS A DES FINS COMMERCIALES”


“L’avenir de nombreuses sociétés se verra irrémédiablement compromis si le problème des enfants victimes des conflits armés n’est pas résolu et si des résultats concrets ne sont pas rapidement obtenus”.  C’est par cette mise en garde que M. Olara Otunnu, le Représentant spécial du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés a ouvert, ce matin, la table ronde que le Comité préparatoire de la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée aux enfants organisait sur ce thème. 


Mais si le phénomène des enfants soldats s’est amplifié ces dernières années, la situation n’est pas sans espoir et, de l’avis de M. Otunnu, si la communauté internationale profite de l’élan qui a été donné depuis cinq ou six ans dans ce domaine, la session extraordinaire nous permettra d’aller au-delà de simples discours et résolutions.  Sur une même note, M. Jean-Marie Guéhenno, Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux opérations de maintien de la paix, a exposé l’action du Département qu’il dirige concernant les enfants et les conflits armés.  La première étape a été d’incorporer les droits des enfants et leur protection aux mandats des opérations de maintien de la paix.  Ceci a notamment débouché sur la création de “Conseillers à la protection des enfants”, actuellement en place dans deux missions de l’ONU, celle en Sierra Leone et celle en République démocratique du Congo.  C’est ainsi qu’à ce jour en Sierra Leone, plus de 800 enfants ont été libérés.  Une initiation aux droits des enfants a aussi été intégrée au programme de formation du personnel des missions, et un code de conduite pour les soldats de la paix a été mis en place avec une politique de “tolérance zéro” pour toute action violant ce code.  M. Guéhenno a néanmoins estimé que l’on pourrait travailler avec encore plus d’efficacité si la protection des enfants était traitée dès la négociation et la mise en place des accords de paix.  Pour ce faire, il a proposé qu’un groupe de travail informel interinstitutions soit créé.


Le Comité préparatoire a également entendu les mesures prises par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui ont été exposées par M. Roger Laloupo, Directeur des affaires juridiques.  La lutte contre le phénomène des enfants soldats a été abordée par la CEDEAO à travers la création d’un Bureau spécial pour, notamment, sensibiliser les jeunes à la valeur de leur vie et aux nuisances des conflits.  Toutefois, le point de vue de la communauté est que le phénomène des enfants soldats ne cessera véritablement qu’avec la fin des conflits.  C’est pourquoi, elle a adopté un certain nombre de mesures, dont un mécanisme de gestion des conflits et de prévention des crises, et un protocole sur l’interdiction de la fabrication et le commerce illicite des armes et des munitions


dans la région.  Une Charte politique par laquelle les Etats membres s’engageraient à respecter un minimum de règles de base concernant, entre autres, le rôle de l’armée dans un régime démocratique est aussi envisagée.  Ces exposés ont été enrichis par la présence d’un défenseur de la jeunesse en Colombie et d’une parlementaire d’El Salavdor ayant pris part à la guérilla.  Le dialogue qui a suivi a lui aussi été ponctué de témoignages d’enfants victimes de la guerre.  Plusieurs intervenants ont jugé regrettable que faute de pouvoir mettre un terme aux conflits, l’on soit ainsi forcé de s’interroger sur les moyens de protéger les enfants.  Il a aussi été proposé que l’enrôlement, volontaire ou forcé, des enfants de moins de 18 ans dans des forces armées soit considéré comme un crime contre l’humanité.


La deuxième table ronde, organisée ce matin, portait, elle, sur l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales et était animée par

Mme Karin Landgren, Chef de la Section de la protection de la Division des programmes du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).  Celle-ci a fait observer que si la communauté internationale est unanime pour reconnaître que l’exploitation sexuelle des enfants est un acte intolérable et que de nombreux textes peuvent être utilisés dans la lutte contre ce fléau, cinq ans après le Congrès de Stockholm, premier du genre sur l’exploitation sexuelle des enfants, le phénomène n’en continue pas moins à prendre de l’essor.  Elle a donc jugé impératif que la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée aux enfants relance la lutte contre leur exploitation sexuelle.  Son analyse a été relayée par les témoignages d’un professeur de l’Université de Bangkok, de la représentante d’une association sud-africaine, de la médiatrice pour les enfants de la France et de la représentante personnelle du Premier Ministre japonais qui ont fait le point des efforts déployés par leur pays pour lutter contre l’exploitation sexuelle des enfants.  Le débat qui a suivi ces présentations a permis de mettre l’accent sur la nécessité d’une bonne coopération entre les pays car, avec l’essor du tourisme sexuel, le phénomène est de plus en plus transfrontalier, ainsi que sur la nécessité d’harmoniser les lois.


Les deux thèmes traités correspondent aux deux Protocoles facultatifs à la Convention sur les droits de l’enfant.


Cet après-midi, à 15 heures, le Comité préparatoire reprendra son débat général sur le rapport du Secrétaire général, “Nous, les enfants…”.


MODALITÉS D’ORGANISATION DU PROCESSUS PRÉPARATOIRE ET DE LA SESSION EXTRAORDINAIRE


Table ronde sur les enfants et les conflits armés


Présentations liminaires


M. OLARA OTUNNU, Représentant spécial du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, a déclaré que la session extraordinaire de l’Assemblée générale devait se pencher sur le phénomène des enfants soldats affectés par les guerres, qui ne fait que croître et empirer.  L’avenir de nombreuses sociétés se verra irrémédiablement compromis si le problème n’est pas résolu, a dit M. Otunnu.  Mais si nous profitons de l’élan qui a été donné depuis cinq ou six ans dans ce domaine, la session extraordinaire nous permettra d’aller au-delà de simples discours et résolutions, a-t-il estimé.  Des résultats concrets sont nécessaires dans ce domaine, a dit le Représentant spécial du Secrétaire général, qui a ensuite donné la parole à M. ROGER LALOUPO, Directeur des affaires juridiques de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).


Plusieurs Etats membres de la CEDEAO ont fait face à des conflits armés où sont impliqués des enfants, a déclaré M. Laloupo.  Il s’agit notamment du Libéria, de la Sierra Leone, de la Guinée-Bissau et de la Guinée.  Le phénomène des enfants soldats ne prendra fin, a estimé l’orateur, qu’avec la fin des conflits.  La CEDEAO a adopté un certain nombre de mesures, dont des résolutions et des protocoles relatifs à la création d’un mécanisme de gestion des conflits et de prévention des crises, et à l’interdiction de la fabrication et du commerce illicite des armes et des munitions dans la région.  La CEDEAO a également institué en son sein plusieurs organes, dont un Conseil des sages pour assurer la gestion politico-diplomatique des conflits, un Conseil de médiation et de sécurité, un Système d’observation comprenant quatre observatoires de zones pour collecter les informations liées au maintien de la paix et de la sécurité.  La lutte contre le phénomène des enfants soldats a été abordée par la CEDEAO à travers la création d’un Bureau spécial.  Grâce à la collaboration du Canada, ce Bureau pour la protection travaillera en étroite collaboration avec toutes les autres institutions de la CEDEAO et avec les populations des pays membres pour sensibiliser les jeunes à la valeur de leur vie et aux nuisances des conflits.  En collaboration avec les Nations Unies, la CEDEAO a obtenu le 10 novembre dernier la signature d’un accord de cessez-le-feu entre le Gouvernement de la Sierra Leone et le Front révolutionnaire uni (RUF), et cet accord est largement respecté.  La CEDEAO envisage de renforcer son Mécanisme de prévention par une Charte politique par laquelle les Etats membres s’engageraient à respecter un minimum de règles concernant des questions telles que celles des élections, de la bonne gouvernance, du rôle de l’armée dans un régime démocratique et du statut de l’opposition.


M. JEAN-MARIE GUEHENNO, Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux opérations de maintien de la paix, a exposé l’action du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) concernant les enfants et les conflits armés.  Il a expliqué que le DOMP a accordé une attention grandissante aux effets dévastateurs des conflits armés sur les enfants, qu’ils soient victimes ou responsables de la violence.  Cette action a été entreprise tant au niveau interne qu’au niveau interdépartemental et interinstitutions et a été amorcée en 1999 en coopération avec le Bureau du Représentant spécial du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, l’UNICEF et d’autres institutions.  La première étape a été d’incorporer les droits des enfants et leur protection aux mandats des opérations de maintien de la paix et de prendre en compte ces besoins dans la composition des effectifs.  Ceci a conduit à une politique d’examen des missions au cas par cas afin de déterminer les besoins des conseillers à la protection des enfants et le rôle qu’ils doivent jouer.  Actuellement, deux missions, celle en Sierra Leone et celle en République démocratique du Congo, disposent de ces conseillers.  En Sierra Leone, la Mission, en collaboration avec l’UNICEF et les ONG, a activement participé à la libération des enfants enrôlés dans les mouvements rebelles et de les remettre à des organismes chargés de la protection des enfants.  A ce jour, plus de 800 enfants ont ainsi été libérés.  La Mission développe aussi des programmes de réinsertion dans les communautés des enfants, qui comprennent entre autres un volet de réunification avec les familles.  Elle prend part également, avec l’UNICEF, aux activités portant sur les enfants de la Commission “Vérité-Réconciliation”.  L’objectif est d’élaborer des recommandations sur la manière d’obtenir des informations sur les expériences dont ont été victimes ces enfants.


Le DOMP déploie des efforts similaires en RDC où l’enrôlement d’enfants soldats continue d’être une préoccupation sérieuse.  Là aussi, plusieurs milliers d’entre eux ont déjà rendu les armes et sont revenus à la vie civile.  En outre, la Mission s’efforce de dresser le profil des enfants soldats dans les camps militaires afin de faciliter les efforts de réinsertion à la vie civile.  La question des droits de l’enfant est une priorité essentielle du DOMP.  Une formation sur les droits des enfants a ainsi été intégrée au programme de formation du personnel des missions, et un code de conduite pour les soldats de la paix a été mis en place avec une politique de “tolérance zéro” pour toute action violant ce code.  L’on pourrait toutefois travailler avec encore plus d’efficacité si la protection des enfants était traitée dès la négociation et la mise en place des accords de paix.  A cet égard, il serait utile d’examiner le rôle des médiateurs des Nations Unies, des négociateurs et des chefs de mission. 

M. Guéhenno a proposé qu’un groupe de travail informel interinstitutions soit créé pour tirer tous les enseignements des expériences acquises à ce jour et pour envisager plus particulièrement les initiatives à prendre au niveau des négociations de paix. 


M. GENCER OSWALDO GERON SANTAMARIA, Représentant du Mouvement des jeunes de Colombie affectés par la guerre, a déclaré que la paix ne sera pas possible en Colombie tant que des enfants continueront à être embrigadés dans le conflit.  Le mouvement que je représente, a–t-il indiqué, milite pour la fin des conflits qui déchirent les différentes régions de notre pays.  Les adultes devraient savoir écouter les mouvements de jeunes et les inclure dans tout processus de règlement des conflits armés.  Nous pensons que nous sommes capables de proposer des solutions de rechange à celles qui ont été jusqu’ici avancées et n’ont pas réussi.  Les enfants sont conscients que c’est leur avenir qui est mis en péril à travers les retombées des conflits dans lesquels on les oblige à participer.  Nous perdons toute possibilité de vie normale et le développement psychologique des enfants victimes de la violence dans les régions totalement oubliées par le Gouvernement et considérées comme simples zones d’opérations militaires les condamne à une vie malheureuse.  Le Gouvernement colombien ne prend même plus en compte les milliers d’enfants vivant dans ces régions sur le plan scolaire.  L’argent y est rare du fait de la guerre, et les familles déjà victimes du conflit doivent faire d’énormes sacrifices pour envoyer leurs enfants dans des centres d’éducation privés qui coûtent cher et emploient un personnel qui est loin d’être qualifié.


Mme MARIA MARTA VALLADERES, Parlementaire d’El Salvador, a expliqué qu’à l’âge de 18 ans, elle est entrée dans les forces armées rebelles du pays.  Tous les enfants d’El Salavador à cette époque ont été impliqués dans les combats et près de 2 500 enfants ont disparu durant le conflit armé.  Elle a cité l’exemple d’une de ses camarades de combat qui a été forcée de s’enrôler à l’âge de 10 ans.  Les enfants étaient également utilisés pour témoigner contre les personnes capturées.  La participation des enfants et des jeunes à la guerre civile n’est pas justifiable.  Malheureusement, lors du processus de paix et de réconciliation à El Salvador, on n’a pas tenu compte des droits des enfants ni des exigences sexospécifiques.  La situation n’a pas été abordée directement au cours du processus de paix.  L’ONU n’a, par exemple, enregistré que 105 enfants de moins de 15 ans enrôlés par la guérilla et, par conséquent, n’a pas prévu de programmes spéciaux à leur endroit.  Le nombre des victimes était pourtant bien supérieur à cela.  L’absence de dispositions spéciales pour les jeunes et l’absence de ressources ont eu des conséquences négatives au cours du processus de vérification des accords de paix, a estimé Mme Valladeres.  Il aurait fallu, pendant la négociation de ces accords, garantir des réparations aux enfants qui ont perdu leurs parents du fait du conflit, lutter contre l’impunité de ceux qui ont commis des crimes de guerre ou contre l’humanité, ou encore s’attacher à la réinsertion sociale des enfants ayant participé aux combats.  Forte de cette expérience, elle a conseillé que dans les pays où sévissent des conflits armés, tous les efforts soient mis en place pour protéger les enfants, et que les négociations de paix n’oublient pas la situation particulière des jeunes.  Des mesures devraient aussi être prises pour lutter contre la disparition des enfants, en modifiant notamment les textes de loi et les codes pénaux pour les rendre conformes à la Convention des droits de l’enfant. 


Débat


Le représentant de la Suède a relevé, au nom des pays de l’Union européenne, que les enfants devenaient de plus en plus la cible d’organisations terroristes.  Cette tactique permet à ces organisations de marchander des gains politiques dans les combats qu’elles mènent.  Les droits des enfants sont constamment violés quand ils deviennent un objet de chantage, a estimé le représentant.  La communauté internationale devrait être plus vigilante en vue de contrer ces violations du droit humanitaire.  Des rapports sur cette question, comme celui présenté par

Mme Graça Machel, ont été très utiles à la Commission des droits de l’homme lors de sa dernière session de fond.  L’Union européenne apprécie le travail accompli par M. Jean-Marie Guéhenno au profit des enfants.  Mais il faut aller plus loin et sensibiliser même les médias contre l’apologie et la romanticisation de la violence auxquelles on assiste tous les jours.  L’Union européenne est d’avis qu’il faut inclure les enfants dans les pourparlers de paix comme, l’a si bien dit le jeune représentant du Mouvement des jeunes de Colombie.


Le représentant de la Coalition contre l’utilisation des enfants soldats a déclaré que son organisation allait présenter aujourd’hui son premier rapport sur l’utilisation d’enfants soldats dans 180 pays du monde.  Ce rapport souligne la dimension effarante qu’a atteint ce phénomène à travers le monde.  Dans 87 pays, les gouvernements et les groupes armés continuent de recruter des enfants de moins de 18 ans, et des mineurs combattent, en ce moment même, dans 40 pays connaissant des conflits civils et politiques internes.  Si beaucoup d’Etats ont accepté le

principe de l’interdiction de l’usage d’enfants soldats, qui est au centre du Protocole facultatif de la Convention sur les droits de l’enfant, beaucoup d’entre eux ne l’ont cependant pas encore ratifié, et au rythme actuel nous ne pensons pas les 10 ratifications qui manquent pour son entrée en vigueur pourront être obtenues avant la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée aux enfants.


Prenant la parole, la représentante du Maroc a dit que la décennie écoulée avait été marquée par l’adoption de la Convention pour les droits de l’enfant qui a connu un nombre record de ratifications, mais paradoxalement, cette décennie est aussi celle au cours de laquelle le phénomène des enfants soldats s’est développé.  On a donc l’impression qu’au-delà des textes juridiques adoptés, il manque des actions de terrain et une sensibilisation en faveur de la culture de la paix.  Nous pensons que des mesures adaptées à chaque pays devraient être prises et que les enfants devraient être sensibilisés à la valeur de la tolérance et de l’acceptation de l’autre.  Le Maroc pense que cette question devrait être l’une des priorités de la prochaine décennie et que des actions spécifiques devraient être prises en faveur des filles, qui sont victimes de violences inouïes dan les zones de conflit.  Les viols dont elles sont notamment victimes contribuent à la propagation du VIH/sida.


La représentante de l’Italie a fait part d’une initiative nouvelle en faveur des enfants touchés par les conflits qui va être mise sur pied par son pays.  Financé de manière bilatérale, le programme interviendra partout où il y a des situations d’urgence et travaillera en collaboration avec l’UNICEF.  L’un des objectifs permettra aussi de constituer un réseau autonome de collecte d’informations sur les enfants dans les conflits armés.  Cela devrait aussi contribuer à sensibiliser et mobiliser davantage la société civile.  De son côté, la représentante du Groupe de travail canadien sur les enfants et les conflits armés a estimé que les récentes libérations d’enfants soldats par des troupes gouvernementales ou rebelles doivent encourager encore les efforts déployés par la communauté internationale.  Toutefois, la liste des souffrances subies par les enfants touchés par les conflits armés est encore très longue.  C’est pourquoi, cette question doit être centrale au document final de la session extraordinaire.  A cet égard, elle a regretté que, pour l’heure, le langage adopté ne soit pas aussi fort que celui de certaines résolutions du Conseil de sécurité.  Il faut, selon elle, insister sur le droit des enfants à l’aide humanitaire, le contrôle et le suivi des situations qui menacent les enfants et, par conséquent, la paix et la sécurité internationales, la prévention des conflits et sur le commerce illicite des armes et des ressources naturelles.  En fait, ce qui manque le plus, c’est la volonté politique, car l’on sait désormais de manière claire ce qui doit être entrepris.  Pour sa part, la représentante de l’Egypte a évoqué plus particulièrement la situation des enfants palestiniens.  Elle a fait remarquer que la paix est la garantie ultime des droits de l’enfant.  Elle a aussi rappelé que bien souvent les enfants soldats ne sont pas originaires des pays où ils combattent, ce qui pose un problème de responsabilité des Etats.


Le représentant de la Colombie a dit que son Gouvernement allait prendre en considération les opinions des enfants dans les tentatives de règlement du conflit qui déchire son pays.  Il a remercié l’UNESCO pour les actions qu’elle a prises en vue de faciliter ce dialogue avec la jeunesse.  La Colombie souhaite que la communauté internationale considère l’enrôlement forcé des enfants dans les conflits comme un crime contre l’humanité.


Intervenant après lui, le représentant de la Norvège a estimé que la protection des civils dans les conflits armés était un sujet crucial.  Les petites armes et les mines terrestres antipersonnel sont responsables de la mort de milliers d’êtres humains chaque année.  Nous espérons donc que la Conférence de l’ONU sur les armes légères et de petit calibre pourra parvenir à créer un mécanisme efficace de contrôle qui permettra de mettre fin aux situations difficiles que fait naître l’usage de ces armements.  La représentante d’une ONG de l’Ouganda et ancienne victime de guerre, s’est réjouie des progrès accomplis au cours des onze dernières années sur la question des enfants dans les conflits armés.  Le texte que le Comité préparatoire présentera à la session extraordinaire doit comprendre des mesures concrètes d’aide aux victimes des conflits, a-t-elle dit.  Les victimes qui ont subi des traumatismes sexuels, mentaux et physiques, ont besoin qu’on les aide à se réinsérer dans la société.  Les gouvernements des pays sortant de conflits internes n’ont généralement pas les moyens de soutenir les populations affectées par ces conflits.  La communauté internationale devrait prévoir une aide sociale d’urgence pour ces victimes qui, dans leur majorité, sont jeunes.


La représentante de la Guinée a regretté que l’on mette d’abord l’accent sur la protection des enfants dans les conflits armés au lieu d’arrêter d’abord ces conflits.  Mais à qui profitent donc vraiment ces guerres qui affectent tellement les enfants?  La  réponse à cette question permettra de trouver des solutions durables aux conflits, a-t-elle estimé.  M. Otunnu a visité la Guinée, et s’est rendu compte des problèmes que le pays rencontre en matière d’accueil des réfugiés, a poursuivi la représentante.  La Guinée a donné tout ce qu’elle possède pour accueillir les réfugiés de la sous-région, mais malheureusement l’aide et les secours attendus de la communauté internationale ne sont jamais arrivés…


La représentante du Canada, et également représentante d’un mouvement de jeunes, a estimé que si l’on ne pouvait pas protéger tous les enfants du monde, on pouvait au moins les informer de l’anomalie des situations qu’on leur fait vivre.  Les enfants qui ont passé le plus clair de leur vie dans des situations de guerre et de violence peuvent difficilement retourner à une vie normale si on ne leur donne pas une aide psychologique, a-t-elle dit en demandant que la communauté internationale se penche sérieusement sur cette question. 


La représentante du Gabon a estimé, elle aussi, que l’enrôlement des enfants dans les combats, qu’il soit volontaire ou forcé, constituait un crime contre l’humanité.  Faisant écho à sa collègue de la Guinée, elle a demandé que le sort des personnes réfugiées et déplacées soit aussi dûment pris en compte dans les efforts déployés.  De son côté, le représentant du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) a rappelé que déjà victimes des guerres, les enfants sont bien souvent obligés, du fait du décès ou de la disparition de leurs parents, d’assumer la charge du reste de la famille, ce qui ne va pas non plus sans séquelles.  Les effets psychologiques sont trop souvent oubliés, même une fois la paix rétablie. 


Formulant des commentaires de conclusion, M. OTUNNU a insisté sur la nécessité pour les Etats de faire de la protection et de la réinsertion des enfants une priorité nationale pendant et après le conflit.  La communauté internationale, quant à elle, continue d’avoir un rôle important à jouer dans les efforts de réhabilitation une fois le conflit terminé.  Elle doit participer à la reconstruction des infrastructures sociales afin que les services de base que sont l’éducation et la santé leur soient fournis.  Il faut aussi tout mettre en oeuvre pour que le Protocole facultatif entre en vigueur avant la session extraordinaire de septembre.  Le Représentant spécial a, en outre, jugé essentiel d’accorder une attention particulière à la situation dramatique des jeunes filles dans les conflits armés.  Il a relevé que trop souvent la société civile et ses organisations sont isolées et livrées à elles-mêmes.  La communauté internationale doit là aussi leur fournir toute l’assistance qu’elles méritent.  Un autre élément à ne pas oublier, selon lui, est la nécessaire et fructueuse participation des enfants et des jeunes eux-mêmes.  M. Otunnu a aussi proposé qu’une vaste campagne internationale de lutte contre l’impunité de ceux qui, lors de conflits armés, commettent des crimes et des atrocités sur les enfants soit mise en place.  En coordonnant les efforts déjà entrepris, il sera possible d’obtenir une synergie et de faire encore plus en faveur des enfants.  “Il est possible de faire une différence si nous nous donnons la main” a-t-il conclu.


Table ronde sur l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales


Présentations liminaires


Mme KARIN LANDGREN, Chef de la section de la protection de la Division des programmes du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a dit qu’il est frappant de voir aujourd’hui à quel point la communauté internationale est unanime à reconnaître que l’exploitation sexuelle des enfants est un acte intolérable, illégal, et qui doit partout être traqué et puni.  Les experts sont d’accord que de nombreux textes existant peuvent être utilisés dans la lutte contre ce phénomène.  Sur le plan du droit international nous sommes sur un terrain solide, a estimé Mme Landgren.  Mais cinq ans après le Congrès de Stockholm, on se rend compte que le phénomène prend de l’essor, a-t-elle regretté.  Il est donc impérieux que la session extraordinaire de l’Assemblée consacrée aux enfants relance la lutte contre leur exploitation sexuelle.


M. VITIT MUNTARBHORN, Professeur à la Faculté de droit de l’Université Chulalongkorn de Bangkok en Thaïlande, a déclaré que la police de son pays faisait face tous les jours à des actes innommables de pornographie mettant en scène des enfants, à des actes de prostitution de mineurs et à des trafics commerciaux d’enfants à des fins sexuelles.  L’amélioration de la protection des enfants a été le sujet de beaucoup de rencontres internationales et le document final de la session extraordinaire qui abordera ce sujet, viendra renforcer les mesures existantes.  Le temps presse, au vu de la montée du phénomène, a estime l’orateur, qui a rappelé qu’un plan d’action avait déjà été adopté, il y a cinq années.  Les principales lignes de ce plan, pris à Stockholm, seront reprises par le Congrès prévu cette année à Yokohama au Japon, qui veillera à améliorer le réseau de lutte contre la prostitution et l’exploitation des enfants dans le monde.  Ce qui a été fait depuis cinq ans a permis de mettre en place des plans d’action nationaux dans une soixantaine de pays et de créer un arsenal juridique permettant de juger les violateurs dans la plupart des pays du monde.  Les mesures et clauses d’extradition se sont à cet égard révélées très utiles.  On prévoit désormais de faire contribuer le secteur privé pour pouvoir lutter contre l’exploitation sexuelle des mineurs sur le plan transnational et sur l’Internet.  Il existe d’autre part un besoin de mieux faire connaître, partout dans le monde, les mesures prises à ce jour.  Il faut aussi donner un nouveau sens à la participation des enfants en créant des réseaux d’enfants qui permettront aux mineurs de devenir les défenseurs de leurs propres droits et de leur sécurité.  Il faut aussi


déculpabiliser les enfants victimes d’abus sexuels et interdire certaines pratiques soit disant “culturelles”, comme les mariages d’enfants avec des adultes.  Les organismes travaillant dans le domaine de la protection des droits de l’homme, comme les réseaux de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge peuvent aussi être mis à contribution.  En cette période de mondialisation, la communauté internationale doit se donner tous les atouts pour faire face à l’exploitation sexuelle des jeunes. 


Mme SYBIL NANDIE MSEZANE (Afrique du Sud), membre de l’association ECPAT international qui officie en Thaïlande et lutte contre les abus sexuels des enfants, a expliqué que son association s’efforce d’assurer une participation efficace aux enfants victimes d’abus dans les programmes qui sont mis en place en leur faveur.  Un autre aspect du projet est le renforcement des capacités et la formation des jeunes.  Un travail auprès des médias est également assuré.  En mai 2000, la conférence des jeunes qui s’est déroulée à Manille a souligné que ce problème ne pourra pas être éliminé sans la participation active des jeunes.  Ceux-ci doivent notamment être associés à la prise et à la mise en oeuvre des décisions.  Il est essentiel que la voix des jeunes puisse être utilisée et qu’ils se voient donner la possibilité de mettre en oeuvre les programmes de lutte contre l’exploitation sexuelle.  Les jeunes ont aussi un rôle particulier à jouer dans la lutte contre les stéréotypes.  Cette année, aura lieu la deuxième Conférence mondiale des jeunes et des mesures ont déjà été prises pour que les jeunes y participent activement.  L’une des initiatives est l’envoi de lettres rédigées par les jeunes aux dirigeants des gouvernements pour les encourager à lutter contre ce fléau.  La lutte contre l’exploitation sexuelle des enfants doit, en effet, être au premier plan des priorités des gouvernements.  Un projet pilote sera aussi mis en oeuvre en Afrique du Sud visant à former les jeunes du monde entier pour en faire des conseillers aux victimes, une fois qu’ils retournent dans leur pays.  Au niveau local, les jeunes feront des appels de fonds et feront pression sur les dirigeants pour qu’ils prennent des mesures pour protéger les enfants. 


Mme CHERRY KINGSLEY (Canada), survivante de l’exploitation sexuelle et membre de l’association “Save the children”, a expliqué que les enfants sont surtout vulnérables à l’exploitation sexuelle, principalement du fait de la pauvreté et de la faim.  C’est tout simplement pour assurer leur survie qu’ils tombent dans un cercle vicieux.  Les gouvernements doivent impérativement adopter des lois les protégeant de ces abus.  Or, dans de trop nombreux endroits, les enfants continuent d’être punis pour les sévices dont ils sont victimes.  Il faudrait, en fait, s’attaquer en premier lieu aux personnes qui profitent du commerce sexuel des enfants.  Il faudrait aussi veiller à ce que les ressources allouées aient une influence directe sur les enfants.  Des services d’assistance physique et psychologique devraient, par exemple, être créés localement.  Pour bien lutter contre ce fléau, il faut aussi comprendre la vie que mènent ces enfants victimes d’exploitation sexuelle.  Mme Kingsley a aussi expliqué que la participation des enfants eux-mêmes est possible et en fait salutaire, car ils comprennent ainsi que la réinsertion est possible et que la société ne les rejette pas. 


Mme CLAIRE BRISSET, Défenseur pour les enfants en France, et Médiateur du Réseau européen pour les enfants, a déclaré que la situation des enfants, en ce qui concerne leur exploitation sexuelle, est difficile à évaluer du fait du tabou social qui entoure cette question.  Officiellement, 15 000 prostituées sont actives en France, dont une partie sont originaires d’Afrique et des pays de l’Est.  La prostitution des mineurs semble être une activité occasionnelle en France, et se produit de la part de jeunes qui veulent satisfaire des besoins vestimentaires coûteux ou la consommation de drogues.  Bien que la prostitution masculine soit en hausse, il semble que celle des jeunes filles soit la plus fréquente, la plus dégradante et la plus violente.  La désagrégation des familles semble être une des premières causes de la prostitution.  Mais on remarque aussi que les violences sexuelles contre des jeunes et des enfants se produisent de plus en plus au sein de leurs familles avec des adultes qui leur sont proches.  La majorité des viols d’adolescents en France sont des incestes.  Il y a aussi une montée des viols entre mineurs.  Mais, en général, il est étrange de constater que les exploiteurs sexuels d’enfants sont très souvent des gens “normaux”, appartenant à la classe moyenne, souvent mariés et qui se déclarent “croyants”.  Une loi d’exterritorialité a été adoptée en France qui permet désormais de juger des violeurs qui auraient commis leur crime sur le territoire d’un autre pays.  Un jugement célèbre a eu lieu récemment en France où un homme, qui est allé violer une petite fille en Thaïlande et a filmé les scènes de ses viols, a été jugé et condamné en France.  L’amélioration de la lutte contre ces actes passe par un renforcement de l’information et des données statistiques, et par une harmonisation de la reconnaissance par tous les Etats du caractère criminel de ces actes.  Il existe malheureusement un courant “volontariste” qui prétend que la prostitution des mineurs devrait être considérée comme une activité “économique et volontaire”, et les proxénètes comme des “entrepreneurs”.  L’autre tendance, à laquelle adhère la France, est d’avis qu’il faut criminaliser cette activité.  D’autre part, comment peut-on se mettre d’accord sur une pseudo notion de “consentement” que certains veulent appliquer à des enfants victimes d’abus sexuels.  L’harmonisation de la limite d’âge pourrait être un fait positif.  La communauté internationale a eu raison de mettre l’accent sur la lutte contre l’exploitation sexuelle à des fins commerciales des mineurs, mais nous pensons qu’il est temps d’élargir la protection des enfants et de combattre les abus dont ils sont victimes dans leur propre milieu familial, malgré les tabous qui continuent d’entourer la question.


Mme MAKIKO ARIMA, Représentante personnelle du Premier Ministre du Japon, a déclaré que le deuxième Congrès mondial contre l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales, aura lieu au mois de décembre dans la ville de Yokohama.  Cette importante ville portuaire du Japon est connue dans le monde comme un grand centre de rencontres et d’expositions.  Le Gouvernement du Japon organisera ce Congrès avec le soutien de l’UNICEF et des ONG luttant pour le respect des droits des enfants.  La participation de jeunes et d’enfants au Congrès est encouragée.  La prochaine réunion préparatoire de ce Congrès aura lieu, au Siège de l’ONU à New York, la semaine prochaine.  La rencontre de Yokohama a pour but de faire un examen de la mise en oeuvre du plan d’action de Stockholm et de prendre des mesures favorables à son application.  Les questions de la pornographie infantile, de l’exploitation sexuelle, et de la participation du secteur privé à la lutte contre ce phénomène figureront parmi les points à l’ordre du jour.


Débat


Le représentant du Japon a jugé que de nombreux problèmes restent à résoudre même si, de manière croissante, l’exploitation sexuelle est condamnée et reconnue comme un fléau contre lequel il faut lutter.  C’est ce constat qui a poussé le Japon à accueillir le deuxième Congrès mondial sur l’exploitation sexuelle des enfants.  L’ambition sera de pleinement avertir l’opinion publique mondiale et de susciter des mesures concrètes de la part des gouvernements.  Le représentant a regretté que cet évènement ne puisse être mentionné dans le document final que la session extraordinaire adoptera.  La représentante du Cameroun a jugé vital que la prévention et la prise en charge intégrée de la violence et des abus sexuels sur les enfants englobent le bien-être total de l’enfant et que des programmes multisectoriels soient mis en place.  Elle a également rappelé l’importance de former les parents sur la responsabilité qui leur incombe quant à l’éducation de leurs enfants.  La représentante de la Suède a insisté, quant à elle, sur la question de la coopération dans la lutte contre l’exploitation sexuelle des enfants.  Aucun pays ne peut en effet gagner seul cette bataille.  Elle a cité l’exemple du Conseil interfrontière créé sur la question entre son pays et la Finlande.  Elle a également indiqué qu’un projet de coopération entre son pays, les Philippines et la Thaïlande était actuellement mis en place.  Ce projet se penche plus particulièrement sur la “demande” ainsi que sur les efforts de réinsertion sociale des victimes.


La représentante d’un mouvement de jeunes de la Norvège a estimé que le sectarisme est un phénomène qui affecte énormément les pays riches de la planète, dont les citoyens sont les principaux responsables du développement du “tourisme sexuel”, qui dégrade l’existence et l’intégrité physique et morale des enfants dans les pays pauvres ou en développement.  Les conséquences de cette pratique détruisent les vies de ces jeunes, a-t-elle regretté.  Les pays riches devraient donc mener des actions chez eux et devraient faire comprendre à leurs population que les vies des enfants des régions pauvres sont aussi importantes que celles de leurs propres enfants.  Nous espérons que le Congrès de Yokohama permettra de faire figurer cette question à l’ordre du jour de la communauté internationale, a espéré la représentante.


Pour sa part, la représentante de la Bolivie a regretté que personne n’ait évoqué le fait que ce sont les plus pauvres - souvent les membres des groupes ethniques défavorisés - qui sont aussi les plus victimes d’abus sexuels.  Il existe un véritable commerce sexuel entre pays riches et pauvres, et la Bolivie a adopté une loi pour lutter contre cette exploitation sexuelle éhontée des enfants.  Mais, malheureusement, des campagnes insidieuses, que personne ne dénonce dans les pays riches sous prétexte de “liberté d’expression”, se font toujours à travers des publicités de “vacances” ou de “voyages paradisiaques” dans les pays en développement.  Ces publicités, en fait, s’adressent à un public aisé et en recherche de sensations fortes qui pense pouvoir acheter tout ce qu’il veut avec de l’argent.  La session extraordinaire devrait clairement parler de ce problème, a proposé la représentante.


Prenant la parole après la Bolivie, la représentante du Maroc a dit qu’il faut lutter contre toutes les formes d’exploitation sexuelle des enfants.  Cet objectif ne pourra être atteint que par la conjugaison d’efforts aux niveaux national et international.  Les pays doivent harmoniser leur lois avec les textes juridiques internationaux, et le principe de l’extraterritorialité devrait être généralisé, a-t-elle proposé.  Des campagnes d’information doivent, d’autre part, être menées en direction des enfants en vue de les sensibiliser aux dangers qu’ils courent, et des mesures doivent être aussi prises en ce qui concerne la lutte contre le tourisme sexuel.  Le Maroc prévoit d’organiser bientôt une rencontre sur ces questions, et collabore avec Interpol pour que soit mis au point un fichier international d’identification des prédateurs sexuels. 


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